Horrifiée, Hermione ne put le croire. Ce n'était pas possible ! Il était invincible ! Et pourtant les yeux de son Maître s'étaient fermés sur son visage paniqué, la laissant seule dans le nouveau silence de son inconscience. Non… non, ça ne pouvait pas arriver. Pas ici ! Pas à lui !

- Maître ! Maître !

Elle eut beau hurler et le secouer, ses cris se perdirent dans le vide… Non, elle devait le réveiller. Elle devait le soigner ! Mais même ses sorts n'eurent aucun effet. Insensible à ses potions, sa fièvre s'accentua et ses membres se raidirent. Etait-ce de la magie ? Un maléfice ? Elle envisagea un court instant que cela puisse résulter de la sphère… mais c'était elle qui l'avait extraite. C'était elle qu'il l'avait touché et rangé dans leurs sacs ! Alors comment ?! Comment un tel phénomène pouvait se produire ?! Désespérée, elle l'allongea en position latérale de sécurité et se redressa dans son souffle effréné. Ses gestes premiers secours ne suffiraient pas le sauver… Elle devait réfléchir ! Trouver quelque chose ! N'importe quoi capable de le faire réagir ! Mais savait-elle seulement ce qui se passait ? Etait-il blessé ? Seulement inconscient ? Ou en train de mourir ? La dernière hypothèse lui donna un vertige… jusqu'à présent elle s'était toujours rassurée grâce à son immortalité… mais son état empirait. Plus pâle que la mort, ses lèvres n'étaient plus que deux lignes bleues sur sa peau de craie. Une image étrange devant laquelle la Résistance aurait festoyé, mais qui ne parvînt qu'à l'épouvanter.

- Eh bien… je ne suis pas une experte, mais il a l'air mal en point.

Se figeant à l'écho de cette voix maudite, Hermione se sentit perdre pied. La Báthory… Ne réfléchissant qu'un quart de seconde, son doloris franchit ses lèvres plus rapidement que sa baguette, laissant ses cris résonner tout autour d'elles.

- Toi…

Elle l'avait mise en garde contre Aloff. Elle l'avait mise en garde conte son don ! Ça ne pouvait pas être une coïncidence. Enragée, elle rejoint sa silhouette tremblante en deux enjambées et la saisit pas le col. Le visage en sang, la femme grimaça sous la violence de sa poigne et sembla même effrayée… mais elle s'en ficha.

- Parle ! Hurla-t-elle.

- Qu… quoi ?

- Tu sais ce qui lui arrive !

- Je…

- Endoloris !

Retombant au sol, elle se tordit sur elle-même et hurla plus encore… Des cris d'agonie dont Hermione se réjouie, mais qu'elle fit cesser dans un sursaut d'adrénaline.

- Parle ! Cracha-t-elle.

- Je ne sais pas…

- Tu mens !

- Non !

- Endo…

- Attend ! S'écria-t-elle subitement.

Horrifiée, la Báthory la regarda baisser sa baguette et se risqua à respirer… Par tous les Sang, cette sorcière semblait avoir perdu toute raison. Plus enragée que jamais, ses cheveux volaient tout autour d'elle auréolés par l'éclat flamboyant de sa haine. Elle semblait possédée… habitée par une cruauté qu'elle n'avait jusqu'alors jamais rencontré au cours de son éternité. Aussi, elle n'eut aucun doute. Si elle ne parlait pas, son cher petit trésor allait la tuer…

- Je ne… je ne sais pas ce qui se passe… mais je sais quelque… quelque chose. Haleta-t-elle.

Méfiante, Hermione se mordit la lèvre dans un grondement menaçant.

- Alors parle. Claqua-t-elle.

Paralysée, la Báthory se sentit frissonner devant les milles et un supplice qu'elle la vit imaginer et s'empressa de se redresser.

- Je… je t'ai parlé d'Aloff et… de ce qu'il avait fait…

- Parle-moi de son don. Insista-t-elle.

- Il… il ne m'en a jamais parlé…

- Alors tu ne m'es d'aucune utilité. Dit-elle froidement.

