- C'est ici.
Oui… ça l'était. Après plus d'une heure de marche et d'escalade parmi les gravas du sanctuaire, les restes de la dernière allée se présentèrent à eux. Plus sombre et escarpée, elle semblait avoir été épargnée du sortilège qui l'avait frappé, ne laissant que quelques voûtes fissurées et statues brisées… mais les murs étaient intacts. Et Aloff aussi. Un réconfort aux premiers abords, qui commença peu à peu à les oppresser dans leurs angoisses effrénées. Le souffle court, ils s'avancèrent lentement entre les rochers, leurs baguettes prêtes à être dégainées. Pourtant et malgré le silence des lieux, aucun d'eux ne put se résoudre à quitter le sentier sur lequel ils marchaient. « C'est là que nos anciens Rois sont inhumés… » Par tous les Dieux… de toutes les histoires d'horreur, celle-ci était à n'en pas douter la pire de toute ! Des vampires emmurés… des cadavres encore vivants à moitié desséchés… des Rois bafoués ayant juré de se venger… si ça n'avait tenu qu'à eux, ils ne l'auraient pas cru ! D'ailleurs qui le voudrait ?! Mais les mots de la Báthory flottaient dangereusement dans leurs pensées, ravivant les cauchemars qu'ils tentaient vainement d'oublier. Oui… cette montagne n'était pas seulement hantée. Elle était cannibale. Parcourue d'une magie étrange qu'aucun d'eux ne parvenaient à comprendre, elle vivait autour d'eux tel un monstre en sommeil sur le point de les digérer. Une entité vivante, indépendante et consciente, dont ils arpentaient les boyaux encore pleins de son dernier festin. Aussi ils fixèrent la roche avec inquiétude, pétrifiés à l'idée d'apercevoir les restes décomposés d'un mort s'y refléter. Mais ils ne pouvaient pas abandonner… Ils avaient le sang d'Elias ! Le sang de l'ennemi ! Ils pouvaient le trouver. Ils pouvaient le démurer et récupérer la sphère qui leur manquait ! Mais à quel prix ? Car ils le savaient… l'espoir était pavé de risques… et les leurs étaient plus nombreux que leurs chances de réussite.
- Tu sais ce que tu dois faire ? Demanda Voldemort du bout des lèvres.
- Oui…
- Bien… on n'aura peut-être qu'une seule chance.
- Et… et pour elle ? Demanda-t-elle mal à l'aise. Que voulez-vous en faire ?
Jetant un bref regard à la Báthory, le Mage esquiva une grimace. Même si elle était humaine, elle n'en restait pas moins profondément cruelle… et vicieuse. Un combo qu'il ne souhaitait pas laisser traîner dans son dos ! Aussi, c'est d'un sort bien sentit qu'il l'avait pétrifié et fait flotter à leurs côtés. Une image quelque peu étrange, qu'Hermione regardait dans le tremblement nerveux de ses poings serrés.
- Laisse-moi deviner… Soupira-t-il. Tu veux la tuer ?
- Maître je…
- Restes-en au plan. Siffla-t-il.
- On ne peut pas lui faire confiance ! Insista-t-elle.
- Qui parle de confiance ?!
- Elle peut nous avoir menti ! Ou pire, elle… pourrait s'enfuir !
Agacé, le Mage soupira devant ses fabulations et serra les dents. Et dire que ses ministres le trouvaient prompt à la rancune…
- J'ai dit : restes-en au plan.
- Mais…
- Il suffit ! S'exclama-t-il plus fort. Ce sujet est clos Granger.
Assommée par l'agressivité de son regard, Hermione se mordit la langue dans un silence contraint. Il ne voulait pas l'écouter… et peut-être ne le ferait-il plus jamais ? Mais elle ne pouvait pas se résoudre à laisser tomber. La Báthory était un démon ! Pourquoi voulait-il encore la garder avec eux ?! C'était ridicule ! Mais plus ils avançaient, plus Hermione commençait à voir claire dans son jeu. Il n'avait aucun intérêt à la laisser vivre… à part un : la punir. Oui. Il voulait lui faire payer sa désobéissance et le sang de Dragon. Il voulait l'affliger du pire des châtiments et la voir côtoyer ce monstre ! Une réaction peu surprenante de sa part, elle devait le reconnaître… mais qui l'écœurait de son gout amer.
- Nous y sommes.
