- Comment avez-vous fait ?
- Quoi donc ?
- Mes blessures, elles… elles sont presque guéries.
Surprise devant la fluidité de ses gestes, Hermione tâta ses épaules avec précaution. Pourtant elle ne rêvait pas… Deux nuits ; en seulement deux nuits ses douleurs s'étaient évanouies. Comme si ses tortures n'avaient été que cauchemars et fabulations, ses ligaments s'étaient reconstruits, ses muscles s'étaient renforcés et même les contours de ses plaies semblaient adoucis. Revigorée, une nouvelle énergie la secouait, vivante et insolente malgré ses cernes toujours bleutés. Un état qui au-delà des pouvoirs de la médecine, lui sembla relever du miracle. Pourtant, son Maître lui n'en afficha aucune surprise. Eveillé depuis plusieurs heures déjà, il la regarda s'étirer dans un sourire satisfait. Oui… ses blessures étaient presque guéries. Une aubaine dans la mesure où de nombreuses heures de marches les attendaient, mais aussi un soulagement qu'il ne prit pas la peine de cacher. Alors qu'elle dormait, il avait profité de son sommeil pour panser ses dernières plaies et laver ses cicatrices. Un procédé long, délicat et minutieux qui ajouté à quelques potions de son invention, avait porté ses fruits.
- Les blessures de vampires sont plus simples à soigner qu'on ne peut le penser. Déclara-t-il. Les plaies sont souvent profondes et douloureuses, mais la magie de leurs griffes empêche toutes infections.
- Vraiment ?!
- C'est une magie primaire et quelque peu désuète mais… oui. Heureusement pour toi d'ailleurs ! Vu ton état, tu serais morte bien avant que le Conseil ne puisse rendre un verdict.
- Oh… et ma marque ?
- Ta marque ?
- Elle... elle me brûle. Dit-elle dans une grimace. Pourtant, je ne pense pas avoir été blessé à cet endroit.
Un sac à la main, Voldemort la regarda tenir son bras dans une grimace. A vif, sa marque avait recommencé à saigner, laissant son serpent hurler à la mort sous ses bandages déjà imbibés. Un effet secondaire prévisible, devant lequel Voldemort ne put s'empêcher d'esquiver un sourire.
- Ce n'est rien… juste quelques petits ajustements.
- Quoi ?!
- N'aie pas l'air si surprise. Dit-il. Tu ne pensais quand même que je te laisserais me désobéir sans prendre de nouvelles mesures ?!
Stupéfaite, Hermione ne trouva pas quoi dire. Elle savait que son comportement aurait des répercutions, mais de-là à apporter des… des ajustements ?! Pourquoi ?! Elle avait un monde scintillant et un serpent vivant littéralement incrustés sous sa peau ! N'était-ce pas assez ? Ou voulait-il que sa pénitence se résume à une éternelle souffrance aux couleurs de son allégeance ?!
- Quels… quels ajustements ? S'inquiéta-t-elle.
- Tu le sauras bien assez-tôt.
- Mais…
- Assez discuté. L'interrompit-il subitement. Fini de rassembler tes affaires et habille toi.
- Pourquoi ?
- Nous partons. Tonna-t-il.
- Maintenant ?!
- Le plus tôt sera le mieux. Il faut que nous ayons entamé notre trajet avant midi.
Surprise, elle le regarda étouffer leur feu avec empressement et se mordit la langue dans un soupir. Après leur dispute de la veille, mieux valait s'exécuter sans rien dire… Pourtant, quelque chose l'intrigua. Loin de ranger leur campement à la va vite, elle vit son Maître détailler leurs trousses, équipements et autres outils avec une étrange précision. Allant jusqu'à compter le nombre de compresses qui leur restait, il tria leurs affaires, compartimenta leurs sacs, lustra leurs chaudrons, rempli leurs gourdes et étoffa même leurs provisions, ne lui laissant que son pauvre sac à mettre sur son dos. Une attitude quelque peu exagérée dans la mesure où ils n'auraient qu'à transplaner… mais qui laissa un profond doute l'habiter.
- Quand… quand serons-nous à Poudlard ? Demanda-t-elle gênée.
- Je l'ignore. Quelques jours, peut-être plus…
- Plus ?! Mais pourquoi ?
