- Que les choses soient claires. Si tu mens, tu meurs. Si tu essaies de t'échapper, tu meurs. Et si jamais j'ai le sentiment que tu cherches à profiter un tant soit peu de la situation, et bien… tu meurs.
- Et si je dis la vérité ?
Grimaçant à ses mots, Voldemort s'assit dans un soupir. Il détestait l'idée d'être réduit à écouter les déblatérations d'une ancienne vampire prête à tout pour survivre… Mais ils étaient coincés et n'avaient plus d'autre choix. Ils devaient trouver la sphère… ou des indices ; n'importe quoi capable de leur donner un peu d'espoir ! Et Elizabeth Báthory pouvait leur en donner. Elle était âgée, avait vécu avec la Dynastie, côtoyé de puissants vampires et avait même combattu avant la chute de leur empire ! Elle savait des choses, c'était évident ! Mais valaient-elles la peine d'être entendu ? Là était toute la question. Aussi, le Mage déglutit sans rien dire et regarda son Initiée. Acculée contre un rocher, Hermione peinait à contenir la haine qui la faisait trembler. Elle ne voulait pas l'écouter, la croire ou ne serait-ce que la voir respirer ! Cette femme était un démon… une menteuse hors-pair, une manipulatrice et une vipère ! Sa parole ne valait rien ! Elle ne méritait rien ! Si, une chose… mourir. Dieu qu'elle le voulait… plus que tout autre chose au monde elle voulait la tuer. La torturer lentement et vicieusement avant de l'éventrer d'un poignard acéré ! La voir se tordre de douleur et se tortiller comme le ver qu'elle était ! Mais non… son Maître en avait décidé autrement. Horrifiée, elle l'avait vu se détourner de ses mises en garde et reconsidérer leurs options. Une ignorance à peine déguisée qui l'avait laissé muette dans sa sidération. Qu'aurait-elle pu dire ? Elle avait failli à sa mission et réduit tout ce qu'ils avaient acquis à néant. Qu'il lui en veuille n'était en soit pas très surprenant ; mais qu'il veuille l'écouter, elle ? Ce monstre ? Cette saleté ambulante ?! Non… c'était au-dessus de ses forces. Au-dessus de tout. Alors elle s'était tue ; préférant s'éloigner, Hermione s'était reculée de quelques mètres, le souffle court et la nausée au bord de lèvres. Si elle n'avait plus de droit de parole ou la considération de son Maître, soit ! Elle ferait avec… mais n'était certainement pas assez bête pour écouter les mensonges de cette vipère.
- Nous reconsidérerons les termes de ta survie plus tard. Gronda-t-il.
- Mais…
- Tu n'es pas en position de négocier. Claqua-t-il durement. Alors parle.
Mal à l'aise, la Báthory déglutit avec peine. Parler… un si grand mot. Si Elias avait été là, il n'aurait probablement pas hésité à la tuer lui-même pour la faire taire. Mais les temps avaient changé ; les enjeux aussi ! Elle était la dernière du clan… la dernière en vie ! Du moins pour l'instant. Toujours à la recherche de ses crocs, sa langue nageait dans sa bouche, perdue et déstabilisée dans cet espace inhabité. Une sensation étrange qu'elle n'avait plus ressenti depuis la fin du 16e siècle…. Depuis la dernière fois qu'elle avait été humaine. Oui, elle ne pouvait plus se permettre de jouer cette fois. Et pour cause, elle avait déjà perdu la partie ! Et même si son désir de hurler et de se venger lui brûlait l'intestin tel le plus infâme des venins, elle n'avait pas le choix. Elle devait coopérer. Elle devait saisir sa chance ! Aussi et face à l'avidité de leurs regards, elle ne put s'empêcher de frémir. Hermione attendait l'autorisation de la tuer et Voldemort avait épuisé les bonnes raisons de l'en empêcher… Elle n'avait plus droit à l'erreur.