Silencieuse derrière lui, elle le vit s'avancer jusque devant les parois d'un mur gravé. Finement ciselée, la pierre s'incurvait dans d'étranges symboles ; mélanges de runes et de grecs anciens, ils semblaient avoir été taillés à la va-vite, laissant leurs bords rugueux se désagréger peu à peu sous la poussière. Que représentaient-ils ? Ils l'ignoraient mais n'eurent aucun doute. Un vampire avait été emmuré dessous.
- Vous… vous croyez que c'est lui ? Demanda-t-elle du bout des lèvres.
- Nous le saurons bientôt.
Saisissant son étoffe, Voldemort la regarda un court instant. Poisseux entre ses mains, son habit ne ressemblait plus qu'à un amas de lambeaux ensanglantés. Mais ça pouvait marcher… il pouvait le sentir, le sang de ses ennemis animaient déjà sa magie. Et celui d'Elias en faisait partie… Le souffle court, il leva donc sa baguette et murmura un ancien sortilège. Loin d'être compliqué, il ne lui fallut que quelques secondes avant de ne voir le tissu s'élever de lui-même dans les airs, gorgé de la magie de son Maître. En apesanteur, de fines gouttelettes commencèrent lentement à perler, plus vives et rougeoyantes que jamais. Le dernier sang de la Dynastie… Comme si elles coulaient d'une veine encore battante, leurs volutes ensanglantées dansèrent élégamment devant eux, avant de ne brusquement s'agglutiner les unes aux autres. Flottante sous leurs yeux ébahis, une masse sanglante se forma peu à peu, parcourus de reflets brunâtres aux aspects macabres. C'était… déroutant, ils ne pouvaient le nier. Mais aucun d'eux ne fut tenter de se détourner. Hypnotisés, ils la regardèrent s'élever jusqu'à ce que ses reflets ne teintent la pierre de son rouge ensorcelé et déglutirent dans un frisson. C'était le moment…
- En place. Ordonna-t-il.
Reculant de quelques pas, Hermione se positionna sans discuter et prépara son incantation. Bien entendu, ce plan relevait de la plus grande des inconsciences… mais pourquoi l'aurait-il écouté quand il pouvait simplement l'ignorer ?
- Prête ? Demanda-t-il.
Frémissant sous la force de sa magie, la jeune femme acquiesça et déglutit. Par tous les Dieux, c'était de la folie ! Pire encore, c'était du suicide ! Mais elle n'eut pas plus de temps de s'en inquiéter…. Rampant entre les symboles, le sang se déversa brusquement sur la pierre, guidé par la baguette de son Maître. Noircies à son contact, les gravures se teintèrent peu à peu sous les coulées rougeâtres, dévoilant un étrange schéma qui ne leur était jusqu'alors pas apparu. Non, pas un schéma… un nom. Son nom.
- Aloff. Souffla-t-il du bout des lèvres.
C'était lui. Il était là ! Il était là ! Et la sphère aussi…
- Vous allez vous faire tuer… chuchota la Báthory entre ses lèvres figées.
Frissonnant au simple son de sa voix, Hermione serra les dents dans un juron. A croire que même un sort d'immobilisation ne pouvait faire taire cette vipère…
- La ferme. Cingla-t-elle.
- Tu dois m'écouter…
- Je préfèrerais te couper la langue. Cracha-t-elle.
Flottant à l'horizontale, l'ancienne vampire sentit la magie des lianes se resserrer sur son corps et déglutit sous la douleur de ses membres. Pour autant, rien n'aurait pu gâcher sa joie ; non pas qu'elle était heureuse d'être redevenue humaine ! Mais elle vivait encore… une chance aux vues de sa situation et de la haine de son cher petit trésor. Aussi, elle se contorsionna du mieux qu'elle put et esquiva un sourire. Jamais encore elle n'avait assisté au réveil d'un vampire… ou dans ce cas précis, à la résurrection d'un démon.
- J'espère qu'il sait ce qu'il fait. Murmura-t-elle.
- C'est Voldemort. Il sait toujours ce qu'il fait.
Pourtant et même si Hermione le croyait, sa confiance en leur plan commençait à vaciller. Loin derrière son Maître, elle ne vit du mur qu'une tâche de sang rependue sur des symboles mal gravés ; une image peu rassurante qu'elle regarda dans l'écho assourdissant de son cœur effréné. Ça devait marcher. Il le fallait ! Alors ils attendirent. Plongés dans un étrange silence, tous patientèrent le souffle coupés, prêts à voir apparaître les restes d'un vampire à moitié éventré. Combien de temps cela dura ? Elle ne le sut pas… Mais malgré leurs espoirs et attentes, elle dût se rendre à l'évidence. Il n'y avait rien... Pas de tremblement, d'apparition ou même de petits frissonnements ! Rien ! La pierre restait intacte et Aloff toujours absent. Des instants d'angoisse et d'inquiétude, dont la Báthory remercia le ciel dans une prière de gratitude. Bon Dieu, elle ne s'était pas autant amusée depuis la fin du siècle dernier !
