- Bon sang, où étais-tu passée ?!
Surprise devant un tel assaut à son entrée dans la bibliothèque, Luna sursauta violement en voyant Drago se précipiter sur elle. Décontenancée, elle en lâcha ses livres qui tombèrent à ses pieds et haleta devant la figure salie d'un Malfoy enragé. Un Malfoy qu'elle ne s'était pas attendu à rencontrer… et qu'elle regarda s'avancer d'un air effaré.
- Dra… Drago ?
Imposant dans son armure de militaire, il lui fit face la mâchoire serrée et le regard acerbe… Les joues rouges d'impatiences et le souffle court de colère, il lui donna l'impression d'un buffle sur le point de manquer d'air. Une image qui ajouté à son allure de soldat revenant du front, ne parvînt qu'à la stupéfier davantage dans son propre étonnement. Par Rowena… mais que faisait-il là ? Et dans quel état ?! Couvert de sueur, de terre et de poussière, il ne faisait aucun doute qu'il rentrait tout juste de leur campement installé non loin des frontières Autrichiennes. Une certitude qui se concrétisa devant ces cernes et ses manches tâchées de sang… mais qui ne répondit pas davantage au reste de ses questions.
- Drago, mais enfin qu'est-ce que…
- Où étais-tu ?! S'écria-t-il enragé. Cela fait presque une heure que je t'attends !
Interdite, la jeune femme haussa un sourcil surpris.
- Que tu m'attends ? Répéta-t-elle sans comprendre.
- Oui ! Tu n'as pas reçu ma lettre ?!
De lettre ?! Non… elle n'avait reçu aucune lettre. Aucune annonce, aucun message ni même le moindre hibou… Pour preuve, même Narcissa désespérait devant son manque cruel de nouvelle, le regard constamment tourné vers sa fenêtre dans l'espoir d'y voir apparaître une missive de guerre. Et pour cause ; il était parti depuis déjà plus de trois semaines… Rappeler en urgence au front pour empêcher les Centaures de renverser le Ministère Tchèque, elle avait cru comprendre que les combats faisaient rage et qu'il ne rentrerait pas avant la fin du mois. Mais certainement pas ce soir…
- Je regrette, elle… a dû être laissée dans mes appartements. Réfléchit-elle alors.
Confuse, Luna déglutit devant l'agacement que suscita sa réponse et ramassa ses ouvrages dans un frisson. Depuis quand était-il là ? A l'attendre devant leur table de travail ? A maugréer dans le vide, le visage couvert de terre et les cheveux plein de gravas ? Bien plus d'une heure à juger les dizaines d'Atlas, de recueils, de livres et de cartes qu'elle vit éparpillée çà et là… mais la question qui se posait, était pourquoi ? Pourquoi était-il là, et non pas à la guerre ?! Pour approfondir de nouvelles recherches ? Une nouvelle idée ? Elle l'ignorait, mais ne put s'empêcher de redouter les raisons d'une arrivée si précipitée…
- Et où étais-tu alors ?! Se scandalisa-t-il. J'ai envoyé des Elfes te chercher !
- Oh… avec ta mère.
Débecté, le jeune Malfoy marqua un temps d'arrêt malgré sa colère incendiaire. Avait-il bien entendu ? Avec… avec sa mère ?!
- Quoi ?! S'étouffa-t-il.
Peu surprise devant son air ahurit, Luna le contourna dans un sourire et se délesta de son imposant sac de livres. Heureusement pour lui, elle avait prévu d'en chercher de nouveau pour étayer ses insomnies ; dans le cas contraire eh bien… il l'aurait attendu pour rien toute la nuit.
- Depuis quand tu traînes avec ma mère ?! S'exclama-t-il inquiet.
- Depuis ton départ il me semble…
- Quoi ?! Mais… elle te déteste !
« Dérangeait » aurait-été un terme plus approprié… mais vue l'incompréhension et la fatigue qui sciaient ses traits, mieux valait ne pas le rectifier.
