Avancer.
Avancer.
Avancer.
Telle était la rengaine qu'Hermione se chantait.
Avancer. Avancer. Avancer et ne pas regarder. Avancer et ne pas regarder. Avancer et ne pas regarder ! Par Merlin, c'était tout ce à quoi elle pouvait penser. Mais l'obscurité vacillait et les ombres dansaient, dévoilant tout ce que ses cauchemars redoutaient. Des tombes… des corps… des morts… par centaines. Par Milliers ! Et dire qu'elle avait cru pouvoir les ignorer ; pouvoir passer outre les amas d'os et de crânes qui les regardaient. Mais elle s'était trompée. Pire que les enfers, aucun mot n'aurait pu décrire ce qu'ils voyaient. Son Maître avait dit que les guerres avaient rendu ces tombeaux trop petits… et il avait raison. Amoncelés les uns sur les autres, emmaillotés de draps troués et pourrissant dans la poussière, des centaines corps se bousculaient à leur passage. Silencieux dans la mort, ils restaient là… immobiles et pétrifiés sous leurs peaux cristallisées. Et pourtant, elle pouvait le jurer… ils hurlaient. Plus résonnant qu'un gong, leurs cris la percutaient plus violement que leur laideur, hérissant son échine dans le plus insupportable des haut-le-cœur. Elle avait déjà visité des tombeaux, des sépultures et même des catacombes… Mais ça ? Même Bellatrix n'aurait pas eu la perversité de l'imaginer… Empilés à la va vite, certains corps gisaient sans même avoir été couvert - sûrement les dernières victimes de la guerre. Eventrés de pieu, brûlés au soleil ou encore démembrés par leurs ennemis, leurs restes se mélangeaient avec les rats, offrant nausées et horreurs à quiconque se risquant à les regarder. A l'opposée, quelques squelettes calcinés avaient été suspendus aux murs, accrochés par les poignets à un système de poulie devant lequel Hermione se sentit défaillir… d'autres encore avaient simplement été emmaillotés et déposés sur d'imposantes dalles gravées à leurs noms… tandis que les plus chanceux eux, avaient la chance d'être entreposés dans de véritable cercueils de marbre. Incrusté de pierres précieuses et couverts d'or, ils trônaient tels des offrandes faîte à un roi, entourés des milles-et-un cadavres décomposés de leurs serviteurs malchanceux.
Oui… c'était à n'en pas douter l'un des pires endroits qui pouvait exister. Et le plus affreux n'était même pas le nombre de morts qu'il comptait, non… mais leurs états. Les vampires avaient un métabolisme particulier. Plus forts, plus rapides, plus agiles et plus anciens, leurs corps ne mourraient pas comme ceux des humains. A vrai dire, c'était même l'inverse. Tout comme leurs années d'éternité, leurs dépouilles restaient figées. Telles des statuts de sel insensibles à la mort, elles ne commençaient à se décomposer qu'à partir d'une petite cinquantaine d'année. Mais il ne se réduisaient pas en cendre ou en poussière contrairement aux mythes populaires. Non, il se ramollissaient… passant de statue de pierre à un état de bouilli informe, leurs corps devenaient flasques et tombant, avant que leurs chairs ne se détachent elles-mêmes de leurs os. Un processus long et peu banal, qui sous leurs yeux leur sembla cependant intolérable. Il y avait des milliers de corps… des milliers de corps qui pour la plupart pourrissaient encore ! Couverts de morceaux de peau à peine tombés, les allées des tombeaux ne ressemblaient qu'à un abominable charnier. Aussi, c'est avec prudence que les deux Sorciers y progressaient. Le nez pincé, ils avançaient à la lueur de leurs baguettes, horrifiés par tout ce que le peu de lumière leur laissait deviner dans l'obscurité. Accroché à la taille de son Maître, Hermione s'efforçait de ne pas respirer ; car si la vue de ces cadavres lui donnait envie de vomir, leur odeur en revanche n'aurait eu aucun mal à la tuer…
- Suis moi. Dit-il à un tournant. Les catacombes sont un niveau plus bas.
