A la fin de la semaine, on retrouva un nouveau corps. Dans les égouts. Cette fois, toutes les dispositions furent prises. Les experts déambulèrent sur la scène de crime, habillés comme des cosmonautes. Même mode opératoire. La tension monta d'un cran. Les journalistes s'étaient saisi de l'affaire, étalant à tout vent les quelques indices qu'ils avaient pu glaner et inventant le reste. Toute cette enquête n'avait aucun sens. Don Flack recherchait activement le moindre témoin, la moindre personne qui aurait pu connaître un de ces trois ados. Mais on en revenait toujours au même point : personne ne s'inquiétait de leur disparition. Personne ne savait qui cela pouvait être.
Alors qu'il désespérait, une lueur d'espoir se matérialisa enfin. Mac avait réussi à identifier la troisième victime, son empreinte correspondait à celle d'un jeune voleur à la tire : John Dradlo. 14 ans. Aussitôt le détective lança une recherche sur ce garçon.
John Dradlo avait été arrêté en 2003 pour vol de sac à main. Relâché, puisque mineur il avait ensuite disparu de la circulation. Le foyer qui en avait la garde avait signifié sa disparition il y a un an et demi. Et il y avait mieux. Mac allait sauter de joie, enfin façon de parler. Flack attrapa son blouson et se rua aux locaux de la scientifique.
« C'est bon ! On les a identifié… Tous les trois. Ce John a disparu il y a un an et demi. Mais il n'était pas seul. Il avait emmené Tom Wilks et Patrick Johnson… Tenez vous bien, Tom était roux. Je suis près à parier qu'on a la petite bande au complet. Tous les trois étaient orphelins, ils vivaient en foyer, et cela ne se passait pas très bien… Pas bien du tout. Et un soir, ils ont disparus et personne ne les a jamais revus.
- Ils ont vécus seuls, à 14 ans en plein Manhattan ?
- On dirait bien que oui. J'ai prévenu Eliot Sealn, le directeur du foyer où ils étaient, il va arriver d'un moment à l'autre pour identifier les corps. »
Eliot Sealn était un homme grand, massif. Il semblait taillé pour jouer au basket-ball où impressionner une bande de gamins. Mais hormis sa taille, Eliot Sealn avait l'air d'un grand père gâteau : ses yeux noisettes brillaient avec bienveillance, dans une visage ridé et doux.
« Ce… Je pense que c'est eux. Cela fait longtemps que je ne les ai pas vus mais j'en suis sûr. Qu'est ce qui s'est passé ? » L'homme semblait désemparé. Mac le fit sortir, et le guida jusqu'à son bureau. « C'est ce que nous cherchons. Pourriez vous me parler d'eux ?
- On les appelait les Trois mousquetaires. Ils ne se quittaient jamais. Tom, c'était lui le plus jeune, il avait un an de moins que ses camarades… Pour ne pas être séparé d'eux, il avait travaillé d'arrache pied et demandé à sauter une classe. Il avait réussi.
- Pourtant d'après le rapport de police, il semblerait que cela ne se passait pas très bien au foyer ?
- C'est vrai. Tous les trois, ne voulaient pas se mêler aux autres alors cela créait des tensions. Leurs camarades étaient jaloux de ce lien qui les unissait. En fait, cela ne m'a jamais vraiment étonné qu'ils aient fugués… Mais je croyais… Je pensais qu'ils reviendraient, qu'ils se vanteraient de leur escapade…Qu'ont-ils fait pendant tout ce temps ?
- Vous ne savez pas ? Ils ne vous ont jamais parlé de rêves, de quelque chose de particulier ? » Eliot secoua la tête. « Non, pas que je me souviennes.
- Vos leur connaissiez des ennemis ?
- Ce n'étaient que des gamins ! Qui aurait pu vouloir les tuer ? » Mac ne répondit pas. Cette question revenait si souvent.
- Est-ce que vous avez gardé certaines de leurs affaires ?
- Oui, j'ai un carton contenant des effets personnels. Mais je les ai déjà regardées, il n'y avait rien qui puisse…
- Nous aimerions y jeter un œil, si cela ne vous dérange pas. » Sealn haussa les épaules. Quelle importance cela pouvait il avoir maintenant ?
Clara avait décidé de s'accorder une pause. En réfléchissant, elle s'était aperçue qu'elle n'avait rien avalé depuis la veille au soir. Pas dormi depuis deux jours, non plus mais cela ça devrait attendre. Elle avait parcouru deux bons kilomètres avant de trouver son bonheur : une boulangerie française. Clara commençait à se lasser de ce pain de mie étrange qu'on lui servait arrosé de mayonnaise. Une baguette, du beurre et du jambon… Voilà ce qu'il lui fallait ! Rentrant avec son précieux en-cas elle tomba sur Danny et Flack qui engloutissaient un hamburger frites. « Eh Miss France ! Viens te joindre à nous ! » Elle s'assit entre eux deux et entama son sandwich. « Qu'est ce que c'est ?
- Un Parisien.
- Quoi ?
- De la vraie baguette, du jambon et du beurre. Crois moi, j'ai eu du mal à trouver ce pain mais cela valait le coup ! » Elle rompit le sandwich. « Goûtez ! » Pas très convaincus, les deux hommes prirent une bouchée. « Eh… C'est délicieux ! » S'étonna Flack. « Pas mal, ouais » renchérit son ami. « Comment tu dis que cela s'appelle ?
- un Parisien.
- Comme le type qui habite Paris ?
- Exactement » Stella arriva alors dans la pièce. « Qu'est ce que vous faites ?
- Miss France nous initie à la gastronomie. Tu le savais qu'il existait un sandwich « Parisien » ?
- Euh non. Mais les affaires des garçons viennent d'arriver, et mac aimerait que nous y jetions un coup d'œil.
- J'arrive, lança Clara. Puis se tournant vers Danny et Flack. « La prochaine fois je vous montrerai l'américain… » Le détective la regarda s'éloigner, sous le regard moqueur de Danny. « A ta place je rêverai pas trop…
- De quoi ?
- Oh arrête ! Tout le monde s'est aperçu que tu étais amoureux !
- Et ?
- Et, tu devrais faire gaffe : c'est la petite protégée de Mac.
- Tu veux dire que Mac et… » Danny éclata de rire. « Oh non, non. Mais il est très protecteur avec Clara. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. Sérieusement, elle a traversé des moments…difficiles. » Flack fronça les sourcils. « Danny Messer, occupez vous de vos affaires. Tu penses que m'amuse à faire souffrir les femmes ?
- Eh ! Ta réputation de tombeur te suis partout où tu va.
- Ma réputation de... » Commença –t-il avant de se rendre compte que Danny se moquait de lui. « Abruti ! »
