Parti.
Voldemort était parti.

Quand Harry l'avait appris, il n'avait pas voulu y croire. Sûrement parce que cela semblait à peine croyable ? Et pourtant c'était vrai. Voldemort et Hermione avaient quitté Poudlard.

- Des lâches… ils ont fui comme des lâches !

Des lâches ? Vraiment ? Non… Harry ne le pensait pas. Bien sûr, l'inverse aurait été plus agréable à croire. Plus encore, cela aurait été un symbole d'espoir ! Une assurance tacite de victoire et un aveu d'échec de la part du Mage Noir ! Mais à quoi bon se complaire dans une foi illusoire ? Voldemort était un meurtrier, un manipulateur, un nihiliste et un sociopathe… mais il ne fuyait pas. Jamais. Une vérité d'autant plus criante, que sa chère et tendre « Initiée » l'avait suivi dans son voyage. Un ultime détail qui malgré sa rage et ses yeux vides de larmes, lui retournait amèrement les entrailles. Oui, Hermione était bien des choses elle aussi : une traître, une vendue, une ingrate et une criminelle aux tendances génocidaires… mais bien que le vice et l'avidité ait corrompu son âme, elle n'en restait pas moins la sorcière la plus déterminée de l'Histoire. Aussi et malgré la haine qui lui brûlait les veines, Harry ne parvînt pas à les traiter de lâches…. Non, ils ne l'étaient pas. Une certitude qu'il ne put s'ôter de l'esprit, mais qu'il préféra de taire devant la colère de son ami.

- C'est notre chance ! On doit agir… maintenant !

Maintenant ? Dans l'empressement d'un départ inexpliqué ? La précipitation d'un espoir mal placé ? Alors même que leurs alliés venaient tout juste de leur jurer fidélité ?! Et que leurs troupes n'étaient pas encore armées ?! Non… ils ne pouvaient pas se permettre de se hâter. Ils ne pouvaient pas se permettre de bâcler des mois de négociations acharnées pour une attaque qu'ils n'étaient pas certains de gagner ! Et puis, leurs adversaires étaient encore trop nombreux… trop forts… trop soudés ! Il leur fallait attendre ; se montrer patient et guetter le bon moment. Car Harry l'avait compris ; aucune guerre ne devait jamais être prise pour acquise.

- Calme toi Ron…

- Harry… Voldemort a pris le large ! C'est l'occasion rêvée !

- Seulement si tu veux envoyer les Centaures à l'abattoir.

Maugréant entre ses dents, Ron se renfrogna dans une grimace. Une réaction peu surprenante, que le jeune Potter contempla dans un soupir las… il savait à quel point il était impatient. Il savait à quel point l'attente et la retenue lui semblait vide de sens. Mais ils n'avaient pas le choix ! Et quand bien même qu'auraient-ils dû faire ? Plonger tête la première ? Ignorer leurs faiblesses ? Tout miser dans l'écho d'une ultime prière ? Non… ils avaient trop souffert pour prendre le risque de tout perdre à l'aube de leur dernière guerre.

- On devrait au moins s'en servir à notre avantage. Gronda-t-il entre ses lèvres.

- Ron…

- Ne me dis pas de me calmer !

- Alors arrête de t'emballer ! S'exclama-t-il agacé. Notre plan est déjà lancé, et il est hors de question de tout précipiter juste parce Voldemort a pris des congés !

Les joues rouges de frustration, Ron serra les dents dans un juron. Dans le fond, il savait qu'il avait raison… il savait qu'ils ne pouvaient pas se lancer sans avoir la certitude de gagner. Mais il en avait assez… assez d'attendre, assez de prier, assez de manger des restes abandonnés et de se cacher dans la première chaumière délabrée ! Cinq ans que ce cirque durait... Cinq ans qu'ils fuyaient ! Cinq ans qu'ils pleuraient leurs amis et passaient leurs nuits sur des planchers rongés par des mites ! Et il devait attendre ?! Mais combien de temps encore ? Combien de temps devrait-il se ronger les sangs ? Echafauder des plans ? Assister à des enterrements ?! A toutes ces questions, ni lui ni Harry n'avaient de réponses… Une évidence qui plus le temps passait, plus lui donnait l'impression de sombrer dans la plus inconstante des démences.

- Je pense qu'on devrait tenter notre chance… Souffla-t-il.