Un niveau plus bas… comme par hasard. Essoufflée, la jeune femme ne répondit pas mais raffermit sa prise sur la corde qui les reliait. Elle ne voulait pas le lâcher. Elle ne voulait pas jouer les grandes aventureuses, au risque de le perdre dans ce dédale de couloirs étriqués. Quand bien même, elle n'en aurait jamais eu le courage. Godrick Gryffondor lui-même aurait vomi trippes et boyaux devant ce tombeau ! Alors elle ? Par Merlin, elle n'en était pas loin…
- Prend ma main.
Prendre sa main et ne pas la lâcher.
Prendre sa main et ne pas la lâcher.
Prendre sa main et ne pas la lâcher !
Plus agrippée que jamais, Hermione frissonna à la force de sa poigne et se laissa guider. Enjambant corps après corps, ils débouchèrent finalement près d'un escalier aux marches affaissées. Un escalier plongeant tout droit dans la plus froide des obscurités…
- C'est là…
- Là ?!
- Les catacombes… elles sont en bas.
En bas… pourquoi fallait-il que ce soit toujours en bas ?! Et pourquoi fallait-il qu'il fasse toujours si sombre ?! Un tombeau en plein air sous une verrière illuminée de soleil, voilà ce qu'elle voulait explorer ! Pas ça ! Pas des catacombes piégées et parcourues de cadavre à moitié décomposés !
- Oh Seigneur… souffla-t-elle du bout des lèvres.
- Oui je te le recommande.
- Quoi donc ? Demanda-t-elle sans comprendre.
- De prier. C'est maintenant… ou jamais.
Respirant un grand coup, Voldemort n'hésita qu'une seconde avant de s'engager. Baguette en avant, il projeta ses lumos et lança d'autres sorts à mesure qu'Hermione avançait prudemment sur l'escalier. Mais ses frissons n'auraient pu la tromper… elle ne descendait pas dans des catacombes ; elle descendait en enfer. Bientôt Satan lui-même sortirait de l'ombre, heureux et satisfait en les voyant se rendre à lui. Il chanterait leurs louanges et les accueillerait bras ouverts, avec en mains les têtes d'Elias et de Samuel ! Il serait fier… et eux seraient finis. Oui. Ils seraient morts, enterrés, brûlé et oubliés ! Jamais ils ne sortiraient ! Et quelque part non loin d'eux, le corps d'Aloff se mettrait à hurler. De rire ou de pitié ? Probablement les deux. Oui… il se gausserait devant eux et leur misérable quête, la sphère de tous leurs espoirs reposant nonchalamment près de son squelette !
- Hermione ?
- Quoi ? Qu'y… qu'y a-t-il ?! Paniqua-t-elle.
- Tes ongles.
- Quoi ?
- Tes ongles. Répéta-t-il agacé. Dans mon dos.
Confuse, Hermione vit ses mains agripper son t-shirt avec force et déglutit dans un sursaut. Plus accrochée que jamais, elle n'avait pas senti ses ongles griffer sa peau dans l'étau de ses tremblements. Un bref instant de gêne, qui redonna néanmoins quelques couleurs à ses joues.
- Oh… désolé.
Amusé, Voldemort esquiva un sourire et reprit leur avancée. Ce n'était pas tous les jours qu'il voyait une Gryffondor aussi effrayée.
- Je n'aurais pas cru que ce genre d'endroit te mettrais dans un tel état. Dit-il finalement.
- Ah… ah oui ? Pour… pourquoi ? Balbutia-t-elle.
- Eh bien tu as accompagné Potter dans sa chasse aux Horcrucx. Pour les avoir moi-même cachés, je sais que ce n'était pas une promenade de santé…
Surprise de le voir discuter d'un tel sujet, Hermione rougit aux souvenirs de sa chasse. Il était vrai que ses cachettes n'avaient pas manqué d'originalité…
- Oh heu… oui mais vous ne les avaient pas cachés dans des catacombes abandonnées.
- J'avoue que cette idée ne m'a pas effleuré. Fit-il amusé.
- Dieu merci ! Ron à une phobie des araignées et Harry… eh bien, c'est Harry. Il aurait trébuché à la première marche et se serait cassé le nez.
- Quelle équipe. Railla-t-il.
