Coucou, je publie un jour plus tôt car j'ai des problèmes de box et je ne veux pas vous faire faux bond ! Bonne lecture !
L'œil aux aguets, les deux sorciers reprirent leur route la boule aux ventres. Loin de croire une seconde fois en leur chance, ils avancèrent lentement entre virages et tournants, jaugeant chaque ombre avec la plus implacable des méfiances. Ils avaient peut-être sous-estimé le vice et l'ingéniosité des vampires… mais étaient bien décidés à ne plus commettre une telle erreur. Aussi, ils progressèrent lentement à la lueur vacillante de leur lumos et arpentèrent les couloirs baignés d'obscurité. Plus escarpés que les précédents, ils furent surpris de voir la pierre des murs s'effriter à leur passage et sentirent les pavés se déchausser sous leurs pieds. Abandonné depuis plusieurs centaines d'années, ce qui aurait probablement dû ressembler à un tunnel renforcé de poutres et dalles cimentées, n'apparut devant eux que sous les traits d'un sentier délabré. Le front en sueur, ils enjambèrent des marches affaissées, esquivèrent une allée sur le point de s'effondrer et allèrent même jusqu'à escalader un mur à moitié écroulé. Un paysage sombre, étroit et ravagé qui commença peu à peu à franchement les inquiéter. Ils n'auraient su dire pourquoi, mais quelque chose d'étrangement dérangeant flottait dans cet endroit. Plus macabre que le charnier dans lequel ils avaient zigzagué, ils sursautèrent devant les ombres dansantes d'une rangée de cercueils éventrés et frissonnèrent à la vue de croix brisées. Plus qu'un tunnel menant aux enfers, ils eurent l'impression de contempler un véritable musée… Linceuls déchirés, bibles brûlées, tableaux retournés et animaux empaillés ; des vestiges de rites funéraires anciens, tous brisés ou profanés, s'amoncelaient peu à peu sous leurs yeux effarés. Certes, ils se rapprochaient des catacombes et ne devaient pas se surprendre de ce qu'ils risquaient d'y trouver… pourtant, aucun d'eux ne parvînt à se rassurer. Comme si la Guerre des Clan était née entre ces murs, les parois semblaient vibrer d'un écho oublié. Semblable à des cris étouffés, ils asphyxiaient l'air d'une clameur enragée, hérissant leurs échines dans un malaise qu'eux-mêmes n'auraient pu nommer. Déstabilisés, ils osèrent à peine respirer et frémirent à chaque tournant dans un frisson effrayé. Même Voldemort ne put le cacher…. Quelque chose reposait en ces lieux. Des souvenirs ou des âmes ? Aucun d'eux ne souhaita le savoir. Mais ce qui était certain était qu'ils ne devaient pas rester. Ils ignoraient pourquoi mais le sentaient jusqu'aux plus profond de leurs âmes. Cette impression… ce pressentiment… C'était fort, puissant et horriblement vivant. Aussi, l'urgence les gagna et pressa leurs pas.
Accrochée à la corde qui les reliaient, c'est avec peine qu'Hermione s'efforça de ne pas trembler. Elle qui avait cru que rien ne pourrait égaler l'horreur du charnier, ne put qu'admettre sa naïveté. Des vampires morts étaient une chose… mais des grottes hantées… Par Merlin, c'était pire que tout. Sursautant au moindre bruit, elle put presque sentir les murs la fixer de leurs petits yeux étriqués. Epiée par milles âmes damnées, elle les entendait ramper dans l'ombre de ses pieds, murmurant à son oreille les derniers cris qu'ils avaient hurlés. Oui, les légendes n'avaient pas menti… cet endroit était bel et bien maudit. Aussi, elle tenta de se calmer et respira entre ses lèvres pincées. Rien ne pouvait arriver. Rien ne pouvait arriver ! Du moins, c'est ce qu'elle avait cru avant d'être asphyxiée… Mais son Maître était là et l'avait sauvé. Une pensée qui la fit étrangement sourire. Depuis qu'elle était son Initiée, un tas de choses avaient changé… ses croyances, convictions, rapports au monde et réputation. Pourtant, c'est bien sa relation avec le Mage Noir qui la déstabilisait le plus. Elle savait qu'il voulait la garder en vie, l'éduquer, la former et avait tout un tas de projets pour la faire évoluer à ses côtés. Pourtant et même si elle avait appris à le respecter, jamais elle ne l'avait encore vu aussi… impliqué. Non pas dans leur quête, mais dans sa vie. Que ce soit à travers sa poigne possessive, ses regards en coin, sourires amusés ou attitude protectrice, il ne cessait de la surprendre de son étrange humanité. Aussi et pour la première fois, elle voyait de lui une facette qu'elle ne connaissait pas.
