Hellooo ! Ca y est je me sens un peu mieux et je suis enfin de retour avec deux nouveaux chapitres ;)

Mais avant de vous laissez lire, je tenais à vous remercier pour tous les messages de soutien et d'encouragement que vous m'avez envoyé. Sincèrement, ils m'ont tous ENORMEMENT touchés (je ne vais pas mentir, vous m'avez arraché quelques larmes!) et ils m'ont surtout aidé à garder le moral après ces des deux dernières semaines. Et Merci à tous les Gest à qui je ne peux malheureusement pas répondre !

Vous êtes vraiment adorables.

Alors profitez de ces chapitres et n'hésitez pas à me donner vos avis ! J'ai hâte de les lire ! :DDD


- Maître, il faut réagir ! Le monde s'interroge !

- Le monde devrait apprendre à se montrer patient… dit-il distraitement.

- Mais enfin, tout ceci est très grave. Le Ministère Turc exige des réponses, nos homologues américains sont en chemin et votre peuple…

- Mon peuple sait où est sa place. Claqua-t-il durement.

Mal à l'aise, Yaxley déglutit avec peine… Bon Dieu, il aurait beau insister son Maître n'en démordrait pas. Il pouvait le voir à la grimace désobligeante qui barrait son front, il ne voulait pas lui prêter un dixième de son attention. Mais pourquoi ?! Par Merlin, pourquoi ne voulait-il pas entendre raison ?! Pourquoi persistait-il à ignorer son bon sens ?! Les centaures rassemblaient leurs rangs, la Résistance s'était mise en tête de renforcer leurs défenses et le reste du monde trépignait devant son ignorance ! Mais non… rien ne parvenait à éveiller un tant soit peu son attention, le laissant là, béat et incertain devant un Maître au regard éteint…

- Maître, je… je ne peux que vous recommander la plus grande des prudences.

- Une recommandation bien peu utile. Soupira-t-il.

- Mais…

- Il suffit Yaxley ! Tonna-t-il brusquement. Tes cris de harpies me fatiguent et sont bien trop peu productifs pour susciter le moindre intérêt.

- Mais… mais les créatures magiques nous déclarent la guerre ! S'étouffa-t-il ahuri.

La guerre… encore et toujours la guerre… à croire que ces créatures sans cervelles ne connaissaient que ce mot. Pourtant, le Mage Noir ne parvenait pas à s'en émouvoir. Indifférent face à la liste de menaces que Yaxley s'évertuait à lui réciter depuis déjà plusieurs jours, Voldemort se contenta de serrer les dents dans soupir agacé. Une guerre avec les créatures magiques… Sérieusement… Par Merlin, ils n'étaient qu'une bande de bêtes à peine armées ! Des êtres ignares et dénués de toute logique qui ne savaient que danser autour d'un feu en priant il ne sait quel Dieu ! Dans le fond, il ne doutait pas de leur volonté désuète d'arracher sa couronne de sa tête, mais de là à s'en inquiéter ? A imaginer que leurs maigres forces d'attaques et stratégies de combat puissent véritablement le menacer ? A décréter l'état d'urgence et à rassembler ses fidèles dans un plan de défense ? Des inepties… Et pourtant, ce n'était pas faute de son ministre d'essayer de l'en convaincre. Mais qu'aurait-il pu dire ? L'idée de les imaginer comploter dans une forêt abandonnée dans le seul et unique espoir de le tuer n'arrivait qu'à lui arracher un sourire amusé. Autant inviter Potter dans un duel sans baguette… leur défaite serait tout aussi humiliante, mais ils se seraient épargné une perte temps.

- Yaxley… grinça-t-il. Tes craintes sont mal placées. Si ces créatures veulent mourir dans d'atroces souffrances, soit ; mon Initiée et moi-même nous ferons une joie de la leur accorder. Néanmoins, je n'ai pas l'intention de laisser cette mascarade inquiéter mes projets.

- Mais nos espions ont rapporté que plus de trois milles centaures ont déjà fait le serment de combattre !

- Seulement trois milles ? Railla-t-il.

- Sans parler des vampires !

- Par Morgane… désespéra-t-il affligé.

- Maître je…

- Je te prierais de ne jamais plus évoquer cette race d'immonde suceurs de sang en ma présence… grimaça-t-il mal à l'aise.

- Mais ils se rassemblent à travers le monde !

De mieux en mieux… en plus des centaures et de la Résistance, il fallait que les Dynasties se joignent au cirque. Ne manquait plus qu'un soulèvement des Elfes et le spectacle serait complet.

- Je ne veux plus en parler. Tonna-t-il.

- Maître je vous en conjure… Supplia le Ministre désemparé.

- Fais savoir à nos homologues que je les rencontrerais comme convenu. Pour le reste, je réserve mon jugement.

- Mais…

- Assez ! S'exclama-t-il.

Déboussolé, Yaxley se mordit la langue le souffle court. Insister serait vain… il le savait. Mais voir son Maître revendiquer son dédain face au cataclysme qui se préparait ? Affirmer son indifférence devant les fronts ennemis qui se formaient ? Que Merlin lui en soit témoin, jamais il ne l'avait vu faire preuve d'une telle légèreté. D'un tel… désintérêt. Il s'agissait de son trône, de son peuple et de son pouvoir que ces vils rebelles tentaient de menacer ! Et pourtant, ce n'est qu'un regard lointain et méprisant que Voldemort se contentaient de leur jeter… avait-il raison d'agir de la sorte ? Avait-il raison de ne leur témoigner qu'un sublime et magistral mépris ? Peut-être… mais son expérience au sein du Ministère lui indiquait le contraire. Aussi, c'est profondément désemparé que le Ministre se releva en silence. Il ne fallait jamais souffler sur des braises ardentes… or son ignorance n'était que cela. Un vent fort et brutal qui ne tarderait pas à engendrer le brasier que tous redoutaient.

