Dodelinant de part et d'autre de ses épaules, Hermione sentit sa tête tomber et grimaça violement sous la douleur de son cou. Désorientée sa conscience s'éveilla peu à peu, stimulée par ces étranges raies de lumières qui lui illuminèrent le visage. Mais cela n'aurait pas dû être possible... Elle s'était endormie dans une grotte, saignant à mort et prête à rendre son dernier souffle. Et pourtant elle vivait. Ou du moins, elle souffrait. Un état qui à ce stade aurait dû la rassurer, mais qui dans son réveil confus lui arracha un cri horrifié. Ce n'était pas normal… cette douleur, cette rigidité… ce n'était pas ce à quoi s'était résignée ! Non, c'était plus violent, plus brutal ! Quelque chose contre laquelle elle ne put lutter et qui suffit à ouvrir ses yeux dans un sursaut.

Hagard, son regard se perdit tout autour d'elle, effrayé devant ce soudain changement de luminosité. Mais elle ne rêvait pas. Elle n'était plus dans la grotte. Elle n'était plus allongée dans son propre sang, au bord de la mort ! Non elle… elle était ailleurs. Un endroit froid et silencieux dont les parois rocheuses ne lui inspirèrent pas plus confiance que son premier tombeau. Pourtant, elle n'eut aucun doute. Quelqu'un l'avait amené ici. Quelqu'un était venu la chercher ! Mais qui ? Son Maître ? Drago ? Un sorcier de passage ? Elle l'espéra. A vrai dire, elle le pria avec ferveur. Mais son esprit s'éveilla d'avantage, laissant mourir ses espoirs dans l'instant même. Elle n'avait pas quitté la Turquie. Elle pouvait le sentir dans les échos de la pierre tout autour d'elle, cette grotte n'était pas différente de la précédente. A un détail prêt… elle n'y était pas allongée. Surprise de son point de vue sur les lieux, Hermione tenta de bouger ; un simple geste qui suffit cependant à la faire hurler. Elle ne s'était pas trompée, son état avait empiré. Mais pas à cause de ses plaies ou de son immobilité… non cela aurait été trop doux, trop simple ! A la place, ses agresseurs avaient volontairement choisi de la torturer.

Suspendue au-dessus du sol par les poignets, elle sentit ses bras se tordre et ses os craquer dans un bruit d'articulations froissées. Presque disloquées derrière sa tête, elle vit ses épaules trembler sous le poids de son corps tandis que sa cage thoracique s'étirait douloureusement sous ses côtes brisées. Grimaçante plus que jamais, elle s'efforça de respirer du mieux qu'elle put. Mais à la douleur de sa position vînt s'ajouter celle de ses blessures ; des plaies profondes et béantes, qui à peine cachées par son débardeur imbibé de sang, tailladaient largement son torse et ses jambes. Par Merlin… elle avait été suspendue ainsi… sans soin, ni considération… la laissant se vider des restes de son sang tel une bête en pleine agonie. C'était… c'était atroce. Plus qu'un supplice, seule la personnification de la barbarie avait pu la mener ici ! Se pouvait-il qu'Harry et Ron l'aient trouvé ? Qu'ils aient décidé de l'achever ?! Non… même si l'utilisation de cordes leur ressemblait, ils ne se seraient pas donnés la peine d'une telle mise en scène. Ils se seraient simplement contentés de l'attacher et de la fouetter ! Et puis ils ne s'en seraient pas caché, n'hésitant pas à la réveiller d'un doloris pour lui afficher leurs sourires ravis. Mais ce mystère ? Cette grotte ? Ces poulies ? C'était préparé et presque… sophistiqué. Le système de levier, les cordes soigneusement tressées, les sangles de ses poignets, tout avait méticuleusement était ajuté ! Aussi, la jeune femme ne put se faire d'illusion. Elle s'était demandée pourquoi le vampire ne l'avait pas achevé ; elle s'était demandée pourquoi il avait choisi de l'épargner. Mais elle avait tort. Il ne voulait pas la tuer. Il voulait la voir souffrir. Pourquoi ? Elle l'ignorait, mais à cette heure ce fut presque la dernière de ses préoccupations. Le souffle court, sa poitrine se comprima sous ses halètements. Elle ne pourrait pas tenir indéfiniment. Il fallait qu'elle trouve un appuie, qu'elle se redresse et allège ses épaules du poids mort de ses membres ! Mais ses pieds dansaient dans le vide, effleurant à peine le sol qu'elle pouvait presque entendre rire devant ses vaines tentatives. Les dents serrées, elle observa le système de poulie et tenta de se balancer. Avec un peu de chance, assez d'élan lui permettrait peut-être de se détacher ! Mais plus elle s'acharnait, plus ses forces s'amenuisaient. Parvenant à peine à faire trembler le mécanisme de levier, le cuir de ses sangles cisailla sa peau, laissant de longues traînées ensanglantées ramper le long de ses bras. Elle ne pourrait jamais s'en extirper. Pas comme ça, pas dans cet état… et ces ravisseurs le savait.