- J'ignore pourquoi vous la voulez, mais je sais une chose… tous ceux qui ont un jour tenté de s'approprier cette sphère ont échoué.
- Pourquoi ? Demanda-t-il intrigué.
- Aloff. Dit-elle du bout des lèvres.
L'effroi avec lequel elle prononça son nom les intrigua tous deux. Ils savaient qu'il avait vécu de nombreux siècles et participé à mille et une guerres. Mais cette crainte, cette retenue et cette gêne… elle n'inspirait pas du respect ou de la grandeur, mais seulement de la pure terreur.
- Tu l'as donc connu. Comprit-il.
- On peut dire ça…
- Quand était-ce ? Insista-t-il.
- Un peu avant l'invasion Italienne. Le père d'Elias l'a accueilli comme un vieil ami mais il ne parlait pas beaucoup… nous pensions qu'il était timide, ermite ou simplement trop âgé pour se mêler à de simples vampires centenaires.
- Quel âge avait-il ?
- Personne ne l'a jamais su. Certains pensaient qu'il avait plus de mille ans ; d'autres nous assuraient qu'il était présent à la naissance du Christ… mais je n'y croyais pas.
- Et que croyais-tu ? Demanda-t-il.
Silencieuse un court instant, la Báthory réfléchi à l'emploi de ses mots. Son opinion sur Aloff avait toujours été controversé, peu apprécié par sa communité et même profondément ignoré à l'heure où leur peuple se faisait décimer. Pourtant, elle ne s'était jamais trompée…
- Au début, rien du tout. Dit-elle dans un soupir. Et puis, je lui ai parlé. Il ne m'a jamais rien dit sur son âge, ses voyages ou sur la raison de son exile mais… je sais qu'il souffrait.
Curieuse, Hermione haussa un sourcil surpris et se risqua à s'avancer. De ce qu'elle avait lu, Aloff aurait vécu plusieurs millénaires, traversé les mers et combattu un nombre incalculable de guerres. Pourtant, il n'avait jamais été dépeint comme une âme torturée…
- De quoi donc ? Se risqua-t-elle à demander.
- Je ne suis pas sûr… mais je pense que la sphère que vous cherchez y est pour quelque chose.
- Comment ça ?
- Il ne s'en séparait jamais. Expliqua-t-elle agacée. Où qu'il aille et quoi qu'il fasse, il la portait autour du cou comme une espèce de talisman…
- Autour du cou ?!
- C'était une horrible chose ! Grimaça-t-elle subitement. Une boule de cristal aussi grosse qu'un poing, bleu et pleine de volutes pailleté… Une faute de goût comme je n'en avais encore jamais vu ! J'ai bien essayé de lui dire, mais il ne voulait pas m'écouter ! Non, il passait le plus clair de son temps à l'astiquer, attaquait quiconque voulait s'en approcher et je crois même l'avoir déjà entendu lui parler…
La description qu'elle leur donna leur fit échanger un regard… ils ne se trompaient pas. Aloff était bien l'homme qu'il cherchait, le vampire ayant marchandé avec l'Enfant d'une Larme Divine lui-même ! Une confirmation qui en plus d'un soulagement, galvanisa leur impatience.
- Qu'est-elle devenue ? Demanda Voldemort.
A cette question, la Báthory grimaça plus encore. De toute évidence, cette sphère était entourée de plus de mystère qu'ils ne le pensait.
- Elle ne l'a jamais quitté. Finit-elle par dire. Aujourd'hui encore elle… elle est avec lui.
- Dans son tombeau ?
Une nouvelle grimace et les sorciers s'inquiétèrent. Elle ne disait pas tout… ils pouvaient le lire dans sa gêne, quelque chose était arrivée. Quelque chose s'était passée ! Et ils n'avaient pas tort ; car alors qu'un nouveau silence régnait, la Báthory elle se remémorait.