- Pars. Lui dit-il finalement. J'ai à faire.

Et c'est ce qu'il fit. Sans demander son reste, le Ministre rassembla le peu de fierté qui lui restait, s'inclina et tourna le dos à son Maître. Un départ froid et précipité, qui laissa le Mage Noir soupirer. Peu lui importait les doutes et inquiétudes de ses fidèles. Peu lui importait de jouer avec le feu au risque de voir les Résistants croître en nombre ! Il n'avait rien à en penser. Et pour cause ! Quoi que ces fous tentent d'accomplir, ils échoueraient ! Trois milles Centaures voulaient le combattre ? Les dernières Dynasties vampiriques voulaient le défier ? Soit ! Qu'ils viennent ! Qu'ils entrent même, il leur ouvrirait la porte ! Mais cela resterait à jamais la dernière folie qu'ils auraient l'audace de commettre… et ça, tous le savaient. Aussi, c'est dans un silence confiant que Voldemort étira ses membres endoloris. A juger la lueur éclatante des lustres, la nuit était tombée… et sans qu'il ne l'ait vu filer, une nouvelle journée était déjà passée. A croire que le temps lui riait au nez. Affligé par la lourdeur de sa migraine, il jeta un bref regard sur son salon et déglutit devant les reflets rouge sang qui se projetaient depuis les fenêtres de ses appartements. Des reflets qui, presque langoureusement, se mirent à danser dans le rythme lent de la marée montante. Par Merlin… une fois encore, son esprit divaguait. Une fois encore, ses pensées se raccrochaient à la seule et unique personne qui suscitait encore son intérêt…

Son Initiée.

Et dire qu'une semaine était passée depuis sa fuite en haut de la Tour d'Astronomie. Une semaine longue, pleine et entière dont il avait compté chaque seconde dans la plus insupportable des impatiences. Une semaine dont il avait détesté le moindre instant... Et pour cause… Il n'avait eu de cesse de ressasser ses mots.

« A ses yeux, je resterais à jamais son Initiée. »

« Les Dieux ne peuvent pas… aimer les mortels »

Aimer. Un mot si simple, si banal… et pourtant si brutal. Incapable de l'oublier, il n'avait eu de cesse de résonner dans son esprit troublé, empoisonnant sa conscience et délitant ses pensées. Pourquoi ? Il se l'était demandé. Après tout, ce n'était qu'un mot parmi tant d'autre, prononcé pendant une crise de démence entre deux hallucinations… un détail sans importance en somme. Et pourtant, il l'avait hanté. Pire encore, il l'avait obsédé ! Comme si le temps s'était arrêté lors de cette soirée, ses souvenirs s'étaient imprégnés de ces instants volés. Et dans le creux de ses insomnies, l'image de son regard mordoré l'avait suivi. Oui. Son regard… il avait scintillé quand elle lui avait dit cela. « Les Dieux ne peuvent pas aimer les mortels ». Affligée par une étrange désolation, elle avait soufflé ces mots du bout des lèvres telle la plus honteuse des confessions. Ou était-ce de la tristesse ? Il ne savait pas. Il ne savait plus rien. Rien si ce n'est que pour la première fois depuis longtemps, il se sentait dépassé par la confusion de ses propres sentiments. Bon dieu… jamais il n'en avait ressenti de tels face à elle. Jamais il n'avait éprouvé cette étrange alliance d'inquiétude et de colère, de doute et d'attention, de peur et… d'affection. C'était troublant ; pour ne pas dire franchement déroutant ! Et pourtant c'était réel. Il ne pouvait le nier. Pour preuve, son estomac n'avait cessé de se nouer aux seuls souvenirs de son toucher ! De même qu'à celui de ses mains sur ses joues, de l'intensité de son regard, de l'ardeur de sa fièvre et de l'horreur de son désespoir… Par Merlin, il perdait l'esprit. Pire qu'un poison, ce flot d'émotion contradictoire annihilait sa raison. Pourtant, ça n'avait pas le moindre sens ! Ce qu'elle lui avait dit n'était qu'une divagation. Une conséquence de sa crise de manque. Mais peu à peu, de nouvelles incertitudes l'avait gagné. Et s'il avait tort ? Si c'était plus que ça ? Si tel était le cas, qu'avait-elle voulu dire ? Qu'avait-elle tenté d'avouer ? Commençait-elle à remettre en doute son allégeance ? Ses enseignements ? Leur cohabitation ? Ça aussi il se l'était demandé… et si les avis de ses fidèles ne l'avaient jusqu'alors jamais intéressé, celui d'Hermione en revanche le terrifiait. Tant de choses s'étaient passées… tant d'erreurs, de cris, de colère, de défiance. Il aurait souhaité les oublier ; tourner la page et pouvoir se concentrer sur les milles autres dangers qui les menaçaient. Mais il en était incapable…

Affligé, Voldemort sentit ses tempes s'échauffer sous une énième vague de pensées contradictoires et soupira avec force. Bon Dieu, cette sorcière et ses énigmes allaient finir par le tuer. Pourtant et alors qu'il se servait un Whisky, une étrange impression le fit frémir ; une sensation lointaine et pourtant insupportablement oppressante, qui le secoua si violement qu'elle le laissa hagard un court instant. Coïncidence ? Prémonition ? Personne n'aurait pu le dire. Mais il la sentit venir...