- C'est exactement ce que nous sommes en train de faire.

- Quoi ? Dans ce taudis ?! Cracha-t-il amer.

- Ron…

- Tu parles d'un voyage. Grinça-t-il. J'aurais mieux fait de laisser ma place à Ginny ! Elle qui rêvait de partir en Italie…

Bon sang, il ne cesserait donc jamais de se plaindre ? Il n'avait pas besoin de lui pour se souvenir de leur précarité ! Des risques ! Et de tout ce qui pouvait encore mal tourner ! Mais ils progressaient… et quoi qu'il puisse en penser, ce « taudis » était leur plus grosse victoire depuis des années.

- Ecoute… Lui-dit alors. Je sais que c'est dur mais on touche au but !

- Quel but ? Cingla-t-il. Ça fait des jours qu'on attend que ces foutus vampires viennent nous chercher !

- Ça faisait partie de notre marché… dégluti-t-il.

- Ouai bah la prochaine fois rappel leur qu'on a n'a pas toute l'éternité !

- Ils ont dit qu'ils viendraient !

- Quand ?! S'écria-t-il brusquement.

- Quand ils seront prêts !

- Ça ne répond pas à ma question !

- Bon sang Ron, ferme là ! Explosa-t-il.

Par Merlin, il n'avait pas le temps de calmer ses impatiences ! De jouer les nounous ou les mères de substitution ! Ils avaient un marché à honorer, des alliés à rencontrer, des négociations à mener et une putain de guerre à gagner ! Les doutes et les conflits ne devaient plus avoir la moindre place dans leurs esprits ! Plus qu'une nécessité, il en valait de leur survie ! De celle de leurs frères et de leurs amis ! Alors oui… S'il le fallait, il attendrait des semaines dans ce taudis. Des mois même ! Peu lui importait de manger de la poussière ! Peu lui importait de vivre dans la misère, de ne ressembler qu'à un tas d'os dénué de chair et de réciter les mêmes prières ! Ils avaient fait une promesse… Et ni sa mauvaise humeur, ses doutes ou ses remarques acerbes ne l'empêcherait de gagner cette guerre. Aussi, c'est le souffle court et les poings serrés qu'Harry s'entendit gronder dans un râle étouffé. Un son las à la fatigue à peine contenue, qui laissa le jeune Weasley soupirer d'un air vaincu… Par Merlin, c'était si dur. Si dur d'y croire... si dur d'espérer ; si dur de ne pas céder à la fureur qui le dévorait ! Tourmenté par ses démons et les cris de ses camarades torturés, il ne savait même plus ce que cela faisait de s'entendre penser sans hurler… De vivre sans avoir peur de se retourner ou de respirer sans craindre que ce soit sa dernière bouffée ! Et malgré tout cela… malgré ses efforts et sa hargne… on lui demandait encore d'attendre. Mais attendre quoi ? De vivre ? De mourir ? De rencontrer de vampires ?! Il ne savait pas... à vrai dire, il ne savait même plus pourquoi ils étaient partis se perdre dans ce trou à rats ! Mais ce qu'il savait en revanche, c'est que sa vie n'avait plus le moindre sens. A croire qu'il avait manqué un tournant à seulement 23 ans et que les Dieux avaient maudit son existence… Car il n'en doutait pas ; il était un pion. Un pantin. Une marionnette, dansant entre les mains du Destin ! Un jouet condamné à voir sa vie défiler dans un chaos d'instants désordonnés, de pleurs et d'épopées ratées. Alors que pouvait-il encore espérer ? Lui… Ron Weasley…

- On doit attendre ! Insista Harry d'une voix défaite. On doit… on doit attendre…