Ambitieux, orgueilleux, fier et surpuissant, il avait tout de ce Mage aux allures de tyran. Et il l'était ! Mais elle était devenue son élève et avait appris le connaître. Pointilleux, assidu et exaspérant, elle avait vu en lui un professeur exigeant, à l'esprit fin et aux conseils inspirants. Mais plus elle le côtoyait, plus quelque chose d'autre apparaissait. Une facette plus fugace et étonnante : celle d'un homme. Sous-polé, colérique, possessif, obsessionnel, méprisant et particulièrement agaçant, il avait tout d'un pervers-narcissique ! En soit, rien de bien surprenant… Mais il y avait autre chose encore : Quelque chose de plus profond et de presque… attendrissant. Inquiet, il ne cessait de la regarder par-dessus son épaule, la main agrippée à la corde qui les liaient. Ce n'était qu'un détail, certes ; mais il y en tant d'autres. Sa façon de la sermonner, sa manière de la rassurer, ses sourires en coin quand il la regardait… et encore, elle ne les avait pas tous comptés. Mais chacun d'eux l'intriguait. Alors qu'il aurait eu toutes les raisons du monde de la tuer pour sa désobéissance, il n'avait fait que hurler. Alors qu'il aurait simplement pu la sauver d'Elias, il l'avait soigné et habillé. Alors qu'il aurait pu reprendre leur route sans s'inquiéter de son état, il avait essuyé ses joues pleines de poussière avant de l'examiner. Ce n'était pas grand-chose, mais venant de lui ? Par Merlin, il y a quatre mois de çà elle n'aurait pu l'imaginer ! C'était étrange et déroutant, elle ne pouvait le nier... mais tellement vivant. Elle-même n'aurait pu l'inventer. La chaleur de sa peau, la douceur de ses gestes, la tendresse de son sourire, la brûlure de son regard… tout chez lui appelait à la tentation confuse et désordonnée d'un touché volé.
Aussi, elle ne sut pas quoi en penser. Jamais elle n'avait un jour considéré la possibilité qu'elle puisse « l'apprécier » pour ce qu'il était. Après tout il était Voldemort, un meurtrier sans pitié ! Et pourtant, elle avait appris à le respecter, à l'admirer et en était même venu à … le réclamer. Rien ne servait de le nier. Alors qu'elle pensait le détester pour l'avoir lâchement abandonné, elle n'avait fait que prier pour son retour, effondrée devant sa fenêtre dans l'attente d'une lettre. Oui, même si elle haïssait cette idée, il lui avait sincèrement manqué. Sa présence, ses remarques, ses sourires… tout de lui s'était mise à la hanter. Pourquoi ? Elle l'ignorait… à croire qu'elle était destinée à attendre après les hommes de sa vie. Mais lui ? Lui avait-elle manqué ? A cette idée, son visage se tordit dans une étrange grimace. Par tous les Dieux, elle perdait l'esprit ! Il était Voldemort ! Pourquoi diable voulait-elle lui manquer ?! Cela n'avait aucun sens ! Et pourtant, plus ils avançaient, plus cette question se mit à la hanter. Non… non, le manque d'oxygène la faisait délirer. Elle ne pouvait pas vouloir une telle chose ! C'était ridicule ! Il… il n'était que son Maître ! Son Maître ! Pas un ami ou un proche ! Son Maître !
- Hermione ?
- Maître ?! Sursauta-t-elle brusquement.
- Tu vas bien ?
Etonnée, la jeune femme déglutit sous l'échauffement de ses pensées. Depuis combien de temps s'étaient-ils arrêtés ? Elle l'ignorait mais préféra ne plus s'interroger.
- Oui je… tout va bien.
- Tu es sûr ? Insista-t-il. Je te sens trembler.
Trahit par sa propre anxiété, Hermione lâcha leur corde dans un réflexe et se mordit la lèvre.
- C'est juste… cet endroit. Il me donne la chair de poule. Assura-t-elle plus confiante.
- Je ne te le fais pas dire. Grimaça-t-il.
Regardant tout autour d'eux, elle vit le couloir se resserrer dans un dernier virage. Pourtant et alors qu'elle espéra y voir l'entrée des catacombes, seul une étrange cavité leur fit face. Profonde et étonnement spacieuse, ils crurent à l'entrée d'un nouveau tunnel et s'avancèrent avec prudence, avant de brusquement se figer dans un sursaut étonné.
- Par tous les Dieux...
