Silencieux dans ses quartiers, Voldemort laissa son regard se perdre par-delà le feu crépitant de sa cheminée. Envoûté par les braises rougeoyantes et volutes chantantes qui crépitaient dans l'antre, il fixa les flames de longs instants. Incapable de se détourner de leurs danses incandescentes, il ne sut combien de temps il resta à les regarder. D'une certaine manière, le feu l'avait toujours apaisé… mais pas ce soir. Assis dans son fauteuil depuis déjà plusieurs heures, il vit les restes de sa bouteille de Whisky Pur feu gésir à ses pieds tel le cadavre d'un soldat tombé au combat. Une vision toute aussi éloquente qu'abstraite, qui lui arracha un soupir épuisé. Même l'alcool n'était pas parvenu à l'embrumer. Par Merlin…

Neuf jours qu'il l'avait consigné.

Neuf jours qu'il ne l'avait pas vu.

Neuf jours de pur et intolérable torture…

Bon sang… cette fille allait finir par lui faire la peau. Il avait bien tenté de se distraire, de se changer les idées et de reprendre leurs recherches. Mais il avait beau tout tenter, son esprit restait éteint. Comme s'il nageait en pleine obscurité, ses pensées restaient brouillées, floues et vides de sens. Pourquoi ? Il se l'était demandé. Mais là encore, une seule réponse lui venait en tête : Hermione. Il avait cru que la punir l'apaiserait. Il avait cru que la savoir enfermée le réconforterait. Mais plus le temps passait, plus l'évidence le frappait. Il s'était trompé… Comment était-ce possible ? Il l'ignorait. Et pourtant, les faits étaient là : même hors d'état de nuire, confinée dans sa chambre sans correspondance ni visite, cette chère petit Gryffondor réussissait à le rendre fou. Non pas qu'il regrettait son choix ! Elle avait dépassé les bornes… elle était allée trop loin ! Pour preuve, il lui avait fallu pas moins de trois jours et trois nuits, ainsi que l'aide de plus de quinze elfes de maison pour réhabiliter sa bibliothèque. Et encore, les trois quarts de ses meubles resteraient à jamais mutilés par les marques hystériques de sa folie ! Pour ce qui était du reste eh bien… il préférait ne pas y penser. Son départ de Croatie à l'heure même où les Centaure les défiaient n'avait fait qu'empirer leurs conflits, le Ministère de Turquie avait ouvert une enquête suite à de foudroyantes ondes magiques en provenance des montagnes et pour couronner le tout, la Résistance avait été aperçue en Europe de l'Est afin de s'allier aux créatures magiques dissidentes… à croire que leur civilisation serait éteinte avant même l'arrivée du fléau divin. Pour autant et malgré le nouveau chaos général de sa politique internationale, rien ne parvenait à le détourner de son seul et unique centre de pensées. Hermione. Encore et toujours, Hermione ! Par Merlin, pourquoi fallait-il que ce soit toujours Hermione ?! Il en avait assez ! Assez de s'inquiéter, assez de psychoter, assez de ressasser toujours les mêmes idées ! Mais même quand elle n'était pas dans ses pieds, cette maudite sorcière réussissait à l'obséder… une véritable malédiction qui ne cessait de le tourmenter.

Mais il le savait… même si la punir lui avait plus coûté qu'il ne l'avait envisagé, il avait pris la bonne décision. Après ce qui était arrivé, il avait besoin de temps pour réfléchir ; de temps pour rassembler ses esprits. Son comportement, son départ pour la Turquie, son kidnapping, la Báthory, les catacombes, Aloff, le sang de Dragon… c'était trop. Trop d'erreurs, trop de bavures, trop d'insubordinations, trop de folies ! Certes, elle avait réussi à trouver la sphère… et oui, elle l'avait sauvé d'une éternité de pétrification. Mais elle avait failli y rester. ILS avaient failli y rester. Et il aurait dû passer l'éponge ? Il aurait dû lui pardonner ?! La féliciter ?! Une sphère n'effaçait rien des risques qu'elle avait pris. Une sphère n'effaçait rien des folies qu'elle avait commises ! Les Centaures leurs déclaraient la guerre, la Turquie s'interrogeait, les Américains les épiaient et Potter jubilait ! Tout ceci n'arrivait pas par hasard ! Tout ceci était de son fait ! Si elle n'était pas partie, si elle ne lui avait pas désobéie… Par les Dieux, avec des « si » il pourrait refaire le monde. Mais aucune magie ne pourrait défaire ce qui avait été fait. Et aucune bouteille de whisky ne pourrait la sortir de ses pensées…