- Elle a changé d'avis. Dit-elle alors dans un sourire. Ça n'a pas été simple mais… j'aime à croire qu'elle me considère comme une amie aujourd'hui.
Une amie ? Elle, Luna Lovegood. Une… une amie ?! Par Salazar, combien de temps était-il parti ?!
- Nous prenons souvent le thé ensemble. Ajouta-t-elle heureuse. Elle me parle de ses projets de coutures, de ses craintes, de ses sentiments, de ses souvenirs de toi enfant et m'a même montré l'un de vos vieux albums de famille…
- Pardon ?!
- Oh tu n'as pas à t'excuser ! Et puis, tu étais adorable avec tes dents de laits.
Sonné devant cette ultime réponse, Drago manqua de tomber à la renverse sous la douleur de sa migraine montante. Grand Dieu… c'était trop en quelques secondes. Trop d'informations, trop de surprises, trop de sidération ! Et pour cause ! Il pouvait supporter trois semaines de guerre et de combats acharnés, de luttes et de violations de traités… mais apprendre que Luna et sa mère avaient sympathisé ? Qu'elles prenaient le thé, feuilletaient leurs albums et discutaient de… ses dents de laits ?! Ce n'était pas possible. C'était trop gros ! Trop risible ! Et pourtant, c'est tout aussi sincère qu'attendrit que la Serdaigle lui sourît… de quoi le pétrifier davantage dans son air ahurit.
- Tu n'es pas sérieuse… souffla-t-il horrifié.
- Bien sûr que si.
- Mais… pourquoi ?! S'étouffa-t-il.
- Pourquoi quoi ? Demanda-t-elle surprise.
Seigneur… Plus longtemps il partait, plus il oubliait à qui il s'adressait.
- Pourquoi t'aurait-elle montré ça ?! Ragea-t-il entre ses dents.
- Oh… eh bien j'imagine qu'elle voulait se rappeler de bons souvenirs. Dit-elle. Et puis tu lui manquais… tu ne lui as pas beaucoup écrits ces dernières semaines.
Mal à l'aise, le jeune homme déglutit dans un soupir amer. C'était vrai… il n'avait pas donné beaucoup de nouvelles. Mais que pouvait-il dire ? La guerre était un monstre cruel, dont le plus seul loisir était de meurtrir le cœur des mères…
- Je sais… Je voulais lui écrire, mais ces dernières semaines ont été un véritable enfer. Grimaça-t-il.
- Tant que ça ? Demanda-t-elle.
- Et encore tu n'imagines pas…
Des corps par centaines, des cris par milliers, des sorciers éventrés, des familles décimées, des prisonniers exécutés, des charniers à en rendre son déjeuner, des combats à ne plus savoir où regarder… oui, ce n'était pas une guerre que les Centaures leurs livraient, mais un véritable cauchemar qui ne cesserait jamais plus de les hanter. Toujours déterminés à venger chacun de leur frère tombé, ils poursuivraient leur œuvre avec plus d'ardeur et d'inventivité qu'il n'aurait pu l'imaginer. Empalé, brulé, défiguré, scalpé, amputé… il avait vu des centaines d'hommes périr sous les assauts de leur cruauté ; des hommes, mais aussi des femmes et des enfants qui ne demandaient qu'à être épargnés… Impuissants, il avait entendu leurs hurlements par-delà les lignes de fronts ; car les tuer n'était pas suffisamment… non, les centaures voulaient que tout le monde puisse les entendre, les voir et profiter du spectacle ! Alors ils torturaient à ciel ouvert, en plein jour et face à tous… et de préférence, juste avant les assauts de leurs troupes. Pourquoi ? Probablement pour les effrayer, leur rappeler le prix de leur loyauté et ce qui les attendait s'ils avaient le malheur de se faire capturer… Une tactique tout aussi vile que profondément perfide, mais qui il ne pouvait le nier, avait su se frayer un chemin dans les esprits tourmentés de ses soldats épuisés. Non pas qu'ils aient tenté de déserter ! Mais il avait entendu certains d'entre eux discuter… et conclure des marchés. Le genre qui déstabilise avant d'attaquer et qui pétrifie l'âme de la plus violente des nausées : des pactes de suicides anticipés. Oui. Malgré ses efforts et son optimisme, malgré sa témérité et la détermination de sa magie, voilà à quoi ses soldats étaient réduits… Voilà à quoi son armée se préparait aujourd'hui ! A mourir… car ils le savaient tous. Mieux valait mourir sur le champ de bataille que de périr en se vidant de ses entrailles. Ainsi, si l'un d'eux était trop gravement blessé, trop lourd à porter ou sur le point de se faire capturer, ils avaient pour règle de se tuer eux-mêmes… ou de mourir de la main d'un de leurs frères. N'hésitant pas à sceller leurs promesses d'un serment inviolable, ses soldats partaient au front avec ce pacte comme seul échappatoire… et dernier espoir ; de quoi l'épouvanter un peu plus malgré leurs victoires.
