Okk les amis ! Installez-vous confortablement, faîtes vous un thé, prenez des petits gâteau et accrochez vos ceintures... le spectacle va commencer ;)
Attendre…
Encore et toujours attendre…
Hermione ne faisait que ça…
Elle avait attendu que son Maître lui expose son plan, que Narcissa l'aide à choisir sa robe, que la nuit passe, que ses angoisses s'effacent, que le soleil se lève, que l'heure de l'audience approche... Elle n'avait fait qu'attendre, la boule au ventre et le cœur impatient.
Attendre sans jamais se plaindre.
Attendre sans jamais craquer.
Attendre que débute enfin son procès.
Aussi et quand l'heure de rejoindre Voldemort dans la Salle du Trône avait sonné, la jeune femme n'avait plus sut quoi espérer. Essoufflée dans sa propre anxiété, elle avait passé sa soirée à étudier leurs stratégies, à lire les rapports de leurs espions, à anticiper milles et une question et pourtant… elle ne sentait pas plus avancée. Comment aurait-elle pu d'ailleurs ? Elle savait que son Maître avait tout préparé, que leur plan était rôdé et que rien ne pourrait jamais lui arriver ; mais ces homologues avaient traversé les océans pour la juger ! Des océans rougis par son crime qui plus est… Une belle ironie, qu'aucun d'eux ne manquerait de soulever une fois que les masques seraient tombés. Car elle ne se faisait aucune illusion ; son titre d'Initiée ne la sauverait pas de leurs indignations. Déterminés à la déstabiliser, ils ne lui offriraient que remarques cyniques et textes de lois archaïques ! Ils tenteraient de la piéger, de la mettre au pied du mur et de l'humilier tout en exposant chacune de ses transgressions avec honte et condescendance. Une réaction censée et logique aux vues de ce qu'elle avait fait… mais qu'elle devrait affronter dans la plus absolue des impassibilités.
- Cette journée s'annonce prometteuse ! S'exclama le Mage en prenant place.
Assise aux côtés de son Maître depuis déjà plusieurs minutes, Hermione s'efforça de ne rien dire malgré la litanie hurlante qui hantait son esprit… Elle aurait aimé faire preuve d'honnêteté ; lui dire à quel point elle haïssait l'entretien qu'il avait mis des heures à préparer, lui avouer que son cœur était sur le point d'exploser et que sa marque ne l'avait jamais autant brûlé ! Mais à quoi bon l'inquiéter ? Il savait déjà tout ce qu'elle s'empêchait de hurler. Et puis… à bien le regarder, Hermione douta que cela soit une bonne idée ; car jamais encore elle n'avait vu son Maître aussi agité. Impeccablement vêtu de son imposante robe de sorcier, elle le vit marmonner, frapper les accoudoirs de son trône avec force, fixer les portes de la Grande Salle avec frénésie et l'entendit même fredonner un air de musique. Une attitude quelque peu déplacée aux vues des circonstances, qui cependant, ne parvînt pas à la surprendre. Et pour cause ! Il était impatient… Loin de se laisser intimider par la menace que représentait une telle audience, le Mage se réjouissait à l'idée de pouvoir enfin humilier une bande d'émissaires venus le défier, mais plus encore ! Il mourrait d'impatience de réaffirmer sa suprématie sur leur insupportable démocratie. Une évidence qu'Hermione vit briller dans l'éclat de son regard et qui l'inquiéta d'avantage. Il espérait un débordement. Il espérait une offense. Il espérait une sentence ! Pourquoi ? Sûrement pour assouvir sa soif de sang… mais aussi pour la voir prendre les devants. Tout comme lors du Bal, il lui avait très clairement fait comprendre ses attentes. Il voulait qu'elle s'affirme, qu'elle se défende et revête le titre sanglant que son crime avait gravé dans le rouge des Océans. Il voulait qu'elle soit fière et ne montre aucune faiblesse ! Il voulait qu'elle se comporte en Déesse… Aussi, c'est avec la plus grande peine du monde que la jeune femme serra les dents et sourit en silence. Elle n'avait plus le temps de réfléchir à ce qu'elle pourrait dire. Elle n'avait plus le temps de préparer sa défense ou d'anticiper leurs questions ! Non… elle devait se recentrer sur leur plan et n'afficher qu'une profonde indifférence. Quoi qu'il arrive, quoi qu'ils disent et quoi qu'ils fassent, elle devait se montrer froide, cruelle et redoutable. Elle devait oublier jusqu'à sa dernière once de culpabilité ! Renier son humanité ! Devenir l'incarnation même de la cruauté ! Après tout, ces étrangers n'avaient pour but que de l'offenser… Ils souhaitaient la destituer, la faire juger afin de la voir condamner ! Leurs seules présences en ce lieux étaient une marque d'hostilité. Que dire, une véritable déclaration de guerre ! Et c'est avec ce même esprit qu'elle devait les traiter. C'est avec ce même esprit qu'elle devait les mépriser…
- Les homologues sont-ils prêts ? Lança-t-il.
- Oui Maître. Dit un Elfe entre deux courbettes. Ils attendent votre autorisation pour se présenter à vous.
- Bien. Tonna-t-il. Fais-leur savoir que mon Initiée et moi-même sommes fin prêts.
C'était le moment…
Retenant un frisson, Hermione se redressa sur son trône et lissa les pans de sa robe. Plus étriquée que jamais malgré son absence de corset, elle et Narcissa avaient opté pour une élégante robe de soie noir. Très près du corps et sans manche, elle enserrait sa taille dans une coupe épurée avant de remonter en un profond col en V. Un habit de haute couture, affreusement luxueux et quelque peu audacieux, mais qui représentait assez bien l'esprit de cette audience : le risque et la défiance. Un habit que son Maître ne put s'empêcher de détailler d'un œil flatté.
