- Je ne t'ai pas entendu rentrer. Souffla Luna d'une voix ensommeillée.

Assise à sa coiffeuse, Hermione sourit légèrement devant ses joues striées par les marques de son oreiller. Aussi et devant la candeur d'une telle image, la jeune femme s'efforça de contenir ses larmes. Non pas qu'elle en ait encore beaucoup à verser après la tournure de sa soirée… mais au point où elle en était, rien ne servait de l'inquiéter.

- Je ne voulais pas te réveiller. Dit-elle sans la regarder. Et puis, je ne reste pas longtemps.

- Ah oui ?

- Oui, je… je dois approfondir nos recherches sur les Pirates.

Et oublier... Plus que tout autre chose, Hermione voulait oublier ce qu'il s'était passé. Oublier Voldemort. Oublier son doloris. Oublier ses cris, ses mots, son odeur, son toucher... oublier tout ce qu'elle pouvait. Mais elle ne pourrait pas y arriver devant Luna et son regard emplit de vérité. Aussi, c'est d'un air pressé que la jeune femme s'attela à finir de se préparer. Fard à joue, chignon tressé, corset, talons… elle n'avait rien laissé au hasard et alla même jusqu'à se réciter certaines des consignes de Narcissa. Une énième tentative de distraction, qui comme toutes les autres avant elle, n'était que veine illusion…

- Alors ? Fit Luna plus éveillée.

- Alors quoi ?

- Tu ne m'as pas dit comment s'était passé ton entretien avec Voldemort.

Oh Grand Dieu…

- Oh… heu, bien ! Dit-elle vivement. Très bien même !

- Vraiment ? Souffla-t-elle. Il croit en l'existence des pirates ?

Ah…
Cet entretien là…

Mal à l'aise, Hermione déglutit dans son propre mensonge et détailla longuement ses talons. Seigneur, elle avait presque oublié ce que son Maître lui avait ordonné. « Espérer trouver des réponses dans un conte pour enfant est une absolue perte de temps. Alors je te prierais de ne plus croire en ces fadaises, et de te plonger dans de véritables livres afin de m'apporter des pistes crédibles. » Que de mots doux à se remémorer… car elle n'en doutait pas. De tout ce qu'il avait hurlé, ces mots étaient les plus agréables auxquels elle pouvait penser ! Pourtant et malgré les récents évènements, la jeune femme ne parvenait pas à croire en « une perte de temps ». Certes la théorie de Luna était osée, mais elle marchait ! Mieux encore, elle répondait à toutes leurs questions ! Les pirates étaient les Bannis et Sillonneurs de Fonds. C'était une évidence ! Ils avaient la dernière prophétie ! Et quoi que puisse penser son Maître, elle n'allait pas se laisser gagner par son déni…

- Oui. Mentit-elle malgré elle. Mais il… il est un peu sceptique.

- Sceptique ? Répéta-t-elle.

- Oui… après tout, personne n'a jamais attesté de l'existence de ces pirates. Mais ne t'inquiète pas ! Je m'en vais à la bibliothèque de ce pas ! Assura-t-elle. Je trouverais bien quelque chose pour le convaincre.

Si une telle chose existait…

- Tente de le persuader. Dit-elle subitement.

- Quoi ?

- Tente de le persuader. Répéta-t-elle. Convaincre quelqu'un se fait en usant de preuve et de logique. L'art de la persuasion en revanche, se fait en usant de sentiments et d'instinct. Je ne sais pas lequel de ces deux procédés sera le plus efficace sur ton Maître, mais je sais d'expérience que la persuasion est plus… impactante.

Etonnée devant un tel exposé, Hermione regarda Luna d'un air bouche bée. C'était… exacte. L'art de la persuasion était plus puissant que la logique de preuves empiriques. Pourtant, ce n'est pas tant ses propos qui l'impressionnèrent, mais bien sa facilité à les lui réciter. Habituée à débattre en hurlant devant un Maître condescendant, c'est cette fois face à une Luna toujours endormie qu'Hermione sourit. Epuisée de fatigue, ses yeux peinaient à rester ouverts dans la semi obscurité, n'offrant alors que l'image d'une enfant chétive aux cheveux ébouriffés – ou dans le cas présent, d'une enfant particulièrement inspirée ! A croire que la perspicacité des Serdaigles ne cesserait jamais de l'impressionner…

- Tu as raison. Sourit-elle amusée. Mais je doute que la persuasion ait le moindre effet sur Voldemort…

- Parce que c'est un homme… sceptique ?

- C'est le moins qu'on puisse dire. Déglutit-elle.

- Hum… ça doit être à cause des Joncheruines.

Bien moins enjouée, Hermione serra les dents et resserra sa ceinture dans un juron agacé. Si seulement elle disait vrai… si seulement le comportement de son Maître ne dépendait que de misérables petits insectes qui embrouillaient ses pensées… tous leurs problèmes seraient réglés ! Mais cet espoir était idiot. Rien ni personne ne pouvait influencer Voldemort… pas même elle. Aussi, c'est mal à l'aise que la jeune femme se regarda dans le miroir et soupira. Elle n'aimait pas l'idée de sortir de cette chambre. Et elle n'aimait pas l'idée de mentir à Luna… mais qu'aurait-elle dû lui dire ? Ce qu'il s'était passé hier soir… par Merlin, elle ne voulait même pas y penser. D'ailleurs, il n'y avait rien à en penser. Son Maître avait fait son choix ; un choix parfaitement insensé et déraisonnable, certes… mais c'était ainsi. Et bien qu'ils semblent tous deux en souffrir le martyr, elle n'avait rien à en dire.

- Puis-je t'aider ? Dit Luna dans un bâillement. Je serais curieuse de retourner à la bibliothèque.

- Oh… c'est très gentil à toi mais je doute que cela soit bien vu. Techniquement, tu es toujours ma… prisonnière.

