- Où elle est ?!

Trois mots.
Trois mots hurlés à plein poumons, qui pétrifièrent les Malfoy sur place.

- Maître ?! S'exclama Lucius.

Mais le Seigneur des Ténèbres ne l'entendit pas. Les poings serrés et le regard fou, il n'eut que faire de leur surprise. A vrai dire, il n'eut que faire de leur présence. Et pour cause… il la cherchait, elle.

Quand il avait repris connaissance, Voldemort n'avait pas été certain de ce qui était arrivé. Courbaturé, migraineux et en sueur, il s'était réveillé sur un lit de camps, une floppée de Médicomages paniqués à son chevet. De ce qu'il avait compris, six heures s'étaient écoulées depuis que Yaxley avait donné l'alerte. Six heures pendant lesquelles l'Etat d'Urgence avait été décrété, et les plus grands spécialistes du pays s'étaient bousculés pour l'ausculter. Tous avaient établi une théorie. Allant du simple surmenage à l'overdose magique jusqu'au poison, c'est une véritable avalanche de diagnostiques contradictoires qui l'avait assommé… mais ils se trompaient. A vrai dire, aucun d'eux n'aurait pu être plus loin de la vérité. Il pouvait le sentir jusque dans ses tripes, ce cirque n'était pas le fait d'une attaque, d'un accident ou d'un quelconque effet secondaire de sa magie. Non, c'était… plus vivant ; pour ne pas dire vivace. Comme un serpent rampant sous sa peau, il s'était sentit habité, transporté au-delà de ses sens et de son corps… happé au loin par quelque chose. Une force, un esprit, un aimant dont il n'aurait pu décrire la source mais qui avait infiltré jusqu'au plus profond de son âme. Aussi, malgré sa fatigue et l'effervescence décousue de ses pensées, il ne lui avait fallu que quelques minutes pour le comprendre enfin.

Ce cri…
Ce cri n'était pas le sien.

- Non ! Pitié, arrêtez ! Arrêtez !

Et cette voix non plus.

- Ne t'inquiète pas petite sorcière… je vais bien m'occuper de toi.

Associé à ces échos distordus, le souvenir d'une terreur l'avait pétrifié sur place, électrisant ses membres encore groggy de douleur. Une terreur qu'il n'avait jusqu'alors jamais connu et qui malgré tout lui sembla étrangère. Il ne pouvait pas y avoir de doute ; cela ne venait pas de lui. Il était immortel, invulnérable et tout puissant ! Son corps était infiltré de magie ancienne, annihilant les concepts même de douleur et de peur. Aussi, il dû se rendre à l'évidence. Ce n'était pas lui qui avait souffert. Mais elle.

Hermione.

Il n'aurait su dire comment, pourquoi ou par quelle sorcellerie un tel phénomène avait pu se produire. Mais c'était arrivé. Quelque part dans le monde, Hermione était en danger. Pire encore, elle avait été attaquée. Par lui... cet homme, cet inconnu à la voix si douce et menaçante. Une voix qu'il n'avait jamais entendue et qu'il pouvait pourtant sentir résonner dans chaque fibre de son corps. Telle une rengaine, elle chantait à ses oreilles dans la plus insupportable des mélodies ; à tel point qu'il pouvait presque la voir sourire dans l'ombre de la nuit. « Petite Sorcière » ... Oui. Cet homme l'avait attaqué. Cet homme la retenait ! Il en était certain, quelque chose était arrivé ! Mais comment ? Pourquoi ? Etait-ce seulement sensé ? Crédible ? Ou s'agissait-il seulement d'une hallucination ? D'une confusion ? D'une folie ? Probablement… Après tout, Hermione était à Poudlard sous la surveillance étroite des Malfoy. Imaginer qu'elle puisse s'être fait attaquer n'avait pas le moindre sens ! Mais ce qu'il avait ressenti était assez pour le convaincre… Comme si son corps ne lui appartenait plus, il pouvait encore sentir son être vibrer sous l'écho de cette terreur. Tel un véritable poison elle rongeait ses pensées, semblable à un ver affamé le laissant vide, tremblant et nauséeux. Plus qu'une folie, qu'un présentiment ou qu'une angoisse, c'était réel… Une certitude qu'il ne pouvait nier.

C'est donc le souffle haché d'horreur qu'il s'était levé d'un bon. Il ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé, ni même si ce qu'il avait ressenti était fondé… mais il ne pouvait pas laisser le doute s'installer. Il devait trouver Hermione. Il devait comprendre ce qui était arrivé ! Plus qu'une urgence, c'était vitale. C'est donc la peur au ventre qu'il avait ignoré ses médicomages et ordonné la suspension immédiate de ses délibérations avec les Centaures. Devant un tel empressement ses ministres faillirent faire un malaise et ses émissaires blêmirent en imaginant les conséquences de ce revirement. Il était évident que sa décision ferait scandale, attiserait la haine des créatures magiques à son encontre et justifierait une riposte de leur part… mais peu lui importait les risques. Peu lui importait les conflits, la défiance et même la guerre ! Plus rien ne comptait ! Car s'il ne se trompait pas… si ce qu'il avait ressenti était exacte et si ses inquiétudes étaient réelles, alors une tragédie se profilait devant lui. Une tragédie dont la simple pensée lui donna envie de vomir. Non, il ne pouvait pas rester là. Il ne pouvait pas attendre des nouvelles d'Angleterre. Il devait partir. Il devait la trouver. Maintenant !

C'est donc sans plus d'explication que le Mage avait transplané de Hongrie au beau milieu de la nuit, abandonnant sa base sous le choc et l'effervescence de sa panique. Cela ne lui avait pris que trois heures pour arriver à Poudlard sous la pluie battante du mois de Mai, pourtant et malgré la rapidité de son voyage, il crut bien durer une éternité. Un voyage qui lui avait laissé le temps d'espérer… après tout, il pouvait s'être trompé. Hermione serait sûrement dans la bibliothèque plongée dans une lecture, le corset délacé avec un bol de fraise à la main. Et pourtant, plus il s'était rapproché du château, moins cet espoir avait perduré. Plus qu'un présentiment, c'est une vérité qui le frappa en plein visage. Il ne sentait pas sa magie, son aura, sa marque ni même sa présence… il ne sentait rien. Aussi, il eut beau détailler la Grande Salle avec avidité, ce qu'il avait redouté se confirma malgré lui.