- Je te félicite. Lui dit-il.
- Pour quelles raisons ?
- Tu es splendide.
Etonnée devant la spontanéité d'un tel compliment, Hermione ne sut que répondre. Elle n'avait pas cherché à être belle aujourd'hui… seulement à inspirer le respect et la peur. Pour preuve, elle avait même laissé Narcissa parer ses yeux de noir et lui lisser les cheveux ! Pourtant l'entendre dire une telle chose… à un tel moment… la déstabilisa plus encore que le sifflement heureux de son serpent.
- Merci. Souffla-t-elle dans un sourire. En toute honnêteté, j'avais peur que cette tenue soit trop osée.
- Loin de là ! Nous cherchons à les impressionner.
- Heureusement pour moi… Mon décolleté est ma dernière chance de les amadouer.
- Ou une parfaite occasion de les tuer. Rétorqua-t-il vivement.
- Maître !
- Ne prends pas cet air surpris. Dit-il. Je persiste et signe ; j'éviscérerais le premier qui aura l'audace de te reluquer.
- Je ne serais pas contre… sourit-elle. Et puis, cela écourterait cette audience.
Amusé devant son sourire sarcastique, Voldemort se pinça les lèvres et leva les yeux au ciel. Qu'il était épuisant de veiller sur une Déesse...
- Espérons ne pas en arriver là. Sourit-il.
- Si vous le dîtes.
Un tintement de cloche retentit entre leurs sourires et leur souffle s'alourdit.
- Prête ?
- Prête.
- Nous vous remercions pour votre accueil cher Mage. En tant que représentants du Comité d'Ethique et de Protection de la Magie, nous ne sommes que peu habitués à une telle hospitalité.
- Il n'y a pas de quoi être surpris. Tonna Voldemort. Malgré vos insultes et odieuses menaces, mon Initiée et moi-même avions à coeur de vous recevoir comme il se doit.
La première hostilité était lancée…
Déstabilisés devant une telle remarque, Hermione vit leurs invités frissonner et esquiva un sourire. Avec un peu de chance, elle n'aurait peut-être pas à parler avant de ne voir l'un de ces vieux sorciers sortir de ses gongs et riposter… Pourtant et aux vues de leur petite assemblée, la jeune femme ne put s'empêcher de grimacer. Agés, guindés et de toute évidence agacés devant l'apanage de leur supériorité, ce n'est pas moins de quatre représentants du Comité qui avaient fait le déplacement depuis l'autre continent. Quatre membres… Un nombre tout aussi surprenant qu'inhabituel, qui avait laissé flotter un fin sourire sur leurs lèvres. Il était rare que le Comité se permette d'interférer dans la politique de leur pays, mais qu'il envoie quatre brebis en sacrifice ? Par Merlin, c'était inédit – quoi que légèrement stupide… en particulier quand celles-ci se permettaient de les jauger de leurs petits yeux plissés. Vêtus de robe de hautes coutures, de chapeaux haut de forme et de sourires hypocrites, ils les avaient vu s'avancer jusqu'à eux sans rien dire. La tête haute et les lèvres pincées, ils s'étaient rapidement inclinés dans une grimace à peine déguisée, avant de fièrement se présenter comme les émissaires du Monde Libre… une entrée en matière quelque peu audacieuse, que son Maître avait accueillie dans le plus délicieux des mépris. S'en était suivit de longues secondes de silence pendant lesquelles ils virent leurs invités détailler leurs trônes avec dédain et sévérité. Bien sûr, à leurs yeux tout ceci n'était que mise en scène et arrogance ; une mascarade orchestrée pour sauver les apparences ! Mais ils étaient encore loin du compte… car comme le disait souvent son Maître : « A quoi bon vouloir inspirer confiance ? Un démon digne de ce nom reçoit ses invités dans un donjon ». Aussi et malgré leurs vaines tentatives de l'offenser, le mage n'avait presque pas réagi à leurs sourires calculés et s'était contenté de les regarder. Une indifférence étonnante, devant laquelle Hermione ne put s'empêcher de frissonner... Il était encore trop tôt pour engager le conflit. Pourtant et à jauger les œillades condescendantes qu'ils se permettaient de leur lancer, cette heure se saurait se retarder.
- Nous espérons que nos inquiétudes transmises à votre Ministère n'ont pas été mal interprétées.
- Loin de là. Assura-t-il amusé. Vos inquiétudes ont été formulées avec la plus grande des clartés et nous sommes déterminés à les endiguer au plus vite.
Le ton jovial qu'il employa leur arracha une figure inquiète. De toute évidence, ils ne s'étaient attendus pas à ce qu'un Seigneur des Ténèbres tel que Voldemort se montre aussi… coopératif.
- Oh… c'est heureux. Balbutia le plus âgé. Nous avons conscience de la délicatesse du sujet que nous sommes sur point d'aborder et nous craignions que cet entretien ne soit perçu comme une marque d'hostilité à votre égard.
- Je doute qu'il y ait d'autres manières de le percevoir, mais je suis ouvert au débat. Rétorqua-t-il avec désinvolture.
- Oh non cher Mage, notre but n'est en aucun cas de vous offenser. Assura-t-il confiant. Au contraire, nous souhaitons une résolution pacifique des potentiels conflits que nous sommes sur le point de vous présenter.
- Moi de même… acquiesça-t-il. Néanmoins, il est rare qu'une délégation du Comité demande audience alors je vous en prie gentlemans, ne perdons pas de temps… Parlez.
