Alors... je ne vais pas mettre de TW mais... la première partie de ce chapitre est assez violente alors je préfère vous prévenir.


S'enfonçant dans l'obscurité, Hermione ne vit des galeries que rebords exigus et virages abruptes. Avançant à démarche humaine dans les tunnels étroits, Samuel ne lui jeta pas un regard, l'œil fixé sur ses pas et la mâchoire serrée. Surement détestait-il l'idée de devoir la porter ? Pour autant, la jeune femme remercia le ciel qu'il ait décidé de simplement marcher. Elle avait peut-être survécu jusque-là, mais sa nausée ne résisterait pas à une course effrénée… Tremblante entre ses bras, elle tenta de rester immobile et se mordit la langue pour ne pas grimacer. Au bord de l'évanouissement, elle sentit un vertige la saisir avant de voir une traînée de sang napper leur sillage. Eh bien… si d'autres vampires ne l'avaient pas encore repéré, cette fois ils ne pourraient plus la manquer ! Pourtant Samuel n'y prêta pas attention ; zigzagant entre couloirs et tunnels, il laissa son sang se répandre et continua sa route avec désintérêt. Où l'emmenait-il ? A son procès ? Probablement... Mais même si la mort semblait l'attendre au-delà de ces murs, rien n'aurait pu la convaincre de faire demi-tour. Plus accrochée que jamais à son geôlier, les plis de son manteau virent s'incruster contre ses paumes crispées. Elle ne voulait pas le lâcher. Elle ne voulait pas le quitter. Certes, il l'avait attaqué, balafré et laissé pour morte… Mais en dépit de cela, il l'avait sauvé du pire outrage qui puisse exister ; il l'avait sauvé de la Báthory. Un concours de circonstances qu'il n'avait ni prévu ou anticipé, mais dont Hermione remerciait le ciel plus que jamais. Il l'avait sauvé. Il l'avait sauvé ! Aussi, peu lui importait d'être conduite au bucher ou condamnée à une nouvelle agonie. A vrai dire, il pouvait même la vider de son sang s'il le voulait ! Elle ne lutterait pas. Non… elle en avait assez de battre. Elle n'en avait plus la force. Et quand bien même, elle n'aurait aucune chance d'y arriver. Epuisée, c'est à peine si elle parvenait encore à rassembler ses pensées. Pourtant, les mots qu'il avait prononcés ne cessaient de la hanter.

Un Conseil, avait-il dit.

Mais pourquoi ?! Pourquoi Elias voulait-il la présenter devant un Conseil ? Et pourquoi la juger ? Elle n'avait rien fait ! Ou du moins pas tout à fait… elle existait. Et là était son plus grand crime. Ses pouvoirs, son sang, son allégeance… tout chez elle leur donnait une raison suffisante pour l'exterminer. Etait-ce ce qui allait arriver ? Allaient-ils vraiment l'exécuter ? Ici ? Comme ça ? A ce stade, Hermione ne savait plus quoi espérer. Malheureusement, elle n'eut pas d'avantage de temps pour s'interroger. Subitement immobile devant ce qui ressemblait à un portail en fer, Samuel gonfla le torse et respira avec force. Attendait-il quelqu'un ? Quelque chose ? Elle voulut le lui demander mais se ravisa. Ce vampire la détestait. Le fait qu'il l'ait sauvé ne dépendait pas de sa volonté… il était arrivé au bon moment, mais n'avait jamais eu l'intention de l'aider. Aussi, c'est mal à l'aise qu'elle le regarda l'ignorer. Fortement musclé, il ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'années ; du moins à l'âge de sa transformation. La mâchoire carrée, brun et la peau immaculée, il était de toute évidence d'une grande beauté. Semblable à une statue grecque, la dureté de ses traits et la solennité de son allure l'intimida. Mais le rouge de ses pupilles en revanche, ne lui inspira qu'une profonde cruauté. Comme s'il était affamé, des plis se mirent à creuser ses joues à mesure que ses narines se dilatèrent sous son souffle. « Il est jeune et travaille encore sur ses pulsions… » De mieux en mieux… En plus d'avoir failli être éventrée et violée, il fallait qu'elle saigne à mort sur le vampire le plus assoiffé du comté ! A croire que le sort s'acharnait. Pour autant, jamais Samuel ne jeta un regard à ses plaies. Imperturbable, il se contenta d'attendre en silence, torturé par l'odeur de son sang et la tendresse de sa peau sous ses griffes. Un supplice pour eux d'eux dont ils ne dirent rien, mais qu'ils sentirent les étouffer dans la semi-obscurité.

- Merci. Souffla-t-elle subitement.

Choqué de l'entendre lui parler, Samuel sursauta violement à l'écho de sa voix.

- Pardon ?!

- Merci. Répéta-t-elle du bout des lèvres.

- Pourquoi ?

- Vous… vous m'avez sauvé.

- J'ai tenté de tuer. Claqua-t-il durement. Et je recommencerais volontiers si je le pouvais.

- Je sais. Dit-elle sans surprise. Mais je préférerais que vous recommenciez… plutôt que de me retrouver seule avec… avec elle.

Grimaçant devant la douleur que lui inspira le souvenir de la Báthory, Samuel déglutit sans rien dire. Bien qu'il lui aurait volontiers tranché la gorge, il ne put s'empêcher de compatir. Il était adepte de la mort… pas du viol.

- Ne la laissez pas me trouver. Supplia-t-elle faiblement. Je vous en prie. Tuez… tuez-moi si vous le voulez, mais ne la laissez pas me trouver.

- Ta mort dépendra du Conseil.

- Pitié…

- Assez. Tonna-t-il. Cesse de parler. Une fois que les membres se seront décidés, ton sort sera scellé.