- Non ! Attend !

- Je te conseil de te presser ! Aloff est là et je pourrais tout aussi bien l'interroger à ta place !

Jetant un bref coup d'œil au corps inconscient de son vieil ami, la Báthory balbutia de surprise. Elle ne l'avait pas remarqué jusqu'alors… et pourtant ils avaient réussi à le vaincre. Tout comme elle, ils l'avaient retransformé en humain. Un retournement de situation qui ne jouait pas en sa faveur.

- Il ne t'aidera pas… mais moi aussi ! Je l'ai vu l'utiliser. Dit-elle dans une grimace. Je l'ai vu faire !

- Alors dis-moi ce qu'il se passe ! Pourquoi mon Maître est malade ?!

- Il n'est pas malade. Il… il se pétrifie.

Ahuri, Hermione ne trouva pas quoi dire. Elle ne pouvait pas être sérieuse…

- Mon Maître est immortel ! S'écria-t-elle. Il ne peut pas se pétrifier !

- Je sais que ça paraît dingue mais c'est la vérité ! Beaucoup ont sous-estimés Aloff mais il n'a jamais perdu aucun combat… majoritairement grâce à ça.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?!

- Il a ce don depuis des millénaires… c'est pour cette raison que les Italiens ont failli perdre la guerre ! Leurs soldats se pétrifiaient les uns après les autres !

- Mais comment c'est possible ?! Demanda-t-elle sans y croire.

- Il lui suffisait d'une seule griffure ou même… d'une morsure ! Je ne le comprenais pas en ce temps, mais son venin était son don ! Son venin avait la faculté de pétrifier les gens.

- Son venin… Souffla-t-elle paniquée.

- Il imbibait ses griffes et ses dents. Alors… même quand les soldats n'étaient pas mis en pièce et qu'ils rentraient de bataille, ils ne mettaient pas longtemps avant…

- Avant de quoi ?!

- Avant d'être changés en pierre.

Changés en pierre ?! Mais… c'était de la folie ! Son Maître ne pouvait pas être changé en pierre ! Et pourtant ses membres s'étaient raidis… ses gestes s'étaient ralentis et son corps alourdi. Horrifiée, la jeune femme le regarda toujours allongé et se sentit suffoquer. Elle avait vu les griffes d'Aloff briller… elle les avaient vu suinter de cette étrange mixture aux reflets argentés.

- Oh Seigneur… c'est… c'est impossible.

- Les soldats Italiens mourraient tous pétrifiés. Continua-t-elle. Les rois ont tenté de les réanimer et ont même fait appel à quelques sorciers mais… rien n'a jamais marché.

- Et pour mon Maître ?! Qu'est-ce… qu'est-ce qu'il va lui arriver ?

Mal à l'aise, la femme déglutit avec peine et serra les dents.

- Tu l'as dit toi-même. Il est immortel… et si le venin d'Aloff ne peut pas le tuer alors…

- Alors quoi ?!

- J'imagine qu'il sera comme… emmuré. Souffla-t-elle.

A ce mot, Hermione se sentit défaillir. Non… non, ça ne pouvait pas être vrai. Ça ne pouvait pas !

- Emmuré… répéta-t-elle au bord de l'effondrement. Mais… mais qu'est-ce que ça signifie ?!

- Qu'il restera à jamais pétrifié… déclara-t-elle sombrement. Figé dans son propre corps, incapable de bouger ou de respirer. Une véritable agonie dont il ne pourra jamais être libéré.

Emmuré… incapable de bouger ou de respirer… une agonie pour l'éternité… Horrifiée, la sorcière regarda tout autour d'elle dans un sanglot étouffé. Désorientée, elle sentit le monde s'ouvrir sous ses pieds et ne réussit plus à respirer. Non… ça ne pouvait pas arriver. Elle venait tout juste de le retrouver ! Ils avaient récupéré la sphère ! Ils avaient gagné ! Mais le sort s'acharnait et les Dieux riaient… cruels et moqueurs, elle pouvait presque les entendre hurler de rire devant son désespoir, heureux et fiers de leur ultime victoire. Mais dans leur hilarité, la jeune femme ne vit qu'un visage. Le seul vers qui sa haine se tourna.

