Ok tout le monde, c'est le moment. Alors installez-vous confortablement, faîtes-vous un thé, mettez-vous sous un plaide et respirer profondément.
Car les amis... IT'S HAPPENNING !

Sur ce je n'ai rien d'autre à dire si ce n'est : bon chapitre ;)


- Maître, je n'en peux plus… Soupira Hermione à bout de souffle.

- Non, il faut continuer !

- Mais cela fait des heures que je chante et… et rien n'est arrivé !

Une pile de parchemin en main, Voldemort serra les dents dans un grondement sourd… Bon sang, ils y étaient ! Ils avaient la solution ! La raison ! La réponse ! Et bien qu'il ait eu de la peine à y croire, c'était désormais évident ! Les chansons étaient leurs solutions… la dernière pièce de ce puzzle indécent, celle-là même capable d'ouvrir les portes de leur prison et de mettre un terme à leurs lamentations ! Comment était-ce possible ? Il l'ignorait… mais peu lui importait de comprendre les frivolités d'une telle magie ; peu lui importait de percer le mystère de ces étranges pouvoirs lyriques ! Ils avaient enfin une chance de quitter cette mer désertique… de rentrer dans leur monde et d'oublier cette affreuse péripétie ! Du moins en théorie… Car quoi que son Initiée chante, ni leur navire, ni le ciel, ni la mer, ni le vent, n'avait frémit d'un seul battement.

- Maudites chansons… la majorité d'entre elles n'ont pas le moindre sens !

Enlisé dans l'élan de sa propre frustration, le Mage jeta un bref regard à son Initiée, s'attendant sûrement à l'entendre répliquer d'un air agacé… Mais après plus de trois heures de chants acharnés sous la seule ombre de son chapeau corné, c'est à peine si la jeune femme parvenait encore à respirer.

- On… on devrait faire une pause… Siffla-t-elle la voix enrouée.

Indécis, Voldemort se pinça les lèvres dans un soupir. Faire une pause… faire une pause… faire une pause… oui, elle en aurait bien besoin. Haletante après des heures de performance sous l'étau d'un soleil brulant, il pouvait l'entendre s'étouffer sous la douleur de sa gorge asséchée, l'échine courbée et les joues rouges malgré les litres d'eau qu'elle s'évertuait à avaler… Une image peu reluisante qui le fit franchement grimacer, mais dont les quintes de toux ne parvinrent pas à le convaincre d'abandonner. Et pour cause ! Bien que cela le peine de la savoir épuisée, ils n'avaient pas le temps de se reposer ; de retarder leur départ au risque de voir leur seule porte de sortie leur échapper ! Non. Ils devaient continuer… persévérer dans leur lancée et trouver LA chanson capable de les sauver ! Plus qu'un impératif, c'était une nécessité ! Un devoir ! Une responsabilité ! Et son seul et unique moyen de sauver son Initiée…

- Hors de question ! Dit-il vivement.

- Mais…

- Nous ne sommes qu'à une chanson de notre liberté ! Tonna-t-il déterminé. Une chanson Hermione !

Une chanson…

- Nous n'avons pas le temps de nous reposer ! Scanda-t-il.

- Mais…

- Il suffit Initiée !

Vexée, Hermione manqua à nouveau de s'étouffer… D'indignation ? De rire ? De sidération ? Elle n'aurait su dire. Mais face à son regard, la noirceur de son aura et la brûlure de sa marque, c'est presque douloureusement que la jeune femme dû faire taire ses remarques. Pas le temps de se reposer… pas le temps de se reposer… qu'il essaie de chanter sous plus de 50° !

- Nous devons continuer… gronda-t-il sans la regarder. Quitte à y passer la journée, nous devons continuer !

La journée ?! Non… il ne pouvait pas être sérieux ! Cela faisait des heures qu'elle poussait la chansonnette, s'écriait face à la mer et tanguait sous les assauts de ce maudit soleil ! Et elle devrait continuer ?! Rester là, à attendre qu'il lui trouve de nouveau texte à lui chanter ?! Bon Dieu, il allait la tuer !

- La prochaine sera la bonne… C'est certain !

Oui… comme les 27 précédentes ; ou trente ? A ce stade, elle avait perdu le compte…

- Peut-être… peut-être devrions-nous chanter pour faire tomber la pluie avant de… de songer à partir ? Proposa-t-elle du bout des lèvres.

- Impossible. Le seul texte sur la pluie est illisible.

- Oh Merlin…

Bon Sang… et dire qu'elle pensait Narcissa exigeante pendant ses leçons de chant… Mais son Maître ?! Par tous les Diables, ça n'avait rien de comparable. Et pour cause ! A ce rythme, il allait lui causer une extinction de voix ! Lui crever un poumon et la faire succomber d'une insolation ! A supposer que son sal caractère ne tue pas avant…

- Où est la dernière malle ?! Demanda-t-il brusquement.

- C'était la dernière malle…

- Impossible. Tonna-t-il dans une grimace. Tu as ramené des centaines de chansons de la calle !

- Et la majorité a été détruite lors du naufrage…

- Non… ça ne se peut pas !

Furibond, impatient et profondément exécrable depuis sa récente reconversion en professeur de chant, Hermione le vit arpenter le pont sans respirer, les poings serrés et les narines dilatées devant leurs échecs répétés... Incapable de s'arrêter ou de ne serait-ce que considérer la possibilité qu'il puisse s'être trompé, il renversa leur dernière malle d'un coup de baguette enragé avant de se saisir de ses parchemins à moitié déchirés. Un comportement tout aussi insupportable que profondément pénible ; mais qui à bien y réfléchir, n'avait rien d'une véritable surprise… Transcendé à la seule idée qu'il faille seulement chanter pour quitter cette mer désertique, la jeune femme l'avait vu frémir d'une nouvelle frénésie, avant de peu à peu se laisser porter par la puissance de son adrénaline. Décoiffé, en sueur et les mains tremblantes, il ne cessait de maugréer entre ses dents, de hurler à plein poumons et détailler les derniers vestiges de leurs chansons entre deux grondements… Bien sûr, elle partageait son engouement, sa détermination et son impatience. Pour preuve, elle-même n'avait pu cacher son excitation devant la simplicité d'une telle solution ! Chanter pour rejoindre leur monde ?! Par Merlin, ce n'était pas une chance ; mais une véritable bénédiction ! Et pourtant… plus le heures passaient, plus elle avait l'impression de jongler entre les mains d'un tyran… Insatisfait et perfectionniste, c'est à peine s'il lui avait accordé cinq minutes de pauses entre chaque reprise. Un exercice qu'elle avait d'abord cru pouvoir supporter… une tâche qu'elle avait même pensé facile à exécuter ! Mais ses soupirs, cris et interruptions intempestives ne parvenaient qu'à lui donner envie de ramper jusqu'à leur cabine pour le fuir... Car bien sûr, elle n'avait pas le droit de chanter à l'ombre ! Cela aurait été trop simple, trop clément ! Non, il fallait qu'elle préserve toutes leurs chances ! Qu'elle se fasse violence et chante face à l'Océan ! Que dire… qu'elle s'époumone ! Qu'elle supplante son silence et se fasse entendre jusque dans l'autre monde ! Qu'elle hurle quitte à frôler l'insolation et se laisse rôtir tel un vulgaire jambon !