Décidés ? Ainsi les délibérations avaient déjà commencé… intéressant comme procédé. Elle ne pourrait ni se défendre, ni se faire entendre ; un bel exemple de civilité... Mais à quoi bon s'en inquiéter ? Elle s'était condamnée elle-même en partant à la recherche de cette sphère. Ce qu'il adviendrait ne serait que la continuité de ce qu'elle aurait mérité. C'est donc sans rien dire qu'Hermione soupira dans sa douleur et ferma les yeux. Plus épuisée que jamais, elle sentit la fatigue de son corps alourdir ses paupières et son esprit s'engourdir. Depuis quand n'avait-elle pas dormi ? Ou mangé ? Elle savait que son alimentation n'avait pas été des plus régulières ces dernières semaines, pourtant elle mourait de faim… ou était-ce seulement la douleur de ses côtes brisées ? Elle ne savait plus. Le mal était partout, omniprésent et constant. A tel point qu'elle crut bien perdre une nouvelle fois connaissance avant que la clameur d'un tambour ne l'éveille brutalement. Résonnant avec force contre la roche, la violence de l'écho fit vibrer jusqu'à la moelle de ces os. Porteur d'une nouvelle effervescence, il dura de longues secondes, fort et bruyant depuis l'autre côté du portail avant d'étrangement cesser. Mais Hermione le savait… ce n'en était nullement la fin. Paniquée, elle sentit son cœur s'emballer à mesure que Samuel s'agitait. A l'affut, il trépignait presque sur place, impatient et insensible à ses grimaces. Aussi, elle n'eut plus de doute. L'heure de son énième jugement avait sonné.

- Tu t'agenouilleras devant chacun des membres du Conseil. Lui dit-il.

- Je… je peux à peine bouger.

- Tu n'auras pas le choix. S'agaça-t-il. Ils sont six, alors si tu dois mourir attends qu'ils t'en donnent la permission.

La permission ? Décidément, leur protocole était plus sévère que celui des mangemorts…

- Vous auriez dû y penser… avant de me pendre comme un morceau de gibier. Siffla-t-elle en ses dents.

- Surveille ton langage sorcière ! Gronda-t-il. Ils peuvent t'entendre.

A ces mots, Hermione esquiva un sourire désabusé. Comme si elle avait encore quelque chose à craindre d'une bande de vampire… elle était déjà en train de mourir !

- Qu'ils m'entendent… ça m'est égale. Je ne suis… je ne suis pas venue vous tuer !

- Tes mensonges ne te sauveront pas.

- Tu te trompes Samuel… souffla-t-elle. J'avais… j'avais une mission. Je devais trouver l'un d'entre vous. Je devais trouver un objet.

- Qu'est-ce qu'une sorcière pourrait bien vouloir d'un vampire ?! Vous nous chassez depuis des siècles ! Vous et votre maudit ministère, vous n'êtes que…

- Une sphère.

- Pardon ?!

- Je cherche… une sphère. Balbutia-t-elle. Un vampire avec une sphère.

Devant sa surprise, Hermione eut de l'espoir. Peut-être en avait-il entendu parler ? Peut-être savait-il où la trouver ? Mais il ne dit rien et se contenta de la détailler. Comme s'il n'y croyait pas, il la jaugea de longues secondes les sourcils froncés, avant de subitement détourner le regard dans un bafouillement incertain.

- Tu… tu divagues.

- Non ! Insista-t-elle vivement. Tu… tu sais quelque chose.

- La ferme !

- Parle-moi Samuel. Je t'en supplie dis-moi où elle est ! Dis-moi où est la sphère !

- Je ne sais pas de quoi tu parles.

- Aloff ! Tonna-t-elle brutalement. Un… vampire du nom de Aloff ! C'est… c'est lui que je suis venue trouver. C'est lui qui a la sphère !

Profondément mal à l'aise, Samuel esquiva son regard et se pinça les lèvres. Cette maudite sorcière ne se tairait donc jamais ?! Il n'avait pas le droit d'en parler ! Aucun d'eux ne le pouvait ! Et pourtant elle s'acharnait, épuisant ses dernières forces dans des récits insensés.

- Je ne sais rien et ne veux rien savoir, alors tais-toi ! S'exclama-t-il.

Se recroquevillant soudainement entre ses bras, Hermione grimaça sous la force de sa poigne. Enragé face à elle, ses griffes s'étaient enfoncées de moitié dans son dos, la tétanisant de douleur dans un spasme réflexe. Une réaction qu'il ne comprit que quand la chaleur de son sang imbiba ses mains et que son odeur lui monta au nez… Prit de frénésie, un râle affamé gronda depuis sa gorge et ses yeux se rétrécirent.

- Samuel… je t'en prie.

Telle la plus délicieuse des proies, il put sentir la tendresse de sa peau sous ses griffes… la chaleur de son sang… la peur de son pouls. Mais il ne pouvait pas craquer… pas maintenant, pas encore !

- Arrête de parler. Gronda-t-il dans un frisson.

- Un fléau va s'abattre sur notre monde… il faut que je l'empêche. Il faut… il faut que je trouve cette sphère.

- Un mot de plus et je romps mon serment pour te vider de ton sang. Claqua-t-il froidement.

- Mais…

- Tu n'obtiendras rien de moi ! Alors pour la dernière fois je t'ordonne de te…

Mais il ne finit pas sa phrase. Brusquement figé, elle vit sa tête pivoter sur le côté et ses yeux fouiller l'obscurité. Comme s'il avait entendu quelque chose, son souffle se coupa et ses muscles se tendirent soudainement sous sa peau. Alertes, ses yeux scintillèrent plus fortement et ses narines se dilatèrent, à l'affut de nouvelles odeurs. Une réaction étrange qu'Hermione regarda sans comprendre, avant de sentir sa poigne se raffermir durement autour de son corps. L'étouffant presque contre ses pectoraux, elle entendit son dos craquer sous la force de ses bras, lui arrachant un grimacement qu'il fit taire aussi au sec. Il voulait se concentrer… il voulait écouter ; mais ne réussirait qu'à l'étouffer.