Ce n'était pas un tunnel… mais un sanctuaire. Plus profond qu'ils n'auraient pu l'imaginer, l'intérieur de la montagne se dessina sous leurs yeux. Haute de plus d'une quarantaine de mètres, la roche se creusait au-dessus d'eux dans une architecture étonnante. Illuminée d'étranges puits de jours, ils entrèrent sans y croire et découvrirent une immense allée pavées s'étendant sur plusieurs centaines de mètres. Parcourus de vieilles fontaines asséchées, de sculptures de marbres et gravures ciselées, ils déglutirent de stupeur et restèrent bouches bée. C'était… incroyable. Ils avaient creusé la montagne. Les vampires avaient creusé la montagne ! C'était… un exploit ; que dire, un véritable monument ! Et encore, ils n'en voyaient que l'entrée ; car alors que leurs regards se perdaient, les allées elles se multipliaient. Allant de tous les côtés, ils les virent serpenter le long de la roche taillée, plus grandes et lumineuses que jamais. Ahuri, ils détaillèrent les hauteurs sous plafond, contemplèrent les poutres, voûtes et moulures et effleurèrent les parois sinueuses de leurs doigts tremblant. C'était magnifique…. Plus qu'une simple grotte, c'est une véritable ruche qu'ils eurent l'impression d'explorer. Semblable à une multitude d'alvéoles, ils virent une infinité de portes et galeries s'ouvrirent le long des murs, remontant jusqu'au sommet des voûtes dans le jeu hypnotique de l'obscurité. Non, pas des galeries… des entrées. Identiques à celle qu'ils venaient de passer, ils comprirent ce qui leur avait jusqu'alors échappés. Tous les chemins menaient à Rome ; mais tous les couloirs menaient ici. Quelque ce soit la direction qu'ils auraient prise, ils auraient été testés avant de déboucher ici… dans ce sanctuaire, cette forteresse aux allures de repère ; dans cette salle plus grande que le Ministère lui-même ! Les couloirs n'étaient que les boyaux, mais ici reposait le cœur… le véritable secret des vampires de toute la Turquie.
- Où… où sommes-nous ? Souffla-t-elle ahuri.
- Au cœur de la montagne.
Jamais ils n'avaient vu une telle chose… et jamais ils n'en verraient de semblable ! Le cœur d'une montagne… creusé, sculpté et orné par des vampires de tout âge. Mais pourquoi ?! Cela ne ressemblait pas à des catacombes. Il n'y avait aucun cercueil, aucun mausolée ni même la moindre tombe ! Et pourtant, leurs frissons ne les avaient pas quittés. Lisse et gravé, le reflet de la roche leur sembla plus macabre que jamais, ravivant leurs angoisses dans un silence étouffé. Oui, cet endroit était somptueux… mais profondément dangereux. Ils pouvaient le sentir aussi clairement que le claquement de leurs dents, quelque chose habitait ces lieux. Comme si la faible lueur des puits de jours agitait les ombres de la montagne, un millier d'âme semblaient les épier, murmurant avidement depuis leurs lèvres scellées. Suivis à la trace, leurs petits yeux crevés balbutiaient dans l'obscurité tandis que chacun de leurs pas semblaient faire frémir la roche d'un hurlement enragé. Oui… ils n'étaient pas à leur place ici. Comme s'ils profanaient la sépulture d'une reine, quelque chose de sacré vibrait avec avidité. Une impression qu'ils tentèrent d'ignorer mais qui s'accentua d'avantage à mesure qu'ils avançaient.
- De plus en plus étrange. Siffla le Mage.
- Il n'y a rien ici. Pensez-vous que… nous nous sommes trompés ?
C'était vrai… si ce n'est quelques lampes à huiles brisées, sculptures abîmées et malles renversées, rien n'habillait cette allée. Vide et muette, la roche serpentait lentement sous la lueur de lumos, dévoilant objets et virages toutes aussi impressionnant qu'inintéressant. Il n'y avait rien ; pas de catacombes, pas d'Aloff… et pas de sphère.
- Je ne sais pas. Dit-il avec méfiance. Nous sommes au bon endroit mais… quelque chose nous échappe.
- Peut-être que les catacombes ont été vidées après la guerre ?
- Non… elles sont sacrées. Les dépouilles de plusieurs milliers de vampires y sont entreposées ! Personne au monde ne serait assez fou pour tenter de les déplacer.
Ils manquaient quelque chose… aveugles et sourds, l'évidence leur échappait et les morts se cachaient ! Mais où ? Où ?! Agacé, Voldemort gronda entre ses dents et continua d'avancer.