- Depuis combien de temps es-tu là ? Demanda-t-il sans y croire.

Silencieuse dans son dos, Hermione sursauta dans l'ombre de sa honte. Oh Seigneur… il l'avait senti. Alors même qu'elle envisageait l'idée de prendre à nouveau la fuite, il l'avait senti ! Elle ne pouvait plus s'en aller… elle ne pouvait plus reculer. Mais malgré la vague d'anxiété qui lui rosie les joues, la jeune femme ne trouva pas le courage de bouger. Livide, muette et consternée, elle le vit boire une gorgée de son whisky les dents serrées avant de sentir un nouveau frisson la secouer. Peu de temps était passé… elle le savait. Et pourtant, elle crut bien qu'une véritable éternité séparait leur dernière rencontre. Identique à son souvenir, elle vit les reflets sanglants du Lac Noir marbrer sa peau d'albâtre de leurs éclats macabres. Des ombres mouvantes et presque vivantes qui strièrent son teint et ses cheveux dans la plus langoureuse des danses. Des ombres qu'elle se surprit à envier dans son silence… Merlin, il était si beau. Non. Ce mot ne lui rendait pas hommage. Il était… énigmatique. Un homme à la beauté indescriptible et à la magnificence presque divine. Un homme aux traits doux et au regard dur. Un homme dont la seule existence incarnait toute la puissance que l'éternité avait à offrir. Ebranlée, Hermione sentit ses sentiments s'agiter brutalement devant lui et déglutit. Incapable de le nier, une nouvelle fièvre lui prit le front dans le rythme irrégulier de ses tremblements. Malheureusement, aucun émoi n'aurait su égaler le nouveau trouble qui l'avait gagné…

Elle n'aurait pas dû être là. Elle n'aurait pas dû entendre son entretien ! Mais quand elle avait vu la silhouette de Yaxley implorer… et entendu les funestes présages qu'il s'évertuait à crier… son souffle s'était coupé. Immobile sous le poids de sa consternation, tout son être s'était figé dans l'obscurité de la porte de service qu'elle avait emprunté. Et dire qu'une fois encore, elle avait cru avoir une bonne idée... Pressée de le retrouver, elle avait délaissé les escaliers de Serpentard pour un ancien tunnel utilisés par les Elfes. Menant directement derrière les nouveaux appartements de son Maître, elle s'était attendue à le trouver assis devant sa cheminée, le regard grave et l'air défait ; mais certainement pas à ça… certainement pas à l'annonce d'une guerre.

Par tous les Dieux…
Les Créatures Magiques leur déclarait la Guerre.
La Guerre !

Les Centaure, les Vampires, la Résistance… tous joignaient leurs haines à une seule et même quête. Un seul et même rêve. Celui de les détruire… Insensibles aux risques et à l'évidence de leurs folies, ils alliaient leurs forces et leurs mépris pour la vie, désireux de les faire tomber sous les assauts de leurs soldats dispersés aux quatre coins du pays. Désireux de voir la mort enfin frapper leurs ennemis ! Fabulations ? Idioties ? Stupidités ? Suicide ? Beaucoup de mots auraient pu décrire l'absurdité de leurs projets. Mais malgré cela… malgré l'échec cuisant qu'ils risquaient d'essuyer face à eux, Hermione ne parvînt qu'à s'en sortir nauséeuse. Seigneur… Une nouvelle guerre. Ils allaient subir une nouvelle guerre. C'était… à peine concevable. Bien sûr, une telle éventualité était à envisager – en particulier depuis l'épisode des sirènes – mais de là à l'entendre de Yaxley ? A percevoir un trémolo d'inquiétude faire vibrer sa voix ? A sentir son angoisse résonner dans la lourdeur de ses pas ? Elle savait qu'il était facilement impressionnable, mais il n'était pas idiot… Il connaissait les conflits diplomatiques mieux que personne. Il savait ce que de telles menaces représentaient. Il savait ce qui les attendaient… car dans l'écho des cris d'infâmies de leurs ennemis, résonnait l'appel de leur rage. Une rage bestiale, commune et macabre qui ne tarderait pas à s'abattre sur eux tel le plus fatal des présages. Aussi, c'est en apnée qu'elle sentit ses jambes trembler.

Elle avait espéré que la défaite de la Résistance marque la fin de cette ère ; que plus rien ne ravive jamais les braises ardentes et l'horreur d'une guerre ! Mais elle avait tort. Rien ne pourrait jamais contenir la colère de ces peuples. Rien ne pourrait jamais apaiser leurs soifs de sang et d'honneur. Ils étaient prêts à toutes les folies et tous les risques pour reprendre ce qui leur a été pris ! Comment leur en vouloir ? Elle-même avait combattu avec férocité dans le seul but de préserver cet espoir. Mais aujourd'hui les camps étaient inversés, et le jeu plus risqué... Qu'allait-il se passer au lancement des hostilités ? Qu'allait-il advenir de leur paix ?! De leurs projets ?! Sans parler de leurs alliés qui ne cessaient de les questionner ! Leurs homologues américains s'affolaient et la Turquie s'interrogeait ! Une guerre contre les créatures magiques serait la goutte d'eau qui les mènerait au raz-de-marée ! Ils ne pouvaient pas rester sans rien faire ! Il… il fallait agir ! Tenter de l'empêcher ! Pourtant plus elle y pensa, plus son ventre se noua… Son Maître avait déjà essayé un tel projet. Elle n'avait pas voulu l'entendre en ce temps, mais s'était fourvoyée ! « Un Conseil de Guerre en Croatie ». C'est pour ça qu'il était parti…Pour empêcher les centaures de les provoquer ! Pour convaincre leur chef de se raisonner ! Mais elle ne l'avait pas compris… Et alors qu'elle le maudissait pour l'avoir abandonné, lui n'avait cessé de se battre pour empêcher ces conflits de s'envenimer. Une évidence qui la frappa d'avantage quand leur regard se croisa. Par Merlin… elle avait tant imaginé leurs retrouvailles après sa crise ; tant imaginé sa déception et ses cris… Mais maintenant qu'elle le voyait acculé par la fatalité et les présages de Yaxley, elle n'arriva même pas à respirer. Une fois encore, son égo avait frappé. Naïvement, elle avait cru qu'elle serait sa seule source de tourments mais s'était trompée. Sa petite crise existentielle ne valait rien face à l'imminence d'une nouvelle guerre.