- Une prisonnière ne peut pas aller à la bibliothèque ? Demanda-t-elle surprise.

Touchée devant sa mine contrariée, Hermione la rejoint dans un sourire. Elle mieux que quiconque connaissait ce genre de frustration… mais il lui faudrait être patiente.

- Pas avant que ma grâce ne soit rendue publique. Lui dit-elle.

- Je vois…

- Mais ne t'inquiète pas ; d'ici quelques jours, ton nom sera lavé de toute association avec la Résistance et tu n'auras plus à te cacher ! Assura-t-elle. Nous irons à la bibliothèque, dans les jardins, à la serre et tu auras même tes propres quartiers !

Sonnée par une telle nouvelle, Luna ne fut pas certaine de comprendre ce que cela signifiait.

- Mes propres quartiers ?! Comme… une chambre ? A moi ?

Emue, Hermione sentit son cœur fondre devant sa surprise et lui prit la main dans un sourire. Elle avait tant souffert de la guerre, des campements et de la famine… alors une chambre ? A elle seule ? A la regarder, cela semblait sortir tout droit d'un rêve qu'elle peinait à imaginer. Et pourtant, c'était vrai.

- J'ai fait une demande à l'intendant des Elfes… lui dit-elle. Et je ne veux pas gâcher la surprise, mais il se peut que tes prochains appartements soient ceux de Serdaigle.

- De Serdaigle ?! S'exclama-t-elle brusquement.

- Ils ont été reconstruits à l'identique après la guerre alors… ce sera un peu comme si tu n'étais jamais partie.

Sans voix, Luna ne trouva pas quoi dire. Des appartements… dans la tour de Serdaigle… Par Rowena, jamais elle n'aurait pu le croire ! Et pourtant, c'était réel. Pour preuve, Hermione habitait les dortoirs de Gryffondor ! Ainsi c'était possible. Ainsi, elle… elle pourrait retrouver un chez elle. Un véritable chez elle.

- Hermione, je… je ne sais pas quoi dire. Souffla-t-elle émue.

- Tu n'as rien à dire. Sourit-elle en se redressant. Mais pour l'heure, repose toi ! Les elfes ne tarderont pas à t'apporter ton petit déjeuner.

- C'est très gentil à eux.

- Oui mais je te déconseille le jus de citrouille ! Je ne sais pas pourquoi mais depuis que Peeves a quitté le château, il a un drôle de goût…

- Maîtresse ?

Sursautant violement à la petite voix qui résonna dans son dos, Hermione fit volteface dans un hurlement effrayé. Pourtant et alors que Luna crut au petit déjeuner, la figure de la Granger se figea violemment devant celle de l'Elfe qui venait d'entrer. Le seul dont elle avait cessé d'attendre la visite depuis son retour de Turquie… et qui faillit la faire s'effondrer.

- Arnis ?! Souffla-t-elle sans y croire.

Elle ne pouvait pas y croire… c'était un mirage ! Une hallucination ! Un rêve ! Et pourtant, c'était bien lui qui se tenait aujourd'hui devant elle. Arnis. Son ami et confident. Le seul à qui elle livrait ses secrets fut un temps… et le seul qui n'avait toujours pas fini de payer le prix de son addiction. Ahurie, elle ne parvînt pas à respirer devant lui et sentit de nouvelles larmes l'étouffer à mesure que ses grands yeux bruns se mirent à la détailler. Seigneur… il avait tant maigri. Et semblait si affaibli. Depuis combien de temps était-il relégué aux cuisines ? Deux mois ? Trois ? Elle ne savait plus… mais n'eut aucun mal à deviner les souffrances qu'il y avait vécu. Vêtu de haillons en lambeaux et recouvert d'ecchymoses, il traînait sa frêle carcasse avec peine dans le sillage de ses maîtres. Le dos vouté, les oreilles déchirées et les jambes arquées, il ne ressemblait plus qu'au reflet d'une ombre égarée… une ombre fouettée et malmenée, qui malgré ses tremblements et halètements effrayés, lui offrit le plus beau des sourires qu'elle pouvait donner.

- Bon… bonjour Maîtresse.

- Oh… Arnis !

Incapable de résister au flot de souvenirs qui l'assaillit, Hermione se jeta sur lui dans un sanglot extatique. Il était là… Arnis était là ! Aussi, elle ignora tout des convenances et le serra soudainement entre ses bras. Une étreinte que l'elfe ne vit pas venir et qui le figea sur place… mais un geste de douceur et d'affection, qui suffirent à le faire exploser en larmes. Tant de temps était passé. Tant d'évènements, de pleurs et douleurs les avaient affligés… mais ils s'étaient retrouvés. Et même si cela ne devait pas durer, tous deux ne purent que remercier le ciel pour ce bref instant partagé.

- Oh Maîtresse… je… je suis tellement dé… désolé…

- Chut… chut… murmura-t-elle dans un sourire. Tu n'as pas à t'excuser.

- Arnis vous… vous a… trahis… Haleta-t-il en pleure.

- Non, ce n'est pas vrai. Insista-t-elle en le regardant dans les yeux. Tu as fait ton devoir. Tu n'as pas à t'excuser !

- Mais… mais…

- Non Arnis, je suis sincère. Si tu n'avais rien dit, le Maître ne m'aurait jamais retrouvé en Turquie. Tu… tu m'as sauvé la vie !

Bouleversé devant de tels mots, l'Elfe ne parvînt plus à respirer. C'était trop… trop pour lui et son petit cœur ! Aussi, il ne réussit qu'à pleurer ; encore et encore entre les bras de la seule Maîtresse qu'il ait jamais aimé… Malheureusement, il ne pouvait s'éterniser. Car malgré son bonheur et sa joie, une mission lui avait été assignée.

- Arnis… Arnis doit se dépêcher Maîtresse. Renifla-t-il subitement.