- Nos hommes sont épuisés… souffla-t-il. Les Centaures nous assaillent de tous les côtés, nos médecins n'arrivent jamais à temps pour sauver les blessés, nos hiboux sont interceptés et même nos propres Elfes commencent à déserter !
Sonnée devant de la gravité de telles nouvelles, Luna le regarda s'assoir gravement face à elle. Il semblait dépassé… plus pâle qu'il ne l'avait jamais été, il regardait le sol d'un air déboussolé, comme acculé par la plus implacable des fatalités. Aussi, elle n'eut aucun mal à imaginer ce qu'il avait dû traverser… la guerre, la famine, les blessés, désespoir, la maladie… elle aussi les avaient endurés. Elle aussi les avait subis de plein fouet. Mais que pouvaient-ils y faire ? C'était ça, la réalité de la guerre.
- Je… je croyais pourtant que vous aviez empêché les Centaures de renverser le Ministère Tchèques. Dit-elle confuse. Ton père a même rendu un communiqué officiel la semaine dernière.
- C'est le cas. Confirma-t-il. Nous avons gagné la majorité des batailles. L'ordre et le calme ont été rétabli et notre victoire les a contraints à se retirer en Autriche…
- N'est-ce pas une bonne nouvelle ?
- Si, mais rien de tout cela n'est très stable… Ils pourraient nous prendre à revers ! Feindre une fuite pour rejoindre leurs troupes situées en Hongrie et tenter une percée en Slovaquie… mais ce n'est pas le sujet de ma visite ! S'agaça-t-il brusquement.
Surprise devant le trémolo paniqué de sa voix enrouée, Luna le vit serrer les poings dans un spasme désespéré. Un réflexe qu'elle ne lui connaissait pas jusqu'alors mais dont la seule vue l'inquiéta plus encore…
- Que veux-tu dire ?
Epuisé, Drago passa une main sur son visage défait avant de soupirer d'un air affligé. Par Morganes, le simple fait d'en parler lui donnait la nausée… mais il ne pouvait plus nier l'existence des démons qui les guettaient. Et pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayé ! Epuisé après des semaines de lutte, il avait vainement espéré que ses troupes réussiraient à retarder l'inévitable ; que leurs dernières victoires – aussi infimes soient-elles – suffiraient à inspirer la crainte et le désespoir ! Que les Centaures se retireraient dans les terres, terrassés par leur nouvelle défaite ! Mais leurs ennemis avaient plusieurs visages… et dans ce cas précis, des alliés de tailles.
- Drago tu m'inquiètes… Souffla Luna devant son silence.
Oui… il y avait de quoi être inquiet. Car il le savait : un nouveau cauchemar les guettait.
- Les Von Bassito ont mobilisé leurs armées.
Ebranlée à ces seuls mots, cette fois c'est Luna qui marqua un temps d'arrêt... Figée devant lui et la gravité macabre de ses traits, un profond silence suivit l'énormité de sa déclaration. Un silence empreint d'horreur et de consternation, dans lequel elle peina à reprendre sa respiration…
- Par Rowena… Souffla-t-elle.
