Hors d'haleine, jamais Hermione n'avait couru aussi vite sur ses talons aiguilles. Le souffle court et baguette en main, elle dévalait les escaliers sans respirer, les joues rouges et le front en sueur sous la douleur de son corset trop serré. Mais elle n'avait pas le temps de s'arrêter... Elle n'avait pas le temps de penser ou de s'interroger!
L'alerte avait été lancée.
L'alerte avait été lancée.
L'alerte avait été lancée !
Quelque chose venait d'arriver. Quelque chose de suffisamment grave pour que les gardes donnent l'alerte générale ! Etait-ce une attaque de l'Ordre ? Des Centaures ? Le château était-il assailli ? Infiltré par l'ennemi ? Y avait-il des morts ? La guerre venait-elle de commencer ?! Elle l'ignorait… et cela suffit à la faire accélérer. Jurant contre sa robe, elle l'attrapa à pleine main et redoubla d'effort malgré l'écho assourdissant de son cœur battant. Ou était-ce l'écho du pavé sous ses talons ? Elle n'aurait pu le deviner. Et pour cause… C'était un véritable coup de pied dans la fourmilière qui venait d'être lancé. Fuyant à contre sens, elle vit les Elfes raser les murs et les portraits fuir leurs tableaux tandis qu'une flopée de Mangemort s'empressait d'accourir vers la salle du Trône. Tous avaient entendu l'alerte. Tous savaient ce que cela signifiait. Et Drago le premier… Transcendé à l'entente de la sirène, ses réflexes de soldats l'avaient brusquement possédé, le poussant à s'élancer le premier dans les couloirs désormais bondés. Une image étrange qu'Hermione avait regardé d'un air confus et désorienté… avant que ses propres instincts ne la fassent violemment frissonner. C'était l'appel de la Guerre. L'appel du combat. L'appel de tout ce qu'elle avait toujours détesté et maudit en ce monde… mais aussi l'appel de tout ce qu'elle connaissait. Il ne lui avait donc fallu que quelques secondes pour se ressaisir et s'armer. Un spectacle devant lequel Narcissa s'était mis à pleurer dans des supplications étouffées, mais qu'elle avait dû ignorer… N'écoutant plus que l'adrénaline qui battait dans ses veines, Hermione l'avait embrassé avant de l'enfermer dans la salle de musique et de se mettre à courir d'un pas effréné. Elle ne savait pas ce qui l'attendait… mais n'allait certainement pas se cacher. Drago était là-bas. Son Maître était là-bas ! Et rien au monde ne l'empêcherait de se battre à leurs côtés. Ni les risques, la prophétie, son Titre d'Initiée ou encore sa maudite robe à corset !
Aussi, c'est au bord de l'apnée que la jeune femme déboucha brutalement sur le couloir principal de l'Entrée. Mais elle ne vit pas d'ennemis… de combats ou de blessés agonisants. Non… seulement un attroupement. Agglutinés devant la Salle du Trône, plus d'une trentaine de Mangemorts se bousculaient dans des cris endiablés, déterminés à entrer malgré les portes closes. Semblable à une meute de chiens enragés, la haine déformait leurs traits dans le chant hurlant de leur cruauté. Menés par une Bellatrix plus déchaînée que jamais, Hermione les regarda abattre leurs poings avec fureur et s'enfiévrer dans une étrange clameur. Une clameur qui appelait aux meurtres, aux tortures et aux sévices. Une clameur qui la fit frémir. Une clameur qu'elle connaissait… la même que celle de son premier procès. Confuse, elle reprit son souffle et s'avança lentement derrière eux, peu désireuse d'attirer l'attention devant une telle effervescence. Mais ses doutes s'intensifiaient… et la sirène d'alerte continuait de hurler.
- Soldats !
Résonnant avec force, sa voix suffit à faire taire leurs cris aussi violemment qu'elle les pétrifia sur place. Tel un seul homme, les mangemort sursautèrent face à elle, surpris et déstabilisés par la puissance de son autorité. Par Salazar… l'Initiée était là. Pourtant, aucun d'eux ne s'était attendu à la voir rejoindre le combat. A vrai dire, aucun d'eux ne s'étaient imaginés la voir descendre de sa tour d'Ivoire ! Mais son poing était armé et son regard acéré. Prête à en découdre malgré sa robe en dentelle et ses cheveux épinglés, elle s'affichait fièrement devant eux, inquiète et déterminée à se battre à leurs côtés. Une image qu'ils détaillèrent sans trop y croire dans un silence pesant, avant de subitement former les rangs. Un réflexe que leur Maître leur avait inculqué, mais qui en de telles circonstances ne parvînt qu'à l'inquiéter... Seigneur, les mangemorts lui obéissaient ? Non. Elle devait rêver ! Et pourtant pour la première fois depuis qu'elle était Initiée, aucun d'eux ne sembla avoir envie de la tuer… Pas même Bellatrix, qu'elle vit se mordre la langue dans un rictus emplit de mépris. Non, quelque chose d'autre habitait leurs esprits. Une frénésie. Un désir. Une folie ! Mais elle n'en était pas la cible…
- Qui a donné l'alerte ?! Scanda-t-elle froidement.
Un murmure parcourra leur rang un court instant avant que Théodore Nott ne prenne les devants.
- Goyle, Honorable Initiée… Dit-il mal à l'aise.
- Pourquoi ? Que se passe-t-il ?!
- Il… il a détecté la présence d'intrus qui cherchaient à pénétrer le château.
- Des intrus ?!
- Oui, mais nos troupes les ont interpellés !
- Interpellés ou torturés ? Demanda-t-elle brusquement.
Gêné devant l'intransigeance de son ton, le jeune homme déglutit dans un frisson. Que la vie était étrange… Ils s'étaient croisés pendant plus de six longues années et pourtant c'était la première fois qu'ils se parlaient.
- Eh bien, nous… nous leurs avons lancés quelques sorts mais seulement pour nous assurer qu'ils… qu'ils ne…
- Je vois. Claqua-t-elle amère. Et où sont-ils ?
- Dans la Grande Salle. Le Général Malfoy et le Maître les interrogent.
Laissant échapper un soupir de soulagement, Hermione sentit son cœur battre à nouveau. Dieu soit loué… Narcissa ne perdrait aucun de ses enfants ce soir. Il n'y avait pas de combat. Pas de guerre. Pas de morts. Les intrus avaient simplement été arrêtés… et personne n'avait été blessé. De quoi l'apaiser un court instant, avant qu'une nouvelle question ne lui échauffe les tempes.
- Qui sont-ils ? Demanda-t-elle.
- Eh bien, leurs… leurs identités… n'ont… n'ont…
- Respirez Nott, je ne vais pas vous manger. Et que quelqu'un fasse taire cette maudite sirène, c'est à peine si on s'entend penser ! S'agaça-t-elle.