- Tu le savais… siffla-t-elle brusquement.

- Qu... Quoi ?!

- Depuis le début, tu le savais !

Elle leur avait menti. Depuis le début, elle savait ce qui allait arriver ! Elle savait qu'Aloff avait la capacité de les pétrifier ! Mais elle n'avait rien dit... se contentant d'énigmes et de sourire, elle les avait laissé exhumer son corps, impatiente de les voir réveiller l'incarnation même de la Mort. Et à cause d'elle… à cause d'elle, son Maître se pétrifiait. A cause d'elle, son Maître était condamné !

- Je… je ne savais pas qu'il serait en vie ! S'écria-t-elle outrée.

Oh si… elle le savait. Enragée, son visage se tordit dans plus de haine qu'elle n'en avait jamais éprouvé, laissant celui de la Báthory se décomposer. Si elle avait voulu la tuer, cette fois Hermione en était certaine… son enfer ne faisait que commencer.

- Dis-moi comment le sauver. Claqua-t-elle froidement.

- Quoi ?!

Brusquement projeté dans les airs, le corps de la Báthory convulsa violement sous la puissance de sa magie noire. Le souffle court, elle se sentit pétrifiée par l'étau de haine qui se refermait sur elle, impuissante devant l'éclat mortel de sa baguette.

- Dis-moi comment le sauver ! Hurla-t-elle enragée.

- Je… je…

- Endoloris !

Assiégée de douleur, elle ne trouva même pas la force de hurler. Les yeux écarquillés, son visage se tordit dans un silence macabre, laissant sa langue pendre entre ses lèvres et la couvrir de bave. Mais ce n'était pas assez… ce ne serait jamais assez ! Déchaînée face à elle, Hermione la jeta au sol avec violence et ordonna aux lianes de ligoter ses membres.

- Dis-moi comment le sauver ! Répéta-t-elle.

- Je… je ne sais pas !

Non… elle refusait de le croire. Elle refusait de la laisser anéantir leurs espoirs !

- Dans ce cas dis-moi quand annuler l'effet d'un don ! Hurla-t-elle.

- C'est impossible ! S'écria-t-elle.

- Non, il… il doit y avoir un moyen !

Essoufflée, Hermione haleta malgré sa rage. Elle aurait beau la torturer, l'interroger et réduire sa carcasse à un amas de chair et de peau lacérée, cela ne changerait rien… son Maître resterait pétrifié et ses espoirs brisés. Abaissant sa baguette, elle fit les cents pas devant elle, confuse et tremblante face aux milles questions qui assiégeaient son esprit. Il fallait qu'elle trouve une réponse. Un indice, quelque chose, n'importe quoi ! Elle avait lu des centaines d'ouvrages et traduits plusieurs milliers de pages ! Elle ne pouvait pas baisser les bras ! Elle ne pouvait pas échouer ! Elle était Hermione Granger Malfoy, l'Initiée de Voldemort et la sorcière la plus brillante de sa génération… elle pouvait trouver une solution ! Silencieuse devant elle, la Báthory se redressa dans un soupir et ne trouva pas quoi dire. Elle n'avait aucune réponse à lui donner… et presque plus de cris à hurler. Pourtant et alors qu'elle aurait dû prier pour ne pas être achevée, l'ironie de la situation la fit doucement glousser. Décidément, son petit trésor était particulièrement obstiné… mais la folie l'aveuglait. Hurlant dans le vide, elle agitait sa baguette et répandait le chaos, confuse et enragée par la fatalité. Mais elle ne voyait pas sa chance ; que dire, l'incroyable opportunité qui s'offrait à elle ! Une évidence qui ne manqua pas d'élargir son sourire.

- Je dois dire que… c'est assez amusant. Siffla-t-elle entre ses dents.

- Quoi ?!

- Oh trésor…

Au bord de la crise de nerf, Hermione la regarda sans comprendre. Cette femme osait rire… alors que ses doloris résonnaient encore dans l'air, cette femme osait se moquer d'elle ! N'avait-elle donc aucun instinct de survie ?! Aucun bon sens ?!

