Ma chère Luna,
Cela va bientôt faire dix jours que le Maître et moi avons pris la mer. Que tu aimerais ce voyage ! Le Bateau des Durmstrang est incroyable ! Pour le moment, nous naviguons essentiellement en sous-marins afin d'éviter les navires moldus, mais nous faisons bonne route. Malheureusement et malgré notre obstination, nous semblons encore à mille lieues de notre destination – à supposer que cette dernière existe… Nous n'avons pas plus de pistes sur cette île maudite qu'à notre départ. Nous ne savons même pas comment nous pourrions la trouver ; mais le Maître ne désespère pas. Il est persuadé que nos réponses se trouvent dans de vieilles cartes de navigations rapportées lors d'un de ses voyages. Prions Merlin pour qu'il ait raison.
Drago m'a fait part de la dernière offensive des Centaures… et bien qu'elle ait été aisément repoussée par nos troupes, je déplore déjà l'escalade de violence qui se prépare. Le Maître et Lucius correspondent ardemment afin de préparer nos prochaines ripostes, mais sur ce bateau… si loin de vous et du château… un puissant sentiment d'impuissance nous gagne. Quelle ironie ; nous sommes trop loin de Poudlard pour vous être d'une quelconque aide, et cependant trop loin de notre destination pour faire le moindre progrès dans notre quête.
Néanmoins, j'ai été rassurée d'apprendre que Lucius avait officialisé ta Grâce. Te savoir en sécurité au château avec Arnis et ma famille m'apaise en ces temps de guerre. Fais leur savoir qu'ils me manquent et que je les aime. J'ai beau leur écrire chaque jour, la distance et le mal de mer mettent mon cœur à rude épreuve…
J'espère qu'ils ne m'en veulent pas trop de les avoir quittés si brusquement, mais comme tu t'en doutes le temps nous est compté. Il ne nous reste que 308 jours avant l'Eclipse, et ce délai ne nous facilite pas la tâche. La magie du Bateau est rapide, mais je crains qu'elle ne le soit pas assez… nous sommes encore si loin de notre but que j'en viens presque à douter du bon fondement de ce voyage. Mais nous n'avons pas le choix.
Prends soin de ma famille pour moi.
Affectueusement,
H.
Soigneuse dans son écriture, Hermione sécha lentement l'encre de sa lettre. Plume en main, elle contempla un instant ses mots à la faible lueur des quelques bougies de sa cabine, et se pinça les lèvres dans un soupir. Grand Dieu… déjà dix jours qu'ils avaient pris la mer. Pourtant, elle avait l'impression que c'était hier qu'elle et son Maître avaient quitté les berges ; que c'était hier qu'ils s'étaient décidés à poursuivre leur quête… mais il n'en était rien. Dix jours déjà les séparaient de son dernier souvenir de Poudlard. Un souvenir trouble et lointain, teinté de brouillard et de larmes… symbole d'un ultime aurevoir. En son for intérieur, Hermione regrettait de ne pas avoir pu embrasser sa famille une dernière fois. Non pas qu'elle redoutait ne jamais les revoir… mais ils lui manquaient ; et les nouvelles qu'elle avait reçues ne l'aidaient pas à se rassurer. Bien entendu, Drago avait magistralement su repousser l'attaque des Centaure… mais cela ne changeait rien. Ceux qu'elle aimait étaient livrés à eux même. Et elle… eh bien, elle était piégée en mer. Une vérité qui l'étouffait déjà son insupportable culpabilité et qui lui faisait maudire chaque heure passé sur ce rafiot ensorcelé. Peut-être auraient-ils dû attendre ? Peut-être auraient-ils dû gagner cette guerre avant de se lancer dans une nouvelle quête ? Mais combien de temps durerait-elle ? Là était la véritable question… car ils n'avaient aucun temps. Aucun répit. Aucune chance ! Constants dans leurs décomptes, les jours s'écoulaient et leurs délais s'amenuisaient. Ainsi ils leur avaient fallu prendre une décision… et partir tant qu'il était encore possible de sauver leur monde. Un ultime sacrifice pour une ultime victoire. Une ultime douleur pour un ultime espoir… Une ultime peur, avant d'écrire l'histoire.