Aussi, c'est les joues rouges d'une nouvelle honte qu'Hermione s'avança face à lui. Au bord d'un nouveau malaise, sa vue se troubla et ses lèvres balbutièrent ; mais elle ne recula pas. Non. Il était temps d'affronter ce qu'elle avait tant redouté… il était temps d'assumer les conséquences que sa bêtise avait engendré.

- Tu n'aurais pas dû entendre ça. Souffla-t-il d'un ton monocorde.

- Je m'excuse, je… j'aurais dû vous annoncer ma venue.

Oui… elle aurait dû. Et pourtant, face à elle et à son teint de craie, Voldemort ne trouva pas le courage de lui en vouloir. Il aurait dû s'en douter… aucun Elfe, médicomage ou sort de protection ne pourrait jamais étouffer sa détermination ; en particulier après plus d'une semaine de convalescence. Aussi, c'est mal à l'aise que le Mage sentit un nouveau frisson lui secouer l'échine. Semblable à celui qui lui avait annoncé sa présence, il rosie ses joues dans un raclement de gorge gêné et le fit profondément soupirer. En temps normal, il n'aurait eu aucun mal à la réprimander, à lui lancer une œillade mécontente ou à se plaindre de sa présence… Pourtant, c'est à peine s'il trouva la force de la regarder. Pourquoi ? Il l'ignora mais ne put nier l'étrange malaise qui commença peu à peu à le gagner.

Elle était là. Il était là.
Tous les deux, l'un face à l'autre.
En soit, rien de nouveau… Mais l'étrangeté et la gêne de leur silence ne trompait personne.

Bon sang… Le destin n'en avait donc pas assez de l'affliger ?! Il avait cru qu'une fois qu'il la reverrait, ses pensées s'ordonneraient ; que l'épais brouillard qui l'avait gagné s'évanouirait et que leur routine reprendrait. Mais il avait eu tort ; une évidence qui le fit amèrement grimacer entre deux soupirs gênés.

- Ton… ton médicomage sais que tu es là ? Demanda-t-il du bout des lèvres.

- Oui je… j'ai obtenu un droit de promenade. Il est confiant quant à mon état.

- Bien. Dit-il soulagé. C'est une bonne nouvelle.

Bon Dieu, ils échangeaient des banalités… alors même que la menace d'une guerre imminente ainsi que les souvenirs de sa crise de manque résonnaient avec force dans l'ombre de leur silence, ils ne trouvaient rien de mieux que d'échanger des futilités ! Existait-il instants plus gênants ? Plus consternants ? Il en douta fortement. Mais qu'aurait-il dû dire ?! Elle… elle était là, alors même qu'il ne l'attendait pas. Elle était là, alors même que le sort du monde se jouait non loin de là. Elle. Son Initiée. Sa protégée. Et malgré tout, elle ne parvenait à le regarder qu'entre deux tremblements effrayés. Un regard qu'il ne connaissait que trop bien et dont le poids lui fit avaler son Whisky d'une seule gorgée… Non. Non, il ne pouvait le supporter ! Cela ne pouvait pas être ainsi… pas entre eux ! Pas après tout ce qu'ils avaient traversés ! Ils avaient trop lutté, trop travaillé et trop donné pour se regarder tels deux inconnus muets ! Il fallait percer l'aspect. Il fallait réparer les dommages de tous leurs secrets ! Ils n'avaient pas le choix…

- Hermione, nous devons parler. Tonna-t-il malgré lui.

- Je sais. Dit-elle à son tour. Mais avant, je… je veux que vous sachiez que je suis désolée.

- Tu aurais fini par apprendre cette nouvelle tôt ou tard… Soupira-t-il. Les Créature magiques ne sont pas discrètes quand elles cherchent à déclarer une guerre et Yaxley l'est encore moins.

- Non, je ne parle pas de la guerre.

Etonné devant la vivacité de son ton, le Mage la regarda se mordre la lèvre dans un soupir d'indécision. Elle non plus n'était pas à l'aise… et elle non plus ne supportait pas la tournure de leur relation. Mais elle lui parlait… un détail qui étrangement, le soulagea.

- J'avais… j'avais écrit un long discours afin de vous présenter mes excuses. Avoua-t-elle. J'avais tout préparé ; mes mots, mes intonations… Mais avec du recul, je me rends compte que ce n'est qu'un monologue exagérément larmoyant et profondément médiocre qui ne réussirait qu'à gaspiller votre temps.