- Tu sais, je… je dois bien avouer que je suis impressionnée. Tu es puissante, déterminée et…

- Viens en aux faits. Claqua-t-elle.

- Mais enfin, ne le vois-tu donc pas ?! Tu es libre ! Scanda-t-elle brutalement.

- Pardon ?

- Oui ! S'exclama-t-elle. Tu as la sphère et… et ton Maître ne sera bientôt plus qu'un tas de pierre ! Il ne sera peut-être pas mort mais ça revient au même ! Tu es libre de lui. Libre de ton allégeance. Libre de tout !

Ahuri, la jeune femme sentit son souffle se couper. Savait-elle seulement ce qu'elle disait ? Ce que ses propos insinuaient ?!

- Le monde n'a pas à savoir ce qui s'est passé… Continua-t-elle d'un air exalté. Tu pourrais prendre sa place, revendiquer son trône et régner ! Tu n'aurais plus à être son Initiée, son élève ou sa subordonnée ! Tu serais Reine... La Reine du Monde Sorcier !

Prendre sa place ? Revendiquer son trône ?! Cette simple idée la laissa hébétée. Elle ne savait pas de quoi elle parlait… elle ne savait ce que ses mots impliquaient ! Car même si n'importe quel autre sorcier aurait été charmé par cette proposition, Hermione ne parvînt qu'à déglutir dans un frisson. Elle avait déjà un nom qui la hantait et plus de sang sur les mains que la moitié du monde Sorcier ! Alors devenir Reine… orchestrer un coup d'état… trahir son Maître… Par Merlin, elle ne parvînt même pas à l'imaginer. Mais comment le dire à une femme telle que la Báthory ? Sa vie n'avait jamais été que meurtres, trahisons, mensonges et complots. Elle pensait peut-être que sa place la dérangeait, que son statut d'Initiée n'était qu'un stratagème ; qu'une farce dans l'espoir d'une passation de pouvoir ! Mais elle se trompait... Elle n'était pas comme tous ces mangemorts avides de pouvoirs et de reconnaissance. Elle n'était pas comme tous ces chiens en laisses prêts à quémander la première main tendue ! Non… Sa loyauté n'était pas comédie. Son allégeance n'était pas mensonge. Et son Maître n'était pas détrônable.

- Comment oses-tu parler ainsi ? Cracha-t-elle.

- Oh je t'en prie trésor… ne me fais pas croire que ton rôle de servante te satisfait !

- Je suis son Initié !

- Tu pourrais être bien plus ! Insista-t-elle.

« Bien plus… » Non. Pas à ce prix. Pas pour ça. Pas comme ça !

- Mon Maître a fait de moi ce que je suis aujourd'hui… Il m'a éduqué, protégé et sauvé !

- Mais tu l'as déçu… cingla-t-elle. Tu le sais aussi bien que moi, jamais il ne te pardonnera !

- Peu m'importe ! Hurla-t-elle. Je préférerais mourir que de le trahir !

- Ça ne change rien. Ton Maître se pétrifie à l'instant même où l'on parle ; rien ne pourra le sauver… Ni ta magie, ni ta détermination, ton dévouement ou tes maudits sorts de transmutations !

Figée face à elle, Hermione sentit son esprit s'embraser. Ses sorts de transmutations…

Ses sorts de transmutations !
Ses sorts de transmutations !

Par Merlin, c'était ça ! C'était ça ! Le souffle court, elle se tourna vers Aloff un court instant, les yeux écarquillés devant l'évidence. Son sort de transmutation l'avait rendu humain mais pas seulement ! Il a réduit son venin à son état primaire... Elle n'était pas certaine de son raisonnement mais ne put s'empêcher d'y penser. Ce don n'était pas un cadeau divin ou une faculté nouvelle ; non, c'était un héritage. La conséquence d'une vieille magie ancestrale, transmit de génération en génération. Une magie puissante et insolente, qui était restée latente avant sa transformation. Mais ce genre de pouvoirs ne disparaissait pas comme ça… ils restaient en surface. Et si tel était le cas, alors son sang en contenait toujours une trace. Un sang qu'elle venait d'imbiber de magie noire ; un sang purifié et ramené à son état originel… Ahuri, elle le regarda gésir au sol et déglutit sous la vivacité de ses pensées.