Se concertant d'un regard, les quatre représentant frémirent en cœur à l'écho du silence qui suivit sa déclaration. Voldemort ? Ouvert au débat ? Ils n'y croyaient pas… mais ils n'avaient plus le choix. Aussi, c'est d'un hochement de tête silencieux que les sorciers laissèrent le plus âgé d'entre eux s'avancer face à lui. Fier de son expérience en matière de conflits et quiproquo politiques, il se racla la gorge avant de se saisir de l'un des milles rapports d'incidents qui avait été rapporté au Comité. Un dossier imposant, complet, explicite et de toute évidence incriminant, dont la simple vue suffit à éveiller l'intérêt de cette chère Initiée… une attention tout particulière, qui plus que celle du Mage, les déstabilisa davantage.
Arborant sa marque avec fierté, aucun des représentants ne put cacher son trouble devant l'élégante férocité de son allure. Et pour cause ! Ils n'avaient entendu que des rumeurs et étudié des rapports ; mais la voir de si près, elle… la célèbre Hermione Granger… la guerrière du Trio d'Or, la Plus Grande Traitresse de l'Histoire… c'était à peine croyable. Pâle et vêtue de soie noire, ils virent ses cheveux tomber légèrement sur ses épaules, une étrange mèche blonde platine lui barrant le front. Trônant fièrement aux côtés de son Maître, elle ne laissait transparaître ni état d'âme, intérêt ou inquiétude… mais seulement un profond dédain, qu'ils entendirent raisonner depuis le claquement régulier de ses talons aiguilles sur le sol pavé. Aussi, chacun des sorciers se sentit rougir devant le carmin insolent de ses lèvres et détourna le regard devant la finesse impétueuse de ses traits. Telle la plus inaccessible des créatures, elle les toisait de son regard charbonneux, un mélange d'agacement et de désintérêt brillant dans l'éclat de ses yeux. Silencieuse depuis leur arrivée, elle n'avait pas encore daigné les saluer – un détail qui ne manquait pas de les offenser – mais qu'aucun d'eux ne chercha à relever. Ne les gratifiant que de quelques coups d'œil cinglants et grimaces désobligeantes, ils durent se contenter de son silence avant de subitement sursauter au sifflement strident de son serpent. Rampant jusqu'à son cou, ils le virent s'y nouer tel le plus luxueux des bijoux ; un geste lent, étrange et dérangeant, qui se mit à résonner dans un délicat bruissement d'écailles. Un bruissement qui retentit davantage devant l'esquisse de son sourire conquis… un sourire amusé et empreint de mépris. Un sourire carnassier et séducteur... Un sourire devant lequel le vieil homme déglutit dans un spasme de terreur.
Aucun d'eux ne s'était attendu à un si joli visage… à vrai dire, aucun d'eux ne s'était attendu à confronter une telle femme ! Tel l'Alter-Ego féminin de son Maître, elle n'avait rien à envier à la réputation que le monde lui avait donnée ; un détail que les émissaires ne mirent pas longtemps à réaliser.
Oui… ce n'était pas un Seigneur et son Initiée qu'ils devraient affronter ; mais un véritable couple princier.
- Comme vous le savez sans doute, le Magetmagot a récemment ouvert une enquête suite aux récents agissement de votre Initiée d'Honneur.
- Cela m'a été rapporté en effet. Siffla-t-il amusé.
- Oui… cependant je doute qu'il soit convenable de tenir cet entretien en présence de la principale concernée…
Etonnée devant l'audace d'une telle requête, Hermione ne put s'empêcher de hausser un sourcil et regarda son Maître d'un air surpris. De toute évidence, aucun d'eux ne souhaitait prendre le risque de la voir réduire leurs rapports en un tas de cendre fumantes. Cependant et face à l'arrogance d'une telle proposition, Voldemort ne put s'empêcher de grincer des dents. Lui demander de congédier son Initiée ? Alors même qu'il était question d'un potentiel procès ? Quel culot… quel affront ! A croire que les bonnes manières et le respect ne devaient pas être en vogue sur l'autre continent…
- Tout au contraire Messieurs. Claqua-t-il brusquement. Mon Initiée ait plus qu'en droit d'assister à cette audience et si cela dérange l'un de vous, je ne peux que lui recommander de se retirer dans l'instant.
Ebranlé devant l'implacabilité de son ton, le vieil homme déglutit et regarda son rapport dans un frisson. Tout ceci allait être très gênant… Aussi, il ne sut pas par où commencer et peina à respirer. Détaillé de tout part, il sentit ses mains se refermer fébrilement sur son dossier et se racla à nouveau la gorge. Il ne devait pas se laisser intimider ! D'ailleurs, il n'y avait rien ici en mesure de les impressionner ! Et certainement pas cette Initiée ! Sa désinvolture, son serpent, sa magie, sa tenue… tout ceci n'était que cinéma et vanité. Un stratagème vulgaire et vain, destiné à les déstabiliser ; mais ils ne cèderaient pas à ses coups d'œil acérés. Car c'était bel et bien pour son crime qu'ils s'étaient déplacés. Un crime qui ne devait en aucun cas être supplanté par l'insolence de son silence, la simplicité de sa magnificence ou son implacable prestance ! Oui… aussi belle et intrigante soit-elle, cette sorcière n'en restait pas moins la plus controversée et dangereuse des criminelles.
- Bien… dans ce cas, c'est avec regret que le Comité d'Ethique et de Protection de la Magie vous informe qu'un mandat d'Arrêt International a été lancé à l'encontre de votre Initiée d'Honneur, Hermione Jean Granger. Déclara-t-il avec force.
- Malfoy. Tonna-t-il brusquement.
Que le spectacle commence…
- Pa… pardon ?
- Mon Initiée se nomme Hermione Jean Narcissa Malfoy.