- Peut-être qu'il s'agit d'un autre test ? Dit Hermione. Peut-être que les catacombes sont là mais que nous ne les voyons pas ?
- Prions pour que ce ne soit pas le cas…. Aucune magie ne peut égaler l'acuité visuelle d'un vampire.
- Ou peut-être que c'est la roche elle-même qui décide…
Confuse dans ses réflexions, Hermione détailla les murs avec attention. Toute ces routes, ces embûches, ces pièges… ils devaient avoir un sens ! Une raison ! Mais pourquoi un sanctuaire vide ? Et pourquoi cacher d'avantage les catacombes ? Ils étaient au cœur d'une montagne ! Ignorant ses murmures tourmentés, le mage ne dit rien et réfléchir à son tour. Accroupit devant les restes d'une étoffe déchirée, il étudia les voûtes et visualisa leur trajet dans un soupir affligé. Ils manquaient quelque chose…. Ils manquaient quelque chose ! Frustré, il ne parvînt qu'à raviver la migraine de ses tempes et se redressa amèrement. Ça ne servirait à rien de s'acharner… Il le savait mieux que personne, ce qui souhaitait être caché le restait à jamais.
- Nous devons aborder le problème sous un autre angle. Dit-il subitement. Les catacombes sont ici, c'est certain. Mais si les guerres ont étoffé le nombre de morts, alors il se pourrait que… Hermione ?
Surpris, Voldemort vit son Initiée le fixer dans un hoquet stupéfait. Plus pâle que la mort, ses yeux s'étaient écarquillés devant lui, peignant une soudaine panique dans ses pupilles rétrécies. Pourtant ils étaient seuls… et les grottes silencieuses. Déstabilisé, il s'avança lentement avant de ne voir son souffle se couper. Pétrifiée malgré le pouls battant qu'il vit sous sa peau, ses jambes se raidirent à son approche et ses mains commencèrent à trembler. Une réaction étrange, qui dans son silence se mit à profondément l'inquiéter.
- Hermione ?!
Mais elle ne l'entendit pas l'appeler. Plongée dans un étrange brouillard, elle ne le vit même pas s'agiter devant elle et déglutit sous la douleur de son apnée.
- Hermione ! S'inquiéta-t-il.
- Où… où avez-vous trouvé ça ? Souffla-t-elle d'une voix rauque.
Confus, le Mage regarda l'étoffe qu'il avait ramassé sans même y penser. Ce n'était pas grand-chose ; à peine un bout de tissus déchiré. Pourtant plus elle le fixait, plus Hermione se tétanisait.
- Là-bas près du rocher. Pourquoi ?
Bouleversée, la jeune femme reprit son souffle dans un halètement horrifié. Non… non, elle devait se tromper. Ce n'était pas… ça ne pouvait pas… mais ses pensées s'emmêlèrent et ses joues s'enfiévrèrent. Désorientée, elle sentit sa gorge s'assécher et balbutia sous le regard de son Maître.
Non…
Non, elle ne pouvait être là.
Ce n'était pas possible !
- Hermione, qu'y-a-t-il ?!
Une robe de chambre en soie verte.
C'était une robe de chambre en soie verte.
- Je… je…
En transe, Hermione tendit la main comme pour la toucher ; comme pour s'assurer qu'elle ne voyait là que le reflet de son esprit tourmenté. Après tout… elle pouvait se tromper. Des centaines d'autres femmes avaient dû vivre dans ses grottes. Oui… ça ne pouvait être que ça. Du moins, elle l'espéra… Non, elle le pria ! Le cœur au bord des larmes, elle implora les Cieux de milles et un Dieux. Pourtant, il ne lui suffit que de l'effleurer pour sentir le monde s'écrouler sous ses pieds. Incrustée dans sa chair, la sensation de cette soie sur sa peau la replongea en enfer. C'était la sienne… elle ne pouvait pas se tromper. C'était la sienne !
C'était la robe de la Báthory.
- Oh Seigneur…
Réagissant de lui-même à son calvaire, son corps recula de trois pas dans un réflexe viscéral. Non… ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne pouvait pas être vrai !
- Hermione ?!
La douceur du tissu… ses coutures, sa couleur, ses motifs… des sensations malsaines, viles et insupportables qui lui donnèrent la nausée. Elle avait tenté de les oublier ; de les refouler quelque part loin d'elle et de ses pensées, là où elles ne pourraient plus la hanter ! Mais c'était vain. Jamais elle ne pourrait oublier.
- Mais enfin, qu'est-ce qui te prend ? Demanda Voldemort sans comprendre.
- Combien… combien de vampire avez-vous tué ? Souffla-t-elle sans respirer.