- Tant de choses sont arrivées à cause de cette fichue sphère. Souffla-t-elle du bout des lèvres. J'avais dit à Elias de se méfier ! Je lui avais dit de s'en débarrasser mais il n'a pas voulu m'écouter…
- Qu'est-ce qui est arrivé ?
Non… elle ne voulait pas en parler. Elle ne voulait pas s'en souvenir ou y penser ! Mais leurs magies vacillaient et l'étau se resserrait. Elle n'avait pas le choix. Aussi, elle se redressa du mieux qu'elle put malgré les lianes et soupira avec force. Bon Dieu, ce qu'elle détestait réveiller les morts…
- C'était en juillet 1688. Dit-elle sombrement. Nous luttions contre les italiens depuis déjà cinq longs mois et comme vous le savez… nous perdions. Ils étaient plus nombreux, plus rapides et surtout bien mieux nourris que nous l'étions. Ils nous avaient piégé dans les tunnels et la majorité d'entre nous commençait déjà à se dessécher. Nos forces s'amenuisaient dangereusement alors… il a fallu prendre une décision. Elias voulait se rendre, mais je n'étais pas d'accord…
- Pourquoi ?
- Les Italiens nous massacraient… Rendre les armes n'aurait servi à rien ! Ils nous auraient tué ! Cracha-t-elle avec hargne. Je n'avais même pas cent ans à l'époque… j'étais jeune et j'avais peur.
- Et Aloff ?
- Il était… impassible. Rien ne semblait jamais le surprendre. Déclara-t-elle. Au début je le prenais pour un lâche mais j'avais tort. Il a refusé de fuir et de capituler, et a décidé de se battre à nos côtés.
- Pourquoi ne l'avait-il pas déjà fait ? Demanda Voldemort.
- La peur.
- Des italiens ?
- Non… de lui-même.
Confus, les sorciers la regardèrent se perdre dans le vide et déglutir en silence. Elle n'était plus avec eux… non elle était ailleurs, quelque part entre ses souvenirs et ses cauchemars. Un entre-deux étrange, qui laissa sa voix s'élever d'elle-même dans le sanctuaire.
- Il nous a dit de partir. Souffla-t-elle. De fuir tant que ne le pouvions encore et de ne jamais revenir. Beaucoup ont obéi mais… je n'ai pas pu m'y résoudre.
- Pourquoi ? C'était ton idée après tout.
- Cela vous surprendra peut-être mais j'ai eu des… remords.
- Pardon ? S'étouffa Hermione.
- J'étais jeune ! Se défendit-elle. Et profondément idiote, je le reconnais… Mais voir Aloff affronter à lui seul les troupes Italiennes… ça m'a fait de la peine. Nous étions tous convaincu qu'il allait mourir ! Elias aussi d'ailleurs ! Alors nous… nous nous sommes cachés dans un ancien tunnel afin de pouvoir l'aider en cas de problème.
Confus, Voldemort esquiva un sourire incrédule.
- Vous vous êtes cachés ? Répéta-t-il sans y croire. Alors qu'il s'apprêtait à défendre votre Dynastie, vous ne l'avez même pas accompagné au front ?!
- J'ai dit que j'avais eu des remords, pas que je voulais me faire tuer à sa place. Cingla-t-elle amère. Et puis… avec le recul je pense qu'il s'agissait d'avantage de curiosité. Nous savions qu'il était étrange et secret mais… jamais nous n'aurions pu imaginer ce qu'il allait faire.
Un frisson secoua ses lianes et ses souvenirs s'intensifièrent. Elle pouvait presque encore le voir dans les ombres… il était là tout près, vivace et hurlant dans les recoins de sa conscience. Elle était la dernière à pouvoir en parler… la dernière à avoir vu ce qu'il avait fait… et pourtant, que n'aurait-elle pas donné pour ne jamais avoir à le raconter ?