Déstabilisé, Théodore déglutit avec peine sous les regards amusés de ses camarades. Pourtant et pour elle ne savait quelle raison, Hermione comprit que ce n'était pas elle qui l'effrayait… mais bien la réponse qu'il s'apprêtait à lui donner.
- Leurs identités n'ont pas encore été confirmées mais… mais il semblerait que…
- Que quoi ?!
- L'Ordre. Ce… ce sont des membres de l'Ordre.
« Des membres de l'Ordre… »
Une phrase si simple.
Si vague…
Si facile…
Et pourtant… son seul sens suffit à faire frémir ses cicatrices. Figée devant les Mangemorts, Hermione les regarda sans respirer, incapable d'assimiler les mots que Nott venait de prononcer. Des mots que ses cauchemars n'avaient jamais cessé de chanter. Des mots de son cœur avait mille fois redouté. Des mots que sa conscience même ne pouvait envisager !
« L'Ordre était là. »
Non.
Non, elle ne pouvait le croire.
C'était impossible. Inconcevable ! Ça… ça ne se pouvait pas ! Ils ne pouvaient pas être là. Pas ici. Pas maintenant ! Et puis, ça n'avait aucun sens ! Des membres de l'Ordre ?! A Poudlard ? Dans le repère même du plus Grand Seigneur des Ténèbres ?! Non… non, il devait y avoir une erreur. Ils devaient s'être trompés ! Après tout, beaucoup de leurs ennemis revendiquaient leur allégeance envers la Résistance. Ce n'était pas nouveau ! A vrai dire, c'était même devenu une mode depuis la déclaration de guerre des Centaures ! Mais de là à croire qu'ils s'agissaient de véritables membres de l'Ordre ? Semblable à Harry ou Ron ? Non, elle ne pouvait pas le croire. Et pourtant, elle pouvait le sentir… L'atmosphère des lieux avait changé. Comme si elle s'était imprégnée de la menace qu'ils représentaient, l'air s'était chargé de non-dits, de murmures et de soupirs. Une sensation étrange, commune et déstabilisante, qui la fit violemment frissonner devant la trentaine de paires d'yeux qui la détaillaient. Immobiles face à elle, Hermione vit les Mangemort la fixer avec anxiété. Redoutaient-ils sa réaction ? Sa colère ? Son effondrement ? Elle ne savait pas. A vrai dire, elle ne savait plus rien ; sauf une chose. Les fidèles de son Maître étaient peut-être vils, cruels et grossiers… mais aucun d'eux n'aurait pris le risque de la contrarier. Aucun d'eux n'aurait pris le risque de lui mentir. Aucun d'eux, n'aurait pris le risque de se moquer ! Et pour cause, ils la craignaient... Aussi, c'est dans l'écho de leur peur que la jeune femme s'entendit haleter.
Ils ne mentaient pas.
Ils ne riaient pas.
L'Ordre était bien là…
Mais… pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi venir jusqu'ici ? Pourquoi chercher à s'infiltrer ? Pourquoi risquer la vie du peu de soldat qu'ils possédaient ?! C'était stupide ! Que dire, un véritable suicide ! Sans parler des répercussions que cela allait engendrer : des représailles, des morts et de tout ce qu'une telle arrestation représentait. C'était… du pain béni pour le Maître ! Une mission vaine ! Une tactique vouée à l'échec ! Un acte irréfléchi et incroyablement bête ! C'était trop gros ! Trop osé ! Trop mal préparé ! C'était… du Harry et Ron tout craché.
Seigneur… C'était vrai.
Confuse, Hermione sentit ses pensées s'emmêler sous le poids de sa sidération.
L'Ordre était là.
L'Ordre était là.
L'Ordre était là...
En boucle dans son esprit embrumé, cette rengaine la laissa pantoise et hébétée à l'heure où son passé la rattrapait. Un passé emplit de douleurs, de trahisons et de désespoir… mais un passé qui racontait également son histoire. Et aujourd'hui, son histoire était là. A quelques mètres d'elle. Derrière de simples portes. Des portes dont la simple vue, lui fut rapidement intolérable… Comment osaient-ils être là ? Cette bande de lâches… ces clowns infâmes, ces traites sans valeur ni morale ! Comment osaient-ils infiltrer Poudlard ?! Comment osaient-ils seulement croire en cette odieuse mascarade ? Ils n'avaient aucune chance ! Aucune bravoure ! Aucun honneur ! Et ils se permettaient de les menacer ? De les narguer de leur stupidité ? De les provoquer à l'endroit même où ils vivaient ?! Eux ?! Les plus puissants Sorciers ayant jamais existé ?! Non… ils n'en avaient pas le droit. Pas ici. Pas maintenant ! Pas à l'instant même où sa vie semblait retrouver un sens ! Secouée par la violence de son adrénaline, Hermione frissonna aux bruissements d'écailles de son serpent et se mordit la langue à l'écho de son sifflement. Lui aussi sentait la menace qui les guettaient. Mais plus encore… il percevait la naissance de sa rage. Brûlante et étrangement exaltante, elle se mit à couler dans ses veines tel le plus infâme des poisons, ne laissant d'elle qu'un réceptacle de haine incandescente. Une haine, mais aussi une fureur qui sembla résonner dans tout le château depuis les battements ardents de son cœur. Oui… Elle se sentait transcendée, transportée, aveuglée et désorientée ! Mais n'avait aucune envie d'y remédier. Non à la place, Hermione se laissa respirer pour la première fois depuis son arrivée et se grandit dans un tremblement exalté. Elle n'allait pas se cacher. Elle n'allait pas les ignorer. Et n'allait sûrement pas les épargner… Déstabilisés, les mangemorts virent sa mâchoire se contracter avant que ses traits ne commencent peu à peu à se déformer. De rancœur ? De folie ? D'horreur ? Ils ne le surent pas, mais ne parvinrent pas à soutenir l'étau mortel de son regard. Semblable au plus cinglant des Avada, ses pupilles se rétrécir dans l'éclat de son mépris avant de se sceller sur les portes d'entrée. Elle semblait possédée. Aliénée. Envoûtée. Oui… Elle se préparait à attaquer. Elle se préparait à tuer. Une évidence qui les terrifia presque autant que l'implacable puissance qui se dégagea de son nouveau silence. Conquise par la fièvre qui lui échauffa les joues, Hermione les vit se ratatiner les uns après les autres mais n'en eut que faire. Non, à cette heure elle ne pensait plus qu'à une chose…
Sa douleur.
Celle qu'Harry et Ron lui avaient infligé.
Celle que ses camarades l'avaient laissé endurer.