Ignorant sa question d'un revers de main, elle le vit démonter leur tente d'un seul coup de baguette, avant de subitement se pencher sur les cartes qu'elle avait rassemblé. Indifférent à sa confusion, il étudia leur position, nota différents points de repères et étudia plusieurs itinéraires avant de subitement maugréer contre le soleil. Caché derrière d'épais nuages, seuls de faibles rayons éclairaient leur journée. Un contretemps qui sous le regard étonné de son Initiée, le fit amèrement grimacer.
- Maître, je… je ne comprends pas. Balbutia-t-elle.
- Nos délais dépendront de notre avancée. Dit-il sans la regarder. Je doute que les grottes soient encore habitées après ce qu'il s'est passé, mais d'autres nomades peuvent rôder. Sans parler des loups et autres bêtes folkloriques que nous risquons probablement de croiser…
- Croiser ? Répéta-t-elle. Où ça ?
- Dans les bois.
- Quoi ? Mais nous… nous ne rentrons pas à Poudlard ?!
Ahuri devant une telle question, Voldemort la regarda dans un haussement de sourcils surpris.
- Dois-je me répéter ? Demanda-t-il. J'ai traversé l'Europe deux fois d'affilées et je n'ai certainement pas l'intention de recommencer.
- Mais…
- J'ai lu tes recherches. Dit-il alors plus durement.
Décontenancée, Hermione sentit son souffle se couper. Ses… ses recherches… il avait lu ses recherches ?!
- Je suis passé à Poudlard avant de venir te chercher. Continua-t-il. Je te laisse imaginer ma consternation devant l'état de la bibliothèque…
- Maître, je…
- Inutile. Claqua-t-il sèchement. Cette discussion sera pour plus tard.
- Mais…
- Tes traductions étaient correctes. Dit-il alors. Aloff est bien le vampire que nous recherchions. Malheureusement la guerre a eu raison de lui. D'après Elias Erzeg il serait mort de la main du Barron Salvatore Von Bassito trois jours avant la fin des conflits.
Ahurie, Hermione haleta sans trouver quoi dire.
- D'après Elias ?! S'étouffa-t-elle. Mais… quand lui avez-vous parlé ?
- Juste avant de le décapiter.
Par tous les Dieux… Il savait. Elias savait ce qui était arrivé à Aloff ! Il avait toujours su ! Enragée, la sorcière sentit son pouls s'emballer et déglutit dans un grondement frustré. Comment avait-il osé la torturer alors même qu'il connaissait la vérité ! Qu'il avait la seule et unique réponse qu'elle était venue chercher ! Cette sale vipère de vampire, ce rat d'outre-tombe ! Pourtant, un détail la fit tiquer. Samuel aussi savait… il avait eu beau le nier, sa surprise avait surpasser son silence. Mais pourquoi le lui cacher ? Si Aloff mort depuis la Guerre des Clans, pourquoi en faire tout un secret ?!
- Mais… dans ce cas, où est la sphère ?! Demanda-t-elle.
- Probablement avec lui.
- Avec lui ?!
- Les vampires ont des rites funéraires anciens. Déclara-t-il. Si l'un d'eux vient à mourir, son corps est vidé, emmaillotté et entreposé dans une crypte scellée. Mais au fil des guerres, la majorité des tombeaux étaient devenus trop petits pour accueillir la totalité des corps alors…
- Des catacombes. Souffla-t-elle subitement. Les Erzegs ont construits des catacombes !
- Exacte. Les catacombes de la Vallée d'Hatila sont les plus anciennes jamais répertoriées par notre communauté. Des centaines de milliers d'ossements y sont regroupés… dont ceux de notre cher Aloff.
Les catacombes…
Par Merlin, c'était si évident !
- Les vampires ont toujours eu un profond respect pour leurs morts. Si l'un d'eux possédait un trésor, ils l'entreposaient avec lui.
- Alors la sphère est avec sa dépouille. Comprit-elle.
- Espérons-le… D'après notre position, nous sommes à une demi-journée de marche des premiers tombeaux de la Dynastie. Ils sont anciens mais avec un peu de chance, ils nous permettront d'entrer dans les catacombes avant la tombée de la nuit.