Seigneur… jamais elle n'avait fait ça. Jamais elle n'avait chanté au point de s'en rompre une corde vocale ! Et pourtant… malgré sa voix, ses efforts, sa soif et leurs espoirs, aucune des 29 chansons qu'elle avait hurlé par-dessus les bastingages, n'était parvenue à faire frissonner leur épave.

29 chansons...
29 texte marins…
29 comptines tantôt grivoises ou infantiles…
Mais 29 chansons profondément inutiles…

Comment parvenait-elle à ne pas s'écrouler ? A ne pas se noyer dans son sceau d'eau ? Ne pas flancher sous le poids des trente chiffons mouillés étendus sur son dos ? A parler malgré l'irrégularité de son souffle ? Et respirer malgré la rapidité létale de son pouls ? Allez savoir… Aussi, c'est sans plus se poser de question qu'Hermione ignora son Maître et se concentra sur sa respiration. Accroupie à même le plancher, elle replia les rebords de son chapeau et déglutit malgré la douleur lancinante de son palais. Asséché en dépit de ses innombrables lampées, elle sentit sa langue s'y coller dans un frottement rugueux avant que la peau craquelée de ses lèvres ne s'accroche soudainement à ses cheveux. Un court instant aux reflets douloureux, qui la laissait transit d'épuisement sous l'immensité des Cieux… Quelle image renvoyait-elle ? Assises là, les joues brûlées par le soleil ? Mieux valait ne pas se le demander…

- Sailboat of Mine a réussi à nous amener ici ! S'écria-t-il subitement. Une autre chanson doit forcément être capable de nous en faire sortir…

Assourdis par ses impétueux battements de cœur, Hermione hocha la tête sans la moindre vigueur… au point où elle en était, il pouvait chercher des heures s'il cela lui plaisait.

- Tu es sûr que nous n'avons pas d'autre malle ? Lui demanda-t-il à nouveau.

- Certaine…

- Par Salazar ! Dans ce cas nous n'avons pas le choix… Soupira-t-il résigné.

Plaît-il ?

- Il faut recommencer !

- Pardon ?! S'écria-t-elle horrifiée.

- Il faut recommencer ! Répéta-t-il déterminé.

- Mais enfin… ça n'a rien donné !

- Nous devons réessayer !

Interdite, Hermione mit plusieurs secondes avant d'intégrer ce qu'il venait de dire. Ré… réessayer ? Les 29 chansons qu'elle venait de chanter ? Les réessayer ?! Non… non, non, non ! Elle était épuisée, arrivait à peine à parler et ne sentait même plus sa langue tant elle était asséchée !

- Maître, je vous en prie… Grimaça-t-elle.

- Non ! S'exclama-t-il. Sailboat of Mine nous a mené jusqu'ici ! Il se pourrait-même que ce soit elle qui est mené les premiers Marins dans ce monde ! C'est évident !

- Je sais mais…

- Alors l'une d'elle doit être notre billet de sortie ! Insista-t-il.

Horrifiée, la jeune femme se mordit la lèvre sans respirer avant que le roulement d'écailles de son serpent ne la fasse subitement sursauter. Niché sous sa brassière dans l'espoir de fuir les rayons du soleil, elle le sentit resserrer son emprise autour de sa poitrine avant que l'ombre de sa tête se dépasse lentement depuis sa bretelle. Engourdie par la chaleur, elle vit sa petite créature lever le nez en l'air et contempler le ciel, avant de ne brusquement sortir les crocs dans l'écho un sifflement acerbe... Un cri tout aussi explicite que bref, qui loin de ses habituelles interactions passagères, ne parvînt qu'à la faire soupirer dans une grimace amère. De toute évidence, elle n'était pas la seule à trembler de colère…

- C'est forcément l'une d'elle… c'est forcément l'une d'elle…

- Maître…

Mais il ne regardait plus… Agité, confus et désorienté, Hermione le vit accourir entre leurs malles, le souffle court et l'air hagard. Un état qui loin de sa précédente détermination, laissa entrevoir les prémices d'une étrange démence dont les jappements et tremblements inconstants la firent haleter dans un frisson. Seigneur… il perdait la raison. Comme si le monde était sur le point de s'écrouler et que la mer elle-même s'apprêtait à se retirer, c'est un Maître au bord de la crise de nerf qu'elle vit manquer d'air. Essoufflé dans une course inutile, il divaguait entre murmures et exclamations, soupirs et indignation, cris et résignation tandis que ses poings jonglaient entre les textes de dizaine de chansons. Des textes qu'il détaillait avidement, mais dont les partitions et paroles latines se confondaient sous l'éclat rougeoyant de ses pupilles…

- Carry me… Far Across the Land… My Jolly Sailor Bold…

- Maître, c'est inutile…

- Non… ça va marcher ! Ça va marcher !

- Mais enfin…

- Non ! S'écria-t-il. Il faut réessayer !

Il perdait pied… elle pouvait le voir à sa course effrénée, le soleil dilatait ses pensées aussi sûrement que leurs échecs aliénaient sa lucidité. Pourtant, il se trompait. Ils avaient déjà essayé ! Ces chansons avaient déjà été chantées ! L'échec les avaient déjà frappés ! Alors recommencer ?! Nier l'évidence ? Leurs preuves ? Le bon sens ? S'acharner avec véhémence, alors qu'ils avaient épuisés leurs chances ?! Cela ne ressemblait pas au Voldemort qu'elle connaissait… cela ne ressemblait au Maître qu'elle servait ! Mais rien de ce qu'elle disait ne semblait capable de le raisonner. A croire que l'inaccessibilité de leur horizon avait eu raison des restes de sa conscience, ne laissant alors de lui qu'un esprit tourmenté devant un Océan éternellement muet…

- Maître !

- The Welleman… We shall Sail Together…

Trop obsédé par les vieux textes qu'il ne cessait d'amonceler, Voldemort ne la vit pas se relever d'un air résigné…
Pas plus qu'il ne l'entendit s'approcher d'un pas inquiet.
Ni même se saisir de son sceau d'eau sans respirer…

- Skyes Boat Song ? Bon sang… où est Skyes Boat Song ?!

- Maître ! S'il vous plaît…

- Mais… je l'avais rangé dans la malle ! Paniqua-t-il.

- Maître, calmez-vous !

- Elle était dans la malle !

- Ce n'est pas grave !