Et celle qu'elle n'avait jamais cessé d'éprouver…
Essoufflée devant l'agitation perfide de ses pensées, Hermione déglutit sous la force de sa nouvelle cruauté. Jamais elle n'avait éprouvé de haine aussi intense. Jamais elle n'avait sentit l'acidité de sa rage profaner son sang. Et jamais elle ne comprit mieux Voldemort qu'à cet instant… Ces rats, ces traîtres, ces infâmes vermines ne méritaient qu'une chose en ce bas monde : souffrir. Ramper, supplier et agoniser dans plus de cris qu'ils n'en avaient jamais hurlé ! Connaître la douleur, la honte et le malheur ! Sentir la mort, le désespoir et le déshonneur s'infiltrer lentement dans leurs cœurs ! Oui… ils méritaient de goûter à sa douleur. Aussi, jamais on ne vit de sourire plus terrifiant que celui qui naquît sur les lèvres de l'Initiée. Un sourire ravi. Un sourire emplit de joie et de vice. Un sourire qui pétrifia Bellatrix et devant lequel Satan aurait frémit. Car tous le compris… ce n'était pas Hermione Granger l'ancienne résistance, qui s'apprêtait à faire son entrée. Ce n'était pas non plus Hermione Malfoy, l'Initiée d'Honneur que l'Ordre affronterait.
Non… Ce serait la Déesse Rouge qui les ferait hurler.
Etrangement silencieux face au triste spectacle qui se jouait devant lui, Voldemort se pinça les lèvres dans un soupir. Des cris… des larmes… des spasmes… des grimaces… il ne voyait plus que cela des infâmes cloportes que ses soldats lui avaient rapportés. Pourtant et contrairement à ce qu'il aurait pensé, les entendre supplier ne lui inspira qu'un profond désintérêt. Qu'ils étaient pathétiques. Ces traitres à leurs sangs, ces immondes rats grouillants, ces… résistants. Encore aujourd'hui, il ne comprenait pas leur idéologie. Comme s'ils étaient démunis de la plus basique des intelligences, ces hommes et ces femmes s'acharnaient à lutter avec véhémence, guidés par l'espoir utopique d'exhumer le monde libre qu'il avait conquis. Existait-il plus bête ? Plus stupide ? Plus inutile ? Il en doutait. Et pour cause ! Leur monde n'avait jamais été libre…
- Parle. Siffla Drago le point tremblant.
- Ja… jamais…
Qu'il s'agisse de Mage Noir, de Ministre, de Roi ou d'Empereur, les Sorciers du monde n'avaient jamais cessé de passer entre les mains des puissants, de se plier à leur volonté et de ramper devant leurs supériorités. Alors pourquoi s'entêter ? Pourquoi vouloir restaurer quelque chose qui n'avait jamais existé ? Pourquoi lui reprocher de préserver les traditions de leurs lignées ?! C'était absurde !
- Endoloris !
Et puis, ils n'auraient jamais eu à entrer en guerre s'ils s'étaient simplement agenouillé devant lui... En un sens, c'était eux qui l'avaient provoqué ! C'était eux qui l'avaient poussé à faire couler le sang et à réduire leurs maisons en cendre ! Mais à quoi bon tenter de leur expliquer ? Leurs principes, leurs morales, leurs espoirs… tout ceci n'était que l'apanage de leur ignorance. Et le pire, était qu'ils se confortaient dedans.
- Parle !
Alors à quoi bon les épargner ? A quoi bon faire preuve de clémence et de tolérance ? Eux-mêmes n'en avait aucune… une triste réalité, qui cependant le fit brièvement sourire. Qu'ils continuent à se battre. Qu'ils s'acharnent à le défier. Qu'ils persistent à le provoquer ! Leurs morts n'en seraient que plus méritées…
- Je jure devant Merlin que je…
- Drago. Souffla-t-il brusquement. Ne brusque pas nos invités.
Coupé dans son élan, le Malfoy ragea entre ses dents et laissa retomber le corps qu'il tenait à même le col. Un corps tremblant et grimaçant… un corps couvert de son propre sang… un corps dont la seule vue horrifiait son cœur battant.
- Pardonnez-moi Maître. Déglutit-il. Je me suis laissé emporter…
Et encore… c'était peu dire. Essoufflé sous l'intensité de ses propres sorts, Drago se sentit frissonner sous l'ardeur de sa cruauté et rejoint son Maître en silence. Il aurait aimé les achever. Il aurait aimé les faire hurler jusqu'à entendre leurs poumons exploser. Il aurait aimé les voir se contorsionner jusqu'à entendre leurs os craquer ! Mais il devait aussi les faire parler… un détail qu'il ne pouvait ignorer, mais qui ne parvînt qu'à attiser le feu de sa rage. Un feu qui s'était embrasé à leurs seules vue et qui avait réveillé un autre homme dans son sillage… Un homme dur, cruel et froid. Un homme que son père avait élevé pour rependre le mal… un homme que Voldemort avait accueilli dans un sourire, mais face auquel leurs ennemis n'avaient pu que s'étouffer dans leurs propres cris.
- Donc, résumons la situation… Déclara le Mage. Vous être trois ; nous sommes une centaine. Vous avez tenté de vous infiltrer dans le château ; nous vous avons attrapé. Autrement dit, il ne vous reste que deux possibilités : Soit, vous parlez. Soit nous vous torturons jusqu'à ce que vous mourriez dans plus de souffrances que vos misérables petits esprits étriqués ne peuvent imaginer…
- Nous… nous ne parlerons pas. Cracha violement l'un d'eux.
Quelle surprise…
- Dans ce cas vous avez fait votre choix ! S'exclama-t-il amusé. Drago, fait les escorter jusqu'aux cachots… Bellatrix saura trouver leurs cellules.
- Bien Maître.
Resserrant leurs chaînes d'un sortilège cinglant, Drago sourit à l'entente de leurs gémissements. Nul doute que sa tante se ferait un plaisir de les torturer… Pourtant et alors qu'il s'apprêtait à les faire léviter, c'est une autre sorcière qui les fit brusquement haleter. Une sorcière qui fit violemment exploser les portes de la Grande Salle à la seule force de sa volonté. Une sorcière qui entra sans être invitée. Une sorcière devant laquelle Voldemort se sentit trembler…
L'Initiée.