Une demi-journée de marche… ils n'étaient qu'à une demi-journée de marche ! Seigneur, ce n'était rien ! Ils pouvaient y arriver ! Ils pouvaient la trouver ! Pourtant, un mauvais présentiment la fit frissonner… Les catacombes vampiriques n'étaient pas des lieux très appréciés par les Sorciers. A vrai dire, aucun n'avait eu l'audace d'y pénétrer ! Ou la chance d'en revenir… Qu'allaient-ils bien pouvoir y trouver ? Des crânes, des os, ou plus de tombeaux ? Elle l'ignorait mais doutait que cela ressemble aux catacombes françaises qu'elle avait déjà visité. Loin d'être ouvertes au public, leurs existences avaient longtemps été gardées secrètes. Et pour cause, elles étaient des lieux sacrés. Hantés par des milliers d'âmes arrachées à l'éternité, elles constituaient l'apanage de toute Dynastie, entreposant soldats, frères, rois et empereurs ayant un jour régné sous leurs armoiries. Alors y entrer pour… les profaner ? Par Merlin, cela dépassait de loin tout ce qui avait déjà été fait ! Et pourtant c'était ce qu'ils planifiaient. Alors même qu'ils venaient d'éradiquer les derniers survivants d'une Dynastie oubliée, ils allaient plonger têtes baisées dans un sanctuaire de cadavre décomposés. Une idée qui malgré l'urgence de leur quête, lui donna la nausée…
- J'imagine que comme tout ce qui est en lien avec les vampires, cette expédition sera risquée…
- Hautement même. Dit-il sans sourciller. Certaines légendes racontent qu'elles sont piégées.
- Ce n'est presque pas une surprise. Grimaça-t-elle.
Mal à l'aise, Hermione sentit son poing s'agripper à sa baguette et frissonna devant la détermination de son Maître. Après ce qui était arrivé, elle se serait bien passée d'explorer d'avantage de grottes obscures et de repères oubliés. Mais qu'aurait-elle pu dire ? Elle avait risqué sa vie la première…
- Elias vous a-t-il dit autre chose sur Aloff ? Demanda-t-elle inquiète.
- Il n'en a pas eu le temps. Pourquoi ?
- Juste avant que vous ne me trouviez je… j'essayais de convaincre Samuel de m'aider. Souffla-t-elle.
- Le vampire qui te retenait ?
- Oui… bien sûr il n'a pas voulu m'écouter. Mais je crois qu'il le connaissait.
Déglutissant au souvenir de sa tête roulant à ses pieds, Hermione vit le Mage la fixer avec curiosité.
- Je ne pense pas qu'il l'ait connu de son vivant mais… il savait qui il était. Continua-t-elle. Quand je lui ai dit que je cherchais un vampire avec une sphère il… il s'est figé. Il a eu l'air effrayé, pour ne pas dire véritablement mortifié !
- T'a-t-il dit pourquoi ? Demanda-t-il inquiet.
- Non, il… il a refusé d'en parler.
- C'est étrange. Dit-il après quelques secondes de silence. Elias non plus n'avait pas l'air très rassuré.
- Probablement parce que vous alliez le tuer. Grimaça-t-elle.
- Possible… mais cette quête ne m'inspire pas confiance. Grimaça-t-il. Tous ceux à qui nous en parlons cherchent à se taire ou à nous tuer.
En soit, ce n'était pas très surprenant. Si Aloff avait reçu cette sphère en personne, il devait être âgé de plusieurs milliers d'années. Un âge record pour un vampire, dans la mesure où le plus ancien jamais répertorié avait été tué à l'âge de 2562 ans. Mais pourquoi en faire un secret ? Certes, ils s'apprêtaient à pénétrer dans un lieu sacré dans le seul et unique but profaner sa dépouille… mais les vampires étaient de nature nostalgique. Si l'un d'eux étaient puissants, ils entretenaient sa mémoire et glorifiaient son nom, allant jusqu'à reproduire ses exploits en l'honneur de la Dynastie. Pour preuve, ils avaient tant vanté les mérites de la Dynastie de Transylvanie que même les Moldus connaissaient l'histoire du Comte Dracula ! Mais taire le nom d'un des leurs ? Encourager l'oubli ? Ça ne leurs ressemblaient pas…
- Pensez-vous que… qu'Aloff ait pu les effrayer ? Demanda-t-elle subitement.
- Possible. Mais nous n'avons pas le temps de nous interroger.
Pressé, Voldemort rétrécit leurs package et ajusta sa cape. Ils devaient se mettre en marche.
- Reste derrière moi et marche avec prudence. Tonna-t-il durement. Je refuse de te perdre une deuxième fois dans ces bois.