- Oh seigneur… Souffla-t-elle brusquement.

Elle n'arrivait pas à le croire… c'est osé et insensé ! Mais ses idées s'agitaient et son cœur s'emballait. Le venin d'Aloff paralysait son Maître ; elle le savait et rien ne pouvait empêcher la pétrification de s'achever. Mais si autre chose courrait dans ses veines ? Si une substance similaire mais purifiée et dénuée de toute toxicité venait le supplanter ?! Une substance imbibée de magie de transmutation ?! Le venin réagirait à son essence originelle et subirait le même sort qu'Aloff ! Sa magie redeviendrait latente et ses effets inexistants !

- Qu'y a-t-il ? S'inquiéta la Báthory devant elle.

Ça… ça pouvait marcher.

Fiévreuse sous sa migraine, Hermione regarda son Maître et frissonna. Oui… Le sang d'Aloff était la clé. Le sang d'Aloff était la clé ! Elle ne savait comment ni pourquoi, mais sentit ses certitudes la faire tanguer.

Elle pouvait le sauver.

Ne prenant pas la peine de réfléchir, Hermione se rua sur son Maître et s'empressa de le rallonger sur le dos. Elle pouvait le sauver. Elle pouvait le sauver ! Mais dû user de toute ses forces pour le soulever… Plus lourd que jamais, elle grimaça sous sa difficulté et déglutit sous la froideur de sa peau. Par tous les Dieux… la Báthory avait dit vrai. Il se changeait en pierre. Semblable à la statue d'un cadavre finement taillée, sa peau s'était durcie et ses cernes noircis. Réduit à un poids mort dénué de toute vie, ses lèvres avaient délaissé leurs teintes bleutées pour se parer de gris. Une image étrange et déstabilisante, devant laquelle la jeune femme resta figée un court instant. Seigneur… jamais elle ne l'avait vu ainsi. Immobiles, ses poings s'étaient recroquevillés sur eux-mêmes, ne laissant que la rugosité de ses veines saillantes comme seul vestige de son cœur battant. Mais elle ne devait pas se laisser tromper par les apparences. Non… son Maître était là ! Son Maître était vivant ! Et aucun venin, aucun vampire et aucun Dieu, ne pourrait surpasser sa puissance !

Déterminée, elle se redressa dans un sursaut et accourue jusqu'à Aloff. Toujours allongé au sol ses gémissements s'étaient accentués, symboles qu'il ne tarderait pas à se réveiller. Le nez en sang, ses mains s'agitaient dans les airs, confuses et désorientées après son éventrement passager… mais bien qu'elle se désolait de devoir écourter les restes de son humanité, Hermione n'éprouva pas la moindre pitié. L'assommant d'un violent coup de pied, elle regarda sa tête retomber sur le côté et s'empressa de le faire léviter. Précise dans ses gestes, elle le positionna à côté de son Maître et prépara sa baguette.

- Mais enfin qu'est-ce… qu'est-ce que tu fais ?!

Assourdie par son adrénaline, Hermione n'entendit pas la Báthory s'interroger et s'accroupit à hauteur de leurs têtes. Tremblante sous les battements de son cœur, elle remonta ses manches et observa son Maître. Pétrifiée face à elle, sa figure reposait sous la poussière, grise et tâché de sang. Une image qui dans sa détermination, lui arracha un frisson. Elle ignorait si sa théorie marcherait… à vrai dire elle ignorait tout de ce qu'elle s'apprêtait à faire ! Mais elle n'avait pas le luxe de reconsidérer ses options ou d'évaluer la moralité de ses actions. Elle pouvait le sauver. Et c'est tout ce qui importait.

- Hermione !

Bon sang… elle allait le faire.
Elle allait vraiment le faire.