Epuisée, le Mage passa une main fatiguée sur sa figure et déglutit avec amertume. Bon sang, que n'aurait-il pas donné pour plonger dans un coma magique. Et pour cause, depuis qu'il était rentré le sommeil l'avait quitté, ne lui offrant que des nuits blanches seulement parsemées de cauchemars délavés. Telle une rengaine, leurs péripéties se rejouaient dans son esprit, plus violentes et sanglantes que jamais : la Dynastie qu'il avait exterminée, les catacombes qu'ils avaient profanées, Aloff qu'ils avaient réveillé, la Báthory qu'ils avaient… dans ce cas précis, mieux valait oublier ce qu'ils lui avaient fait. Mais tout ceci le hantait ! Non pas à cause de regrets, d'angoisses ou de craintes, mais d'aberration… Oui, c'était le mot ! Il était aberré, atterré, halluciné par tout ce qu'ils avaient fait ! Ou du moins, par tout ce qu'Hermione avait fait... et cela impliquait sa propre survie. Il ne lui avait pas dit, mais sa conscience ne l'avait pas entièrement quitté pendant son bref instant de pétrification. Sur le moment, il ne voyait ni n'entendait rien, mais après son réveil… après que les effets de la magie de transmutation aient agit sur le venin… ça lui était revenu. Au début, ce n'était que des brides ; des éclats de voix, des flashs lumineux. Mais petit à petit les blancs s'étaient comblés, les sons s'étaient étoffés et ces étranges instants qu'elle lui avait brièvement raconté s'étaient alors précisés. Elle l'avait bel et bien sauvé ce jour-là, mais pas seulement ; elle avait choisi de le faire… non pas par devoir ou par crainte des conséquences. Non. Elle avait choisi de le sauver par ce qu'elle le voulait.

« Plutôt mourir que le trahir. »

Il avait entendu ses mots alors qu'elle s'apprêtait à vider Aloff de son sang. Il avait senti sa détermination alors qu'elle écrasait ses lèvres contre les siennes. Il avait perçu son désespoir alors qu'elle pleurait contre son front… Oui. Il se souvenait de tout cela. Il se souvenait de la chaleur de sa peau, de la force de sa poigne, du goût du sang sur ses lèvres et de la dévotion de ses prières. Jamais personne n'avait fait cela par le passé... jamais personne n'avait si désespérément tenté de le sauver. Et pour cause ! Qui le voudrait ?! Il était Voldemort, un Seigneur des Ténèbres, un meurtrier de masse ! Que dire, un monstre né ! Un état de fait qu'il avait toujours revendiqué et qui l'avait mené aux sommets… mais malgré ça, elle l'avait fait. Elle l'avait sauvé. Alors que tout aurait dû la convaincre de renoncer et que ses propres convictions auraient dû l'empêcher d'agir, elle avait repoussé les limites du possible. Elle avait vidé un homme de son sang. Elle lui fait boire depuis ses propres lèvres ! Et elle avait réussi. Le souvenir de son sourire le frappait encore à cet instant ; transportée de joie malgré le sang qui barrait son visage, elle avait souri comme pour la première fois de sa vie et l'avait enserré de ses bras tremblants. Un bref moment dont l'étrange intensité le gardait éveillé à l'heure où le sommeil le fuyait…

Par tous les Dieux… il perdait la tête. Elle avait désobéi à ses ordres et risqué leurs vies ! Il ne pouvait pas se laisser attendrir sous prétexte qu'elle lui avait sauvé la vie… et puis, elle n'avait fait que son devoir. Elle était son Initiée après tout ! Une autre conduite de sa part aurait été déplacée ! Sans parler des répercutions que cela aurait engendré ! Oui… ce n'était que ça : son devoir allié à une profonde loyauté. Rien de plus. Et c'est comme cela qu'il devait penser à elle : à une brillante élève extrêmement douée, profondément exaspérante et prête à tout pour accomplir leur mission. Sa punition était méritée et rien ne devait lui en faire douter ! Ce n'était pas pour lui qu'il le faisait mais pour elle ! Elle était trop jeune pour le comprendre, mais finirait par voir les bénéfices de sa démarche. Il fallait qu'elle comprenne ses erreurs ; qu'elle comprenne les conséquences de ses actes ! Et puis, elle était enfermée dans sa chambre sous haute surveillance… rien ne pouvait lui arriver.


- Hermione ! Hermione ! Reste avec nous !

- Qu'est-ce que se passe ?!

- Je ne sais pas !

Des échos. Des cris. Des voix. Son Maître ? Narcissa ?

- Ron recule ! Laisse la respirer ! Il lui faut de l'air !

- Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle a ?!

Ron ?! Etait-elle morte ? Ou sous la coupe de ses cauchemars ? Non… non c'était plus que ça.

- On ne peut pas laisser dans cet état !

Harry. C'était la voix de Harry… ou du moins, son souvenir.

- Il lui faut un médicomage ! Insista-t-il.

- Un médicomage ?! On est au beau milieu de nulle part ! Hurla Ron dépité.

Ils paniquaient… mais pourquoi ? Que s'était-il passé ce jour-là ? Elle eut beau chercher, Hermione ne parvînt pas à ordonner ses pensées. Confuse, elle tenta d'ouvrir les yeux, de parler ou de ne serait-ce que de bouger, mais son corps semblait paralysé. Plus lourd que jamais, elle ne parvînt même pas à trouver la force de se réveiller. Où était-elle ? Dans son lit, à trembler sous le regard impatient de la faucheuse ? Allongée dans ses toilettes, à rendre tripes et boyaux entre deux inconsciences ? Bon sang… elle n'en savait rien. Flottant dans sa douleur, elle n'arriva même pas à sentir la douceur brûlante de ses draps. Car elle n'en doutait pas ; où qu'elle soit, Harry et Ron n'étaient pas là.

- Bon sang fermez-là tous les deux !

Ginny. Par Merlin, cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas entendu…

- Elle est en train de mourir ! Paniqua son frère.