C'est donc le cœur lourd que la jeune femme plia sa missive dans l'écho d'une dernière prière. Elle savait que Luna la comprendrait. Elle savait qu'elle l'aiderait… et plus encore, elle l'espérait. Car malgré leur détermination et la promesse de leur voyage en mer, elle devait l'admettre… ni elle ni son Maître n'avaient pas fait la moindre découverte. Coincé sous les flots et assourdit par la coque grinçante de ce maudit bateau, ils naviguaient à l'aveugle… sans vent ni destination. Telles des âmes errantes, ils voguaient vers le large, loin de toute escale à la recherche d'un mirage… d'une ombre… d'un espoir. A la recherche de pirates.
Mais plus les jours passaient, plus Hermione sentait l'étau d'une nouvelle fatalité l'étouffer. Ils n'avaient rien trouvé… Pas la moindre piste, le moindre indice… rien. Et ce n'était pas faute de chercher ! Enfermés l'un l'autre dans leurs cabines respectives, elle et le Mage passaient leurs journées à écumer les livres d'histoire. Qu'il s'agisse de contes, de légendes, de fables, de romans ou d'atlas, ils étudiaient chaque page avec avidité, à l'affut de la moindre phrase capable de les aider… mais rien ne marchait ; et se faisant, leur morale dépérissait. Une évidence qu'Hermione ne pouvait nier à l'heure où sa mélancolie grandissait, mais qui malgré tout l'impressionnait. Elle avait souvent entendu parler du mal de mer, des épisodes de folie passagère et des milles épreuves que représentait un voyage en mer ; mais maintenant qu'elle y était… qu'elle pouvait sentir la force du bateau la maintenir sous les eaux… et que l'absence de soleil délavait sa peau… Par Merlin, ça n'avait rien de comparable. Confuse, son horloge biologique ne reconnaissait plus le jour de la nuit. Affaibli par les remous constants des courants, son corps peinait à supporter la fatigue de ses insomnies. Terrassée par les profondeurs, la force de ses acouphènes lui donnaient l'impression d'entendre des cris ! Et encore, ce n'était rien comparé à ses frissons, tremblements et autres frémissements qui la secouaient à chaque rugissement des Océans ! Oui… elle n'en doutait plus aujourd'hui, être marin n'était pas un simple passe-temps. C'était une vocation. Un Destin. Une passion. Mais certainement pas la sienne…
- Initiée ?
Sursautant violemment à la voix de son Maître, Hermione paniqua devant l'ombre de son visage et s'empressa de ranger ses lettres. Son Maître ? A une heure pareille ?! Cela ne pouvait pas être réel ! Et pourtant, il était là… Acculé dans l'embrasure de sa porte, elle frémit à la vue de ses boucles désordonnées et grimaça en sentant sa marque s'animer. A croire que son Serpent ne se fatiguerait jamais de hurler…
- En… Entrez.
Seulement vêtue d'une chemise de nuit qu'elle avait reprisé la veille, Hermione se couvrit de ses bras, mal à l'aise devant son imposante carrure. Pourtant et contrairement à ses habitudes, ce n'est pas un visage grave qui l'accueillit, mais un sourire gêné… presque imperceptible, elle crut l'imaginer mais ne parvînt qu'à frissonner.
- Pardonne mon intrusion, je… je ne voulais pas te réveiller. Lui dit-il.
Ebranlée devant la douceur de son ton, la jeune femme le regarda entrer dans un frisson. Seigneur… elle n'était plus habituée à l'entendre parler. Et pour cause, c'est à peine si elle l'avait entendu lui décrocher plus de six mots depuis qu'ils étaient sur les flots ! Constamment enfermé dans sa cabine, il ne lui avait envoyé que quelques missives portant sur leur mission et manque de progrès... Mais le voir venir à elle ? De son plein gré ? Sans afficher une mine de condamné sur le point d'être exécuté ?! C'était une première ! Et encore… elle était loin de la vérité. Car contrairement à ce qu'elle croyait, cela faisait plus d'une heure que Voldemort attendait devant sa porte sans trouver le courage d'entrer... Indécis, il avait arpenté son couloir une bonne trentaine de fois, la boule au ventre et le cœur battant, tandis que son esprit lui hurlait de prendre une décision. Mais comment aurait-il pu ? Cela faisait des jours qu'il ne l'avait pas vu ! Et il devrait frapper à sa porte ? Comme si de rien n'était ? Comme si le souvenir de son doloris n'avait jamais existé ?! Par Merlin, il ne le pouvait pas… Il l'avait déjà tant fait souffrir à cause de son désir. Tant repoussé et humilié ! Jamais elle ne voudrait à nouveau le regarder ! Mais il n'avait plus le choix… C'est donc épris d'angoisse que pour la première de sa vie Voldemort s'était senti démuni. Terrifié à la seule idée de lui faire face, il avait hésité, maugréé, grondé, hésité à nouveau et trépigné… jusqu'à ce qu'un élan d'adrénaline le convainque finalement de se lancer. Un élan qu'il sentit déjà retomber et qui le laissa pantois devant le regard de son Initiée.
