When the sun loves the moon : Reinaeiry

When the sun loves the moon
Even the ocean feels her pull
Oh, and the stars align every night
To spell out their love in tiny bright lights
Oh, when the sun loves the moon
Never touching but never far
Oh, at the break of day
A summer's ray
A moonlit night that casts away
Their love remains,
their love remains

Ohh… ohh… ohh…
Ohh… ohh… ohh…

Oh, when the sun loves the moon
Her golden light
Her silver hues
A beautiful song
Oh, how they long
For dawn

- Narcissa serait fière de toi.

Sursautant à la voix de son Maître dans son dos, Hermione haleta violemment à la fin de sa chanson. Désorientée, elle entendit la mélodie de son piano retomber lentement dans la salle de musique, laissant alors les échos chanteurs de sa voix se mélanger à son souffle encore haché de surprise. Un bref instant de confusion, qui après des heures de profonde concentration, rougit ses joues presque instantanément.

- Maître ! S'écria-t-elle mal à l'aise. Je… je ne savais pas que… que vous seriez là.

Amusé devant son air gêne, le Mage s'avança à la lueur des chandeliers et sourit franchement face à elle. C'est vrai… elle ne le savait pas ; et pourtant cela faisait déjà plus d'une demi-heure qu'il était là. Caché dans l'embrasure de la porte il était resté silencieux… presque figé dans sa soudaine admiration ; avant de peu à peu se laisser charmer par la délicatesse de son chant. Un chant doux et mélodieux… un chant semblable à celui des Cantiques écrites en l'Honneur des Cieux… qu'il n'avait pu s'empêcher d'écouter dans un frisson curieux. Bien sûr, il n'était pas sans savoir que Narcissa l'entraînait régulièrement depuis sa mémorable performance lors de son Bal de présentation… pourtant et après plusieurs mois de quêtes et disputes acharnées, il avait presque oublié à quel point sa voix était envoutante. Un détail qui ne parvînt qu'à le subjuguer davantage à l'heure où son désir s'embrasait de mille flammes.

- Moi non plus. Dit-il légèrement. Mais comme tu peux le voir, une petite voix m'a guidé jusqu'à toi.

Les mains tremblantes, Hermione sentit une fière lui prendre le front et déglutit devant son air ravit. Seigneur… il n'était pas censé être là ! Il n'était pas censé se balader et l'entendre chanter depuis les couloirs ! Elle le croyait entrain de dormir ! Ou de boire un Whisky dans sa cabine ! Pas l'oreille collée contre porte de la salle de musique !

- Je… j'ai trouvé ce piano dans une calle. S'empressa-t-elle de dire. Il est un peu usé mais je… je voulais juste voir si…

- Du calme Initiée. Rit-il dans un sourire. Tu n'as pas à te justifier.

Oui, elle le savait… et pourtant, c'est dans un réflexe apeuré qu'elle s'était empressée de refermer le couvercle du clavier. Pourquoi ? Elle l'ignorait… après tout, il n'y avait aucun mal à chanter. D'ailleurs, Narcissa serait mécontente si elle manquait une occasion de s'entraîner ! Mais jamais elle n'avait envisagé que son Maître puisse l'écouter… Aussi, c'est plus gênée que jamais que la jeune femme le regarda s'asseoir à ses côtés dans l'éclat d'un sourire amusé. Bien plus large qu'elle sur le banc d'instrument, elle peina à respirer sous la chaleur irradiante de son aura battante et lutta pour ne pas frissonner. Décoiffé et quelque peu cerné après une nouvelle nuit sans sommeil, il ne portait qu'un pantalon en lin surplombé d'une chemise déboutonnée. Un habit simple et froissé qui la laissa chancelante devant l'ombre de ses abdos saillants et de sa peau nacrée…

- Que chantais-tu ? Demanda-t-il alors intrigué.

- Oh ce n'est pas grand-chose. Souffla-t-elle. Juste… un poème que j'ai trouvé dans une vieille malle.

Etonné, le Mage se saisit de son texte et la regarda avec attention. Ecrit sur un parchemin dévalé par le temps, ces vers ressemblaient davantage à une incantation païenne qu'à un véritable poème. Pourtant il ne put le nier… ils étaient ravissant à écouter.

- When the sun loves the moon… Cita-t-il du bout des lèvres.

- Oui… heu… c'est le récit d'un amour impossible entre le soleil et la lune. Je l'ai trouvé très inspirant alors… je l'ai mis en chanson.