Elle n'était pas là.

Un état de fait qui après plus de trois heures de doutes et d'espoir, l'enragea.

- Où elle est ?!

Déstabilisés par ses hurlements, les Malfoy le regardèrent s'avancer à grand pas devant eux. Presque deux mois qu'il ne l'avait pas vu… Pourtant et devant l'étincelle rougeoyante de son regard, ils en vinrent presque à regretter son retour. Il semblait transcendé ; pour ne pas dire possédé. Ruisselant d'eau de pluie, le teint pâle, le souffle court et les veines du cou saillantes, il ressemblait à un taureau sur le point de charger. Une image effrayante qui les terrifia devant leur dîner et qui suffit à les rendre muets. Du moins, jusqu'à ce que son poing ne s'abatte violement sur leur table. Un geste fort, brutal et impatient qui leur arracha un cri de stupeur dans l'écho de leur verre s'écrasant au sol.

- Maître ! Mais enfin qu'est-ce que…

- Une réponse Lucius ! S'exclama-t-il.

- Mais…

- Où est Hermione ?! Vociféra-t-il.

Face à sa rage, Drago déglutit dans un frisson et Narcissa baissa le regard. Ils n'avaient pas prévu qu'il revienne si tôt… et de toute évidence, Hermione non plus. Mal à l'aise, Lucius tenta de ne pas flancher devant le poing tremblant de son Maître. Mais à quoi bon ? La réponse qu'il recevrait ne ferait que l'enrager d'avantage.

- Elle… elle est partie.

Ainsi il avait raison… Elle n'était pas là. Hermione n'était pas là. Le souffle court, Voldemort se figea sous le poids de ces mots et déglutit avec amertume. Sentir son absence était une chose, mais l'entendre de vive-voix ? Le constater de lui-même ? Par Merlin, il crut bien faire un second malaise. Il n'était pas fou. Ce qu'il avait senti et entendu était bien réel. Son Initiée était partie… Mais où ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?! Confus, des dizaines de questions se bousculèrent dans son esprit. Aussi, c'est au bord de l'implosion qu'il s'avança lentement vers son Mangemort. Les lèvres pincées, il usa de toutes ses forces pour ne pas le tuer sur place et respira du mieux qu'il put.

- Tu l'as laissé partir. Siffla-t-il menaçant.

- Elle… elle n'a rien dit. Balbutia-t-il. Nous ignorions tout de son projet, je vous le jure !

Il ignorait tout de ses projets ? Terrible erreur…

- Endoloris !

Terrassé, Lucius s'écroula sous son regard enflammé. Comment osait-il revendiquer son ignorance ? Comment osait-il user de sa stupidité pour se défendre ?! Il était le père adoptif de son Initiée ! Ne pas savoir ce qu'elle préparait dans son dos était une insulte. Une faute ! Un outrage qu'il devait payer ! Hurlant à plein poumons sous la douleur de sa rage, le Malfoy se contorsionna au sol dans de plus de cris qu'on n'en ait jamais entendu avant que Narcissa ne se jette sur lui dans des pleures effrayées. Mais rien n'aurait su le convaincre d'arrêter. Une certitude dont Drago ne douta pas et qu'il ne put supporter.

- Non Maître ! C'était moi ! C'était moi !

Figé sous la surprise de son aveu, Voldemort sentit sa tête pivoter dans un réflexe prédateur.

- Que dis-tu ? Siffla-t-il entre ses dents.

- Je… je l'ai aidé. C'est moi qui l'ai aidé à partir. Mes parents n'y sont pour rien !

Ainsi ils seraient deux à souffrir… Indifférent devant la carcasse gémissante de son Ministre, il leva son doloris avant de fixer sa nouvelle proie de son regard de braise. Un regard sombre et mortel, promettant plus de supplices et de cris que l'enfer ne pourrait jamais en contenir.

- Non ! Maître je vous en prie, ne le punissez pas ! Implora Narcissa à genoux.

- Soyez maudit... Cracha-t-il. Hermione devait être protégée ! Elle devait rester dans le château !

Ils avaient failli à leurs tâches. Ils avaient trahi sa confiance ! Et par leur faute… par leur implacable incompétence, Hermione était perdue quelque part dans le monde ; quelque part loin de toute protection. Enragé, il ne parvînt pas à se contrôle et asséna Drago d'un sort qui le projeta violement contre le mur de l'entrée. Il n'avait pas à les épargner ! Il n'avait pas à leur pardonner ! Transcendé de haine, Voldemort perdit le fil de ses propres mouvements et le rejoint à grands pas. Tel un Dieu en furie, il le releva par le col d'un seul geste avant de le saisir à pleine gorge. Horrifiée, Narcissa hurla à n'en plus pouvoir mais c'était vain. Ecrasé sous la poigne de son Maître, Drago haleta contre le mur, les joues rouges et les pieds désormais dans le vide. Le front ensanglanté et le souffle court, il sentit son crâne s'enfoncer contre la pierre et ses yeux brûler sous le manque d'oxygène. Une vision qui dans un sourire cruel, ravi le Mage au-delà du possible. Il était si faible… si facile à écraser. Il pouvait le tuer. Là maintenant ! Il pouvait le priver de son dernier souffle et le regarder agoniser les yeux exorbités et la bave au menton ! Il pouvait lui faire payer son insolence ! Et il en avait envie… mais il avait encore besoin de lui. Il avait encore besoin de réponse. C'est donc à contre cœur qu'il inspira avec force et temporisa ses envies macabres. Le lâchant de tout son haut, il s'écroula au sol dans un bruit de gorge enrayé et peina à respirer. Il s'était désigné. Il avait reconnu l'avoir aidé. Ainsi, il parlerait. Oui… Quitte à déchainer tous les démons de sa vile cruauté, ce cher Drago Malfoy ne mourrait pas en silence.

- Tu as précisément trente secondes pour me dire où elle est.