A bout de force, sa tête retomba en avant et ses épaules se contractèrent dans un gémissement. Comme si elle était écartelée, elle put sentir chacun de ses muscles se déchirer, ses ligaments s'arracher et ses os sur le point de se briser. C'était infâme… un supplice que même Bellatrix et l'Ordre n'auraient jamais eu la cruauté d'imaginer ! Mais pourquoi ? Par Merlin, qu'avait-elle fait ?! Elle n'était qu'une voyageuse ! Une sorcière en quête de réponse ! Elle ne méritait pas un tel sort. Elle ne méritait pas de souffrir. Et pourtant, on la traitait comme une prisonnière de guerre… une traître et une criminelle. Une évidence qui plus le temps passa, plus lui laissa un goût amer. Qu'elle ait été torturée par l'Ordre et les Mangemorts était une chose… mais par des vampires ? Ces monstres suceurs de sangs ? Ces momies d'un autre temps ?! Non… non c'était au-dessus de ses forces. Plus qu'une honte, c'était un affront ! Une insulte ! Mais que pouvait-elle faire ? Affligée par sa douleur, c'est à peine si elle parvenait à garder les yeux ouverts ! Haletante, chacune de ses respirations lui donnait l'impression d'être poignardée de l'intérieur. Alors se battre ? Lutter ? S'enfuir ? Elle n'avait ni baguette, arme ou moyen de survie ! Elle n'avait rien… rien si ce n'est un vampire sadique rôdant non loin et prêt à lui faire endurer les pires infâmies. Une idée qui au-delà d'une quelconque colère, la terrifia jusqu'aux tréfonds de son âme. Qu'allait-il lui faire de plus ? La battre ? La laisser se vider de son sang ? Mourir de soif ? De fatigue ? Ou pire ?! Elle n'en savait rien ; une incertitude qui suffit à l'horrifier d'avantage. Elle ne pouvait pas rester à attendre qu'il se décide ! Non, il fallait qu'elle se défende ! Qu'elle… qu'elle fasse quelque chose, qu'elle agisse ! Aussi, c'est dans un cri désespéré qu'Hermione rassembla ses forces et attrapa ses sangles à pleines mains. Luttant contre la faiblesse de ses muscles, elle chercha à se hisser, hurlant presque sous la douleur de ses bras tétanisés.

- Eh bien, eh bien… ce n'est pas tous les jours qu'on voit ça.

Sursautant à l'écho de cette voix, la surprise lui fit lâcher sa prise, la laissant retomber avec violence dans le vide. Grimaçant sous la douleur de ses épaules, elle n'eut le temps de rassembler ses pensées et se vit nez à nez avec celui qu'elle avait tant redouté. Le Vampire qui l'avait enlevé... Un homme âgé à la peau flétrie et aux cheveux gris, vêtu d'habits semblable à ceux de la renaissance et à la cape imposante. Un ennemi dont la simple vue, suffit à lui donner la nausée.

- Qui… qui êtes-vous ? Demanda-t-elle entre deux souffles.

- Vous ne le savez pas ? Dit-il alors surpris.

- Comment le pourrais-je ? Cracha-t-elle amère. Vous… vous m'avez attaqué sans vous présenter.