Déstabilisé devant le désespoir de sa foi, le jeune homme se redressa sur sa chaise rafistolée et le regarda faire les cents pas devant leur cheminée. Bon sang… il n'arrêtait jamais. Qu'importe le sort, les pronostics ou la fatalité, il s'acharnait encore à croire en la nécessité d'un plan méticuleusement préparé. Une force de conviction qui forçait le respect… mais qui ne laissait devant lui qu'un Survivant épuisé. Pâle et cerné sous un amas de vêtements mal reprisés, ses traits s'étaient creusés sous ses lunettes éternellement fêlées. Telle une ombre chancelante sur un corps amaigri, il allait et venait sans jamais rien dire, le cœur lourd et le regard meurtri… avant de frissonner entre deux soupirs. Bien sûr, Ginny avait tenté de le secouer ; de le garder fort et en bonne santé ! Mais ce rêve semblait vain à la lueur de son regard éteint… Incapable de se poser, de dormir ou de seulement respirer sans trembler, ses sourires autrefois confiants avaient laissé place à des grimaces désabusées, des cris enragés et une barbe indisciplinée qu'il ne cessait de frictionner entre deux spasmes effrayés. Une image peu reluisante du célèbre Harry Potter, qui lui arracha une grimace attristée. Bon Dieu… la guerre les avaient véritablement ravagés. Et pour cause ! On aurait pu le confondre avec un prisonnier d'Azkaban ! Un homme brisé… au regard agité… et aux cheveux longs. Non pas qu'il ait des leçons à lui donner de ce côté-là ; lui-même avait fini par délaisser les ciseaux et le rasoir.

- Désolé… Souffla-t-il alors du bout des lèvres. Je ne voulais pas remettre en cause tout ce que tu as fait…

- Je sais. Mais avec tout ce qui se passe en ce moment, s'il te plaît… ait un peu de foi.

- De foi ? Sourit-il amusé.

- Oui de foi !

En quoi ?! Hein ? Cela faisait cinq jours qu'ils étaient là ! Cinq jours qu'ils attendaient que ces maudits vampires honorent leurs contrats ! Et il devait encore y croire ?! Non… il en avait assez d'attendre après un miracle.

- Ils ne viendront pas… Soupira-t-il.

- Ils viendront.

- Comment tu peux le savoir ?! Demanda-t-il désabusé.

- Parce que le plan est en marche ! Tonna-t-il avec force.

Mieux encore ! Leur plan marchait ! Certes, lentement… mais cela lui suffisait ! Majestueusement, les espoirs de leur peuple grandissaient. Sûrement, les victoires de leurs alliées se multipliaient. Dignement, leurs destinées s'accomplissaient ! Et ça… ni les armées de Voldemort, les pouvoirs d'Hermione et les soldats des Malfoy ne pourraient le lui enlever. Car il savait ; peu importe les débâcles, leurs cris et leurs larmes ! Aujourd'hui, ils réécrivaient l'histoire.

- Harry…

- Ron je t'en prie… Insista-t-il. Regarde tout ce qu'on a déjà accompli ! Les Centaures rassemblent leurs armées, les Furies nous ont juré fidélité, les Volturi sont de notre côté et même la Dynastie de Darvalle est décidée à appuyer nos armées ! On… on est en train de gagner !

Oui… c'était vrai. A la sueur de leur front et la haine de leurs cœurs, ils avaient accompli l'impossible : ils avaient rallié trois races des créatures magiques dans une guerre de Sorcellerie… dont deux Dynasties Vampiriques. Un exploit inédit. Un symbole de victoire et de réussite ! Une première dans l'Histoire de la Magie ! Mais aussi une promesse indélébile… celle d'un Monde Magique unit contre un seul et même ennemi.

- Justement ! Répliqua Ron. On devrait lancer l'offensive !

- Bientôt je te le promets… mais pas avant que Neville soit prêt.

- Ça va prendre des semaines !

- Je sais… mais ça va marcher ! Assura-t-il confiant. Krum a réussi sa mission. Les Sol cogneurs ont été planté ; désormais, ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'ils ne commencent à pousser !

- Oui… et leur cœur de Seamus nous a été livré par courrier recommandé.

A ces mots, Harry sentit un frisson le secouer. Oui… un autre de leur ami était tombé dans leur quête de liberté. Une mort lente et douloureuse qu'aucune victoire ne pourrait jamais valoir ; mais une mort qui bientôt resterait à jamais gravée comme celle ayant fait basculer le cours de l'Histoire.

- Il savait ce qu'il risquait… comme nous tous. Murmura-t-il du bout des lèvres.

La gorge serré, Ron passa une main sur son visage fatigué et déglutit à l'écho de leur silence endeuillé… le seul qui ne les quittait jamais.

- Je sais qu'on a fait des avancées... Admit-il. Et je sais que pour la première fois depuis cinq ans, on a de véritables chances de gagner. Mais Seamus a été éventré ! Krum a été torturé et Luna… Luna doit probablement être en pièce à l'heure qui l'est !

