A cet instant précis, nul ne sut dire quel sorcier engagea les hostilités. Etait-ce Hermione, enragée par celle qui avait bafouée son honneur ? Ou Voldemort, terrassé par sa fureur ? Devant le chaos naissant de leurs haines, le Destin lui-même ne chercha pas à le savoir. Jetés avec hargne, le sanctuaire millénaire vit une centaine de sorts cingler son obscurité, réduisant son silence mortuaire à un miasme d'échos et de cris enragés. Empreints de magie noire, ils sifflèrent entre les rochers et résonnèrent dans le craquement irrégulier des murs assiégés, fissurant les voûtes et les pavés gravés. Ebranlée sous plus d'assauts qu'elle ne put en compter, la montagne elle-même sembla s'animer dans un hurlement étouffé, triste victime du combat qui s'orchestrait. Et pourtant… ni la baguette de sureau et la haine d'Hermione ne parvinrent à la toucher. Zigzagant entre les ombres, la Báthory esquiva chacun de leurs sorts avec agilité, ses crocs frémissant d'un rire moqueur et amusé. Mais aucun d'eux ne put l'entendre... Assourdis par le chaos hurlant de milles explosions, les sorciers s'acharnèrent, en sueur et hors d'haleine. Ignorant risques et conséquences, leurs maléfices percutèrent les fontaines et dévastèrent les allées, laissant d'imposants blocs de roche s'écraser à leurs pieds. Plus qu'un combat, c'était un véritable carnage... Mais Hermione n'en vit rien. Aveuglée, sa magie jaillissait en rafale, plus noire et destructrice qu'elle ne l'avait jamais été.

Elle allait la tuer.
Elle allait la tuer !

- Hermione !

Enragée, elle n'entendit pas son Maître hurler et laissa sa baguette vrombir entre ses mains crispées. Elle allait y arriver ! Elle allait la tuer ! Quitte à détruire jusqu'au dernier rocher de cette montagne hantée, elle réussirait à se venger ! Plus qu'une simple question de fierté, son honneur de femme en dépendait ! Oui… elle lui ferait payer son vice, ses envies et ses fantasmes… elle la laisserait brûler vive pour la perversité de son audace ! Mais ce démon était rapide et ses sens affutés. Survolant le sol et courant aux murs, la vampire échappa à chacune de ses attaques, ne laissant que roche brisée et débris brûlés tomber sur les pavés. Mais rien n'aurait pu convaincre la jeune femme d'arrêter. Transcendée, Hermione usa de toutes les magies qu'elle connaissait. Noire, Divine, Ancestrale ou informulée, elle ravagea le sanctuaire de milles et une ténèbres, horrifiant Voldemort qui ne sut bientôt plus où regarder. Acculé contre un rebord de cavité, il ne réussit même plus à riposter et observa son Initiée d'un air effaré. Sa raison l'avait quitté… en sueur, elle ne sembla pas même respirer au lancé de son énième sort et hurla telle une possédée. Il pouvait le voir dans l'éclat de son regard endiablé, quelque chose s'était brisé… sa conscience ou sa lucidité ? Il ne le sut pas mais en frémit d'horreur. Plus qu'une transe, c'était un véritable combat d'obsession qui se jouait devant lui. Une lutte étrange, portée sous le sigle du vice et de la vengeance, qui ne tarda pas à faire trembler les murs dans un dédale de fissure. Ses sorts étaient trop puissants… et l'édifice trop fragile. Une évidence devant laquelle la Báthory sembla sourire.

- Hermione ! Arrête ! S'écria-t-il.

Non… jamais ! Jamais elle ne s'arrêterait ! Jamais elle n'abandonnerait ! Aussi, elle ne vit rien des crevasses montant jusqu'aux plafonds et s'élança à toutes jambes dans les allées. N'écoutant que sa haine, sa magie résonna entre les ombres, galvanisant le rire de sa Némésis. Toutes griffes dehors, la Báthory s'esclaffa à chaque esquive et alla même jusqu'à sautiller devant sa course effrénée. Qu'il était jouissif d'être chassée par sa proie… qu'il était bon de la voir espérer ! Mais face à sa détermination, la vampire sentit son cœur s'emballer. Et dire qu'elle avait bêtement penser pouvoir la posséder… quelle erreur. Quel gâchis ! Elle le voyait désormais, Hermione n'était pas une simple vierge au corps parfait. Non, elle… elle était passionnée. Une véritable déesse de destruction, un diamant brut de tentation ! Exaltée entre deux sauts, l'onde de sa magie la fit frissonner, ravivant son désir qu'elle sentit l'enfiévrer. Oui… cette vierge était tout ce dont elle avait toujours rêvé. Une femme digne, forte et déterminée dont la puissance n'avait d'égale que la cruauté ! Et elle pouvait la gagner. Mieux encore, elle pouvait la garder à ses côtés...

- Cours mon trésor ! Cours ! Scanda-t-elle.

Et c'est ce qu'elle fit. Plus rapide qu'elle ne l'avait jamais été, Hermione bondit entre les rochers et frappa les pavées de son pas enragé. L'œil fixé sur son ombre vacillante, elle s'acharna sans jamais s'arrêter, répandant chaos et destruction entre les allées. Mais la vampire hurlait de rire et son souffle s'épuisait. Elle ne pourrait pas la rattraper… trop rapide pour ses jambes de sorcière outrée, aucune haine, aucune magie, aucune prière ne pourrait la concurrencer ! A moins que… oui… Par Merlin, oui ! C'était ça ! S'arrêtant un cours instant, Hermione déglutit sous la folie de son idée et rassembla ses pensées. Elle était peut-être trop rapide pour être touchée, mais elle pouvait la diminuer.

- Hermione !