- Bien Maître.
- Oh et une dernière chose.
Se figeant devant sa soudaine proximité, Hermione le vit saisir une corde avant de subitement l'enrouler autour de sa taille. Etait-ce sérieux ? Il… il allait l'attacher ?! Pourtant et alors qu'elle s'apprêtait à protester, il accrocha l'autre extrémité à la sienne, les reliant l'un à l'autre dans plus de nœuds qu'elle ne put en compter.
- Est-ce… est-ce vraiment nécessaire ? Demanda-t-elle mal à l'aise.
- Je te l'ai dit. Je refuse de te perdre une deuxième fois dans ces bois.
- Mais…
- Garde le rythme. Je marche vite.
Il n'avait pas menti. Le regard tourné vers l'horizon, Voldemort avançait à grands pas dans les bois. Pressé d'arriver avant la nuit, il enjambait les fourrés avec agilité et sautait sans effort par-dessus les rochers. Vibrant littéralement de magie divine, ses muscles s'étiraient à sa volonté, forts et galvanisés par l'adrénaline qui les imbibaient. Aléthique, souple et entraîné, jamais son pas n'avait semblé aussi régulier… et pourtant, accroché à sa taille, c'est un véritable poids-mort qu'il avait l'impression de tirer. Courbaturée malgré sa guérison accélérée, Hermione sentit ses joues rougir sous son apnée. Essoufflée dans sa course, les douleurs de son corps lui donnaient envie de hurler à mesure que ses poumons étouffaient ; mais elle n'avait pas le temps de respirer. Incapable de marcher à sa hauteur, elle n'arrivait qu'à fixer son dos entre deux gouttes de sueur, condamnée à le voir avancer avec la plus insupportable des facilités. Mais elle… elle n'arrivait qu'à courir. Non pas pour le rattraper - elle avait abandonné cette idée au bout du premier kilomètre – mais seulement pour rester debout. Oui, elle courrait pour ne pas être traînée au sol… pour que sa taille ne se cisaille pas sous l'échauffement de la corde et croire encore en ses forces. Mais face à lui et sa forme olympique, elle n'en avait aucune. A bout de souffle, elle sentait la puissance de son élan l'entraîner malgré elle dans sa course, manquant de la faire trébucher à chaque tournant. En sang, ses pieds ne cessaient de cogner rochers, branches et buissons dans un tonnerre de gémissements ; pourtant rien ne semblait capable de l'arrêter. Et dire qu'elle avait cru pouvoir se promener… profiter du paysage et respirer… quelle blague. Car elle le savait ! Il le faisait exprès. Loin de lui avoir pardonné sa fuite de Poudlard, il voulait lui faire payer ; l'épuiser d'avantage dans une ultime randonnée et la dégoûter à jamais des balades en forêt ! Un stratagème ingénieux, elle dût le reconnaître… mais qu'elle commença à maudire à la fin de la première heure. Par Merlin, cet homme faisait presque deux mètres. Deux mètres ! Chacun de ses pas lui en coutait cinq ! Mais ça ne l'arrêtait pas… au contraire. Amusé de la voir inlassablement trottiner, il n'hésitait pas à accélérer le pas, trop heureux de pouvoir la narguer.
Quel petit arrogant… n'avait-elle pas assez souffert ?! Non ! Après avoir ravivé la douleur de sa marque de ses quelques petits « ajustements », il fallait qu'il lui fasse courir un marathon ; qu'il l'achève avant leur entrée dans les catacombes ! Par Merlin, c'était ridicule ! Mais malgré ses grimaces et jurons murmurés, Hermione ne put le nier… cette punition aussi idiote soit-elle, était amplement méritée. Et pour cause, il l'avait sauvé ; elle, l'Initiée la moins docile que le monde ait jamais porté ! Il aurait pu l'abandonner… choisir de la laisser assumer ses actes et mourir comme elle y était destinée. Mais non. Alors qu'il tentait d'éviter elle ne savait quel conflit, il était parti à sa recherche, l'avait arraché aux mains de ses futurs meurtriers et s'était même démené pour la soigner. Plus encore, il s'était simplement contenté de hurler, lui épargnant les doloris auxquels elle s'était préparée. Oui… Elle était mal placée pour lui faire le moindre reproche après ce qu'elle avait fait. Et puis, qu'il la fasse courir un peu n'était pas cher payé pour l'affront qu'elle lui avait porté. Aussi, c'est à contre-cœur qu'Hermione s'efforça de ne pas maugréer. Du moins, au début…
- Tu déclares forfait ? Demanda-t-il amusé.