- Il… il y a un problème ? S'inquiéta-t-elle.
- Non, je… je voulais juste savoir comment tu allais. Souffla-t-il déstabilisé.
A ses mots, Hermione sentit son souffle se couper. Comment elle allait ? Il… voulait savoir comment elle allait ?! Bon Dieu, était-ce possible ? Après toutes leurs disputes, leurs conflits, leurs silences et leurs fuites ?! Etait-il malade ? Ensorcelé ? C'était impossible elle le savait, mais ne parvînt pas à se rassurer. Après tout, n'était-il pas censé l'éviter ? La garder à distance ? L'ignorer jusqu'à ce qu'elle doute de sa propre existence ? Si. A moins… qu'il ait changé d'avis ? Elle ne le sut pas et ne voulut même pas y croire. Mais il était là… et ne la repoussait pas. Un détail qui plus tous les autres, fit battre son cœur d'un nouvel espoir. C'est donc profondément troublée qu'Hermione se mit à le détailler. Habillé d'une chemise aux manches bouffantes et d'un pantalon en toile, il semblait avoir trouvé une tenue adéquate à leur voyage… une tenue qu'elle se surprit à contempler dans l'écho d'une sueur froide avant de subitement détourner le regard. Par Merlin, rien ne mettait plus un homme en valeur que des habits de marins.
- Tu… tu es bien installée ? Demanda-t-il subitement.
Affligé par la stupidité de sa propre question, le Mage serra les dents dans un grondement. Grand Dieu, ce qu'il pouvait être stupide en sa présence… stupide ! Il se fichait de sa cabine ! Il n'était pas là pour ça ! Pourtant et devant la simplicité de sa visite, la jeune femme dû user de toutes ses forces pour ne pas faillir. Il lui parlait… pire encore, il la questionnait ! Etait-ce une hallucination ? Perdait-elle la raison ? Elle l'envisagea un court instant, jusqu'à ce qu'elle se sente rougir sous la lourdeur de son propre silence.
- Oui ! Dit-elle subitement. Je… je suis bien installée.
- Tu es sûr ? Ta cabine est petite. Fit-il remarquer.
Par Salazar, qu'il oublie cette maudite cabine !
- Je sais, mais je n'ai pas besoin de plus. Assura-t-elle gênée.
Peu convaincu par son sourire, Hermione le vit détailler sa chambre sans rien dire… Il est vrai qu'elle n'avait pas choisi la plus confortable des cabines. De taille modeste et seulement composé d'un bureau et d'une couchette, cette petite pièce aurait pu s'apparenter à un cagibi délabré. Empilées non loin de son hublot, ses affaires s'éparpillaient inlassablement aux remous des flots ; sac, habits, notes… tous s'étalaient au sol entre deux livres de sorts. Un décor quelque peu précaire – elle devait le reconnaître – mais qui lui suffisait, à l'heure où les courants vidaient constamment le contenu de ses étagères. Pourtant et face à son Maître, Hermione se sentit gagner par un profond malaise. Seigneur… il était si grand… et son torse si large… pas étonnant qu'il ait l'impression qu'elle soit enfermée dans un placard !
- Comment… comment est la vôtre ? Demanda-t-elle à son tour.
- Très confortable.
Ne trouvant pas quoi ajouter, un nouveau silence suivit ses mots. Un silence pesant et gêné, dont la lourdeur traduisit sans peine l'étrange tension qui les avaient gagnés… Une tension que Voldemort sentit s'inscrire dans la furtivité de leurs regards, et qui résonna davantage quand il se risqua enfin à lui faire face. Fébrile devant lui, il la vit se mordiller la lèvre dans un réflexe inquiet et déglutit devant la fatigue de ses traits. Par Salazar… il avait vraiment tout gâché. Leur collaboration, leur relation, leur confiance… ne restaient d'eux que deux inconnus, hantés par les souvenirs de leurs défiances. Une vérité qu'il ne put nier et qu'il pouvait déjà sentir s'aggraver. Muet et mal à l'aise, c'est à peine s'ils étaient regardés depuis leur départ. Une réaction peu surprenante aux vues de la tournure de leur dernière entrevue… et qui pourtant le tourmentait d'un mal qu'il n'avait jusqu'alors jamais connu.