Sursautant au cri de son Maître, la jeune femme entendit son pas se rapprocher. Non… elle ne pouvait pas l'écouter ! Elle devait se concentrer ! Elle devait y arriver ! Le souffle court, elle leva sa baguette et laissa une nouvelle magie l'imprégner. Instable, elle la sentit naître dans le creux de ses entrailles avant de violement frissonner. Par tous les Dieux… c'était de la folie. Une véritable hérésie ! Mais elle n'avait pas le choix. Jamais elle ne pourrait atteindre cet insecte volant ! Non, il lui fallait quelque chose de plus puissant ! Quelque chose de plus grand… Alors peu lui importait les risques ou la décence ! Peu lui importait d'être traitée de monstre ! Son nom était déjà inscrit dans le sang des océans…

- Hermione ! Non !

Hors d'haleine, son Maître accourut dans un cri désespéré. Les voûtes étaient fragilisées et le sanctuaire sur le point de s'écrouler… un sort de plus et c'est toute la montagne qui s'effondrerait. Il devait l'arrêter ! Il devait la raisonner ! Mais alors qu'il débouchait dans son allée, un véritable char d'assaut sembla le percuter. Jetée sur lui à vive allure, la Báthory le projeta violement contre un rocher, laissant l'écho de sa chute raisonner dans son cri enragé. Une image qui suffit à embraser toute la cruauté de son Initiée…

- Mienne…

Souriant devant elle, Hermione vit ses lèvres se retrousser et ses yeux scintiller…

- Tu seras mienne !

Non. Elle se trompait… jamais elle ne l'aurait. Jamais elle ne s'inclinerait ! Et jamais plus elle ne la toucherait… Frémissant sous la magie interdite qui brûlait ses veines, la sorcière sentit son souffle se couper à mesure que son corps commença peu à peu à l'éviter. Auréolé par plus de ténèbres qu'on n'en eut jamais vu, les murs tremblèrent sous cet étau de magie ancienne et ses paupières balbutièrent. Par Merlin… jamais elle n'avait connu pareille puissance. Jamais elle n'avait commis par audace. Mais l'incantation était achevée et le Destin s'agenouillait.

- Tu n'as pas besoin de lutter mon trésor ! Hurla-t-elle subitement. Je peux nous offrir l'Eternité !

L'éternité ? Avec elle ?! Par tous les Saints… qui le voudrait ?!

- Rejoins moi… Quitte ce misérable sorcier et choisie moi !

La choisir… elle… à la place de son Maître ? De l'Homme qui lui avait tout donné ? Elle s'en serait probablement étouffer si la force de sa magie ne l'avait pas pétrifié.

- Me tuer ne te sauvera pas de moi… siffla-t-elle alors. Je serais toujours là !

- Je n'ai pas besoin de te tuer. Tonna-t-elle brusquement.

Non… elle ne ferait pas un tel cadeau. Mais elle lui ferait payer ; car ce soir Hermione le jura solennellement. Plus personne ne la défierait. Plus personne ne l'humilierait. Oui… elle serait ce que tous redoutaient. Elle serait cette Déesse Rouge dépourvue de pitié ! Elle serait le dernier visage qui verrait la Báthory hurler ! Aussi, elle jubila sans même s'en cacher et frémit dans l'incandescence de sa puissance. Il était temps de venger les milles et unes vierges qu'elle avait violé. Il était temps que le monde goutte enfin à la cruauté d'une femme bafouée !

- Aucun sort ne suffira à m'arrêter ! S'écria la vampire transcendée.

Sonné sous l'écho de son cri, Voldemort se releva des gravas dans un vertige stupéfait. Cette magie… cette aura… il la connaissait. Pire encore il l'avait déjà pratiqué. Aussi, son souffle se coupa devant son Initiée. Non… elle ne pouvait pas faire ça. Elle allait se tuer ! Elle allait tous les tuer !

- Où que tu ailles, je te retrouverais. Continua-t-elle. Quoi que tu fasses, je te posséderais ! Et tu seras mienne… à jamais et pour l'éternité, tu seras mienne !

Tel fut le dernier vœu de la Comtesse Báthory.
Eblouie devant ce halo toujours plus grand, Voldemort s'écria.
Mais il était trop tard… et la magie œuvra.


Confuse, Hermione s'éveilla dans un sursaut engourdi. Le souffle court, sa tête vibra violement sous l'effervescence résiduelle de sa magie et son corps frémit sous la douleur de ses membres endoloris. Immobile de longues secondes, son esprit s'anima lentement malgré sa nausée, ravivant ses pensées alors entremêlées. Elle… elle s'était évanouie. Mais quand ? Et pourquoi ?! Essoufflée, elle sentit son raisonnement s'étioler et grimaça sous la brulure de ses plaies. Esquintée de toute part, elle se vit allongée sur un reste de gravats et déglutit devant ses bandages ensanglantés. Par Merlin mais… qu'était-il arrivé ? Qu'avait-elle fait ?! Trouble, sa vue ne lui peignit qu'un paysage opaque et flouté, tandis que sa mémoire ne lui offrit qu'images décousues et désordonnées. Parcourue de brides informes et de cris étouffés, elle se revit face à la Báthory, transcendée par plus de magie qu'elle n'en avait jamais invoquée. Pourtant tout s'arrêtait à son sourire… comme si un voile s'était jeté sur ses souvenirs, l'obscurité la gagnait à mesure que son esprit s'épuisait, laissant une profonde inquiétude enflammer sa migraine. Incertaine, elle se redressa dans un soupir douloureux, espérant voir son Maître la guetter de son air soucieux… mais seul un profond silence habitait les lieux. Désert, le sanctuaire se dessina peu à peu sous ses yeux plissés. Pourtant et alors qu'elle fouillait l'obscurité, ce qu'elle vit suffi à presque l'assommer. Par tous les Dieux… Il ne restait rien. Tel un paysage apocalyptique, ce qui était autrefois les vestiges d'une architecture unique se révéla devant elle sous les traits d'une ruine. Jonchées de pierre et de morceaux de murs, la montagne elle-même semblait s'être affaissée sur les pavés. Désormais à terre, les voûtes s'étaient écrasées dans les allées, peignant un chaos que même ses cauchemars n'auraient pu imaginer. Ecroulées sur elles-mêmes, les centaines d'entées disparaissaient sous des amas de roches brûlée tandis que les sculptures de pierres n'affichaient plus qu'impacts de sorts et éclats brisés. Il… il ne restait rien ! Rien des fontaines, des malles ou des gravures anciennes ! Ne subsistait de leurs combats que gravas et poussière… Aussi, Hermione sentit son souffle haleter sous l'afflux de nouveaux souvenirs. Elle l'avait fait… elle avait invoqué le sort que Morgane avait inventé ; celui-là même que Merlin avait proscrit au nom de la protection du monde Magique. Oh Seigneur… Avait-il marché ? La Báthory avait-elle succombé ?! Elle l'ignora mais commença à paniquer.