Le souffle court, Hermione leva sa baguette et ouvrit lentement la bouche. Le sang d'Aloff était la clé pour le sauver, mais son Maître était pétrifié… Il ne pourrait jamais boire à la source. Aussi, elle ferma les yeux et récita l'incantation que son père lui avait mille fois interdite de prononcer : la transformation de dentition. Mal à l'aise, son cœur s'accéléra et sa migraine empira. Comme si un coup de poing la frappait en pleine mâchoire, elle grimaça dans un gémissement étouffé et sentit peu à peu ses canines pousser. Une vision qui suffit à faire taire la Báthory pour de bon.

Des dents de vampires…

Déstabilisée, Hermione les effleura de sa langue et déglutit amèrement. C'était le moment. N'hésitant qu'une seconde, elle pencha la tête d'Aloff sur le côté et respira avec force. Elle ne devait pas flancher. Elle pouvait y arriver ! Elle pouvait le sauver ! Elle le lui devait…

- Plutôt mourir que le trahir. Souffla-t-elle du bout des lèvres.

Et c'est ce qu'elle fit.

Plantés avec violence dans le cou d'Aloff, Hermione sentit ses crocs faire frémir sa peau et l'agrippa de toutes ses forces. Peu lui importait de le vider de son sang ; peu lui importait de l'arracher à la vie de la plus horrible des façons. Elle sauverait Voldemort de sa malédiction… aussi, elle laissa l'abomination de son acte s'évanouir dans ses propres frissons et se pressa contre lui avant de violement perforer sa carotide. Chaud et épais contre sa langue, le sang afflua subitement dans sa bouche ; mais son goût… Par tous les Dieux, rien n'aurait pu le décrire. C'était immonde. Mais elle était déterminée et rien n'aurait pu la convaincre d'arrêter. Ignorant sa nausée, elle en aspira plus encore et se redressa en apnée. La bouche pleine, le sang coula depuis son menton et sa vue se troubla ; mais elle n'eut pas le temps d'y penser et s'empressa d'écraser ses lèvres contre celles de son Maître. Froides et rigides sous les siennes, Hermione le remercia silencieusement de les avoir laissés entrouvertes et laissa le sang d'Aloff glisser lentement dans sa gorge. Un instant étrange qu'aucun sorcier au monde n'aurait eu l'audace d'imaginer… mais que la jeune femme se pressa de réitérer. En transe, elle se laissa gagner par l'adrénaline et ne réfléchit plus à ses gestes. Semblable à une danse macabre, son corps se pressait contre les leurs dans l'écho de son cœur battant. Luisant sous l'éclat du sang qui nappait son menton, ses crocs se teintaient et son souffle haletait. Mais elle continuait... Indifférente à l'horreur de cette fièvre, elle aspirait le sang d'Aloff jusqu'à n'en plus pouvoir, retenait sa respiration et se précipitait vers son Maître dont la figure se striait de sang. Rouges vives, de longues traînées ensanglantées coulèrent depuis ses commissures, écrasée par les lèvres d'Hermione qui ne cessait d'y revenir. Elle ignora combien de temps cela dura… quelques minutes, une heure… probablement plus. Mais elle s'en ficha. Ne prenant plus la peine de respirer, elle ignora sa nausée et s'acharna plus que jamais. Encore et encore et encore… jusqu'à son visage ne soit plus qu'une tâche de sang et que le corps d'Aloff ne s'affaiblisse fatalement. Plus pâle que jamais, les dernières couleurs de sa nouvelle humanité commencèrent à le quitter, délavant ses joues dans ses derniers tremblements. Il n'allait pas tarder à mourir… elle pouvait le sentir dans ses tressautements nerveux, il luttait pour survivre. Allant jusqu'à le plaquer au sol pour l'empêcher de bouger, sa peau se refroidissait sous la morsure de ses dents et sa veine s'amenuisait. Arrachant presque des bouts de chaires sous sa force de sussions, elle dût se résoudre à attaquer son poignet ; mais cela ne durerait pas longtemps. Une évidence qui se confirma à peine deux allers-retours plus tard, quand le cœur d'Aloff s'arrêta...