- Sam…

- Chut.

Il se passait quelque chose. Elle ignorait quoi mais le lut clairement dans son regard. Pourtant elle n'entendait rien. Pas un son, pas un mot… à croire que même l'écho du tambour était mort, ne laissant qu'un profond silence régner dans la roche. Un silence néanmoins trompeur que Samuel écouta avec attention, avant qu'une étrange peur ne vienne subitement déformer ses traits. Inscrite sur son visage, elle fronça ses sourcils et creusa les rides de son front dans un nouveau tremblement. Incertain, il sembla ne pas vouloir croire en ce qu'il entendait, laissant une Hermione profondément confuse entre ses bras. Etait-ce le Conseil ? Le verdict de son jugement ? Elle ne le sut pas mais haleta sous ses griffes. Comme s'il était en transe, il en vînt presque à oublier l'odeur de son sang et se mit en position de défense. Du moins c'est ce qu'elle crut comprendre ; car avant qu'elle n'ait le temps de réaliser, tous deux avaient déjà quitté l'obscurité. Défonçant le portail d'un simple coup de pied, le vampire s'élança dans une course effrénée. Désorientée, Hermione sentit une nausée lui ravager l'estomac, semblable à celle de ses premiers transplanages. Mais cela ne dura qu'une seconde. Stoppé dans leur élan, la violence de leur arrêt lui arracha un cri surpris… bientôt suivi par celui de Samuel.

Haletant, un râle d'horreur s'échappa de sa gorge au moment où elle rouvrit les yeux, peignant devant elle ce qu'elle n'aurait alors jamais imaginé.

Un carnage.

Des bras arrachés…
Des torses éventrés…
Des jambes lacérées…
Des têtes coupées…

Encore chauds et sanguinolents, c'est plus d'une dizaine de corps qui s'affichèrent devant eux. Mutilés au-delà du concevable, ils n'en virent que des morceaux éparpillés entre deux tables renversées. Des restes de chairs, d'organes et de membres informes et odorants, dont les ombres macabres se mirent à danser à la lueur des chandeliers. Maculés de sang et de boyaux, le sol et les murs de la cavité brillèrent d'un éclat écarlate, jonchés à leurs tours de bouts de meubles, statuts brisées, tableaux déchirés et autres antiquités. Et sur le côté… des corps décapités, tout juste empalés, tachaient de leurs sang les drapeaux et tablées qui avaient été entreposé. C'était… c'était innommable. Où qu'ils posent le regard, un massacre plus affreux que le précédent leur sautait à la gorge ! Il ne restait rien… rien du Conseil qu'Elias avait rassemblé, des vestiges historiques, des vampires centenaires, du procès… Un néant froid et sanglant, invoqué sous l'égide du chaos, qu'ils détaillèrent dans un haut-le-cœur horrifié. Plus qu'un carnage, c'était une véritable boucherie ; un temple de l'horreur dont les armoiries goutaient du sang de sa Dynastie. Et pourtant, au milieu de ce charnier. Une ombre. Un homme. Couvert de sang, son visage se confondit dans l'obscurité, ne dévoilant qu'un corps en sueur et des mains rouges… suivis d'une voix.

- Lâche-la.

Sa voix.
Au bord des larmes, Hermione sentit son souffle se couper. Serait-ce… Non… ça ne se pouvait pas. Elle ne pouvait pas y croire.

- J'ai dit : Lâche-la !

Cette voix. Elle connaissait cette voix. Plus encore, elle avait imploré les Dieux pour l'entendre une dernière fois.

- Seigneur… souffla-t-elle.

Après presque deux mois… après tant d'espoirs, de silence et d'indifférence… ce n'était pas possible ! Mais sa marque ne se trompait pas. Sifflant avec frénésie son serpent s'agita autour de son bras, ravivant la magie de son allégeance qu'elle avait jusqu'alors oubliée. Oui… elle ne pouvait pas se tromper…

C'était lui.
Son Maître.

Sortant violement de sa torpeur, Samuel dévisagea son ennemi dans un frisson d'horreur. Il les avait tués… il les avait tous tués. Mais… c'était impossible ! Les membres du Conseil avaient tous plusieurs centaines d'années ! Ils étaient féroces, entraînés et sans pitiés ! Un seul homme ne pouvait pas tous les avoir tués ! Et pourtant, il pouvait le sentir… seule la mort courrait dans l'ombre de ce démon. Une mort souriante et fière du sang qu'il venait de répandre. Autrefois symbole de puissance, la Salle du Conseil n'était plus qu'un tombeau ; un lieu maudit, où aucune âme ne retrouverait le repos. Condamnés à entreposer les restes de ceux qui y ont régné, les murs résonneraient à jamais des derniers cris de leurs agonis. Ses frères… Ses amis... les derniers survivants de la Dynastie. Pour la plupart éventrés et décapités, il vit plusieurs de leurs têtes rouler sur le bas-côté. Toutes arrachées à même le torse, les visages de ses paires lui apparurent défigurés… profanés. Des yeux crevés, langues arrachées, crânes fracassés… des outrages. Des insultes. Pire encore que la plus infâme des cruautés, c'était de la barbarie ! Du sadisme à faire frémir les Enfers, mêlé à la plus perverse des monstruosités ! Aussi, le vampire mit plusieurs secondes avant de pleinement le réaliser ; des instants pendant lesquels Hermione n'osa plus respirer.

- Qui êtes-vous ?! S'écria-t-il enragé.