- Quoi ?
- Dans les grottes ! Combien en avez-vous tué ?!
Déstabilisé devant la brutalité de son cri, Voldemort ne sut que dire. Comme si un démon allait surgir de l'ombre, il vit son regard aller et venir dans plus de sursauts effrayés qu'il ne put en compter et frissonna sous la pâleur de ses joues. Il ignorait ce qu'il se passait, mais comprit une chose. Elle n'était pas effrayée… mais terrorisée.
- Hermione… calme-toi. Dit-il.
- Non… non… je dois savoir ! Paniqua-t-elle.
- Hermione…
- Dites-moi !
- Une dizaine ! S'écria-t-il à son tour.
- Une dizaine. Répéta-t-elle. D'accord mais… y avait-il une femme parmi eux ? Une… une brune, pas très grande avec… avec cette robe de chambre ?
- Une femme ?! Dit-il surpris. Non, je n'en ai vu aucune. Mais pourquoi ? Que se passe-t-il ?!
Ainsi les Dieux l'avaient abandonné…
Elle n'était pas morte.
Erzébet Báthory n'était pas morte.
Elle n'était pas morte.
Elle n'était pas morte.
Elle n'était pas morte.
Elle n'était pas morte.
Mortifiée, Hermione sentit un vertige la faire défaillir. Elle était en vie. Erzébet Báthory était en vie. Et cette étoffe… cette étoffe n'était pas arrivée ici par hasard. Non, elle… elle était là. Elle les avait suivis. Elle était là ! Elle les avait suivis !
- Hermione, parle-moi.
Mais une fois encore, elle ne l'entendit pas. A bout de souffle, son regard se perdit par-delà les allées, hanté par le visage qu'elle avait mille fois souhaité voir brûler. Elle était là… cachée entre les tombes qu'ils avaient enjambées et les morts qu'ils avaient évités, ses petits yeux perfides les avaient épiés !
- Il… il faut partir. Haleta-t-elle.
- Quoi ?!
- Il faut partir !
- Mais enfin… ce n'est qu'un habit déchiré !
« Déchiré. » Un habit déchiré… oui, les siens aussi l'avaient été. Et son enfer avait commencé. Plongée dans tout ce qu'elle avait tenté d'oublier, le contact de son propre t-shirt lui donna envie de hurler. Elle devait partir. Elle devait fuir ! Mais tout se rejouait déjà dans son esprit… Arrachés d'un seul coup de griffe, elle revit les restes de ses vêtements tomber à ses pieds, laissant son corps dénudé devant son sourire carnassier. Pourtant elle avait lutté. Hurlant à s'en crever un poumon, elle avait tout tenté pour la faire reculer ! Mais rien n'aurait pu détourner la Báthory d'une vierge à profaner… Plus cruelle que les légendes ne pouvaient le conter, son vice n'avait d'égale que sa lubricité. Galvanisée devant son impuissance, ses mains avaient parcouru son corps, avides et frémissantes sous sa chair tremblante. Ignorant ses larmes et sa douleur, ses lèvres avaient frémit d'envie, heureuses et comblées de la voir résister. Elle voulait la posséder corps et âme, goûter son sang et ses larmes, profaner son intimité et rire de son désespoir ! Mise à nue, sa peau s'était hérissée sous ses caresses obscènes et son horreur avait été complète. Frappée par la fatalité son corps s'était alors tétanisé, laissant mourir ses cris et le reste de ses espoirs. A cet instant, Hermione ne put le nier… elle avait prié mourir. Elle avait prié en finir ! Mais face à elle, la Báthory n'avait fait que sourire. Pire encore, elle avait jubilé devant ses pleurs étouffés ! Et son désir s'était intensifié... Sans qu'elle ne puisse rien y faire, ses griffes l'avaient lacéré et sa langue avait léché ses plaies. Oui… elle ne se serait jamais arrêtée. Si Samuel n'était pas arrivé… s'il ne l'avait pas arraché à elle… elle aurait continué. Elle l'aurait violé. Une évidence dont le simple souvenir lui donna l'impression d'étouffer.
- Hermione… regarde-moi.
Non. Elle ne pouvait pas. Elle ne voyait qu'elle. Elle son sourire, son visage, son regard, son odeur… elle était partout. Comme si elle avait infiltré son esprit, sa tête tourna et ses sens se brouillèrent, persuadés de la voir à nouveau ramper contre elle.
- Hermione !
Elle était là. Ce démon était là ! Telle une furie en chasse elle arpentait l'ombre de sa survie, affamée devant le festin de chair qui lui avait été arraché ! Non… non… Elle devait se réveiller ! Ce n'était qu'un cauchemar, elle devait se réveiller !