Désespérée, elle laissa son corps retomber sur le côté et transmit à son Maître sa toute dernière gorgée. Lèvres contre lèvres, elle resta figée de longues secondes dans ce dernier baiser, priant pour que ces ultimes gouttes suffisent à le sauver.

Mais malgré ça, il ne réagit pas…

Toujours pétrifié, ses yeux restèrent clos et son souffle inexistant. Une réalité qu'Hermione ne trouva pas la force d'affronter. Ecœurée par le goût du sang, ses yeux se fermèrent de douleur et son visage se tordit d'horreur. Elle ne voulait pas le regarder… elle ne voulait pas le voir à l'heure même où elle avait échoué. Accablée par la fatalité, elle laissa son front reposer contre le sien et haleta sous le poids de sa peine. Elle avait vraiment cru que ça marcherait. Elle avait vraiment cru qu'elle pourrait le sauver. Mais elle s'était trompée... et dans cet impossible espoir, elle l'avait perdu. Lui. Son Maître. Accrochée à lui, ses mains essuyèrent ses joues et descendirent jusque dans son cou. Par Merlin… son odeur ne l'avait toujours pas quitté. Malgré le venin, sa pétrification et le sang, son habituelle fragrance lui chatouilla le nez et son cœur se brisa dans l'écho de ses sanglots. Appuyée ainsi contre lui, elle aurait pu croire qu'il dormait ; qu'il ne tarderait pas à se réveiller pour la jauger de son implacable regard abyssale... que n'aurait-elle pas donner pour que ce soit vrai ? Pour le voir se relever et l'entendre la gronder d'un air consterné ? Ou simplement… pour le voir respirer ? Elle avait tout tenté. Tout essayé. Mais ses prières n'étaient qu'un leurre que les Dieux contemplaient dans un rire moqueur. Ils avaient gagné. Elle avait échoué. Et maintenant, ils étaient tous deux condamnés. Quelle ironie… elle avait vidé un ancien vampire de son sang pour sauver Voldemort ! A bien y réfléchir peut-être qu'Harry et Ron avaient raison de la traiter de folle. Mais qu'est-ce que ça changeait ? Personne ne la croirait jamais. Elle aurait beau avancer des preuves et boire du veritaserum, elle serait accusée de son meurtre et exécutée pour trahison ! Trahison… un mot qui lui donna d'avantage la nausée que le goût du sang.

- Tu ne seras jamais mienne…

Etourdie, Hermione releva la tête et regarda la Báthory. Toujours allongée, la femme la regardait profondément choquée… mais aussi étrangement peinée. Une expression qu'elle ne comprit pas mais qui sembla s'ancrer sur son visage.

- Qu… quoi ?

- Tu ne seras jamais mienne... Dit-elle d'une voix blanche. Tu... tu l'aimes.

Abasourdie, Hermione ne parvînt pas à comprendre le sens de ses mots. A vrai dire, elle ne fut même pas certaine de les avoir correctement entendus. Mais cela n'eut pas la moindre importance ; car alors que ses larmes continuaient de couler, une main vînt soudainement les essuyer. Bouleversée par la chaleur de ce contact, sa tête pivota violement et son souffle se coupa. Son regard… son implacable regard abyssal… était là. Vives et perçantes, les pupilles de son Maître la transpercèrent de part en part et son cœur s'arrêta. Elle ne rêvait pas. Sa peau s'était recolorée, ses membres recommencèrent à bouger et son visage commença même à grimacer. Il… il était là. Il était vraiment là ! Et son gémissement douloureux le lui confirma.

Seigneur… ça avait marché.

Ça avait marché !
Ça avait marché !

Essoufflée dans sa propre stupéfaction, Hermione saisi ses mains et tâta ses joues dans un tremblement nerveux… mais elle eut beau en douter, sa prière venait d'être exhaussée.

- Maître vous… vous êtes réveillé ! Pleura-t-elle. Vous êtes réveillé !