Eberlué devant une telle nouvelle, on entendit le souffle des représentants se couper brusquement. De toute évidence, la nouvelle de son adoption n'avait pas encore traversé les Océans.
- Oh heu… bien. Bégaya-t-il.
- Poursuivez.
Poursuivre ? Après ça ? Grand Dieu…
- Oui heu… Suite aux incidents qui lui ont été rapporté, le Comité a également apporté son soutien envers le Magetmagot qui souhaiterait faire comparaître… Hermione Jean Narcissa Malfoy, devant la Cour Internationale de Magie de la Haie, afin qu'elle puisse répondre des accusations suivantes : « Pratique illégale de Magie Noire - Pratique de Sorts Proscrits de Niveaux 6 - Crimes contre la Communité Magique - Violation délibérée et ignominieuse des Droit Fondamentaux des Créatures Magiques - Violation des Lois Naturelles de la Magie - Extermination de Masse. »
Retenant un frisson à la fin de son énumération, Hermione déglutit en silence. Deux accusations de crimes majeurs, ajoutés à quatre accusations de crimes contre la Sorcellerie dont un génocide… Seigneur, c'était une première. Même Grindelwald n'avait pas eu autant de chef d'accusions lors de son Procès ! Pourtant, la jeune femme ne montra rien de son malaise et jeta un bref regard sur son Maître. Loin de se laisser impressionner, il fixa avec indifférence leurs homologues qui toujours silencieux face à eux, retinrent leurs respirations. Incertain, le vieil homme les dévisagea tous deux dans l'attente d'un mot, d'une objection ou même d'un cri d'indignation… mais rien ne vînt ; de quoi le conforter un court instant dans sa déclaration, qu'il reprit d'un ton plus fort.
- Comme vous le savez, de tels actes relèvent de la plus Haute Juridiction de la Cour Internationale de Magie. Vous comprendrez donc que dans le cadre d'un tel procès, l'accusée ne peut revêtir le Titre honorifique d'Initiée d'Honneur de Mage Noir. Le Magetmagot vous demande donc de la destituer afin qu'elle soit traduite en justice dans les meilleurs délais. Ajouta-t-il.
Hochant vaguement la tête, Voldemort se pinça les lèvres en silence. Décidément, il avait sous-estimé l'arrogance des américains… ou leur stupidité ? Dans le cas présent, l'un n'allait pas sans l'autre.
- Y-a-t-il autre chose ? Demanda-t-il simplement.
Plus enclin à parler, c'est un autre représentant qui reprit le relais. Plus jeune que son aïeul, il s'avança de quelque pas et ôta son chapeau avec respect. Un geste qui en ces circonstances, n'eut pas la moindre importance...
- Eh bien… Le Comité ainsi que le Magetmagot ont parfaitement conscience de l'embarras que pourrait susciter un tel procès. Votre récente ascension au pouvoir ne vous laisse que peu de marge de manœuvre, en particulier depuis la Révolte des Centaures et l'accroissement significatif des sympathisants de la Résistance. Nous comprenons que cette citation à comparaître arrive à un véritable tournant dans votre règne mais nous souhaiterions vous apporter notre aide.
Cette fois, Hermione ne chercha même pas à cacher le choc qui la frappa. « L'embarras » … « peu de marge de manœuvre » … « un véritable tournant dans votre règne » … « vous apporter notre aide ». Par Merlin, cet homme était suicidaire ! Il s'adressait à Voldemort ! Pas à un parlementaire douteux qui risquait de perdre sa place au Ministère ! Aussi, elle ne fut pas surprise de voir son Maître serrer les poings et déglutir dans un raclement de gorge contraint. A croire que ces représentants étaient dénués du plus basique des instincts de survie…
- Et quelle aide pensez-vous être en mesure de nous apporter ? Demanda-t-il du bout des lèvres.
- Nous nous efforcerons de garder la presse à distance. Ce sera un procès à huis-clos ; il n'y aura pas d'esclandres, de journalistes ou de public… seulement l'accusée et ses pairs. Malgré tout, nous pensons qu'un communiqué Officiel de Destitution calmerait les interrogations et doutes de votre peuple. Si vous destituez votre Initiée, les Centaures y verraient un geste de paix. Dit-il. Leurs révoltes cesseraient et la Résistance ne pourrait plus en tirer profit. Votre règne retrouverait une certaine stabilité et tout le monde serait satisfait.
Son argumentaire n'était pas mauvais… Hermione devait le reconnaître. Mais de là à penser qu'il puisse marcher ? Qu'il réussirait à convaincre le plus Grand Seigneur des Ténèbres à obtempérer ? C'était osé… et également symptomatique d'une profonde débilité.
- Je vois… avez-vous fini ? Siffla-t-il froidement.
- Oui très cher Mage.
- Bien.
Surpris devant son étrange calme, les émissaires échangèrent un regard inquiet. Ils ne savaient à pas quoi s'attendre en demandant d'une telle audience, mais ce silence… cette indifférence… que dire, cette ignorance… était de loin bien plus déstabilisante que leur crainte d'essuyer son implacable vengeance.
- Initiée. Dit-il alors avec force. Souhaiterais-tu t'exprimer après cet intéressant exposé de tes chefs d'accusation ?