Auréolée de fumée grisâtre et d'éclats de bois brûlés, on ne vit d'elle que sa silhouette élancée. Floue et immobile, elle resta figée dans ce halo de feu mourant, telle l'ombre d'une Déesse jaillissant des flammes de l'Enfers. Mais contrairement à ce que le monde aurait souhaité à cet instant, il ne s'agissait pas d'une apparence… Une évidence, que Drago et Voldemort n'eurent aucun mal à deviner et qui se concrétisa davantage quand l'écho de ses talons se mit subitement à résonner. Lent et mesuré, son pas trancha l'air de son rythme macabre avant d'asphyxier les cœurs de son tambour infernal. Oui. L'Initiée était là. Mais elle n'était pas seule… car alors que son visage se dessinait à travers les volutes de fumées, la Mort elle l'accompagnait. Hurlant dans le sifflement menaçant de son serpent, elle rosie ses joues d'adrénaline et para son regard d'une lueur indescriptible. Ou était-ce un scintillement ? Ils ne le surent pas… mais dans son éclat fatal, brillait la promesse d'une malédiction. Une promesse qui ne tarda à transpercer l'âme des résistants, qui se pétrifièrent tous dans un claquement de dent. Pourtant, Hermione ne les regarda pas. Non, elle ne pouvait pas. Pas maintenant… pas encore ! Mais elle perçut leurs peurs aussi clairement que leur future mort… un détail qui accéléra son pas aussi sûrement qu'il galvanisa sa rage. Enfin… l'heure était venue. Enfin, elle allait restaurer l'honneur qu'on lui avait volé. Enfin, elle allait leur imposer le respect dont ils l'avaient privé ! Aussi, c'est le dos droit et la tête haute qu'elle s'avança sans un mot dans le bruissement délicat de sa robe. Une robe outrageusement moulante et parsemé de dentelle, qu'elle n'aurait jamais pensé porter en de telles circonstances mais dont la seule vue fit blêmir son Maître…
Il aurait dû s'en douter ; aucun sort n'aurait su contenir la fureur de son Initiée. Et pour cause… jamais Hermione ne permettrait qu'on juge ses anciens amis sans être invitée. Jamais elle ne tolérerait qu'on la prive à nouveau de ce dont elle se languissait depuis presque une année. Jamais elle n'accepterait qu'une autre sorcière se charge de les faire parler ! Oui. Cette entrée ne marquait pas seulement la fin de sa lente agonie… il promettait également la vengeance de toute une vie. Aussi, Voldemort sentit son palais s'assécher devant la dureté de son regard et se pinça les lèvres dans un grondement étouffé. Un mois qu'il s'évertuait à l'éviter. Un mois qu'il tentait d'oublier la pâleur de sa peau et ses traits finement ciselé. Un mois qu'il maudissait les Dieux de l'avoir frappé de cette hérésie sans nom ! De ce désir… de ce démon. Mais qu'il soit damné pour l'éternité, rien au monde n'aurait été en mesure de le détourner de son Initiée. Belle et majestueuse, il la vit s'avancer jusqu'à eux tel la plus somptueuse des créatures. Une image forte, intemporelle et triomphante, qu'il regarda rayonner sans pouvoir respirer.
Oui… Plus qu'une Initiée, c'était une véritable Reine qui faisait son entrée.
Une Reine au visage froid et à la beauté irréelle, mais dont l'âme brûlait de haine.
Choqué devant une telle entrée, Drago sentit son souffle se couper et regarda sa sœur d'un air effaré. Par Merlin… elle avait fait exploser les Portes de la Salle du Trône. Elle avait fait exploser les portes de la Salle du Trône ! Avait-elle perdu l'esprit ?! Il se posa la question… mais la vue des mangemorts acculés dans son dos lui donna la réponse. Figés derrière les portes à moitié incendiées, le Malfoy les vit bouches bée devant le comportement de leur Initiée. Muets, ils ne semblèrent pas croire en ce qu'elle avait fait et la détaillèrent tous dans un étrange mélange de crainte et de respect… du moins, jusqu'à ce que la gravité de son acte ne les fasse soudainement fuir. Aucun d'eux ne voulait à assister à la réaction de leur Maître ; aucun d'eux ne voulait prendre le risque de payer pour elle… pas même Bellatrix, qui bien qu'elle soit triste de ne pas la voir se faire châtier, fut la première à décamper.
- Hermione… souffla Drago dépité.
Mais la jeune femme ne l'entendit même pas. Enfiévrée, elle ne perçut que les battements de son cœur avant que son regard ne rencontre celui du Mage.
- Initiée. Dit-il du bout des lèvres.
- Maître.
Un échange froid. Un échange brutal. Un échange empli de rancune et de non-dits inavouables… Leur premier depuis presque un mois.
- Je souhaite interroger les prisonniers. Déclara-t-elle brusquement.
- Cette tâche a déjà été assignée.
- Je revendique son attribution. Tonna-t-elle.
A ces simples mots, Drago entendit les résistants s'étouffer. Elle revendiquait ? Elle ? Face à Voldemort ?!
- Au nom de quoi ce droit devrait-il t'être accordé ? Siffla-t-il agacé.
- Au nom de mon Titre d'Initiée. Cingla-t-elle vivement. Je saurais les faire parler.
Peu surpris de la voir tenir un tel discours, le Mage ne dit rien pendant plusieurs secondes. Elle ne reculerait devant rien. Pas même devant lui… et bien qu'il pourrait la forcer à se plier à sa volonté, Voldemort ne put s'empêcher de déglutir. Il n'en avait pas envie. Au contraire, une étrange curiosité se mit à courir dans ses veines. Il ne l'avait vu dans cet état de rage qu'une seule fois par le passé… et la Báthory en avait amèrement fait les frais. Mais les circonstances étaient différentes. Ils étaient seuls, démunis et perdus en Turquie… et c'était de la rage brute. Incandescente et brouillonne, elle avait prouvé l'étendu d'une cruauté qu'il ne lui avait jamais deviné. Mais aujourd'hui… aujourd'hui elle était préparée. Et pour cause, elle avait mille fois imaginé quel supplice elle pourrait leur faire endurer.
- Entendu.
Ses pupilles frétillèrent à ce simple mot, laissant son cœur s'emballer sous la force de sa joie. Enfin… enfin, elle récupérait ce qui lui revenait de droit. Transcendée, elle fit volte-face en moins d'une seconde et vit son frère la contempler d'un air résigné. Une image qui l'attrista un court instant, mais qui ne parvînt pas à la calmer.
- Hermione… Dit-il effrayé. Ne fais pas ça.
- Laisse-moi passer. Claqua-t-elle.
- S'il te plaît… ne te lance pas sur cette voie. Souffla-t-il.
Il ne voulait pas la voir sombrer… il ne voulait pas la voir devenir le monstre que tous redoutaient ! Mais son choix était déjà fait. Aussi, c'est le cœur lourd qu'il la vit lui lancer un dernier regard : celui de la dernière chance. Elle ne le laisserait pas s'interposer entre elle et sa vengeance. Elle ne le laisserait la priver de ce rêve ! Et quand bien même il l'aurait voulu, son Maître ne le laisserait pas faire… Oui. Aujourd'hui sa sœur avait disparu ; ne restait que la Déesse. C'est donc sans rien dire que le Malfoy fit un pas en arrière et baissa la tête. Un geste de capitulation qui la fit sourire dans un ultime frisson… c'était le moment.