Impressionné devant sa partition musicale, Voldemort la vit détourner le regard dans un sourire embarrassé. Sûrement craignait-elle qu'il juge sa performance ? Ou lui reproche de perdre son temps ? Pourtant et face à un tel talent, le mage ne parvînt qu'à la regarder avec admiration. Il la savait déjà brillante, mais compositrice ? Ça, c'était une nouvelle.

- J'ignorais que tu t'étais amouraché de la musique. Sourit-il.

- Je ne dirais pas amouraché… mais oui. Admit-elle amusée. J'y trouve un certain réconfort.

- Même dans… ce débarras ?

Une fois encore, Hermione ne put lui donner tort. Installée dans une ancienne salle d'arme abandonnée depuis sûrement plusieurs centaines d'années, c'est à la sueur de son front et aux jurons de ses lèvres qu'elle avait disposé ce piano aux cordes rongées par le sel de mer. Heureusement pour elle, une dizaine de sort de restauration avaient suffi à lui rendre son éclat d'antan ; mais pour ce qui était des toiles d'araignées, des fusils rouillés, du plancher esquinté et de la poussière des chandeliers… ça c'était une autre paire de manche.

- Il est vrai que ce n'est pas très… reluisant, mais je n'avais pas le courage de faire l'éviter ce piano sur plus de dix étages. Avoua-t-elle.

- Même pas en deux voyages ?

Ne manquant pas le double sens de sa raillerie, Hermione se mordit la langue dans un sourire avant de le bousculer d'un coup d'épaule attendrit… Bien sûr, il fallait qu'il remette ça sur le tapis.

- Même pas en deux voyages ! Répéta-t-elle.

- Dommage. Commenta-t-il. Le salon du 9ème étage possède une bien meilleure acoustique. Tu devrais t'y installer pour t'entraîner.

- Oh non, ce… ce n'est pas nécessaire. Je voulais simplement m'assurer que ce piano était correctement réaccordé ; et puis, nous avons beaucoup trop à faire pour que j'ai le luxe de me distraire.

Sur ce point, Voldemort ne put la contredire. Et encore… c'était un euphémisme ! Déjà 20 jours qu'ils étaient sur ce bateau… 20 jours de durs labeurs, d'études et de hauts le cœur. 20 jours qui à la lueur de leurs échecs commençaient peu à peu revêtir les traits d'une monstrueuse erreur.

- Au point où nous en sommes, je doute que quelques chansons changent quoi que ce soit à notre voyage… Soupira-t-il vaincu.

Etonnée, Hermione le vit se saisir de ses poèmes avant de les détailler de son regard d'ébène. Silencieux, il les lut du bout des lèvres, comme intrigué par le mystère de leurs encres délavées. Une image tout aussi simple qu'incroyablement étonnante, devant laquelle elle sentit son cœur s'enfiévrer. Elle n'aurait jamais cru que de tels écrits puissent l'intéresser ; non pas qu'il soit hermétique à la musique… mais ces textes étaient pour la plupart romantiques. Des fables contant des histoires d'amours héroïques, de romances féeriques, des sacrifices et des destins tragiques… des poèmes provenant pour la plupart des joueurs de lyres de la Grèce antique et des Druides Celtiques. Autrement dit, ils étaient l'apanage même de toute la niaiserie infantile qu'un Mage Noir tel que lui cherchait à fuir ! Pourtant et malgré ses préjugés, Voldemort ne parvînt pas à s'en détacher. Animé d'une curiosité qu'elle ne lui avait jusqu'alors jamais décelé, elle le regarda lire en silence pendant de longues minutes, les sourcils froncés et l'air concentré… avant qu'un texte tout particulier n'éveille subitement son intérêt.

- De quoi parle celui-ci ? Demanda-t-il.

Un vieux parchemin de fable Nordique en main, Hermione s'en saisit dans un sourire. Elle n'aurait pas dû être surprise… ce texte était probablement le plus beaux qui lui ait été donné de lire. Malheureusement, ses sorts de conservations ne l'avaient pas aidé à résister à l'usure du temps. Ou était-ce à cause de l'humidité des calles ? Elle ne savait pas mais déglutit tristement. Bientôt ne resterait de cette merveille que poussière perdue en mer… une idée qui la fit soupirer devant ses rebords craquelés et mots à moitié effacés.

- Sailboat of Mine… souffla-t-elle du bout des lèvres. C'est un vieux chant de marin datant du 15e siècle. Il raconte l'histoire d'une jeune femme qui se languie devant la beauté de l'océan et qui chante à son voilier de l'emporter au gré des vents.

- A son voilier ?!