Son Maître n'était pas là.

Apeurée, Hermione se redressa difficilement mais ne s'entendit pas grimacer. Assourdie par les battements frénétiques de son cœur, elle contempla les lieux dans un frisson avant de tituber lentement dans les décombres. Par Merlin… c'est elle qui avait fait ça. Envoûtée par les rires de son ennemie, sa magie s'était mêlée à sa haine, laissant naître une fureur mortelle. Incapable de la contrôler, elle avait dévasté ce que le temps lui-même n'était pas parvenu à désagréger… des millénaires d'architecture. Couchée au sol, elle enjamba restes de colonnes, statuts et gravures, l'œil perdu devant l'œuvre de sa vengeance. Pourtant et plus elle avança, plus l'urgence la gagna. Il n'était pas là… Voldemort n'était pas là ! Avait-il été touché ? Etait-il blessé ? Non, il était immortel ! Rien ne pourrait jamais le mettre à terre ! Et puis… il ne l'aurait jamais laissé de sa propre volonté. Il ne l'aurait jamais abandonné ! Mais ses appels restèrent sans réponses et la poussière silencieuse… avant qu'un cri hystérique ne jaillisse brusquement des ruines. Résonnant avec force, il ricocha entre les murs et vrilla ses tympans dans une étrange violence. C'était… de l'agonie. Mais pas celle de son Maître ou d'un homme ! Non c'était plus aigu, plus vif, plus dur… c'était le cri d'une femme. Aussi, Hermione sentit sa gorge se serrer. La Báthory…

C'était le cri de la Báthory.

Sans même s'en rendre compte, son pouls s'accéléra et ses jambes s'élancèrent d'elles-mêmes dans les décombres. Elle était en vie… la Báthory était en vie ! Par Merlin, c'était impossible ! Elle ne pouvait pas avoir survécu à ça ! Mais se cris ne tarissaient pas…. Mêlés à de profonds sanglots, sa voix s'étouffa entre les échos, guidant la jeune femme par de-là les allées encombrées. Courbaturée, sa course ne ressembla en rien à la précédente ; boitillant entre les rochers, elle gravit lentement les pans de murs couchés et grimaça sous la douleur de ses plaies. Pourtant et alors qu'elle contournait un morceau de voûte effondrée, une autre voix sembla s'élever. Plus forte et masculine, elle résonna non loin dans un miasme de déblatérations inaudibles… mais cela lui suffit. C'était lui. Cette voix grave… ce ton menaçant… ça ne pouvait être que lui !

- Arrêtez !

- Je ne reposerais ma question.

De nouveaux cris la firent frémirent... Pourtant et alors qu'elle s'épuisait dans les restes de son adrénaline, sa grimace se transforma rapidement en sourire. Ils étaient là ! Ils étaient tout proche !

- Je vous… je vous ai dit que je ne sais pas !

- Mauvaise réponse.

C'est là qu'elle les vit. Acculé sous un enchevêtrement de roches à moitiés écroulés, son Maître lui apparut enfin. Débraillé et égratigné, sa magie l'auréolait dans un rayonnement menaçant, laissant la jeune femme bouche bée dans son souffle saccadé. Merlin soit loué… son sortilège ne l'avait pas touché. Couvert de poussière, ses joues n'affichèrent que ciment parsemé et sang séché, grisant sa peau dans un étrange reflet métallisé. Saillantes, ses veines rampèrent le long de ses bras éraflés, bleus et battantes sous la haine qui semblait de nouveau l'enflammer. Une image devant laquelle n'importe quel sorcier se serait figé d'effroi, mais qu'Hermione regarda dans un soulagement qu'elle ne cacha même pas. Il était là…

- Maître !

Surpris, elle le vit sursauter dans un froncement de sourcils inquiet. Pourtant et alors qu'elle s'avançait, une ombre rampante la figea dans son élan. Faible et gémissante, elle s'agitât dans un bruit de gorge avant de ne subitement hurler à la mort. Elle était là elle aussi… la Báthory. Ligotée par d'étranges lianes ensorcelées, elle vit la vampire se tortiller sur elle-même avant de ne subitement s'étouffer dans son propre sang. Autrefois souriant et moqueur, son visage n'afficha plus que traits défigurés et figure tuméfiée. Un spectacle macabre et inédit, devant lequel Hermione se sentit frémir. Enfin… enfin elle hurlait. Mieux encore, elle s'époumonait à s'en crever un poumon, le corps tremblant de spasmes et de convulsions ! Envoûtée, elle n'osa plus bouger, comme par peur de voir son rêve se dérober sous ses pieds. Mais les murs tremblaient et ses hurlements s'intensifiaient… Impuissante sous la magie de la Baguette de Sureaux, ses cris résonnèrent dans la plus exquise des douleurs, étirant les lèvres de la sorcière dans un sourire de pur bonheur.