- Non… non, il faut la trouver ! S'écria-t-il brusquement. Il faut la…

Mais il ne put terminer sa phrase… car alors que ses sens s'engourdissaient et que la chaleur lui montait à la tête, que ses cris fleurissaient et que sa folie grandissait… c'est d'un jet d'eau glacé qu'Hermione le vit brusquement taire. Tétanisé, trempé et bouche bée, c'est le cœur littéralement pétrifié que Voldemort cessa soudainement de respirer. Trop choqué par la froideur de l'eau pour ne serait-ce que comprendre ce qu'il venait de se passer, il sentit ses muscles se contracter avec brutalité, se mordit la langue dans un cri étouffé et jura douloureusement à mesure qu'un violent frisson se mit à le secouer. Un instant de confusion et pure incompréhension dont la spontanéité le laissa haleter de stupéfaction… avant que ses pensées se sortent brusquement de leur folie naissante.

Il ne rêvait pas... Son initiée venait de lui balancer un sceau d'eau au visage. Son Initiée venait de lui balancer un sceau d'eau au visage ! Son Initiée… Par Merlin, il ne pouvait y croire ! Et pourtant elle ne s'en cachait pas ! Pour preuve, son regard ne dévia même pas ! Fière et presque amusée, ses pupilles le détaillaient de leurs éclats mordorés tandis que ses mains tenaient encore le sceau dont elle venait honteusement de l'asperger ! Un acte dont l'affront le laissa si profondément ahurit qu'il ne trouva pas quoi lui dire… Figé devant elle, il balbutia entre deux tremblements de lèvres, partagé entre l'indignation, l'incompréhension et la sidération d'un folie pareille ! Pourtant et contrairement à lui, Hermione elle ne put s'empêcher d'esquisser un fin sourire. Enfin, il se taisait… enfin, il respirait… enfin, il cessait de courir aveugle et sot, à la rechercher de nouveaux textes à lui faire chanter ! Un bref instant de calme et d'absolu silence, que la jeune femme écouta telle la plus délicieuse des délivrances… mais dont les répercutions ne tarderaient pas à l'assiéger de nouveaux hurlements. Car elle le savait, ce bref moment de répit ne durerait pas longtemps… Aussi, c'est sans rien dire qu'elle reposa lentement son sceau à terre et le regarda haleter dans le rayonnement d'une nouvelle colère. Ebranlé, il la détailla sans parler, sûrement indécis entre l'idée de la punir ou son désir pathologique de l'asséner d'avantage de cris. C'est donc les lèvres pincées et les narines dilatées, qu'il essuya son visage déjà grimaçant d'incrédulité... Pensait-il à la châtier ? La frapper d'un doloris ? Sûrement… mais quoi qu'il puisse en penser, elle n'en démordrait pas. Il l'avait mérité.

- Initiée… Gronda-t-il entre ses dents.

- Avant que vous ne vous mettiez à hurler, sachez ceci… dit-elle subitement. Vous perdez l'esprit !

Perdre l'esprit ? Elle l'arrosait par pur gratuité et c'est lui qui divaguait ?! Par Merlin, c'était l'hôpital qui se foutait de la charité !

- Excuse-moi ?! Siffla-t-il ahurit.

- Je persiste et signe.

- Comment oses-tu ?!

- Je suis épuisée ! S'écria-t-elle soudainement. Vous me faite chanter depuis plus de trois heures déjà, je n'ai presque plus de voix et aucune de ces maudites chansons n'a fait frémir la moindre de nos voiles !

C'était donc pour cela qu'elle l'avait trempé ? Parce qu'elle était… fatiguée ?! Mais de quoi ?! De chanter ? De rester assise sur un plancher ? De boire un peu d'eau entre deux airs fredonnés ?! De contempler l'horizon pendant qu'il œuvrait à les sauver ?! Non… elle ne pouvait pas être sérieuse. Pas maintenant ! Pas alors même que leur survie dépendait d'une seule et unique chanson ! Et pourtant, c'est les joues rouges et les mains sur les hanches qu'elle le jaugeait de son regard perçant. Un regard tout aussi fier que sévère, dont les foudres ne tardèrent pas le faire gronder d'un sifflement amer.

- Epuisée, tu dis ?! Grimaça-t-il.

- Exactement.

- Et en quoi ta fatigue justifie-t-elle cette… douche improvisée ? Demanda-t-il.

- Je vous l'ai dit, vous perdiez l'esprit ! Insista-t-il. Il vous faut vous ressaisir !

- Me ressaisir ?! S'étouffa-t-il. J'essaie d'assurer notre survie !

- Oh pitié… ces chansons sont inutiles ! Aucune ne marche, pas même Sail Boat of Mine !

- Et quoi ? Nous devrions abandonner ? Rester ici à attendre qu'on vienne nous sauver ? Prier pour que les Dieux aient pitiés ?!

Seigneur… ce qu'il pouvait être butté ! Elle n'avait pas besoin de lui pour se souvenir de leur précarité ! De la gravité de leur situation et de tout ce qui pouvait encore mal tourner ! Mais ce n'était pas une raison pour les tuer à la tâche, tomber dans la paranoïa, l'absurde ou le désespoir !

- Par Merlin, vous laissez la peur vous guider !

- Excuse-moi ?! S'étouffa-t-il.

- C'est la vérité ! Vous vous acharnez à suivre une piste qui ne donne rien !

- Parce que tes pistes donnent quelque chose peut-être ?!

- Je m'efforce de rester lucide ! Dit-elle outrée.

- Lucide ?! Répéta-t-il.

- Parfaitement !

- Et j'imagine que ta lucidité est en mesure de faire naître le vent ? De nous donner une marée ? Ou de rafistoler ce maudit bateau qu'aucune de nos magies ne parvient à faire bouger ?!

- Je ne fais que suivre vos enseignements ! S'exclama-t-elle brusquement. Vous l'avez dit vous-même ! Il ne sert à rien de chasser de mirage ! Or, ce n'est pas en hurlant je ne sais quelle chanson à la figure de l'Océan que nous trouverons une solution !

Débecté devant un tel aplomb, Voldemort sentit une nouvelle colère lui enfiévrer le front. Comment osait-elle lui parler sur ce ton ? Et retourner ses propres enseignements contre lui ? Il ne cherchait qu'à assurer leur survie ! SA survie !

- Hermione… gronda-t-il.

- Je sais ce que vous allez dire… soupira-t-elle devant lui. Je sais que ces chansons sont notre seule et unique piste ! Mais regardez-vous ! C'est à peine si vous tenez encore débout !

Outré, Voldemort sentit son souffle se couper devant une affirmation aussi osée. Par Merlin… mais pour qui le prenait-elle ?! Il était Immortel ! Immortel ! Une vérité que ni ce monde, ni ce soleil ne pourrait jamais défaire ! Et pourtant, malgré sa fougue et ses grondements de colère, il ne put le nier : elle était sincère… il pouvait le voir au frémissement inquiet de ses lèvres, une nouvelle angoisse la taraudait. Sûrement pensait-elle qu'il perdait pied… que la folie de l'Océan commençait à le ronger et que son esprit ne tarderait pas à s'égarer quelque part dans cette infinité... Mais bien qu'une telle inquiétude le désarme un court instant, c'est la boule au ventre que le Mage Noir soupira dans un grincement de dent. Par Salazar, il détestait ça… il détestait stagner, se sentir acculé et être réduit à la faire chanter alors même qu'elle était épuisée ! Mais plus encore… il détestait l'idée que sa propre Initiée commence à douter. Aussi, c'est sans trouver quoi dire que le Mage la regarda dans un soupir. Immobile l'un face à l'autre, il la vit le détailler sans respirer, incertaine quant à ses cris et la vigueur de son acharnement désespéré. Un regard qui ne parvînt qu'à la faire amèrement grimacer à l'heure ses propres certitudes commençaient à flancher…

- Tu te trompes… souffla-t-il alors du bout des lèvres. Je vais bien.