- C'est une métaphore. Dit-elle amusée. Elle lui demande de l'emmener au loin, vers un endroit où nul n'est jamais allé, de lui faire vivre ses rêves et… de l'aider à trouver quelqu'un qu'elle pourrait aimer.

Mitigé, Voldemort haussa un sourcil surpris devant son récit. C'était… poétique. Il devait l'avouer. Mais demander de l'aide à un voilier pour trouver quelqu'un à aimer ? Par Merlin, les femmes de l'époque devaient être désespérés.

- C'est…

- Niais ? Dit-elle dans un fou rire.

- Eh bien… je ne dis pas que ça manque d'originalité ! Grimaça-t-il. Mais…

- Mais ?

A quoi bon mentir ? Elle le connaissait bien assez pour savoir que ce genre de sottises lui donnait la nausée...

- C'est horriblement niais, oui… Avoua-t-il vaincu.

- J'en étais sûr ! S'exclama-t-elle

- Cesse de te moquer !

- Je ne me moque pas !

- Enfin… sérieusement, qui écris une chanson pour son voilier ?! C'est ridicule ! Gronda-t-il consterné.

Riant franchement devant la ride d'incompréhension qui creusa son front, la jeune femme le vit se renfrogner dans un plissement de lèvres vexé. Elle ne devrait pas rire… elle le savait. Mais comment pouvait-elle s'en empêcher ? Il n'était pas donné à tout le monde de voir le plus Grand Seigneur des Ténèbres se torturer l'esprit sur le sens d'une chanson écrite il y a plus de cinq cent ans !

- Vous êtes simplement frustré de ne pas en saisir la portée ! Rétorqua-t-elle.

- Quelle portée ?! S'étouffa-t-il. Ce n'est qu'un ramassis d'inepties !

- Ne soyez pas si mesquin ! S'exclama-t-elle. Ces textes sont magnifiques !

- Oui eh bien… donne-moi un seul de ses poèmes à étudier et je jure devant Salazar que je saute par-dessus bord avant la fin de la journée !

- Je note l'idée…

Un nouveau coup d'épaule. De nouveaux sourires. Et deux cœurs tous deux sur le point de défaillir…

- Rappel moi de ne plus te laisser vagabonder dans ces calles. Railla-t-il amusé. Tes trouvailles commencent à m'inquiéter…

- Vous manquez l'essentiel ! Dit-elle déterminée. Ces poèmes ne sont pas écrits dans le but d'être étudiés ! Ils… ils sont écris pour être chantés. Pour susciter une émotion et raconter une histoire ! Ils ne doivent pas seulement se lire mais… être ressentis.

Intrigué devant la ferveur de son argumentation, le Mage esquissa un sourire admiratif. Bien sûr, une âme aussi romantique que la sienne ne pouvait qu'être attendrit pas ses poèmes. Mais elle ne pensait pas uniquement ce qu'elle disait… non, elle le ressentait. Et plus impressionnant encore, elle ressentait les paroles de cette comptine oubliée. Comme si ses mots insensés trouvaient leur chemin dans son esprit envoûté, il put presque les voir ricocher dans l'éclat de son regard mordoré. Un regard souriant et hypnotique, qui balbutiait déjà sous les murmures enivrant de leur douce musique…

- Bien… dit-il soudainement. Dans ce cas, éduque moi.

- Quoi ?

- Chante.

Sonné devant une telle idée, Hermione sentit ses yeux s'écarquiller devant son sourire amusé. Chanter ? Maintenant ?! Devant… devant lui ?! Grand Dieu… il ne pouvait pas être sérieux.

- Qu... quoi ?! Non ! S'étouffa-t-elle mal à l'aise.

- Pourquoi ?

- Mais enfin… je…

Haletante dans sa fièvre montante, Hermione ne sut que répliquer ; et quand bien même, qu'aurait-elle pu lui dire ? Il l'avait surpris en train de chanter ! Elle n'avait aucune raison de se défiler ! Et puis, elle avait déjà performé devant plus de 300 invités, son père, sa mère, son frère et même Arnis… elle n'était plus novice. Pourtant, la seule idée de lui offrir un concert privé suffit à la paralyser.

- Mon Initiée d'Honneur aurait-elle le trac ? Demanda-t-il.

Le trac ? Non… à ce stade ce n'était plus du trac ! C'était de la honte ! De la gêne ! De la pudeur ! Une incroyable et insurmontable peur, qui résonnait avec violence depuis les battements frénétiques de son pauvre cœur !

- Non… je…

- Peut-être préfères-tu que je retourne me cacher dans le couloir ? Proposa-t-il dans une œillade moqueuse.