- Arrête de hurler ! Il me faut du calme si je veux pouvoir l'ausculter !

L'ausculter ? Cette phrase aurait pu la faire rire… et pour cause, après la guerre Ginny avait dû se reconvertir. Le Quidditch n'étant pas indispensable à leur survie, elle avait tenté de se former elle-même à la médicomagie. Une vocation noble et indispensable après leur débâcle de la Bataille Finale, qui lui avait permis de sauver bon nombre de leurs amis, mais que la jeune rousse avait toujours détesté pratiquer. Toujours en manque de matériel et de médicaments, elle passait des heures à préparer ses propres onguents et potions. Une activité longue et fastidieuse qui loin de la réjouir, lui prenait tout son temps. Mais malgré ses soupirs à répétition et grondements mécontents, elle était douée… et précieuse. Un atout de taille à leurs yeux.

- Tu sais ce qu'elle a ?! Demanda Ron horrifié.

- Non… Grimaça-t-elle. Mais son état empire.

- Oh bon sang…

Sa chère Ginny… de tous c'était bien la seule qui lui manquait véritablement. Mais le devoir l'avait appelé elle aussi, et elle avait dû partir. A quand cela remontait ? Deux ans ? Plus ? Hermione ne savait plus. Elle avait quitté l'Angleterre avec Bill, Fleur et Percy, afin de recruter un groupe de résistants quelques part à en Europe de l'Est. Un départ déchirant, des aurevoirs effroyables… mais un allé-simple dont elle n'était encore jamais rentrée.

- Faîte neiger ! S'écria-t-elle subitement.

- Quoi ?!

- Sa fièvre continue de monter ! Il faut qu'on la refroidisse avant que son cœur ne lâche alors obéissez !

Elle en avait presque oublié son caractère de feu. Par Merlin, cela faisait si longtemps qu'elles ne s'étaient plus vues toutes les deux. Que devenait-elle ? Où était-elle ? Savait-elle seulement ce que Ron et Harry lui avaient fait ? A quel point leur relation s'était dégradée ? Probablement pas… Comme tous les autres, elle avait dû apprendre sa trahison via les journaux. Et comme tous les autres, elle devait regretter le jour où elle l'avait sauvé.

- Harry, donne-moi cette fiole !

- Qu'est-ce que c'est ?!

- Je l'ignore mais c'est la dernière chose qu'elle a ingurgité avant de s'écrouler !

Une fiole ? S'écrouler ? Elle ne se souvenait pas de cela. Et pourtant, quelque chose lui semblait familier. Non pas leur peur ou leurs voix, mais son mal...

- Elle n'a rien mangé depuis deux jours… je crois même l'avoir vu vomir.

- Et personne ne m'a averti ?! Se scandalisa-t-elle.

- Elle m'a assuré qu'elle allait bien !

- Bande d'imbécile ! Il s'agit d'Hermione ! Bien sûr qu'elle vous a dit qu'elle allait bien !

Les voix hurlaient, plus fortes et assourdissantes que jamais… mais son esprit lui s'engourdissait. Lentement, elle se sentait sombrer dans une étrange obscurité, alourdissant ses membres déjà paralysés par le mal qui la rongeait. Un mal condensé dans la fiole que Ginny avait ramassée. Un mal qui l'avait fait vomir, avant de la laisser gésir inconsciente et fiévreuse sur le sol devant leur campement. Oui… elle s'en souvenait maintenant. Du moins, en partie. Jusqu'alors, elle n'avait entendu que le récit de ses amis et les cris de Ginny. Mais elle ne pouvait plus le nier… ce souvenir existait. Latent et silencieux, il s'était caché entre deux pensées, n'offrant à son esprit que bribes et images déformées. Mais elle le voyait désormais… plus encore, elle l'entendait aussi clairement que s'il se déroulait au-dessus d'elle ! Et même si elle semblait incapable de le croire aujourd'hui, ses amis avaient véritablement tenté de la sauver.

- Portez-la à l'intérieur ! Maintenant !

Les bras de Ron…
Le regard inquiet d'Harry…
Les mains rassurantes de Ginny…

- Allez ! Reste avec nous ! Reste avec nous !

En ce temps, ils n'avaient pas encore trouvé le grimoire de Merlin ni même la prophétie. Leurs espoirs étaient morts, la majorité de leurs amis aussi et Harry et Ron sombraient lentement dans la dépression... Une époque sombre et peu reluisante, qu'elle avait vainement tenté de pallier à travers ses fioles de sang de dragon. Mais malgré cela, ils étaient amis… et ils étaient ensemble. Oui, à cet instant Hermione n'eut aucun doute. Aucun manque ne pourrait jamais égaler la douleur que ce souvenir insuffla dans son cœur. La douleur de voir ses amis, à un temps où ce mot avait encore un sens. La douleur de les sentir à ses côtés, quand elle dépérissait. Et la douleur de savoir que ce souvenir appartenait à un passé oublié…


- Hermione ?

Un autre souvenir… une autre torture.

- Hermione !