- Vous êtes sûr de ça ? Se risqua-t-elle à demander. Cela fait des jours que vous n'avez pas dormi et…

- Je n'ai pas besoin de dormir.

- Mais…

- Il suffit !

Elle se trompait ; quoi qu'elle pense de lui, elle se trompait ! Il n'était pas faible. Il n'était pas effrayé. Et plus important encore, il n'avait nullement besoin de sa pitié ! Mais le temps et passait et l'étau se resserrait… « Il ne sert à rien de chasser de mirage » … Un mirage… était-ce vraiment cela ? Etait-il vraiment aveuglé par une illusion ? Une farce ? Un mensonge qui n'était que le reflet de son désespoir ? Non… il ne pouvait y croire ! Il ne pouvait pas abandonner ! Ces chansons étaient tout ce qu'ils avaient ! Alors qu'importe ! Qu'importe qu'il divague entre deux hurlements ! Qu'importe que l'horizon se rit de leur détermination ou qu'il s'écroule sous la ce soleil de plomb ! Ces chansons étaient leur seule et unique chance…

- Maître…

- Je vais bien ! Répéta-t-il plus fort. Alors cesse de t'inquiéter et aide moi plus tôt à ranger ces maudites chansons…

Décontenancée devant une telle indifférence, la jeune femme le regarda s'accroupir par-dessus leur partitions, impatient d'en finir avec leurs chants… Pourtant et malgré le sifflement agacé de son serpent, Hermione ne parvînt pas à calmer la fureur de sa consternation. Seigneur… comment pouvait-il être aussi aveugle ?! Ne voyait-il donc pas les cloques sur sa peau ? Les brûlures de son dos ? Le sang de ses blessures ? Le sel cristallisé de sa chevelure ? Ou encore le tremblement nerveux de chacun de ses muscles ? Il était épuisé ! Pire encore, son corps lui-même commençait à céder sous le poids de ses efforts acharnés. Privé de sommeil, de nourriture et des contours de sa lucidité, ce n'était qu'une question de temps avant que sa propre magie ne commence à faillir ! Qu'il ne sombre dans la folie et ne s'écroule de fatigue ! Mais malgré ses cernes et les frissonnements de son échine, rien ne semblait capable de le convaincre de ralentir…

- Maître, je vous en conjure écoutez moi ! Supplia-t-elle.

- Bon sang… Soupira-t-il.

- Je sais que vous n'y prêter pas attention, mais votre santé…

- Ma santé ne te concerne en rien !

Heurtée devant une telle dureté, Hermione chancela devant la noirceur de son regard. Imposant face à elle, il la couvrit de son ombre dans l'écho d'un grondement amer, le visage défiguré par la violence de sa colère. Seigneur… depuis quand ne l'avait-il pas regardé comme cela ? Depuis quand n'avait-elle pas haleté devant la puissance de son aura ? Ou trembler devant la force de sa rage ? La réponse était aussi simple que désagréable ; depuis leur départ de Poudlard... Mais contrairement à ce soir-là, il n'avait aucune raison de lui en vouloir ! Elle n'avait jamais cherché à le provoquer, à l'insulter ni même à remettre en question sa sacrosainte immortalité ! Au contraire, elle ne faisait que s'inquiéter pour sa santé ! Pour lui et sa sécurité ! Et pourtant, c'est grandi de haine et plus tremblant que jamais, qu'il lui faisait face dans l'éclat d'une fureur incendiaire…

- Mais enfin, je… je ne voulais pas vous offenser. Balbutia-t-elle apeurée. Vous êtes mon Maître et… il est normal que votre santé m'inquiète !

- Et tu es mon Initiée ! Scanda-t-il. Alors pour l'amour du ciel cesse de parler et laisse-moi en paix !

Le… le laisser en paix ?

- Co… comment ?! Balbutia-t-elle.

- Tu as très bien entendu.

Sonnée, Hermione sentit son souffle se couper. En d'autres circonstances, elle aurait sûrement ignoré la distance de son ton, la véhémence de son regard et la rancœur de sa hargne… Mais en de tel instants et devant la lourdeur de son silence, la jeune femme ne réussit qu'à haleter dans l'écho de ses propres tremblements. Se taire ? Le laisser en paix ? Obéir sans riposter et baisser le regard dans un jappement effrayé ? Seigneur… cela ne pouvait être vrai. Cela ne pouvait arriver ! Pas encore ! Pas après tout ce qu'ils avaient enduré ! Et pourtant, elle n'avait pas rêvé... Alors même qu'ils venaient de reconstituer leur binôme… alors même qu'ils s'étaient jurés de soutenir et de se protéger l'un l'autre… son Maître lui tournait à nouveau le dos. Impatient d'en finir, il tourna les talons sans lui jeter le moindre regard, indifférent à la peur qu'avait ravivé ses hurlements de rage. Un geste tout aussi rapide qu'incroyablement brutal, qui pétrifia la jeune femme dans un frisson d'effroi. Il recommençait… comme si seule présence n'était rien de plus qu'un simple encombrement, que ses mots n'avaient pas le moindre sens et que son inquiétude n'était que le stigmate d'une délusion offensante, il la repoussait… la rejetait et la faisait taire. Une scène tout aussi brève qu'horriblement familière, dont elle avait cru pouvoir se défaire ; mais dont les flash-backs fugaces et vestiges tenaces, la frappèrent en plein visage. Non… il n'avait pas le droit de recommencer. Il n'avait pas le droit de la repousser ! De la congédier et de l'assommer d'un regard désintéressé ! Plus encore, lui-même lui avait promis de ne plus jamais l'en affliger ! Mais comme elle aurait toujours dû s'en douter il avait cédé… cédé à la peur, à la colère, à la frustration et à la rage de son cœur. Cédé à tout ce qu'il ne pouvait contrôler et sa propre vulnérabilité ! Et se faisant, il le faisait payer à son Initiée…

Non.
Elle ne pouvait le tolérer !
Cette ère était révolue ! Passée ! Enterrée !
Et il était hors de question qu'elle le laisse à nouveau l'ignorer…

- Aguamenti !

Pris de court, Voldemort s'écria violemment sous la nouvelle froideur du jet d'eau qui lui heurta le dos. Une eau vive, glacée et galvanisée de colère, qui trop forte pour son équilibre précaire, le plaqua au sol avant même qu'il n'ait le temps de se saisir sa baguette. Démuni, il ne parvînt qu'à haleter entre deux hoquets enragés, le corps assiégé par ces flots qui semblaient vouloir le noyer. Pourtant et contrairement à son précédent rafraichissement, ce n'est pas un air ahurit qui accompagna son indignation… mais une implacable floppée de hurlements.