- Par tous les Dieux…

Déconnectée de la réalité, Hermione ne vit pas son Maître la rejoindre en deux enjambées. Pourtant et alors qu'elle haletait devant la colère vrombissante de son aura, la jeune femme se sentit soudainement sursauter sous la chaleur de ses bras. Tels deux étaux de force brute, ils la soulevèrent du sol et la plaquèrent contre son corps, ravivant ses sens engourdis par les cris de la Báthory. Elle… elle ne rêvait pas. Il ne hurlait pas. Il ne la punissait même pas ! Mais pourquoi ?! Elle se le demanda mais ne chercha pas à le savoir. Comme un réflexe, ses bras s'accrochèrent à son cou et leurs corps ne firent plus qu'un tout. Un instant étrange, brusque et hors du temps qui ne dura qu'une seconde, mais qui suffit à les étourdir sous la violence de leurs adrénalines. Tremblant sous l'écho de leurs cœurs battant, Voldemort frémit dans un profond soupir avant de se redresser. Aussi, c'est presque à contre cœur qu'il se résolu à la lâcher. Par Merlin… de toutes les potentielles Initiées il avait fallu qu'il choisisse la sorcière la plus enragée du Monde Sorcier !

- Maître, je…

Mais il ne l'écouta pas. Le regard aux aguets, il la détailla de haut en bas et à la recherche de la moindre trace de sang ou blessure compromettante. Une réaction devant laquelle Hermione rougit, avant que la voix éraillée de la Báthory ne s'élève subitement dans leurs dos.

- Hermione… Hermione détache-moi ! Détache-moi !

En sang, la vampire s'écriait entre deux jappements, le visage recouvert de bave et de poussière.

- Ignore-la. Cingla le Mage désintéressé.

- Mais…

- As-tu la moindre idée du sort que tu as jeté ?! S'exclama-t-il brusquement.

Déstabilisée devant un tel revirement, la sorcière déglutit dans un frisson.

- Je voulais seulement…

- La tuer ?! Hermione… La montagne s'est presque effondrée ! S'écria-t-il ahurit.

Oui… dit ainsi et aux vues du sanctuaire dévasté, son idée paraissait vraiment stupide. Mais qu'aurait-elle dû faire ? La laisser esquiver leurs sorts ? La regarder les narguer ? Prendre le risque de la voir revenir les hanter ?! Non… elle n'avait pas pu le tolérer.

- Je… je ne pensais pas que…

- Que des milliers de tonnes de roches s'écrouleraient ? Que nous serions piégés dans un tombeau hanté ? Ou que cette saleté de vampire survivrait ?!

- Maître, je…

- Tu ne le voulais pas ! Je sais ! S'agaça-t-il.

- C'est la vérité ! S'exclama-t-elle.

- Ça ne change rien. Cingla-t-il. Ce qui est fait est et fait, et maintenant nous sommes coincés.

Muette devant sa colère, Hermione baissa la tête et se pinça les lèvres. Elle n'avait rien voulu de tout cela… mais ne pouvait le nier. Sa haine l'avait aveuglé. Incapable de se raisonner, sa conscience s'était transformée en un chaos dévorant, détruisant tout ce vers quoi leur quête les avait menés. Et pourquoi ? Pour une vie qui ne valait rien de la sienne. Affligée, elle regarda tout autour d'elle et déglutit avec peine. Où que ses yeux allaient, les gravas s'amoncelaient et la poussière volait. Ce qui était vestige, n'était plus que ruine...

- Maître je… je suis désolé. Balbutia-t-elle. J'ai été bête et stupide et… je n'aurais jamais dû invoquer ce maléfice mais…

- Au moins un point sur lequel nous sommes d'accord ! Grimaça-t-il. Rappel moi de ne jamais plus te laisser seule avec mes ouvrages de magie Noir…

Sans rien dire, le mage se détourna dans un soupir affligé. Décidément, cette sorcière ne cesserait jamais de le tourmenter. A ce rythme, elle ne tarderait pas à mettre le monde à feu et à sang avant même que le Fléau Divin ne décime leur civilisation !

- Mais enfin, à quoi pensais-tu ?! Demanda-t-il brusquement. Merlin a proscrit ce maléfice pour une raison bien précise !

- Je sais mais…

- Non Hermione tu ne sais pas ! Explosa-t-il. La preuve, tu l'as jetée dans l'unique espoir de pouvoir la tuer, et tu as échoué !

Mal à l'aise devant la dureté de son regard, la jeune femme se sentir rougir. Oui… la Báthory était toujours en vie. Une évidence incompréhensible qui lui rongeait l'esprit. Ça n'aurait pas dû être possible. Ça n'aurait pas dû être possible !

- Je ne comprends pas, je… j'ai tout lu, tout appris ! S'exclama-t-elle. La traduction, l'incantation, la diction… tout était parfait ! Je… j'étais persuadée que ça marcherait !

Etonné, Voldemort la regarda dans un haussement de sourcil ahuri. Elle pensait que le sort avait échoué ?!

- Sais-tu seulement quels sont les effets de ce maléfice ?! Demanda-t-il inquiet.

- Transmutation du métabolisme des créatures magiques. Récita-t-elle. L'être qui en est frappé perd toute capacités surnaturelles et est ramené à son état le plus primaire.

- Et donc ?!

- Et donc Erzébet Báthory est âgée de plus de trois cent ans ! S'exclama-t-elle. Le sortilège aurait dû la priver de ses pouvoirs de vampires et la transformer en poussière !

- En poussière ?!

Débecté, Voldemort sentit son souffle se couper devant une telle absurdité. Elle ne pouvait pas être sérieuse…

- Tu veux dire que tu as jeté un maléfice vieux de plusieurs centaines d'années et proscrit par notre communauté… en te basant sur une supposition ? Dit-il d'une voix blanche.

- Sur de la logique !