Par Merlin… il ne la laisserait pas le fuir. Et pour cause ! Il y prenait bien trop de plaisir ! Elle pouvait le lire dans ses sourires ravis, coups d'œil amusés et rires satisfaits ; il se délectait de voir ses joues rougir, d'entendre ses lèvres balbutier et de sentir sa peau frémir contre les coutures de sa chemise… Une évidence dont il ne chercha même pas à se cacher et qui la laissa troublée devant son piano rafistolé. Elle n'avait pas le droit de refuser… elle n'avait pas le droit de le repousser alors même qu'ils retrouvaient une toute nouvelle complicité. Mais… et s'il détestait l'entendre chanter ?! Elle ne s'était encore jamais entraînée sur cette partition ! Elle pourrait se tromper, mal jouer du piano et se ridiculiser ! Pire encore, elle pourrait être prise d'une toux et s'étouffer au milieu d'un refrain ! Etait-ce seulement possible ? Seigneur, elle perdait l'esprit ! Elle devait se concentrer… se ressaisir ! Car elle n'avait pas d'élixir pour la galvaniser de magie, ni même la main aimante de Narcissa pour la rassurer d'un sourire. Non… elle n'avait que lui.

Lui pour seul et unique public.

Une idée qui étrangement, commença peu à peu à la faire sourire… Elle n'était plus habituée à ce qu'il réclame sa compagnie ; à ce qu'il cherche à la faire rire ou seulement à la garder près de lui. Et pourtant… cette nuit… alors même que tout aurait dû le pousser à rester dans sa cabine… il lui demandait de chanter pour lui. Comme si leur voyage ne tournait pas à la tragédie et que la guerre ne faisait pas rage dans leur pays, il attendait qu'elle le berce de ses mélodies. Et comme s'il ne l'avait jamais fui, c'est sur le même banc que leurs corps s'effleuraient au rythme lent des courants endormis… Aussi, c'est sous son regard attendri qu'Hermione sentit un nouveau souffle s'étendre dans sa poitrine. Un souffle confiant, serein et impatient qui sans qu'elle ne s'en rende compte, fit lentement courir ses mains sur l'instrument…

Sailboat of mine – Eurielle & Mario Grigorov

Sailboat of mine - Oh mon voilier,
Bear me hence - Emporte moi donc...

Cast adrift on the sea - A la dérive sur la mer
Go wherever the tide takes me – Va n'importe où, où la marée m'emporte
Borne by the waves gently beyond – Doucement soulevé par les vagues
To a place no-one else has gone - Vers un endroit où personne n'est allé.
It's in my soul, restless and wild - C'est dans mon âme, impatiente et sauvage
Still as curious as a child – Toujours aussi curieuse qu'un enfant.
Need to see all that's out there - J'ai besoin de voir tout ce qu'il y a là-bas
In this magical world so rare - Dans ce monde magique si rare

In my lifelike dreams - Dans les rêves de ma vie
I can be completely free - Je peux être complètement libre,
Let my mind abscond - Laisser s'évader mon esprit,
Find where I am meant to belong - Trouver où je suis destinée à vivre.

Who will I find there ? - Qui vais-je rencontrer là-bas ?
Still searching for someone who can share – Je cherche encore quelqu'un qui partagerait
Everything with me – Tout avec moi
And I hope they already know - Et j'espère qu'il sait déjà
That I'd never let them go - Que je ne le laisserai jamais partir.

We'd go adventuring afar - Nous partirions à l'aventure au loin,
Ride beneath the stars - Nous chevaucherions sous les étoiles,
Leave miles in our wake - Nous parcourions des kilomètres à notre réveil
As haste we make - Pour aller à la hâte
To beat the rising sun - Atteindre le soleil levant.
And as night recedes - Et alors que la nuit se retire
Sunrays bleed - Les rayons du soleil saignent
All across the horizon - Sur tout l'horizon.

Cast adrift on the sea - A la dérive sur la mer
Go wherever the tide takes me - Va n'importe où, où la marée m'emporte
Borne by the waves gently beyond – Doucement soulevé par les vagues
To a place no-one else has gone - Vers un endroit où personne n'est allé.

In my lifelike dreams - Dans les rêves de ma vie
I can be completely free - Je peux être complètement libre,
Let my mind abscond - Laisser s'évader mon esprit,
Find where I am meant to belong - Trouver où je suis destinée à vivre

Sailboat of mine - Oh mon voilier,
Bear me hence - Emporte moi donc...