C'est là qu'elle le vit. Naissant de l'obscurité, ses traits s'affinèrent à la lueur des chandeliers, dévoilant celui pour qui elle avait tant prié. Oui… c'était lui. Voldemort. Identique à ses souvenirs, elle le vit s'avancer lentement devant eux, fière et sanglant dans la magnificence de son crime. Il était là. Il était vraiment là… Grand et menaçant, elle vit les veines de son cou se gonfler d'adrénaline et entendit son souffle s'alourdir. Un souffle rauque, bouillonnant et avide dont le grondement résonna avec violence dans l'écho de sa haine. Une haine qu'Hermione ne lui avait encore jamais connu et qui la pétrifia d'effroi. Exigeante et viscérale, elle embrasait sa magie et auréolait son âme, laissant ses cheveux ruisseler du sang de ses ennemis et repeindre son visage. Oui… plus qu'un Seigneur des Ténèbres, c'était un Dieu qui marchait devant eux. Vengeur et cruel, la fureur de son regard n'eut d'égal que l'incandescence de sa rage. Une image forte et puissante qui déstabilisa Samuel dans un frisson.

Jamais il n'avait vu pareil démon.
Jamais il n'avait vu l'Enfer dans le regard d'un seul homme.
Et pourtant… comme s'il était déjà condamné, il put sentir les flammes de la damnation lui lécher les pieds.

- Maître… souffla Hermione du bout des lèvres.

- Je ne me répéterais plus. Siffla-t-il entre ses dents. Lâche-la.

Ainsi c'était lui. Le Seigneur des Ténèbres. Celui dont-on-ne-devait-pas prononcer-le-nom. Le Sorcier devant qui Elias s'inclinait en silence ! Voldemort… Il avait entendu bon nombre de ses récits au cours de sa vie. Considéré comme le Mage Noir le plus cruel de ce siècle, il avait vu sa puissance les asservir, reléguant son peuple à de simples créatures rampant dans les ombres de la nuit. Un meurtrier de masse, un dictateur, un roi parmi les Hommes ! Mais malgré cela, Samuel ne trembla pas. Immobile, il le dévisagea dans un grondement sourd, les yeux exorbités devant les vestiges de sa cruauté. Il savait qui il était. Il savait ce qu'il avait fait. Mais ça… tout ça. Non… il ne pouvait le supporter. Transcendé, il sentit sa rage allonger ses crocs sous ses lèvres frémissantes et déglutit dans sa soif de vengeance. Peu lui importait d'être condamné. Sa Dynastie n'était pas encore tombée.

- Vous la voulez ? Lança-t-il avec mépris.

- Samuel, s'il te plaît… obéis. Balbutia-t-elle paniquée.

- Non… je ne me soumettrais devant aucun sorcier. Cracha-t-il.

C'est là qu'elle les senties. Ses griffes. Plus acérées que jamais elles transpercèrent ses jambes et lacérèrent son dos à mesure que ses bras l'écrasèrent avec violence. Tétanisée, Hermione trouva à peine la force de hurler, impuissante dans cet étau de bestialité.

- Je vais te tuer. Souffla le Mage en transe.

- Essayez et il ne restera rien de votre précieuse Initiée.

Etouffée contre sa clavicule, ses os craquèrent et son souffle s'épuisa. Il allait la tuer… il allait la tuer pour se venger.

- Pi… pitié… Samuel…

Mais c'était trop tard. Aussi, Voldemort ne put s'empêcher de sourire. Persuadé d'avoir une chance, Samuel en avait oublié le détail le plus important… la magie. Il ne lui suffit donc que d'un sort informulé pour le combat soit terminé. En une seconde, une dizaine de lianes ensorcelées rampèrent depuis la roche pour lui sauter à la gorge. Imprégnées de magie, elles furent plus rapides que ses réflexes et s'enroulèrent autour de son cou dans un bruissement de gorge. Déstabilisé par leur vivacité, il tenta de les arracher à mains nues mais sa force ne servit à rien. Acculé contre la cavité d'autres jaillirent du mur, plus nombreuses et agressives que jamais. Un spectacle étrange, dont l'issue serait fatale… Le submergeant de toute part dans la plus macabres des chorégraphies, elles tailladèrent sa peau de leurs épines et immobilisèrent ses jambes. Un instant de chaos et de confusion, dont Hermione profita pour se dégager de ses bras. Tombant lourdement sur le sol, elle eut à peine le temps de respirer que deux autres bras d'acier la soulevèrent de terre. Mais quand elle releva la tête, c'était déjà fini… brusquement suspendu dans le vide par le cou, les lianes de son Maître finirent par l'achever. D'abord sauvagement étranglé, elles resserrèrent leur prise avant de s'enfoncer dans ses orbites et d'entrer en masse dans sa gorge. Agonisant dans plus de cris qu'il en existait, elles l'éventrèrent brutalement avant de lentement le décapiter... Une scène d'horreur qui résonna dans des bruits de nuque rompue, de chair arrachée et d'os brisés, et qui ne prit fin qu'une fois que sa tête s'écrasa violement à leurs pieds.

C'était fait.
Il était mort.
Samuel était mort.

Et pourtant malgré sa tête roulant à ses pieds, Hermione ne parvînt pas à le réaliser. En état de choc, elle la fixa sans la voir, le corps tremblant et l'esprit confus. Il était mort… mort ! Mais… mais, cela avait été si rapide… Etait-ce vraiment possible ? Etait-ce fini ? Où allait-il se relever pour les achever, sans tête et le buste éventré ? Les poursuivre ? Ou les hanter ? Tous ces cadavres décapités, ses corps empalés, ces yeux crevés… n'allaient-ils pas s'éveiller eux aussi ?! Bouleversée, elle tenta de se lever, de comprendre et d'y voir claire malgré l'obscurité. Mais il y avait trop de sang, de corps, trop de morts… il ne restait rien. Il n'y avait plus rien ! Ou alors était-elle morte elle aussi ? Peut-être… Peut-être même que Samuel n'était jamais venu la sauver des griffes de la Báthory ? Ou peut-être qu'il avait réussi à l'achever en la traînant contre les rochers ? Que rien de tout ceci n'existait ?! Non… non, elle devait se reprendre… elle devait réfléchir ! Mais c'était trop lui demander. En pleine crise de panique, elle hyperventila sans savoir où regarder, avant que deux mains puissantes ne la ramènent brusquement à la réalité. Elle n'était pas seule dans ce charnier… elle n'était pas abandonnée.