Oui… probablement ; une idée de plus qui ne réussit qu'à accentuer ses tremblements.

- On devrait être là-bas… avec Neville et tous les autres. Souffla-t-il meurtri. On devrait… les enterrer comme il se doit et leur rendre hommage plutôt que de se cacher dans ce trou à rat !

Terrassé par la douleur d'un énième deuil, Harry se mordit la lèvre dans un spasme réflexe. Il savait ce qu'il ressentait… il savait dans quelle tourmente chaque nouvelle perte les plongeaient. Pourtant et pour la première fois depuis longtemps, un espoir subsistait… le seul auquel Harry se raccrochait.

- Krum a dit que… qu'Hermione ne l'avait pas tué. Déglutit-t-il. Que Luna pourrait être en vie…

- Oh je t'en prie…

- Ron…

- Hermione l'a torturé et brûlé au troisième degré avant d'arracher le cœur encore battant de notre ami d'enfance ! Cracha-t-il avec hargne. A ce stade, je suis presque surpris qu'elle ne nous ait pas déjà envoyé la tête de Luna sur un plateau d'argent…

Oui…
La foi ne déjouait pas la mort.
En particulier quand cette dernière se nommait Hermione.

- J'espère juste qu'elle a été tuée. Souffla subitement le Weasley. Ça vaut mieux que d'être torturée par la nouvelle Préfète en chef du Seigneur des Ténèbres…

Détourant subitement le regard, Harry sentit sa poitrine s'oppresser sous la douleur de cette seule pensée. Il aurait voulu le contredire, avoir pitié et espérer la rédemption prochaine de celle qu'ils avaient tant aimé. Mais cela aurait été mentir… car il disait vrai ; mieux valait mourir que d'être torturé par l'Initiée. Seigneur… la guerre leur aura vraiment tout pris. Leurs enfances, leurs bonheurs, leurs vies, leurs familles… et même leur plus précieuse amie ; la seule qu'ils n'auraient jamais imaginé capable de les trahir. Bon dieu, comment en étaient-ils arrivé là ? Comment Hermione avait-elle pu tomber si bas ?! Faire tout ça ?! Tuer Seamus… défigurer Victor… éradiquer les Sirènes… devenir une Malfoy… prêter allégeance à Voldemort… Il se le demandait. Chaque jour que Dieu faisait, il s'interrogeait le cœur lourd et le regard défait, incapable de croire aux crimes abjects qu'elle proférait en l'honneur de son nouveau Maître. Confus et désorienté, il se sentait haleter sous le poids de ses questions avant de se perdre dans la douleur de leurs milles souvenirs d'enfance. Des souvenirs de bonheur, de joie et d'amitié… des instants qu'ils ne cessaient de voir défiler dans l'écho de leurs rires partagés… avant que la réalité ne le rattrape sombrement dans un spasme résigné. Oui. Hermione Granger, sa sœur de cœur l'avait quitté. Hermione Granger, son amie de toujours l'avait renié. Et dans son sillage, Hermione Malfoy était née… Bon Dieu, il aurait aimé comprendre ; croire à l'avènement d'un plan ! D'un revirement de situation ! D'une ultime machination ! Mais à quoi bon s'acharner à espérer ? A quoi bon se torturer l'esprit d'espoir mal placés ?! Ils avaient déjà tout tenté pour la sauver... pour la garder à leurs côtés et la raisonner ! Mais rien n'avait marché. Ainsi et sous leurs yeux effarés, le maléfice qu'ils avaient durement fouetté, la folie qu'ils avaient entravée, le vice qu'ils avaient enchaîné et l'infâmie qu'ils avaient frappés… avaient fatalement fini par s'enraciner dans son esprit désœuvré. Et se faisant, celle qu'ils avaient tant aimé… celle qu'ils avaient nourri et soigné… les avaient abandonnés.