Les dents serrées sous l'acidité de sa haine, Hermione le vit la détailler avec curiosité. Surpris devant sa vigueur, le vampire resta à bonne distance malgré son intérêt et tourna tout autour d'elle. De toute évidence, il n'était pas heureux de ce qu'il voyait. Pourtant et contre attente, il soupira d'un air presque rassuré. Une dualité d'émotion que la jeune femme ne comprit pas et qui la laissa en haleine devant son regard intrigué.

- Je regrette ce qui vous ai arrivé. Mais ce n'est pas moi qui vous ai attaqué.

Alors ils étaient plusieurs… plusieurs vampires assoiffés de sang près desquels elle s'était promenée en toute tranquillité. Par Merlin, qu'elle ait survécu jusque-là était un exploit.

- Alors… vous n'avez fait que… me ligoter. Souffla-t-elle dans un sourire désabusé.

- Une fois encore, vous vous trompez. Mais oui… vous êtes ici selon ma volonté. Sans mon intervention, mon disciple vous aurait déjà tué. Déclara-t-il avec force.

Résistant à l'envie d'éclater de rire, Hermione se mordit la langue et tenta de reprendre son souffle. Décidément, cet homme savait se dédouaner de toute responsabilité.

- N'espérez aucun remerciement… Dit-elle du bout des lèvres.

- Je n'en attendais pas. Ce que j'attends en revanche, ce sont des réponses.

- Nous sommes deux.

Déstabilisé devant la férocité de son regard, le Vampire lui tourna le dos et déglutit. Bon Dieu, il haïssait ce genre de pratique. Mais la situation était trop grave. Il devait connaître les raisons de sa venue. Il devait savoir quel genre de menace planait sur son clan !

- Vous êtes l'Initiée du Seigneur des Ténèbres… N'est-ce pas ? Demanda-t-il alors.

Le souffle court, Hermione résista à l'envie de lui balancer son pied en pleine figure et inspira avec force. Ainsi il la connaissait. Il savait qui elle était et la laissait malgré tout pendre tel un morceau de gibier ! Et pourquoi ?! Pour l'interroger ? Lui faire payer son allégeance ? Ne savait-il donc pas que la guerre était finie ? Que vampires et sorciers étaient désormais alliés ?

- Si vous posez la question… j'imagine que vous connaissez déjà la réponse.

Effaré, Elias haleta devant sa hargne et se sentit frissonner. Alors c'est vrai… contrairement à ce que Samuel avait espéré, il ne s'était pas trompé. C'était elle. Celle dont tous parlaient avec crainte et terreur. Celle qui déchaînait les feux de l'enfer et arrachait les cœurs…

- Hermione Granger… souffla-t-il sans y croire. La Déesse Rouge.

Surprise devant son effroi, la sorcière haussa un sourcil curieux. Il l'avait fait attacher et pouvait la tuer de sa simple volonté ! Pourtant il semblait véritablement mortifié ; lui, un vampire âgé de plusieurs centaines d'années. Cela n'avait aucun sens.

- Qui… qui êtes-vous ? Se risqua-t-elle à demander.

La jaugeant avec méfiance, le vampire se pinça les lèvres dans un nouveau silence. Elle ignorait qui il était… peut-être était-ce bon signe ? Aussi, il se contenta de gonfler le torse et de déclarer d'une voix forte.

- Elias Abraham Erzeg, Septième du nom.

- Erzeg ? Comme… comme la Dynastie Erzeg ?! S'étouffa-t-elle.

- Elle-même. Dit-il fièrement.

Par Merlin… ils avaient survécu. La Dynastie des Erzeg avait survécu ! C'était incroyable ! Inédit ! Elle avait toujours cru que les Von Bassito avaient réduit leur clan à néant, ne laissant derrière eux que mort et désolation ! Et pourtant, ses livres avaient torts. Ils n'avaient pas tous péri. Ahurie, Hermione ne sut que dire et déglutit avec peine. Les Erzeg étaient des vampires puissants, redoutables et sans grande morale. Des êtres pour la plupart millénaires, que les Italiens avaient passé des mois à combattre ! Qu'elle soit encore en vie relevait désormais du miracle.

- Je… je suis venue en paix. Dit-elle dans un frisson.

- Votre seule existence est une déclaration de guerre ! Tonna-t-il brutalement.