Toujours silencieuse face à eux, Hermione entendit son Serpent siffler joyeusement contre son cou et regarda leurs homologues la détailler. De toute évidence, ils prenaient son procès pour acquis… un constat qui étrangement la ravit. Elle n'était pas étrangère aux menaces, au dédain ou aux suspicions malveillantes des bureaucrates américains. D'ailleurs ce n'était pas la première fois qu'elle faisait l'objet d'une enquête pour crime contre la Sorcellerie ; Dolorès Ombrage elle-même avait tenté de la traîner devant les tribunaux pour Usurpation de Magie et Pratiques Impures de ses pouvoirs de Née-moldue. Mais tout comme elle, le Comité échouerait… Aussi et même si les crimes dont elle était accusée relevait de la plus haute gravité, la jeune femme ne put s'empêcher d'esquiver un sourire amusé. Elle avait été une hors la loi pendant de longues années, avait échappé à la mort, à ses procès et était même parvenue à fuir le plus grand Mage de ce siècle ! Alors une citation à comparaître ? Devant la Cour Internationale de Magie de la Haie ? C'était sérieux certes… mais rien de plus qu'une fausse promesse ; un espoir insensé, une folie tentée ! Une certitude qui la fit glousser un court instant devant les émissaires mortifiés.
- Je dois avouer que tout ceci est particulièrement divertissant. Déclara-t-elle légèrement. J'ignorais que le Magetmagot portait un si grand intérêt à la défense des Droits Fondamentaux des Créatures Magiques. C'est une belle avancée, je le reconnais... Néanmoins, je me désole de constater le manque de fondement de vos accusations.
Ahurit devant une telle déclaration, les émissaires ne surent que répondre. Ils s'étaient attendus à ce qu'elle riposte ou entame sa défense… mais certainement pas à ce qu'elle les attaque sur le fondement même de leurs accusations.
- Honorable Initiée, nous… nous comprenons que ceci doit vous déstabiliser. Affirma l'un des hommes en retrait. Mais nous avons avec nous plusieurs centaines de rapports d'infractions dont plus de la moitié relève de crimes contre notre communauté !
- Je n'en doute pas. Rétorqua-t-elle. Le Comité d'Ethique et de Protection de la Magie a toujours eu un talent remarquable en matière de paperasserie inutile… Cependant, je doute qu'un seul d'entre eux ne vaille la peine d'être lu.
- Insinueriez-vous n'avoir commis aucun crime ? S'étouffa le plus âge.
- C'est exact. Affirma-t-elle.
Un nouveau blanc suivit sa déclaration, emprunt cette fois d'une profonde consternation.
- Vous… vous niez donc être responsable de l'Extinction des Sirènes ?!
Souriant franchement à une telle question, Hermione se redressa lentement sur son trône et fit claquer ses talons. Un son franc et percutant, qui plus létale qu'un Avada lancé à pleins poumons, fit violement sursauter les représentants. Une réaction réflexe et instinctive, dont la seule vue suffit à transcender Voldemort d'un sourire ravi.
Le jeu était lancé.
Sa Déesse allait parler.
- Je vous en prie… Ne soyez-pas stupides. Lança-t-elle amusée.
- Mais…
- Je revendique pleinement ce Génocide. Tonna-t-elle froidement.
Cette fois, plus aucun émissaire ne sut quoi penser.
- Mais… mais vous venez de dire que…
- Ce que j'ai dit cher représentant, est que vos accusations manquent de fondement. Claqua-t-elle sèchement.
- Mais enfin vos paroles sont contradictoires ! S'exclama le plus âgé.
Affligée devant leur manque de compréhension, Hermione leva les yeux au ciel et se pinça les lèvres. Ils étaient bien moins futés qu'elle ne se l'était imaginée.
- Bien… dans ce cas laissez-moi reformuler en des termes plus simples. Je revendique et assume pleinement tout ce que j'ai accompli depuis ma nomination. Néanmoins, je réfute catégoriquement votre affirmation selon laquelle mes agissements constitueraient des Crimes contre la Communauté Magique.
Elle… elle réfutait la qualification de crime ? Alors même qu'elle revendiquait un Génocide… Mais, ça n'avait aucun sens !
- Honorable Initiée… excusez notre confusion mais vos agissements ont mené à l'anéantissement des Sirènes. Déclara le plus jeune de tous. Vous avez orchestré une Extermination de Masse. Cet acte à lui seul constitue un Crime majeur !
- Une fois de plus, vous faîtes erreur.
- Voyons… Honorable Initiée, vous ne pouvez raisonnablement nous faire croire qu'exterminer une espèce entière de créature Magique ne constitue pas un crime !
- Et pourtant, ce n'en est pas un.
- Mais…
- Etiez-vous présent ce jour-là cher représentant ? Demanda-t-elle brusquement.
Désorientés devant une telle question, les émissaires se regardèrent sans comprendre.
- Pardon ?
- Etiez-vous présent ? Répéta-t-elle.
- Eh bien non, mais nos rapports affirment que…
- Vos rapports expliquent-ils les raisons qui m'ont poussé à descendre dans le Lac Noir, au beau milieu de la nuit la plus glaciale du mois de Mars ? Expliquent-ils comment j'ai dû user de ruse et malice pour traverser la barrière de magie défensive que les Sirènes avaient installé dans ces eaux ? Expliquent-ils comment j'ai réussi à atteindre leur repère et rencontrer la Reine-Mère ?
Mal à l'aise, on vit les émissaires pâlirent devant de telles questions… Non. Leurs rapports n'en disaient rien. Un détail qui bien qu'il puisse sembler inopportun, instaura une profonde gêne entre leurs rangs.
- Ces… ces informations ne nous ont pas été communiquées mais…
- Alors ces rapports ne valent rien. Claqua-t-elle froidement.
- Honorable Initiée… nous entendons votre raisonnement. Mais le Comité estime qu'un Génocide est un crime qu'aucune circonstance n'est en mesure de justifier !
- M'avez-vous entendu parler de justification ? Demanda-t-elle alors.