Fidèle à la gangrène d'un mal sortit tout droit des enfers, leur plus précieux atout s'était détourné de leurs combats. Obsédée par les mensonges d'une prophétie erronée, leur plus fervente sorcière les avait trahis sans un regard. Insensibles aux sacrifices de tous leurs amis disparus, leur plus fidèle amie avait fait un choix. Un choix qui entachait leurs milles et un souvenir de Poudlard et dont la seule pensée le rendait malade… mais un choix impardonnable. Celui du mensonge et de la cruauté. De la dictature et de la lâcheté. De la trahison et de l'indignité ! Et tout ça pourquoi ? Pour prêter allégeance à un monstre né ; devenir son Initiée et bafouer tout ce en quoi ils croyaient… Aussi et malgré une douleur qu'aucun mot ne serait capable de qualifier, Harry ne pouvait plus se leurrer. Hermione Malfoy, l'Initiée d'Honneur de Voldemort, devait être tuée… Plus qu'une vengeance, c'était une nécessité. Un devoir. Une responsabilité ! Mais aussi le seul unique moyen de restaurer l'honneur d'Hermione Granger, la sœur au cœur d'or qui lui avait été arrachée… C'est donc dans l'élan d'un nouveau souffle qu'Harry se tourna vers Ron. Oui… ils n'avaient pas le droit de désespérer. Ils n'avaient pas le droit de relâcher leurs efforts ou de céder à la fatalité ! Ils avaient une guerre à gagner ! Alors qu'importe la morale ou les regrets… il finirait ce que ses parents, Dumbledore, Sirius, Rogue et tous les autres avaient commencé ! Il accomplirait sa destinée.

- Ça ne change rien… dit-il durement. On s'en tient au plan.

- Et quoi ? On attend ? Soupira-t-il affligé.

- Oui. Tonna-t-il.

- Harry… les Von Bassito nous baladent depuis des mois. Je doute que de nouvelles négociations suffisent à les convaincre !

- Non. Ils nous aideront… crois moi.

Mal à l'aise devant l'étrange confiance qu'il portait en leur projet, Ron se renfrogna sur sa chaine à trois pieds. Il savait ce qu'il avait en tête… il savait ce qu'il s'apprêtait à faire au nom de ses sacrosaintes promesses. Mais cette ambition ? Cette quête ? Cette... trahison ? Par Merlin, il ne pouvait pas y penser sans grimacer entre deux frissons.

- Neville m'a assuré que les Fleurs de Rabia seraient prêtes avant la fin du mois... Lui dit Harry d'une voix changée.

- Harry…

- Les Centaures n'y résisteront pas ! Ils seront incontrôlables… Continua-t-il transcendé. Ils marcheront vers l'Ouest, amasseront des armes et sèmeront mort et désolation sur leur passage ! C'est là que nous agirons… c'est là que nous saisirons notre chance et que nous reprendrons Poudlard !

- A supposer que les Von Bassito nous appuient… Grinça-t-il.

- Ils le feront.

- A cause d'une stupide plante ?!

Oui… dit ainsi, cela semblait risible. Et pourtant, c'était vrai. Cette stupide plante allait convaincre la plus puissante Dynastie Vampirique de leur venir en aide. Mais pas seulement… elle allait réaliser leurs plus grands rêves.

- J'ai vu ce que cette fleur peut faire. Crois moi… elle est parfaite !

- Harry… Souffla-t-il mal à l'aise. Je sais ce que cette guerre nous a déjà coûté… mais les Centaures sont un peuple d'origine Barbare ! Je veux dire… tu l'as dit toi-même ! Ils seront incontrôlables ! Ce sera un véritable massacre !

- Et aucun vampire ne voudra manquer ça...