- Quoi ? Pourquoi ? S'inquiéta-t-elle.

- Arnis a une mission.

Décontenancée, Hermione le vit se redresser avant de fouiller ses poches. Profondes, elles traînaient au sol depuis les coutures reprisées de son haillon déchiré. Pourtant, ce qui l'en sortit ne réussit qu'à la plonger dans le plus horrible de ses souvenir passé…

- C'est pour vous Maîtresse.

Une lettre…
Une lettre de la part de son Maître.

Tétanisée, Hermione la saisit d'une main tremblante, incapable de croire en ce qu'elle voyait. Et pourtant c'était vrai… le sceau de son Maître y était apposé. Horrifiée, elle sentit son souffle se couper à mesure que de nouvelles peurs se mirent brusquement à l'étouffer. Ça recommençait. Tout ce qu'elle avait redouté… tout ce qu'elle avait détesté… tout ce qu'elle avait affronté… Non. Non, ça ne pouvait pas recommencer ! Pas encore ! Pas après ce qu'il s'était passé !

- Le Maître me la remise en personne... Lui dit-il alors. Il m'a ordonné de vous la transmettre en main propre, à vous et à vous seule.

- T'a… t'a-t-il dit pourquoi ? Demanda-t-elle d'une voix blanche.

- Non Maîtresse. Il m'a simplement dit que c'était urgent.

Urgent ? Sa dernière lettre de fuite n'avait pas de caractère urgent… De même, il ne s'était pas donné la peine de la lui faire transmettre en main propre. Etait-ce bon signe ? Ou l'inverse ? A cet instant et dans sa confusion, Hermione ne sut plus quoi penser. Devait-elle l'ouvrir ? Maintenant ?! Au risque d'endurer une énième souffrance ? Ou devait-elle la fuir ? La brûler et l'ignorer ? Par Merlin, elle n'en avait pas le droit… Cette lettre était urgente ! Elle devait l'ouvrir ! Elle devait la lire ! Après tout, cela pouvait concerner la guerre… les centaures, la Résistance ou même une nouvelle piste de prophétie. Et pourtant… malgré ses espoirs et sa bonne volonté, c'est à peine si elle parvînt à la regarder. Comme si cette simple enveloppe renfermait tout ce qu'elle tentait d'oublier, une nouvelle nausée la fit tanguer à mesure que ses joues s'empourpraient. Incapable de se raisonner, elle entendit le chaos de ses pensées l'assourdir dans son apnée, la laissant confuse et béate devant tout ce qu'elle redoutait. Non… quoi que cette lettre renferme, ce n'était pas ce qu'elle croyait. Cela ne pouvait pas l'être ! Il… Il ne pouvait pas à nouveau l'abandonner.

- Hermione ?

Assise au bord de son lit, la jeune femme sentit Luna s'approcher et vit Arnis la détailler avec inquiétude. Des sentiments partagés et réconfortants, qui ne réussirent à l'éveiller qu'un court instant…

- Ça ne va pas ? Lui demanda Luna.

Non. Non, ça n'allait pas ! Mais comment aurait-elle pu leur dire ? Le pire était encore à venir…

- Je ne sais pas. Souffla-t-elle du bout des lèvres.

- Dans ce cas, il faut savoir.

Cela semblait si simple dit ainsi… et d'une certaine façon, ça l'était. Mais une fois encore, cela ne dépendait plus d'elle. Aussi, c'est le souffle court qu'Hermione regarda la Lovegood par-dessus son épaule et respira avec force. Elle devait rester de marbre. Et plus important, elle devait contenir ses futures larmes.

- Luna, je te présente Arnis. Dit-elle alors mal à l'aise. C'est l'un de mes plus chers amis.

- Enchanté Arnis !

Emut devant une telle présentation, la petite créature sanglota dans sa manche avant de lui offrir une révérence maladroite. Attendrit, Luna s'empressa de descendre du lit pour lui donner son propre mouchoir et essuyer ses larmes… un geste qui ne réussit qu'à intensifier ses pleurs, mais dont Hermione ne vit rien. Trop troublée, elle s'était levée presque aussitôt les présentations faîtes. Et pour cause… elle savait qu'ils seraient distraits. Du moins suffisamment pour ne pas la voir s'écrouler si ses craintes se confirmaient. Le cœur au bord des lèvres, la jeune femme se tourna donc vers sa coiffeuse et contempla sa lettre dans un frisson.

Elle pouvait le faire.
Elle pouvait l'ouvrir.
Plus encore, elle le devait !

Mais voulait-elle vraiment savoir ce qu'elle renfermait ? Voulait-elle vraiment revivre ce qui l'avait fait replonger ? Ressentir la honte, le désespoir… et l'abandon ? Non. Mais sa marque vibrait déjà de l'ordre muet que son Maître lui avait donné. Un ordre sourd et inaudible, qui cependant la fit frémir. Une fois encore, elle n'avait pas le luxe de choisir… Aussi, c'est au bord de l'évanouissement qu'elle rompu le sceau et déplia lentement sa missive. Incertaine, elle s'attendit à tout : des adieux, des remontrances et même à un avis de destitution ! Mais certainement pas à une nouvelle chance…

Rendez-vous sur les berges.
Prends ton sac et ta baguette.

V.

PS : Il se pourrait que tes livres pour enfant ne soient pas une absolue perte de temps…


« Il se pourrait que tes livres pour enfant ne soient pas une absolue perte de temps… »

Les joues rouges après une course effrénée, Hermione descendit les marches de l'allée principale sans respirer.

« Pas une absolue perte de temps… »

Seigneur… Il la croyait. Alors même qu'elle avait perdu tout espoir, son Maître désirait la voir. Alors même qu'elle se résignait à devoir explorer une piste interdite, son Maître la rappelait à lui !