Frémissant à la seule vue de leurs ombres, Hermione arma sa baguette et s'avança lentement. Agenouillés devant le trône, tous fixaient le sol avec angoisse… deux hommes et une femme. Pourtant, il ne lui suffit que d'un regard pour les reconnaître. Un seul regard qui la pétrifia… Mais pas d'effroi ou de désespoir ! Non… c'est bien plus que cela. C'était de la surprise, de la consternation mais aussi et étrangement une pointe d'amusement.
- Par Salazar… Seamus Finnigan.
Réagissant à son nom, le jeune homme releva la tête sans rien dire et la contempla à son tour. Oui… c'était lui. Il n'y avait aucun doute. Couvert d'ecchymoses et de vêtements déchirés, Hermione fut surprise de voir une barbe dévorer la moitié de son visage. Une année seulement séparait leur dernière rencontre ; pourtant, il semblait différent. Plus marqué que dans son souvenir, une balafre à peine cicatrisée couvrait son front tandis que son œil se fermait dans un coquart sanglant. Secoué de tremblements, elle vit ses muscles se contracter et ses narines se dilater. Mais ce n'était pas de peur ou de douleur… mais de haine. Une haine qui déforma ses traits dans un rictus de pur dégoût, avant qu'il ne crache subitement à ses pieds. Un acte qui ne la surprit pas et qui au contraire, l'amusa.
- Quelle ironie… Fit-elle remarquer. Si je me souviens bien, les rôles étaient inversés la dernière fois que nous nous sommes croisés. Tu me regardais enchaînée et je crachais à tes pieds…
- Tu étais déjà une traître. Cingla-t-il amer.
- Et toi un lâche de peu d'esprit… il faut croire que rien n'a changé depuis.
Se détournant de lui avec mépris, Hermione s'avança jusqu'à sa camarade et frémit d'avantage. Cette femme… elle la connaissait aussi. Une femme aux cheveux blonds platine et une ancienne amie. La seule des trois qui ne lui donna pas envie de vomir.
- Luna. Souffla-t-elle simplement.
Fidèle à elle-même, la Lovegood n'avait pas changé contrairement à ses camarades. Quelque peu amochée, ses traits n'en affichèrent pas moins l'étrange sérénité qui l'avait toujours habité. Silencieuse, elle regarda Hermione de ses grands yeux bleus mais n'exprima ni colère, rancune ou crainte : seulement une curiosité amusée et même… impressionnée. Toutes deux ne s'étaient pas vues depuis plus presque deux ans maintenant. Bien avant que la trahison et le sang ne divise la Résistance, elle et son père étaient partis en mission pour l'Ordre quelque part en Ecosse. De ce qu'elle savait, ils avaient réussi à retrouver un peu de bonheur dans une auberge abandonnée qu'ils avaient rénové. Bien entendu, cette dernière avait pour but d'abriter les sorciers pris en chasse par les raffleurs… un lieu de repli calme et idéal, qu'elle avait toujours été curieuse de visiter. Malheureusement, le sort en avait décidé autrement.
- Bonjour Hermione.
Peu surprise de la voir lui répondre avec gentillesse, Hermione esquiva un sourire. Luna ne la détestait pas. A vrai dire, elle doutait qu'elle déteste qui que ce soit. Ce n'était pas dans sa nature… non, Luna était douce, aimante et nébuleuse. Elle voyait et entendait au-delà du bon sens et de la plus basique des sciences ; mais c'était bien cela qui la rendait précieuse. Un cœur pur et désintéressé. Une âme simple et émerveillée. Un cadeau en temps de guerre, qu'Harry et Ron avait toujours gardé à leurs côtés.
- Je suis étonnée de voir ici. Lui dit-elle subitement. Harry et Ron ne nous avaient pas dit que tu te porterais aussi bien…
- La ferme Luna !
- Endoloris !
Frappé en pleine poitrine, Seamus s'époumona sous la torture du doloris. Un sort qu'il n'avait pas anticipé et qui le laissa hurler pendant de longues minutes sous le regard acéré d'une Hermione envoutée par ses cris.
- Première leçon d'étiquette Monsieur Finnigan ! Ne jamais manquer de respect à une dame. Cracha-t-elle.
- Espèce de sale…
- Sectum Sempra !
Du sang… des entailles… des plaies à n'en plus pouvoir… pas assez pour le tuer mais juste assez pour le faire saigner dans une myriade de bruits de gorges étouffés. Un spectacle devant lequel Voldemort se sentit frissonner.
- Deuxième leçon… Ne jamais interrompre l'Initiée du Seigneur des Ténèbres.
Muets, Seamus ne trouva plus la force de parler et tomba dans sa propre marre de sang. Son agonie ne faisait que commencer… il le savait. Pourtant, Hermione ne lui porta pas la moindre intention. Indifférente malgré la flaque qui se répandait sous ses talons, elle esquiva un sourire et se retourna vers Luna. Visiblement choquée devant la torture de son ami, elle n'osa plus parler et se mordit la langue dans un hoquet effrayée. Et pourtant… de toute, elle était la seule en sécurité.
- N'ai crainte. Lui dit-elle d'un ton plus doux. Tu n'es pas celle que je veux entendre hurler.
Non. Mais le troisième en revanche… le troisième homme à ses côtés… n'aurait pas cette chance. Exaltée à sa simple vue, Hermione sentit son poing se resserrer sur sa baguette et lutta pour ne pas le tuer sur place. Comment osait-il être là ? Lui, plus que tous les autres ? Comment osait-il montrer son visage ?! Cette immondice… ce lâche… Mais elle n'aurait pas dû être surprise. Il n'avait toujours vécu que de traîtrise. Aussi, c'est les joues rouges de haine que la jeune femme saisit son col à pleine main et le redressa face à elle. Couvert de sang et affaibli par ses précédent doloris, il n'eut la force de résister à sa poigne et gémit sous la griffure de ses ongles. Sans grande surprise, Drago s'était déjà amusé avec lui. Mais ce ne serait rien comparé à ce qu'elle lui ferait subir…
- Toi… siffla-t-elle.
Pétrifié devant le serpent qui rampait depuis ses bras, le jeune homme cessa de respirer avant de brusquement fermer les yeux. Il ne pouvait pas la regarder… pas comme ça. Pas maintenant. Pas dans cet état. Un ultime acte de lâcheté, qui ne tarderait à être son dernier.
- Je t'avais mis en garde… Je t'avais dit ce qui arriverait si tu osais me défier !
- He… Hermione…
- Mais tu n'as pas écouté. Souffla-t-elle contre son oreille.