- Ma… Maître… hoqueta-t-elle dans un sanglot.

C'était lui. Elle ne rêvait pas, c'était bien lui ! Il était venu la chercher… Il était venu la sauver. Et cela furent là ses dernières pensées avant qu'elle ne s'évanouisse dans l'obscurité.


En haleine, Hermione vida la gourde que son Maître lui donna en quelques gorgées. Assoiffée, elle respira à grand souffle, étourdie par la fraîcheur de l'eau qui se répandit sur son menton ; une image que Voldemort contempla en silence. Allongée sur son lit de camp, la jeune femme mit plusieurs secondes avant de réaliser où ils se trouvaient. Réveillée depuis peu, sa vue se brouilla sous ses halètements, la laissant confuse devant leur campement. Elle n'était plus dans les grottes… elle n'était plus enchaînée ! Ahurie, elle regarda sa toile de tente sans y croire, bouche bée devant ses trousses médicales et les autres équipements qu'elle pensait avoir perdu. Mais tout était là… comme si rien n'était jamais arrivé, ses affaires avaient été rassemblées, ses plaies bandées et sa soif étanchée. Aussi, c'est au bord des larmes qu'elle se recroquevilla sous sa couverture. De la douceur… de la chaleur… Par Merlin, cela semblait surréaliste. Après tant de douleur, de maltraitances, de coups, de vices et d'horreur, elle pouvait enfin respirer sans agoniser. Elle pouvait enfin respirer sans vouloir hurler… Emue, elle inspira les odeurs de sèves, de bois et de braises qui se dégagèrent du feu crépitant devant elle et haleta dans un sanglot. Elle était en sécurité. Elle était sauvée. Et face à elle… celui qu'elle avait tant attendu ; son Maître.

Assis à ses côtés, il ne dit rien et se contenta de la regarder. Vêtu d'un simple t-shirt et d'un jean, elle resta pantoise face à son allure Moldu et déglutit devant ses bras bandés. A croire que malgré son carnage, quelques griffes étaient parvenues à l'érafler… Pourtant, il ne sembla pas s'en inquiéter. Fraîchement lavé, son visage n'affichait plus sang ni chaos, mais fatigue et lassitude. Une expression qu'Hermione ne connaissait que trop bien et qui la laissa profondément gênée. Deux mois qu'ils ne s'étaient pas vus… deux mois d'enfer, de pleurs et de colère, pendant lesquels elle n'avait cessé d'attendre de ses nouvelles. Mais rien ne lui était jamais parvenu... Pas une lettre, pas un mot… Et alors même qu'elle cherchait à faire sa fierté et lui prouver ses capacités, elle n'avait réussi qu'à le défier. Pire encore elle avait trahi sa parole, le contraignant à délaisser ses obligations pour venir la sauver.

- Maître, je…

- Ne dis rien. L'interrompit-il froidement. Je ne veux rien entendre.

Il lui en voulait. C'était évident, il la haïssait ! Après tout ce qu'il avait fait pour elle, elle n'avait réussi qu'à l'affliger de sa magistrale stupidité. Partir en Turquie… chercher des vampires… pour une sphère qu'elle n'était même pas certaine de trouver… Même Harry et Ron n'auraient jamais l'audace de croire en un pareil projet ! Plus que de la folie, c'était de l'inconscience ! Mais ça ne l'avait pas arrêté. Aveuglée par l'orgueil et la fierté, elle avait renié tout bon sens et plongé tête baissée dans une quête qui aurait pu la tuer. Car elle ne se faisait aucune illusion ; sans lui, elle serait morte dans ces tunnels. Eventrée par Samuel, violée par la Báthory ou encore sacrifiée par Elias, elle n'en serait jamais sortie vivante…

- Vous m'avez sauvé… Souffla-t-elle du bout des lèvres.

- J'avais remarqué. Cingla-t-il.

- Merci.

Agacé, Voldemort se pinça les lèvres et préféra ne pas répondre. Pourtant, l'envie ne lui en manquait pas. Le souffle court, il se leva sans rien dire et jeta un bout de bois dans les flammes. Il devait s'apaiser… se calmer pour ne pas imploser. Mais que n'aurait-il pas donner pour hurler ? Pour déverser toute cette rage qu'il contenait ?! Ils… auraient pu la tuer. Cette bande de monstres aurait pu la tuer ! Mais non ! Pourquoi y aurait-elle pensé ? Pourquoi l'aurait-elle attendu avant de se lancer à la recherche de cette sphère ? Ce n'était que des créatures sanguinaires ; des vampires capables de l'écorcher vive ! Rien de bien difficile à gérer pour une Initiée aussi butée ! Pourtant, il le savait… ce n'était pas contre elle qu'il fulminait. Cela aurait été trop simple ; trop beau même ! Il n'aurait eu qu'à la punir pour se soulager et l'histoire aurait été réglée ! Mais devant son visage tuméfié et la multitude de ses plaies, le Mage Noir se senti désemparé. Ils auraient pu la tuer… pire qu'une vérité cette rengaine l'obsédait, obscurcissant ses sens et avilissant son âme.

Ils auraient pu la tuer.
Ils auraient pu la tuer !
Ils auraient pu la tuer !