Un bateau capable de les emmener là où leurs rêves s'accompliraient… quelque part, loin de tout ; loin du monde, des guerres et des mauvais tours… du désespoir et de la peur qui les habitaient un peu plus chaque jour. Un bateau aux voiles dorées, parcourus de poussière d'étoiles et d'écumes salées. Un bateau qui sans détour, chevaucherait les mers de sa coque ensoleillée pour les guider vers un sable immaculé ; une terre vierge et oubliée, qu'aucun homme n'avait encore foulé. Un Eldorado de sérénité et de repos, caché aux cœurs des eaux tel le plus précieux trésor des flots... Et dans ce paysage, un espoir. Celui d'un avenir où la Lune et le Soleil ne s'éteindraient jamais. Un avenir où ils pourraient unir leurs lumières sous le même ciel… et où la pluie ne déverserait qu'un torrent de miel, bénit de leurs quiétudes célestes. Ainsi, ils seraient en paix… loin de cette vie de pleures et de prières ; loin des cris et de la misère. Oui, la paix… quelque part là-bas, dans ce décor irréel. Un décor aux milles et somptueuses promesses, qui les enivrerait de sa chaude étreinte pour les bercer de ses baisers couleur de rêves. Mais pour cela, le bateau devait entendre leurs chants… leurs murmures hurlés par-delà le vent. Il devait les voir l'appeler... lui. Le Voilier. Mais déjà la nuit tombait. Déjà l'horizon disparaissait. Ne resterait bientôt plus qu'une ombre de ce bateau aux voiles chantantes. Une ombre qu'ils ne cesseraient jamais d'attendre, mais qui jamais ne pourrait les entendre…

La main sûre, Hermione releva doucement ses doigts des touches de son piano. Un geste simple et mesuré qui laissa peu à peu retomber la mélodie de sa voix dans le silence subjugué d'un Mage au souffle coupé. Jusqu'alors, il n'avait jamais compris comment une simple musique pouvait émouvoir un homme ; comment de simples notes, pouvaient à elles seules envoûter un esprit plus fatalement qu'un Sort. Et pourtant… ce soir… et face à elle… Voldemort ne put que rester muet. Ebranlé d'une fièvre nouvelle, il se sentit haleter sous la douleur des rêves que ce chant présageait. Des rêves qui ne se réaliseraient jamais, mais qu'il avait vu prendre vie depuis les lèvres de son Initiée. Comme si le monde s'était arrêté, la salle d'arme et son piano délabré avaient laissé place à un paysage enchanté... celui d'une mer d'huile, tiédie par la chaleur d'un soleil de midi, que seul un Voilier couvert de lys pouvait parcourir. Un Voilier dont il pouvait presque entendre vibrer la coque de bois poli. Un Voilier dont il pouvait presque sentir l'odeur de voiles fleuries… Un Voilier qu'aucun Dieu ne pourrait jamais maudire et qui fendrait les mers selon leurs seuls désirs. Mais un Voilier qu'il voyait peu à peu disparaître dans l'encre de ses nuits… Oui. Il comprenait aujourd'hui ; il comprenait le véritable sens du mot « ressentir ». Car jamais encore une simple musique n'était parvenue à le démunir… Or et à cet instant précis, le Mage ne put le nier. Il était désemparé. Troublé, il sentit son cœur se bouleverser devant l'ombre de ce Voilier. Une ombre que son regard se mit désespérément à chercher, avant qu'Hermione ne referme le couvercle de son clavier dans un tressaillement d'anxiété. Sûrement attendait-elle de lui un avis ? Une remarque ? Ou une critique ? Mais que pouvait-il dire ? Sa voix et sa mélodie venaient tout juste de le cueillir…

- La… la légende dit que l'on peut encore entendre le chant de cette femme dans l'écho des vagues. Souffla-t-elle. Mais que malgré ses rêves, jamais son voiler n'a pris la mer…

- Jamais ? Murmura-t-il sans respirer.

Ainsi, même les rêves d'une fable finissaient par mourir dans le noir.
Même leurs promesses envieuses s'achevaient dans les pleurs d'un profond désespoir.
Et même leurs quêtes, les menaient à faire naufrage dans l'éclat d'un rire dérisoire…

- Jamais...