- Hermione, je…
Mais son souffle se coupa avant qu'il ne puisse entamer sa phrase… Seigneur, il avait presque oublié la finesse de son visage. Pâle et parcouru d'infimes taches de rousseur, il sentit ses joues s'enfiévrer à la vue de ses lèvres finement ourlées. Des lèvres roses et légèrement pincées qu'il contempla sans respirer… avant que son désir ne le fasse violemment haleter. Bon Sang, n'avait-il donc aucune volonté ? Aucun self-contrôle ?! Il n'était là que depuis une minute ! Une minute ! Mais cela suffisait… car sans qu'il ne puisse lutter, la flamme de son hérésie s'embrasait.
- Oui ? Demanda-t-elle inquiète.
Par Merlin, il était Lord Voldemort ! Un Mage Noir ! Un Être Supérieur guidé par la quête du pouvoir ! Il ne pouvait pas se permettre de flancher devant son seul regard ! C'était ridicule ! Absurde ! Et pourtant il ne put le nier… face à elle, il se sentait condamné.
- Je…
- Vous allez-bien ?
Non… non, il n'allait plus bien depuis longtemps. Mais cette mascarade devait cesser. Maintenant ! Sur le champ !
- Je crois que nous devrions parler. Lui dit-il brusquement.
Oui. Il le fallait. Plus qu'une simple conversation, le sort du monde en dépendait ! Car aujourd'hui, Voldemort n'avait plus le choix ; il ne pouvait plus continuer sur cette voie. Peu importe ce qu'il redoutait, ils avaient une quête à achever ! Un devoir à accomplir ! Et de ce fait, il ne pouvait plus la fuir. Pourtant il avait essayé… comme si le déni l'avait possédé, il s'était persuadé qu'il pouvait oublier l'insupportable proximité de son Initiée. Mais un tel espoir ne pouvait qu'échouer ; en particulier face à sa cruelle absence de progrès. Oui… il avait besoin d'elle, de ses capacités, de son savoir ! Il ne pouvait plus se permettre de faire bureau à part ! Aussi, c'est le cœur lourd que le mage passa une main sur son visage défait. Qu'il haïssait ce malaise ; qu'il haïssait cette gêne et cette faiblesse ! Mais c'était le juste prix à payer pour sa maladresse… Car des non-dits résonnaient entre eux. Des murmures et des cris qu'ils avaient espéré faire taire, mais dont le chant semblait plus assourdissant que celui des mers.
- Oh heu… si vous voulez. Balbutia-t-elle mal à l'aise. Vos recherches avancent ?
- Absolument pas. Soupira-t-il. Mais ce n'est pas la raison de ma venue ce soir…
Surprise, Hermione le vit lentement déglutir, comme s'il s'apprêtait à prononcer des mots que sa propre bouche n'osait dire. Des mots qu'elle ne put qu'imaginer et qui déjà lui firent redouter le pire…
- Est-ce grave ? Demanda-t-elle.
- J'aimerais que nous parlions de ce qu'il s'est passé… la veille de notre départ.
Sonnée devant une telle annonce, la jeune femme sentit son cœur rater un battement. La veille de leur départ… il voulait parler de la veille de leur départ ?! Grand Dieu, mais pourquoi ?! Il n'y avait rien à en dire ! Encore moins aujourd'hui ! Cette histoire était passée. Finie ! Pourtant et malgré son profond déni, Hermione ne put s'empêcher de frémir. Hantée par la douleur fantôme de son doloris, elle sentit sa peau s'hérisser à son simple souvenir, la laissant alors haleter devant lui. Non… elle ne voulait pas en parler. Elle ne voulait pas y penser, elle… elle voulait seulement oublier. Oublier leurs cris, sa douleur, son hystérie… oublier jusqu'au dernier souvenir de cette nuit ! Mais plus important encore, elle voulait oublier ce qu'il lui avait dit.
- Ce n'est pas nécessaire. Dit-elle du bout des lèvres.
- Hermione…
- Je m'en suis remise. Insista-t-elle. Je vous assure ! Il… il n'y a rien à en dire.
- Je ne suis pas de cet avis.