- S'il te plaît…
Oh non… il n'était pas en droit de supplier. Il n'était pas en droit d'implorer une pitié qui ne lui avait jamais été accordée ! Pas après ce qui s'était passé. Pas après le bal, ces mensonges, ces menaces et tout ce qu'il représentait…
- Tu aurais dû m'écouter Victor…
Mais il ne l'avait pas fait. Et à cet instant, Victor Krum le comprit… Il serait le dernier à mourir. Par pour le plaisir de le garder en vie non… mais pour le plaisir de le voir souffrir.
- S'il te plaît… Hermione, ne… ne fais pas ça. Je t'en prie.
Un sourire aux lèvres, Hermione le regarda la supplier et haleter dans une floppée des prières désespérées. Mais son sort était déjà scellé. Aussi, c'est profondément amusé qu'elle commença à faire danser sa baguette sous son nez. Des gestes fluides, simples et d'apparences inoffensifs, qui suffirent à le figer dans un hoquet horrifié. Incapable de bouger, Victor la suivit du regard sans savoir quand est-ce qu'elle le ferait hurler… jusqu' à ce qu'elle n'effleure lentement son menton. Doux et léger, ce contact le fit frissonner avant que sa chaleur ne commence subitement à le faire trembler. Une chaleur lente, grandissante et peu à peu irradiante qui se propagea dans son cou et remonta jusqu'à ses joues. Une chaleur qui très rapidement commença à le faire grimacer avant que sa peau ne commence à brûler... Epouvanté, il sentit sa magie se rassasier de son visage et se pinça les lèvres pour ne pas hurler ; mais c'était peine perdue. Brûlé au troisième degré sous l'effet de son sortilège informulé, sa peau commença par rougir… puis par cloquer… avant de craqueler… et de noircir dans les volutes d'une légère fumée. Pour tous les autres, c'était horrible ; une torture lente, vicieuse et cruelle, qui en à peine une minute défigura ses traits sous d'immondes brûlures irrégulières. Mais pour elle, c'était parfait. Oui… Elle voulait effacer son sourire. Elle voulait effacer son charme, sa beauté et tout ce dont il s'était toujours vanté ! Elle voulait lui faire payer le simple fait d'exister ! Et cela marcha… Hurlant à pleins poumons, Hermione écouta ses cris telle la plus merveilleuse des mélodies et frémit quand une odeur de chaire carbonisée lui prit les narines. Cette odeur… ce fumet… ce désespoir… c'était tout ce qu'elle avait espéré. Tout ce qu'elle avait juré de leur infliger ! Et aujourd'hui, son honneur se restaurait. Aujourd'hui, sa vengeance s'accomplissait.
- Ça suffit… Hurla Seamus dans un râle sourd. Arrête ! Par pitié !
Surprise de le voir reprendre la parole, Hermione le regarda alors qu'il gisait encore au sol. Tordu d'horreur devant les cris de son ami, son visage baignait dans son propre sang, ne laissant de lui que ce qu'il était à ses yeux… un ver grouillant. Un faible, sale et perfide. Un homme qui n'en serait jamais un… Aussi, Hermione sentit une nouvelle vague de haine la faire trembler et leva son sortilège. Sonné, elle vit Krum retomber lourdement à ses pieds et se détourna sans même le regarder. Une nouvelle proie la faisait saliver…
- Arrête… souffla-t-il à nouveau à son approche.
- Et pourquoi ferais-je une telle chose ?!
Le retournant d'un seul coup de pied, elle vit sa figure se figer devant l'aiguille de son talon posée sur son torse. Longue et aiguisée, elle semblait être l'extension de naturelle de son pied. Une image profondément terrifiante qui le laissa pantois un court instant.
- Tu… tu n'as donc aucune pitié…
- J'en avais. Dit-elle dans un sourire. Mais corrige-moi si je me trompe… tu n'en as pas eu quand Ron t'a demandé de m'attacher au pilori.
- Tu voulais nous trahir !
- Et comme tu peux le voir, votre stratégie m'a grandement aidé.
- Tu avais perdu l'esprit. Continua-t-il. Ce livre… ce livre t'avais envoûté ! Regarde ce que tu es devenue !
Franchement amusée, Hermione se pinça les lèvres dans un ricanement avant de lentement se pencher au-dessus de lui. Qu'il était naïf…
- Tu penses peut-être pouvoir me faire culpabiliser ; me faire regretter et me ramener dans le droit chemin… Mais je vais être honnête avec toi Seamus. Je ne t'ai jamais aimé.
Et c'est à cet instant précis qu'elle enfonça sa poitrine. Hurlant de douleur, on entendit plusieurs de ses côtes se briser sous son pied avant que son talon ne commence lentement à le perforer la chaire son buste. Une nouvelle torture, simple et sans magie, qui suffit à lui arracher ses plus beaux cris.
- Pauvre chéri… ça fait mal n'est-ce pas ?
- Hermione arrête ! S'écria Victor à terre.
- Non… pas encore.
Deux nouvelles côtes craquèrent brusquement avant que son talon ne commence à s'imbiber de sang… Impuissant face à elle, Hermione vit ses muscles se tendre sous la force qu'elle exerçait tandis que ses chaînes ricochaient bruyamment sous ses gestes désespérés. Mais sa lutte était vaine…
- Tu… tu es un monstre… Cracha Seamus entre deux souffles.
- Pourtant je ne t'ai pas encore fouetté.
- Tu… le méritais…
- C'est ce que tu te dis pour dormir la nuit Seamus ? Cracha-t-elle amère. C'est qu'Harry et Ron se disent pour justifier leurs crimes ?! Pour justifier ce qu'ils m'ont fait subir ?!
L'assénant d'un nouveau doloris, Seamus s'époumona… mais elle ne s'arrêta pas là. Appuyant de tout son poids, son talon s'enfonça de toute sa longueur dans sa cage-thoracique… et l'air lui manqua. Bouche ouverte, le sorcier se contorsionna violemment sous son pied mais ne trouva pas la force de hurler. Muet, les veines de ses yeux s'ensanglantèrent, avant que sa bave ne couvre son menton et que son visage ne commence à gonfler sous l'afflux de sang. Une image morbide, spectaculaire et profondément écœurante, qui réussit presque à impressionner son Maître dans l'écho de sa haine battante. A ce stade ce n'était plus de la torture… mais de l'art. Une sculpture noble et unique, gravée à même la chaire de leur ennemi. Une œuvre à la beauté inégalable, qu'elle façonnait à la seule force de sa rage.
- Tu as raison Seamus. Souffla-t-elle en levant son sortilège. Je suis un monstre... mais pas le genre que tu imagines. Endoloris !