Ecroulée au sol après plus de cinq heures de course endiablée, Hermione sentit sa cage thoracique s'embraser. Elle manquait d'air, d'eau, d'énergie et de santé… elle manquait de tout pour survivre à son rythme effréné !
- Vous… vous allez me tuer. Haleta-t-elle.
- N'exagère pas ! Je te traîne plus que tu ne cours. Dit-il amusé.
- J'avais remarqué… cingla-t-elle amère.
Assis face à elle, Voldemort rit franchement devant ses halètements et lui jeta une gourde d'eau. Ce n'était pas tous les jours qu'il pouvait tester les capacités physiques de son Initiée. Pourtant et même s'il l'avait volontairement attaché pour lui en faire baver, il dût admettre qu'il était impressionné. Jamais aucun de ses fidèles n'était encore parvenu à suivre sa cadence en forêt. Pour preuve, Yaxley n'avait jamais tenu plus trente minutes sans s'écrouler. Mais elle ? Elle s'était accrochée. Mieux encore, il lui restait assez de force pour le détester. A croire que ses années passées à fuir ses mangemort avaient eu leurs utilités.
- Vous êtes fou… souffla-t-elle.
- Seulement pressé. Dit-il dans un sourire.
- Où… où sommes-nous ?
- Pas loin.
- Pas loin comment ?!
La voir attendre sa réponse d'un air aussi désespéré le ravit plus encore que ses grimaces enragées. Décidément, cette randonnée était plus amusante qu'il ne l'avait espéré.
- Ne t'inquiète pas. Rit-il. Les tombeaux ne sont plus qu'une à une petite demi-heure.
- De… de course ?
- De marche.
Plus soulagée que jamais, Hermione soupira dans un frisson et retomba lourdement sur le sol. Une petite demi-heure... une petite demi-heure. Elle pouvait le faire… oui elle pouvait le faire ! Du moins, si ces jambes parvenaient à la relever.
- Tu as plus d'endurance que je ne le pensais. Fit-il remarquer dans une œillade moqueuse.
- Vous aussi…
Gémissant sous la douleur de ses membres, elle se redressa dans une grimace et respira à plein poumons. Sans surprise, il était déjà prêt à repartir.
- A quelle distance sommes-nous des tombeaux ? Demanda-t-elle devant les montagnes.
- Un petit kilomètre.
- Merlin soit loué…
- Allez ! Tonna-t-il avec vigueur. Ne perdons pas de temps.
Entraînée sous le nouvel élan de sa marche, Hermione déglutit devant la vigueur de son pas et trottina jusqu'à sa hauteur. Heureusement pour elle il décida de ne pas de courir, lui permettant pour la première fois de garder son allure. Pourtant et alors qu'ils enjambaient un énième bosquet, l'ironie de leur situation la frappa. Elle marchait avec Voldemort dans les bois… si on le lui avait dit à l'époque où elle fuyait ses raffleurs, elle se serait probablement étouffée sur place. Mais c'était vrai ; côte à côte ils avançaient tels des égaux, prêts à tout et déterminés à accomplir une même quête. Et d'une certaine manière, cela la choqua presque plus que le reste. Certes, il avait fait d'elle son Initiée et n'avait pas encore essayé de la tuer… mais s'entraider ? S'aventurer à deux dans d'étranges contrées ? Sans chercher à se doubler ? C'était inédit ! Et pour cause… Il y a un an à peine, elle marchait avec d'autres. Tels des égaux, eux aussi avançaient main dans la main, bien décidés à changer le monde. Mais elle s'était trompée… et aujourd'hui c'était elle qui avait changé.
- Je… je dois dire que je suis surprise que vous ayez décidé de rester. Déclara-t-elle gênée.
- Le monde est plein de surprise. Railla-t-il. Tu devrais le savoir.
- C'est vrai mais après ce qui s'est passé je… j'aurais cru que vous voudriez rentrer.
- Et perdre une occasion de sauver le monde ? Dit-il amusé.
- Alors… vous pensez que ça peut marcher ? Que la sphère est bien là-bas ?
- Difficile à dire… mais nous sommes là pour le découvrir.
