Installés autour d'un feu crépitant, les sorciers s'entendirent déglutir bruyamment et échangèrent un frisson. Plongés dans le plus étrange des silences, ils n'osaient plus parler depuis de longues secondes, le regard ancré sur Connor et les braises qu'il ne cessait d'attiser avec empressement. Pourquoi ? Ils n'étaient pas certains de le savoir… mais avaient compris une chose : il leur faudrait boire. Disposés face à eux, leurs verres de rhum les reluquaient avec instance, prêt à ouvrir leurs esprits et engourdir leurs sens… un breuvage que Connor leur avait servi dans un sourire, mais dont l'allure de potion proscrite, les fit incontestablement frémir. « L'eau de pirates ! » Avait-il dit… C'était de circonstance, en effet. Légèrement tiédi par la chaleur du feu, ils détaillèrent sa robe avec avidité, hypnotisés par ses reflets ambrés, contours dorés et texture veloutée… un aspect pour le moins unique, dont les effluves de miel savamment fermentés, de sucre et de fruits exotiques, ne tardèrent pas à agiter leurs papilles d'un tressaillement extatique.

- Vous êtes prêts ? Leur demanda-t-il.

Incertaine malgré son impatience, Hermione sentit son cœur rater un battement et sursauta au sifflement inquiet de son serpent. Prêts… l'étaient-ils vraiment ? Elle aurait bientôt la réponse.

- Vous êtes sûr ?

Voldemort répondit pour elle… un simple et unique hochement de tête, qui malgré son silence, suffit à Connor pour lever son verre. Oui… il n'était plus question de faire marche arrière.

- Alors portons un toast.

Tout en imitant ses gestes, ils s'emparèrent de leurs rhums et les tournèrent vers le ciel ; un instant profond, solennel et étrangement intemporel, qui alors même que les nuages se paraient d'étonnant reflets pastel, les fit frémir d'un émoi presque charnel…

- A tous ceux qui ne sont plus là pour conter leurs histoires. Déclara-t-il.

Un dernier souffle…

- Qu'ils nous guident et nous veillent depuis l'au-delà…

Un dernier regard…

- Et nous ouvrent leurs bras à notre trépas.

Ils vidèrent leurs verres culs-secs, serrèrent les dents et déglutirent dans un claquement de langue… avant que la voix de la Connor ne s'élève délicatement par-delà le bruissement des flammes, pour leur conter ses histoires.

« On raconte qu'il y a plusieurs milliers d'années, un Sorcier naquit lors d'une nuit de solstice d'été... Insouciant de ses pouvoirs alors en sommeil, il vécut en paix pendant de longues années et devînt un homme aimé et respecté par ses pairs. Plus grand, plus fort et plus rapide que tous les hommes, il se dédia à la chasse et fit la fierté de son village… En récompense de ses exploits, il lui fut accordé de se construire une maison et de prendre une femme ; ainsi il se maria, eut sept fils et prospéra sans s'inquiéter de la vie, heureux et comblé en dépit de l'ignorance de sa magie… du moins, jusqu'à ce que n'arrive une tragédie. »

Se redressant de moitié, Connor regarda leur souffle se couper… Oui, ils étaient prêts.

« Une nuit d'hiver, des pillards attaquèrent son village. Telles des bêtes sauvages, ils incendièrent les maisons, massacrèrent les hommes, prirent les femmes et réduisirent les enfants en esclavage ; non pas que ce soit très surprenant pour l'époque… mais c'est ce jour-là que la vie du Sorcier changea. »

Envoûtée, Hermione se blottit contre sa racine, la main de son Maître accroché à son genou dans un geste possessif. Pourtant aucun d'eux ne trouva la force de frémir… car aucun d'eux n'avait encore entendu pareil récit.

« Horrifié à la vue de sa demeure en flamme et des pleurs de sa compagne, le Sorcier décida de se battre pour son village ; mais il ignorait tout de l'art de la guerre et des combats… et était seul face aux pillards. Il combattit vaillamment toute la nuit, conscient que de son courage dépendrait la survie de sa famille. Mais sans surprise, ils prirent le dessus sur lui et décidèrent non pas de le tuer… mais de le punir. Ainsi, ils l'enchaînèrent donc à un rocher, massacrèrent sa famille, égorgèrent chacun de ses fils, abusèrent de sa femme devant lui… et le forcèrent à regarder chaque seconde de ce supplice. »

Grand Dieu…

« Du moins… jusqu'à ce que ne s'éveille sa magie… »

Une nouvelle énergie secoua le corps du petit, exaltant furieusement son âme à mesure qu'il reprenait son récit.