- Je ne te le fais pas dire. Grinça-t-il.
- Mais… mais quand…
- Il y a deux jours. Claqua-t-il.
Deux jours…
- Nous avons repéré le déplacement de nouvelles troupes au Nord de l'Italie.
Le Nord de l'Italie…
- Au début, nous pensions qu'il s'agissait d'un nouveau bataillon envoyé en renfort par la Résistance. Mais ils avançaient trop vite… c'est là que nous avons compris.
Trop vite…
- Nous nous trompions. Ce n'était pas un simple bataillon de résistants… mais plus de trois cents vampires assoiffés de sang.
Seigneur… alors c'était vrai.
- Mais… mais nos informateurs ont rapporté qu'ils avaient cessé toute offensive après leur coup d'état en Italie. Souffla-t-elle sans respirer.
- C'était le cas… mais il semblerait que leur allégeance envers la Résistance s'étende désormais jusqu'aux Centaures.
Par Rowena…
Les Von Bassito avait mobilisé leurs armées.
Les Von Bassito se préparaient à marcher par-delà les frontières qu'ils avaient eux-mêmes tracés.
Les Von Bassito étaient prêts à attaquer… et à ajouter aux macabres de cette guerre, les milles reflets de leurs célèbres cruautés.
Déboussolée, Luna s'entendit haleter dans sa propre apnée, horrifiée par le sanglants des combats qui ne tarderaient pas à éclater. Si les Von Bassito se décidaient à attaquer… s'ils se décidaient à lancer l'assaut et à déchaîner leurs armées… Par tous les Dieux, leur empire tomberait. Plus qu'un présage, c'était une certitude ! Une promesse de massacre comme personne n'avait encore vu ! Un cataclysme de haine et de meurtres barbares, qui ne laisserait qu'un charnier de corps décharnés et des rivières écarlates ! Un renversement du Monde Magique dont le macabre réinventerait le cours de l'Histoire ! Car elle le savait… de toutes les Dynasties Vampiriques, les Von Bassito étaient les plus redoutés. Non pas à cause de leurs ancienneté, richesses ou mythes ; mais parce qu'ils étaient les plus sadiques. Plus arrogants que les Volturi et plus opportunistes que les Darvalle, ils foulaient la Terre de leur pas princier comme si cette dernière leur appartenait. Insensible aux supplications des humains qu'ils éventraient, ils entretenaient leurs légendes aussi sûrement que le rasoir de leurs dents, heureux et prospères dans leur éternelle magnificence. Mais ils n'en restaient pas moins des monstres… des créatures de la nuit, avides de chair et de sang. Des êtres à l'esprit étroit et à la suffisance effarante, qui fiers de leurs étranges traditions, sacrifiaient plus d'un millier de taureaux à chaque printemps, couvraient leurs têtes de couronnes d'olives et de dents, hurlaient à la mort à chaque soleil levant, transformaient des enfants pour les faire s'abreuver de leurs parents, festoyaient dans plus d'orgies que n'en tolérait la décence et terrorisaient le monde depuis l'éclat de leurs pupilles sanglantes ! Non pas que cela soit véritablement surprenant de la part de la plus orgueilleuse, vile et dédaigneuse Dynastie Vampirique du Monde Magique... mais leur potentiel de destruction ne connaissait pas de limites. Que dire ! Il était l'apanage de la plus odieuse des ignominies ! Pour preuve, l'Histoire elle-même en avait été témoin pendant la Guerre des Clans ! Ils avaient saccagé des villages, renversé des empires, brûlé des cathédrales et semé mort et désolation sur leur passage ! Tels des Dieux avides de sang et de pouvoir, ils étaient les précurseurs de la honte et du désespoir, de l'infâmie et des cauchemars ! Et c'était vers eux que leurs armées sanglantes marchait ce soir… Aussi, c'est plus mortifiée que jamais que Luna peina à contenir l'acidité de sa soudaine nausée. Seigneur, Drago se fourvoyait. Il ne venait pas de lui annoncer la marche des Von Bassito… mais l'avènement d'un nouveau fléau.