- Hermione…

- J'ai conscience que je vous ai fait du tort. Continua-t-elle franchement. Je vous ai désobéi, défié et cette dernière semaine n'a fait que vous prouver la profonde inutilité et bassesse de votre Initié. Aucun discours ne saurait excuser ce que j'ai fait, alors… je crois que la seule chose à dire est que je suis sincèrement et profondément désolée pour tout ce que je vous ai fait traverser.

Des excuses… un regard franc… et des mains tremblantes. En soit, il n'était pas surpris. Il savait que la culpabilité et le doute la rongeaient plus que n'importe qui d'autre dans ce maudit château. Et pourtant, Voldemort ne parvînt pas à trouver les mots. Bon Dieu… sa voix, son regard, son allure… tout chez elle semblait avoir été créé pour le désarmer ; pour le laissa là, béat et confus devant son regard emplit de sincérité. Aussi, c'est profondément troublé qu'il se risquât à la détailler. Pieds-nus sur son carrelage et seulement vêtue d'une robe de chambre en soie noir, il vit ses cheveux ébouriffés et son teint plus pâle que jamais. Amaigrie, faible et épuisée, il n'eut aucun mal à deviner quelles épreuves son sevrage lui avait fait endurer, mais elle ne reculait pas devant lui. Au contraire, elle le fixait avec honneur et dignité, prête à affronter son jugement comme elle l'avait toujours fait. Mais pour la première fois depuis qu'il l'avait fait nommé Initiée, le Mage ne réussit pas s'en satisfaire. Au contraire, ce fut… l'inverse. Loin d'être comblé, il sentit une vague d'agacement terrasser ses nerfs et serra les poings dans le grincement crispé de sa mâchoire contractée. Un état d'âme, étrange et peu ressemblant à son tempérament qui ne réussit qu'à exacerber son incompréhension. Bon sang, il aurait dû être heureux ! Soulagé ! Fier même ! Son initiée reconnaissait ses fautes et s'en excusait ! Formidable ! Ils pouvaient désormais faire table rase ! Mais il ne ressentit rien de tout cela. Pourquoi ? Il aurait souhaité ne pas le savoir… mais c'était évident. Il ne voulait pas la voir s'excuser. Il ne voulait pas la voir s'auto-flageller comme elle l'avait fait par le passé ! Oui… il en avait assez. Assez de la voir le redouter…

- Hermione… S'il te plaît, joins-toi à moi.

Décontenancée devant l'étrange douceur de sa voix, la jeune femme le regarda s'assoir et hésita. Se joindre à lui ? Vraiment ?! Il n'allait donc pas hurler ? La congédier ? Ou la punir ? Peut-être attendait-il un meilleur moment ? Elle l'ignora, mais ne put empêcher son cœur de rater un battement. Silencieux face à elle, il l'attendait confortablement dans son fauteuil préféré, un verre vide à la main et l'air fatigué. Un tableau qu'elle avait longtemps admiré à la dérobée pendant leurs heures d'études, mais qui lui avait aussi affreusement manqué quand ils étaient séparés… C'est donc le souffle court qu'elle prit place à ses côtés. Tout était devenu si étrange entre eux, qu'elle avait presque oublié la dernière véritable conversation qu'ils avaient échangée.

- Maître, je…

- S'il te plaît. L'interrompit-il. Cette fois… c'est à moi de parler.

A ses mots, une nouvelle vague d'anxiété la fit frissonner. Mais Voldemort, lui, ne vit que son regard… un regard de peur. Un regard d'angoisse et d'incertitude. Un regard qu'il s'était toujours réjouit de susciter par le passé, mais qui chez elle, lui donnait envie de hurler.

- Je vais être franc ; j'avais préparé un discours moi aussi. Dit-il alors. J'avais prévu de te convoquer, de t'énumérer la liste de toutes tes désobéissances, de te menacer et même… d'alourdir ta punition. Mais les jours ont passés après notre retour et pour je ne sais quelles raisons je… je n'arrivais pas à me décider. Je ne savais pas si je voulais te faire payer ton comportement ou simplement oublier tout ce qui s'était passé. Alors j'ai réfléchi… j'ai essayé de comprendre pourquoi je n'arrivais pas à vouloir te punir.

Etonnée, Hermione ne sut que répondre à cela. De toute évidence, ni l'un ni l'autre ne s'était attendu à ce qu'il éprouve des scrupules…

- Avez-vous… trouver une réponse ? Demanda-t-elle du bout des lèvres.

- Oui. Avoua-t-il. Malheureusement, je ne l'ai compris que bien trop tard….

Elle ne comprenait pas la logique de son raisonnement. A vrai dire, elle ne comprenait rien. Mais son regard n'avait jamais été aussi profond… aussi noir et brûlant qu'à cet instant.

- Que voulez-vous dire ?

- J'avais tort Hermione. Souffla-t-il. J'avais tort de te punir.

Il n'aurait pas cru le dire un jour. Et pourtant c'était vrai. Il lui avait fallu du temps pour le comprendre ; pour l'intégrer et admettre sa part de responsabilité dans tout ce qui s'était passé. Mais il ne pouvait plus nier ce qui le hantait depuis qu'ils étaient rentrés. Il ne pouvait plus nier sa propre culpabilité…

- Il n'est pas dans ma nature de… remettre mes actes en question. J'ai toujours pensé que l'intransigeance était la meilleure des punitions ; que la douleur, la peur et la soumission étaient les seuls piliers de l'obéissance. Et je le crois encore. Continua-t-il. Mais dans ton cas… je faisais erreur.