- Et par quelle logique expliques-tu qu'elle soit toujours en vie ?!

- Je l'ignore ! Je… je n'étais peut-être pas assez puissante ou…

- Puissante ?! La montagne s'est presque effondrée ! Hurla-t-il à nouveau.

- L'incantation devait être erronée dans ce cas !

Ahuri, le Mage ne sut pas s'il devait rire ou pleurer. Par tous les Dieux… sa propre Initiée avait fait une erreur. Pire encore, elle ne la voyait même pas !

- Hermione… souffla-t-il une migraine au front. Que se passe-t-il quand un humain est changé en vampire ?

- Quoi ?!

- Répond !

- La nature de son métabolisme change, son âme s'imprègne de magie, ses sens s'affinent, ses instincts se développent, son vieillissement s'arrête…

- Et donc, si un vampire est ramené à son état primaire ? Demanda-t-il.

- Il redevient humain ! S'exclama-t-elle.

Le silence qui suivit sa phrase ne sembla pas l'éclaircir davantage. Pourtant, c'était évident ! Criant même ! Mais elle ne voyait rien… Aussi, Voldemort la regarda plus atterré que jamais. Par Merlin, elle était aveugle ! Sentant ses nerfs le lâcher, le sorcier déglutit et saisi sa baguette dans un grondement étouffé. Puisqu'elle l'évidence ne la frappait pas au visage, peut-être que leur otage elle-même l'y aiderait un peu.

- Impero !

Se contorsionnant sous sa magie, la Báthory s'arqua violement dans le craquement douloureux de ses membres. Les yeux exorbités, elle haleta sans trouver la force de parler, pétrifiée par la volonté du Mage qui la fit lentement se redresser.

- Regarde sa bouche. Tonna-t-il.

- Pardon ?!

- Bon sang, contente toi d'obéir !

Décontenancée, Hermione s'exécuta dans un frisson d'effroi. Contrainte, la brûlure de sa marque guida ses pieds jusqu'à elle, peignant un profond malaise sur son visage. Elle était là… si près… si vivante… Seigneur, combien de fois avait-elle prié pour ne plus jamais la regarder ? Pour ne plus jamais sentir le vice de sa proximité ? Elle l'ignora mais déglutit sous l'avidité de ses pupilles acérées. Ligaturée devant elle, la Báthory gémit à son approche et tenta de bouger… mais le sort était trop fort et son Maître trop puissant. Indifférent devant elle, il lui fit ouvrir la bouche d'un bref coup de poignet et agrippa sa mâchoire à pleine main.

- Qu'est-ce que tu vois ? Demanda-t-il.

- Heu… du sang.

- Et ?

Profondément gênée, Hermione trouva à peine la force de la regarder. Cette bouche… cette bouche l'avait embrassé, ses lèvres l'avaient effleuré, cette langue l'avait léchée... et elles étaient tout près. Comme si Samuel ne l'avait jamais sauvé, elle pouvait encore sentir son corps se presser contre le sien, faible et démunie sous l'explorations de ses mains ! Et il voulait qu'elle s'approche… qu'elle la regarde… non, c'était trop. Trop de souvenirs, trop d'horreur, trop de vice et de douleur !

- Hermione !

- Je ne sais pas ! Je… Je ne vois rien ! S'exclama-t-elle alors.

- Exactement ! Tonna-t-il brusquement.

Surprise, elle vit son Maître repousser la Báthory et se redresser dans un soupir. Mais malgré ses efforts et sa démonstrations pratique, elle ne voyait toujours pas ce qu'il voulait dire.

- Je… je ne suis pas sûr de comprendre.

- Sa bouche est vide. Dit-il durement.

- Comment ça ?

- Ses crocs Hermione ! S'exaspéra-t-il. Elle n'a plus de crocs !

De crocs ? Mais c'était impossible ! Pourtant et alors qu'elle s'apprêtait à rire, la jeune femme se sentit frémir. Oh Seigneur… il disait vrai. Elle n'avait plus crocs… ni griffes. Horrifiée, Hermione hoqueta sous la vue de ses ongles ensanglanté et recula de quelques pas. Non… ça ne se pouvait pas. Les vampires ne pouvaient pas perdre leurs crocs et leurs griffes ! C'était impossible ! Contre-nature même ! A moins que…

- Par tous les Dieux…

- Félicitation ! S'exclama son Maître dans un grimace. Tu as détruit un monument de l'histoire vampirique vieux de plusieurs millénaires pour retransformer cette misérable vermine en humaine !

Une humaine… Erzébet Báthory en humaine…

- Mais… mais comment…

- Relativité temporelle, tout ce qu'il y a de plus basique ! Claqua-t-il. Outre le folklore absurde et l'aspect sanglant de leur nature, les vampires ne sont rien d'autre que des humains figés à une époque précise de leur vie. Enlève le côté vampire et tu retrouveras l'humain.

- Mais… mais le temps aurait dû la rattraper ! Être humaine devrait la tuer !

- Paradoxe de la relativité temporelle… Grimaça-t-il.