« Une rage prit possession de lui ! Plus grande qu'il n'en avait jamais connu, elle transcenda corps et dévora son âme, le changeant alors en un monstre animé d'une soif macabre ! Et sans qu'il ne comprenne comment, ni pourquoi… le rocher auquel il était attaché, se brisa. Presque immédiatement après ça, ses chaînes furent réduites en cendre, le vent se leva et de violents éclairs se mirent à jaillirent de ses mains pour frapper les pillards ! Effrayés, ils prirent peur et cherchèrent à fuir… mais il était trop tard. Insensible à leurs cris, le Sorcier les pourchassa jusque dans les bois, les accabla de sa foudre, de ses vents et de ses flammes, à tel point qu'au lever du Soleil, ils ne restaient d'eux que des cadavres…»

Un crépitement de braise les fit soudainement sursauter, symbole de la stupeur dans laquelle ils étaient plongés… et pourtant il ne venait que de commencer.

« Fier de sa vengeance, le Sorcier s'empressa de rentrer au village ; mais beaucoup avaient péri pendant l'attaque. Ses amis, ses enfants, sa femme… tous avaient succombé. Ne restait alors qu'une poignée de survivants, qu'il pensa pouvoir aider. Mais quand il s'approcha, quelle ne fut pas sa surprise quand chacun d'eux se mit soudainement à hurler... »

En apnée, les Sorciers le virent reprendre une gorgée de rhum et l'imitèrent sans respirer… bien sûr, la magie de l'île avait rempli leurs verres sans qu'ils ne l'aient remarqué.

« Sa magie était découverte… or en ce temps, la magie était bannie du monde depuis des siècles ! Effrayés, les villageois virent en sa naissance un mauvais présage et jugèrent ses pouvoirs infâmes ; à tel point qu'ils l'estimèrent responsable de cette attaque. Bien sûr, il n'en était rien ! Mais ils avaient vu le rocher se briser, les flammes jaillirent de ses mains et le torrent d'éclairs que sa colère avait invoqué ! Alors ils choisirent unanimement de le chasser...»

Oh non...

« Effondré, le Sorcier tenta de se faire entendre, mais à leurs yeux sa seule existence n'était la preuve de sa cruelle malédiction… Ainsi, il se vit refuser le droit d'enterrer dignement ses enfants, de pleurer sur le corps de sa femme ou de participer à la reconstruction du village… et fut exilé de sa terre natale. »

Seigneur…

« L'âme en peine, il erra pendant des semaines, conscient qu'il ne pourrait jamais plus prendre de femme, avoir d'enfants, construire de maison ou vivre en paix… car le village savait ce qu'il était et se faisant, ce n'était qu'une question de temps avait que toute la contrée ne s'horrifie de la naissance d'un homme tel que lui ! D'un homme pourvu de magie ! D'un homme maudit… C'est donc après trois jours et trois nuits de pleures insoutenables, que le Sorcier décida d'en finir et de rejoindre la plus haute falaise du pays afin de s'y jeter... et d'y mourir. »

Accrochée au bras de son Maître, Hermione sursauta en sentant son serpent remonter le long de son poignet… Seigneur, même lui commençait à trembler !

« Mais avant qu'il ne touche l'eau, que son corps ne se brise sur les flots et que la mort n'emporte son âme… sa magie s'éveilla à nouveau. Plus puissante que jamais, elle se mêla à sa peine, son deuil, sa tristesse, sa rage, sa rancœur et son désespoir, avant de se muer en un sortilège si fort et si violent, qu'on sentit le monde trembler jusqu'aux cœur des Océans ! Il l'ignorait alors, mais son désir de mourir n'était que mensonge… il ne voulait pas mourir ! Non, il voulait simplement retrouver la paix ; vivre heureux et prospérer quelque part où il n'aurait pas à se cacher ! Quelque part où personne ne le jugerait jamais ! Et c'est ce souhait que sa magie a exhaussé... C'est ce souhait qui l'a sauvé ! Et c'est de ce souhait que l'Autre Versant est né… »

Sonné, Voldemort s'entendit haleter. Par Salazar… un sorcier avait créé l'Autre Versant. Un Seul et Unique Sorcier avait créé l'Autre Versant ! Un Sorcier si puissant que sa rage avait scindé la réalité même de leur monde…

« Confus, il fit naufrage sur un rivage inconnu et découvrit une île. Une île regorgeant de vie, de soleil, de fruit, d'écume et de sel. Une île où la nuit, la faim, la soif et le froid n'existaient pas, où le temps ne s'écoulait pas et où les cauchemars ne subsistaient pas. Une île paradisiaque… Cette île. »