- Il était changé. Continua-t-elle d'une voix blanche. Je ne sais pas ce que c'était mais son regard, ses crocs, ses griffes… tout était différent. On aurait dit une sorte de monstre… un être à part, une véritable machine à tuer sans retenue ni pitié. Elias m'a dit que c'était l'effet du temps ; que les vampires les plus anciens subissaient une sorte de transformation. Je n'y ai jamais cru mais… Aloff n'était pas comme nous.
- Et que s'est-il passé ? Demanda Voldemort de plus en plus inquiet.
- Les Italiens nous encerclaient. Ils étaient partout ! Mais ça ne l'a pas arrêté… aujourd'hui encore, je n'arrive pas à comprendre comment il a fait.
Des morts… tellement de morts… elle n'avait vu que cela. Qu'ils soient éventrés, décapités, mutilés ou simplement empalés, ils s'étaient amoncelés les uns sur les autres, encombrant les couloirs et bouchant les allées de leurs yeux exorbités. Des images… des souvenirs… des cauchemars qui la firent frémirent.
- Je ne l'aurais jamais cru si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux… continua-t-elle. Toutes les forces Italiennes se sont jetées sur lui… soit un totale de dix escadrons, chacun composé d'une centaine de vampire. Des soldats entraînés, armés, des tueurs nés ! Mais Aloff… Aloff était invincible.
- Il… il les a tués ?!
- Tous jusqu'au dernier…
- Mais c'était impossible !
- Je l'ai cru moi aussi… mais ses blessures cicatrisaient en quelques minutes, le manque de sang ne l'affaiblissait pas, sa force était décuplée… Sincèrement je n'avais rien vu rien de tel. Il a assassiné plus de vampire en une semaine que pendant toute la durée de cette guerre.
Choqués, les sorciers la regardèrent sans y croire. Aloff… un vampire d'exception ?! Mais comment ?!
- Mais les Italiens ont gagné ! Rétorqua Hermione sceptique.
- C'est vrai… mais pas comme le racontent les livres d'histoire.
- Comment dans ce cas ? S'impatienta le Mage.
- Elias. Cracha-t-elle. Les pouvoirs d'Aloff l'ont… effrayé. Il a commencé à craindre pour son trône et est vite tombé dans la paranoïa. J'ai bien tenté de le raisonner mais il n'a pas voulu m'écouter. A ses yeux, une telle puissance ne pouvait être qu'une menace. Alors il est allé trouver les Italiens et… et a fait un pacte avec eux.
- Un pacte ?
- Aloff avait tué les trois quarts de leur armée ! Ils avaient peur alors Elias en a profité pour leur proposer un marché : La survie de la Dynastie en échange de son aide pour le vaincre.
Cette fois, Hermione ne sut plus quoi penser. Elle savait qu'Elias était un lâche sans scrupule ni remord, mais de là à pactiser avec l'ennemi de sa Dynastie ? A comploter contre le seul vampire capable de les tuer ? Dans le seul et unique but de préserver son trône ?! Par Merlin, c'était… idiot ! Pour ne pas dire complètement stupide !
- Ils ont accepté… continua-t-elle. Ça n'a pas été simple mais au bout de quelques jours Aloff s'est retrouvé encerclé. Ils ont attendu le lever du soleil et l'ont attaqué de tous les côtés, plus armés qu'ils ne l'avaient jamais été. C'était… un véritable carnage.
- Et ça marché ?
- Pas au début. Aloff était… par tous les Sangs, aucun mot ne pourrait le décrire. Souffla-t-elle. Ses crocs avaient poussé, ses griffes s'étaient déformées et même ses yeux avaient changé de formes. Il ne ressemblait plus à un vampire mais à une bête... Une créature assoiffée de sang, un monstre comme le monde n'en a jamais porté ! J'ai sincèrement cru qu'il allait gagner.
- Mais il a été tué…
Tué… un mot si simple. Pourtant et face à la brutalité de ses souvenirs, la Báthory ne put se résoudre à l'utiliser. Non, Aloff n'avait pas été tué. Il avait été tué mis en pièce.