- Mais nous les avons tous les trouver ! Protesta-t-elle.
- Et où cela vous-a-t-il mené ? Demanda-t-il dans un sourire.
Piquée à vif, Hermione se pinça les lèvres pour ne pas renchérir. Ce qu'il pouvait être immature… Ignorant son rire, elle continua d'avancer jusqu'à ce qu'une intersection ne les fassent subitement s'arrêter. Quatre couloirs… ils devaient choisir entre quatre couloirs.
- Voilà qui est étrange. Souffla-t-il.
- J'imagine qu'aucun d'eux ne mène à la sortie. Grimaça-t-il.
- Tu imagines bien… mais nous devons en choisir un.
Intrigués, ils s'avancèrent à chaque entrée mais ne virent rien d'autre qu'une profonde obscurité. De quoi éveiller leurs craintes et compliquer leur avancée…
- Lequel semble mener en Enfer ? Demanda-t-elle mal à l'aise.
- Tous.
- C'est ce que je pensais…
Agacé, Voldemort jeta plusieurs sorts par-delà les couloirs, espérant que l'un d'eux ne leur dévoile un cul de sac ; mais seul un profond silence leur parvint. Silencieuses, aucune de ses étincelles ne s'embrasa, exacerbant les rides incrustées dans son front. Ils étaient seuls…. Pourtant plus ils s'y enfonçaient, plus une étrange impression le saisissait.
- Il faut se décider ! Dit-il pressé. Nous ne devons pas rester statique.
- Les… les légendes racontent que les vampires ont toujours tenté de glorifier leurs morts.
- Vu l'état de ceux que nous avons trouvé, permets moi d'en douter.
- Mais c'était peut-être le cas de ceux qu'ils respectaient ! Dit-elle. Aloff était âgé et avait un trésor précieux ! Il devait avoir de l'importance.
- Et donc ?
- Et donc, si les catacombes sont divisées par sections, celle des plus nobles devrait en toute logique se trouver en direction du Soleil Levant.
- A l'Est ?
- A l'Est.
Jetant un bref regard en direction du couloir en question, les deux sorciers déglutirent dans un frisson.
- Bien. Soupira-t-il. Je doute qu'on puisse faire pire déduction alors… autant avancer.
Et c'est ainsi qu'ils s'élancèrent de nouveau. A l'affut du moindre bruit ils marchèrent sans respirer, l'œil aux aguets et le front en sueur. Pourtant et malgré leur peur, rien ne vint à leur rencontre. Désert et poussiéreux, seul cet immense couloir s'offrit à eux. Cela dura une minute… puis deux, avant qu'une demi-heure ne s'écoule rapidement sous leurs yeux. Une demi-heure pendant laquelle ce couloir n'eut aucun virage.
- De plus en plus étrange. Dit Voldemort devant l'infinité du corridor.
- Pensez-vous qu'il s'agisse d'un piège ? Ou d'une sorte d'illusion ?
- Non… Mes sorts l'auraient détecté.
- Alors il faut continuer ?
- Je ne sais pas. Nous avons parcouru plus d'un kilomètre dans ce couloir…
Des doutes. Ils commençaient à douter… Hermione n'avait pas vu beaucoup de films moldus, mais savait que c'était généralement au moment où les personnages doutaient que le danger approchait. Aussi, elle resserra son emprise sur sa baguette et tenta de calmer ses pensées. Elle ne devait pas paniquer. Elle était avec Voldemort ! Rien ne pouvait leur arriver !
- Nous devrions faire une pause. Dit-il subitement.
- Mais vous avez dit que nous ne devions pas nous arrêter.
- Et tu as dit que nous devions aller à l'Est.
Outrée devant la rancœur de sa remarque, Hermione voulut protester mais s'abstint dans une grimace. Bien entendu, il fallait qu'il l'accable de leur échec… Préférant se taire, elle s'accouda à la paroi du couloir et le regarda fulminer en silence. Il n'était pas courant de voir un Seigneur des Ténèbres dans l'indécision. Maugréant entre ses lèvres, elle le vit grimacer, murmurer, réfléchir et soupirer avant de brusquement s'assoir d'un air affligé. Il n'aimait pas la tournure de la situation… à vrai dire, il n'aimait rien de cette situation !