Un cigare fumant à la main, Voldemort contempla les flammes de sa cheminée avec fatigue. Assis sur un tabouret trop petit pour sa taille, il semblait avachi sur ses genoux, l'air défait et désemparé. Un air qui ne le quittait plus depuis déjà une semaine et qui s'aggravait malgré lui devant leur absence de progrès. Par Salazar… 10 jours. Voilà 10 jours qu'ils avaient quittés les berges… 10 jours qu'ils étaient en mer. 10 jours murés sous les eaux dans ce maudit bateau ! 10 jours à ne voir du ciel que des raies de lumière sous les flots ! 10 jours à attendre qu'un miracle les sauvent enfin de ce fléau ! Et pourtant, pas une seule bride de réponse ne surgissait de l'horizon…. Atterré, le Mage jeta un bref regard aux cartes négligemment étalées sur son secrétaire et expira lentement une bouffée. Grise et épaisse entre ses lèvres, il vit les volutes de fumée s'élever délicatement dans les aires, indifférentes aux chaos de ses appartements ou au bateau tanguant sous elles… avant de soudainement disparaître. Fondues au milieu de la fumée de ses cinq derniers cigares, il fixa intensément son plafond, persuadé qu'il pouvait encore les voir… mais il ne distingua que les poutres en bois de sa cabine, et sa centaine de bougie en cire. Identiques à celles qui flottaient autrefois dans la grande Salle de Poudlard, elles étaient sa seule source de lumière viable – et pour cause, le soleil ne brillait pas sous les eaux. C'est donc à la lueur de ses maigres bougies et dans le froid glaçant de sa cabine que Voldemort passait le plus clair de ses jours et ses nuits. Non pas qu'il ait de véritables raisons de se plaindre ! Aussi spacieuse que ses appartements à Poudlard, la cabine du capitaine avait su ravir ses attentes. Equipée d'un point d'observation sous-marin et de tous les instruments de navigation nécessaires, elle offrait un espace de travail idéal malgré son confort rudimentaire… mais rien de bien surprenant de la part d'un navire russe. Et encore, il y avait plus ! Emblèmes soviétiques, tableaux érotiques, armes anciennes, boîtes de cigares, caisses d'alcool douteux, draps défraîchis, nourriture insipide… ce navire représentaient à lui seul plus de clichés qu'il ne pouvait en compter ! Et dire que des élèves y avaient séjourné pendant presque une année… Pas étonnant qu'ils aient perdu le Tournoi des Trois Sorciers ! Lui-même peinait à garder l'esprit claire avec un tel mal de mer ! Mais ce n'était que des détails… non, le vrai problème était ailleurs. Le problème était leur voyage.

10 jours qu'ils étaient partis…
10 jours bon sang !
10 jours !

10 jours qu'il étudiait ses cartes ! 10 jours qu'il les décryptait avec hargne ! Et malgré ça, aucun de ses calculs ne s'alignait avec son compas. Comme si Poséidon lui-même avait béni ces pirates, il n'avait pas trouvé l'ombre d'une trace ! Rien ! Ne lui restait comme indices que des contes et légendes de bonnes femmes, qui ne tarderaient pas à venir à bout de ses derniers espoirs. Et pendant qu'il était là, à traquer des fantômes dans le noir… pendant qu'il était là à fumer ces maudits cigares… la guerre elle faisait rage. Deux attaques en moins d'une semaine. Les centaures avaient orchestré deux attaques en moins d'une semaine ! C'était inadmissible ! Intolérable ! Certes, elles avaient échoué et la riposte de Drago avait habilement su les faire reculer… mais cela ne changeait rien ! Ces agissements, ces… affronts ne pouvaient être tolérés. Oui… Ils devaient être exterminés ! Eradiqués ! Peu importe que plus cinq cent centaures aient déjà été tués ! Peu importe que leur victoire soit assurée ! Ils avaient osé fouler sa terre… Ils avaient osé insulter son règne ! Et pour cela, ils devaient payer ! Brutalement, ils devaient voir leurs misérables troupes de chevaux tomber. Durement, ils devaient sentir leurs infâmes espoirs s'effondrer ! Douloureusement, ils devaient se voir échouer… Mais même si ce rêve était certain d'être exhaussé, Voldemort ne parvenait pas à s'apaiser. Car pour la première fois de sa vie, ce n'était pas lui qui menait ses armées… Coincé sous les flots sans davantage de réponses pour contrer les tristes dessins du fléau, il ne pouvait que regarder l'avenir de son royaume se jouer dans son dos. Un avenir qui ne dépendait plus de lui et dont l'incertitude agitaient ses insomnies. Oui, pour la première fois de sa vie il se sentait inutile… impuissant et condamné à admirer la distance qui le séparait des lignes de front. Une sensation étrange, qu'il n'avait jusqu'alors jamais connu mais dont l'horreur rougissait ses joues de honte. Il avait l'impression de faire preuve de lâcheté ; de fuir le combat et de se cacher ! Et le pire était que ses ennemis en profitaient ! A l'affut de ses moindres faits et gestes, l'annonce de son départ précipité avaient embrasé leur avidité. Et comme il l'avait présagé, la guerre avait éclaté… loin de lui et de sa volonté de tous les exterminer. Un véritable cauchemar qui, plus que le mal de mer, lui donnait la nausée…

Aussi, c'est plus désemparé que jamais que Voldemort se tenait là ce soir… Affligé, la fatigue et les remous incessants du navire avaient creusé ses traits, ne laissant de lui qu'une figure pâle au regard las. Une figure défaite et dépassée, qui ne savait plus quoi penser... Morgane soit louée, le nouveau Directeur de Durmstrang lui avait laissé suffisamment d'alcool pour l'aider à noyer la fatalité ; mais même une cale entière de rhum ne semblait pas capable de l'enivrer… car comme si son impuissance face à la guerre ne l'affligeait pas assez, la présence constance de son Initiée suffisait à l'achever.