- D'une certaine manière… Déglutit-elle. Après plus de six jours et six nuits de combats acharnés, Aloff a commencé à faiblir. C'est là que le Roi Italien, Marcello Von Bassito a réussi à prendre l'avantage et l'a fait empaler. Trois lances ont perforé son cœur, et sept autres son abdomen. Ses griffes ont été coupé, ses crocs arrachés et ses yeux crevés. Mais même après ça… il n'était pas mort.
- Pas mort ?!
- Non… Aucun pieu, aucune lame, aucune lance ne parvenait à le tuer ; et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé. Les italiens ont donc tenté de le brûler. Ça a duré des jours… je m'en souviens encore, ses hurlements résonnaient dans toute la montagne mais jamais il n'a succombé au feu ou au soleil. Il était indestructible…
- Seigneur…
- C'était de l'agonie à l'état pur. Dit-elle dans un frisson. Mais plus le temps passait plus ses blessures guérissaient. Les Italiens ont donc commencé à s'interroger ; ils redoutaient le jour il retrouverait assez de force et tenterait de s'échapper ! Ils redoutaient le jour où il chercherait à se venger ! Alors ils… ils ont décidé de l'emmurer.
Ce dernier mot la laissa étrangement silencieuse, prostrée dans le souvenir de ses derniers cris. Elle était là quand ils l'avaient enchaîné et traîné jusqu'aux caveaux. Elle était là quand ils l'avaient démembré et tailladé jusqu'à ce qu'il ne reste de lui qu'un buste hurlant… elle était là à chaque instant.
- Tout ceci est aussi macabre que je l'imaginais, mais cela ne nous dit toujours pas ce qui est arrivé à la sphère… Gronda Voldemort agacé.
- Les Italiens ont tenté de la lui dérober, persuadés qu'elle était la source de son pouvoir ; mais aucun d'eux n'y est jamais parvenu. Chaque fois qu'un soldat se risquait à la toucher il mourrait sur le champ, frappé par un sort qu'aucun de nous n'a jamais compris. Ils ont en donc déduit qu'elle était maudite et l'ont emmuré avec lui.
- Où ça ?!
La question à un million… Et pourtant, ils la connaissaient déjà.
- Ici.
Ahurit, les deux sorciers sentirent leurs mâchoires tomber à leurs pieds. Non… elle ne pouvait pas être sérieuse. Ici ? Aloff était emmuré… ici ?! Dans ce sanctuaire ?! Horrifiée, Hermione regarda les restes de voûtes écroulées au sol et sentit son souffle se couper. Par tous les Dieux…
- Non ! C'est impossible ! Réagit-t-elle paniquée. Elias nous a avoué l'avoir emmuré dans les catacombes.
Profondément amusée, la Báthory gloussa doucement devant elle. Ce que les sorciers pouvaient-être naïfs…
- Pauvre trésor… vous y êtes.
- Pardon ?! Mais ça…
- Ça ne ressemble pas à des catacombes ? Bon sang mais que croyez-vous ?! S'indigna-t-elle. Qu'il y aurait des crânes et des rats ? Nous sommes des vampires, pas des barbares !
Un grand silence suivit sa déclaration, seulement ponctué des grimaces ahuries d'un Voldemort franchement sceptique.
- Dit celle qui se baignait dans le sang de vierges… Fit-il remarquer.
- Oui eh bien… je ne suis pas parfaite. Concéda-t-elle.
- Pas parfaite ?!
- Toujours est-il que nous avons des rites funéraires très stricte ! S'agaça-t-elle. En particulier pour les vampires que nous considérons comme potentiellement dangereux pour notre espèce…
- Et donc ?
- La légende raconte que cette montagne est ensorcelée.