- Que… que pouvons-nous faire ?! Bégaya-t-elle pétrifiée.
- Je leur ai demandé audience.
Frappé de plein fouet, Luna se retînt à la table pour ne pas tomber. Une au…dience ? Avec les Von Bassito ?!
- Tu… tu quoi ? Souffla-t-elle sans y croire.
- Je dois le convaincre de se retirer… De rappeler leurs armées et de faire vœux de neutralité !
Un vœu de neutralité ?! Mais les vampires détestaient marchander ! En particulier avec des sorciers ! Ils leurs vouaient le plus magistrale des mépris depuis des milliers d'années, se gaussaient de leurs principes, modes de vie et sens de loyauté, et haïssaient à peu de choses près tout ce qui les constituaient ! Ils n'avaient que faire d'un vœu de neutralité ; que faire de leurs négociations, plans, marchés, règles, promesses et éthique de guerre ! Ils ne vivaient que pour eux-mêmes ! Ne combattaient que pour eux-mêmes ! Alors leur demander audience ? A l'heure même où leurs troupes s'apprêtaient à former les rangs ?! Non… ce n'est pas une idée, ni même une tentative risquée ! C'était une folie. Une hérésie ! Un véritable suicide…
- Mais… ils te tueront. Dit-elle ahurit.
- Pas si j'arrive à leur proposer un marché.
- Quel marché ?!
- C'est justement là que j'ai besoin de ton aide.
Se tournant vers leurs tables, Luna le vit se saisir d'un vieil Atlas et de différentes cartes. Déterminé malgré la folie de son idée, il semblait prêt à croire qu'il pouvait trouver quelque chose capable de les intéresser… une contrepartie suffisamment précieuse pour les convaincre de renoncer. Mais la Serdaigle le savait ; rien ne saurait jamais contenter la plus sanglante de toutes les Royautés.
- J'ai trouvé ça dans la section qui leur est consacrée ! S'exclama-t-il enjoué. Un Atlas répertoriant l'intégralité des terres que les Sorciers leurs ont annexés au cours des ces cinq derniers millénaires.
- Où veux-tu en venir ? Demanda-t-elle sceptique.
- Eh bien… je pourrais convaincre mon père de leur rendre certaine de ces terres ! Ce serait une sorte de symbole ; un geste en échange de leur neutralité et du retrait de leurs armées !
Mal à l'aise, Luna déglutit devant l'espoir qui agitait son regard. Cette idée n'était pas mauvaise… elle devait le reconnaître. Mais un échange de terre était risqué ; peut-être même plus que la marche de leurs armées ! Et pour cause… cela ouvrirait la porte aux doutes et aux scandales. Au marchandage et au chantage ! Et quand bien même, leur peuple ne comprendrait pas ! Les Ministères non plus ! Sans parler des moldus qui seraient relégué au statut de proie, d'encas et de cobayes… Ils seraient sans défenses, livrés à eux-mêmes sous le règne impérieux d'un Roi assoiffé de sang, contraints malgré eux d'honorer des traditions vide de sens et de subir le courroux de sa Cour voleuse d'enfants ! Ce serait l'avènement de nouvelles rébellions, de nouvelles guerres et de nouveaux bains de sang… car les Moldus n'était plus une bande de paysans superstitieux et ignorants ! Drago l'ignorait peut-être de par ses œillères de pureté de sang, mais ils avaient des armes, du savoir, des craintes et de la hargne ! Jamais ils n'accepteraient de servir de bétail. Jamais ils ne se soumettraient sans livrer bataille. Et se faisant, naîtrait les prémices d'une troisième guerre mondiale…
- Je sais que c'est un peu… extrême. Concéda-t-il devant son regard ahurit. Mais ça pourrait marcher !
- Non… non, je ne crois pas.
- On doit au moins essayer !
- Drago… je sais que tu veux bien faire, mais les Vampires sont des êtres de doutes à la nature foncièrement primaire ! Ils ne tiendront pas leurs promesses.