- Je…

- Ne croyez pas que j'ignore qui vous êtes, Miss Granger. Je connais votre histoire. Je connais votre allégeance… et je sais ce que vous avez fait. Continua-t-il plus menaçant. Je n'ai pas cru les Centaures quand ils sont venus me mettre en garde mais j'avais tort !

- Ecoutez, je…

- J'ai vu la couleur des océans… j'ai vu ce que vous avez fait aux sirènes ! Je sais quel genre de monstre vous êtes.

Horrifiée, Hermione balbutia devant le rouge sanglant de ses yeux. Ainsi c'était cela… il ne l'avait pas attaché pour la torturer, mais se protéger. Se protéger d'elle et de ses pouvoirs ; de sa réputation et de son feu ancestral ! Sûrement craignait-il qu'elle le déchaîne sur son peuple ? Qu'elle soit venue en quête d'une nouvelle espèce à exterminer ? Mais il se trompait ! Elle n'était pas venue les menacer ! Malheureusement et devant son regard, elle n'eut que peu d'espoir. Il pensait la connaître… mais ne voyait en elle qu'une meurtrière. Qu'une abomination ! Aussi, c'est avec peine que la jeune femme se sentit frémir. Par Merlin, c'était pire que ce qu'elle redoutait. Car désormais, elle n'était plus une victime de leur cruauté, mais une cible de leur haine. Rien n'aurait su le convaincre de sa bonne volonté. Rien n'aurait pu apaiser le dégoût que sa simple présence lui insufflait.

- Je ne suis… pas venue vous combattre. Insista-t-elle.

- Permettez-moi d'en douter.

- Je suis… à la recherche d'un objet. Rien de plus je vous l'assure.

Esquivant un sourire, Elias passa sa langue sur ses dents et la détailla avec attention. Elle ne donnait pas l'impression de mentir. Mais il connaissait les sorciers depuis longtemps. Leurs pièges, tours et manipulations étaient les trophées de leur réputation ! Et il aurait dû la croire ? Elle ? Une sorcière qui revendiquait un crime contre la Sorcellerie et les Créatures Magiques ?

- Excusez mon amusement, mais… j'ai du mal à imaginer le Seigneur des Ténèbres envoyer son Initiée en mission sans le moindre renfort.

- Vous devez me croire ! Insista-t-elle. Dé… détachez-moi et je vous le prouverais !

- Vous relâcher ? Jeune fille vous manquez de jugeotte. Rit-il.

Agacée devant l'arrogance de son sourire, Hermione se mordit la langue pour ne pas l'insulter. Manquer de jugeotte ? Il retenait l'Initiée d'Honneur de Voldemort pendue dans une grotte, et c'est elle qui manquait de jugeotte ?! Avait-il perdu l'esprit ?! Son Maître le laisserait brûler en place publique pour sa folie ! Il l'affligerait des pires doloris et lui ferait regretter chaque année de sa misérable éternité ! Et pourtant, il riait. Sot et confiant, il se confortait dans ses certitudes erronées et se moquait ouvertement de sa faiblesse, rejetant d'un revers de bras tout ce qu'elle aurait pu promettre. N'avait-il donc aucun respect pour leur paix ? Aucune pitié ? Elle était vulnérable et blessée, sans baguette pour se défendre ou magie pour se libérer ! Elle était inoffensive ! Pour preuve, un seul de ses disciples avait presque failli la tuer ! Et pourtant il persistait…

- S'il vous plaît… Grinça-t-elle entre ses dents. Laissez-moi une chance. Je… je ne suis pas votre ennemie ! Je vous le jure.

- Bon nombre de Sorciers me l'ont assuré avant vous jeune fille. Claqua-t-il. Aucun d'eux n'a tenu parole.

- Je ne suis pas…

- Vous mentez ! Peu m'importe les raisons de votre venue ici, je ne vous laisserais pas nous manipuler. Je ne vous offrirais aucune pitié !