« Pas une absolue perte de temps… »

Il… la croyait. Son Maître la croyait ! Son Maître la croyait ! Mais pourquoi ? Pourquoi avait-il changé d'avis ? Est-ce à cause de ce qu'elle lui avait dit ? Ou de leur dispute ? Cela n'avait pas beaucoup de sens… et pour cause, Voldemort n'était pas le genre d'homme à se remettre en question ! Et pourtant sa lettre était explicite. Claire et concise, elle n'avait laissé aucun doute quant à la teneur de leur rendez-vous. Et bien qu'elle le redoute… bien qu'une angoisse latente lui étreigne le cœur et que la simple idée de le voir la paralyse déjà de peur, cela lui avait suffi. C'est donc sans réfléchir qu'Hermione avait obéit. Insensible aux coups d'œil d'un Arnis inquiet et d'une Luna encore ensommeillée, elle s'était saisie de son sac et sa baguette sans le moindre regard, avant de disparaître au pas de course dans les couloirs. Où allait-elle ? Qu'allait-elle y faire ? Elle l'ignorait… mais c'est sans la moindre hésitation que ses talons frappaient les pavées de sa fulgurante ascension. Oui ! Quoi qu'il ait décidé, elle n'avait pas le temps de douter. Elle n'avait pas le temps de s'interroger, ni même de respirer ! Car pour la première fois depuis longtemps – si ce n'est de sa vie ! – son Maître avait ravalé sa fierté. Un exploit que Salazar lui-même n'aurait jamais eu l'audace d'imaginer, mais dont la preuve gisait encore entre son poing serré.

Sa lettre…
Sa lettre était la preuve de sa sincérité.

Elle le savait, il ne serait jamais revenu vers elle si ce n'était pas essentiel. Il était bien trop fier ! Trop imbu de lui-même ! Mais il l'avait fait… Malgré l'orgueil, l'égo, l'arrogance et la suffisance de sa puissance, il avait décidé de lui donner une chance. Plus incroyable encore, il avait approfondi son idée ! Alors même qu'ils s'étaient déchirés pendant presque une heure de hurlements acharnés, il avait mené de recherches de son côté ! Et cela avait payé…. Il avait trouvé ce qu'ils leur manquaient ! C'était certain ! Un détail qui plus que tous autres, la poussa à accélérer.

Débouchant brusquement à l'extérieur, la jeune femme dévala les dernières marches dans un frisson d'adrénaline et déglutit avec peine. Décidément, sa convalescence avait eu raison de son endurance... Ou était-ce à cause de ses talons ? A juger la douleur de ses chevilles, probablement… mais face à l'étendu embrumé qui se présenta à elle, Hermione n'y prêta pas attention. Essoufflée, elle détailla le parc sans trop savoir où regarder et grimaça sous la fraîcheur de ce début de matinée. En plein mois d'août, il n'était pas inhabituel de voir les chaleurs d'été retomber une fois la nuit passée… mais en de telles circonstances, cet infime détail ne parvînt qu'à l'horripiler ; car c'est bien un paysage auréolé de brouillard que la jeune femme se mit à détailler. Tel un monstre affamé, elle vit la brume se mouvoir copieusement au rythme de ses étranges volutes délavées, désireuse d'avaler tout ce que le parc avait à lui donner. Dense et épais sur les eaux glaciales du lac Noir, elle ne vit du parc et des berges qu'un immense nuage d'où seuls les plus hauts arbres parvenaient à s'élever. Epars et fuyant, elle crut un instant deviner de minuscules bouts de terre… ou était-ce la cabane de Rusard ? Par Salazar, comment savoir ?! C'est à peine si elle parvenait encore à distinguer le soleil à travers une telle purée de pois ! Mais il était là… elle pouvait le sentir à la chaleur de sa marque, Voldemort était là ! Quelque part dans ce brouillard ! Aussi, c'est bien malgré elle qu'Hermione jura entre ses dents et s'avança dans un frisson. Bien sûr... il avait fallu qu'elle resserre son corset et ajuste son chignon, mais qu'elle oublie de prendre un veston ! A l'aveugle et sans repère, elle suivit le seul sentier que ses maigres sens lui permirent de trouver, et tenta d'avancer sans jamais détourner le regard de ses pieds. Seigneur, depuis quand n'était-elle pas allée sur les berges ? La réponse était simple : depuis qu'elle avait exterminé les sirènes. C'est donc le cœur lourd et la main tremblante que la jeune femme tenta de ne pas se perdre. Certes, le lac était désormais désert, mais mieux valait éviter de tomber dans les eaux qu'elle avait elle-même souillé des corps de milliers de sirènes...

- Maître ?

Mais même l'écho de sa voix sembla étouffé par l'épais brouillard qui l'entourait. Résignée, elle lança quelques sorts dans l'espoir de se repérer… mais tout comme le château, ses berges et jardins regorgeaient de magie ancienne. Une magie indépendante et presque vivante, qui comme elle s'y attendait, ne réagit pas aux modestes sorts d'une simple sorcière.

- Maître !