Le souffle rauque, Drago toussa à en cracher un poumon. Groggy, il tata le sol comme pour ne pas se perdre et cligna des yeux pour retrouver un semblant de vue ; mais des étoiles dansaient devant lui, le plafond tanguait par-dessus sa tête et sa gorge saignait abondement dans sa bouche. Jusqu'alors, jamais Voldemort ne s'était résolu à l'attaquer sans magie… à le saisir à pleine main et à user de sa force contre lui. Un état de fait qui le paralysa de terreur sous le joug de son regard de feu. Au bord de l'effondrement, il trouva à peine la force de se redresser et grimaça de douleur avant de soudainement sentir la baguette de sureau se poser froidement contre son front.

- Maître pitié ! Implora Lucius.

- Vingt secondes ! Tonna-t-il.

Il n'avait pas le choix. Il savait qu'elle n'était plus là. Il savait qu'elle était partie ! Comment ? Cela importait peu aujourd'hui. Aussi, il n'avait plus d'autres options que de parler. Malgré sa promesse, malgré son désir de l'aider et toute sa meilleure volonté, il n'était pas en mesure de lutter. Son père en avait déjà fait les frais… et même si ça lui crevait le cœur de l'envisager, ce soir ce serait à Hermione de répondre de ses actes.

- Elle… elle a réussi. Souffla-t-il alors.

- Quoi ?!

- Votre quête… Dit-il la gorge serrée. Elle ne m'a pas dit en quoi ça consistait mais… elle a réussi. Elle… elle a trouvé ce que vous cherchiez.

Confus, Voldemort eut un mouvement de recul. Trouvé ? Elle… elle avait trouvé ? Mais trouvé quoi ? Une réponse ? Une sphère ? Et quand bien même, pourquoi serait-elle partie ?! Ils s'étaient engagés dans cette quête ensemble pour des raisons évidentes ! Alors quitter le château ? Seule ? A la recherche d'un possible moyen d'empêcher l'apocalypse ?! Non… cela ne pouvait être vrai ! Il lui avait ordonné de rester ici ! Il lui avait interdit de réitérer ses escapades meurtrières et inconscientes ! Elle… elle avait promis ! Et pourtant cela n'avait pas suffi. Pour il ne savait quelle étrange raison elle était partie, le laissant avec pour seule réponse d'avantage de questions et une famille Malfoy à maudire.

- Je lui ai dit de rester. Continua Drago dans un grimace. Mais… mais sa décision était déjà prise.

- Quand était-ce ?

- Il y a six jours.

A sa réponse, le Mage peina à contenir les milles doloris qui faisaient déjà vibrer sa baguette. Six jours… six jours que son Initiée d'Honneur, la sorcière la plus recherchée par la Résistance se baladait sans renfort ni soutient dans la nature. Par tous les Dieux, c'était de la folie.

- Où est-elle ? Siffla-t-il enragé.

Drago déglutit avec peine, conscient que ses prochains mots signeraient son arrêt de mort.

- Elle ne m'a pas donné sa localisation exacte mais…

- Mais quoi ?! S'impatienta-t-il.

- La Turquie. Elle… elle est partie pour la Turquie.

La Turquie.
Hermione Granger s'était rendue en Turquie…

Un pays dévasté par les conflits politico-magiques, dont le Ministère était en guerre froide avec les Russes et au bord de l'affrontement avec les Bulgares.
Un pays aux confins de l'Europe, où son influence était toute aussi mesurée et que remise en doute.
Un pays bondé de créatures magiques voulant lui faire payer le génocide des sirènes et regorgeant de Sorciers prêts à tout pour prendre le pouvoir.

Bien sûr ! Pourquoi hésiter ? Pourquoi ne pas y aller ?! Ce n'était pas comme si sa tête était mise à prix, ou que Potter cherchait à la faire lapider en place publique ! Par Melin, elle avait perdu l'esprit… La Turquie. La Turquie ! Il n'existait pas pire endroit pour un sorcier seul et désœuvré ! Alors pourquoi ? Qu'avait-elle trouvé pour commettre une telle folie ? Que dire, un tel suicide ! Et le pire était que ce cauchemar était déjà accompli… elle était déjà partie. Ebranlé, Voldemort sentit un vertige le faire tanguer à mesure que l'horreur de la situation le frappait. Ce qu'il avait ressenti n'était pas qu'une prémonition. C'était arrivé… là-bas. Elle avait été attaquée en Turquie. Elle avait été attaquée en Turquie ! Grand Dieu, c'était un cauchemar.

- Mais… mais pourquoi ? Souffla-t-il pour lui-même. Ça… ça n'a aucun sens…

Soudainement silencieux, Voldemort tituba au milieu du salon. Confus, il marmonna entre ses lèvres, le regard fou et le visage pétrifié d'horreur. Il semblait désespéré, perdu et troublé… une image qui choqua d'avantage les Malfoy que sa colère. Déstabilisés, ils le virent regarder autour de lui avec détresse, les mains tremblantes et le front en sueur. Une scène étrange qui les laissa pantois après son déferlement de haine, mais devant laquelle Drago ne put s'empêcher de déglutir. Ils n'étaient pas les cibles de sa rage… seulement son exutoire. Aussi, le jeune homme massa son cou et serra les dents entre deux crachats de sang. Il ne comprenait rien à la décision de son Initiée. Il ne comprenait rien à son départ, sa destination ou son plan. Mais comment aurait-il pu ? Il avait été absent pendant presque deux mois. Deux longs mois pendant lesquels Hermione avait dépéri, évolué et changé… il ne savait rien de tout ce qui était arrivé. Il ne savait rien de tout ce qu'elle avait fait. Une ignorance que Drago ne connaissait que trop bien et qu'il ne put se résoudre à préverser. Même s'il était sauvage, cruel et qu'il avait bien faillit le tuer, Voldemort restait son Maître… un Maître qu'il craignait autant qu'il respectait.

- Elle voulait vous rendre fier. Déclara-t-il alors du bout des lèvres.

- Quoi ?!

- Ces derniers mois ont été quelque peu éprouvant pour elle. Votre absence a… impacté son comportement. Ça… ça l'a changé.

- Que veux-tu dire ? S'inquiéta-t-il brusquement.