Rien ne saurait le faire changer d'avis. Elle pouvait le lire dans le mépris de son rictus et la haine de son regard, il ne la laisserait jamais s'expliquer. Peu importe ses promesses, il ne verrait toujours qu'un monstre ; qu'une criminelle sans scrupule… qu'une une erreur de la nature. Alors à quoi bon s'entêter ? A quoi bon supplier un esprit étroit aux griffes acérées ? Elle avait déjà tenté de raisonner ceux qui s'étaient toujours permis de la juger. Que ce soit Harry, Ron, Krum ou les Sirènes, aucun d'eux ne s'était donné la peine de l'écouter. Et ils l'avaient chèrement payé… Aussi, c'est galvanisé par sa haine qu'on entendit son serpent siffler. Résonnant avec force contre la roche, son cri pétrifia le vampire qui se tu sous la surprise. Pourtant, Hermione n'en afficha aucune. Frémissant sous la violence de la colère, elle sentit ses écailles glisser autour de son cou et sourit devant la figure déconfite de son ennemi. Elle avait essayé de se montrer pacifique. Elle avait essayé de se faire entendre. Mais elle en avait assez… assez d'être jugée, malmenée, attaquée, torturée et méprisée ! Assez d'être vue comme une menace à éliminer ou un pion à placer ! Ce Vampire n'avait aucune leçon à lui donner.

Alors s'il souhaitait la traiter comme la Déesse Rouge qu'elle était, soit.
Elle serait la Déesse Rouge.

- Et vous ? Demanda-t-elle froidement.

- Pardon ?

- Vous… vous me reprochez l'extinction des Sirènes. Vous me traitez comme un monstre et une meurtrière ! Mais vous ? Qu'êtes-vous ?

Déstabilisé, Elias n'osa répondre devant son sourire. Un silence qui la ravit d'avantage.

- Vous êtes comme moi. Claqua-t-elle.

- Mensonge ! S'indigna-t-il.

- Vous croyez ?! Vous avez plus de sang sur les mains que j'en n'aurais jamais ! Explosa-t-elle. Vous voulez jouer au plus vertueux, me donner des leçons et me faire peur, mais moi aussi je sais écouter les rumeurs ! Moi aussi, je sais qui vous êtes Elias…

Elle bluffait. Ça ne pouvait être que ça ! Des mensonges, de l'audace et de l'insolence, crachés du bout des lèvres maudite d'une déesse de mort ! Et pourtant, Elias ne put le nier… jamais on ne l'avait si froidement provoqué.

- Taisez-vous. Gronda-t-il soudainement. Vous ne savez rien.

- Fils ainé de Elias Abraham Erzeg Sixième du Nom, votre père n'était autre que le Fondateur de votre Dynastie. Récita-t-elle. Mais ça ne lui a pas réussi…. Eviscéré par les Von Bassito avant d'être laissé en plein soleil, la légende raconte que ses douze fils l'ont regardé brûler vif depuis leur repère, lâches et effrayés à l'idée de subir le même sort. Et tel fut le cas… du moins, pour onze d'entre eux.

Horrifié à chacun de ses mots, le Vampire sentit ses crocs frémir sous sa gencive. Comment osait-elle parler de cela devant lui ? Raconter de telles infamies ?! C'était une honte ! Une insulte ! Et pourtant, elle le regardait un sourire aux lèvres…

- Assez !

- Qu'avez-vous fait Elias ? Demanda-t-elle brutalement. Vous les avez regardé brûler eux-aussi ? Comme votre père ? A moins que les Von Bassito ne vous aient épargné en échange de leurs vies ?

Il aurait dû l'éventrer pour son affront ! Lui trancher la gorge et s'abreuver de son sang ! Lui faire payer son arrogance et ses mensonges ! Pourtant, Elias ne put que serrer les poings en silence. Au bord de l'implosion, il sentit sa colère raviver ses pulsions, exacerbant l'odeur de son sang et la pâleur de sa peau. Que n'aurait-il pas donner pour la faire taire ? Là, maintenant ?! Pour sentir son cou se briser sous sa poigne et ses veines se trancher sous ses dents ?

- Vous n'êtes qu'une sale petite…

- Ne vous arrêtez pas. Sourit-elle amusée. Continuez, je vous en prie ! Je suis certaine que mon Maître appréciera vos mots au moins autant que moi.