- Mais vous…
- Je vous parle de faits chers représentants ! Claqua-t-elle. Les Sirènes ont proféré d'odieuses menaces à l'encontre de notre communauté. La Reine Mère du Lac Noir – la Mère de toutes les Reines Mères – nous a ouvertement fait savoir qu'elle se préparait à reprendre le contrôle des Océans afin d'assouvir sa vengeance sur le Monde Sorcier ! J'ai bien conscience que votre compréhension des conflits entre espèces est quelque peu limitée… mais je vous laisse imaginer les conséquences qu'aurait engendré une nouvelle guerre entre le peuple des Sirènes et le Monde Sorcier ; une guerre totale qui plus est !
Tétanisés devant la puissance de son aura, on vit les représentants se ratatiner sur place. Elle ne plaisantait pas… elle revendiquait son crime et son extermination de masse. Pire encore, elle les justifiait au titre de la protection du monde magique
- Mais vous avez éteint leur espèce ! S'exclama-t-il. C'est… c'est impardonnable.
Oui… c'était vrai. Elle ne pourrait jamais se pardonner ce qu'elle avait fait ; tout comme elle ne pourrait jamais se repentir d'un tel crime. Cependant un fin sourire cilla ses joues. Qu'ils étaient naïfs…
- Entendez-moi bien cher représentants… En tant qu'Initiée d'Honneur du Seigneur des Ténèbres, je ne suis nullement tributaire de votre pardon.
- Mais…
- La Reine Mère du Lac Noir était déterminée. Ajouta-t-elle. Elle, ainsi que toute son espèce représentait un danger grave et immédiat pour l'ensemble de notre communauté ! Un danger qu'il était urgent d'exterminer ! Je comprends que l'extinction de leur espèce puisse sembler cher payé, mais c'était le seul moyen d'empêcher leur peuple de se soulever contre notre Communauté ; le seul moyen de sauvegarder notre paix.
- Vous ne pouvez pas apaiser un conflit en exterminant toute une espèce de créatures magiques ! Se scandalisa-t-il. Cela va l'encontre de toutes nos conventions, nos accords de paix, nos lois et…
- Ah vraiment ? Dit-elle. Pourtant il ne me semble pas que Merlin ait été condamné pour sa contribution à l'Extermination des Trolls de Belrov. Pourtant ses Sortilèges ont permis aux sorciers de reprendre le contrôle de la Grande-Bretagne et d'éradiquer leur race.
- C'était il y a plusieurs centaines d'années ! S'étouffa-t-il.
- Et les Sirènes ont tués plusieurs centaines de milliers de Sorciers. Tonna-t-elle durement.
Transporté de fierté, Voldemort ne put s'empêcher de sourire devant le cinglant des mots de son Initiée. Cette prestance… ce répondant… ce ton… c'était plus que ce qu'il avait espéré ; plus que ce qu'il avait même imaginé ! Mais il n'avait pas de quoi être surpris. Hermione n'était pas du genre à se laisser intimider. Fière et impétueuse, elle incarnait tout ce que son règne revendiquait : la force, le pouvoir, la cruauté, le savoir – et tout cela dans la grâce et l'élégant claquement de ses talons. Un combo ravageur qui plus il la regardait, plus embrasait son cœur.
- Mais enfin… de tels agissements ne peuvent être cautionnés ! S'époumona l'un d'eux. Quelles qu'aient été les menaces de cette Reine-Mère, vous n'aviez aucun droit de les exterminer !
A ses simple mots, Voldemort perdit brusquement son sourire. Qu'avait-il osé dire ?
- Aucun droit ? Répéta-t-il du bout des lèvres.
Déstabilisé devant la soudaine intervention du Mage, l'émissaire frémit violement et déglutit sous l'étau de son regard rougeoyant. Il ne voulait pas se montrer offensant ; mais affirmer le contraire aurait été mensonge ! Ce Génocide était une catastrophe historique, éthique, climatique, biologique… un véritable fléau dont ils devraient tous payer le prix ! Et ils devraient croire aux paroles insensées de son Initiée ? En l'hypothèse que ce crime était le seul moyen de les protéger ?! Non… c'était inconcevable. C'était même inacceptable ! Aussi le vieil homme ne recula pas malgré le malaise qui le saisit et argumenta d'avantage.
- Eh bien, nous… nous parlons de plusieurs millions de sirènes, de tout notre écosystème et de l'avenir des océans ! Même les moldus devront payer les conséquences d'une telle extinction ! Tout ceci est extrêmement grave et votre Initiée…
- Mon Initiée ne dépend d'aucune juridiction. Elle n'avait aucune permission à recevoir de votre part. Dit-il entre ses dents.
- Mais elle a agi…
- Selon ma volonté !
Horrifié devant la brutalité de son ton, les émissaires blêmirent à la vue de sa baguette et retinrent un frisson. Dansant élégamment entre les doigts de son Maître, elle allait et venait dans une myriade de petites étincelles… Des étincelles qui commencèrent peu à peu à crépiter, à mesure que la colère du Mage s'intensifiait.
- Que les choses soient claires. Tonna-t-il. Je suis le seul en droit d'ordonner ma volonté à mon Initiée. Ni vous, ni le Magetmagot ou le Comité, ne jouissaient de cette autorité.
- Mais nos Traités…
- Ne sont rien d'autres que les preuves de votre lâcheté. J'ignore si les termes « d'Honneur » et de « Dignité » sont familiers au Comité, mais en tant que Seigneur Incontesté de ces terres, il était de mon devoir de prendre toutes les mesures nécessaires afin d'empêcher l'avènement d'une nouvelle guerre ! Hermione a exécuté les ordres que je lui ai donné. Elle a fait preuve d'une grande bravoure ce soir-là et a contribué à la préservation de notre paix. Elle a fait honneur à son Titre d'Initiée ; un Titre qu'aucune autorité, si ce n'est la mienne, n'est en droit de contester.