Il ne pouvait pas lui dire. Il y avait trop à raconter, trop à expliquer ! Mais il pouvait lui montrer…


Quand Drago l'avait conduit devant la Bibliothèque, Voldemort n'avait pas compris l'étrange pâleur de son teint. Muet depuis leur départ de la Grande Salle, il s'était contenté d'avancer sans le regarder, le pas rapide et l'œil vif malgré le ton violacé de son cou. Un état d'empressement intriguant, ajouté aux tremblements nerveux de sa mère et soupirs affligés de son père. Comme s'ils s'apprêtaient à rentrer dans un cimetière, tous s'étaient arrêtés mortifiés devant les portes d'entrée, un air consterné plaqué sur le visage. Un comportement qu'il ne put s'empêcher de trouver exagérer et qui alla même jusqu'à l'agacer. Hermione était restée à leurs côtés pendant presque deux mois ! Elle avait une mission, des ordres et des consignes ! Son absence ne pouvait pas l'avoir changé au point de terrifier une famille de mangemort ! Du moins, c'est ce qu'il avait cru… jusqu'à ce que les portes s'ouvrent.

Au début, il ne vit rien ; du moins rien de véritablement distinguable. Un premier détail qui marqua le début de sa surprise. Il avait laissé une bibliothèque chaleureuse au feu crépitant, parcouru de lustres lumineux et de baies vitrées. Pourtant, c'est vers un parfait et sombre inconnu que les portes s'étaient ouvertes, le laissant frissonner sous la froideur d'un courant d'air et l'opacité d'un silence mortuaire. Intrigué devant cet insondable obscurité, Voldemort déglutit et s'avança d'un pas mesuré avant de subitement se stopper dans un spasme troublé. Tout était si sombre, froid et lugubre, qu'un profond malaise se mit à l'habiter. De ce qu'il vit, quelques meubles avaient été bougés et une seule et unique fenêtre était restée ouverte. Mais tout semblait changé… plus qu'une simple obscurité, c'est l'essence même des lieux qui lui parût étrangère. Une constatation qui si elle commença par l'intriguer, finit par véritablement l'inquiéter. Et il n'était pas le seul ; figés dans l'embrasure des portes, les Malfoy contemplaient les lieux d'un œil lointain et effrayé, à tel point que lui-même n'osa plus avancer. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé. Il ne savait pas en quoi Hermione avait transformé leur sanctuaire d'étude. Mais il en était certain… cela dépassait de loin leur domaine de recherche.

- Pourquoi est-ce si sombre ? Demanda-t-il.

- Les fenêtres ont été condamnées… souffla Narcissa du bout des lèvres.

- Sous quels ordres ?!

- Ceux d'Hermione.

- Mais enfin, c'est ridicule ! Elle déteste travailler dans le noir ! S'exclama-t-il.

A ces mots, Drago se racla la gorge avec peine. C'était le cas… avant.

- Ses yeux souffraient de la moindre luminosité. Dit-il alors. D'après Arnis elle a fait condamner les fenêtres, les portes, la cheminé et mêmes les balcons.

Déstabilisé, Voldemort ne sut que répondre à une telle déclaration. Les portes, la cheminée et… les balcons ?! Cela n'avait aucun sens.

- Ordonnez aux elfes de cesser cette comédie et de rouvrir tous les accès. Tonna-t-il durement.

Mais une fois encore, ce n'est qu'un silence gêné qui lui répondit.

- Nous… nous avons déjà essayé Maître. Déglutit Narcissa. Mais ce ne sont pas eux qui ont condamnés les fenêtres.

- C'est… c'est elle. Grimaça Lucius.

- Et donc ?

- Elle a usé d'une magique étrange. Ajouta Drago dans un soupir. Les fenêtres, les portes, les hublots… elle a tout condamné à base de sortilège de défense de niveau 7. Personne n'a su les défaire depuis ; pas même les elfes.

Des Sortilèges de défense de niveau 7 ? Mais… pourquoi ? Craignait-elle une attaque ? Avait-elle sombré dans la peur ? La paranoïa ? Ou avait-elle reçu des menaces dont il n'avait pas eu connaissance ? A cet instant, Voldemort ne sut quelle hypothèse envisager. Un tel comportement semblait fou, insensé et ridiculement exagéré… et pourtant, il n'était même pas encore entré.

- Devrais-je savoir autre chose avant de pénétrer le nouveau repère des ténèbres de mon Initiée ? Demanda-t-il les lèvres pincées.

- Il y aurait beaucoup de choses à dire… soupira Drago. Et pourtant nous ne savons presque rien. Aucun de nous n'a pu entrer dans la bibliothèque ces deux derniers mois.

- Pardon ?! S'étouffa-t-il.

- Nous avons essayé… mais rien n'a jamais marché. Déglutit Lucius amer. Seul Arnis était autorisé à franchir ses barrières défensives.

- Ses barrière déf… mais enfin que s'est-il passé ?! Scanda-t-il ahurit. C'est une bibliothèque ! Qu'a-t-elle pu y faire ?!

- Elle… elle y a vécu Maître. Balbutia Narcissa. Depuis votre départ, elle n'en ait sorti qu'une fois en deux mois.