Un paradoxe… elle s'était laissée berner par un paradoxe. Oh Seigneur… elle ne l'aurait jamais cru possible. A vrai dire, elle ne l'avait même jamais envisagé ! Morgane avait écrit ce maléfice pour lutter contre la Dynastie du Vampire Roi de l'époque, mais jamais elle n'aurait pensé qu'il se contenterait de les retransformer ! Le savait-elle seulement ? Merlin le lui avait volé avant même qu'elle ne puisse l'utiliser, certes… mais tout de même ! Ça n'avait pas le moindre sens ! Et pourtant cela ne changeait rien. Elle s'était trompée. Pire que ça même, elle s'était franchement fourvoyée ! Et à cause d'elle, ils étaient piégés. A cause de sa bêtise et de son profond manque de jugeotte, ils étaient ensevelis dans un sanctuaire abandonné…

- Oh non, je… je ne savais pas, je…

Ebranlée, Hermione sentit son souffle se couper sous le regard de son Maître. Sous le choc, sa vue se troubla dans un vertige, la forçant à devoir s'accroupir. Elle les avait condamnés… pour rien, elle les avait condamnés ! Pourtant et même si elle sembla horrifiée, la Báthory en revanche parût sur le point de s'écrouler. Toujours figée sous l'Impero de Voldemort, ses yeux s'étaient davantage écarquillés et ses mains s'étaient mises à trembler. Une réaction peu surprenante qui lui aurait presque fait pitié. Elle savait que devenir vampire était une transition par nature peu orthodoxe, aux inconvénients et tourments évidents… mais redevenir humain ? Après plus de trois siècles de puissance incontestée, de crocs, de griffes et d'éternité ? Par Merlin, elle ne parvînt même pas à l'imaginer. Malgré tout, Hermione ne réussit pas à s'émouvoir devant elle. Tout au contraire, seule sa peine réussit à apaiser un tant soit peu la sienne, lui arrachant même un sourire qu'elle sût par avance infiniment cruel. Mais peu lui importait ; car enfin, elle souffrait. Cette sale garce, ce monstre de perversité, cette erreur de la nature qui ne devrait pas même exister… souffrait ! Et elle pouvait la tuer. Oui… maintenant qu'elle était humaine, plus rien ne l'empêcherait d'achever ce qu'elle avait commencé ! Et elle n'allait pas se faire prier. Revigorée, Hermione saisit sa baguette dans un tremblement exalté, prête à restaurer son honneur bafoué ! Pourtant, elle ne parvînt pas à faire un pas. Planté face à elle, son Maître la jaugea de toute sa hauteur dans un grondement étouffé, à la fois atterré et profondément choqué par ce qu'il la voyait préparer… un regard qui à lui seul suffit à la faire reculer.

- N'y pense même pas. Dit-il sombrement.

- Elle est humaine… souffla-t-elle sans le regarder. Elle… elle est humaine !

Intrigué devant l'avidité malsaine de son regard, Voldemort la vit détailler sa proie dans la plus affamée des cruautés. Un air qui ne lui ressembla pas et qui dans sa profonde consternation, l'inquiéta.

- En effet… siffla-t-il. Grâce à toi ses heures sont comptées, mais je te prierais de calmer tes ardeurs.

- Pourquoi ?! S'exclama-t-elle. Cette femme mérite de mourir !

- Quand je l'aurais décidé.

Outrée, Hermione sentit sa mâchoire tomber à ses pieds. Quand… quand il l'aurait décidé ? Non… non, elle ne pouvait pas le supporter. C'était à elle de la tuer ! C'était à elle de décider !

- Maître… s'il vous plaît… Haleta-t-elle en sueur.

- Mais enfin, qu'est-ce que …

- Je ferais tout ce que vous voudrez ! S'écria-t-elle brusquement. Je vous le jure ! Je… je ne vous désobéirais plus, je resterais au Château et je serais la plus docile des Initiées ! Mais par pitié… par pitié laissez-moi la tuer !

Cette fois, Voldemort ne sut plus quoi dire. Elle implorait… pour la première fois en plus de dix ans de guerre et de combats acharnés, Hermione Granger implorait. Mais pas pour sauver une vie ou réclamer sa pitié, non ! Elle implorait pour pouvoir tuer... Décontenancé, il la vit s'accrocher à lui dans plus de tremblements qu'il ne put en compter. En d'autres circonstances il s'en serait probablement réjoui… que dire, il aurait exulté de voir son Initiée embraser l'obscurité ! Mais pas comme ça… pas avec la Báthory… et certainement pas dans cette frénésie.

- Hermione… souffla-t-il. Calme toi.

- Non ! Non s'il vous plaît je… je dois le faire ! Je dois la tuer !

- Il suffit !

- Non !

- Hermione ! S'écria-t-il. Tu as déjà usé d'une des magies les plus noires et fragilisé la structure même d'une montagne, uniquement pour tuer cette femme ! Je peux imaginer les raisons pour lesquelles tu veux la tuer, mais ce cirque doit cesser !

Bouleversée, Hermione sentit sa gorge se nouer sous l'étau de ses hurlements enragés. Non… non, il ne pouvait pas demander une telle chose. Il ne pouvait pas lui ordonner d'arrêter ! Elle était humaine ! Le démon de ses nuits, la vampire aux milles cris, la garce de Hongrie était humaine ! C'était… c'était sa chance ! Sa seule et unique chance de se venger ! De la faire souffrir et de lui faire payer ! Jamais plus elle n'aurait une telle occasion… mais Voldemort ne laissa transparaître aucune compassion. Profondément choqué, il serra les dents et déglutit amèrement devant elle.

- Te rends-tu seulement compte de notre situation ? Demanda-t-il du bout des lèvres.

- Je sais mais…

- Nous sommes enterrés vivant ! Hurla-t-il. Enterrés vivant dans un sanctuaire que tu as ravagé dans le seul but de la tuer ! Ta vengeance à bien failli nous achever et malgré ça… tu persistes.

- Il le faut… implora-t-elle.

- Nous avions une mission !

Ses derniers mots la figèrent plus que tous les autres. Leur mission… elle avait compromis leur mission.

- Trouver Aloff ! Explosa-t-il. Voilà ce que nous devions accomplir ! Voilà pourquoi tu es venue en Turquie !

Horrifiée, la jeune femme haleta violement avant de tituber. Oh non… Leur quête. Aloff. Les catacombes. La sphère. Elle… elle avait tout oublié. Aveuglée par sa vengeance plus rien n'avait compté, laissant ses esprits se troubler devant sa proie à tuer. Et par sa faute, ils avaient échoué... par sa faute, il ne restait rien à explorer.

- Je t'avais donné des ordres. Cingla-t-il. Des consignes !