Agacée, elle pressa le pas sans savoir où aller, confuse et désorientée devant l'étrange silence qui régnait. Pas de bruit de pas, d'oiseaux ou d'animaux… ne subsistait que quelques bruits d'eau, qui tels des ombres moqueuses se mirent à rire dans son dos. Des bruits qui plus elle avança, plus s'intensifièrent… Incapable d'en distinguer la provenance, elle se sentie entourée ; acculée par ces murmures muets et rires étouffés ! Jusqu'à ce que parmi eux, ne résonne un écho. Plus fort que les autres, il se répercuta jusque dans ses os, la laissant haletant et confuse dans cette obscurité qui n'en était pas une. Par Merlin… pourquoi avait-il choisi les berges à une heure pareille ?! Elle se sentait aveugle ! Aveugle et sourde au milieu d'un brouillard magique aux allures de labyrinthe sadique ! Pourtant, l'écho persistait… fort et puissant, il résonnait tel une corne de brume cherchant à la guider. Mais où ?! Elle ne voyait rien à plus d'un mètre devant elle ! Du moins c'est ce qu'elle crut, avant que ne se dessine soudainement une silhouette… Son Maître ? Non, il l'aurait entendu. Mais cette forme… cette forme était immense. Floue et obscure, elle se découpa lentement entre les volutes avant de s'étendre au-delà des contours de la brume. De s'étendre… et de grandir. Oui, tel un monstre sortant de la pénombre, cette forme grandit sous ses yeux… Encore et encore jusqu'à que la largeur de son ombre ne l'avale à son tour ! Haute d'une dizaine de mètres, la jeune femme haleta violemment avant que l'écho de ses grincements ne lui vrille les tympans. Mais qu'était-ce donc ?! Elle n'avait pas le souvenir d'un tel monument ! Et pourtant, il était là. Imposant au milieu du brouillard et plus haut que la sime de certains arbres, c'est un véritable œuvre de bois ciselé qui reposait là ! Une œuvre qui sous ses yeux écarquillés, se mit peu à peu à tanguer…

- Initiée.

Sursautant violement à la voix de son Maître, Hermione s'écria en lui faisant face. Seigneur… c'était la deuxième fois une moins d'une heure ! A croire que personne ne laisserait de répit à son pauvre cœur !

- Maître ! Paniqua-t-elle.

- Je t'attendais.

Solennel dans sa robe de sorcier, il s'avança jusqu'à elle avec gravité. Impassible, rien ne le différenciait de la veille. Ses cheveux, son regard, sa tenue… et pourtant, Hermione frémit à sa seule vue. Que c'était étrange… quelques heures à peine les séparaient de son doloris et de leurs cris ; quelques heures à peine les séparaient de la crise d'hystérie qui les avaient saisis. Et pourtant ils étaient là… l'un en face de l'autre, comme si rien n'était jamais arrivé. Mais ils le savaient… rien ne pourrait l'effacer. Pour preuve, leurs regards s'évitèrent presque instinctivement avant qu'une myriade de frissons ne les secouent violemment. Des détails qui en dirent long et qui dans l'écho de leur silence, attisa le sifflement impatient de son serpent.

- Vous… vous m'avez fait demander. Souffla-t-elle mal à l'aise.

- C'est exact. Il fallait que je te voie en privé…

La contournant sans un regard, le Mage marcha sans hésiter vers le monument qui leur faisait face. Une attitude qui étrangement, la rassura un court instant… au moins, ce n'était pas une hallucination.

- Sa… savez-vous de quoi il s'agit ? Demanda-t-elle inquiète.

- Bien sûr ! C'est moi qui l'ai amené ici.

- Et… qu'est-ce ?

Laissant échapper un soupir, Voldemort se tourna vers elle et déglutit. Ceci était leur et seul unique moyen de trouver la prochaine prophétie… et bien qu'il aurait souhaité l'éviter, l'imminence de leur anéantissement ne leur offrait pas le luxe d'hésiter. Ils devaient agir. Aujourd'hui.

- Tu avais raison. Déclara-t-il soudainement.

- Raison ? S'étouffa-t-elle brusquement.

- Oui. Les pirates sont bien les bannis et sillonneurs de fonds de la prophétie…

Ahurit devant un tel aveu, Hermione haleta dans sa propre surprise. Il… il avouait avoir eu tort. Lui ?! Par tous les Dieux, il allait y avoir un mort ! Et pourtant, il ne revînt pas sur ses propos. Convaincu et résigné, il n'afficha qu'un air résolu et presque… agacé ; à croire que sa propre découverte lui déplaisait.

- Comment… comment le savez-vous ?

- J'ai lu ton livre de conte. Dit-il alors.

Sonné, Hermione n'en crut pas ses yeux quand le vit sortir le petit livre que Luna lui avait donné… Bien entendu, elle l'avait oublié après leur altercation, mais n'aurait jamais imaginé qu'il veuille l'étudier.

- Et tu as raison. Répéta-t-il dans une grimace. Je ne voulais pas y croire mais… c'est vrai, ce livre regorge de références historiques.

- Est-ce cela qui vous a… convaincu ?

- Non. C'est ça.

Lui tendant le livre ouvert sur une page précise, la jeune femme le saisit du bout des doigts, presque intimidée à l'idée de toucher l'une de ses mains gantées. Pourtant ce qu'elle vit sur cette page ne l'aida pas d'avantage.

- Un… symbole ? Dit-elle confuse.

- Pas n'importe quel symbole. Une signature.

- Une signature ?

- Exacte. Grimaça-t-il. Ce paragraphe nous raconte l'histoire du naufrage de toute une flotte espagnole aux larges des îles canari. Selon la légende, plus d'une trentaine de navires auraient été coulé en moins d'une heure par un bateau lourdement armé… un bateau qui, d'après les dires des survivants « aurait éteint le soleil et déchaîné les mers, avant que ses canons ne crachent les feux de l'enfer… »

Elle se souvenait de cette histoire ; une flotte entière de bateaux espagnols, tous armés, chargés d'épices, d'or, d'étoffes et de trésors… avant d'être anéanti à une centaine de mètres de leur dernier port. C'était la première histoire que Luna lui avait lue après avoir fait le rapprochement entre la prophétie et les pirates. Mais l'entendre de la bouche de son Maître et voir toute la gravité de son visage… Seigneur, ça ne pouvait être que ça.

- Des pirates ? Souffla-t-elle.

- Je n'y ai pas cru… jusqu'à ce symbole. Dit-il gravement. Il ornait la coque du bateau qui les a attaqué. Un bateau que beaucoup ont décrit comme « fantomatique et guidé par la mort elle-même ». Un survivant l'aurait dessiné afin que plus aucun marin n'ignore à qui il appartient…

- Aux pirates…

- Aux pirates. Acquiesça-t-il.