Et ils y seraient parvenus sans effort s'il ne l'avait pas retrouvé… Enragé, ses poings se serrèrent d'eux même sous l'écho de sa colère, ravivant la haine qui l'avait possédé. Ce qu'il avait ressenti là-bas… ce qu'il avait éprouvé dans ces grottes… Par Salazar, il n'avait jamais rien connu de tel. Semblable à un fléau, il avait déferlé sur ces vampires tel un Dieu vengeur. Ignorant leurs cris, larmes, supplications et ripostes, il n'avait laissé d'eux que restes décharnés et têtes coupées. Des instants de pure brutalité, dont seuls les souvenirs ensanglantés parvinrent à le calmer. Mais ce n'était pas assez. Non, il en voulait plus ! Ces bêtes n'avaient pas assez payé ! Il aurait dû les épargner ; les garder en vie, enchaînés quelque part pour pouvoir les torturer ! Pour leur rendre au centuple ce qu'ils avaient eu l'audace de tenter : lui prendre son Initiée…

- Maître, je…

- As-tu seulement conscience de ce qui aurait pu arriver ?! Siffla-t-il sans la regarder.

Muette, Hermione déglutit avec peine. Oui, elle savait… mais ne l'avait réalisé que bien trop tard.

- Je… je n'ai aucune excuse pour ce que j'ai fait.

- Nous sommes d'accords. Claqua-t-il.

- Je voulais juste… trouver une piste. Bafouilla-t-elle. Je ne pensais pas que…

- Que ces grottes seraient encore pleines de vampires ? Que ta quête était suicidaire ?!

Mal à l'aise, la jeune femme baissa la tête et ne dit rien. Si… elle s'en était doutée mais avait espéré se tromper.

- J'ai été naïve et… idiote mais…

- Mais rien Hermione ! Cingla-t-il amer. Rien ! Ce que tu as fait… l'arrogance de tes actes… c'est inqualifiable.

Affligé, Voldemort passa une main sur son visage et soupira avec force. Il n'était pas sot. Il connaissait sa détermination et la bonne volonté qui l'avait poussé à s'aventurer dans ces contrées… mais elle était allée trop loin. Beaucoup trop loin.

- Que serait-il arrivé si je n'étais pas arrivé à temps ? Demanda-t-il entre ses dents. Si à la place d'une Assemblée de Vampires, je t'avais trouvé toi ?! Morte et éventrée sur l'un de leurs autels !

La fureur de son cri la fit sursauter, hérissant son échine qu'elle sentit trembler sous le feu de son regard. Elle savait qu'il disait vrai… que l'inconscience de ses actes aurait pu lui être fatale. Mais qu'aurait-elle pu dire ? Ce qui était fait, était fait ; et comme le souvenir de la Báthory, rien ne pourrait jamais l'effacer.

- Je ne voulais pas en arriver là. Souffla-t-elle du bout des lèvres. Je… je vous le jure, je… je voulais juste retrouver cette maudite sphère ! Faire une percer dans nos recherches !

- Ah oui ? Et où cela t'a-t-il mené ? Demanda-t-il.

- Je sais que j'ai fait une erreur, mais…

- Une erreur ?! S'étouffa-t-il. Hermione tu as consciemment désobéi à mes ordres pour partir dans l'un des pays les plus sauvages du monde magique ! A ce stade ce n'est plus une erreur mais du suicide !

- Je…

- As-tu seulement pensé aux loups-garous qui arpentent ces bois ? Demanda-t-il ahurit. Aux troupeaux de Centaures sauvages ? Ou à la Résistance qui corromps nos alliés pour tenter de t'attraper ?! Tu aurais pu mourir de mille et une façons différentes ! La preuve, il ne t'a fallu que trois jours pour te faire enlever !

- Je sais !

- Alors pourquoi ?! Explosa-t-il soudainement. Pourquoi Hermione ?! Pourquoi m'avoir désobéi ?!

- Parce que vous êtes parti !

Essoufflée dans son propre cri, Hermione se leva brusquement devant lui. Il pouvait la blâmer, la punir et même la juger si cela lui chantait… mais il ne savait rien de ce qu'elle avait enduré. De sa peine, de sa peur et du désespoir qui s'étaient mise à la ronger chaque jour qu'il l'avait ignoré !

- Deux mois… Vous m'avez laissé pendant deux mois ! Qu'aurai-je dû faire ? Vous attendre ?!

- Tu aurais dû suivre mes ordres ! Scanda-t-il.

- C'est ce que j'ai fait ! Pendant sept semaines j'ai traduit, étudié, analysé et classé plus de cinq cent ouvrages à la recherche d'un indice ! Alors oui, je n'aurais pas dû partir pour la Turquie. Oui, j'ai commis une erreur qui aurait pu me couter la vie ; mais je n'ai fait que continuer ce que nous avions commencé ! J'ai tenté de trouver cette sphère et d'empêcher l'extinction de la magie, pendant que vous ne cessiez de m'ignorer !

- N'essaie pas de rejeter la faute sur moi ! Cingla-t-il.

- Vous m'avez abandonné ! Hurla-t-elle.

- Je tentais de préserver notre paix !

A bout de nerf, Hermione sentit un sanglot lui couper le souffle. A quoi bon discuter ? Il aurait toujours réponse à tout. Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle hurle et quoi qu'elle fasse, elle serait toujours son élève trop bornée pour comprendre le monde ; la fille instable qui se cache dans une bibliothèque et qui part sans prévenir pour des missions suicidaires ! Il ne comprendrait jamais sa douleur. Il ne comprendrait jamais rien ! Accablée, elle voulut lutter contre ses pleurs mais sentit ses larmes la devancer… Elle ne voulait pas qu'il la voit pleurer. Elle ne voulait pas qu'il ait pitié. Mais après ce qu'elle avait enduré et devant la déception de son regard, c'est à peine si elle parvînt encore à respirer sans s'effondrer.