Qu'une fois en… en deux mois ? Mais c'était impossible. La bibliothèque de Poudlard était un lieu d'étude ! Pas une garçonnière pour Initiée contrariée ! Et pourtant malgré sa colère, Voldemort dû se rendre à l'évidence. Cela allait au-delà du caprice d'adolescente. Il pouvait le sentir, chaque mur vibrait littéralement d'une magie défensive puissante que lui-même eut du mal à nommer. C'était fort, ancien et instable. Une magie similaire à celle de son feu ancestral, qui intoxiquait l'air d'un pouvoir si violent qu'il s'en sentit frémir dans un spasme reflexe. Son corps réagissait à elle… à cette magie maudite que la majorité des sorciers passait leurs vies à éviter. Et pour cause ! Ce genre de sorts étaient oubliés, interdis et bannis des champs d'étude de la Magie depuis des siècles. Considéré comme l'apanage de la magie Noir, les ministères de toute l'Europe avaient mutuellement décidé de l'évincer du moindre ouvrage pouvant la répertorier. Un projet de tout évidence vain dans la mesure où tout un pan du troisième étage y était consacré… mais Hermione n'était pas censée l'étudier. A vrai dire, elle n'était même pas censée y toucher ! Lui-même avait mis plusieurs décennies avant de maîtriser les subtilités de cet art interdit et ce n'était pas pour rien ! Cette magie agissait tel un véritable virus. Une sorte d'entité vivante et indépendante qui se répandait d'elle-même autour de sa source d'invocation pour en prendre le contrôle… pour l'infecter et s'en rassasier afin de ne laisser qu'un réceptacle de sa volonté. Et pourtant, elle l'avait pratiqué. Pire encore elle s'était enfermée dans un lieu qui en était désormais infesté ! Avait-elle seulement conscience de la dangerosité de sa démarche ? Des risques qu'elle encourait ?! Probablement pas… et cette simple idée l'effara. Lui-même pouvait sentir ses sens s'engourdir sous la toxicité d'une telle forme de Magie Noir, alors elle ? C'était de la folie. De l'inconscience !

Aussi, c'est plus méfiant que jamais Voldemort se risqua à avancer dans l'obscurité. Baguette en main, il usa de la magie divine de son propre corps pour contourner les sorts de défenses, et récita de nombreuses incantations de purification. Mais même cela sembla insuffisant. Tremblant sous la puissance des sortilèges, il sentit ses membres se raidir et son souffle se couper. Par Merlin, combien en avait-elle jeté ?! Ce n'était plus une bibliothèque mais une véritable forteresse ! Un bouclier d'acier, de feu et de rage condensé dans une magie que Morgane elle-même ne parvenait pas à dompter. Et pourtant, chaque carreau, meuble, étagère et livre en était imprégné…

- Elle s'est servie d'un dérivé du Lumos pour éclairer chacune de ses inscriptions. Déclara Drago sur le palier. Aucune autre lumière ne peut pénétrer les lieux.

Un dérivé du Lumos ? De mieux en mieux… Grondant dans un râle sourd, Voldemort sonda l'obscurité et réfléchit. Si ce qu'il soupçonnait s'avérait exacte, alors il avait eu tort sur toute la ligne. Hermione avait belle et bien changé en son absence. Mais elle restait son Initiée et son élève. Et bien qu'elle ait de toute évidence progressé dans l'art de la magie noir, il maîtrisait depuis longtemps ce qu'elle s'évertuait encore à apprendre. Un maigre avantage qui ne le rassura pas pour autant.

- Exaluma Perdicta.

Résonnant avec force, ses mots semblèrent insuffler un semblant de vie dans cet antre macabre. Vibrant d'une nouvelle forme de magie, la bibliothèque entière s'anima sous ses yeux, révélant ce qu'il n'avait jusqu'alors jamais imaginé. C'était… c'était pire que ce qu'il redoutait. Aussi, il n'eut plus aucun doute. Hermione était en danger. Non pas à cause de ses agresseurs, mais d'elle-même.

Tout aussi subjugué qu'horrifié, Voldemort resta le souffle coupé. A ce stade, il ne savait même plus où regarder ! Partout où il se risquait à poser le regard, un chaos sans nom lui sautait à la gorge, le laissant tout aussi démuni que muet. Il ne pouvait pas y croire. Les murs autrefois écrus et clairs, se dévoilèrent sous ses yeux, recouverts de plus d'inscriptions latines, grecques et elfiques qu'il ne put en compter. Tantôt écrites ou gravées à même la roche, c'est un millier de traductions désordonnées qu'il vit remonter le long des colonnes de l'édifice. Allant des plaintes à la naissance des moulures des voûtes, chacune d'elle scintillait d'un sortilège luminescent, habillant les lieux de reflets bleutés hypnotiques. Et pourtant, ce n'était pas le plus effrayant. Les immenses baies vitrées autrefois donnant sur le soleil levant avaient été condamnées, avant de se voir peintes de symboles runiques d'un rouge sanglant. Comme si une folie l'avait habité, elle était allée jusqu'à étendre plus d'une dizaine de drap depuis les escaliers et les avaient laissé pendre tel des toiles ensorcelées, toutes teintées de ce même rouge dans lequel de nouvelles traductions avaient été imprimées. Les tables, chaises, fauteuils et méridiennes, avaient tous été renversés et acculés non loin de la cheminé, où là aussi de nouveaux symboles avaient été dessinés. Délogée de leurs étagèrent, il vit des milliers d'ouvrages voltiger sur eux-mêmes dans plus d'une quinzaine de piles différentes, tandis que dansaient depuis les lustres des dizaines de notes manuscrites et breloques volantes. C'était… à peine croyable. Il eut beau chercher, rien n'avait été épargné ! Que ce soit les bois des escaliers, les pierres des mures, les meubles… tout avait servi d'instrument à sa folie, laissant son emprunte s'apposer partout où il se risquait à regarder. Même le sol n'en était plus un ! Semblable à une échiquier grandeur nature, les carreaux se trouvaient couverts de milliers de notes, d'inscriptions, de livres, feuilles volantes et crayons cassés, rendant impossible la moindre avancée ! Mais cela ne l'avait pas arrêté. Car alors qu'il pensait que cela ne pouvait être pire, ses yeux se levèrent au plafond et sa mâchoire tomba à ses pieds. Scintillant plus qu'un ciel étoilé, des nouvelles traductions avaient été gravées à même les voûtes. Rayonnant de magie ancienne, elles serpentaient au-dessus de sa tête, lointaines et silencieuses dans leurs langues mortes et symboles indéchiffrables. A leurs côtés de nouveaux livres lévitaient, tous ouverts et prêts à être étudiés. Une image au premier abord étrangement esthétique, mais dont la simple vue le fit frissonner.