- Maître, je…

- Je me suis montré injuste envers toi Hermione. Déglutit-t-il. Je t'ai accablé, puni et fait enfermer. Je t'ai privé de ta magie, pensant que tu le méritais. Mais ce faisant, je t'ai aussi exposé au danger. Je t'ai laissé te battre avec tes démons. Je… je t'ai abandonné alors même que j'aurais dû être présent. Et pour tout cela, c'est à moi de te présenter des excuses.

Elle ne pouvait pas le croire. Il… il lui présentait des excuses. Voldemort lui présentait des excuses ! Mais… ça n'avait aucun sens ! Aucun ! Et pourtant, il le pensait. Elle pouvait le lire dans son regard d'ébène… car malgré sa puissance et son invulnérabilité, ses pupilles brillaient de regrets.

- Mais… je vous ai désobéi. Balbutia-t-elle ahurit. Je vous ai menti, défié et…

- Je sais. Mais je sais aussi pourquoi tu l'as fait. Dit-il sombrement. Tu étais en colère. Tu te sentais humiliée et abandonnée. Et malgré ça… tu cherchais à faire ma fierté.

- Maître, je…

- J'aurais dû t'emmener avec moi.

- Qu... quoi ?!

- En Croatie. Insista-t-il. J'aurais dû t'emmener à ce Conseil de Guerre. J'aurais dû te parler des menaces que les Centaures proféraient à notre encontre.

Essoufflée dans sa propre émotion, Hermione détourna le regard et serra les dents. C'était trop… trop pour elle, trop en une soirée ! Combien de fois avait-elle rêvé entendre ces mots ? Entendre l'admettre qu'elle aurait pu l'aider ? Qu'il aurait dû lui parler ? Elle n'avait pas compté… mais ce soir, ses prières s'exhaussaient. Aussi, c'est le cœur lourd qu'elle se risqua à le regarder. Jamais ne lui avait dit de telles choses. Jamais il ne lui avait parlé avec tant de douceur… et jamais elle n'avait autant eu envie de pleurer de bonheur.

- Maître, je… je ne sais pas quoi dire. Balbutia-t-elle.

- Tu n'as pas à parler. Dit-il après un court silence. Mais je tiens à ce que tu saches que je ne souhaite plus te punir.

- Mais…

- J'ai conscience que je ne suis pas un Maître facile à satisfaire ; que mes exigences et mon caractère font de moi un homme peu agréable à côtoyer. En temps normal, je ne m'en serais pas inquiété. D'ailleurs, ça ne m'a même jamais préoccupé. Mais après les évènements de ces dernières semaines, je me rends compte à quel point je t'ai mal traitée.

- Quoi ? Mais… non Maître je…

- Ne le nie pas Hermione. Insista-t-il. Je t'ai peut-être sauvé des griffes de ces vampires, ça ne change rien au fait que je t'ai indirectement poussé à prendre des risques. Des risques dont… les conséquences auraient pu être irréversibles.

Un court silence suivit ses mots. Un silence emplit de douleur et de souvenirs qu'aucun d'eux ne souhaitait garder à l'esprit…

- J'ai commis l'erreur de penser que tu m'étais acquise.

- Je le suis ! Paniqua-t-elle brusquement. Je sais que j'ai mal agit mais ma loyauté…

- Il n'est pas là question de ta loyauté Hermione. Sourit-il doucement. Je sais que tu m'es fidèle et que tu ne te détourneras pas de tes devoirs. Mais tout comme toi, je dois assumer ma part de responsabilités dans ce qu'il s'est passé.

- Que… que voulez-vous dire ?

Bon Dieu, qu'il haïssait les mea-culpa ; reconnaître ses erreurs, dire tout haut ce que son subconscient hurlait tout bas, faire amende honorable… que de concepts sombres et dénués de sens ! Mais ils étaient nécessaires… et même si cela lui coûtait toute sa fierté et l'orgueil de son rang, il ne pouvait les éviter plus longtemps.

- Quand j'ai su que tu avais quitté Poudlard pour la Turquie, j'ai laissé ma colère m'aveugler. Même après t'avoir retrouvé j'étais… habité par la rage et la rancœur. Déclara-t-il. Je t'en voulais d'être partie. Je t'en voulais de ne pas avoir attendu mon aval et… je t'en voulais de t'être mise en danger. Même après l'épisode des catacombes, cette rancœur ne m'a pas quitté. C'est pour cette raison que je t'ai consigné ; je voulais te faire payer ton départ, ton insubordination et ton insolence. Du moins, j'essayais de m'en convaincre…

Oui… il s'était laissé aveugler. Il n'avait rien vu ni entendu de la vérité qu'il tentait désespérément d'ignorer. Et son Initié l'avait payé.

- Je ne voulais pas l'admettre mais tu n'étais pas la véritable raison de ma colère. Non, la vérité est… que je m'en voulais à moi-même.

- Co… comment ça ? Balbutia-t-elle.

- Je m'en voulais de t'avoir laissé sans surveillance. Je m'en voulais de ne pas être arrivé plus tôt en Turquie, et de ne pas t'avoir protégé de ces vampires … je me sentais coupable et cette simple idée m'étais insupportable. Alors je l'ai nié en bloc et t'ai puni. Ce qui nous mène à mon ultime erreur…

- Laquelle ? Demanda-t-elle sans comprendre.

- Je savais que ton addiction était une conséquence de mon ignorance. Je savais aussi que ton sevrage et le manque seraient de lourdes épreuves à notre retour… mais je n'ai rien fait. Au lieu de te faire suivre et de te soutenir, je t'ai isolé et laissé seule. Je t'ai abandonné… une fois de plus.