- J'ai… j'ai essayé d'agir dans notre intérêt. Souffla-t-elle. Il ne nous reste qu'un an avant l'Eclipse !

- Tu n'avais pas à prendre ce genre de décision. Tonna-t-il avec force.

- Il le fallait ! S'écria-t-elle en larme.

- Par Merlin, était-ce trop demandé d'attendre ?!

En transe l'un devant l'autre, la puissance de leurs colères fit vrombir l'air tout autour d'eux. Galvanisé par leurs auras, le feu rugit sauvagement dans leurs dos mais aucun d'eux ne le remarqua. Ahurie, Hermione essuya ses larmes d'un revers de poignet et sentit sa magie s'animer. Elle en avait assez… assez de devoir se justifier ; assez de l'entendre l'accabler !

- Attendre ?! Répéta-t-elle. Je vous ai attendu !

- Hermione… Gronda-t-il menaçant.

- Pendant des semaines, j'ai contemplé ma fenêtre dans l'attente d'une lettre ! Pendant des semaines, j'ai écouté aux portes dans l'attente de votre retour ! Hurla-t-elle. Mais vous n'êtes jamais rentré… Alors que j'essayais de sauver notre monde, vous m'avez ignoré et laissé un millier d'ouvrages à étudier !

- J'avais une mission !

- Moi aussi !

- Ta seule mission était d'obéir à mes ordres !

- J'ai essayé !

Hors de lui, Voldemort hurla entre ses dents et fit voler la table de leur campement. S'écrasant lourdement de l'autre côté de la tente, Hermione sursauta à son impacte tandis que la rage de son Maître fit crépiter ses mains d'une magie insolente.

- Tu aurais pu mourir ! Ces vampires t'auraient tué Hermione ! Ils t'auraient tué ! Scanda-t-il.

- Je sais !

- Non tu ne sais pas ! S'écria-t-il brutalement. J'ai abandonné une cellule de crise en Croatie pour te retrouver ! J'ai traversé l'Europe deux fois en moins de douze heures pour te sauver et malgré ça… malgré ça j'étais à quelques minutes d'échouer !

La surplombant de toute sa hauteur, Hermione sentit son souffle se couper devant sa proximité. Coincée entre lui et son lit, elle n'osa pas bouger et frissonna devant son visage hurlant à quelques centimètres du sien. Jamais elle ne l'avait vu ainsi… pire que de la colère, c'était un véritable brasier qui brûlait face à elle. Insatiable, il dévorait son cœur et embrasait son regard, ne laissant que deux billes de feu sonder son âme.

- As-tu la moindre idée de ce que j'ai pu ressentir quand je suis arrivé là-bas ? Demanda-t-il soudainement. Quand je les ai entendus battre leur tambour ? Quand je les ai vu préparer le pieu destiné te tuer ?!

Bouche bée, Hermione ne sut plus quoi répondre. Alors Elias n'avait pas bluffé… il était prêt à la tuer ; à exterminer la menace qu'elle représentait.

- Qu'aurais-je fait s'ils avaient réussi ? Hein ?! Hurla-t-il. Qu'aurais-je fait si tu étais morte ?!

- Je… je ne sais pas… je…

- Je rapatrie ton corps, te mets en terre et attends que le monde s'écroule ?! Je pleure mon Initiée et déclare une guerre contre les vampires ? Contre la Turquie ?!

- Non, je…

- Tu quoi Hermione ? Tu quoi ?! S'écria-t-il.

Mais elle n'arrivait plus à parler. En larme devant ses cris, la violence de ses mots la frappait en plein visage. Par Merlin, qu'espérait-il entendre ? Qu'elle n'aurait jamais dû quitter Poudlard ? Qu'elle regrettait ?! C'était déjà le cas ! Son corps souffrait des tortures qu'elle avait enduré et son esprit pullulait de nouveaux cauchemars ! Elle serait à jamais hanté par ce qu'elle avait vu et subi dans ces grottes ! N'était-ce pas assez ?! N'avait-elle pas assez payé ? Mais il continuait de hurler... Possédé par sa rage, leurs nez se touchaient presque tant il s'était rapproché, laissant son corps bouillonnant de haine la presser contre les barres de son lit.

- Regarde ce qu'ils t'ont fait… Siffla-t-il amer. En à peine deux jours, regarde ce qu'ils t'ont fait !

- J'ai… j'ai essayé de me battre ! Dit-elle dans un sanglot. Je… je vous le jure. J'ai… j'ai essayé de… de me défendre…

- Mais ça n'a pas suffi.

Le regard ancré sur son coquart mouillé de larmes, Voldemort sentit ses poings frémir aux souvenirs de ses plaies. Il ne voulait pas l'effrayer. Il ne voulait pas la voir pleurer. Mais il fallait qu'elle comprenne… qu'elle réalise que sa survie ne dépendait pas de lui mais d'un simple concours de circonstances ! Il aurait pu ne pas la trouver... Il aurait pu arriver trop tard. Et à ses yeux, c'était déjà le cas. Car alors que le cauchemar de son Initiée s'était achevé, le sien avait commencé… Jusqu'à ce qu'il ne les sorte de ces grottes, il n'avait eu le temps de la regarder, de la voir et de se rassurer. Mais l'état dans lequel il l'avait trouvé dépassait de loin tout ce qu'il avait pu redouter. Frêle et inconsciente entre ses bras, chaque coup d'œil lui avait semblé plus affreux que le précédent. Balafrée, blessée et amaigrie, son corps n'était plus qu'un vestige des milles sévices qu'elle avait subi. Couverte d'hématomes, de plaies, de poussière et de sang, c'est à peine s'il était parvenu à distinguer sa peau sous un tel carnage. Eraflée contre les rochers, percée de griffes ou encore bleutée par les coups, c'est une véritable palette de couleur qu'il avait vu remonter jusqu'à ses joues. Et pourtant, ce n'est pas la largeur de ses plaies qui l'avait le plus désarmé… mais sa nudité. A peine vêtue de ses sous-vêtements, il l'avait vu trembler à moitié nue contre lui, faible et démunie. Un état qu'il n'avait tout d'abord pas compris, jusqu'à ce qu'il ne la lave avec soin au bord de la rivière. Apparaissant plus nettement sur sa peau, des suçons et raclures de dents s'étaient mis à orner son cou et son ventre. Des marques perverses, sales et contraintes qu'il avait regardées sans y croire mais qui à elles seules suffirent à compléter son horreur. Que lui avaient-ils fait ? Cette question le hantait plus que toutes les autres, mais il ne dit rien. Muet devant la douleur de son regard, Voldemort serra les dents et soupira. Oui. Elle avait essayé de se battre et de se défendre… mais face à plusieurs vampires centenaires, blessée et sans baguette, qu'aurait-elle pu faire ?