- Comment peux-tu le savoir ?!
Elle l'avait lu dans ses livres… elle l'avait étudié dans son temps libre… mais surtout, elle l'avait vu dans son échange de souvenir. La trahison d'Elias Erzeg, la faim incontrôlable de Samuel, le vice innommable de la Báthory, le son de leurs tambours sacrificiels, la fureur de leur haine… tout cela n'était pas que de vielles légendes anciennes ! C'était réel. Et le pire, était que la Dynastie des Erzeg avait toujours été reconnus comme « pacifique » avant la guerre... Recluse pendant plusieurs centaines d'années après l'officialisation de leurs exterminations, le monde avait fini par oublier la magnificence de leurs rangs. Mais malgré leurs meurtres, habit de peau, chasse organisée et trahisons étouffées, aucun d'eux n'était jamais parvenu à égaler la bestialité des Von Bassito…
- Eh bien… c'est inscrit dans leurs gênes. Déglutit-elle. Je ne dis pas que tous les vampires sont mauvais, mais la transformation qu'ils subissent altère l'essence même de leur ADN. Leurs corps s'imprègnent de magie ancienne, leurs réflexes s'affinent, leur vieillissement cesse et leurs humanités s'efface au profit d'un instinct animal. Ce n'est pas leur faute, bien sûr… mais l'existence même de leurs espèces repose sur la chasse, la méfiance et la préservation de leur race.
- Que suis-je censé comprendre ?
- Qu'il serait presque contre-nature pour eux de te faire confiance ! S'exclama-t-elle.
Agacé, Drago se mordit la lèvre dans un soupir résigné. Oui, il s'en doutait… mais il devait essayer.
- Peut-être… peut-être que si mon offre est suffisamment alléchante…
- Drago…
- Et pourquoi pas la Grèce ?! Proposa-t-il. Ou… ou la Sardaigne ? Ce serait parfait ! Ils auraient le contrôle de la Mer Lionenne !
La Sardaigne ?! Par Rowena, il n'y pensait pas…
- Tu divagues…
- Alors on ajoute l'Albanie !
- Quoi ?! Non ! S'étouffa-t-elle.
- Et la Macédoine du Nord !
- Drago…
- Et pourquoi pas la Mer Adriatique ?!
- C'est hors de question !
Surpris devant la puissance de son exclamation, Drago sentit son souffle se couper dans un tressaillement. Par Salazar… Jamais elle ne lui avait hurlé dessus auparavant ; à vrai dire, c'était même la première fois qu'il l'entendait hausser le ton ! Une réaction pour le moins déconcertante, qui malgré sa fierté, le laissa tout aussi muet que chancelant.
- Tu ne peux pas leur donner le monde ! Tonna-t-elle vivement. Et quand bien même, il ne suffirait pas !
Pétrifié, le jeune Malfoy n'osa plus répliquer. Il ne rêvait pas. Elle était… énervée ? Elle ? Luna ! Grand Dieu, était-ce possible ? Non… il pouvait le sentir au tranchant de son regard, c'était plus que ça. Mais quoi ? De la rage ? De la peur ? Tout à la fois ? Il l'ignorait… mais ne chercha pas à le savoir face à l'étonnant tranchant de son regard.
- Les Von Bassito ne négocient pas ! Ils ne marchandent pas et ne reculent pas ! Aucune terre, aucun marché, aucune promesse ne les contentera, alors cesse cette hérésie avant de leur céder le peu de nos territoires !
Les joues rouges d'indignation, son habituelle réserve l'avait quitté pour n'afficher qu'un air révolté entre deux cris enragés. Essoufflée, elle le toisait les lèvres pincées et les poings serrées, comme faisant face à un aliéné méritant d'être enfermé… un fou dénué de toute lucidité. Un détail qui ajouté à ses cris, parvînt presque à l'effrayer.
- Les vampires n'ont aucun respect pour les règles de Guerres Sorcières ! S'exclama-t-elle. Ils transforment même des enfants pour étayer leurs rangs alors que crois-tu qu'ils diront ? Qu'ils voudront ? Ou qu'ils te feront ?!