Blêmissant à l'évocation de Voldemort, Elias gronda entre ses dents. Tous deux le savaient… il était en position de faiblesse. Et pour cause ! Qu'il l'épargne ou non, le Mage Noir ne ferait aucune différence. Insulté par la détention de son Initiée, il ne se donnerait pas la peine de les écouter. Insensible à leurs cris, il les exterminerait jusqu'aux derniers tandis qu'elle se repaitrait de leur souffrance dans un sourire comblé.

- Vous nous avez tous condamné. Siffla-t-il enragé.

- Vous m'avez attaqué !

- Vous n'aviez rien à faire ici ! Et par votre faute… nous sommes finis.

Intrigué devant son désespoir, Hermione déglutit dans une grimace. Elle pouvait s'en servir… elle pouvait encore s'en sortir.

- Sauf si… j'en décide autrement. Fit-elle.

- Pardon ?!

- Si me laissez partir je… je pourrais convaincre mon Maître de vous épargner. Je pourrais même lui faire croire que vous m'avez sauvé.

- Fadaises ! Voldemort n'épargne personne ! S'exclama-t-il.

- Vous vous trompez.

- Non ! Je ne me laisserais pas avoir ! Vous et votre peuple n'êtes que…

- Peu m'importe ce que vous croyez ! Tonna-t-elle brusquement. Mon offre n'est que de courte durée et ma patiente est limitée, alors choisissez !

Effaré devant un tel aplomb, Elias resta sans voix. Pensait-elle vraiment avoir une chance de convaincre le Seigneur des Ténèbres ? Elle était son Initiée, certes… mais de là à l'influencer ? Etait-ce seulement possible ? Non… il ne pouvait le croire. La cruauté de Voldemort n'avait d'égal que sa rancœur ! Jamais il ne se laisserait berner par les dires d'une simple enfant ! Et pourtant, ses doutes l'empêchèrent de rire à son offre. Mal à l'aise, il la regarda le toiser de sa hauteur, fière et impétueuse malgré le sang qui nappait son ventre. Il pouvait la tuer… Et pourtant, elle le défiait. Pire encore, elle se permettait de l'insulter à travers les récits mensongers des légendes de son peuple ! Etait-elle folle ? Inconsciente ? Probablement… mais cela ne parvînt qu'à l'effrayer d'avantage.

- N'avez-vous donc aucun instinct de survie ? Demanda-t-il du bout des lèvres. Je pourrais vous déchiqueter d'un seul coup de griffe !

- Et mon Maître vous tuerait d'un seul coup de baguette. Cingla-t-elle. Mais ne vous retenez pas ! Allez-y, videz-moi de mon sang ! Sa vengeance n'en sera que plus violente.

- C'est ridicule… votre état vous fait délirer. Vous perdez la raison.

- Vous croyez ? Dit-elle amusée.

- Nul ne peut tenir de tels propos devant un vampire sans être fou allié.

Il n'avait pas tort… mais à ce stade Hermione n'avait que faire de sa raison.

- Que vous ont dit les Centaures à… à mon sujet ? Demanda-t-elle.

- Des tas de choses que je n'ai pas voulu croire. Mais ils n'ont pas menti. Les sirènes ont payé votre cruauté de leurs vies…

- Et vous ont-ils dit ce que j'avais fait à la Reine Mère avant… avant d'invoquer mon feu ancestral ?

Confus, le Vampire déglutit. Oui, il savait. Et il avait beau être sur cette terre depuis des siècles, jamais encore il n'avait entendu de tels récits…

- Vous… vous lui avez arraché le cœur.

- Ainsi vous êtes prévenu. Claqua-t-elle à bout de souffle. Je suis prête à tout. Peu m'importe de mourir abandonnée dans cette grotte ou sous vos crocs, je serais toujours gagnante ! Mon Maître me vengera ! Il viendra pour vous et pour vos disciples ! Il ne s'arrêtera pas et achèvera ce que les Von Bassito ont commencé… il vous décimera jusqu'aux derniers.

« Fuyez ou combattez mais ne commettez pas l'erreur d'espérer… car la dernière chose que vous verrez, sera l'ombre de l'Initiée ». Les Centaures disaient vrai. Il n'avait pas d'échappatoire. Quoi qu'il fasse, sa mort signerait la sienne. Aussi il dût l'admettre ; Hermione Granger n'avait rien à envier à sa réputation. Elle était bel et bien cet être de destruction.