- Tu aurais pu mourir, Hermione. Répéta-t-il du bout des lèvres. Tu… tu aurais pu mourir.

Elle savait tout cela. Alors qu'elle luttait, elle s'était sentie mourir quand Samuel l'avait jeté contre les rochers ; quand Elias l'avait fait suspendre par les poignets et… quand la Báthory l'avait dénudé pour la violer. A chaque instant de ce calvaire, elle avait sentit la mort l'enlacer telle une vielle amie. Car malgré ses années de guerre, de fuites et de tourmente, jamais Hermione ne s'était sentie aussi proche d'elle… Aussi proche de sa fin.

- Je… je ne voulais pas…

- Je sais.

- Je suis désolée. Pleura-t-elle soudainement. Je… je voulais vous rendre fier. Je… je voulais vous offrir une nouvelle sphère à votre… à votre retour. Je…

Effondrée, son visage se tordit dans un sanglot et ses jambes s'écroulèrent sous elle. Tombant au pied de son lit de camp, son souffle hoqueta et ses larmes dévalèrent ses joues, salée et piquantes sur ses égratignures. Elle aurait voulu être forte, affichée une mine fière et un œil déterminé ! Mais après tout ce qui s'était passé, Hermione n'avait plus envie de lutter. Désemparé, le Mage Noir sentit sa gorge se serrer devant la douleur de ses pleurs et se pinça les lèvres. Habituellement, il n'était pas réceptif à ce genre d'émotion ; mais la voir elle… l'Initiée qu'il avait désespérément recherchée, dans une telle détresse… il ne pouvait le supporter. Il n'avait pas traversé l'Europe pour la torturer ! Il… il voulait juste la retrouver… et ne plus la perdre. Aussi, c'est guidé d'un instinct qu'il ne se connaissait pas qu'il s'assit à ses côtés et l'enserra de ses bras. Fort et puissants, ils parurent démesurés comparé à la maigreur de sa taille et l'attirèrent doucement à lui avant qu'elle ne se recroqueville contre son torse. Secouée de sanglots, elle s'accrocha à son t-shirt et pleura tout son soul, les yeux plissés et les lèvres pincées sous le poids de tout ce qu'elle avait enduré. Des instants durs et éprouvants que tous les deux accueillir cependant avec une étonnante gratitude...

Ils le savaient, leurs conflits n'étaient pas finis. Loin de s'être expliqués, ils avaient encore bon nombre de choses à hurler et de comptes à régler. Mais malgré ça ils s'étaient retrouvés… un détail qui surpassa tous les autres.

Ainsi ils restèrent là, sans bouger pendant de longues heures avant que ses pleures ne viennent à bout de ses dernières forces. Endormie contre lui, son Maître la regarda somnoler entre cauchemars et réalité. Elle avait bien failli y passer… en soit, il ne devait pas être surpris. D'aussi loin qu'il s'en souvenait, l'impétueuse Hermione Granger avait toujours été réputée pour sa grande témérité. Mais ce qui était arrivé dépassait de loin tout ce qu'il aurait pu imaginer. Même son escapade dans le lac noir ne l'avait pas autant exposé au danger ! Oui… cette fois elle aurait réellement pu mourir. Et il ne voulait plus le supporter. Que ce soit par folie, fierté ou inconscience, il ne voulait plus ressentir ce qu'il avait éprouvé. Cette peur… cette angoisse… cette obsession dévorante… c'était pire que tout. Aussi, c'est dans un profond silence que Voldemort comprit qu'il devrait prendre des décisions. Cela ne plairait à personne, et certainement pas à ses ministres mais plus rien ne comptait désormais. Il avait failli perdre son Initiée… et cela n'arriverait plus. Epuisé, un bâillement lui prit la gorge et le fit soupirer. Pourtant, il n'envisagea pas un seul instant de la lâcher. Elle non plus d'ailleurs. Comme un réflexe, sa main s'était agrippée à son habit, le laissant piégé sous sa poigne. Un geste inconscient devant lequel il ne put s'empêcher de sourire. Aussi, il saisit une couverture tombée au sol et les enveloppa tous deux au bord du lit. Lové l'un contre l'autre, il l'entoura plus fortement et laissa la chaleur de son corps les engourdir dans une douce fatigue. Un instant que quiconque aurait trouvé particulièrement étrange, mais que le Mage savoura dans le plus heureux des soupire.

Elle avait retrouvé son Maître.
Il avait retrouvé son Initiée.

Le monde pouvait désormais brûler…


Et voilà ! Hermione et Voldemort se sont enfin retrouvés (et ça fait des étincelles ;)) Que pensez-vous de ce chapitre ? De la réaction de Voldemort ? Des idées pour la suites ? N'hésitez pas à me laissez vos avis dans les commentaires, je réponds à toutes les reviews !

L'aventure continue la semaine prochaine avec de nouveaux rebondissements ! ;)
A très vite !