Cette fois, la Mage ne sut même plus quoi en penser. Des catacombes aux allures de Sanctuaire ? Une Montagne ensorcelée ? A croire que le destin lui-même voulait les voir renoncer…
- J'ignore si c'est vrai mais je sais que la roche qui la compose est loin d'être ordinaire ! Insista-t-elle. Quand l'un de nos frères doit être emmuré, on creuse une cavité et l'y dépose face contre terre. C'est là que… que la magie des lieux entre en jeu.
- Comment ça ?
- La roche se referme d'elle-même.
- C'est impossible ! Tonna-t-il.
- Croyez-moi… ça l'est. Elias m'a lui-même emmuré pendant quelques années. Grimaça-t-elle. C'est de loin l'expérience la plus déplaisante qu'il m'a été donné de vivre !
- Ne parie pas trop vite là-dessus… Gronda Hermione.
- Je vous dis la vérité ! La montagne elle-même se referme sur nous ! Nous sommes… figés ! Ecrasés sous des tonnes de pierres, condamné à nous dessécher sans aucun moyen d'y échapper !
- Mais mise à part ça, vous n'êtes pas barbares… Railla Voldemort entre ses dents.
Affligés, les deux sorciers se regardèrent d'un air atterré. Elle semblait dire la vérité, certes… mais une montagne vivante ? Un rituel d'emmurement magique ? Des années de dessèchement sous le poids de la roche ?! Qui voudrait y croire ?! Cela dépassait de loin le folklore ou la fantaisie ! C'était… C'était tout bonnement impossible ! Et quand bien même, il s'agissait d'une montagne ! D'une montagne ! Ils auraient senti l'énergie résiduelle d'une telle magie à plusieurs kilomètres de çà ! Et pourtant, un doute les fit grimacer… ils s'étaient déjà trompés par le passé. Aveuglés par leurs certitudes, ils avaient parcouru les couloirs la peur au ventre mais l'esprit tranquille… jusqu'à ce que les tunnels ne se referment sur eux. Ils n'avaient pas compris comment une telle chose avait pu être possible, persuadés alors qu'il ne s'agissait que d'un mécanisme crée par les vampires. Mais peut-être avaient-ils torts ? Peut-être s'agissait-il véritablement d'un sort ayant imbibé la roche ? Théoriquement, ça n'avait aucun sens. Mais ils ne pouvaient ignorer l'évidence. Quelque chose habitait cette montagne. Qu'elle soit magique, géologique ou même ésotérique n'y changeait rien ! Ils devaient trouver Aloff… et ce même s'ils devaient le « démurer ».
- Admettons que tu dises la vérité… Comment on fait pour le libérer ?
- Quoi ?!
- Le libérer. Insista-t-il plus fort.
Etonnée, ils virent la Báthory balbutier pendant plusieurs secondes. Comme si le sens de ces mots lui échappait, elle ne sembla pas comprendre ce qu'ils cherchaient à faire… du moins, jusqu'à ce que ses yeux ne s'écarquillent d'eux-mêmes dans un frisson d'horreur.
- Vous… vous voulez le libérer ?! Mais Aloff est un monstre ! S'exclama-t-elle horrifiée. Vous… vous ne pouvez pas faire ça !
- Un monstre mort qui possède la sphère que nous cherchons.
- Mais enfin c'est…
- Nous nous passerons de ton avis. Cingla-t-il.
Résignée, la femme déglutit avec peine. Le libérer… par tous les Sang, elle n'avait jamais eu l'audace de l'imaginer ! Mais ces sorciers étaient prêts à tout tenter, allant jusqu'à ignorer tout ce qu'elle s'était évertuée à leur expliquer ! A croire qu'ils n'avaient rien écouté !
- Le sanctuaire a été détruit mais si ce que tu dis est vrai j'imagine que ce n'est pas un problème ? Demanda-t-il en pleine réflexion.
- Non… Souffla-t-elle entre ses dents. La roche se reconstruit toute seule alors ce n'est qu'une question de temps avant que tout ne redevienne comme avant.