Touchée, Hermione le regarda avec gratitude. Après tout le mal qu'elle s'était donnée, elle n'allait pas se plaindre d'un peu de reconnaissance.
- Je suis heureuse que vous ayez cru en mes recherches.
- Difficile de faire autrement. Grimaça-t-il. Tu les as gravés à même le plafond de la Bibliothèque alors… je me suis dit que ça devait être important.
Oui, ça l'était. Peut-être même plus qu'ils ne le croyaient. Mais comment savoir ? Quand le sort du monde est en jeux, tout paraît tellement plus urgent… plus précieux ! Elle-même n'aurait su dire si ses traductions les mèneraient véritablement à la sphère. Mais ils y croyaient, et pour l'heure c'était tout ce qu'ils avaient.
- J'espère cependant que la prochaine sphère ne se trouve pas à l'autre bout de monde… dit-il en contemplant la forêt.
- Peut-être que celle-ci nous fournira sa localisation ?
- N'y crois pas trop… on ne peut pas dire que la chance soit de notre côté depuis le début de cette quête.
- C'est vrai mais… vous m'avez retrouvé ! S'exclama-t-elle.
- La chance n'a rien à voir avec ça.
Etonnée devant l'étrange noirceur de son ton, Hermione le vit la jauger durement. Un coup d'œil rapide, fugace et déstabilisant, qui la laissa pantoise à mesure que grandissaient ses interrogations.
- Mais… mais comment alors ? Comment m'avez-vous trouvé ? Insista-t-elle.
- A l'instinct.
- Mais…
- Je préfère ne pas en parler. Claqua-t-il soudainement. Je t'ai retrouvé et c'est tout ce qui compte.
Mal à l'aise, la jeune femme déglutit amèrement. Qu'il refuse de le lui dire n'avait aucun sens ! Il l'avait retrouvé alors pourquoi lui cacher ses procédés ?! Ou alors…
- Est-ce Drago ?! Demanda-t-elle brusquement. C'est lui qui vous a dit où me trouver ?
Agacé, Voldemort stoppa sa marche dans un soupir. Par Merlin, elle ne se tairait-elle donc jamais ?
- Je savais que tu n'étais plus à Poudlard en partant de Croatie, mais rassure toi… ton cher frère ne t'a pas trahi. Cingla-t-il durement. Il ne savait rien à part que tu étais partie en Turquie. Pour le reste, j'ai dû faire preuve d'inventivité.
- Mais s'il ne vous l'a pas dit alors… comment avez-vous su que j'étais partie ?!
- Je l'ignore.
- Mais…
- Je ne sais pas Hermione ! Tonna-t-il avec force. Considère que j'ai eu un mauvais pressentiment et contente-toi en !
Un mauvais présentiment ? Mais… mais comment ? Comment avait-il fait pour savoir ? Ou ne serait-ce que pour la trouver ? La Turquie était vaste et les repères de vampires nombreux ! Il ne pouvait pas avoir simplement deviner ! Pourtant et devant la noirceur de son regard, Hermione se mordit la langue en silence. Quelque chose n'allait pas. Sa réaction, ses mots, sa colère ; c'était trop fort, trop exagéré… même pour lui ! Mais qu'aurait-elle pu dire ? Sa marque la brûlait déjà malgré son mutisme.
- Bien, je… je m'excuse. Dit- elle du bout des lèvres.
S'il ne voulait pas en parler, soit… elle attendrait. Mais ils le savaient tous deux ; aucune de ses réponses ne la contenteraient. N'ajoutant rien, un silence pensant accompagna leur marche après ça. La tête basse, Hermione marcha dans son ombre, muette et mal à l'aise à proximité de la puissance de son aura. Pourtant et alors que le soleil commençait à s'affaisser par-delà les montagnes, la vue d'une étrange statue les figea. Couverte de ronce et à demi cachée par les buissons, ils s'approchèrent avec prudence avant que sa pierre effritée ne les fasse violement frissonner. Une faucheuse… une statue en forme de faucheuse.
- C'est ici. Dit-il.
- Ici ?
- Ne sous-estime pas la paranoïa des vampires. Dit-il sans la regarder. Les tombeaux sont enterrés… et cette faucheuse est leur entrée.
Une faucheuse… comme entrée. Bien sûr ! Quoi de plus approprié pour un tombeau vieux de plusieurs centaines d'années ?!
- Voilà qui est rassurant…