Frappé de mutisme après une telle déclaration, les représentants se regardèrent avant de déglutir en silence. Ils n'étaient pas en terrain conquis… à vrai dire, c'est à peine s'ils étaient les bienvenus dans un tel pays. Mais qu'auraient-il pu dire ?! Ils avaient une mission ! Un devoir ! Ils ne pouvaient pas laisser ces crimes impunis ! Pourtant, aucun d'eux ne chercha à argumenter devant le regard foudroyant de leur hôte. Accroché à son trône dans le tremblement nerveux de sa rage, le Mage sentit sa force faire craquer le bois de ses accoudoirs. Que n'aurait-il pas donner pour leur faire payer leur manque de respect ? Que n'aurait-il pas donner pour les voir ramper ?! Ces rats… ces clowns… que dire ! Ces infâmes vermines ! Mais ils étaient envoyés par le Comité… et même si les menaces de cette Institution ne l'inquiétait nullement, il ne pouvait laisser leurs suspicions gaspiller son temps.
- Veuillez accepter nos excuses cher Mage. Souffla l'émissaire livide. Nous sommes navrés si nos propos vous ont offensés. Nous ne nous permettrions jamais de remettre votre autorité en question, nous… nous souhaitions seulement vous partager nos craintes.
- Des craintes on ne plus déplacées. Répondit-t-il froidement. Le peuple des Sirènes a eu ce qu'il méritait. Et grâce à notre réactivité, le monde Sorcier n'aura plus jamais à les redouter. A vrai dire, j'estime que le Comité devrait faire preuve de reconnaissance, plutôt que d'accuser mon Initiée.
- Nous… nous comprenons mais… n'y avait-il pas une autre alternative ? Bafouilla-t-il. Le Magetmagot pense que…
- Oseriez-vous insinuer que le Plus Grand Seigneur des Ténèbres de l'histoire du monde aurait manqué de jugement ? Demanda subitement Hermione.
Effaré devant l'interprétation de ses propos, le vieil homme manqua d'air et paniqua brusquement.
- Loin de moi cette idée ! Mais… si les Sirènes représentaient une telle menace, pourquoi ne pas en avoir informé le Comité ? Demanda-t-il. Nous aurions pu engager des négociations et trouver un arrangement. Nous aurions pu vous aider à résoudre ce conflit de manière plus pacifique !
Outrée face à une telle question, Hermione sentit son serpent sortir les crocs et les jaugea gravement. Elle n'était peut-être pas fière de son génocide, de ses crimes ou de son potentiel de destruction… mais de là à demander de l'aide au Comité d'Ethique et de Protection de la magie ? A ce Conseil de bureaucrates aussi vils qu'inutiles ? A cette Institution désuète, vide de sens et malhonnête ? Non… elle ne pouvait le concevoir. Et pour cause ! Ils n'étaient qu'un mensonge ! Une vaste blague ! Une odieuse farce qui n'avait jamais servi d'autres intérêts que ceux des Américains ! Et pourtant, ce n'était pas faute d'avoir essayé… d'avoir demandé de l'aide et espéré leur soutien ! Mais cela n'avait mené à rien. Lâche et effrayé, le Comité n'avait jamais daigné intervenir dans aucune de leurs guerres. Pour preuve, il avait fermé les yeux sur les agissements de Grindelwald et avait même refusé d'aider Dumbledore à vaincre Voldemort ! Et il s'interrogeait sur le silence des conflits Européens ? Sur les raisons qui les poussaient à se passer de leurs services ? Quelle honte… quelle infâmie. Ils pensaient peut-être que leur Comité était une solution. Ils pensaient peut-être qu'un Seigneur tel que Voldemort avait besoin de leur approbation… mais se trompaient lourdement. Aussi, c'est vibrant d'une nouvelle rage que la jeune femme jeta un regard à son Maître et se leva de son trône. Impassible devant leurs tremblements, sa colère l'auréola de son éclat létal avant de résonner avec force dans l'écho de son pas impérial. Une image forte, puissante et profondément terrifiant, devant laquelle les représentants déglutirent dans un jappement. Déstabilisés par les claquements secs de ses talons, ils virent sa silhouette se mouvoir élégamment devant eux et peinèrent à soutenir son regard. Un spectacle dont se délecta le Mage Noir…
- Informer le Comité ? Répéta-t-elle froidement.
- Honorable Initiée, nous…
- Silence ! Explosa-t-elle brusquement.
Un ordre et les représentant se turent.
Un ordre et ils baissèrent le regard.
Un ordre auquel Voldemort frémit d'extase…
- Comment osez-vous proférer de telle absurdités devant votre Maître ? Comment osez-vous vous tenir devant lui et affirmer de telles inepties ?!
Tétanisés face à elle, aucun représentant ne trouva la force de répondre… et quand bien l'un d'eux en aurait eu le courage, il se serait évanouit devant la lueur cruelle de son regard. Pétrifiés, ils frémirent dans une sueur froide et ravalèrent leurs langues d'effroi. Une réaction qu'on n'aurait jamais cru voir de la part d'une assemblée d'émissaires… mais devant laquelle même les Dieux choisirent de se taire.
- Le Comité d'Ethique et de Protection de la Magie n'a jamais participé à la résolution du moindre conflit. Tonna-t-elle. Qu'il s'agisse de révoltes, d'émeutes, de provocations, d'empiètements de territoire ou de déclarations de guerres, il a toujours fermé les yeux sur les dangers qu'affrontent chaque jour des milliers de sorciers. Et nous aurions dû l'informer de la guerre qui se préparait ? Nous aurions dû… lui confier l'avenir de notre paix ?