Elle… elle s'était laissée dépasser. Plus encore, elle avait été possédée ! Ces symboles, ce désordre… ce n'était pas de la recherche ou de la passion, mais une véritable et implacable obsession. Même Bellatrix n'aurait pu inventer un tel environnement ! Et elle avait vécu là ? Pendant presque deux mois ?! C'était inconcevable ! Inimaginable ! Et pourtant, sous l'unique table restée debout des couvertures avaient été disposées, accompagnées d'un nécessaire de toilettes de quelques vêtements éparpillés. Aussi, c'est avec une boule au ventre que Voldemort se tourna vers les Malfoy. Plus choqués que lui, ils détaillèrent les lieux qui leurs étaient restés jusqu'alors interdits. Horrifiée, Narcissa n'osa plus respirer et Lucius sembla dépassé. Mais Drago lui… Drago sembla sur le point de s'écrouler. Ils n'avaient pas menti. Aucun d'eux n'était entré depuis son départ. Aucun d'eux n'avait pu mesurer l'ampleur de sa folie naissante et la dangerosité de sa détresse. Un état qui plus il y pensait, plus lui donna la nausée. Par Merlin, c'était vrai… son absence l'avait changé. Pire encore, elle l'avait poussé dans les bras d'une magie nocive, qui en quelques semaines avait transformé son esprit en un désordre de pensées décousues et d'obsessions malsaines. Il n'aurait pas dû partir… il n'aurait pas dû la laisser ici, seule et en colère contre lui ! Car il n'en doutait pas… elle ne se serait pas acharnée de la sorte sans la moindre motivation. Qu'avait-elle cherché à faire ? Lui prouver qu'elle pouvait réussir sans aide ? Lui faire payer son départ ? Il l'ignorait mais ne se leurrait pas. Où qu'elle soit, sa quête ne se limitait plus à une simple sphère. C'était plus profond, plus grand, plus dangereux ! C'était… aberrant. Et devant les vestiges de sa folie, Voldemort frémit. Son Initiée était en train de sombrer. Plus encore, elle se laisser dévorer ! Un état qu'il ne pouvait plus nier et qui l'horrifia un peu plus à mesure que de nouvelles inscriptions apparaissaient. Il devait la trouver. Il devait la ramener !

- Sur quoi portait ses dernières recherches ? Demanda-t-il subitement.

- Nous… nous l'ignorons Maître. Elle ne nous a rien dit. Balbutia Narcissa.

- Pas même à toi ?

Sursautant au ton acerbe du Mage, Drago déglutit avec peine. S'il avait su… s'il avait vu… Par Merlin il ne l'aurait jamais laissé partir. Quitte à l'attacher lui-même au trône, il aurait tout tenté pour la retenir ! Et pourtant… il l'avait aidé. Alors qu'une folie plus vicieuse que celle de sa tante la rongeait, il l'avait aidé à s'enfuir, avait menti à leur parent et s'était fait gardien de son secret. Une sombre erreur qu'il sentit résonner dans son cœur à mesure que le regard de son Maître l'assassinait sur place.

- Je… j'ignore sur quoi elle travaillait. Mais je sais qu'elle avait prévu de partir avec son ancien campement. Il datait de la guerre alors… je l'ai convaincu d'emmener de nouveaux équipements.

- Quel genre ?! Demanda-t-il.

- Une tente, des couvertures, du nécessaire de campement, des vêtements chauds… j'en ai déduit qu'elle devait se rendre en forêt ou en montagne mais elle n'a rien confirmé. Dit-il fébrile.

Bien entendu… elle avait tout gardé secret, laissant à sa famille adoptive le moins d'indice possible. Sûrement s'était-elle dit qu'ils chercheraient à la retrouver, à le prévenir de sa fuite ou encore à la pister. Et elle avait eu raison… la clé de la survie résidait dans la discrétion. Moins d'individu savait où elle allait, plus de chances elle avait d'accomplir sa mission. Mais quelle mission ?! Là était toute la question ! Elle avait trouvé une sphère, il en était persuadé. Mais pourquoi la Turquie ? Et où en Turquie ?! Ce pays était immense, montagneux, escarpés et pleins de sorciers ! L'y rechercher serait aussi inutile que vain ! Pourtant et alors qu'une nouvelle colère se mit à gronder dans son cœur, un espoir le saisit. Ses notes étaient toutes codées, brouillonnes et pour la plupart illisible. Les déchiffrer lui prendrait autant de temps qu'elle avait mis à les écrire ! Mais il n'aurait pas à le faire… non, quelqu'un d'autre pouvait le faire pour lui. Quelqu'un qui l'avait côtoyé de près malgré sa solitude, qui l'avait nourri et aidé ! Quelqu'un à qui elle s'était probablement confiée.

- Arnis ! Tonna-t-il brusquement.

Apparaissant brusquement devant lui, on n'eut jamais vu un Elfe s'aplatir aussi rapidement à la vue de son Maître. Tremblante dans ses hoquets de terreur, la créature resta au sol de longues secondes, son petit cœur prêt à exploser dans sa poitrine. Cela va de soi, aucun des elfes du château n'avait manqué son entrée, son esclandre et ses cris. Aussi c'est le souffle court qu'il se redressa de moitié, l'esprit déjà hanté par les doloris qu'il pouvait voir danser dans son regard enfiévré.

- Où est Hermione ? Demanda-t-il sans détour.

- Arnis… Arnis ne sait que peu de chose Maître. Bafouilla-t-il. Je… je crois qu'elle… elle s'est rendue en Turquie.

- Soit plus précis.

- Je… je regrette mon Seigneur mais… Maîtresse Hermione ne m'en a pas dit d'avantage. Trembla-t-il subitement.

- Dans ce cas que t'a-t-elle dit ? Sur quoi portait ses études ? Que faisait-elle ici ? S'impatienta-t-il.

- Et bien…

- Parle !