- Hermione ! Regarde-moi !
Désemparé, Voldemort agrippa son visage dans un cri désespéré. Elle perdait pied… pire encore, elle semblait perdre la raison à l'heure où les morts les guettaient ! Elle devait se calmer. Se recentrer ! Respirer ! Front contre front, le Mage sentit ses joues se crisper et son souffle haleter. Jamais il ne l'avait vu ainsi… jamais il ne l'avait vu aussi démunie. Aussi, il vit ses yeux fouiller l'obscurité dans un sanglot étouffé avant que la noirceur de son regard ne semble peu à peu l'apaiser.
- Respire… souffla-t-il contre elle. Respire.
Respirer… un geste si anodin ; un réflexe si simple. Et pourtant, Hermione dû user de toute sa volonté pour ne pas étouffer. Mouillés de larmes, leurs nez s'effleurèrent quand elle hocha la tête, laissant son échine frissonner devant leur proximité. Tremblante devant lui, son corps se pressa contre le sien et ses mains s'accrochèrent à ses bras. Oui… Il était là… son Maître était là. C'est tout ce qu'elle devait savoir… tout ce qu'elle devait garder en tête !
- Respire…
Plus calme sous la chaleur rassurante de son aura, elle sentit sa respiration se calmer et ses pensées se délier. Respirer. Respirer. Respirer. Cela dura une minute, puis deux… jusqu'à ce qu'elle entende à nouveau le silence oppressant des lieux. Pourtant et malgré la sueur de leurs fronts, jamais ses mains crispées ne parvinrent à le lâcher. Lui seul pouvait la sauver.
- Parle-moi. Dit-il alors. Parle-moi !
- Je… je ne peux pas…
- Il le faut ! Insista-t-il.
Mais elle devrait lui avouer… lui dire ce que cette femme avait failli lui voler. Mais le pourrait-elle seulement ? Aurait-elle la force de trouver les mots ? De résumer en quelques phrase, un enfer qu'aucune langue ne pourrait jamais décrire ?!
- Hermione… parle-moi.
Haletante, elle sentit ses mains s'accrocher à ses cheveux et frémit sous la force de sa poigne. Par tous les Dieux… jamais ils n'avaient été si proche. Transcendée par l'éclat de son regard, elle détailla l'arrête de son nez, la fossette de son menton et les veines de son front avant de ne voir la peau de ses joues briller des larmes qu'elle y avait laissé. Il était là… si proche… si inquiet… qu'elle n'entendit presque pas le son de sa propre voix.
- Elle… elle est là.
- Qui ? Demanda-t-il.
Son nom… il ne lui restait qu'à dire son nom ! Mais elle n'en eut pas le temps. Résonnant avec force dans leur dos, un étrangement grondement les fit violement sursauter. Ricochant contre la pierre, il sembla venir du plus profond des enfers, laissant Hermione se figer entre les bras de son Maître.
- Elle était là… elle… elle nous a trouvé. Souffla-t-elle horrifiée
- Qui est là Hermione ?! Paniqua Voldemort. Dis-moi qui !
Mais son regard fouillait l'obscurité et ses démons hurlaient. Elle n'entendait plus rien. Elle ne voyait plus rien.
- Hermione !
- Voyons très cher, il ne faut pas vous affoler… je peux moi-même me présenter.
Oh non…
Cette voix…
Cette insupportable et doucereuse voix…
S'armant dans la seconde, le Mage Noir fit volte-face ; mais Hermione, n'en eut pas besoin. Figée, elle ne trouva même plus la force de respirer et regarda son plus grand cauchemar la narguer.
- Erzébet Báthory, pour vous servir...
La baguette de sureau sous le menton, jamais on n'eut vu la Báthory plus heureuse qu'à cet instant. Souriante devant un Voldemort fulminant, elle n'afficha ni peur ou rancœur, laissant les deux sorciers plus confus que jamais. Pourtant et devant elle, Hermione ne le fut qu'à moitié. Elle ne s'était pas trompée. Depuis le début la Báthory les suivait… Tétanisée, la jeune femme ravala sa bile devant son haussement de sourcils amusé et sentit son souffle se couper. Elle était là. Le démon de toute l'humanité, la vipère des montagnes, le suppôt du vice et de l'infâme…
- Erzébet Báthory… Souffla-t-il. La Dame Sanglante.
- Si je ne me trompe pas, votre nom est tout aussi éloquent… Voldemort. Dit-elle du bout des lèvres.