Confus, le Mage la regarda exploser en sanglot au-dessus de lui et fronça les sourcils. Il n'était pas certain de ce qu'il venait de se produire… à vrai dire, il n'y comprenait rien. Un mal l'avait saisi… plus violent et terrible que la puissance de sa magie. Sans qu'il ne puisse lutter, ses membres s'étaient paralysés et ses sens étouffés. Comme s'il tombait dans un sommeil forcé, son esprit lui-même s'était effacé, submergé par l'ardeur de sa douleur. Combien de temps cela avait-il duré ? Il l'ignora mais commença à douter. Semblable à un rêve, sa conscience ne l'avait pas entièrement quitté ; percevant quelques brides de mots et cris, sa confusion s'était peu à peu atténuée à mesure que la brûlure de ses membres s'était apaisée. Comment était-ce arrivé ? Il voulut le demander mais sa ravisa dans un frisson étonné. Bouleversée devant lui, son Initiée pleurait, le visage couvert de sang et les dents plus longues. Une image qui l'étonna presque autant que l'infâme goût de fer qui imbiba sa langue. Qu'avait-elle fait ? Il l'ignorait… Mais au-delà de cela et malgré sa migraine, sa souffrance l'avait quitté. Un soulagement semblable à une véritable renaissance… Comme si son corps reprenait vie sous lui, sa vue se stabilisa et ses membres s'animèrent d'une nouvelle adrénaline. Aussi il se redressa dans une grimace, inquiet et pleins d'interrogations, avant qu'Hermione ne lui saute subitement dans les bras. Tremblante, elle s'accrocha à son cou et pleura tout son soul dans plus de remerciements qu'il ne put en comprendre ; pourtant et malgré sa confusion, il ne chercha pas à la repousser et se surprit à l'enlacer à son tour. L'un contre l'autre, il inspira son odeur et laissa ses pleurs résonner contre son cœur. Un instant qu'il ne chercha pas à écourter et qui suffit à pleinement le réveiller…

- Vous êtes là… sanglota-t-elle en s'écartant. Vous… vous êtes vraiment là. Vous êtes réveillé !

- Il semblerait. Qu'est-ce… qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda-t-il.

Incapable de tout résumer entre deux halètements, Hermione soupira et se tut un court instant. Elle n'avait pas l'intention de lui cacher ce qu'elle avait fait… et quand bien même, le sang sur ses lèvres suffirait à lui crier la vérité. Mais pour l'heure, elle ne voulait qu'une seule chose : quitter cet endroit maudit. Partir sans se retourner, rentrer chez eux en sécurité ! Et surtout, ne plus risquer de le perdre…

- Il… il y a eu des complications. Bafouilla-t-elle. Aloff… Aloff avait un don.

- Un quoi ?!

- Je vous raconterais tout en détail, je vous le promets… mais pas ici. Insista-t-elle.

Loin de vouloir la contredire, Voldemort déglutit à mesure qu'il regardait tout autour de lui. Son Initiée était couverte de sang, Aloff gisait mort à ses côtés et à juger ses yeux exorbités, la Báthory semblait sur le point d'exploser… un dernier paysage qu'il fut soudainement pressé de quitter.

- Je suis d'accord. Souffla-t-il d'une voix rauque.


Et voilàààà... :DDDDD Ainsi s'achève leur voyage ! Bon sang, j'avais tellement hâte de vous publier ce chapitre ! XDDD Qu'en avez-vous pensé ? Que pensez-vous qu'il va se passer à leur retour à Poudlard ? Des idées ? N'hésitez pas à me donner vos avis dans les commentaires !

En tout cas, je vous remercie infiniment pour votre soutien et votre fidélité ! Je suis heureuse de partager cette aventure avec vous et j'ai hâte que vous lisiez la suite ! J'avais pensé faire une pause jusqu'à la nouvelle année, mais au final je préfère garder mon rythme ! Vous aurez donc la suite la semaine prochaine comme d'habitude ! ;)

En attendant, je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes ! Veillez sur vous et vos familles, que la santé et le bonheur vous accompagnent et que vos rêves réalisent ! Croyez en vous, souriez et soyez heureux v3

A très vite ;)