Sous le choc, Hermione détailla ce symbole sans respirer. Semblable à un Ouroboros, elle vit un serpent enroulé sur lui-même. Un serpent qui étrangement n'avait pas une, mais deux têtes… deux têtes difformes et osseuses, qui là encore ne mordaient pas seulement leur queue. Non… elle se mordaient elles-mêmes. Tout crocs dehors, la tête qui mordait la queue était avidement mordu par la première... Un symbole quelque peu morbide – elle dut le reconnaître, mais dont la signification lui avait échappé la veille.

- Un double Ouroboros. Souffla-t-elle.

- Exacte. Soupira-t-il. Un double Ouroboros.

Impressionnée, la jeune femme sentit ses joues s'échauffer devant la promesse d'une telle avancée. Ils avaient une preuve… une vraie preuve !

- J'ai déjà vu ce symbole. Continua-t-il. C'est pour cette raison que je suis désormais certain qu'ils existent…

- Que voulez-vous dire ?

Peu enjoué, Voldemort grimaça vivement au souvenir qu'il s'apprêtait à lui raconter. Le seul dont il n'avait jamais percé le mystère mais qui aujourd'hui lui paraissait macabrement… plus clair.

- J'ai beaucoup voyagé avant la première guerre… Déclara-t-il amer. L'Europe de l'Est, l'Afrique, la Russie, l'Asie… j'ai parcouru le monde à la recherche de nouvelles formes de magies, sans jamais être pleinement satisfait par mes découvertes. Cela a duré des années, jusqu'au jour où un vieux marin m'a abordé…

- Que vous a-t-il dit ?

Beaucoup d'inepties… du moins l'avait-il cru jusqu'à aujourd'hui.

- Il m'a parlé d'une île... Dit-il.

- D'une île ?!

- Selon la légende, cette île serait vivante. Capable de se déplacer au gré des vents, elle se cacherait aux cœurs des tempêtes, dissimulée derrière les vagues les plus dévastatrices de l'Océan… Mais ce n'est pas tout ; d'après lui, cette île serait également maudite. Un lieu emplit de magie oubliée, que seules les âmes des marins égarés peuvent trouver.

Une île maudite… Grand dieu, cela semblait à peine croyable.

- Je n'avais que peu d'attrait pour ce genre de légendes. Avoua-t-il. Mais cette histoire m'a semblé différente, jusqu'à ce que mon interlocuteur cesse soudainement de parler...

- Il avait peur ? S'inquiéta-t-elle.

Amusée par son raccourcit, Voldemort sourit. Ce n'était pas ce qu'il voulait dire…

- Non Hermione. Sa… sa langue est tombée.

Horrifiée à cette seule idée, la jeune femme déglutit sans respirer.

- Tombée ?!

- Aussi simplement que cela ça. Continua-t-il. Sans que je comprenne pourquoi, sa langue est… tombée devant moi.

- Oh Merlin ! C'est immonde…

- Ça l'était en effet. Mais ça ne s'est pas arrêté là… très vite son corps a été possédé par une forme de magie très rare. Cela n'a pas duré longtemps ; à peine quelque secondes… mais cela à suffit à le changer en un tas de cendre.

Une île légendaire, des langues qui tombent d'elles-mêmes et des corps incendiés… cela ressemblait d'avantage à un film d'horreur qu'à une quête prophétique ! Pourtant Hermione put le sentir… son Maître ne lui en parlerait pas s'il n'y croyait pas.

- Je n'ai jamais compris ce qui était arrivé ce jour-là. Et je n'ai jamais pu retrouver la source de cette magie. Avoua-t-il. Mais ce symbole… ce symbole change tout.

- Comment ça ?

Saisissant le livre à pleines mains, Voldemort le contempla un court instant, comme inquiet par ses propres connaissances. Pourtant, il ne se trompait pas. C'était bien ce symbole là…

- Il l'avait tatoué sur le bras. Souffla-t-il.

- Etes-vous sûr ?!

- J'aimerais me tromper… Concéda-t-il. Mais ça ne sert à rien de nier les faits ! Cet homme était tatoué de ce symbole ; le même symbole gravé à même la coque d'un bateau fantôme qui a coulé toute une flotte espagnole…

- Alors… quoi ? Il était pirate lui aussi ? Demanda-t-elle confuse.

- Je ne sais pas… et j'ignore ce qui relie cette île aux pirates. Mais je ne crois pas aux coïncidences ; et ce qui s'est passé ce jour-là n'en était pas une.

Ainsi ils avaient vu juste… les pirates existaient. Leur magie existait. Et leur trésor aussi.

- Alors il faut les trouver ! S'exclama-t-elle brusquement. Si ce livre dit vrai, ce sont eux qui ont la dernière sphère !

Peu étonné devant son engouement, le Mage Noir déglutit amèrement. Oui… il le fallait. Le destin du monde et de tout son empire en dépendait. Pourtant et aux vues de leurs récentes découvertes, Voldemort ne parvînt pas à se réjouir, mais seulement à redouter le pire…

- Je savais que tu dirais cela. Mais je dois te prévenir…

- Maître, je…

- J'ai vu les effets de leur magie Hermione. Claqua-t-il durement. J'étais là… je l'ai presque senti entre mes doigts ! C'était… puissant, sauvage et brutal. Une forme de magie si rare, que même Morgane n'y croyait pas !