Plus menaçant que jamais, le Mage Noir s'avança avec méfiance. Alors c'était elle… le dernier vampire de la Dynastie, celle qui avait fui le charnier de son peuple et n'avait cessé de les suivre : la Grande et Légendaire Erzébet Báthory. Il avait entendu bon nombre d'histoires à son sujet. Meurtres de masse, sacrifices, tortures, rituels barbares… en temps normal, il aurait respecté de tels exploits. Mais venant d'elle ? D'une femme reconnue pour sa cruauté et sa faim de vierge à sacrifier ?! Il ne réussit qu'à la mépriser. Aussi, c'est dans un grondement sourd qu'il la vit se reculer dans un frisson intrigué. A peine vêtue de la même chemise en soie déchirée, elle afficha chignon tressé et regard curieux, avant de peu à peu tourner tout autour d'eux. Aussi pâle que la mort, ses yeux brillèrent d'une lueur macabre, laissant ses crocs étinceler dans la semi-obscurité. Menaçantes entre ses poings, il vit ses griffes trembler et ses cils battre avec avidité. Pourtant et alors qu'il se préparait à riposter, elle ne sembla décider à les attaquer. Silencieuse, elle se contenta simplement de sourire d'un air extatique ; une image toute aussi étrange qu'inquiétante, qui raviva ses instincts de meurtrier plus vite qu'il n'aurait pu l'imaginer. Vibrant entre sa main, sa baguette réagit à la fièvre de son adrénaline et ses pupilles se rétrécirent. Que voulait-elle ? Il l'ignorait mais savait une chose. Il y avait quelque chose dans sa démarche… dans son regard… dans son sourire et son bonheur trop grand… quelque chose de profondément dérangeant.
- J'imagine que ceci est à vous. Dit-il en lui jetant son étoffe.
L'attrapant à la volée, la vampire la contempla dans un sourire amusé. Un retroussement de lèvres fugace, qu'Hermione regarda dans le plus grand des effrois.
- Oh… oui. Quel dommage. Soupira-t-elle. Une si belle pièce. Malheureusement, cette pauvre chose ne vaut plus rien désormais.
- Cessez vos mondanités. Claqua-t-il.
- Nul besoin de m'agresser. Se défendit-elle. Je suis venue en paix.
Frémissant dans le dos de son Maître, Hermione resserra sa baguette et déglutit avec peine. Non… elle mentait. Elle ne faisait que ça ! Mentir pour mieux les séduire !
- Que voulez-vous ? Demanda-t-il.
Les tuer ! Les violer et les tuer ! Voilà ce qu'elle voulait !
- Moi ? Dit-elle innocemment. Oh, peu de chose…
C'est là qu'elle la regarda… furtivement ses pupilles se détournèrent du mage, vives et affamées devant celle qu'elle n'avait eu de cesse de chercher. Cela ne dura qu'un instant… et pourtant Hermione crut bien s'en trouver éventrée. Dansant dans l'éclat de ses yeux, elle se revit attachée, blessée et hurlante sous ses mains prêtes à la violer ; de quoi élargir d'avantage son sourire carnassier. La mort de son clan n'avait rien changé. Seule et abandonnée, elle n'en restait pas moins vile et déterminée ! Oui… elle voulait la posséder. Plus qu'une obsession, une véritable chasse venait d'être lancée.
- Dans l'idéale, j'aimerais une nouvelle robe. Dit-elle subitement. Maintenant que Samuel est mort, il ne pourra plus la déchirer…
Pétrifiée, la commissure frissonnante de ses lèvres lui donna la nausée. Samuel… le seul qui avait eu assez de pitié pour la sauver.
- Samuel ? Dit-il sans comprendre.
- Vous l'avez tué. Précisa-t-elle. D'ailleurs, des remerciements s'imposent ! Je ne l'ai jamais aimé. Il avait la fâcheuse habitude d'interrompre ses semblables…
Et maintenant elle était libre… libre d'Elias et de ses ordres, de Samuel et de ses principes… libre d'achever ce qu'elle avait commencé. Oui… jamais elle ne s'arrêterait. Quoi qu'elle fasse ce monstre la poursuivrait, impatiente de lui arracher le peu de vertu qui lui restait ; impatiente de la voir assouvir les mille et un fantasmes que son esprit perfide imaginait ! Une vérité qu'Hermione ne put supporter. Ebranlée, elle sentit sa poitrine s'oppresser et déglutit dans son apnée. Elle pensait peut-être avoir gagné… avoir réussi à la briser ! Mais elle se trompait. Elle avait trop lutté pour qu'un vampire vienne la soumettre à sa volonté ! Trop combattu pour que ses cauchemars prennent le pas sur la réalité ! Aussi, la puissance de son insolence et la lubricité de son vice suffirent à réveiller ce qu'elle avait jusqu'alors faillit oublier : sa soif de vengeance. Presque assommée par la violence de sa rage, Hermione la sentit déferler au cœur même de son âme, dévastant le peu d'humanité que son génocide n'avait pas entaché. Oui… elle ne se laisserait plus torturer. Elle ne se laisserait plus bafouer !