Non… ils n'avaient pas en parler ! Ils n'avaient pas à rouvrir cette plaie ! C'était inutile ! Et pour cause, elle avait compris le message. Elle avait compris où était sa place ! Mais il était déterminé… elle pouvait le lire à son regard, il ne la laisserait pas l'éviter. Un constat qui plus que la douleur de son cœur, la laissa trembler de peur.
- Maître, s'il vous plaît…
- Je suis désolé. Dit-il soudainement.
Frappée de plein fouet, Hermione le regarda sans respirer. Qu'avait-il dit ?!
- Qu… quoi ? Haleta-t-elle.
- Je suis désolé. Répéta-t-il. Pour mon doloris, ma crise et… pour tout ce que je t'ai fait subir.
Désolé ? Il… était désolé ? Non, elle avait dû mal entendre. Il… il ne pouvait pas s'excuser ! Voldemort ne s'excusait jamais ! Et pourtant jamais son regard ne l'avait autant transcendé. Ancrées sur elle, ses pupilles d'ébène la fixaient de leur étrange sincérité, mélange de peine et de regrets. Un air qu'elle ne lui avait jusqu'alors jamais connu et qui la laissa chanceler dans son apnée.
- Tu ne méritais pas ce que je t'ai fait. C'était injuste et cruel, et… je le regrette.
Par tous les Dieux… elle ne rêvait pas. Il s'excusait. Il regrettait. Mais pourquoi ?! Une telle remise en question ne lui ressemblait pas. Et pourtant, jamais son regard ne dévia. Un regard qu'Hermione contempla de longues secondes sans parvenir à lui répondre. Un regard qu'elle sentit à nouveau renverser son monde… Seigneur, qu'elle était faible. Et naïve ! Bon sang, elle n'avait pas le droit de céder à ses caprices ! De croire en ses promesses au risque de tomber d'un nouveau précipice ! Elle avait déjà commis une telle folie… elle avait déjà essuyé le revers de sa malice ! Et pourtant… malgré sa douleur et l'amertume de sa rancœur, Hermione se sentit défaillir. Le souffle court, elle tenta de lutter contre ses larmes mais commença à voir floue… un signe de faiblesse supplémentaire, qu'elle sentit résonner à mesure qu'elle se pinçait durement les lèvres.
- Maître, je…
- Tu mérites mieux Hermione. L'interrompit-il brusquement. Tu mérites un meilleur Maître… et je suis désolé de ne pas avoir tenu ma promesse.
Par tous les dieux, il n'avait pas le droit de jouer avec elle. Il n'avait pas le droit de revenir vers elle ! C'était… c'était trop dur. Trop injuste. Car après cette soirée… après leurs cris et le sort qu'il lui avait jeté… elle avait simplement cessé d'espérer. Telle une veuve éplorée, elle avait cessé de croire qu'ils puissent un jour se retrouver. Alors elle s'était résignée ; seule et meurtrie, elle avait enterré sa souffrance, son cœur et ses envies, déterminée à ne plus vivre que pour leurs Prophéties. Alors le revoir… les mains tremblantes et le visage défait… non. Elle n'avait pas la force d'y croire.
- Je ne te demande pas de me pardonner. Continua-t-il la gorge serrée. Cela serait déplacé et inconvenant vue la manière dont je t'ai honteusement traité. Cependant si… si jamais tu en as envie et que l'idée de me supporter ne t'est pas trop pénible… je veux que tu saches que je serais ravi de travailler à nouveau à tes côtés.
Travailler…
Avec lui…
Comme au bon vieux temps…
A cette simple idée, Hermione sentit son cœur flancher. Ces mots, elle les avait rêvés ; pire encore, elle avait prié les Ciel pour le voir les prononcer !
- Vraiment ? Souffla-t-elle du bout des lèvres.
- Oui. Bien sûr, le sort du monde en dépend mais… en toute honnêteté, je dois avouer que nos heures d'études me manquent.
Oh Seigneur… non, non, non, non ! Pourquoi fallait-il qu'il la prenne par les sentiments ?! Il n'avait pas le droit de lui ça ! Et pour cause… elle aussi rêvait de travailler à nouveau avec lui. Mais pas seulement ! Elle rêvait de reprendre leur vie là où ils l'avaient laissé ; de retrouver leurs quotidiens, leurs rires, leurs débats et sourires amusés… de se créer de nouveaux souvenirs et d'oublier tout ce qu'ils s'étaient infligés. Mais était-ce vraiment possible ? A cette question, Hermione ne sut que répondre. Un silence de plus, emplit de doutes et d'incertitudes, qui dura le longues minutes… Jusqu'à ce que son Maitre ne capitule.