- Peut-être… devrions-nous faire demi-tour ? Proposa-t-elle.
- Je doute que nous ayons plus de succès. Dit-il sombrement.
- Alors il faut avancer ! Ce couloir mène forcément quelque part !
- Pas nécessairement… Des vampires ont construit ces galeries il y a des centaines d'années, nous pourrions tout aussi bien tourner en rond sans même nous en rendre compte.
Formidable… après un tombeau, ils fallaient qu'ils avancent têtes baissées dans un labyrinthe ! Affligée, Hermione sentit une migraine lui prendre le front et déglutit devant l'obscurité des deux extrémités. Un kilomètre… c'était énorme.
- Pourquoi tu as coupé tes cheveux ? Demanda-t-il subitement.
Choquée devant un tel revirement de conversation, la jeune femme ne trouva pas quoi répondre. Ses cheveux ?! Ils étaient perdus non loin de catacombes passablement hantées par des vampire vieux de plusieurs milliers d'années, et voulait parler de ses cheveux ?!
- Heu… quoi ?!
- Tes cheveux. Insista-t-il. Ils sont plus courts.
- Oui, je… je les ai coupés avant de… quitter Poudlard.
- Pourquoi ?
Consternée devant le sérieux de son interrogation, Hermione balbutia un instant. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il le remarque… pourtant son regard ne dévia pas. Ancré sur le vide laissé par l'absence de ses longues boucles brunes, il la détailla avec soin dans un froncement de sourcils surpris. Une attention qui la gêna d'autant plus qu'elle peina à les discipliner sous ses doigts. Nul doute qu'après sa captivité, son carré autrefois lisse ne devait rassembler qu'à une broussaille mal ordonnée.
- Je… j'avais envie de changer.
- En te coupant les cheveux ?!
- Eh bien… les Malfoy m'ont adopté alors je voulais leur faire honneur. Laisser la Hermione du passé derrière moi et… embraser mon nouveau nom.
Sceptique devant une telle explication, Voldemort n'en parut que plus confus. Il n'avait jamais compris les lubies capillaires de la gente féminine, mais n'aurait pas cru que sa propre Initiée s'en trouverait victime.
- D'où la mèche blonde. Dit-il.
- Oui… souffla-t-elle. Je… je voulais leur faire plaisir.
- Curieux.
- Non, c'est juste que…
- Peu importe. Claqua-t-il subitement. Assez discuté, nous devons avancer.
Mais enfin, que lui arrivait-il ? Il s'agaçait, s'énervait sur elle, s'interrogeait sur ses cheveux et se désintéressait ?! Elle savait qu'il pouvait se montrer bipolaire… mais à ce point ?! Décontenancée, Hermione le vit se détourner pour reprendre leur marche, l'œil ancré sur l'obscurité qui leur faisait face. Au moins, ils ne restaient pas statiques… pourtant et alors qu'elle resserrait son emprise sur leur corde, un étrange frison la secoua violement. Semblable à un écho, un murmure ou une vibration lointaine, son échine s'hérissa brusquement à mesure que son âme vibra sous la force de ce pressentiment. Il y avait quelque chose… elle n'aurait su dire quoi, ni comment mais pu le sentir aussi clairement que la sueur froide de son front ! Tétanisée, ses jambes tremblèrent sous elle et son souffle se coupa, la laissant immobile dans le couloir. Elle ne rêvait pas… c'était comme la dernière fois, juste avant que Samuel ne fonde sur elle pour la lacérer de ses crocs. Elle avait cru en sa paranoïa ! Elle avait ignoré ses peurs et avant tenté de se raisonner, persuadée que ses sens la trompaient ! Mais elle avait eu tort. Alors en de tels lieux… six pieds sous terre et à la frontière des enfers, elle ne pouvait pas se tromper.
- Hermione ?
Pétrifiée, elle ne trouva pas la force de parler et haleta sous la douleur de son apnée. C'était comme la dernière fois… comme la dernière fois ! Quelque chose allait attaquer ! Quelque chose allait surgir de l'ombre pour les éventrer !