- Vous n'êtes pas responsable de mes crises de manque. Dit-elle honteuse.

- Mais j'aurais dû être à tes côtés. J'aurais dû apprendre de mes erreurs et ne pas te rejeter.

- Maître je…

- Mais je ne l'ai pas fait. Continua-t-il les dents serrés. Et par conséquent, je t'ai mise en danger.

Il s'en voulait pour son départ, ses blessures, son addiction, ses crises...
Il reconnaissait sa colère, ses erreurs, son déni…

Seigneur… jamais elle n'aurait pu l'imaginer. Jamais elle n'y aurait ne serait-ce que penser ! Comment aurait-il pu en être autrement ? Il était Voldemort. Un homme froid, cruel, calculateur et tyrannique. Un sorcier doté de la plus vicieuse des intelligences et dont l'égo n'avait pas d'équivalent. Mais malgré ça… malgré tout ce qu'il était et l'orgueil de sa fierté, il culpabilisait. Il s'en voulait pour tout ; il reconnaissait tout. Des aveux pour le moins inattendus, qui dans l'écho de leur silence, laissèrent Hermione plus troublée que jamais. Ebranlée, elle le détailla sans trouver quoi dire, toute aussi bouche bée que désorientée. Jamais il ne s'était ouvert à elle de cette façon auparavant. Jamais il ne lui avait parlé de ses sentiments. Aussi, c'est avec stupeur qu'elle découvrait une tout autre facette de sa personnalité. Une facette qu'elle n'avait jusqu'alors jamais soupçonnée… Plus douce, sensible, réservée et presque vulnérable, elle ne put que frissonner devant elle et l'éclat de son regard abyssal.

- Maître je… j'ignorais tout cela. Dit-elle du bout des lèvres.

- Je sais. Mais il fallait que tu le sache. Il fallait que… que tu comprennes quel impacte tu as sur moi.

- Je ne comprends pas.

- Hermione… Tu es mon Initiée. Ma protégée. Pour beaucoup il ne s'agit que d'un Titre mais pas pour moi. Tu es l'héritage de mon règne. Dit-il. Et de ce fait, tu… comptes pour moi. Et je ne veux plus que tu aies peur de moi. Je ne veux plus que tu doutes de ma confiance et de mon estime à ton égard. Je… je refuse que tu te rendes malade, que tu t'affames ou que tu t'intoxique dans l'espoir de me prouver ta valeur ! Je refuse que tu partes à l'autre bout de monde dans le seul but de trouver grâce à mes yeux !

Sa voix mourut un court instant dans sa propre confusion. Il n'avait pas pour habitude de parler ainsi… il n'avait pas l'habitude de ressentir de telle émotions. Mais il devait le dire.

- Je refuse de te perdre Hermione. Avoua-t-il la gorge serrée.

Ce n'était pas la première fois qu'il lui disait une telle chose… et pourtant, ces mots eurent une étrange saveur sur sa langue. Comme une vérité dont on aurait oublié le goût, il sentit ses papilles s'agiter et son cœur s'emballer. Il pensait ce qu'il disait mais plus encore ; il le ressentait.

- Je ne l'avais pas compris jusqu'à ces derniers jours mais… ma colère n'est que le résultat de ma propre peur. Ma peur de te voir te lancer dans une quête plus suicidaire que la précédente, de voir la Résistance te trouver, de ne pas réussir à te sauver… mais même en t'enfermant dans ta chambre, j'ai réussi à te mettre en danger. Soupira-t-il affligé.

- Ce n'était pas votre faute !

- Si Hermione. Tonna-t-il. Ça l'était. Je suis ton Maître. Je suis le seul à devoir garantir ta sécurité. Mais je dois aussi penser à ton bien-être et comme tu le sais, me soucier de mon prochain n'est pas ma spécialité.

- Maître…

- Je ne peux pas te promettre de réussir. Dit-il brusquement. Je ne peux pas te promettre de ne plus être en colère, irascible, brutal ou antipathique. Mais… je suis prêt à faire de mon mieux.

Incapable d'y croire, Hermione se sentit frissonner d'incrédulité. Il s'engageait à essayer de changer ? Lui ? Pour elle…

- Non, je… je ne veux pas que vous changiez pour moi. Souffla-t-elle

- Même si je le voulais, je ne pense pas qu'une telle chose soit possible… Grimaça-t-il amusé. Mais je veux que nous retrouvions une certaine stabilité. La guerre est à nos portes, l'imminence du Fléau Divin se rapproche, nos alliés se questionnent… nous ne pouvons plus nous permettre de faire cavalier seul. Or, une telle chose ne sera possible que si nous faisons tous deux un certain nombre de compromis.

- Quel genre de compromis ?

- Eh bien, je… je peux essayer d'être un meilleur Maître pour toi. Un Maître qui t'écoutera, te soutiendra et… qui ne t'abandonnera pas pendant plusieurs semaines avant de t'enfermer dans ta chambre.

Conquise devant son sourire, la jeune femme se mordit la langue pour ne pas faillir.

- Bien entendu, j'attendrais de toi que tu cesses de t'affamer, de t'épuiser et de te mettre en danger…

- Je vous le promets !

- Hermione… tu as déjà fait cette promesse. Grinça plus durement.

- Je sais mais… cette fois sera différente ! Assura-t-elle. J'ai… j'ai conscience de la chance que vous m'offrez. J'ai conscience que je serais morte depuis longtemps si vous ne m'aviez pas sauvé ! Je… ne veux plus vous défier. Jamais.