Sonné, Voldemort s'entendit soupirer avant de détourner le regard dans une grimace dépitée. Cette femme avait échoué… alors qu'elle chantait ses rêves de voyages et de traversées, son Voilier n'avait jamais quitté la plage sur laquelle il était ancré. Et alors qu'elle regardait l'horizon, ses prières n'avaient jamais atteint le moindre Océan... Par Salazar, l'ironie d'une telle histoire ne lui échappait pas. Et pour cause ; eux aussi voguaient. Eux aussi chantaient. Eux aussi priaient d'atteindre cette terre que les flots leurs cachaient ! Mais le large restait muet. Un silence qui leur parut soudainement assourdissant et qui laissa les deux sorciers chancelant dans l'écho d'une nouvelle souffrance.

- Hermione…

- Je sais. Souffla-t-elle subitement. Les dernière cartes n'ont rien donné…

- Non… rien.

Oui… elle s'en doutait. Pourtant et après autant de désillusions, la jeune femme ne trouva même pas la force d'éprouver la moindre déception. Non… à la place, elle ne parvînt qu'à baisser le regard, le cœur étouffé par l'étau d'une profonde résignation. Elle savait désormais à quoi s'attendre... car si leurs réponses étaient dans les cartes, ils les auraient déjà trouvés depuis longtemps. Que dire ! Depuis le premier jour ! Qui sait, peut-être seraient-ils même sur le chemin du retour, heureux et soulagés avec à leur bord l'ultime réponse capable de les sauver ?! Mais ils devaient se rendre à l'évidence… tout comme la femme au Voilier, leurs espoirs s'étiolaient sous les vents des Océans. Oui… depuis le début, ils s'acharnaient à suivre une piste qui n'en était pas une. Un mythe, une légende, un conte. Aveugles devant leurs présages, ils persistaient à chasser des mirages ; des murmures chantés par-delà le hurlement des vagues. C'est donc sans rien dire qu'Hermione contempla son instrument dans l'écho d'un soupir las. Ce piano et cette vielle malle de poèmes étaient les deniers objets qu'elle ait trouvés dans les cales. Des cales qu'elle avait explorées, retournées, fouillées et sondées jusqu'au dernier centimètre carré ; et qui aujourd'hui, n'avaient plus rien à leur apporter que des parchemins délavés à chanter…

- Je suis désolée Maître. Souffla-t-elle du bout des lèvres. J'avais espéré que cette expédition nous mène jusqu'à la dernière prophétie mais… j'avais tort.

Décontenancé devant un tel aveu, le Mage la vit se mordre la lèvre avant de fermer les yeux. De peine ? De remord ? Il ne sut pas… mais devina son désarroi à la chaleur soudaine de sa marque.

- Tu n'as pas à t'excuser. Dit-il sans la regarder. J'y ai cru autant que toi.

Oui. De tout son cœur et de toute son âme, Voldemort avait cru en leurs chance de trouver les pirates… de percer les secrets de la dernière prophétie et de sauver le monde de sa malédiction divine. Mais sans boussole fiable, sans indice, ni carte… que pouvaient-ils espérer trouver au grand large ? Ils avaient déjà tout envisagé, tout étudié, tout pensé ! Et malgré tout… ils sentaient leur quête leur échapper. Pire encore ; ils se sentaient échouer. Un sentiment qui plus que la marée montante, retournait leurs entrailles de la plus insupportable des nausées. Bon Dieu… comment avaient-ils pu en arriver là ? Comment avaient-ils pu se retrouver là ?! Eux ?! Un Mage Noir et son Initiée ! Deux sorciers au summum de leurs capacités ! Des êtres de magie et de suprématie ! Des légendes vivantes, reconnues et respectées par leur communauté ! Comment ?! Comment avaient-ils pu se fourvoyer ? Quel tournant avaient-ils manqué pour se retrouver acculé par la fatalité devant un piano rafistolé, les mains tremblantes et leurs cœurs affligés par le chant d'une femme à son voilier ?! Il se le demandait… inlassablement, constamment, désespérément. Mais peut-être… peut-être qu'il n'existait aucune réponse ? Peut-être que malgré leurs efforts et détermination, ils n'étaient tout simplement pas destinés à sauver le monde…

- Vous pensez… qu'il serait plus sage de rentrer ? Demanda Hermione sans respirer.

Plus sage ? Il l'ignorait... Mais nécessaire ? Les rapports de guerre l'en persuadait.

- Je ne sais pas… avoua-t-il. Mais je crains que nous ne devions faire un choix.

- Que voulez-vous dire ?

- Nous atteindrons l'archipel des Açores d'ici deux jours. Déglutit-il. Or si nous les dépassons… nous ne pourrons plus faire demi-tour.