- Comment oses-tu ?!

Trempé des pieds à la tête, Hermione le vit se relever dans un élan de haine avant que sa magie ne s'embrase soudainement devant elle. Crépitant d'étincelles, ses poings s'embrassèrent, ses muscles tremblèrent et ses traits se déformèrent sous l'ardeur du feu qui se mit à battre dans ses veines… et pourtant, ni la grandeur de sa colère ou la lueur de son regard rougeoyant, ne parvinrent à apaiser l'affront qui lui rongeait le sang.

- Vous, comment osez-vous ?! S'écria-t-elle à son tour.

- Quoi ?

- Arrêtez ça !

- Arrêter quoi ?!

- Ça ! Vous vous détournez de moi ! Scanda-t-elle.

Ebranlé devant la rage de son regard, le Mage ne sut même pas quoi répliquer malgré l'eau ruisselant sur son visage. Se détourner ?! Par Merlin, mais… cette sorcière avait perdu la tête !

- Quoi ?! Mais… et c'est pour ça que tu m'as arrosé ?! S'étouffa-t-il.

- Vous m'avez repoussé !

- Parce que tu m'as offensé !

Se mordant la langue pour ne pas exploser de rire, Hermione le regarda d'un air ahurit. Par tous les Dieux… il perdait l'esprit !

- Je n'ai fait que m'inquiéter pour votre santé !

- En supposant que j'étais faible ! Hurla-t-il.

- Je n'ai jamais supposé une telle chose et vous le savez ! S'écria-t-elle outrée.

- Je t'interdis d'hausser le ton contre moi !

- Et je vous interdis de me rejeter !

Par Salazar… elle ne reculait pas. Fière et intransigeante malgré ses tremblements de rage, elle lui faisait face sans flancher, sans sourciller ni même hésiter… Une détermination aussi déconcertante que troublante, qui le fit presque chanceler devant l'éclat de son regard mordoré.

- Nous nous sommes jurés de faire équipe ! Continua-t-elle enragée. De laisser nos querelles de côtés et de communiquer ! Et pourtant vous ne cessez de hurler, de vous offenser et de saisir le moindre prétexte pour me repousser !

- Je n'ai aucun compte à te rendre ! Siffla-t-il entre ses dents.

- Vous croyez ?! Oh mais dans ce cas, je n'ai qu'à me débarrasser de cet immonde chapeau que vous me forcer à porter ! Ou rester sous le soleil pendant des heures, jusqu'à ce que je sois brûlée au 3e degré ! Ou encore me mettre à courir sur le pont jusqu'à ce que ma prothèse ne…

- Mais enfin qu'est-ce qui te prend ?! Hurla-t-il sans comprendre.

- Vous m'imposer des comportements ! Vous me forcer à vous rendre des comptes !

- Parce que tu es mon Initiée !

- Et vous êtes mon Maître ! Tonna-t-elle.

Il aurait dû hurler… s'indigner et se scandaliser ! Pourtant et malgré les frissons de son cœur battant, Voldemort ne parvînt qu'à se figer.

- Nous sommes deux sur ce navire ! Continua-t-elle. Deux dans cette quête et deux à tenter de quitter cet enfer ! Notre survie repose entièrement sur notre capacité à prendre soin l'un de l'autre, alors ne vous en déplaise… votre santé, vos états d'âme et même votre bien-être me concernent !

Troublé, le mage la regarda sans respirer. Jamais encore il ne l'avait vu aussi outrée. Jamais encore il ne l'avait vu revendiquer un droit de regard sur sa santé. Et jamais encore il ne l'avait vu aussi déterminée à se faire respecter… Certes, elle n'avait pas tort ; leur survie dépendant entièrement de leurs capacités d'adaptation et de communication. Mais de là à se tourmenter pour une tâche aussi… inutile ?! Hurler pour si peu ? S'inquiéter alors même que sa vie ne serait jamais en jeu ?!

- Mais enfin… c'est ridicule !

- Ridicule ?! Répéta-t-elle en furie.

- Oui ! S'époumona-t-il. Je suis immortel et invulnérable ! Et même si ce n'était pas le cas, mes états d'âme ne te regardent pas !

- Ils me regardent !

- Et pourquoi ça ?!

- Parce que vous comptez pour moi !

Sonné, Voldemort se figea brusquement devant la brutalité d'une telle déclaration. Qu'avait-elle dit ?

- Co… comment ?! Souffla-t-il.

Mal à l'aise devant la soudaine intensité de son regard de braise, Hermione tangua dans son propre silence avant de se mordre la lèvre. Bon Dieu… elle aurait mieux fait de se taire. Et pourtant, jamais elle n'avait été aussi sincère...

- Vous avez très bien entendu.

Il…
Comptait…
Il comptait... pour elle.

Incapable d'y croire, Voldemort la détailla le souffle court. Avait-il bien entendu ? Ou seulement comprit ce qu'elle venait de lui dire ?! Il se le demanda… mais alors que milles questions se mirent à agiter son esprit et que son souffle commença lentement à tarir, son corps lui ne réussit qu'à frémir devant la férocité ardente de ses pupilles. Perçantes malgré leurs imperceptibles tremblements, elles transpercèrent son âme de leur étrange dévotion, mélange de sincérité et… d'affection ? D'affection ?! Par tous les Dieux était-ce possible ? Non… non, il perdait la raison ! Et pourtant, jamais son cœur ne battit plus fort qu'à cet instant.

- Je… je compte pour toi ? Répéta-t-il du bout des lèvres.

A sa question, Hermione serra les dents. Elle savait où risquait de les mener une telle conversation ; elle savait qu'elle commettait les mêmes erreurs qui avaient déjà failli briser leur relation ! A croire qu'elle ne retiendrait jamais sa leçon… et pourtant, malgré ses peurs et l'étrange impatience de leur silence, la jeune femme ne parvînt plus à faire taire le cri lancinant de ses sentiments.

- Est-ce si difficile à croire ? Demanda-t-elle alors.

Oui ! Non… Du moins… en un sens. Bien-sûr, il savait qu'il comptait pour elle. Ce n'était même pas une nouvelle ; elle était son Initiée ! Il savait qu'elle lui était fidèle, dévouée et que son allégeance les liait à jamais ! Et pourtant, quelque chose d'autre vibrait derrière la simplicité de sa question ; quelque chose de plus profond, de plus puissant et de presque brûlant qu'il put sentir battre avec force malgré la fugacité de ses balbutiements. Quelque chose qu'il n'aurait pu nommer et qu'il n'osa même pas deviner… mais dont le seul frémissement suffit à embraser le désir qu'il n'avait cessé d'étouffer. Un désir qui sans qu'il ne puisse le contrer, le posséda si violemment que son propre cœur manqua de s'arrêter…

- Ecoutez… soupira-t-elle subitement. Je sais que vous n'êtes pas ouvert à l'affection ni même à toute forme de sentiments, mais… oui. Vous comptez pour moi.