- Hermione ?!
Inquiet, Voldemort se tourna vers elle ; mais même son regard d'ébène ne parvînt pas à la faire réagir. Incrustée dans sa main, sa baguette vibra sous la force de poing, laissant des étincelles défensives se répandre tout autour d'elle. Elle devait avancer. Elle devait répondre et le rassurer ! Mais ses mots mourraient dans sa gorge, étouffé par le brouhaha de ses pensées. Un état que son Maître ne manqua de remarquer… la rejoignant en deux enjambées, il la fixa intensément et agrippa ses épaules pour la secouer mais se figea à son tour. Il l'avait senti. Elle n'était pas folle ! Lui aussi l'avait senti ! Pourtant et alors qu'Hermione s'efforçait de respirer, elle vit son regard être soudainement happé par l'obscurité ; ou du moins, ce qu'il en restait…
- Derrière moi.
Comme une gifle, l'ordre qui lui donna la sortie de sa léthargie. S'exécutant dans un sursaut, elle s'empressa de disparaître dans son dos et redouta l'instant où de nouvelles griffes viendraient repeindre les couloirs de leurs sangs. Pourtant rien ne surgit… et rien ne le pourrait. Car sous leurs yeux effarés, ce n'est pas un ennemi qui leur fit face… mais un mur.
- Qu'est-ce que c'est que ça ?!
Oui. Ils ne rêvaient pas. Alors même qu'ils avançaient, un mur s'était incrusté là où ils s'étaient arrêtés. Tout aussi poussiéreux que les autres, il leur barrait la route de son imposante structure et déforma leurs traits d'une profonde inquiétude.
- C'est impossible… souffla Voldemort en le tâtant avec méfiance. Mes sorts n'ont rien détecté.
Et pourtant, ce mur était réel. Dur et implacable sous ses doigts, le Mage déglutit durement à mesure que l'ampleur de leur horreur se dessinait sous yeux.
- Lumos !
Crié avec force, le sort fusa de l'autre côté du couloir. Pourtant et contrairement au précédent, il ne disparût pas dans l'obscurité, mais s'écrasa avec violence contre nouvelle paroi. Un autre mur qui il y a peine quelques secondes de ça, n'était pas là…
Par Merlin…
Ils ne pouvaient plus faire demi-tour.
Ils ne pouvaient plus avancer.
Ils étaient piégés.
Piégés.
Ils étaient piégés. Comment et pourquoi ? Un millier d'hypothèses auraient pu répondre à leurs questions, mais aucun d'eux ne chercha à les connaître… non, ils n'avaient pas le temps de s'interroger ! Ils devaient sortir ; trouver un moyen d'abattre ces murs et s'enfuir ! Mais comme si les Dieux se moquaient d'eux, rien ne parvînt pas à faire bouger ces murs. Ni leurs poings, ni leurs cris, ni même leurs magies… Essoufflé, Voldemort fulmina dans l'écho de sa rage et asséna un énième sort contre les parois. Il ne pouvait pas échouer ! C'était… c'était impossible ! Sa baguette était mythique et sa magie surpuissante ! Rien ne devrait pouvoir lui résister ! Et pourtant tout comme les cents précédents, ses maléfices ne laissèrent que suie et brûlures sur l'implacable revêtement du mur. Pas un éclat, une fissure ou la moindre égratignure ! Rien ! Insensible à tous leurs efforts, la roche restait intacte et leurs peurs s'enflammaient. Ils avaient tout essayé, tout tenté… Mais rien ne marchait.
- C'est ridicule ! S'écria-t-il enragé. Ce ne sont que des murs ! Des murs !
- Les murs d'un couloir de catacombes hantées… précisa Hermione essoufflée.
Ils auraient dû le voir venir… ils auraient dû y penser ! Un kilomètre de couloir sans virage n'était pas un chemin à proprement parlé, mais un piège. Un odieux traquenard ! Une farce sans nom visant à piéger le moindre intru trop bête pour s'y aventurer ! Et ils étaient tombés dedans… pire encore ils avaient continué alors même que tout leur hurlait de renoncer !
- Combien… combien de temps avant… qu'on manque d'oxygène ? Demanda Hermione le souffle court.