S'écrasant au sol devant la menace de la baguette de Sureau, Arnis explosa en sanglot entre deux couinements. Il détestait l'idée de trahir les confidences de sa maîtresse… elle avait tant travaillé, tant souffert pour y arriver. Et il devrait ruiner ses efforts ? Tout dévoiler ? Par Merlin, il ne le voulait pas. Mais il n'avait pas le choix ! Voldemort était son Seigneur. Quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise et quoi qu'il veule, il ne pouvait le contrer… il ne pouvait lui mentir. Pourtant et alors qu'il relevait ses grands yeux vers lui, l'Elfe ne put s'empêcher de haleter de surprise. Il le servait depuis déjà plus de cinq ans, mais jamais encore il ne l'avait vu ainsi. Jamais il ne l'avait vu… inquiet. Les mains tremblantes il le regardait avec exigence et mépris, mais également avec espoir et peur. Il pouvait le sentir à travers l'aura de sa magie, quelque chose avait changé. Plus que son habituelle colère, c'est une véritable terreur qui le transcendait. Un état qui loin d'être habituel, le tétanisa de stupeur. Se pouvait-il que le Maître s'inquiète véritablement pour Maîtresse Hermione ? Qu'il ne veuille pas la punir ? Qu'il cherche simplement à l'aider ?! A cet instant Arnis l'ignorait, mais l'espéra sincèrement. Car alors qu'il se redressait doucement sur ses genoux cailleux, il le sut d'avance. Ce qu'il adviendrait par la suite, ne dépendrait plus de lui.

- Maîtresse Hermione a étudié bon nombre d'ouvrage depuis votre départ. Dit-il alors la mort dans l'âme.

- Montre-moi.

Regardant tout autour d'eux, Arnis déglutit avec peine. Il ne pouvait plus faire marche arrière. Aussi, c'est dans un soupir qu'il claqua des doigts et qu'un écho retenti. Réagissant à sa magie, les Sorciers virent la bibliothèque s'animer d'elle-même sous leurs yeux, dévoilant alors une flopée de livres restés cachés dans les ombres de ce chaos. Un puis deux… suivit une pile… et d'une autre… avant que de nouveaux amas d'ouvrages ne se mettent subitement à descendre des étages supérieurs… un spectacle tout aussi étonnant qu'éblouissant, qui laissa Voldemort cette fois bouche bée. Il devait y en avoir une centaine ! Si ce n'est plus !

- Maîtresse Hermione a lu un total de cinq-cents vingt-cinq livres.

- Pardon ?! S'étouffa Drago.

- C'est exact. Assura Arnis en continuant son amas d'ouvrage. Son champ d'étude comprenait essentiellement les grimoires Elfiques, Runiques, Latin, Grecs, Araméens, Romains, Perses et Celtiques. Cependant, elle avait une nette préférence pour les recueils de légendes anciennes. Bien entendu, tout ceci est sans compter ses expériences.

- Quelles expériences ? Souffla Voldemort d'une voix blanche.

- Eh bien les Malfoy pourront en témoigner, votre Initiée a… une fâcheuse tendance à ne pas supporter l'approximatif. Elle s'est donc lancée le défi de faire renaitre l'essence d'un feu prophétique. Expliqua-t-il. Heureusement pour nous, elle s'est raisonnée au bout du quatrième incendie.

Du… du quatrième incendie ?! Un feu prophétique ? A ces mots, le Mage vit trouble. Non, il devait y avoir erreur. Ce n'était pas possible ! Plus de cinq-cents vingt-cinq livres de contes, recueils et grimoires ? En six semaines ?! Même une hydre à huit têtes ne pourrait lire autant d'ouvrage en si peu de temps !

- Maîtresse Hermione était déterminée à accomplir la mission que vous lui aviez donné. Déclara Arnis. Elle… elle voulait faire votre fierté.

- En se ruinant la santé ?! Explosa-t-il ahurit. Je lui ai dit de poursuivre nos recherches, pas de percer les secrets du monde en mon absence !

C'était de la folie… pas étonnant qu'elle ait perdu la raison ! La majorité de ses ouvrages étaient écrit en langues mortes ou runiques. Leurs traductions étaient longues et fastidieuses, nécessitant parfois des années d'études avant de pouvoir en comprendre quelque chose ! Et elle… elle en avait traduit des dizaines par jours… des centaines par semaines… Même lui ne pourrait pas tenir un tel rythme !

- Sur quoi portait ses dernières recherches ? Demanda-t-il alors.

- Il me semble qu'elles étaient principalement axées sur les Dynasties Vampiriques. Elle s'est d'ailleurs lancée dans la traduction des trois cent tomes les répertoriant.

- Pourquoi ?

- Elle n'en parlait jamais en détail mais… il me semble qu'elle tentait de trouver un vampire.

- Un vampire ?! Répéta-t-il.

- Un homme qui selon elle était « la clé de sa réussite ».

La clé de sa réussite… la clé de sa réussite… Par Merlin, mais dans quoi c'était-elle lancée ?! Elle n'était quand même pas partie chercher un vampire en Turquie ?! Ce serait le comble ! Et pourtant il n'était pas naïf. Cela devait certainement avoir un rapport avec la sphère offerte au vampire de la prophétie, mais c'était trop peu ! Il lui fallait plus que ça ! Il lui fallait un nom, des coordonnées, une carte… n'importe quoi lui permettant de la trouver !

- Quel vampire ? Demanda-t-il à bout de souffle.

- Elle n'a pas dit son nom… mais il me semble qu'elle l'a écrit.

- Où ?!

Gêné, Arnis porta son regard vers les murs et les voûtes ; un geste qui suffit à achever son Maître dans un râle exaspéré. Bien sûr… il avait fallu qu'elle joue les funambules et laisse ses seuls indices gravés au plafond dans une langue qu'elle avait elle-même codé ! Pourtant et alors qu'il sentait ses épaules s'affaisser sous la fatalité, un détail l'intrigua subitement. L'œil tourné vers les symboles peints dans la cheminé, Voldemort se surprit à le trouver… familier. Surpris, il s'avança en silence, ignorant les nouvelles questions que les Malfoy s'évertuaient à poser et les détailla avec attention. Ce n'était pas des runes. A vrai dire ça ne ressemblait à aucun alphabet connu. Pour autant, une étrange magie s'en dégageait. Une magie ancienne, froide et inconnue du monde, qu'il sentit résonner des fenêtres au plafond et qui lui donna un frisson. Non… ce n'était pas possible. Cette langue… ces symboles… elle ne pouvait pas les connaître. Personne à part lui ne pouvait les connaître ! A moins que…

- Seigneur… souffla-t-il ahurit.

- Maître ?