Oh Seigneur…

- Pas seulement en tant que Maître, que mentor ou professeur…

Non… elle ne pouvait pas le dire ça.

- Mais en tant qu'homme…

Pas là. Pas maintenant !

- Alors peu m'importe que vous soyez immortel ! Peu importe que vous soyez le Plus Grand Seigneur des Ténèbres ! S'écria-t-elle. Quoi que vous soyez je… je serais toujours terrorisée à l'idée de vous perdre.

Pas alors même que son désir incendiait son sang !

- Je sais bien que tout cela doit vous semblez futile, ridicule et même absurde ! Mais c'est ainsi… et ni vos cris, vos ordres ou votre colère n'y changeront quoi que ce soit.

Un désir qui plus elle parlait…

- Moquez-vous tant que ça vous chante, ça m'égale... J'en ai assez de le cacher ! J'en ai assez de me taire et d'attendre que vous le compreniez !

… plus étreignait son cœur d'une urgence incontrôlée.

- Alors oui ! S'embrasa-t-elle. Vous comptez pour moi ! Plus que vous ne pouvez jamais l'imaginer, plus que je ne peux moi-même l'avouer et plus que mon cœur ne peut…

Essoufflée dans son aveux, Hermione se tut de justesse dans un jappement douloureux et écarquilla brusquement les yeux. Bon sang, mais… mais que lui arrivait-il ? Pourquoi lui parlait-elle ainsi ? Si franchement ? Si ardemment ? Si… sincèrement ?! Avait-elle perdu l'esprit ? N'avait-elle donc rien appris ?! Rien retenu de leurs disputes et incessants conflits ?! Son Maître n'était pas le genre d'homme à s'émouvoir de sentiment ! A les entendre ou ne serait-ce qu'à comprendre leurs sens ! Et pourtant, c'est la langue déliée et les mains tremblantes qu'elle lui confessait tout ce qu'elle avait toujours refusé de nommer… un élan de vérité à la spontanéité déconcertante, qui ne parvint qu'à la faire déglutir entre deux frissons. Seigneur, elle ferait mieux de se taire ! De disparaître et de prier pour qu'il la croit aliénée par le soleil ! Mais alors qu'elle rougissait, que son ventre se nouait et que sa gorge s'asséchait, le regard de Voldemort lui, la paralysa de ses milles abysses... Immobile face elle, il la contempla sans rien dire malgré le cri de son désir ; un silence pesant, bouillonnant et lourd de signification, qui manqua de la faire défaillir.

Oh non… Avait-elle trop parlé ? Se sentait-il offensé ? Insulté ? Elle ne trouva pas le courage de lui demander… et pourtant, c'est le souffle coupé et les poings serrés que Voldemort frémit devant son Initiée.

Ça y est…
Il ne pouvait plus le nier…
Il ne pouvait plus le contrôler !
Le désir qu'il avait tant cherché à exterminer, reprenait vie sous ses cris endiablés.

Latent dans ses veines, il avait cru pouvoir s'en défaire, l'ignorer et même l'oublier devant les milles tragédies qui n'avaient cessé de les frapper ; mais face à elle… à son regard de miel… à sa peau de lait… et aux frémissements envieux de ses lèvres… ce n'est plus un feu qui le fit haleter, mais un véritable enfer qui se mit à le consumer. Assourdi par la rapidité de son pouls, Voldemort déglutit sans respirer, la contempla sans parler et oublia presque le ruissellement de ses boucles trempées par-dessus son nez. Par tous les Dieux, il se sentait chavirer… transporté et envoûté par cette femme dont les mots, le corps et le regard, transcendaient sa chaire d'une envie que nulle raison ne savait taire ! Non pas une envie… un besoin. Une nécessité. Un appel auquel aucun saint n'aurait pu résister ! Oui… c'était cela. Son désir l'appelait. Hurlant tel un affamé et s'époumonant par de là les murs de sa volonté, il s'écriait avec avidité, impatient de se repaître de tout ce dont il était privé ! Impatient d'en finir avec la retenue qui l'entravait ! Impatient de goûter à ce fruit gorgé d''insolence et de beauté, qui l'attirait à elle telle la dernière volonté d'un condamné… Aussi, Voldemort le comprit. A cet instant précis, l'œuvre de sa malédiction prenait vie. Comme si l'Univers lui-même le jetait du haut d'un précipice, ses sens s'étourdirent à la vue de ses lèvres tentatrices, ses muscles se tendirent et son souffle s'alourdit. Engourdi pas la chaleur du soleil, il se surprit même à détailler le parcours d'une goutte de sueur depuis son front ; une goutte brillante et impertinente qui, lente sur les contours de sa peau halée, rampa le long de sa tempe… avant de chavirer sous la ligne de son menton… et de se déposer au creux de sa poitrine frémissante. Par Salazar… existait-il corps plus enivrant ? Peau plus lisse ? Courbes plus sublimes ? Non ! Non, non, non il ne pouvait pas se laisser brûler…. Pas maintenant ! Pas après tant de luttes et de résistance ! Mais plus il la regardait… plus son combat lui échappait.

- Pourquoi ? Souffla-t-il sans respirer.

- Com… comment ?

Il devait savoir. Il devait l'entendre ! Il devait avoir une réponse ! Car s'il ne fiait qu'aux apparences… s'il ne se fiait qu'à la rougeur séductrice de ses joues, qu'à l'ourlet de ses lèvres et qu'à l'exquise tension des lignes de son cou… Par tous les Dieux, il pourrait presque que croire que…

- Dis-moi pourquoi… Demanda-t-il. Pourquoi une femme telle que toi tient tant à un homme comme moi ?

Décontenancée devant la profondeur de son ton, Hermione haleta en le voyant s'avancer. Exigent dans son éclat rougeoyant, son regard attendait une réponse ; une raison ou une explication. Mais face à lui… à la chaleur irradiante de son corps ciselée et aux scintillements de sa peau encore mouillée… c'est à peine si la jeune femme réussit à formuler le moindre mot sans s'étouffer. Envoûtée, elle ne sentit même pas le bois de leur mât s'enfoncer dans son dos et déglutit devant le saillant irréel de ses abdos. Seigneur… pourquoi tenait-elle à lui ? Pourquoi le voyait-elle dans les songes de ses nuits ? Pourquoi était-elle prête à se damner pour un seul de ses sourires ? Pour l'entendre rire et passer sa vie à le servir ? Elle se l'était demandée… à chaque heure de chaque jour depuis presque trois mois désormais, elle n'avait eu de cesse de s'interroger ! Tantôt en pleurant ou criant… en rêvant ou se haïssant… mais jamais ne lui était apparu l'ombre d'une seule réponse. A croire que rien ne serait jamais en mesure d'expliquer le feu qui asphyxiait son sang, la folie qui aliénait ses sens et le désir qui la possédait en ce même instant. Ne lui restait alors que sa seule et unique certitude ; celle-là même qu'elle avait tenté de nier mais dont les milles douleurs l'avaient frappé de leurs insupportables vérités. Celle que son cœur avait manqué de lui révéler… mais qui la hantait un peu plus à chaque pas qui les rapprochaient.