Elle pensait ce qu'elle disait. Une certitude qu'il vit rayonner depuis le halo de sa marque bandée…

- Je veux te croire. Dit-il alors du bout des lèvres. Et même si… la confiance et la foi ne sont pas mes premières qualités, je veux croire que nous pouvons surmonter ce qui s'est passé. Je veux croire que nous pouvons nous améliorer.

- Moi aussi. Mais j'ai malgré tout désobéi à vos ordres et… quoi qu'on puisse en penser, ma punition était méritée. Dit-elle mal à l'aise.

- Je le pensais aussi, mais j'avais tort. Ce n'est pas uniquement à toi de me jurer fidélité Hermione…

- Que voulez-vous dire ?

- Qu'il est de mon devoir de tout faire pour te garder à mes côtés.

Touchée, la jeune femme balbutia un court instant. Personne ne lui avait jamais dit ça… ni Harry, ni Ron, ni la Résistance ou encore ses amis passés. Personne en ce bas monde n'avait jamais tenté de la garder à ses côtés.

- Tu n'es pas une simple fidèle Hermione. Tu es précieuse à mes yeux et… il est temps que je commence à te traiter comme telle.

- Mon titre d'Initiée ne m'exempte pas de mes devoirs. Souffla-t-elle. Je vous dois respect et obéissance.

- C'est vrai. Admit-il. Mais tu n'es pas qu'une simple Initiée.

Plus violents qu'une balle, ses mots perforèrent son âme et la laissèrent béate devant lui, incertaine et livide malgré sa fièvre montante. « Tu n'es pas qu'une simple Initiée ». Ça ne se pouvait pas… Il… Il ne pouvait pas lui dire ça. Et pourtant, jamais son regard ne dévia. Semblable à l'écho d'une détonation, une étrange résonnance combla soudainement leur silence. Une onde. Une entente. Une compréhension sourde et muette… et pourtant assourdissante. Aussi, c'est plus ébranlée que jamais qu'Hermione sentit son cœur se serrer sous l'étau de ses yeux embrasé.

Pas qu'une simple Initiée.
Pas qu'une simple Initiée.

Par Merlin. Ces mots… elle les connaissait. Non. Elle les avait rêvés. « A ses yeux, je resterais à jamais son Initiée. » Oh Seigneur... Se pouvait-il que… non. Non ! Elle divaguait. Et pourtant, jamais son regard ne l'avait tant pétrifié. Le souffle court, elle vit ses pupilles la souder de toute part, laissant ses poumons s'embraser sous la douleur de son apnée. « Pas qu'une simple Initiée… ». Etait-ce possible ? Le pensait-il vraiment ? Pourtant et alors que ces mots auraient dû susciter d'avantage de questions, Hermione ne parvînt plus à s'interroger. Brusquement figée, son esprit se vida de toute pensée, ne laissant que cet instant irréel l'habiter. Et pour cause, il n'avait pas hésité. Il n'avait pas murmuré. Non. Il les avait prononcés ces mots d'un ton ferme et déterminé ; d'un ton dont le seul écho suffit à la faire frissonner.

- Je veux que nous prenions un nouveau départ. Dit-il enfin. Tous les deux.

- Je le veux aussi. Souffla-t-elle sans respirer. Je… je ne veux plus vous décevoir.

Ils pouvaient tourner la page. Ils pouvaient retrouver ce que ces dernières semaines leur avaient arraché. Aussi, un fin sourire éclaira son visage. Il ignorait où tout cela allait les mener mais refusait de s'en inquiéter. Ce soir, tout pouvait enfin recommencer.

- Serions-nous d'accord pour la première fois depuis deux mois ? Demanda-t-il amusé.

- Oui, je le crois bien… Sourit-elle.

- Tant mieux.

Bon Dieu… il la fixait avec tant d'intensité ; tant de sincérité. Comment pourrait-elle un jour vouloir le quitter ? C'était inconcevable. Aussi, c'est le cœur au bord des larmes qu'Hermione laissa échapper un sourire. Ces derniers temps, elle n'avait cessé de penser à la folie de son attachement pour lui ; à l'hérésie de ses sentiments et à tout ce qu'elle s'évertuait à chasser de son esprit. Mais maintenant qu'il était là, devant elle à parler à cœur ouvert… elle n'eut plus le moindre doute. Ce n'était pas une erreur. Ce qu'elle éprouvait à son égard n'était pas une erreur. Non… c'était magnifique. Et quand bien même elle devrait en souffrir, qu'il en soit ainsi. Il était son Maître… cet Être de mystère, de contradiction, de conflits et de pouvoirs qu'elle respectait tant. Et oui, il était également un monstre ; un homme aux crimes infinis et aux repentis impossibles… Mais avec du recul, elle ne valait pas mieux que lui. Alors pourquoi lutter ? Pourquoi nier ? Quoi qu'elle fasse, cette vérité la suivrait partout où elle irait. Quoi qu'elle fasse, son cœur resterait à jamais gravé de l'étrange sentiment qu'elle lui portait. Et même si elle ne parvenait pas encore à comprendre l'ampleur de ce dernier… même si une partie d'elle-même refusait encore d'admettre l'évidence… ça n'avait pas d'importance.

Car aussi complexe, torturé, vicieux, cruel et destructeur qu'il était… Voldemort était tout ce que son cœur désirait.

Une vérité qui pour la première fois, ne l'effraya presque pas.


Alors ? Que pensez-vous de cet entretien ? N'hésitez pas à me le dire ;)