Non, elle ne voulait pas ouvrir les yeux. Elle ne voulait pas voir le visage de ses anciens amis. Elle ne voulait pas les voir tenter de la sauver de ses crises passées... Cette époque n'existait plus. Ce temps était révolu ! Mais son esprit s'agitait, plus confus et désorienté qu'il ne l'avait jamais été. Son corps avait recommencé à trembler… elle pouvait le sentir, ses convulsions la sortaient peu à peu de l'obscurité. Mais elle ne voulait pas se réveiller. Elle ne voulait pas être confrontée à la réalité qu'elle tentait vainement de quitter !

- Hermione !

Pourquoi insistait-il ? Pourquoi son esprit la torturait-il ?! N'avait-elle dont pas assez souffert ? Aux vues de ce qu'elle avait fait, probablement pas… peut-être était-ce cela que l'on appelait « karma » ? Une pénitence divine. Une sentence orchestrée par le destin lui-même dans le seul but de lui faire payer ses crimes. En un sens, ça ne manquait pas de logique. Pourquoi l'épargner quand elle avait répandu le chaos ? Pourquoi l'épargner quand elle avait profané le monde magique de sa cruauté ? Pourquoi l'épargner quand elle était devenue tout ce qu'elle avait toujours détesté ?

- Hermione !

Cette voix se rapprochait. Cette voix l'appelait ! Cette voix s'inquiétait ! Pendant un instant, elle pria pour ce que soit celle de son Maître. Pendant un instant, elle espéra ne pas être seule dans sa chambre à l'halluciner entre deux frissons. Mais quand se risqua à y croire… quand elle se risqua à ouvrir les yeux… elle ne vit que ce qu'elle avait redouté.

- Mon pauvre trésor…

Horrifiée, la jeune femme ne trouva pas la force de parler et se redressa dans un spasme réflexe. Non… non ce n'était pas possible. Ça ne se pouvait pas !

- On se réveille…

Non ! Non, elle ne voulait pas l'entendre. Mais leurs regards s'étaient croisés et son souffle s'était coupé. Une fois encore elle s'était trompée. Aucun repos ne lui serait accordé.

- Qu'est… qu'est-ce que… bafouilla-t-elle du bout des lèvres.

Sa vue était trouble et sa gorge en feu, mais l'évidence de son horreur la frappa plus violement encore. Elle ne pouvait pas se tromper. Ce visage… cet infâme et insupportable visage… elle l'avait trop maudit pour ne pas frémir devant lui. Elle l'avait trop maudit pour ne pas le reconnaître entre ses cils battants et sa fièvre grandissante ! Non. Non, ce n'était pas possible. Ce n'était pas réel ! Elle le savait ! Ce n'était qu'une nouvelle folie inventée par son esprit ! Qu'un mirage cruel destiné à la torturer ! Ce visage était mort ! Mort et enterré sous la poussière, rongé par les vers quelques part au fond d'une crevasse ! Mais la voir ici… si près… et si vivante… Par Merlin, elle ne pouvait le supporter. Aussi, une profonde terreur la saisit, galvanisée par tous les souvenirs qu'elle tentait vainement de refouler. Prise d'adrénaline, son corps s'embrasa et lui fit saisir sa baguette. Acculée contre sa barrière de lit, elle tenta de rassembler ses esprits, de rester forte et de ne pas se laisser submerger par tout ce que ce démon représentait. Mais la fièvre l'affaiblissait et son état empirait ; une vérité qui lui fit amèrement grincer des dents. Mais elle… ne bougea pas. Impassible, elle la regarda se recroqueviller sans rien dire, l'œil franc et le sourire cinglant. Une image gravée au fer blanc dans sa mémoire, qu'elle ne put s'empêcher de détailler sans y croire.

- Vous… souffla-t-elle horrifiée.

- Oh trésor… tu ne pensais quand même pas que je te laisserais me quitter sans me battre ?

La Báthory… la Báthory ! Non… Ce n'était pas possible ! Elle devait se réveiller. Elle devait se ressaisir ! Elle n'était pas là. Cette femme, cette vipère, ce monstre n'était pas là ! C'était impossible ! Ce n'était qu'un mirage ! Une hallucination ! Un mensonge ! Une énième fabulation dû aux effets du manque ! Et pourtant, elle semblait si réelle… si présente… qu'elle put presque sentir le tranchant cruel de ses dents. Identique à son souvenir, sa pâleur n'avait d'égal que l'avidité de son regard. Impeccablement coiffée et apprêtée, les plis de sa robe de soie verte tombaient élégamment tout autour d'elle, laissant apparaître la naissance de sa poitrine frémissant d'excitation ; une image identique à celle de leur première rencontre et qui pourtant semblait remonter à un autre temps…

- Qu'est… qu'est-ce que vous me voulez ? Siffla-elle entre ses dents.

- Oh je t'en prie… nous savons toutes deux pourquoi je suis là.

Soupirant face à elle, la Vampire s'assit sur le rebord de son lit et la regarda trembler avec indifférence. Un rapprochement qui ne parvînt qu'à la pétrifier davantage. Bon sang… elle semblait si réelle… si réelle ! Mais elle ne l'était pas. Elle ne l'était pas ! Il fallait qu'elle se réveille ! Il fallait qu'elle se réveille !

- Vous n'êtes qu'une… qu'une hallucination. Dit-elle du bout des lèvres. Vous n'êtes pas là ! Vous… vous êtes morte !