- Un peu moins d'une demi-heure.
Une demi-heure… dont ils avaient passé la moitié à s'acharner sur ces murs.
- Oh Seigneur…
- Quelque chose nous échappe ! Ces… ces murs ne sont pas apparus par la magie ! Ils ne peuvent pas nous retenir !
Et pourtant ils étaient bien là… de quoi remettre en question la faible compréhension qu'ils avaient des lieux. En sueur, Hermione essuya son front et tenta de réfléchir. Mais il faisait si chaud… et l'air était si pauvre. Etourdie, elle s'accrocha aux parois et inspira avec force. Elle ne devait pas flancher. Elle ne devait pas désespérer ! Mais aucun de ses efforts ne l'empêcherait d'étouffer.
- Nous… nous devons réfléchir. Ces catacombes ont été construites pour… pour ne pas être trouvées…
- Par nous. Corrigea-t-il. Les vampires ont toujours su s'y repérer.
- Alors… alors il nous faut penser comme des vampires…
Grimaçant à cette idée, Voldemort déglutit amèrement. Des vampires… des catacombes construites par des vampires… Les légendes les disaient piégées et hantées ; d'autres encore clamaient qu'aucun humain ne pouvait y entrer. Peut-être disaient-elles vrai ? Les vampires se repéraient grâce à leurs sens et leurs habilités. La logique voudrait donc qu'ils puissent repérer les pièges et les contourner ! Mais eux ? Ils n'étaient que des sorciers… et le temps leur manquait. Affligé par la fatalité, il vit Hermione tituber sous le manque d'oxygène et serra les dents dans un râle enragé. Elle ne tarderait pas à s'écrouler.
- Nous savons… que les vampires utilisent leurs sens…
- Arrête de parler. Dit-il les dents serrés.
- Mais… mais il faut…
- Hermione tu vas te tuer !
Il avait raison… la poitrine en feu, elle parvînt à peine à reprendre son souffle et s'assit dans une grimace douloureuse. Désorientée, elle sentit ses pensées s'étioler et sourit vainement dans l'obscurité. Que ces vampires pouvaient être vicieux… la mort pour asphyxie. A croire qu'ils ne finiraient jamais de la surprendre.
- Essaie de ne plus parler… Lui dit-il inquiet.
- Et… et vous ?
Lui ? Sa question lui parût aussi bête qu'inopportune. Il était immortel. Imbibé de magie, son corps ne sourcillerait même pas à l'assaut de trente Avada. Alors à un manque d'oxygène ? C'était ridicule… Pourtant et devant l'agonie de son Initiée, Voldemort ne put se réjouir de son invulnérabilité. Car alors que sa mort se présageait, son impuissance à lui le narguait. Oui… il allait survivre. Quoi qu'il arrive dans ces tunnels, rien ne serait jamais en mesure de le tuer. Mais elle ? Elle haletait déjà, plus pâle que jamais, le visage couvert de sueur et de poussière. Elle ne tarderait pas perdre connaissance… et comme l'humaine qu'elle était sa respiration se mourrait… puis son cœur ralentirait… et lui serait là. Vivant et rayonnant de magie, il la regarderait mourir dans ses bras. Une idée qui plus que toutes les autres, l'enragea. Non… non il ne pouvait le tolérer ! Il n'avait pas parcouru tout ce chemin pour voir mourir son Initiée ! Mais les secondes s'égrenaient et la faiblesse la gagnait.
- Il faut…
- Par Merlin, tais-toi… Dit-il les dents serrés.
Marchant de long en large, Voldemort haleta sous l'ardeur de sa fureur. Il devait trouver une solution… un moyen, quelque chose, n'importe quoi ! Ils étaient des sorciers ! Des êtres doués de magies et d'intelligences ! Aucun mur ne devrait pouvoir les enfermer ! Ah moins… ah moins que ce ne soit pas le but ? Etonné par une telle idée, le Mage se figea un instant. Se pouvait-il qu'ils se soient trompés ? Les légendes parlaient de pièges mortels mais… mais peut-être était-ce plus que ça ?! Après tout, les vampires voulaient faire de ces catacombes une véritable forteresse ; les garder secrètes et impénétrables. Mais les temps avaient changé et les moldus voyageaient ; ainsi, ils avaient dû s'adapter et évoluer afin qu'aucun humain ne puisse les trouver. Mais alors…
- Bon sang…
Ils s'étaient trompés. Depuis le début ils s'étaient trompés ! Par Merlin… comment n'y avait-il pas penser ?!