Frissonnant à la gravité de son ton, la jeune femme peina à soutenir son regard. Ce n'était pas une simple mise en garde… elle pouvait le sentir au trémolo de sa voix, c'était plus que ça. C'était de la peur. Oui… bien qu'elle ne l'aurait jamais cru possible, Voldemort avait peur. Mais pas le genre de peur que l'on ressent avant le triomphe d'une dernière bataille… non, cette peur était viscérale. Plus profonde et intangible que la mort elle-même, elle reposait entre leurs entrailles avant de se gausser d'un rire macabre. Un rire qu'Hermione entendait résonner depuis la main tremblante de son Maître et qui éveillait déjà la magie défensive de leur baguette…

- Je ne sais pas ce que nous attend là-bas… Souffla-t-il inquiet. Je ne sais pas non plus si nous trouverons ces pirates. Mais je sais une chose.

- La… laquelle ?

Marquant une pause, Voldemort grimaça dans sa propre angoisse et détailla le brouillard. Ce qu'ils s'apprêtaient à faire était risqué… pour ne pas dire purement stupide. Mais ils n'avaient pas le choix. Et il détestait ça.

- Ce voyage nous mènera aux limites du monde connu… sorcier et moldu. Nous serons confrontés à une magie inconnue, à laquelle aucun homme n'a jamais survécu. Et ce, sur un océan dont nul homme n'est jamais revenu…

De la folie… cette quête était de la pure et incroyable folie ; soit la seule et unique certitude qu'ils pouvaient tenir pour acquis.

- Tu n'es pas obligé de venir. Dit-il soudainement.

S'étouffant brusquement devant lui, Hermione manqua sa troisième crise cardiaque de la matinée. Ne… ne pas venir ?! Ne pas venir ?! Elle ?! Hermione Granger Malfoy ?! Ne pas venir ?! Avait-il perdu l'esprit ?! Elle n'avait pas trouvé cette piste pour lui tourner le dos ! Elle n'avait pas trouvé les deux dernières sphères pour lui souhaiter bon vent derrière les fenêtres du château ! Et pourtant, il était sincère… elle pouvait le sentir. Il ne voulait pas qu'elle vienne. Par peur de la voir se faire tuer ? Ou à cause de leurs querelles passées ? Elle l'ignorait… mais refusait de le laisser partir sans elle.

- Non ! S'exclama-t-elle alors.

- Hermione…

- Je comprends les risques… Dit-elle. Mais je comprends aussi les enjeux ! Nous ne pouvons pas nous permettre de nous séparer ! Notre dernière quête a failli vous changer en pierre !

- Et te tuer ! Répliqua-t-il.

- Raison de plus pour ne pas y aller seul ! Ce serait du suicide !

Dépassé, Voldemort gronda entre ses dents et la regarda fulminer. Elle était déterminée… il le savait, mais désespérait déjà à la simple idée de l'avoir seule à ses côtés.

- J'imagine que rien ne pourra te convaincre… Grimaça-t-il.

- Vous imaginez bien !

- Hermione, s'il te plaît… Soupira-t-il. Réfléchis.

- C'est tout réfléchi ! Répliqua-t-elle. Je pars avec vous !

- Je ne sais même pas vers quoi nous partons ! S'agaça-t-il. Tu pourrais mourir !

- Vous aussi !

- Je suis immortel ! S'exclama-t-il.

- Et je suis brillante !

A court d'argument devant l'enfantillage de leur affrontement, le Mage soupira sans trouver quoi dire. Oui… elle était brillante. Et même si l'idée d'être coincée avec son insupportable et somptueuse Initiée sur les Océans les plus dangereux du monde sorcier lui donnait envie de hurler, il ne pouvait le nier… sans elle, il ne pourrait y arriver.

- Bien. Siffla-t-il du bout des lèvres. Dans ce cas, j'imagine que c'est décidé…

- Vraiment ?

- Ai-je d'autres choix ? Pouffa-t-il résigné. Tu serais capable de me suivre à la nage…

Tout aussi amusée que surprise, Hermione le regarda réajuster ses gants dans un sourire. Il avait moins lutté qu'elle ne se l'était imaginée. Mais c'était vrai… elle le suivrait jusqu'au bout du monde s'il fallait. Une expression de langage qui face à l'ampleur de leur quête, ne tarderait pas à prendre un sens bien plus concret…

- Quand partons-nous ? Demanda-t-elle impatiente.

- Maintenant.

- Maintenant ?! S'étouffa-t-elle. Mais… que faites-vous de la guerre ? Et du Ministère ?

Bien conscient des conséquences de sa décision, le Mage grimaça à ses questions. Il était certain que leur départ précipité ferait la une des journaux à scandales ; sans parler des répercussions sur le moral de ses hommes, des fronts montants des Centaures et des provocations qui s'en suivraient… mais une fois encore, ils n'avaient pas le choix. La fin du monde ne les attendrait pas.

- J'ai donné des ordres. Ton père sera aux commandes pendant mon absence.

- Mais… et Yaxley ?

- Il est trop frileux… et il m'agace. Grimaça-t-il. Je l'ai destitué ce matin.

Bouchée bée devant une telle annonce, Hermione ne sut que répondre. Par Salazar… son père au pouvoir… Lucius. Ainsi il avait réussi. Après des décennies de doloris et de bons et loyaux services, Lucius Malfoy voyait enfin la récompense de tous ses sacrifices : La tête du Ministère de la Magie. Ahuri, la jeune femme sentit son cœur se gonfler de fierté pour son père adoptif et lutta contre toutes les fibres de son être pour ne pas courir le féliciter. Narcissa serait si heureuse… et Drago si fier ! C'était l'accomplissement d'un rêve. De toute une vie ! Il avait tant travaillé, tant subi, tant prié… aussi, elle en fut certaine. Aucun homme ne méritait plus ce poste que lui. Un homme qu'elle se désola de ne pas pouvoir enlacer en personne, mais qui elle le savait, serait un grand Ministre de la Magie.

- J'ignore combien de temps nous resterons en mer… et aux vues des circonstances, il me fallait quelqu'un de confiance pour reprendre les rênes. Lucius est le plus ancien de mes fidèles ; il connaît ma politique et mes attentes… je sais qu'il fera tout pour me rendre fier.