- Je sais. Soupira-t-elle. D'une manière passablement cruelle je dois le reconnaître… Quel gâchis. J'étais dans la fleur de l'âge.

- Allez-vous en !

Franchement amusée, la Báthory esquiva un sourire et la détailla un court instant. Amaigrie, pâle et striée de cernes noirs, son visage grimaçait à mesure que son souffle haletait. Visiblement en souffrance, tout son corps tremblait sous une fine couche de sueur, laissant son front ruisseler entre deux convulsions réflexes. Un état dangereux, à la cause malheureuse…

- Désolé, mais… ça ne me semble pas faisable. Grimaça-t-elle.

- Qu'est-ce que vous me voulez ?!

- La vraie question serait « qu'est-ce que tu veux ? » Sourit-elle. De toute évidence, je ne suis que le fruit de ton imagination et de ta crise de manque, mais reconnaît que c'est amusant ! Toi et moi… dans une chambre… c'est plus que ce que j'ai espéré de mon vivant !

Le sous-entendu de ses paroles lui donna la nausée, ravivant la haine de son cœur et l'horreur de leur rencontre passée. Par tous les Dieux, c'était de la folie… de la pure et incandescente folie !

- Ce n'est pas possible… Je suis en train de perdre la tête ! Souffla-t-elle dépassée. Il faut… il faut que je me réveille, vous… vous êtes morte !

- Tu l'as déjà dit trésor…

- La ferme ! Hurla-t-elle. Vous êtes morte ! Vous êtes morte ! Ce n'est qu'un cauchemar… oui, un cauchemar ! Il faut que je me réveille ! Il faut que je me réveille !

- Mais tu es réveillé.

- Alors disparaissez !

Résonnant avec force après son cri, le tonnerre cinglant d'un doloris s'abattit contre son mur. Un doloris lancé avec rage… un doloris destinée à la faire taire et ramper au sol. Mais un doloris qui ne la fit même pas frémir. Aussi, un lourd silence s'abattit entre elles, seulement ponctué par son souffle haché. Seigneur… c'était vrai ; elle perdait réellement la tête. La Báthory était morte. Morte ! Ne restait d'elle que des restes pourrissant au cœur des catacombes ! Des restes qu'elle voyait encore dans les méandres de ses souvenirs… Ou n'avait-elle fait que les imaginer ? Comme un rêve lointain que l'on prie de voir se réaliser ? Non. Non ! Non ! Non ! Elle ne pouvait pas commencer à douter ! La Báthory était morte ! Morte ! Morte ! Morte ! Morte ! Elle l'avait tué… elle l'avait vu s'évanouir entre les bras de la faucheuse, elle avait vu l'étincelle de vie s'éteindre dans ses yeux ! Mieux encore, elle avait entendu ses derniers cris, son désespoir et ses pleurs d'agonie ! Elle avait vu ses membres se ramollir, ses paupières balbutier et son sang couler ! Oui… elle était belle et bien morte ce jour-là. Une délivrance que rien ni personne ne pourrait jamais lui enlever, mais que sa folie naissante commençait déjà à aliéner… Pour preuve, elle lui avait jeté un sort aussi violement que si elle avait été avec elle à l'instant même. Aussi, Hermione n'eut plus de doute. Sa réalité se confondait avec les mirages de son esprit torturé. Tout ce qu'elle croyait savoir s'écroulait. Et pendant ce temps, ce monstre souriait. Désemparée, la jeune femme passa une main sur son visage et tenta de se concentrer. Par Merlin, il fallait qu'elle se ressaisisse ! Qu'elle résiste ! Mais elle avait si froid… et souffrait tellement. Recroquevillé sur lui-même son corps frissonnait à mesure que ses jointures se bleutaient. Oui… elle aurait beau lutter, elle se sentait perdre pied. Sa réalité, ses croyances, ses souvenirs, ses cauchemars… tout se brouillait, ne laissant qu'un miasme de pensées désordonnées la submerger.

- Tu n'as pas perdu ton mordant. Sourit-t-elle. Mais j'avoue que… je suis un peu surprise. Dit-elle subitement.

- Quoi ?!

- Eh bien… de toutes les personnes que tu aurais pu invoquer en de tels instants, je suis celle que tu as choisi. Dit-elle d'un air songeur. Moi… Erzébet Báthory. Je suis flattée.

Flattée ? Flattée ?! Cette femme avait tenté de la violer et se sentait flattée d'être en mesure de la hanter ?! A croire que même la projection imaginaire de son vice n'avait aucune limite…

- Alors ! De quoi veux-tu parler ? Demanda-t-elle.

- Je préférais m'arracher la langue que de discuter avec vous. Cracha-t-elle.

- Un supplice intéressant… mais que je déconseille vivement ! Déclara-t-elle.

- C'est ridicule…

- Pas autant que tes dernières décisions, il me semble. Dit-elle amusée. Je sais que je suis loin d'être une experte en matière de leçon de morales mais… aux vues de ton état, je ne pense pas me tromper en affirmant que replonger dans ton addiction était une erreur.

Une erreur… et encore, le mot était faible.

- J'avais remarqué. Cracha-t-elle entre ses dents.

- C'est vrai regarde-toi ! S'exclama-t-elle. Pâle, maigre, tremblante… tu ressembles à une enfant rachitique qu'on aurait ramassé dans la rue un soir de décembre.