- Je te l'avais dit… gloussa-t-elle entre ses dents.
- Je t'ai dit de te taire.
- Oh je t'en prie trésor, ce plan était voué à l'échec et tu le sais…
Préférant ne pas répondre, Hermione hésita à s'avancer. Peut-être avait-elle raison ? Peut-être s'étaient-ils trompés ? Pourtant et alors qu'elle s'interrogeait, son Maître lui resta figé. Immobile devant elle, la grandeur de sa carrure assombrit la moitié du mur, laissant l'air vrombir sous l'ardeur de sa magie. Il ne voulait pas renoncer… mais était-ce sage ? Cette roche grouillait de vampire emmuré ! N'importe lequel d'entre eux était susceptible de s'éveiller !
- Savais-tu que certains vampires étaient dotés de dons ? Dit-elle soudainement.
- Quoi ?!
- De dons.
Mais enfin, qu'est-ce qui ne tournaient pas rond chez elle ? Ils étaient sur le point d'exhumer celui qu'elle qualifiait elle-même de « machine à tuer assoiffée de sang », et ne trouvait rien de mieux à faire qu'engager une conversation ? Avec elle ?! La sorcière qui avait juré de la tuer de mille et une façon ?! A croire que ses siècles d'errance l'avaient privé de tout bon sens…
- Arrête de parler. Grimaça-t-elle.
- Je t'assure, c'est la vérité. Continua-t-elle dans un murmure.
- C'est ridicule. S'agaça-t-elle. Les vampires n'ont pas de dons.
- Que tu crois… mais comment expliques-tu que Samuel ai pu t'attaquer en plein jour dans ce cas ?
Mal à l'aise, Hermione sentit son corps se figer. Seigneur… elle n'avait pas tort. Le Soleil était encore haut, les nuages épars et la brise tiède. Cela lui était sorti de l'esprit, certes… mais c'était vrai ! Samuel n'aurait pas dû pouvoir sortir. Il n'aurait pas dû pouvoir l'attaquer. Mais il l'avait fait… en plein jour. Samuel l'avait attaqué en plein jour !
- Mais… mais comment…
- Il avait un don. Répéta-t-elle d'un air fier. C'était sa seule qualité d'ailleurs…
- C'est impossible… le monde l'aurait su !
- Nous savons être discret quand il le faut. Grimaça-t-elle. Et puis, ce n'est pas comme si ce genre de capacités étaient très répandues. Ça n'arrive que rarement mais… il n'était pas le seul pour autant.
Elle souriait. Cette garce souriait ! Aussi, Hermione se tourna franchement devant elle et sentit son échine s'hérisser. Elle était trop heureuse pour ne pas s'en inquiéter.
- Comment ça ?! Gronda-t-elle.
- Personnellement, j'aime à croire que ma grande beauté est un véritable cadeau du ciel mais… à part charmer quelques campeuses égarées, on ne peut pas dire qu'elle m'ait été d'une grande utilité. D'autres en revanche se sont vus doter de compétences particulièrement… étonnantes. Dit-elle amusée.
- De quel genre ?
- Oh et bien… le premier que j'ai rencontré se nommait Erwin Drumberg, un nazi du temps de l'une de vos guerres. Il n'a jamais été très commode mais avait l'incroyable faculté d'hypnotiser n'importe quel humain et de les plier à sa volonté ! Un don que je lui ai toujours un peu envié d'ailleurs… Déclara-t-elle songeuse. Un autre du nom de Steven Smith était si fort qu'il pouvait soulever l'équivalent de son poids en tonnes ; tandis que Charles Delatour, un vieux français de plus de trois cents ans, était en mesure de bouger n'importe quel objet à la seule force de sa pensée !
Non… elle ne pouvait dire vrai ! Les vampires ne pouvaient être dotés de dons ! C'était… c'était impossible ! Ils n'auraient pas perdu autant de guerre et n'auraient pas été chassé par les Ministères ! Pourtant, Hermione comprit rapidement l'inutilité de ses questions. Elle ne voulait pas faire la conversation… non, c'était plus vicieux que cela. Plus dangereux même ! Aussi, elle sentit ses poings se resserrer autour de sa baguette et se pinça les lèvres.