De nouveaux sorts… de nouveaux supplices… Combien de temps cela dura ? Combien de temps Seamus agonisa, le regard perdu dans le vide ? Trop peu au goût de la jeune femme ; mais ses yeux se révulsaient, sa figure se figeait et son sang coulait… Il ne tarderait pas à mourir si elle continuait. A peine conscient, elle vit de fines bulles de sang jaillir de la commissure de ses lèvres avant de couler depuis sa langue pendante. Il ne la regardait plus. A vrai dire et à cet instant, Seamus ne la connaissait même plus. Confus dans sa propre souffrance, ses sens ne lui répondaient plus… et son cœur ne battait presque plus. C'était indescriptible. Intolérable… A tel point que lui-même se sentit perdre le fil de sa conscience pour lentement sombrer dans un étrange néant. Etait-ce cela la mort ? Non… la mort ne faisait pas mal. La mort ne donnait pas envie de mourir ! La mort ne s'assimilait pas à une myriade de souffrances infinis ! Et pourtant, il ne ressentait que cela... Brûlé de l'intérieur, écartelé par la magie de ses chaînes, éventré d'un seul talon… Par Merlin, quelle honte. Quelle infamie ! Périr de la main de la plus Grande Traitresse de l'Histoire… de celle qu'il avait maudit pendant des mois ! S'il n'avait pas été sur le point de mourir, cette simple pensée aurait pu le faire rire. Il pensait être préparé… Il pensait que ses années de fuites et de guerre l'avaient formé ! Mais il avait tort. Rien ne pouvait préparer un homme à la dépossession de son propre corps. Réduit à un amas de chaire difforme, à un squelette brisé, à des muscles atrophiés et des organes perforés, Seamus se sentit écœuré par l'écho de sa propre agonie. Il n'était plus qu'un jouet… une distraction servant à élargir le sourire de ses ennemis… et ce n'était pas fini.
Peu désireuse de le voir rendre l'âme aussi tôt, Hermione ôta violement son talon de sa poitrine et le regarda s'étouffer dans un spasme reflexe. Arqué sur lui-même, son corps ne ressemblait plus qu'à un sac d'os sanglant à la respiration sifflante. Lui avait-elle perforé un poumon ? Probablement. Mais il vivait encore… Elle le fit donc léviter d'un sort informulé et le positionna face à elle. Pétrifié dans les airs, la magie le sortit un court instant de sa torpeur avant que son regard ne ravive brutalement sa terreur.
- Je voulais aider. Cingla-t-elle. Je voulais tous nous sauver ! Mais Harry et Ron ont eu peur… ils n'ont pas voulu m'écouter. Et à cause d'eux Seamus, tu vas payer.
- Herm… Hermione arrête ! Ce… ce n'est pas toi ! Hurla Victor dans son dos.
- Tout au contraire très cher. Lui dit-elle. Je suis exactement celle que je suis censée être.
Horrifié, Victor la fit s'esclaffer dans un rire macabre avant de lentement le regarder. Défiguré, la moitié de son visage semblait avoir fondu sur lui-même. Noirci de brûlures, son œil droit s'était fermé, son oreille s'était recourbée et sa peau ne ressemblait plus qu'à un tas de chaire carbonisées. Pourtant, il la fixait… Intensément, profondément, comme s'il tentait d'atteindre son âme de résistante. Malheureusement pour lui, cette Hermione était morte depuis longtemps… et il ne tarderait pas à la rejoindre.
- Initiée. Tonna le Mage Noir. N'oublie pas que tu dois les faire parler.
- Je n'oublie pas Maître. Répondit-elle. Mais pourquoi s'encombrer de trois résistants à écouter, quand une seule peut parler ?
Intrigué, Voldemort vit son initiée se saisir des chaînes de Luna avant de ne les tendre brusquement à Drago. Un geste révélateur qui surprit la Lovegood presque autant que ses deux amis.
- Conduis la dans mes quartiers. Dit-elle.
- Tes quartiers ?! S'étouffa son frère.
- Elle seule a de la valeur.
Ahuri, le Malfoy regarda son Maître dans l'espoir de la voir la contredire. Mais il ne dit rien… un silence approbateur qui le dépita presque autant que l'aplomb de sa sœur.
- Et les autres ? Demanda-t-il inquiet.
- Je n'en ai pas encore fini avec eux.
Franchement mal à l'aise, le jeune homme hésita un court instant. Il connaissait le désir de vengeance… cette brûlure insatiable et déroutante, qui asservit l'âme et engourdit les sens. Mais ça ? Ça dépassait de loin tout ce que ses cauchemars pouvaient imaginer. Aussi et après mûre réflexion, il fut presque heureux de ne plus avoir à y assister. S'empressant d'obéir, il redressa la Lovegood sur ses jambes et resserra ses chaînes sans demander son reste. Confuse, la sorcière ne sut réagir, le regard ancré sur la silhouette flottant d'un Seamus agonisant. Mais elle ne dit rien… de choc ? De stupéfaction ? Sûrement. Mais Drago ne chercha pas à le deviner. Se contentant de la faire avancer, il voulut jeter un bref regard à sa sœur mais n'en trouva pas le courage… Et pour cause ! A cet instant précis, elle ressemblait à Bellatrix. Une idée insensée qu'il préféra taire, mais qu'il entendit résonner dans le claquement sourd des chaînes de leur nouvelle prisonnière.
- Bien ! Tonna-t-elle brusquement après quelques secondes. Où en étions-nous ?
A ces mots, elle vit Krum se redresser de moitié, une main plaquée sur son visage défiguré. Il souffrait… c'était évident. Mais par les Dieux, ce que c'était satisfaisant.
- Hermione… Siffla-t-il. Arrête…
- Tu as déjà fait l'erreur de me sous-estimer.
- Tu… tu ne peux pas être comme ça. Tu… tu n'es pas un monstre.
- Ne me met pas au défi !
- Je… je ne…
- Tu as échoué Victor ! Claqua-t-elle. Tu as échoué en tant que fidèle. Tu as échoué en tant qu'espion. Et aujourd'hui tu vas échouer en tant que résistant.
- Po… Pourquoi ? Demanda-t-il. Pourquoi tu fais… tout ça ?
Amusée, Hermione réfléchit un court instant. Elle pourrait disserter des heures sur cette seule question… pourtant une seule réponse lui vint à l'esprit. La seule qui valait la beauté de leur supplice.
- Parce qu'il est temps que l'Ordre comprenne à qui ils ont vraiment à faire…
- Je…
- Et tu vas nous y aider. Claqua-t-elle subitement.