- Pourquoi Hermione ? Insista-t-il plus fort.

En apnée devant sa soudaine proximité, Hermione sentit ses mains trembler à mesure qu'elle le voyait lentement la surplomber. Incapable de penser, son corps se paralysa sous la puissance de son aura, ses jambes fléchirent et sa bouche s'assécha, la laissant muette et sans souffle contre leur mât. Il était proche… beaucoup trop proche… mais ne s'arrêta pas.

- Et si… s'il n'y avait pas de raison ? Souffla-t-elle entre deux balbutiements.

- Il y en a toujours une.

Oui.
Il y en avait une.
Une seule…

- Eh bien… je…

Envouté par la douce hésitation de son souffle, Voldemort sentit une nouvelle fièvre lui échauffer les joues. Par tous les Dieux… cette femme allait le rendre fou.

- Je… je crois que…

Elle hésitait. Elle haletait. Incapable de parler sous l'étau qui les étouffaient, elle blêmissait autant qu'elle rougissait ! De gêne ? De pudeur ? De peur ? Il n'aurait su le deviner… et pourtant c'est dans un frémissement d'écailles endiablé que son serpent se mit soudainement à hurler. Un sifflement exalté, vif et empressé, dont l'écho survolté les fit tous deux sursauter. Seigneur… jamais il n'avait entendu un tel cri. A vrai dire, il ignorait même que cela soit possible ! Mais sa marque ne pouvait lui mentir ; ce cri, ce frémissement… tout cela hurlait de désir.

- Dis-moi… murmura-t-il.

Lui dire… lui dire… lui dire… mais lui dire quoi ? Par Merlin, elle ne savait plus ! Ensuqué, son propre esprit lui refusait toute pensée, la laissant bouche bée et muette devant la carrure brûlante de son Maître. Il était trop proche… trop proche… trop proche ! Acculée contre lui, son corps l'enfiévrait dans la clameur d'un spasme qu'elle ne put tarir. Un spasme que Voldemort perçut depuis le simple tremblement de sa cuisse, et dont la fugacité presque invisible manqua de le faire défaillir. Seigneur … tant de désir… tant de désir…

- Je ne… je ne sais pas, je…

Elle ne le savait pas… mais lui si. Car alors que leurs nez s'effleuraient, que leurs chairs frissonnaient et que leurs souffles se mélangeaient, l'évidence le frappait. Il ne pouvait pas se tromper. Il ne pouvait pas l'inventer ! Ce qu'il voyait, entendait, ressentait et s'évertuait à étouffer à travers son simulacre d'ignorance forcée… tout ceci… elle les ressentait aussi. Une idée qu'il peina à imaginer, mais dont les promesses le frappèrent d'une adrénaline qu'il n'avait jusqu'alors jamais éprouvé. Par tous les Dieux, était-il maudit ? Probablement. Perdait-il l'esprit ? Certainement ! Mais bien qu'il ignore quelle folie se rassasiait de son esprit et s'il pouvait un jour en guérir, pour la première fois Voldemort le comprit…

Elle aussi brûlait de désir.
Elle aussi agonisait entre ses griffes !
Elle aussi asphyxiait sous les flammes de ce feu égoïste.
Et elle aussi luttait pour ne pas se perdre sous la douleur d'un tel supplice…

- Tu le sens… souffla-t-il. Tu le sens toi aussi…

Attendait-il une réponse ? Un aveu ? Une confession ? Hermione ne chercha à pas le savoir… car alors même que son dos s'enfonçait contre leur mât, son esprit lui s'évapora…. Enivrée par la chaleur de leurs corps étroitement pressés, elle n'osa plus respirer et se figea en sentant sa main l'effleurer. Une main lente et mesurée, qui envoutée par les milles promesses d'une peau si douce, se mit à danser dans les airs jusqu'à sa joue…

- Maître, je...

Mais ses mots s'envolèrent sous la caresse de ses doigts curieux… des doigts tendres, légers et langoureux, qui ne tardèrent pas à descendre dans son cou pour y rependre leurs myriades des brûlures envieuses. Par Merlin mais que se passait-il ? Que faisaient-ils ?! Par quelle magie ? Quelle folie ?! Tout cela devait être un rêve ! Une fabulation sortit tout droit de son imaginaire ! Mais même si cet instant devait être éphémère, Hermione peina à étouffer un gémissement entre ses lèvres. Oui… plus rien ne servait de le nier désormais ; elle n'arrivait même plus à parler, à penser ou à respirer ! Alors résister ? Lutter ? Le rejeter au profit de principes désuets alors même que son cœur était sur le point d'exploser ?! Non. Elle ne pouvait l'imaginer.. et n'eut aucune envie de le voir s'arrêter. Volatiles et indifférent à la chaleur de ses soupirs, elle sentit ses doigts suivre la ligne de son visage, parcourir la courbe de ses clavicules et ramper le long de ses bras… une course étrange ponctuée d'un profond silence, qui prit fin dès l'instant où son Maître la saisit brusquement par les hanches. Immobile contre lui, Hermione haleta sous la force de ses bras avant de ne l'entendre expirer dans un puissant râle. Un son à la clameur presque animale, qui alors qu'elle balbutiait à quelques centimètres de son visage, la transcenda sur place…

- Je ne… saurais l'expliquer.

A cet instant précis, il aurait encore pu se détourner…
A cet instant précis, il aurait encore pu se raisonner et renoncer…

- Tant mieux… susurra-t-il alors.

Mais à cet instant précis, il n'eut qu'une seule envie… céder.

- Je n'avais plus envie de parler.

N'écoutant plus sa raison, ses doutes et ses pensées, Voldemort agrippa son visage sans respirer et la laissa haleter sous sa poigne empressée. Il ne voulait plus résister. Il ne voulait plus se languir et se contenter des seuls fantasmes de son désir ! Non… il la voulait elle, pour lui. Il la voulait elle, maintenant ! Sans retenue ni condition ! Sans doute ni hésitation ! Il la voulait là ! Pleinement ! Entièrement ! Et c'est dans le cri cette dernière prière… dans l'écho de ce souhait inavoué et la chaleur de ce désir partagé, que Voldemort fondit sur ses lèvres dans un râle affamé.

Incapable de résister, il sentit leurs bouches se joindre violemment dans un spasme effrayé, mélange de force et de brutalité, d'impatience et de voracité, d'allégresse et de sensualité… un instant de pur férocité seulement guidé par la puissance de son avidité, mais dont l'exquise saveur ne parvînt qu'à le désarmer. Pétrifiée, Hermione ne comprit pas immédiatement ce qu'il se passa ; elle ne comprit pas pourquoi son souffle se coupa, son corps trembla et son propre cœur s'arrêta… mais elle n'en eut nul besoin. Car alors que ses sens s'engourdissaient, que ses pensées s'effaçaient et que les mains de son Maître la faisait prisonnière de ses caresses… ses lèvres elles, se laissèrent lentement gagner par la fièvre de son baiser. Un baiser brusque et profond. Un baiser tout aussi soudain que troublant… mais qui en moins d'une seule seconde, suffit à renverser leur monde. Sonné par la force de sa propre adrénaline, le Mage sentit son corps se transir en moins de temps qu'il n'en fallut pour qu'il gémisse, conquis par le velours des lèvres qui se mirent subitement à lui revenir. Des lèvres douces, au toucher d'abord timide… des lèvres rouges à l'attraction presque magnétique… mais des lèvres dont la chaleur le fit incontestablement défaillir.