- Je vois que vos métaphores sont aussi dérangeantes que votre personnalité…

- Sérieusement Hermione… je sais que vous autres sorciers êtes une espèce naturellement dépourvue de bon sens, mais pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?! S'agaça-t-elle.

- Pourquoi avoir replongé ? Insista-t-elle. Il me semble que tu as déjà traversé cette épreuve par le passé alors pourquoi recommencer ? Pourquoi décevoir ton Maître ? Pourquoi mettre ta vie en danger ?

Pourquoi recommencer ?! Non… non, elle ne voulait pas en parler. Et certainement pas avec elle…

- Ça ne vous regarde pas.

- Et pourtant je suis là.

- Vous n'êtes pas réelle ! Hurla-t-elle à nouveau.

- Une fois encore, tu te répètes mon trésor. Rit-elle doucement. Alors épargne-nous ta crise existentielle, ton état fait assez peine à voir...

Un nouveau doloris crié à plein poumons… et un nouvel échec. Enragée, Hermione ne sut pas comme elle réussit à se tenir debout devant elle, mais ne chercha pas à le savoir. Comment osait-elle lui parler ainsi ? Comment osait-elle seulement se tenir ici ?! Tenter de profaner son corps n'avait donc pas suffit ?! Non… il fallait qu'elle la hante, qu'elle persiste et qu'elle viole les restes de son esprit ! Elle n'était qu'un rat… qu'un chien errant arpentant les rues de ses pensées, la bave aux lèvres et l'air affamé ! Mais elles n'étaient plus en Turquie sous le regard inquisiteur de son Maître… et elle n'était plus attachée à ses poulies.

- Plus un mot ! Hurla-t-elle.

- Ou quoi ? Rit-elle amusée.

- Je vais vous tuer… siffla-t-elle.

- Tu l'as déjà fait !

- Alors je recommencerais !

- Inutile trésor… tu perdrais ton temps et ton énergie. Soupira-t-elle.

- Ça suffit !

- Mais…

- Tenter de me violer ne vous a pas suffi ?! Vous voulez me hanter ? Me faire perdre la raison ?!

- Pourquoi t'entêtes-tu ainsi ? S'énerva-t-elle.

- Je n'ai rien à vous dire ! Hurla-t-elle. Rien ! Vous n'êtes qu'une folle alliée ! Un être pervers, lubrique et frustré de ne pas avoir pu achever ce que vous avez commencé !

- Bien dans ce cas je parlerais à ta place ! Déclara-t-elle subitement. Réfléchissons un instant… tu as désobéi à ton Maître, trahi ta famille, enfreint la moitié des lois du monde magique, causé l'extinction de toute une dynastie et replongé tête baissée dans une addiction de Sang de Dragon qui risque de te coûter la vie ! Sans oublier la résurrection d'un vampire légendaire, de son meurtre de sang-froid – sans jeux de mot – et bien entendu, de ma propre mort… ai-je omis un détail ?

De mieux en mieux… voilà que l'hallucination de sa pire ennemie tentait de la psychanalyser ! A croire que son Karma était plus mauvais qu'elle ne le croyait ! Mais elle ne savait pas de quoi elle parlait… tout ce cirque n'était qu'une comédie ! Une farce ! Une pièce mal jouée et orchestrée par son esprit malade ! Mais la vérité… la réelle et unique vérité ne reposait pas entre ses filets. Et ça, elle le savait.

- Vous ne savez rien de ce que j'ai pu vivre… Gronda-t-elle entre ses lèvres.

- C'est vrai… mais reconnais qu'un tel palmarès ne peut qu'être décevant aux vues d'une telle déchéance !

- Arrêtez…

- Si je me risquais à t'analyser, je dirais que tu cherches désespérément à t'autosaboter. Un peu comme dans les catacombes, juste avant que tu ne sauves ton Maître… je t'ai dit d'en profiter, de le laisser à son sort et de prendre son trône ! Mais tu ne m'as pas écouté. Et qu'est-ce que ça t'a apporté ?

- Je ne sais pas une traître ! S'écria-t-elle.

- Voilà une affirmation osée compte tenu de ton passé très chère…

Elle voulait la faire douter… La piéger entre ses doutes et sa culpabilité, afin de lui soutirer tout ce qu'elle s'évertuait à oublier. Mais ça ne marcherait pas ! Même si elle aurait souhaité agir autrement, elle ne regrettait rien de ce qu'elle avait fait en Turquie ! Rien de ce qu'elle avait fait à Aloff ! Et rien de ce qu'elle lui avait fait à elle ! Cette garce avait mérité chaque souffrance qu'elle lui avait infligé ; et encore cela ne semblait même pas assez ! Aussi, Hermione peina à garder son sang-froid. Que n'aurait-elle pas donné pour l'éventrer sur place ? Lui arracher son sourire et la faire brûler vive ?

- Tu aurais pu tout avoir Hermione ! Tout avoir ! S'écria-t-elle brusquement. Le pouvoir, la gloire, un empire sur lequel régner, ses sujets, le respect… Te rends-tu seulement compte de ce que tu as perdu en lui sauvant la vie ? De tout ce que tu aurais pu devenir ?!

- Non, je… je suis fidèle à mon Maître. Bégaya-t-elle. Je suis fidèle à mon Maître, je ne suis pas une traître !