- Je dois dire que… je suis impressionnée. Je n'avais jamais vu personne tuer autant de vampire en une seule journée.
Comment osait-elle ? Cette misérable femme… Que dire, cette catin infâme ! Comment osait-elle se présenter encore devant elle ?! Comment osait-elle s'adresser à son Maître ?!
- Dans ce cas je vous conseille de reculer. Siffla-t-il.
Secouée de toute part, Voldemort entendit le souffle de son Initiée s'épaissir dans le vrombissement menaçant de sa magie. En transe, de puissants jets d'étincelles naquirent de sa baguette, symbole du chaos qui se préparait. Oui… elle et Hermione se connaissaient. Pire encore, elles s'étaient déjà affrontées. Une certitude qui le fit lentement frémir au souvenir de sa nudité… Pourtant, il ne put d'avantage s'interroger. Indifférente devant lui, la Báthory sourit de ses grands airs, fière et presque insouciante. Elle était heureuse de les avoir trouvés. Pire encore, elle jubilait.
- Oh détrompez-vous, je n'ai aucune rancœur à votre égard ! Elias était trop méfiant… sa mort n'est une surprise pour personne. Mais je dois dire que c'est un honneur de pouvoir enfin vous rencontrer.
Visiblement intriguée, elle détailla son allure et étudia ses traits. Comme si elle jaugeait sa valeur, ses pas résonnèrent autour d'eux, semblable au gong sacrificiel de la chambre du Conseil. Un son lent, répétitif et constant, qui hérissa sa méfiance autant qu'il galvanisa la haine battante de sa protégée.
- Voldemort… souffla-t-elle fascinée. Le sorcier qui a trompé la mort. Je ne sais pas pourquoi mais je vous imaginais bien plus laid.
Enragée, Hermione sentit ses mains trembler à mesure que sa haine grandissait.
- Je vois aujourd'hui que m'étais trompée... mais ce n'est pas vous que je suis venue chercher.
Cette sale garce n'en avait pas eu assez ! Non, c'était évident ! Elle était insatiable ! Une véritable pute du Moyen-Âge ! Et elle allait la tuer… oh oui… elle allait le payer ! Plus que les sirènes, Harry, Ron ou Elias, cette vermine allait regretter jusqu'à sa dernière seconde d'éternité.
- Quoi que vous voulez, vous mourrez. Dit-il froidement.
- Ouh… un sorcier prêt à se battre pour sa propriété ! S'exclama-t-elle brusquement.
Plus elle parlait, plus Voldemort sentit sa magie s'agiter. Le double sens de ses mots, l'excitation de son regard, le frisson de sa poitrine… elle n'était pas là pour se battre, mais pour se réjouir. Et elle n'était pas là pour eux, mais pour elle. Hermione.
- Je comprends mieux pourquoi tu luttais autant. Lui dit-elle subitement. Qui ne voudrait pas d'un Maître aussi… puissant.
Prête à la frapper de plus de feux que l'enfer ne pouvaient en compter, la jeune femme sentit sa fureur la faire frissonner. Plus grande qu'elle n'en avait jamais connu, elle la dévora de l'intérieur, la consumant à même le cœur devant les vestiges de ce que fut sa plus grande terreur.
- Mais je suis prête à tenter ma chance ! Le jeu n'en sera que plus intéressant… et la récompense plus attrayante.
- Vous êtes malade… cracha-t-il entre ses dents.
Mais la Báthory ne l'entendit pas. Le regard ancré sur sa proie, ses lèvres frémirent et son sourire s'agrandit. Un éclat qu'Hermione sentit annihiler les restes de sa lucidité... Elle allait la tuer. Elle allait la tuer. Elle allait la tuer.
- Qu'en penses-tu mon trésor ? Demanda-t-elle dans un sourire. Un combat à la loyale en échange de ton corps ?
- Je vais te tuer.
- Et je vais adorer te voir essayer…
Et le chaos régna.
Helloooo ! Comme vous le voyez, l'étau se resserre. La Báthory est de retour et Hermione est prête à en découdre... comment cela va-t-il se finir ? Pour le savoir continuez de lire ;)