Il n'aurait jamais dû venir. Il n'aurait jamais dû se risquer à croire qu'elle voudrait à nouveau travailler avec lui. Et pour cause… son silence valait mille mots. Des mots qu'il ne put qu'imaginer, mais dont le simple écho suffit à l'éventrer. Oui. Aujourd'hui il le comprenait… alors même qu'il la désirait plus que la raison ne pouvait le tolérer, il l'avait blessé. Alors même qu'il tentait désespérément de la protéger de tout ce que son cœur hurlait, il l'avait bafoué. Et alors même qu'il avait constamment œuvré pour l'éviter, désormais c'était elle qui le rejetait. Oui. Aujourd'hui, il le comprenait… il venait de perdre la confiance de son Initiée. Une idée qui lui sembla à peine tolérable, mais dont la lame éraillée lui déchiquetait déjà les entrailles. C'est donc sans respirer que le Mage se détourna dans un soupir résigné. Il ne pouvait pas rester… il ne pouvait pas attendre qu'elle se décide à parler ! Et quand bien même, que pourrait-elle lui dire ? Il ne méritait pas son pardon. Il ne méritait pas sa gentillesse ou sa clémence ! Une évidence que même son orgueil ne put nier, et qu'aucune promesse ne saurait un jour réparer.
Aussi, c'est profondément désemparé que Voldemort se redressa devant elle et s'apprêta à la quitter ; un départ précipité face auquel Hermione sortit brusquement de ses pensées. Bien entendu, il ne savait rien de son conflit intérieur… de ses doutes ou de la stupéfaction qui lui étreignait le cœur. Non, il ne voyait d'elle que sa peine et ses tremblements de peur. Et pourtant… il faisait erreur. Car c'est plus paniquée que jamais qu'Hermione haleta devant la nouvelle distance qui les séparait. Sûrement pensait-il qu'elle refusait sa proposition ? Qu'elle lui en voulait et haïssait la seule idée de leur collaboration ? Mais quoi qu'il pense, il se trompait. Car dans le fond, elle le savait... Elle lui avait déjà tout pardonné.
- Maître, attendez !
Figé, Voldemort se pétrifia dans une nouvelle apnée.
- Vous avez pris les appartements du capitaine… dit-elle du bout des lèvres.
Etonné, le Mage fronça les sourcils et se retourna d'un air surpris. De toutes les réponses qu'il s'était imaginé, celle-ci était de loin la seule qu'il n'avait pas anticipé. Pourtant et à la vue de son sourire, il n'eut aucun mal à comprendre sa tactique ; car elle aussi se fichait de sa cabine…
- Oui. Souffla-t-il.
- Eh bien si… si vous n'êtes pas trop occupé, peut-être que je pourrais y passer pour… la visiter et éventuellement vous… vous aider.
Décontenancé, le mage la regarda sans respirer et dû s'accrocher à sa porte pour ne pas faillir.
C'était dit… certes d'une manière détournée et affreusement gênée ; mais c'était dit.
Elle acceptait de travailler à nouveau avec lui.
- Ce… ce sera avec plaisir.
- Bien alors… demain ? Demanda-t-elle.
Bon Dieu… à aucun d'eux ne se rendrait la tâche facile. Mais malgré tout, elle revenait vers lui. Une ultime promesse qui ne parvint qu'à le faire sourire.
- Je t'attendrais au petit matin. Sourit-il.
Oui… Ils avaient encore un long chemin à faire. Mais qui sait ? Tout pouvait arriver en mer.
Hello ! (Je suis désolé pour le petit retard j'ai bien cru que je n'allais jamais trouver le temps de publier aujourd'hui ! XD)
J'espère que ce chapitre vous plaira ! Etonnement, j'ai eu pas mal de difficultés à l'écrire alors j'espère que ça ne se verra pas trop ^^'... toujours est-il que nos chers sorciers repartent du bon pieds ! Qu'en pensez-vous ? Croyez-vous que leur relation va davantage évoluer ? ;) N'hésitez pas à me donner vos avis !
Oh et je sais que ce chapitre est petit ALORS j'ai prévu de vous publier la suite dés demain ! ;)
Je vous dis donc à demain les amis ;)