Interdite sous la violence d'une telle annonce, Hermione sentit son cœur rater un battement. L'Archipel de Açores… Par Merlin, ils étaient déjà si loin ?! En seulement 20 jours ?! Cela semblait irréel ! Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Enfermée dans ce bateau depuis plus de trois semaines, sans air frais ni soleil, c'est à peine si elle parvenait encore à réfléchir sans avoir une migraine…

- Mais cela veut dire que nous sommes à plus… de 1340 nautiques de Poudlard. Dit-elle sans y croire.

- Soit presque 2480 Kilomètres. Confirma-t-il dans un soupir.

- Seigneur. C'est… énorme.

- Je suis d'accord. Et c'est pour cette raison que nous devons prendre une décision…

Affligée devant un tel ultimatum, la jeune femme haleta sous le poids de son regard. Un regard las et consterné qu'elle n'avait jusqu'alors jamais vu aussi cerné… Profondément désabusé devant tout ce qui leur échappait, ses pupilles allaient et venaient au rythme de ses pensées effrénées, tourmentées par l'indécision et les milles questions qui ne cessaient de le hanter. Aussi, Hermione n'eut aucun mal à la deviner : il hésitait à renoncer… malgré sa force et sa témérité, il hésitait à faire demi-tour et à s'avouer vaincu devant leur manque de progrès. Une douleur qu'elle ne put s'empêcher de partager mais qui la laissa bouche bée devant la gravité qu'un tel choix représentait. Bon Dieu… ils n'avaient pas le droit d'abandonner ! De rentrer chez eux et de se complaire dans le déni d'une quête inachevée ! Le sort de leur magie en dépendait ! Pire encore ! Celui du monde tout entier ! Mais peut-être… peut-être qu'ils pouvaient mieux se préparer ? Faire demi-tour pour approfondir leurs recherches ? Sécuriser l'empire et mettre un terme à la guerre ? Chasser les Centaures et reprendre la mer ? Ainsi, ils auraient l'esprit tranquille… et probablement l'espoir prometteurs de nouvelles pistes. Et qui sait, peut-être qu'ils se trompaient ? Peut-être que la dernière prophétie n'avait jamais appartenue aux pirates ? Peut-être qu'ils voguaient en direction d'une toute autre quête, aveuglés par les mystères de la mer ?! Elle ne savait pas… à vrai dire, elle ne savait plus rien. Vide de toute logique et paralysé par la fatigue, son esprit n'était plus qu'un amas de pensées désordonnés et effrayées… de sentiment confus et mitigés… d'espoirs contradictoire et désespérés ! Un véritable capharnaüm emplit de doutes de culpabilité, dont le brouhaha incessant ne cessait de déliter les contours de sa lucidité. C'est donc tout aussi désemparée que son Maître, qu'Hermione se pinça les lèvres dans un hoquet étouffé. Oui… rien ne servait de le nier. Malgré leurs exploits, leurs pouvoirs, leurs espoirs et leurs savoirs, ils étaient dépassés. A croire que les Dieux les avaient véritablement abandonnés et que le monde lui-même avait cessé de tourner…

- Ne… ne pourrions-nous pas attendre ? Demanda-t-elle du bout des lèvres.

- Non. Nous n'en avons pas le temps. Grinça-t-il.

- Mais…

- Soit nous continuons notre route vers le large et traversons l'Atlantique jusqu'aux Bermudes… soit nous faisons demi-tour. Dit-il durement. C'est aussi simple que ça.

Aussi simple ? Non… ça ne l'était pas. Et pour cause, il ne s'agissait pas d'un simple voyage ! Ou d'une quête destinée à accroître leur pouvoir ?! Ils parlaient d'un Fléau à l'échelle mondiale… d'une extinction globale ! D'un cataclysme capable d'éradiquer jusqu'à l'existence même de l'Histoire ! Et ils devaient s'en détourner ? Faire comme si le destin de toute l'humanité ne dépendait pas de leur seule volonté ?!

- Les Bermudes sont à plus de 2000 nautiques… Souffla-t-il désespéré. Il nous faudra plus de six semaines de navigation à pleine vitesse pour les atteindre – à supposer que nous évitions les courants ascendants et les tempêtes... En d'autres termes, l'archipel des Açores est la dernière terre que nous verrons avant des semaines.

Six semaines en mer.
42 jours de plus.
62 en tout.
A multiplier par deux avec ceux de leur retour…

- Seigneur… cela ferait…

- Quatre mois.

Quatre mois. S'ils continuaient leur route, ils seraient partis quatre mois… Par Merlin, elle ne pouvait y croire.

- Mais… et la guerre ? Haleta-t-elle brusquement. Et les Centaures ?!