- Vous n'avez aucune pitié. Souffla-t-il.

- Tout au contraire Elias… déglutit-elle. Je n'ai que peu d'intérêt à vous voir mourir. Mais… mais à quoi bon vous en montrer ? Vous me haïssez.

Le souffle court, le vampire soupira devant elle. Il l'avait oublié mais les sorciers étaient des êtres complexes… des créatures fonctionnant selon le principe de réciprocité et de services. Mais même s'il hésitait à lui en témoigner, Elias ne put s'y résoudre. Peu importait sa bonne volonté, il pouvait le sentir… les ombres se rapprochaient et la mort le regardait. Il aurait beau tout tenter, son destin et celui de son clan était scellé.

- Vous ne pourrez pas nous sauver. Soupira-t-il.

- Je peux essayer !

- Personne ne le peut.

- Alors… alors vous allez me tuer ? Demanda-t-elle inquiète devant son regard résigné.

A sa question, le vampire ne dit rien. A la place, il la jaugea une dernière fois dans un profond silence et se détourna subitement. Un ultime geste à travers lequel Hermione crut l'entendre s'excuser, avant de ne le voir disparaître dans un battement de cils. Figée, elle ne put croire en ce qu'il venait d'arriver ; elle ne put croire qu'il l'avait quitté ! Mais le nouvel écho de sa solitude résonnait déjà contre la roche, la laissant toute aussi confuse que tétanisée.

Il était parti.
Et il n'avait rien dit.


Courir. Réfléchir. Transplaner.

Courir. Réfléchir. Transplaner.

Courir. Réfléchir. Transplaner.

Courir. Réfléchir. Transplaner.

Courir. Réfléchir. Transplaner.

Une rengaine. Une musique. Une obsession… mais jamais Voldemort n'aurait pu se résoudre à l'abandonner. Respirant à grande peine entre ses courses infernales et transplanages d'urgences, il traversait contrées et pays en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Le front en sueur, il allait jusqu'à ignorer les règles de sécurité les plus primaires des transplanages et les enchaînaient les uns après les autres, le cœur au bord des lèvres et une nausée au ventre. Mais rien ne comptait moins à cet instant. Et pour cause… cette fois il le savait. Sa protégée était en danger. Pire encore, elle avait été enlevée. Aussi, plus aucune retenue ne l'habitait. Il devait la trouver. Il devait la libérer ! C'est donc sans un regard en arrière qu'il avait quitté Poudlard le feu au cœur. Bien entendu, beaucoup de ses ministres l'auraient traité de fou et d'inconscient s'ils avaient su où il se rendait. A juste titre d'ailleurs ! Après tout, la Turquie n'entretenait pas les relations les plus diplomatiques qui soit… sans parler des troupeaux de centaures sauvages et repères de vampires qui y pullulaient. Mais qu'aurait-il dû faire ? Laisser son Initiée agoniser ? Mourir ? Non… peu lui importait d'envenimer le climat d'incertitude qui régnait sur leur paix, de déclencher une guerre ou de froisser les esprits. Il n'avait pas le temps d'organiser des équipes de recherches, de rapatrier ses mangemorts, de contacter le Ministère Turc ou de déclarer l'état d'Urgence. A vrai dire, il n'avait même pas le temps d'y penser ou de s'en inquiéter ! Non, c'était au-dessus de ses forces. Car alors qu'il sentait le vent fouetter son corps et sa magie tendre ses muscles, son esprit lui ne vivait plus que pour une chose : elle…

Hermione.