Un profond silence suivit sa déclaration… un silence empreint de soumission que nul ne chercha à briser, mais qui ne parvint qu'à l'horripiler.
- Cette idée est grotesque. Siffla-t-elle amère. Alors entendez bien ceci… Le Comité n'a pas la moindre autorité sur le Seigneur des Ténèbres. Il n'a pas la moindre autorité dans ce pays, et n'en a plus en Europe depuis déjà plusieurs décennies. Affirmer le contraire est non seulement d'une bêtise sans nom, mais également un affront envers notre Maître.
- Nous… nous ne voulions pas vous… vous offenser. Bafouilla-t-il.
- J'en doute sincèrement. Rétorqua-t-elle. Néanmoins et afin de répondre une bonne fois pour toute à vos questions : Non, nous n'avons pas informé le Comité. Pour ce qui est des Sirène : Oui, j'ai exterminé leur espèce. Enfin et en ce qui concerne vos odieuse accusions à mon encontre : Non, ce n'était pas un crime mais un acte de légitime-défense destiné à protéger notre Paix.
Un nouveau silence…
Des nouveaux frémissements…
- Avez-vous d'autres questions ? Demanda-t-elle après quelques secondes.
Aucun ne parla. A vrai dire, aucun ne la regarda ; un silence synonyme de victoire. Elle ignorait si son discours avait été compris, mais ne chercha pas à s'en inquiéter. Pour l'heure, ils tremblaient… et c'était la seule et unique chose qui comptait. C'est donc d'un sourire léger et satisfait qu'Hermione les gratifia avant de lentement retourner s'assoir. Fébrile malgré l'adrénaline qui battait dans ses veines, elle s'efforça de garder contenance jusqu'à son trône et se racla la gorge dans un soupir.
Elle n'était pas habituée à être si redoutée ; à vrai dire, elle n'avait presque jamais cherché à l'être en dehors de ses entretiens avec Yaxley. Mais même si cela allait à l'encontre de toutes ses croyances, Hermione ne pouvait le nier… leurs gémissements plaintifs la fascinaient. Et pour cause ! Plus qu'un amusement, c'est une véritable pièce de théâtre qui se jouait ! Effrayés, tremblants, en sueurs et larmoyant, ces hommes n'avaient plus rien des émissaires qui étaient entrés. Ne restait que ce qu'ils en avaient fait… Des enfants effrayés à l'idée d'être grondés. Des lâches qui n'avaient d'autre choix que de reconnaître leur profonde inutilité ; des faibles qui choisissaient de ramper. Et le plus impressionnant était qu'elle s'en délectait. Elle aurait dû avoir honte, culpabiliser et détester chaque instant de cette maudite audience ! Mais n'éprouvait rien de tout cela ! Non… seulement une profonde et étrange joie, qu'elle sentit grandir un peu plus dans le sursaut que provoquait chacun de ses pas. Elle n'aurait su dire comment ou pourquoi, mais dû se rendre à l'évidence… Voldemort avait raison : être craint était enivrant. Plus encore, c'était exaltant ! Pour ne pas dire terriblement grisant ! Aussi, c'est à peine si elle réussit à dissimuler son sourire sous ses œillades pleines de mépris ; une attitude que son Maître ne manqua de remarquer. Lui aussi prenait un malin plaisir à les humilier – non pas que ce soit une surprise. Mais que sa chère petite Gryffondor en fasse de même ? Ce n'était encore jamais arrivé. C'est donc dans la furtivité d'un seul et unique regard que les deux sorciers se sourirent. Cette bataille était gagnée d'avance… ils le savaient.
Pourtant, Voldemort en fut persuadé. Aujourd'hui, quelque chose d'autre venait d'être conquis.
Quelque chose qu'il ne comprenait pas encore, mais qu'il sentit déjà embraser son esprit…
- Maître nous… nous sommes navrés de nous être présentés devant vous aussi peu informés. Déclara fébrilement le plus jeune de l'assemblée. Nous ignorions tout des menaces et dangers que vous rencontriez.
- Nul besoin. Dit-il avec désintérêt. Nous n'en attendions pas moins de la part des représentants du Comité.
- Nous…
- N'y avait-il pas un autre sujet que vous souhaitiez aborder ? Il me semble que l'enquête du Ministère Turc a récemment éveillé votre intérêt.
Troublés devant le soudain revirement de conversation et l'étrange tournure de cette audience, les émissaires balbutièrent un court instant avant de jeter un regard sur leurs besaces pleines de dossiers. Oui… l'enquête Turque les avaient alarmés. Et oui, ils avaient prévu d'en parler. Pourtant et face aux deux paires d'yeux qui se mirent à les détailler, aucun d'eux ne chercha à l'aborder.
- Eh bien… certains incidents nous ont effectivement été rapportés suite à une étrange déflagration de magie noire mais…
- La Turquie vous a-t-elle communiqué ses conclusions sur l'origine de cette dernière ?
- Non, l'enquête… l'enquête est toujours en cours…
- Alors le sujet est clos. Trancha-t-il.
- Mais… mais les premières observations…
- Messieurs, je refuse que vous gaspilliez notre temps en théories et suppositions. Alors à moins que vous n'ayez en votre possession les conclusions de cette enquête et que ces dernières attestent officiellement que cette déflagration de magie Noire nous concerne, je ne vois aucune raison de prolonger cette audience… Claqua-t-il.
Incapable d'ajouter quoi que ce soit après ça, les émissaires se concertèrent d'un regard.
Oui… ils ne savaient pas à quoi s'attendre en se présentant à cette audience, mais durent se rendre à l'évidence.
Ils n'avaient jamais eu la moindre chance.