- Que dois-je comprendre ? Demanda-t-elle inquiète.
- Rien ! S'exclama-t-elle. Seulement que certains d'entre nous ont quelques particularités…
- Et Aloff ?
Son nom la fit d'avantage sourire. Oui… la Báthory n'était pas le genre de femme à parler pour ne rien dire.
- Eh bien dans la mesure où mêmes les Italiens n'étaient pas certains de l'avoir tué… je pense qu'il serait de bon augure de se méfier. Dit-elle évasive.
- De quoi ?! S'impatienta-t-elle.
- Allons trésor… c'est un meurtrier ; une bête assoiffée de sang !
- Et son don ?
Aloff avait un don.
Aloff avait un don !
Aloff avait un don !
Elle ne l'aurait jamais évoqué sinon, c'était évident… Mais pourquoi ne lui en parler que maintenant ?! Ça n'avait aucun sens !
- Je préférerais ne pas trop en dire pour le moment… siffla-t-elle subitement.
- Tu penses vraiment être en position de négocier ?! Cracha-t-elle enragée.
- Eh bien…
- Je pourrais te tuer !
- Oh je sais ! Assura-t-elle. Ne te méprend pas mon trésor, tu es assez effrayante dans ton genre et je dois dire que ça m'excite beaucoup mais… pour être tout à fait honnête, je n'ai pas très envie de l'énerver. Et puis, de ce que je vois ton Maître en a déjà assez fait.
Confuse, Hermione ne comprit pas un traître mot de ce qu'elle chercha à lui raconter. Pourtant son sourire la figea dans un frisson d'effroi. Pétrifiée, elle sentit le silence de l'allée s'alourdir étrangement autour d'elles, laissant d'étranges échos retentir dans son dos. Il se passait quelque chose… elle pouvait le sentir jusque dans le tremblement de se os, il se passait quelque chose ! Mais quand elle se tourna vers son Maître, il était déjà trop tard. Ouvert face à eux, la roche s'est creusée sans même qu'elle ne s'en aperçoive… pourtant ce qu'elle vît dépassa de loin de tout ce qu'elle avait redouté.
Aloff.
Il était là…
Il était vivant.
Pétrifiée, Hermione le regarda sans y croire… et pourtant c'était vrai. Il était là. Il avait survécu. Alors que les Italiens l'avaient empalé, brûlé, démembré et éventré, son corps s'était régénéré au fil des années. Plus encore, il semblait avoir muté ! Comment est-ce possible ? Elle ne le sut pas mais ne chercha pas à le savoir.
- Par tous les Dieux…
Jamais elle n'avait vu ça.
- Si tu dois courir… c'est maintenant. Lui souffla la Báthory.
Mais Hermione ne trouva même pas la force de respirer. Elle n'avait pas menti… Il ne ressemblait pas un vampire. Outrageusement musclé malgré ses siècles d'assèchement, Aloff apparut acculé contre la cavité du mur, plus grand qu'un titan et couvert de haillon. Etait-il surpris ? Comprenait-il ce qu'il venait de se produire ? A juger la confusion de son regard agité, probablement pas. Pourtant, il n'en parut pas moins effrayant. Comme si Satan lui-même avait sculpté son visage, l'arrête de son nez sembla disproportionnée et son menton anormalement rallongé sous la longueur de ses crocs acérés. Telles deux billes incandescentes, ses yeux balayèrent l'allée dans un râle étouffé, laissant sa langue s'agiter dans un sifflement affamé à mesure que ses sens s'éveillaient. Oui… il n'existait aucun mot capable de décrire cette créature. Pourtant et malgré la terreur qui s'immisça dans son cœur, la jeune femme ne put le dévisager qu'un court instant. Car alors qu'une grimace horrifiée déformait ses traits, le cri de son Maître résonna avec force. Frappé d'un seul coup, son corps fut projeté dix mètres plus loin avant de s'écraser violement contre un mur adjacent. Un seul coup… qu'aucun d'eux n'avaient eu le temps de voir s'abattre. Comme si la force de la foudre s'était mêlée à la rapidité de vent, sa poigne s'était écrasée en moins d'un dixième de seconde, laissant la jeune femme hoqueter sous la violence de sa brutalité. Ce n'était pas possible…
- Maître !