Surprit, Victor hoqueta devant son sourire et déglutit. Elle n'en avait pas encore fini. Aussi, il redouta le pire en entendant le clapotis de ses pas résonner depuis la nouvelle marre de sang du résistant. Figé dans les airs, Seamus ne semblait même plus vivant… et pourtant, il ne soupçonnait pas la soudaine utilité qu'elle venait de lui trouver. Une utilité que Voldemort devina sans difficulté et qui le fit à nouveau frissonner. Par tous les Dieux… elle était incroyable. Vicieuse, fourbe, cruelle… elle n'avait rien à envier à ses fidèles. Mais son regard, son sourire, sa puissance, son esprit… il n'y avait pas d'équivalence. Une vérité qui le fit amèrement serrer les dents. Oui… il aurait beau lutter, tout chez elle appelait à être désiré.
- Si mon Maître l'autorise, tu ne mourras pas aujourd'hui Victor… Lui dit-elle alors.
- Qu… quoi ?
- Tu as bien entendu. En hommage à l'ancien mangemort que tu as été, tu as gagné le droit de vivre. Cependant, une dernière mission t'est assignée.
- Qu… qu'est-ce tu veux dire ? Gémit-il pétrifié.
- Je veux que tu transmettes un message à l'Ordre. Dit-elle simplement.
Un message ?! Mais quoi donc ? Une menace ? Une promesse de mort ? De chaos ? De vengeance ? A cet instant, Krum sentit son imagination s'échauffer à mesure que son regard s'assombrissait. Il ne pouvait pas se tromper… Elle ne le laisserait pas vivre gratuitement. Elle ne laisserait pas partir sans s'assurer que son retour soit tout aussi humiliant…
- Un… un message ?
Oui... Un message clair, bref et explicit. Un message que nul ne pourra oublier… un message qu'elle avait rêvé de pouvoir envoyer. Aussi, un nouveau sourire la fit frémir. C'était parfait.
- Qu'est-ce… qu'est-ce que tu veux dire ?! Paniqua Victor.
Ne prenant pas la peine de lui répondre, Hermione se contenta de prendre une grande inspiration. Elle n'avait fait cela qu'une seule fois par le passé, mais put déjà sentir sa magie s'animer sous l'effet de son sortilège informulé. Dieu que cette sensation lui avait manqué. Celle du pouvoir… de la passion… de la vengeance… et plus important encore, celle de la justice ! Car oui, ces tortures n'étaient pas le seul fruit de son vice. Seamus l'avait attaché au pilori. Il l'avait entendu supplier, implorer, hurler, pleurer… mais il n'avait jamais rien fait pour l'aider. Au contraire, il avait souri à la vue de son fouet. Et pour cela, il ne méritait pas sa pitié. Il ne méritait rien… si ce n'est ce qu'il avait semé. Aussi, Hermione le comprit. Cette fois, elle n'allait pas le regretter. Cette fois, il n'y aurait pas de confusion, de feu ancestral, ou de combat acharné. Non… il n'y aurait que le sang de celui qui l'avait bafoué. Un sang vil et sale qui tâchait déjà sa robe de son rouge profane, mais qu'elle se languissait de voir couler. N'écoutant plus que ses pulsions, elle jeta un bref regard à son Maître et se laissa submerger par de nouveaux frissons. Il la regardait. Après des semaines d'ignorance, de fuite et de silence, son Maître la regardait ! Impatient, il suivait chacun de ses gestes avec passion, ses pupilles ancrées sur son poing désormais ensorcelé. Des pupilles dans lesquelles elle aurait volontiers voulu se perdre, mais dont l'éclat lui rappela tout ce qu'il lui avait enseigné. « Fais les ramper, comme ils t'ont fait ramper. » Oui… cette fois, c'était elle qui tenait le fouet. C'est donc plus enfiévré que jamais qu'elle regarda Seamus respirer. Brièvement éveillé, sa conscience s'était ranimée devant son sourire, le laissant à nouveau gémir dans le vide. Il était effrayé… pour ne pas dire terrorisé. Un constat qui la combla davantage, quand elle vit ses yeux brutalement s'écarquiller.
Des yeux qui n'eut crurent pas.
Des yeux qui traduisirent l'horreur de son acte.
Des yeux qui ne virent pas Victor s'égosiller d'effroi… mais qui pour la première fois, virent son cœur battre.
Arraché à même sa poitrine, Seamus fut l'un des rare à pouvoir observer son propre cœur entre les mains d'une autre. Un cœur rouge, battant et encore vivant. Un cœur qu'Hermione contempla dans un frisson et dont les coulures nappaient déjà ses bras de sang. Elle l'avait fait… elle l'avait vraiment fait ! Sans la moindre hésitation, elle avait réitéré le geste qui lui avait valu son nom. Un nom qui pour la première fois de sa vie, la fit sourire… Oui. Elle était la Déesse Rouge. Elle était cet Être de destruction et de sang. Et oui, elle n'aurait droit à aucune rédemption. Mais à quoi bon s'acharner à vivre dans les rangs ? Hier, elle était mendiante. Et aujourd'hui… aujourd'hui elle était puissante. Exaltée, elle sentit la chaleur de son cœur se répandre entre son poing et sourit fièrement. Ceux de la Reine-Mère étaient petits, imbibés de magie prophétique et de sang brûlant. Mais celui-ci… celui-ci lui parût mille fois plus enivrant. Bien plus banal, il n'était pourtant qu'un simple organe rougeoyant aux artères arrachées avec violence. Un amas de chair et de nerfs tremblant. Mais sentir sa cage thoracique se plier sous sa poigne et ses dernières côtes se briser… tâter la tiédeur de son sang… tenir sa vie entre ses mains et l'arracher à la seule force de son poing… Par Merlin, il n'y avait pas d'égal. A croire que son Maître avait raison finalement ; de toutes les choses de ce monde, la Mort était la plus vivante.
Les joues roses d'adrénaline, Hermione se pinça les lèvres dans un sourire avant de se tourner vers Victor. En larme, il se tordait au sol dans des cris désespérés, le corps secoué de sanglots et pleurs inconsolables. Une image qui aurait presque pu lui faire pitié… mais sa mission ne faisait que commencer. Elle s'avança donc d'un pas léger jusqu'à lui et lui tendit le cœur encore chaud de son ami.
Un ultime geste.
Une ultime promesse.
Et pour lui, une ultime quête...
- Soit aimable... Dis leur qu'ils ont oublié ça.
Et voilà :))))) alors ? Qu'en avez-vous pensé ? J'ai trop hâte d'avoir vos avis ! Je rêvais de publier ce chapitre depuis dessss semaines XD et il enfin là !
J'espère qu'il vous aura plu ! Comme vous le voyer la résistance est de retour dans la partie ! Et ce n'est pas pour rien... ;) mais ça vous le saurez la semaine prochaine !
Encore merci pour tous vos messages ! C'est un vrai régale de vous lire et de discuter avec vous ! Et merci à tous les Guest à qui je ne peux malheureusement pas répondre !
Je vous dit à très vite mes petits sorciers ;) Bissseeesss