- Mais…
- Ton audience ne leur donnera qu'une magnifique occasion de te tuer ! Ils te riront au nez, te feront enfermer et t'exécuteront en place publique devant ta propre armée !
Hors d'haleine, la jeune femme reprit son souffle avec peine et haleta quand un nouveau silence retomba dans la pièce. Pourtant et alors qu'elle s'attendait déjà à une effusion de cris et d'indignation, ce n'est qu'un Malfoy désemparé qu'elle vit face à elle. Muet malgré le tressautement de ses frissons, il la détaillait sans trouver quoi répondre, comme partagé entre le choc et la résignation… mais quoi qu'il pense, tous deux le savaient. Elle avait raison. Une évidence qui le frappa davantage dans sa propre impuissance…
- Alors… alors dis-moi. Souffla-t-il du bout des lèvres.
- Comment ?
- Dis-moi ce que je dois faire ! Implora-t-il subitement.
Désarmée devant une telle demande, Luna le vit la fixer avec impatience. Attendait-il une solution ? Une réponse ? Probablement. Mais malgré sa foi et ses connaissances, elle n'en restait pas moins dans l'ignorance… certes, elle savait ce qu'il ne fallait pas faire – et dans le cas précis, leur donner des terres. Mais pour ce qui était du reste ? Seigneur, elle ne savait pas. Comment aurait-elle pu d'ailleurs ? La marche des Von Bassito était leur plus grand malheur…
- Dis-moi Luna !
- Je…
- Le Maître ne répond plus à mes lettres depuis des semaines ! Mon père porte à bout de bras le Ministère, et moi…
Sa voix mourut brusquement, comme éprise d'un sanglot latent… Désemparé, il regarda tout autour de lui, serra les poings et se mordit les lèvres avant de soupirer dans l'écho d'un désespoir qu'il ne chercha même pas à calmer. Et quand bien même, à quoi cela l'aurait-il avancé ? La guerre lui échappait. Il n'y avait plus rien à cacher.
- Je suis… je suis seul. Souffla-t-il.
Ebranlée devant la sincérité de sa détresse, Luna le vit s'accrocher à ses cheveux dans une grimace découragée.
- Je suis seul ! Hurla-t-il plus fort. Seul ! Seul, seul et toujours seul !
Grand Dieu… le pauvre perdait pied. Comme si le poids du monde l'écrasait, il haletait sans respirer, parlait sans écouter, réfléchissait sans penser et sanglotait sans pleurer. Un spectacle tout aussi étrange que profondément désarmant, dont la sincérité et la douleur la frappèrent d'un frisson.
- Je suis seul au front ! Je suis seul à prendre les décisions ! Je suis seul à devoir trouver des réponses ! Je suis seul à enterrer mes hommes ! A consoler leurs enfants ! Je…
- Drago…
- Je suis seul dans cette putain guerre !
Non, il ne l'était pas… mais ne le voyait pas.
- Alors dis-moi Luna ! Scanda-t-il. Dis-moi ce que je dois faire !