Le souffle court, Voldemort roula au sol dans un gémissement et haleta violement. Tout aussi choqué qu'horrifié, sa figure rougie sous la force de sa chute et ses membres se raidirent. Par Merlin… il n'avait rien vu venir. Lui Voldemort, n'était pas parvenu à contrer son attaque ! Et pourtant, ils le comprirent tous deux… ce n'en était même pas une. Comme s'il n'avait qu'évincer un misérable insecte devant lui, son poing avait fendu l'air avec désintérêt, le faisant valser de l'autre côté de l'allée. Un constat qui plus que tous les autres, les stupéfia sur place.
- Hermione, cours ! Insista la Báthory.
Non…. Elle ne pouvait pas fuir ! Et quand bien même, elle le savait… cela n'aurait servi à rien. Ebranlée, ses instincts lui firent lever sa baguette mais ses lèvres restèrent scellées. Incapable de parler, elle vit Aloff se tourner vers elle d'un air intrigué avant de rugir dans un cri affamé. Plus brûlantes que son feu ancestral, ses pupilles semblèrent la transpercer de part en part, électrisant son âme de ses reflets macabres. Desséchée sur elle-même, elle vit sa peau craqueler sous la vigueur de ses grimaces et sursauta au tremblement de son premier pas. Elle ne pouvait pas y croire… elle ne pouvait y croire ! Il était vivant. Il était libre. Et son Maître était à terre. Par tous les Dieux, qu'avaient-ils fait ?!
- Hermione !
Elle devait réagir. Elle devait se ressaisir ! Mais ses jambes restèrent figées et ses yeux écarquillés. Comme si elle était hypnotisée, elle vit Aloff sortir lentement de sa cavité et étirer ses membres encore pétrifiés. Couvert d'éclat de pierre, ses haillons tombèrent au sol et dévoilèrent son torse. Bon sang… Il était immense… aussi grand qu'un centaure et plus balafré qu'une furie, sa peau se gondolait sous les traces de ses cicatrices. Derniers vestiges des Italiens, elles trônaient sur lui dans d'étranges couleurs, offrant un aperçu glaçant de ses dernières douleurs. Et malgré ça… malgré tout ça, il était là. Fort et plein de vie, il était prêt à attaquer ! Une certitude qui ne put que se confirmer quand la terre trembla sous ses pieds.
- Des sorciers… souffla-t-il d'une voix d'outre-tombe.
Oh non… il parlait. Non content de sortir des Enfers, ce monstre parlait ! Mais ce ne fut pas le pire. Car alors qu'elle commençait haleter, son regard tiqua sous d'étranges reflets argentés. Ses griffes. Aussi longues que des poignards elles dansèrent sous ses yeux, brillantes et aiguisées dans l'éclat de leur mortalité. Mais il y avait autre chose… quelque chose qu'elle ne perçut pas immédiatement mais qui se mit à tâcher le sol.
- Je déteste les sorciers. Cracha-t-il entre ses crocs.
Il allait la tuer. C'était évident, il allait l'éventrer. Mais alors qu'elle crut que son cœur allait s'arrêter, son Maître attaqua le premier. Frappé par un Feudeymon surpuissant, Aloff rugît violement sous l'ardeur des flammes. Un cri dont la fureur la sortie brusquement de sa torpeur. Accroupie, Hermione vit Voldemort s'élancer vers lui dans l'élan insolent de sa magie. Galvanisée par sa colère, sa baguette cracha plus de sorts noirs qu'elle ne put en compter, assiégeant le vampire qui se mit à vaciller ; mais cela ne dura qu'un instant. Noircie par le feu, Aloff se redressa en moins d'une seconde et traversa l'allée dans un cri enragé. Toutes griffes dehors, il se jeta sur Voldemort qui dû transplaner pour l'éviter. Un sort qui sembla le surprendre un court instant mais dont le Mage profita pour l'assiéger plus encore. Projeté à son tour, la montagne toute entière sembla trembler sous la violence de son impacte contre la roche. Pourtant Aloff se releva aussitôt… Comme si rien ne l'atteignait, il relança l'assaut avec férocité et offrit à ces grottes un combat que nul n'aurait pu imaginer. Voldemort et Aloff… le Sorcier Immortel et le Vampire Millénaire. Epiés par les Dieux et guettés par les Morts, le monde tout entier sembla retenir son souffle devant l'affrontement de ces deux titans. Entre sorts, esquives, chutes, cris et coups de griffes, chacun d'eux jura de se tuer entre deux hurlements enragés. Un spectacle qu'Hermione contempla d'un air horrifié.
- Bon sang femme ! Réveille-toi ! Scanda la Báthory ahuri.