- Ce ne sont pas des pièges. Tonna-t-il brusquement.
- Qu.. quoi ?!
- Les vampires n'ont pas besoin de respirer. Ce n'est pas un piège, mais un test ! S'écria-t-il.
- Un… un test ? Balbutia-t-elle.
- Un moyen de s'assurer que seuls les vampires puissent entrer !
Confuse, Hermione le vit s'agiter devant elle. Pourtant et même si ses mots semblaient avoir un sens, elle n'en comprit que la moitié.
- Il faut épuiser tout l'oxygène !
- Quoi ?!
- C'est le seul moyen de sortir !
- Ma… mais…
Epuiser tout l'oxygène ?! Mais… elle allait mourir ! Et pourtant rien ne l'arrêta. Plus convaincu que jamais, elle eut tout juste le temps de prendre une dernière inspiration avant qu'il ne saisisse sa baguette et invoque un Feudeymon. Du feu… il allait épuiser le peu d'air qu'il leur restait par le feu. Irradiée par la chaleur de son sort, Hermione se recroquevilla sur elle-même et récita une prière. Il devait avoir raison… il le fallait ! Car s'il avait tort… Par Merlin, elle ne trouva pas le force de l'imaginer. Les poings serrés, elle sentit sa poitrine s'embraser sous son apnée et attendit que la magie du feu ne s'épuise. Mais ses vertiges s'accentuaient et les murs persistaient. Cela dura une minute… puis deux… et elle crut bien ne pas pouvoir compter la troisième.
- Hermione !
Arrachée au sol, elle sentit les bras de Voldemort l'enserrer avec force. Au bord de l'inconscience, elle ne comprit pas ce qui arriva et crut bien que la mort la cueillerait elle-même dans ses bras. Mais cela n'arriva pas ; car alors qu'elle sombrait, un fin filet d'air l'éveilla. Trop pauvre pour ses poumons en souffrance, il ne réussit qu'à chatouiller sa gorge et prolonger son agonie. Mais cela suffit. Et alors qu'elle perdait la notion du temps, un étrange bruit retenti. D'abord timide, il se transforma peu à peu en un écho puissant avant que les murs ne mettent à trembler violement. Comme si tout s'écroulait autour d'eux, les tunnels s'agitèrent et des nuages poussières les enveloppèrent, pourtant cela ne dura qu'une seconde.
Et l'air afflua dans ses poumons.
- Hermione !
Confuse sous le poids de son propre corps, la jeune femme sursauta quand son Maître la posa au sol. Haletante, elle sentit sa poitrine s'enflammer sous l'air qui lui avait manqué et balbutia dans l'obscurité. Mais elle n'était plus en apnée… elle était en vie. Ça avait marché. Les murs s'étaient ouverts ! Ça avait marché ! Soulagé de la voir enfin respirer, Voldemort s'assis devant elle et essuya ses joues couvertes de poussière. Seulement éclairé d'un Lumos, Hermione vit son visage se dessiner peu à peu devant elle et sourit malgré sa migraine. Il était là. Ça avait marché…
- Comment tu te sens ? Demanda-t-il inquiet.
Accoudée contre un mur, Hermione hésita à répondre. Ses poumons brûlaient, sa gorge piquait et ses yeux pleuraient… mais jamais elle n'avait été plus heureuse de se sentir vivre.
- Bien… bien… souffla-t-elle du bout des lèvres. Vous avez réussi.
Oui… et pourtant, il n'y avait pas cru.
- C'était un test. Dit-il essoufflé. J'ignore s'il s'agit de magie ou d'un mécanisme architectural mais une fois que l'air a été épuisé, les murs se sont relevés.
- C'est malin… du moins, assez pour tuer des humains…
- Tu peux te lever ?