Et elle avait tout détruit… Alors même que le sort du monde en dépendant, elle avait anéanti leurs seuls espoirs de préserver la vie. Accablée, Hermione ne trouva plus quoi dire. Il disait vrai. Elle n'avait qu'une seule mission à accomplir… mais la folie l'avait gagné. Galvanisée par sa haine, sa fierté et son honneur s'étaient condensés en un véritable poison, annihilant sa conscience et sa raison ! Et pourquoi ? Pour rien… un magnifique et incroyable néant.

- Oh non… Maître, je…

- Ne dis rien.

- Je suis désolée… hoqueta-t-elle. Sincèrement, je… j'ai laissé mon orgueil m'aveugler et…

- Ton orgueil ? Répéta-t-il du bout des lèvres. Es-tu sûr qu'il n'y a rien d'autre ?

Pétrifiée, la jeune femme le regarda sans comprendre.

- Rien… rien d'autre ?

La mâchoire serrée, Voldemort la jaugea d'un regard acéré. Un air qu'elle ne lui connaissait pas jusqu'alors et qui au-delà de tout ce qu'ils avaient enduré, la fit étrangement frissonner.

- Je t'ai dit que j'étais passé à Poudlard…

- Oui, mais…

- Je n'étais pas surpris d'apprendre que tu étais partie… mais je te laisse imaginer ma sidération devant les déclarations d'un certain Elfe de Maison.

Seigneur… il avait parlé à Arnis. Il… il avait parlé à Arnis ! Ahurit, Hermione sentit un vertige la saisir. Non… non, il ne pouvait savoir… il ne pouvait pas savoir ! C'était impossible ! Mais jamais il ne l'avait regardé ainsi… Livide devant lui, la jeune femme bafouilla brusquement dans sa panique ; une scène devant laquelle son Maître sourit avec amertume avant de jeter le contenu d'une de ses poches à terre. Roulant jusqu'à ses pieds, différentes potions et fioles vides s'étalèrent devant elle, symbole d'une vérité qu'elle n'avait pas encore avoué… et d'une culpabilité qu'elle sentit la ronger.

- Du sang de Dragon. Tonna-t-il brusquement.

- Maître je… je peux tout expliquer.

- Non, tu ne le peux pas !

- Je…

- Je peux tolérer bien des choses Hermione… en particulier venant de toi. Déclara-t-il durement. Mais ça… ça c'est intolérable.

Honteuse, la jeune femme sentit ses joues s'embraser sous la colère de son regard. Il savait… depuis le début, il savait ce qu'elle avait fait.

- Non contente de saccager ma bibliothèque, de désobéir à mes ordres, de corrompre l'honnêteté de Drago et de partir en Turquie à la recherche de vampires, tu n'as rien trouvé de mieux que de consommer l'un des six poisons proscrit par la Communauté Magique ! Explosa-t-il outré.

- Ce n'est pas ce que vous croyez !

- Ah oui ? J'ai trouvé quatre fioles dans ce sac ! Toutes vides !

- Je…

- Combien en as-tu bu ? Demanda-t-il.

Désemparée, Hermione haleta.

- Je… je ne sais plus.

- Tu ne sais plus ?! Hurla-t-il.

- Je ne les ai pas comptés, je… je voulais juste retrouver un peu d'énergie ! Se défendit-elle à bout de souffle.

- De l'énergie ?! Hermione, tu es partie en Turquie ! Tu t'en mis en tête de trouver des vampires et tu as failli détruire une montagne ! Ce n'est pas de l'énergie mais de la folie !

- Je n'arrivais plus à rien ! Explosa-t-elle à son tour. Je… je n'arrivais plus à penser, à bouger ou à étudier ! Je devais me concentrer ! Je… je devais mettre toutes les chances de mon côté !

- En t'empoisonnant ?!

- Je…

- Où te l'es-tu procuré ?

Horrifiée, Hermione sentit son souffle se couper à mesure que ses questions se resserraient. Il voulait comprendre… il voulait des réponses. Mais trouverait-elle seulement la force de les lui avouer ? De lui expliquer ce qu'elle-même ne parvenait pas à nommer ?

- Répond !

- Je… j'avais gardé quelques fioles. Avoua-t-elle à contre-cœur.

- Quoi ?!

- Un… un marchant me les a échangés après la Bataille de Poudlard. Je ne savais pas ce que c'était à l'époque, je le jure !

- Après la… après la Bataille ?! Mais pourquoi ?!

- Harry et Ron étaient au bord du suicide ! S'écria-t-elle affligée. L'Ordre était décimé, nos amis étaient enterrés et je… je ne savais plus vers quoi me tourner ! Je… je cherchais juste un remède, une potion… n'importe quoi capable de me donner un peu de force !

Affligé, Voldemort sentit ses yeux s'écarquiller sous le poids de ses aveux. Non… elle ne pouvait pas être sérieuse. C'était impossible ! Et pourtant ses mains tremblaient à mesure que sa culpabilité la trahissait. Elle l'avait fait. Alors même que la guerre venait d'être gagnée et que ses amis sombraient, elle, Hermione Granger s'était adonnée à la plus vile des supercherie… que dire, la quintessence du déni ! Elle était tombée dans le poison ; mais pas n'importe lequel non ! Le plus addictif, le plus traître et le plus violent… Elle avait bu du sang de Dragon. Aussi et face à elle, le Mage ne trouva plus les mots. Il la savait passionnée, déterminée et butée… mais certainement pas droguée.

- De la force ? Répéta-t-il sans y croire.

- Maître je…

- Quand en as-tu pris pour la dernière fois ?

- Qu… quoi ?

- Quand en as-tu pris pour la dernière fois ? A Poudlard ? Avant de partir ? Quand ?!