Pendant de longues heures, il l'avait maudit. Ce qu'il avait vu dans la bibliothèque, ses cryptages, ses recherches, son comportement, son obsession… tout ceci dépassait l'entendement ! Mais à cet instant, seule une peur viscérale battait dans son sang. Hermione était une sorcière puissante, au tempérament fougueux et pouvoirs instables ! Elle était expérimentée, préparée et éduquée par ses soins depuis quatre mois ! Alors qu'elle se soit fait attaquer et qu'elle ait été enlevé… Par Merlin, il arrivait à peine à l'imaginer. Mais c'était arrivé. Il ignorait comment il avait pu le ressentir aussi clairement dans sa chair, mais ce qu'il avait perçu… ce qu'il avait entendu… par tous les Dieux, le souvenir de son impuissance le hantait. Malgré son feu ancestral, sa réputation et son nom, quelque chose l'avait surpassé. Un vampire… était-ce cet Aloff qu'elle s'était mise en tête de retrouver ? Ou un nomade assoiffé ? Il l'ignorait. Et pourtant, en dépit de l'agonie qui l'avait paralysé, de ses blessures et de la terreur qu'il avait éprouvé, elle n'était pas encore morte. Un détail auquel il s'accrochait avidement mais qui plus il courrait, plus l'obsédait dans une inquiétude que lui-même n'aurait su décrire. Quelque chose se préparait. Il pouvait le sentir jusque dans ses tripes, quelque chose arrivait. Il ignorait quoi, comment et même pourquoi mais avait une certitude ; il devait faire vite. Il devait la trouver avant que le destin ne l'afflige une fois de plus ! Alors il courait. S'évanouissant dans l'obscurité de la nuit, il n'avait pris ni vêtement ou équipement, se laissant seulement guider par l'urgence de sa haine et l'adrénaline de son cœur. Ignorant lois, traités, décrets, accords et frontières, ses jambes chevauchaient la terre avec exigence tandis que sa magie le propulsait au-delà des vents. Tel un Roi en chasse il arpentait les routes, contournait les forêts, sautait les rivières et survolait les montagnes… Aussi, on ne voyait de lui qu'une ombre ; un mirage furtif et fugace, qui baguette en main laissait la mort courir dans son sillage. Comme si la faucheuse donnait la mesure de son pas, on entendait la vie se taire à son approche, évincée par le gong résonnant d'une colère létale. Jamais il n'en avait connu de telle… plus vicieuse qu'un poison dans ses veines, c'est tout son corps qu'elle plongeait en transe, embrumant son esprit et embrasant ses membres. Il se sentait transporté, terrassé par cette haine aux couleurs de feu et griffes acérées. C'était… puissant, menaçant, mais plus important encore ! C'était vivant.

Oui… à cette heure il ne vivait plus que pour elles ; cette haine, cette vengeance, cette colère… des émotions mortelles qui l'habitait depuis des années mais qui aujourd'hui semblaient le posséder. Sans qu'il ne puisse lutter, les pires démons de l'enfer imbibaient son âme, galvanisés par toute la cruauté que son imagination pouvait inventer. Mais cela ne l'effraya pas. Au contraire, c'est avec hâte qu'il s'empressait d'avancer ! Oui… où qu'elle soit il la retrouverait. Et qui que soit ses ravisseurs, il leur ferait payer. Plus qu'une promesse, c'était un vœu ! Inscrit dans sa chair et imprimé dans son cœur, ils n'y échapperaient pas ! Car aujourd'hui et pour la première fois, le monde lui connaîtrait un nouveau visage. Tous pensaient avoir vu de lui le pire mais ils faisaient erreur… Son civisme l'avait poussé à créer un gouvernement. Sa pitié l'avait contraint à épargner les imbéciles qui se traînaient devant lui. Sa retenue l'avait convaincue d'épargner les centaures !

Mais ce soir… ce soir il serait ce que le monde a de pire à offrir.

Plus qu'un Seigneur des Ténèbres, c'est un Dieu des Enfers qui les frapperait de sa furie.


Et voilà la suite ! Alors ? Qu'en avez-vous pensez ? Des avis ? ;))) Que va faire Elias ? Hermione pourra-t-elle s'échapper ? Voldemort arrivera-t-il à temps ? Vous le saurez la semaine prochaine mais préparez-vous... car beaucoup de choses risquent de se passer.

En tout cas MERCI encore ENORMEMENT pour tous vos messages d'encouragements ! MERCI à vous tous qui continuez de me suivre, vraiment vous êtes géniaux et je suis très émue et touchée de partager cette aventure avec vous.

A la semaine prochaine ;) Bissssseeesss