Il avait tort. Quelqu'un d'autre avait déjà parlé cette langue. Quelqu'un qu'elle avait connu, aidé et instruit… quelqu'un qui ne pourrait décidément jamais rester hors de sa vie.

- Vous comprenez ces symboles ? Se risqua à demanda Lucius.

- Je suis le seul au monde capable de les comprendre. Du moins… je l'étais.

- Que voulez-vous dire ?

Hermione ne pouvait pas le parler. Mais après avoir passé plus de dix ans en compagnie de Potter, ce dernier avait dû le lui enseigner quelques bases. Pas assez pour que ce soit parfaitement lisible, mais suffisamment pour qu'elle puisse y cacher des secrets qu'eux seuls pouvaient partager.

- Sortez. Tonna-t-il brusquement.

- Mai…

- C'est un ordre. Claqua-t-il.

Mal à l'aise, les Malfoy se regardèrent furtivement avant d'obéir. Ils ignoraient ce que leur Maître avait vu et compris. Et pour cause… cette langue leur serait à jamais inaccessible. Une langue que Voldemort sentit résonner dans l'écho des portes clauses de la bibliothèque et qu'il laissa s'infiltrer dans son cœur. Une langue à la magie insolente et ancestrale. Sa langue natale.

Du Fourchelangue.

Laissant ses lèvres murmurer l'incantation lié à ce symbole, il sentit la magie de son sang s'éveiller, avant de subitement voir la lettre peinte scintiller. D'abord fébrile, la lueur s'intensifia peu à peu, résonnant avec toutes celles qui brillaient déjà sous ses yeux. Cela ne dura qu'un instant et pourtant cela suffit... Car alors qu'il regardait à nouveau la cheminée, ce n'est plus une lettre grossière qui y trônait ; mais un nom. Un nom inscrit sur les murs, gravé dans la roche et peint aux fenêtres. Un nom qui résonnait tout autour de lui dans la même obsession avec laquelle il avait été écrit. Un nom qu'il ne tarda pas à maudire.

« Aloff ».

Couinant dans son dos, Arnis sursauta quand son Maître lut ce nom à voix haute. Une présence parasite et indésirée, qui suffit à éteindre le peu de soulagement que Voldemort venait d'éprouver. Comment osait-il être encore là ? N'avait-il donc pas entendu ses ordres ?!

- Tu n'aurais pas dû voir ça… siffla-t-il menaçant.

- Pardonnez-moi Maître… mais Arnis est resté pour… pour vous dire quelque chose. Bafouilla-t-il terrifié.

- Je doute que tu puisses m'en apprendre d'avantage. Grinça-t-il.

- Non… je… il faut que vous sachiez. Insista-t-il au bord de l'effondrement. Il faut que vous retrouviez Maîtresse Hermione !

Etonné devant la soudaine urgence de son serviteur, Voldemort la jaugea d'un œil mauvais avant d'abaisser sa baguette. En toute honnêteté, il doutait que ce qu'il ait à lui dire ait la moindre valeur comparé à ce qu'il venait d'apprendre… mais il connaissait Hermione. Tout pouvait donc empirer.

- Parle avant que je ne perde patience.

Les mains cachées sous son haillon, Arnis couina sous la douleur de sa trahison. Il avait juré de ne rien dire, de ne pas parler et de se taire ! Il avait juré à Maîtresse Hermione ! Il avait juré ! Mais elle était en danger… il ne l'avait pas compris dans l'instant mais ne pouvait plus le cacher ! Les Elfes des cuisines l'avaient mis en garde ; à vrai dire, ils avaient tous hurlé à la vue de sa fiole. Par Merlin, il aurait dû le savoir… il aurait dû le comprendre ! Il aurait dû l'empêcher d'en prendre. Aussi, c'est les joues ruisselant de larme qu'il sortit un petit flacon de sa poche. Vide depuis des semaines, il était le dernier vestige de l'ultime folie de sa Maîtresse. L'ultime prix de sa réussite.

- Mai… Maîtresse Hermione ne mangeait plus. Elle était si faible… si épuisée qu'elle n'arrivait même plus à bouger. C'est pour cette raison qu'elle a commencé à écrire au plafond. Sanglota-t-il avec force. Arnis a tenté de l'aider mais elle s'obstinait ! Arnis a tenté de l'aider !

- Où veux-tu en venir ?! S'inquiéta Voldemort.

Son flacon tremblant entre ses main, l'Elfe ferma les yeux sous la lourdeur de sa peine. Il avait failli à sa tâche. Il l'avait laissé se condamner ! C'est donc la mort dans l'âme qui le tendit à son Maître.

- Qu'est-ce ? Demanda-t-il sans comprendre.

- Maîtresse Hermione m'a fait jurer de ne rien dire… à personne. Arnis était inquiet mais Maîtresse Hermione a assuré que ce n'était qu'une potion énergisante.

Curieux, le Mage laissa flotter la fiole entre ses mains. Plus aucun résidu de magie n'y subsistait et pourtant il put le sentir… quelque chose de puissant y avait été mis. Quelque chose de suffisamment dangereux pour plonger un Elfe de maison dans un état d'hystérie.

- Maîtresse Hermione a menti ! Hurla-t-il en pleur. Arnis ne l'aurait jamais laissé faire une telle chose ! Je le jure… je… ne savais pas ! Arnis ne savait pas !

- Cesse de pleurer et parle !

- Elle… elle…

Il hoquetait, reniflait, sanglotait et s'étouffait dans ses propres larmes. Aussi, Voldemort n'eut plus aucun doute. Ce n'était pas que dangereux… c'était grave.

- Concentre toi ! Paniqua-t-il. Quelle potion a-t-elle bu ?! Qu'est-ce qu'il y avait dedans ?

Le démon en fiole.

- Du sang de Dragon… elle… elle a bu du sang de Dragon.


:)))))) alors ? Des idées pour la suite ? A votre avis, que va faire Voldemort maintenant qu'il sait ce qu'Hermione a fait ? Va-t-il la retrouver ? Et Hermione, que lui est-il arrivé ? N'hésitez pas à me donner vos avis en commentaire ! ;)

Merci encore pour tout votre soutien ! :)))) Je vous adore !

A la semaine prochaine ;)