Plus glacé que jamais, son ton la pétrifia. Elle le décevait. Alors même qu'elle s'était évertuée être une bonne Initiée, à le rendre fier et à faire preuve de dignité… elle le décevait. Et le pire était à venir ; car elle le savait, aucune de ses réponses ne la servirait.

- Un peu… un peu avant que Samuel ne me trouve dans les bois. Dit-elle du bout des lèvres.

- Ici ? Tu… tu en as bu ici ? S'étouffa-t-il.

Il la jugeait. Plus encore, il la méprisait… une évidence qu'Hermione vit danser dans son regard comme le plus aiguisé des poignards. Et pourtant, elle l'avait fait pour lui. Alors même qu'elle était seule et abandonnée, elle n'avait toujours pensé qu'à lui ! Mais il s'en fichait… de la même manière qu'il l'avait ignoré, il écartait ses motivations d'un revers de poignet, froid et insensible à tout ce qu'elle avait déjà accompli. Une torture de plus, qui fut celle de trop… Désemparée, elle tenta de respirer mais sentit sa gorge se nouer dans un sanglot. Non… il n'avait pas le droit de la juger. Il n'avait pas le droit la mépriser après tout ce qu'elle avait enduré !

- Vous m'avez laissé seule pendant plus de sept longues semaines… sans nouvelle, ni la moindre lettre. Dit-elle d'un ton étonnement plus dur. Vous étiez parti !

- Je suis donc responsale de ta toxicomanie ?!

- Je ne voulais pas en arriver là ! Hurla-t-elle. J'ai… j'ai essayé de résister ! J'ai essayé d'être une bonne Initiée ! Mais à chaque fois que je me révélais, que j'espérais ou que je croyais avancer, le monde s'écroulait sous mes pieds !

- Hermione…

- Vous m'avez abandonné ! Pleura-t-elle. Je… je n'avais plus rien ! Plus de nom, plus de Maître, plus de raison… alors oui ! J'ai bu du sang de Dragon, et grâce à cela j'ai trouvé des réponses à nos questions. J'ai trouvé Aloff ! J'ai trouvé la sphère !

- Et où sont-ils désormais ? Siffla-t-il entre ses dents.

Blessée devant l'insinuation d'une telle déclaration, Hermione serra les poings dans un râle outré. Comment osait-il ? Elle avait tout donné, tout tenté, tout sacrifié au nom de leur quête ! Mais ça ne suffisait pas… ça ne suffirait jamais. Le souffle court, elle voulut répondre et riposter mais n'en eut pas le temps ; car alors qu'un millier de pensées s'entrechoquaient sous sa colère, la Báthory éclata de rire dans leurs dos. Libre du sort de Voldemort, elle s'égosilla et s'étouffa dans sa bave… bien entendu, elle n'avait rien manqué de leur conversation.

- Mon petit trésor est une vilaine cachotière… hoqueta-t-elle hilare. Mon petit trésor n'a rien dit à son Maître.

Elle se moquait d'eux. Elle se moquait d'elle… une évidence qui la replongea en transe. Enragée, sa magie fut plus rapide que son Maître et la frappa du doloris le plus cinglant de l'histoire. Hurlant à en perdre haleine, son corps se tortilla sur lui-même, tremblant et brisé par la puissance de sa haine.

- Hermione !

Elle méritait pire que ça… elle méritait pire que tout !

- Laissez-moi la tuer ! Laissez-moi la tuer !

Attrapée à la volée, le Mage la retint à bout de bras pour ne pas la voir l'éventrer. Désemparé, il la vit lutter dans plus de cris que la Báthory elle-même, désespérée à l'idée de ne pas pouvoir la tuer. Une scène étrange et surréaliste que personne n'aurait jamais cru voir un jour de sa vie… le jour où Voldemort empêcherait Hermione Granger de commettre un meurtre.

- Arrête !

- Je vais la tuer !

Mais alors que la situation semblait déraper, il ne suffit que d'un seul mot à la Báthory pour les figer. Un mot murmurer entre ses lèvres pincées… un mot qu'ils n'auraient jamais cru entendre dans sa bouche et qui réussit à les pétrifier ; à tel point que même Hermione cessa de lutter.

- La sphère…

- Quoi ?!

Haletante, la femme respira à grand coup quand le sort se leva ; pourtant et face à eux, elle ne parvînt qu'à déglutir d'avantage. Elle avait toujours su que les Sorciers était des êtres à l'imagination cruelle… mais ces sortilèges… cette douleur… cette insupportable feu qui se répandait dans ses veines et trompait son esprit… par tous les Dieux, elle n'avait jamais rien connu de tel. Aussi, elle cracha l'une de ses dents et grimaça sous l'amertume de son sang. Elle aurait préféré ne pas en arriver là mais devait se rendre à l'évidence. Elle était humaine… et ils voulaient la tuer. Elle ne pourrait pas se défendre ni même s'échapper ! Elle était faible ! Elle était piégée… Aussi et devant la mortalité de leurs magies, elle ne put plus contenir ses instincts de survie.

- Je… je sais où est la sphère. Siffla-t-elle à bout de souffle.

- Tu mens ! Cracha Hermione.

- Je jure que non !

- Dans ce cas parle. Tonna Voldemort menaçant.

Frissonnant à la vue de sa baguette, la femme se redressa dans une grimace. Elle avait encore une chance de survivre… et bien qu'elle doive rompre son Serment pour en parler, elle n'allait certainement pas la gâcher.


Nous y sommes ! Le temps des révélations bat son plein ! Sang de dragon, sphère... jusqu'où cela ira-t-il ? La Bathory pourra-t-elle les convaincre de la laisser en vie ? Va-t-elle se montrer utile ? Hermione arrivera-t-elle à se faire pardonner de son Maître ?

N'hésitez pas à me donner votre avis ! Tous vos messages sont adorables et pardon à tous les Guest à qui je ne peux pas répondre !

A la semaine prochaine ;)