- Au moins une bonne nouvelle… Où a-t-il été emmuré ?
Ils étaient fous… ces sorciers étaient fous !
- Dans le mur gauche de la dernière allée…. C'est là que nos anciens Rois sont inhumés.
- Pourquoi l'emmurer là-bas si vous le redoutiez ? Demanda Hermione surprise.
- Car ils ont tous juré de revenir se venger de ceux qui les ont tués… et que la roche y est la plus solide. Déglutit-t-elle.
- Bien et que doit-on faire ? S'impatienta le Mage. Y-a-t-il un sort à lancer ? Une incantation à réciter ?
- Le rituel ne va pas vous plaire… Grimaça-t-elle.
- La seule existence de ton espèce nous déplaît. Claqua-t-il amer.
Mal à l'aise, la Báthory se pinça les lèvres dans un frisson inquiet. Ils allaient vraiment le faire… ils allaient vraiment démurer Aloff. Par tous les Sang, ils n'avaient pas la moindre idée de ce qu'ils risquaient de trouver ! Elle-même n'était pas certaine que les Italiens aient vraiment réussit à le tuer ! Alors le libérer ? Au risque de le voir s'éveiller ?! Autant ouvrir la Boîte de Pandore et prier pour que Satan est pitié ! Mais rien n'aurait pu les raisonner. Elle pouvait le voir dans l'impatience de leurs regards, ils tremblaient presque de joie à l'idée de le trouver. Jamais ils n'écouteraient ses mises en gardes… et bientôt ce sanctuaire abriterait leurs cadavres.
- Un sacrifice. Dit-elle alors.
- Comme c'est original…
- Il ne s'agit pas d'égorger une chèvre ! S'indigna-t-elle. Le sang d'un ennemi doit être versé sur la roche… et au cas où vous l'auriez oublié, nous n'avons aucun Roi Italien sous la main !
Le sang d'un ennemi… ce n'était pas banal, il devait le reconnaître. Pourtant et malgré la grimace de la Báthory, Voldemort ne put s'empêcher d'esquiver un sourire. Fort heureusement pour lui, il était plus malin que cette bande vampire.
- Nul besoin d'un Roi Italien.
- Quoi ?! Mais c'est lui qui…
- Aloff n'a pas seulement été tué. Tonna-t-il. Il a été trahi.
Intriguée par son raisonnement, Hermione le vit fouiller l'un de leurs sacs dans un étrange empressement. Mais ce n'est que quand il sorti un t-shirt recouvert de sang que l'évidence la frappa.
- Oh Seigneur… Souffla-t-elle. Elias !
- Exactement ! Dit-il fièrement. Heureusement pour nous, cet imbécile à saigner comme un porc avant de perdre sa tête.
Ils avaient son sang. Ils avaient son sang !
- Vous avez tué tout le monde dans les tunnels ! S'exclama Erzébet. Comment savoir si son sang est bien sur cet habit ?!
- Grâce à une invention remarquable qu'on appelle de la magie. Cingla-t-il.
- Ça ne marchera pas…
- Et bien dans ce cas, c'est toi que l'on égorgera.
Effrayée devant le sourire ravi qu'ils lui offrirent, la Báthory se renfrogna sans rien dire. Ils allaient échouer… c'était certain ! Ces murs étaient ceux d'une montagne imprégnée d'une magie qu'ils ne connaissaient même pas ! Et ils pensaient pouvoir s'en sortir ? Réveiller un démon sans en payer le prix ?! Qu'ils essaient… Peu lui importait d'attendre de les voir échouer pour se libérer.
Elle savait déjà que des trois, elle seule survirait.
Hellooo ! Alors ? Que pensez-vous de l'histoire de notre cher Aloff ? Des idées sur la suite ? Vont-ils réussir à le libérer ? A trouver la sphère ? La suite est là pour le savoir ;)