Par tous les Dieux... C'était acté... C'était écrit… Rien ne pourrait plus jamais éteindre son désir. Rien ne pourrait plus jamais le convaincre de la fuir. Rien ne pourrait plus jamais égaler l'extase de cette folie si exquise ! Car enfin, il goûtait la saveur de la plus irrépressible de ses envies, le nectar du fruit qu'il lui était interdit, l'ivresse de ce breuvage divin mille fois bénit… une délivrance toute aussi délicieuse que salvatrice, qui ne tarda pas à posséder une Hermione au bord du précipice. Pressée contre lui, la jeune femme ne parvînt plus à se contrôler, à penser, ni même à respirer… Comment aurait-elle pu d'ailleurs ? Jamais elle n'avait ressenti pareils battements de cœur ! Plus que de l'envie, c'est un véritable tsunami qui la fit tressaillir ! Un déluge ! Un cataclysme de frissons et de vertiges qu'aucun mot n'aurait jamais su décrire ! Comment une telle chose était-elle possible ? Comment avaient-ils tous deux finis transcendés par la même frénésie ? A ses questions, seul l'écho de leurs souffles hachés lui répondit ; une mélodie qu'elle n'avait fait qu'imaginer dans l'ombre de ses insomnies, mais qui sous les assauts de leur adrénaline et soupirs affranchis, prenait indubitablement vie… Pouvait-elle y croire ? Pouvait-elle se risquer de trembler d'un tel émoi ? Elle ne se le demanda pas… non, à la place Hermione embrasa son apnée, oublia jusqu'à sa dernière once de timidité et s'abandonna corps et âme à la folie de ce baiser. Ivre de ses lèvres, de sa peau, de ses mains et de la chaleur incendiaire de son corps d'orfèvre, elle sentit son dos se cambrer dans un spasme incontrôlé, ses ongles l'érafler, ses cuisses trembler et ses reins s'enflammer au rythme de cette danse de feu et désir exalté. Un désir qui ne cessa de grandir… avant de ne la faire brusquement frémir du plus insatiable des appétits. Aussi et lorsque la douleur de leurs poumons les fit se détacher, que leurs regards se croisèrent dans un jappement essoufflé et qu'un indescriptible silence se mit à résonner… son propre cœur ne parvînt pas à le supporter. En transe, elle se sentit chavirer à la vue de ses lèvres gonflées et haleta sous la tension vibrante de ses muscles contractés. Non… cela ne pouvait cesser. Elle en voulait plus ! Plus de lui, plus de son corps, plus de son feu, plus de sa fièvre ! Elle voulait tout connaître, tout ressentir, tout faire sienne ! Car elle le savait…

Il avait été le premier à céder, mais elle serait la première à capituler…

Ainsi c'est sans même prendre le temps de respirer qu'Hermione lui coupa le souffle d'un nouveau baiser. Plus profond que le précédent, Voldemort lui-même chancela sous son empressement avant de ne perdre tout contrôle à la caresse amoureuse de sa langue… Comme si l'Univers lui-même chavirait dans un nouveau ciel et qu'un raz de marée submergeait la terre, il se sentit perdre pied ; envoûté, ensorcelé et électrisé par cette femme dont le corps bouillonnant ne cessait de l'appeler. Tremblante sous ses mains insatiables, il frémit en la sentant frissonner, gémit en l'entendant haleter, l'enserra davantage à chaque baiser et s'embrasa aux mordillements de leurs lèvres entrelacées. Seigneur… jamais il n'avait connu ça. Jamais il n'avait embrassé une femme comme ça ! Jamais il n'avait senti un tel feu dans ses entrailles ! Une telle fureur aux creux de sa taille ! Etait-ce seulement normal ? Il ne chercha pas à la savoir… car à cet instant précis, aucun d'eux n'eut la moindre envie de sortir des flammes. Accrochées à son cou, à ses cheveux, à son dos et à ses joues, Hermione se laissa fondre entre ses bras jusqu'à ce que son propre corps ne se mette à gémir... Un petit son bref et haletant, qui telle l'étincelle naissante d'un brasier ardent, transcenda le Mage de la plus dévorante des passions. Incapable de résister aux élans de sa fièvre, il agrippa ses hanches dans un grondement et sourit quand elle l'entoura spontanément de ses jambes. Acculé contre le mât, son ventre ses noua, ses jambes tremblèrent et son bassin s'échauffa à mesure que les lèvres de son Initiée s'accrochaient inlassablement aux siennes. Aussi et alors qu'il se perdaient tous deux sous l'irradiant soleil, Voldemort le comprit. Il n'était pas maudit… mais bénit. Car un tel feu, une telle envie, un tel désir… par tous les Dieux, jamais il n'avait connu pareil délice.

Mais comme tout offrande, un prix se faisait attendre…

Ensuqués par la passion qui les dévoraient, aucun d'eux ne vit la mer se retirer…
Enivrés par l'appel de leurs chairs, aucun d'eux n'entendit le ciel gronder …
Enfiévrés par l'ardeur de leurs soupirs, aucun d'eux ne sentit le navire tanguer…
Et tout comme ils restèrent aveugle aux tremblements de leurs voiles, aucun d'eux ne perçut la naissance d'une vague…

Seule et sauvage sous un soleil désormais noircit d'imposants nuages, elle avala l'horizon de son obscur présage… mais quand Voldemort frissonna sous la fraîcheur du vent et qu'Hermione sursauta à la soudaine force du courant, il était déjà trop tard.


Et voilà !

Ahhh j'avais tellement hâte de publier CE chapitre ! Et j'ai tellement hâte d'avoir vos avis ! XD Qu'en avez-vous pensé ? N'hésitez pas à me le dire je crève d'impatience de savoir ! XD Toujours est-il qu'un cap a été franchi... mais que va-t-il se passer par la suite ? Vous le saurez très vite !

Cependant, j'ai une petite annonce: je ne pourrais pas publier la semaine prochaine. Je suis vraiment désolée de vous laissez avec un tel suspens mais j'ai un partiel qui je l'espère (que Dieu m'entende) sera le dernier de mon parcours universitaire ! Alors bon, je lève le pied sur l'écriture la semaine prochaine... MAIS je me ferais pardonner car je reviendrais avec *minimum* deux chapitres la semaine d'après ! ;)

Enfin bref ! J'espère que ce chapitre ne vous aura pas déçu !
On se retrouve dans les reviews :-*

A très vite :)