- Fidèle à un homme qui te méprise !

- Ça suffit !

- Non Hermione, il faut que tu l'entendes ! Voldemort se sert de toi !

- C'est faux ! Hurla-t-elle outrée.

- Tu crois ça ?! Il s'est approprié ton savoir, t'as privé de ton nom et s'est servi de ton allégeance pour affaiblir la résistance ! Il se fiche de la prophétie ! Il se fiche de toi !

- Vous mentez ! Cracha-t-elle. Vous ne savez qui il est !

A ses mots, la Báthory se figea un court instant. Impassible, ses traits se durcirent devant elle ; une image qu'elle avait déjà vu dans les catacombes et qui ne dura pas longtemps, mais juste assez qu'Hermione se sente perdre pied.

- Alors j'avais raison. Dit-elle du bout des lèvres.

- Quoi ?!

- Voldemort… il n'est pas un simple Maître à tes yeux.

- Non… non ça suffit vous délirez !

- Il est plus que ça ! Insista-t-elle.

- Arrêtez !

- C'est pour ça que tu as replongé. Continua-t-elle. C'est pour cette raison que tu t'infliges toute cette souffrance, que tu t'autodétruis et t'acharnes à le servir !

- Qu... quoi ? Je… Non !

- Tu éprouves des sentiments à son égard, ne le nie pas ! S'écria-t-elle déterminée.

A ces mots, Hermione sentit son souffle se couper. Des sentiments ? Pour Voldemort ? Choquée, elle ne parvînt même pas à rétorquer et la regarda de ses yeux écarquillés. Par tous les Dieux… des sentiments pour Voldemort… Comment pouvait-elle dire cela ? C'était impossible ! Il était égocentrique, vicieux, cruel et profondément odieux ! Un être doué de malice et de vices qui avait tué et terrorisé plus de peuples qu'elle ne pouvait en compter ! Certes, elle avait appris à le respecter et même à… à apprécier sa compagnie et son esprit. Mais éprouver des sentiments pour lui ?! Non ! Son allégeance n'était que le résultat d'un concours de circonstances, suivi d'une profonde reconnaissance. Il l'avait épargné, soigné et même sauvé. Qu'elle lui soit fidèle était le minimum qu'elle puisse lui rendre, mais cela ne signifiait rien ! Rien !

- Je… je le respecte mais…

- Tu l'aimes. Affirma-t-elle soudainement.

L'aimer ?! Non, elle… elle ne le pouvait pas ! Et quand bien même, ça n'aurait aucun sens ! Elle était Hermione Granger ! Une résistante dans l'âme ! Elle ne pouvait pas aimer Voldemort ! Elle l'avait détesté, méprisé et combattu toute sa vie !

- C'est ridicule… bafouilla-t-elle désorientée.

- Oh non et tu le sais aussi bien que moi ! Je l'ai vu Hermione, j'étais là… Souffla-t-elle. J'ai vu la façon dont tu le regardais, ton désespoir quand il s'est écroulé et ton soulagement quand il s'est réveillé ! Tu étais prête à tout pour le sauver, quitte à y perdre ta propre vie.

- Je suis son Initiée, c'est mon devoir de lui être loyale !

- Par tous les Sangs, le déni t'aveugle !

- Je…

- Tu t'es effondrée quand il t'a quitté ! S'écria-t-elle brusquement. Tu t'es enfermée dans sa bibliothèque, t'es affamée et es même retombée dans tes travers passés ! Tu étais perdue sans lui, reconnais le !

- Fermez-là ! Explosa-t-elle.

- Pourquoi ?! Pourquoi je me tairais quand nous savons toutes deux que je dis vrai ! Insista-t-elle. Tu aimes cet homme, ça crève les yeux ! Tu cherches sa compagnie, son respect, son approbation…

- Il est mon Maître !

- Ça ne change rien ! Tu l'as détesté par le passé et pourtant tu lui es fidèle aujourd'hui. Les choses changent, les gens changent, cela fait partie de la vie !

Elle délirait. Cette femme délirait ! Ou… était-ce elle qui perdait la tête ? A ce stade, Hermione ne savait même plus.

- Non, je… je ne sais même pas pourquoi je vous parle ! Siffla-t-elle amère. Vous n'êtes qu'une projection distordue de mon imagination !

- C'est vrai. Mais ça ne veut pas dire que j'ai tort.

- Foutaises. Cracha-t-elle.

- Pourquoi le nier Hermione ? Pourquoi refuser de voir l'évidence ?!

- La ferme.

- Je veux une réponse !

- J'ai dit la ferme !

C'était trop. Trop pour elle, trop en une seule crise, trop en une seule vie… Elle pouvait supporter les flashs de ses anciens amis, le mépris de son Maître et même la déchéance de son esprit ; mais pas ça. Pas la Báthory. Pas ses mots. Pas ses manipulations. Pas ses doutes… pas encore. Aussi, sa magie fusa plus rapidement que ses pensées, laissant un nouveau chaos se répandre depuis sa haine grondante. Elle avait tenté de résister... Malgré ses théories insensées, elle avait tenté de se calmer, de garder la tête froide et de clarifier ses idées ! Mais devant elle et ses sourires… devant elle et ses discours… c'était impossible ! Cette femme la hantait tel un serpent longeant son ombre ! Elle devait l'éradiquer ! La pulvériser ! La renvoyer en Enfer ! Frémissant entre ses mains, elle ne sentit même pas sa baguette hurler tous les cris de sa furie. Et pourtant, on n'entendit plus que cela dans les couloirs…

- Hermione ! Arrête !