Pétrifiée devant une telle détresse, Luna n'osa plus respirer. Elle savait qu'il était épuisé par le manque de sommeil, éraflé par l'horreur de la guerre, désespéré devant leurs futurs échecs et écœuré par la violence d'un destin aussi cruel… mais jamais encore elle n'aurait pensé qu'il en souffrirait. Du moins, pas au point de s'écrouler. Le visage tordu d'un effroi qu'elle ne put qu'imaginer, elle le vit hoqueter avec difficulté, le regard embrumé de larmes enragées. Des larmes qu'il s'était toujours interdit de laisser couler, mais dont l'acidité l'aveuglaient un peu plus à chaque sanglot réprimé. Oui… elle le voyait désormais. Les combats l'avaient changé. Désorienté, il ne ressemblait plus au Chef de Guerre déterminé qu'elle avait vu partir il y a trois semaines. Effondré, il ne ressemblait plus à l'homme qui l'avait toisé d'un regard acerbe tout en lui demandant son aide. Dévasté, il ne ressemblait même plus au Malfoy qui l'avait terrorisé quand elle était élève ! Non… il ne ressemblait plus à aucun d'eux désormais. Ne restait de lui qu'un soldat brisé, une âme ballotée de charnier en charnier, un cœur éventré et un esprit sur le point de céder… Aussi, c'est tout aussi meurtri que lui que Luna le rejoint dans un silence endeuillé. Elle savait ce qu'il ressentait… elle savait quel genre de tourments le torturait. Mais contrairement à elle, il n'avait pas à hurler dans les restes fumant d'une chaumière incendiée. Contrairement à elle, il n'avait pas à contempler la nuit sans savoir s'il aurait la chance de se réveiller. Contrairement à elle, il n'avait pas à rester muet sous le poids de milles jugements à peine murmurés… et à rester seul, sans personne avec qui pleurer.
C'est donc sans hésiter que la jeune femme l'enlaça dans l'écho d'un soupir partagé. Immobile contre leur table, Drago ne réagit pas à l'étreinte de ses bras, ni ne sourcilla devant la douceur de son regard… pourtant et malgré sa surprise, il ne la repoussa pas. Terrassé par la fatigue et la force de ses sanglots, il se contenta simplement de respirer l'odeur de cheveux nacrés et de frissonner sous la caresse de sa main dans son dos. Un instant simple et sincère. Un instant où tous deux tremblaient d'une seule et même détresse… mais un instant qui suffit à vaincre ses dernières barrières. N'écoutant plus que la peine de ses battements de cœur, le Malfoy s'affaissa contre elle dans l'élan d'un cri d'horreur et hoqueta sous la force de nouvelles pleures. Oui… il n'avait plus la force lutter. Il n'avait plus la force de résister à l'appel de la fatalité. Et bien qu'il tente encore de ne pas y croire, il se pourrait bien qu'il n'est bientôt plus rien à sauver. C'est donc les dents serrées qu'il s'entendit hurler, sangloter et s'étouffer entre les bras de sa toute dernière alliée… une alliée toute aussi étonnante que déconcertante, il ne pouvait le nier ; mais une alliée qu'il finit à son tour par enlacer dans un souffle désespéré… Enfoui dans son cou, accroché à sa taille et agrippé à sa robe, il la pressa contre lui de toutes ses forces, comme par crainte de ne voir cette étreinte prendre fin. Mais il n'en était rien… Heureuse, Luna se laissa aller entre ses bras, jusqu'à qu'il ne reste d'eux que deux corps fondus sous la poussière de sa cape. Mais elle n'en avait que faire ; car ce soir, il pleurait contre elle. Ce soir, il s'ouvrait à elle. Ce soir, il priait avec elle... Aussi, Luna se senti frissonner dans l'écho d'ultime promesse. Quoi qu'il advienne, elle ne le laisserait pas perdre la foi. Quoi que le sort leur réserve, elle ne l'abandonnerait pas !
Oui… quoi que les Von Bassito préparent, ils seraient deux à y faire face.
Hello tout le monde ! J'espère que vous allez bien !
Alors, nouvelle semaine - nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu ! Que pensez-vous de l'évolution Drago/Luna ? Et que croyez-vous qu'il se passera avec les Von Bassito ? Petit spoil alerte : j'ai terminé d'écrire les chapitres sur les Von Bassito et ils font un total de 40 pages format word /sans marge/police 11... autant vous dire que moi non plus je ne peux plus me voir ces vampires XD
Toujours est-il que ce chapitre marque la fin d'un certain "calme" dans la fiction... En effet, les prochains chapitres seront plus intenses, avec des certaines révélations, découvertes et (désolée à l'avance) BEAUCOUP de complications pour nos héros. Hermione, Voldemort, Luna et même Drago... alors restez attentif ;)
Merci encore de me suivre après tout ce temps et de laisser d'aussi gentils messages !
Vous êtes adorables :-*
A très vite !