Oui… elle ne pouvait resta là sans rien faire ! Elle devait agir ! Son Maître était peut-être immortel, mais Aloff était surpuissant. Un monstre d'endurance et fureur qu'une armée entière n'était pas parvenu à tuer ! Une créature des Enfers dont les pouvoirs étranges ne tarderaient pas les surpasser ! Voldemort ne pourrait pas le contenir… aussi, Hermione respira pour la première fois depuis plusieurs minutes et réfléchit à toute allure.
- Détache moi ! Hurla Erzébet paniquée.
- Tais-toi !
- Non, je… je peux t'aider ! S'il te plaît ! Détache moi !
N'écoutant que ses battements de cœurs endiablés, Hermione tenta de reprendre son incantation où elle l'avait laissé ; mais l'étau se resserraient et Aloff s'enrageait. Entouré de lianes ensorcelées, il les détruisit d'un seul coup de poignet et frappa Voldemort de ses griffes acérées. Une image devant laquelle la sorcière se sentit perdre pied. Ignorant les cris de la Báthory, ses jambes s'élancèrent d'elles-mêmes dans l'allée et sa voix s'éleva dans les cris de ses sorts. Décontenancé par son arrivée, Aloff n'eut le temps de l'éviter et hurla sous la douleur de son Sectum Sempra. S'en suivirent d'autres que la jeune femme n'entendit même pas, mais qui laissèrent assez de temps à son Maître pour se relever et renchérir à son tour. N'hésitant pas à invoquer les sortilèges de Morganes, ils déversèrent plus de magie noire qu'on n'en eut jamais vu et firent trembler la roche de leurs impacts en série. Frappé de tous les côtés, le vampire s'écrasa sur leurs Protégo et s'époumona sous l'ardeur de leurs flammes. Carbonisée, l'odeur de sa chaire brûlée emplit leurs narines et galvanisa leurs adrénalines. Ils pouvaient y arriver. A deux, ils pouvaient le vaincre !
- Hermione ! Maintenant !
Le coup final.
Se détournant du combat, Hermione s'empressa de rassembler ses pensées et de réciter les dernières syllabes de sa formule. Mais Aloff le comprit et déchaîna sa furie. Hurlant contre les flammes, il courut au cœur même du brasier et expulsa Voldemort d'un simple coup de pied. Déconcentrée, la jeune femme n'eut le temps de réagir et se retrouva brusquement étouffée. Agrippée autour de son cou, la poigne du vampire la souleva de terre et écrasa sa trachée dans un bruit de gorge. Incapable de respirer, ses yeux s'injectèrent de sang et son corps se paralysa presque instantanément. Elle ne sut pas combien de temps cela dura, mais sût seulement qu'il l'avait lâché quand le sol percuta ses pieds. Confuse, ses sens se brouillèrent et une nausée lui monta au nez. Pourtant et alors que la douleur de sa gorge lui donnait envie de hurler, Hermione ne put que s'horrifier devant ce à quoi elle assistait. Voldemort et Aloff, à mains nues. Accroché à son dos, le sorcier lui avait sauté dessus et luttait ne pas tomber sous ses ruades effrénées. Enragé, le vampire couru dans toute l'allée pour le faire lâcher prise, les projetant eux même contre les murs entre deux coups de griffes. Une scène étrange, qui résonna sous l'horreur de ses cris et l'éclat de son sang. Lacéré sous la violence de leurs impacts, le Mage hurla en sentant ses crocs se planter dans son bras, mais ne céda pas. C'était de la pure folie… mais une diversion bénite. Rassemblant le reste de ses forces, Hermione rampa jusqu'à sa baguette et pria le ciel. Elle devait y arriver. Elle devait le sauver ! Une main sur sa gorge, elle murmura du mieux qu'elle put les derniers mots qui lui manquait et sentit la magie de Morgane l'enfiévrer.
C'était le moment.
Gonflant peu à peu depuis sa poitrine, la puissance de sa magie l'auréola à mesure qu'elle s'intensifia. Transcendée, elle ne vit pas la Báthory la dévisager d'un air mortifié, ni n'entendit Aloff s'écrier. Car alors que son Maître lâchait prise, l'incantation fut achevée… et la magie put de nouveau œuvrer.
Et voilà ! Alors ? Que pensez-vous de ce combat ? Quelle incantation Hermione a-t-elle lancée ? Suffira-t-elle à l'arrêter ? N'hésitez pas à me donner vos pronostiques !
La suite la semaine prochaine ;)