- Ils auraient le temps d'assiéger Poudlard… Gronda-t-il les poings serrés. De le brûler mille fois et de renverser la Grande-Bretagne ! Sans parler de la Résistance ; une absence de cette envergure renforcerait leurs rangs. Le peuple penserait que nous avons fui et ce serait…

- Un véritable soulèvement.

Non. Non, il… ils ne pouvaient pas laisser faire ça. Ils… Ils ne pouvaient pas voir leur empire brûler ! Se faire assiéger ! Renverser ! Piller ! Profaner ! Ce serait… ce serait leur fin. Non pas celle du monde ; mais la leur. Une idée qui plus que toute les autres, la laissa sans voix sous la violence d'un nouveau haut-le-cœur. Par Morgane, si une telle chose arrivait et que la Résistance gagnait… sa famille serait condamnée. Narcissa, Lucius, Drago… leurs têtes seraient mises à prix. Ils n'auraient aucun moyen de fuir, de se cacher ou d'espérer la grâce d'une exile ! Non… ils seraient chassés, torturés, exécutés ; et avant même qu'ils ne soient rentrés, leurs têtes seraient fièrement brandies sous les cris d'une foule enragée ! De même pour Luna… elle serait répudiée, rejetée et assassinée avec autant de cruauté que sa trahison l'exigerait ! Ainsi, il ne leur resterait plus rien. Plus de Royaume à gouverner. Plus de famille à aimer. Plus d'amis à protéger. Plus rien à sauver…

- Tout n'est pas perdu ! S'exclama-t-elle horrifiée. Drago… Drago m'a assuré que nous avions l'avantage !

- Jusqu'à quand... telle est la question.

- Non... souffla-t-elle. J'ai confiance ; nos fronts sont solides et nos troupes…

Mais sa voix se tu avant même qu'elle ne termine sa phrase...
Pourquoi ?
Hermione ne le sut pas.

Confuse, elle ne vit qu'une soudaine obscurité les entourer… n'entendit qu'un incroyable fracas résonner… avant que son propre corps ne soit violemment projeté au sol. Désorientée, elle crut entendre son Maître l'appeler dans un cri désespéré ; mais les chandeliers s'étaient éteints, le piano s'était renversé et son souffle s'était coupé... Impuissante, elle tenta de s'accrocher, de trouver un appuie et de se redresser ! Mais le plancher commençait à tanguer, ses jambes refusaient de bouger et son palais s'imbibait déjà d'un goût métallisé… avant qu'un effroyable grondement ne se mette soudainement à retentir depuis le fond des Océans. Comme sortit tout droit des Enfers, il les enveloppa du cri de mille de tempêtes, fit trembler les calles, traversa plus de trente étages et frappa les sorciers de son funeste présage. Terrassés par un acouphène cinglant, leurs tympans se mirent à saigner dans la douleur de leurs grimaces horrifiées, les laissant ahurit dans leurs propres jappements effrayés. Que venait-il de se passer ? S'étaient-ils échoués sur des rocher ? Ou fait percuter ? Elle se le demanda, mais ne réussit qu'à s'entendre hurler… car avant même qu'elle n'ait le temps de se relever, d'appeler son Maître ou de respirer, la puissance d'un nouvel impacte la fit brusquement chavirer.

- Hermione !

Telle une vulgaire poupée de chiffon, la jeune femme sentit son corps percuter le plancher, ricocher sur les murs, heurter le plafond et s'écraser sur les hublots dans la cacophonie hurlante de son piano... Un instant de pur chaos, qu'elle put entendre résonner dans le craquement douloureux de chacun de ses os. Un instant de pure terreur, qui la submergea dans la violence d'un haut-le cœur. Un instant de pure souffrance qui très vite, la fit tomber dans la plus brutale des inconsciences…


Coucou tout le monde !

Voici la suite et honnêtement j'ai eu TELLEMENT de plaisir à écrire ce chapitre XD J'espère qu'il vous a plu ! Je me suis laissée inspirer par mes musiques préférées et je vous conseille vivement de les écouter si vous le pouvez ! Pour le reste, sachez que leur quête vient véritablement de commencer et que les choses ne vont pas tarder à s'accélérer... A votre avis, que leur est-il arrivé ? Que va-t-il se passer ? Vont-ils s'en relever ? Suspens, suspens... ;)

En tout cas, je tenais à vous remercier ; vous continuer à me lire après tant de semaines et c'est un vrai bonheur dont je ne pourrais jamais trop vous remercier.

Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine ! Prenez soin de vous :) Bizzee