Crachant plus de sorts qu'elle ne put en compter, sa magie détruisit tout ce qui eut le malheur de la rencontrer. Aussi et sans qu'elle ne puisse le contrôler, tout le mal, toute la douleur, toute la honte et toute la peine de son cœur se matérialisa sous ses yeux, dévastant sa chambre tel le poing inquisiteur d'un Dieu. Bibliothèque, tables, chaises, commodes et armoires… rien ne résista à ses rafales en furie, laissant même un Feudeymon jaillir de ses cris. C'était de la folie. Une véritable hérésie ! Mais rien ne parvînt à l'arrêter. La Báthory cherchait à l'empoisonner ! A la corrompre de ses idées insensées ! Mais elle ne la laisserait pas faire… elle ne la laisserait pervertir sa relation avec son Maître ! Et pour cela, elle devait la faire disparaître.

- Hermione !

Elle ne sut combien de temps cela dura… Aveugle et sourde, elle ne vit même pas ses livres partir en fumée ou sa commode exploser. Elle ne voyait qu'elle ! Qu'elle et ses mains profanes ! Elle et son sourire pervers ! Elle et ses œillades infâmes ! Mais malgré ce chaos… malgré la violence de sa haine et la folie de son geste, rien ne parvînt à la faire disparaître. Hurlant presque de rire devant chacun de ses assauts, la Báthory dansait entre ses sorts, amusée et heureuse devant l'inutilité de tous ses efforts. Pourtant et alors que cette vision galvanisait toute la haine qu'elle avait renfermée, un cri sorti de l'ombre se mit subitement à résonner.

- Hermione ! Je t'en supplie arrête !

En sueur et haletante, la jeune femme se sentit violement frissonner. Tremblante d'adrénaline, elle tenta de rassembler ses pensées malgré l'odorante fumée qui se dégageait des vestiges de sa chambre. Par Merlin… cette voix… elle la connaissait. Lointaine et presque étouffée, elle ne comprit pas immédiatement ce qu'elle tenta de lui hurler. Du moins, jusqu'à ce qu'une vision plus horrible encore ne la fasse brutalement tanguer sur ses jambes… Brouillonne et floue, elle se confondit lentement avec le visage de la Báthory avant de soudainement se superposer à lui. Comme un mirage - ou plus exactement l'extinction de son mirage – la réalité se redessina sous ses yeux. Une réalité que sa crise de manque avait aliénée, mais que sa magie destructive avait bel et bien dévastée.

- Hermione ?!

- Oh Seigneur… souffla-t-elle horrifiée.

Cette voix était masculine.
Ces cheveux étaient blonds.
Et ce regard était bleu.

Mais ce n'était pas ceux d'Ezebet Báthory. Et cette baguette n'avait jamais été la sienne…

- Dr… Drago ?

Drago… après tant de semaines d'absence, d'incertitudes et d'angoisses, il était là. Son ami. Son allié. Son frère… Acculé dans un coin de sa chambre, le jeune homme la regarda par-dessus ses bras levés pour se protéger. Couvert d'éclat de bois et de poussière, la panique de son regard n'eut d'égal que le chaos de sa chambre. Une panique qu'Hermione mit plusieurs secondes à comprendre, avant que la gravité de son acte ne lui saute au visage.

- Oh non… Balbutia-t-elle désemparée.

Elle s'était laissée aveugler. La Báthory n'avait jamais été dans sa chambre ! Cette baguette n'avait jamais été la sienne ! Et elle n'avait jamais été seule…

- Drago…

C'était lui qui avait crié… Depuis le début, c'était lui qui l'appelait par-delà la projection de son hallucination ! Mais elle n'avait rien vu. Par tous les Dieux… elle n'avait rien vu ! Et elle aurait pu le tuer… Elle aurait pu le tuer ! Ahuri, sa main lâcha sa baguette d'un geste horrifié, mais le mal était fait. Sa chambre était détruite, son frère à moitié assommé et son corps à nouveau sur le point de s'écrouler. Une fois encore, elle s'était laissée dépasser. Une fois encore elle était allée trop loin. Une évidence qu'elle ne réussit pas à supporter. Aussi, c'est sans se retourner qu'Hermione s'engouffra dans les couloirs du dortoir. Elle ne voulait pas affronter son regard. Elle ne voulait pas affronter son horreur. Elle voulait seulement fuir… fuir et ne jamais revenir.


Et voilà ! Les deux derniers chapitres de l'année 2021 ! Qu'en avez-vous pensez ? ;) Hermione divague, la Báthory la hante, son Maître se tourmente... et c'est loin d'être fini ! Restez connecté pour la suite ;)

N'hésitez pas à donner vos avis en commentaire, j'y répondrais avec joie :D En tout cas, merci pour votre soutien !

Passez de bonnes fêtes, profitez de vos proches et de ceux que vous aimez, soyez fière et heureux et souriez à cette nouvelle année ! :)))
A très vite !