Grimaçant sous la raideur de ses membres, Hermione s'accrocha à son cou et le laissa la hisser contre lui. Résistant à la nausée d'un vertige, elle inspira à pleins poumons et se redressa du mieux qu'elle put malgré la douleur de sa gorge. L'air était lourd, chaut et poussiéreux, mais l'odeur enivrante de son Maître suffit à la ranimer peu à peu. Par Merlin, ce que l'air était précieux… et ce que ces vampires étaient vicieux ! Des tests… elle n'y aurait jamais pensé. Et pourtant cela tombait sous le sens. Comment empêcher un humain d'entrer ? En s'assurant qu'il ne puisse pas y respirer. C'était brillant ; mais aussi affligeant de simplicité. De quoi la faire rougir de honte dans sa propre stupidité. Elle y serait descendue seule si Samuel ne l'avait pas trouvé… elle aurait cru à un piège et se serait acharnée ; juste avant de s'écrouler et de mourir asphyxiée. Personne ne l'aurait jamais retrouvée. Personne n'aurait même su où la chercher. Et elle aurait échoué… Aussi, la jeune femme déglutit avec peine devant le regard toujours inquiet du Mage et le remercia du bout des lèvres. En sueur et le souffle court, il ne répondit pas mais la détailla avec attention. Enfiévrée d'adrénaline, elle sentit la magie divine de con corps battre avec force contre elle, galvanisant sa propre énergie jusqu'à en faire rosir ses joues. Une fois encore, il était resté. Alors qu'il aurait pu l'abandonner à son sort et poursuivre leur quête, il avait décidé de la sauver…
- On a eu de la chance… Dit-il d'un ton étrangement bas.
Elle aurait pu le croire… mais il se trompait. La chance ne l'avait pas sauvé ; lui, l'avait fait. Et même si son orgueil de Gryffondor aurait préféré le nier, rien ne pourrait jamais entacher cette vérité.
- Oui… de la chance. Balbutia-t-elle gênée.
- Tu penses pouvoir marcher ? Demanda-t-il.
Déstabilisée, Hermione jeta un bref regard à ses mains posées sur sa taille et se sentit frissonner. Elle tremblait ; ou alors était-ce lui ? Elle ne le sut pas mais se pinça les lèvres et déglutit.
- Oui, je… ça va. Dit-elle.
- Bien. Nous devons continuer alors… mieux vaut que tu restes près de moi.
Acquiesçant vivement, elle le vit raccourcir la corde qui les liait et se détourner dans un soupir inquiet. Où étaient-ils ? Cette fois, ils n'en avaient pas la moindre idée. Acculés dans le premier virage qu'ils voyaient depuis un kilomètre, un nouveau tunnel serpentait devant eux. Plus étroit que le précédent, il afficha poussière, toiles d'araignées et rebords escarpés. De quoi leur donner envie d'avancer…
- Pensez-vous qu'il y aura d'autres tests ? Demanda-t-elle dans son dos.
- Probablement… mais c'est bon signe.
- Bon signe ?
- Nous nous rapprochons. Dit-il.
Loin d'être rassurée par cette idée, Hermione agrippa leur corde et empoigna sa baguette. Si elle était déterminée à ne pas le perdre de vue, cette fois elle était certaine de ne jamais quitter son ombre !
- Prête ?
- Prête.
Hello à tous ! Comment allez-vous ? :-)
Bon, comme vous l'aurez remarqué, ces deux chapitres sont un peu plus courts que les autres. Ils sont ce que j'appel moi-même des chapitres "intermédiaires". Ils sont plus simple avec peu d'action, afin d'amorcer un nouveau rebondissement. Et sachez-le les amis... le rebondissement arrive. J'espère néanmoins qu'ils vous ont plu ! Que pensez-vous du comportement de Voldemort ? D'Hermione ? Et selon vous, qu'est-ce qui les attendra dans ces catacombes ? Réponse la semaine prochaine ;)
AU FAITE ! Merci pour tout vos commentaires, ils me touchent énormément ! Et merci aux Gest à qui je ne peux malheureusement pas répondre !
BISSSSSSSSSSSSSEEEEEEEEEEEEEEE