- Maître, je… je vous remercie. Souffla-t-elle émue. C'est un grand honneur que vous faîte à notre famille.

- Je sais. Mais pour ce qui est de la guerre en revanche, je compte sur l'ingéniosité militaire de ton frère…

- Drago ?!

- Exacte. En mon absence, lui et ton père seront les deux têtes pensantes de mon Empire.

Deux Malfoy à la tête de l'Empire de Voldemort… il y a des années de cela, Hermione se serait horrifiée d'une telle nouvelle. Mais aujourd'hui, elle ne parvînt qu'à remercier le ciel. C'était le plus grand honneur pour leur famille. Une chance inestimable ! Un véritable exploit ! Pour preuve, ils allaient tout bonnement entrer dans l'histoire ! Sans parler de leur sécurité qui n'aillait que croître. Ils seraient toujours protégés, toujours informés des dernières avancées… et seraient les premiers évacués en cas de danger. Aussi, c'est au bord des larmes que la jeune femme le remercia. Un Mari Ministre de la Magie, un fils Gouverneur des Armées, une fille Initiée… Par Morgane, Narcissa ne s'en remettrait jamais !

- Maître, je… je ne sais comment vous remercier.

- Tu n'as pas à le faire. Dit-il amusé. Mais trêve de mondanités ! Nous avons des pirates à trouver…

- Mais comment ?!

Cette fois, c'est lui qui sourit. Le genre qu'elle ne connaissait que trop bien et dont la seule vue la fit frémir… Aussi, il ne lui offrit pour toute réponse qu'un léger geste de poignet. Vif et rapide, Hermione s'attendit à voir apparaître une paire de balais ou encore un portoloin censé les faire transplaner. Mais il n'en fut rien… car ce n'est pas un objet qu'il venait de commander, mais bien le brouillard qui les entouraient. Bouche bée, la jeune femme vit les volutes se dissiper peu à peu tout autour d'eux, laissant alors le soleil d'été les éblouir de sa clarté matinale. Une clarté qui les entoura brutalement, avant de former un étrange halo autour du lac. Un halo dont Hermione regarda les contours prendre forme à mesure que le brouillard se muait lui-même en une étrange muraille. Semblable à un mur infranchissable, elle ne vit plus le parc, ni le château ou les sommets des tours. Elle ne vit que ce mur de brume, intangible et pourtant impénétrable, qui laissa apparaître ce que son Maître cachait jusqu'alors... Et ce n'était pas une statue ou un monument, mais bien un navire…

- Par Merlin… serait-ce…

Non… elle ne pouvait pas y croire. Ce n'était pas possible ! Et pourtant, elle n'eut aucun doute.

- Le Bateau des Durmstrang !

Le Bateau des Durmstrang… Il avait réquisitionné le Bateau des Durmstrang ! Estomaquée, Hermione regarda le trois-mâts déployer ses voiles dans la brise matinale. Identique à ses souvenirs, elle comprit alors que ce qu'elle avait pris pour un monstre sur le point de la dévorer n'était en réalité que la coque finement ciselée de ce noble destrier. En bois massif, elle s'allongeait sur plus d'une cinquantaine de mètres, fière et robuste sur les berges du lac. Des berges presque trop petites pour un bâtiment de cette taille, et dont la seule vue la laissa sans voix. La dernière fois qu'elle l'avait vu amarré à Poudlard, le Tournoi des Trois Sorciers n'avait pas encore débuté, faisant alors de lui et des cheveux ailés de Beaubâtons les principales attractions. Et aujourd'hui, il était là… prêt à naviguer aux grés des vents et sous les flots… ou dans le pire scénario, à devenir leur dernier tombeau.

- Je n'arrive pas à croire… souffla-t-elle ahuri.

- Et pourtant c'est bien lui ! Le Directeur de Durmstrang me l'a fait livrer cette nuit…

- Mais alors, ce brouillard…

- Un camouflage. Dit-il fièrement. Vu sa taille je n'avais que de choix !

Brillant… véritablement brillant.

- Mais… vous saurez le naviguer ?! Demanda-t-elle brusquement.

- Bien sûr ! S'offusqua-t-il. Mais ce ne sera pas utile.

- Que voulez-vous dire ?

- Voyons très chère… il est ensorcelé ! Il se navigue tout seul depuis des siècles et à traverser plus d'un millier de tempêtes. Il nous suffit d'une simple destination et ce vieux rafiot nous y conduira en un rien de temps !

Ainsi c'était écrit.
Ils allaient bel et bien prendre la mer aujourd'hui.
Une vérité qu'Hermione réalisa soudainement et qui la laissa pantoise devant leur nouveau bâtiment.
Seigneur… ils allaient le faire. Ils allaient vraiment le faire !

- Alors, toujours partante ? Demanda-t-il.


Hey ! Voici un nouveau chapitre... et avec lui le départ d'une nouvelle quête prophétique ! Vous cela va-t-il les mener ? Que pensez-vous qu'ils vont y trouver ? Et la guerre ? Que croyez-vous qu'un tel départ va provoquer ? La réponse bientôt ;)

Je tenais à vous remercier pour tous vos gentils messages et je m'excuse aux Guest à qui je ne peux malheureusement pas répondre, mais je vous lis avec attention et je vous remercie pour votre soutien !

Enfin, et je crois que cela s'impose aux vues de ce qu'il se passe dans le monde, je vous souhaite à tous de rester en bonne santé et en sécurité. Restez forts, gardez la foi et surtout protégez vous et vos familles. Le monde fait peur à voir et l'avenir semble incertain... mais je prie chaque jour pour que triomphent la paix et l'espoir.

A très vite mes chers amis Sorciers !
Je vous retrouve la semaine prochaine.