Bon Dieu, il était maudit. Maudit ! Maudit !

Peu importe où il allait, peu importe où il s'enfermait, il pouvait sentir son regard dans son dos… respirer l'odeur enivrante de sa peau et l'entendre par de là le remous des eaux ! Elle était partout ! Dans ses pensées, dans sa chaire, dans ses tripes, dans son âme… c'était infernal ! Un nouveau fardeau, qui plus que tous les autres, lui donnait envie de rentrer à Poudlard à la rame… Mais il n'en avait pas le droit ; et quand bien même, il savait qu'il ne le pourrait pas. Car aussi cruelle que soit sa douleur, l'opportunisme et l'avidité de son désir s'étaient emparés de son cœur. Un désir qu'il sentait battre un peu plus fort à chaque heure et qui lui faisait horreur… Par Salazar, pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi ?! Il aurait pu prendre la mer sans elle ! Il aurait pu lui ordonner de rester à Poudlard et veiller au bon déroulement de la guerre ! Mais non. Il ne l'avait pas fait… ou plus précisément, il n'en avait pas eu envie. Telle la plus vicieuse des infâmies, son désir avait perverti ses idées et corrompu sa lucidité ; à tel point qu'après le désastre de leur dernière soirée, il n'avait plus eu le courage de lutter. Engourdi par la fatigue et seulement guidé par l'envie de lui faire oublier son doloris, il s'était laissé charmer par l'idée de l'avoir à ses côtés, de travailler avec elle, loin de tout conflit et de la guerre… Une idée folle et dangereuse ! Une idée qu'il regrettait tant elle était douloureuse ! Mais une idée si délicieuse… qu'il avait voulu la vivre. Ainsi, il avait cédé à son propre caprice. Curieux de connaître son avis, il l'avait fait quérir. Désireux de la voir rester avec lui, il avait accepté qu'elle le suive. Une attitude purement calculée et réfléchie, qui aujourd'hui le laissait hagard et maudit…

Bon Dieu, il savait qu'il ne pouvait pas l'approcher sans la désirer ! Il savait qu'il ne pouvait pas la côtoyer sans risquer de céder ! Mais non ! Non… imbécile qu'il était, il avait décidé de se tirer une balle dans le pied et de la garder à ses côtés… enfermé dans un bateau qu'aucun d'eux ne pouvait quitter… pour une durée indéterminée… A croire que tout bon sens l'avait quitté ! Par Merlin, qu'il était stupide ! Stupide! Mais il n'avait pas le droit de flancher ! Quoi qu'il ressente, quoi qu'il maudisse, quoi qu'il affronte, il ne pouvait pas se permettre de faire passer son inconfort avant le destin du Monde. Ils avaient une mission ! Un devoir ! Il devait garder la tête froide… et plus important encore, il devait lui faire face : à elle. Une prochaine épreuve dont la simple idée le faisait déjà frissonner mais qu'il ne pouvait plus se permettre d'ignorer. Hermione était la seule capable de l'aider. Ainsi, il le savait ; à partir d'aujourd'hui, il ne pourrait plus se permettre de l'éviter...


Hello tout le monde ! Chapitre un peu plus court que les autres mais tout aussi dense et révélateur ;) La guerre commence à se frayer un chemin très distinct dans le royaume de nos héros et avec elle, les menaces, complots et trahisons vont de paire ! Voldemort désespère, la Resistance complote, Harry et Ron persistent, les Sols cogneurs commencent à pousser, les Vampires choisissent leurs alliés et Centaures se font... manipuler ?! Et Voldemort ? Va-t-il réussir à passer outre son attraction envers sa chère Initiée ? Vous en saurez davantage la semaine prochaine ;)

En tout cas j'espère que ce chapitre vous aura plu ! N'hésitez pas à me donner vos avis, c'est toujours un plaisir de vous lire !

A très vite ;) BISSEEESSS