Cette île…

« Imbibée de sa propre magie, elle lui offrit chacun de ses désirs : une maison, de la nourriture à profusion, des sauts d'or et des parures d'argent… tout ce dont il rêvait lui apparaissait dans l'instant ! Alors le Sorcier comprit… un cadeau lui avait été accordé : Une chance de tout recommencer. De vivre et de prospérer dans un monde qu'il avait lui-même façonné et dont personne ne pourrait jamais le chasser ! Ainsi, il fit un serment… celui de ne jamais plus laisser une seule âme errer en ce monde. Mais pour cela, il lui fallait apprivoiser sa magie… la pratiquer et s'en servir de telle façon à ce qu'elle surpasse les limites de son île ! Et c'est ce qu'il fit. Pendant des années il pratiqua, s'entraîna et persévéra jusqu'au jour où il fut certain de maîtriser chaque once de ses pouvoirs… jusqu'au jour où il ouvrit les portes de l'Autre Versant à ceux ayant fait naufrage. »

Un tel exploit semblait impossible… et pourtant, il avait réussi. Il avait surpassé le plus grand exploit de l'histoire de la Magie et créé un chemin entre le Grand Versant et cette île…

« Mais il n'était pas fou pour autant ! Il savait qu'une fois découverte, son île attirerait la convoitise des hommes ; qu'ils tenteraient de se l'approprier, d'exploiter ses richesses et de la transformer en un lieu de chaos et d'avarice ! Alors il usa de sa magie pour s'assurer que jamais aucun homme de cette sorte ne puisse un jour poser un pied sur l'île… »

Une nouvelle pause… une nouvelle gorgée… et un nouveau souffle pour reprendre d'une voix changée…

« Son vœu fut le suivant : seuls les égarés, les oubliés et les bannis seront en mesure de trouver la brèche qui les conduira jusqu'à cette île. »

Les égarés, les oubliés, les bannis…

« Mais là encore, il voulait s'assurer de l'honneur de ces hommes ! Alors il créa le Désert de la Grande Duchesse et décréta que seuls ceux ne succubant pas à la trahison ou aux crimes pour étancher leurs soifs, seraient en mesure de survivre au naufrage. »

Ceux ne succubant pas à la trahison ou aux crimes…

« Or, une dernière incertitude le taraudait : celle de leur mérite. C'est là qu'il décida de créer Marise… l'ultime juge de leur survie. Ainsi seuls ceux dont le cœur est robuste et l'âme vaillante, seraient en mesure de résister à la force des courants et de s'échouer sur le rivage… vivants. »

Ceux dont le cœur est robuste et l'âme vaillante…

« Le sort était lancé… En une journée, le Désert et la Vague furent créés et le lendemain même des hommes commencèrent à s'échouer ! Qu'ils soient vieux ou jeunes, marins ou esclaves, hommes ou femmes, tous s'étaient égarés, avaient été bannis, reniés, bafoués, jetés par-dessus bords ou condamnés à mourir noyés pour des crimes qu'ils n'avaient pas commis… et tous avaient eu assez d'honneur et de mérite, pour que la Grande Duchesse et Marise leur accordent le droit d'atteindre l'île en vie. »

Ahuri, les sorciers se jetèrent un regard furtif, emplit de doutes et de surprise. Et pour cause ! Ils avaient enduré toutes ces choses…

Gagnés par le désespoir, ils s'étaient égarés quelque part entre leurs quêtes et leurs devoirs.
Terrassés par leur naufrage, ils n'avaient pas succombé à la trahison et aux crimes pour étancher leurs soifs.
Et bien que la déferlante ne manque de les emporter, Voldemort l'avait protégé de l'impact… tandis qu'elle s'était battue corps et âme pour les sauver de la noyade.

Ainsi tout faisait sens désormais… leurs péripéties n'étaient pas l'incarnation d'une malédiction, d'un fléau ou d'un supplice ! Non ! Ce… ce n'était que des épreuves ; des tests tout aussi extrêmes que savamment conçus, orchestrés dans le seul but de révéler la noblesse des cœurs et la bravoure des âmes ! Dans le seul but d'empêcher ceux ne le méritant pas, de jouir des somptuosités de l'île et de sa magie jalousement cachée par les vagues… Aussi, c'est profondément troublés que les Sorciers s'entendirent brusquement soupirer. Mélange de soulagement et d'une pointe de consternation, leurs esprits s'embrasèrent autour de ses nouvelles informations, les désarmant alors pendant de longues de secondes. Mais l'histoire n'était pas finie… une évidence qui devant le sourire de Connor, leur fit brusquement avaler leur rhum.

« Heureux de pouvoir enfin partager son île et son histoire, le Sorcier les accueillis chez lui, soigna leurs plaies, les nourrit de fruits et les vêtus de plus d'habits qu'aucun d'eux n'en avait jamais porté au cours de sa vie… mais bien sûr, tous ne souhaitèrent pas rester vivre sur l'île. »

- Pourquoi voudraient-ils partir ?! Demanda Voldemort confus.

- Patience camarde !

- Mais…

- J'y viens !

« L'autre Versant était étrange pour eux ; un autre monde emplit d'une magie que peu parvenait à comprendre et dont la seule existence ébranlait leurs consciences ! Alors le Sorcier leur offrit un choix : vivre en paix à ses côtés, dans l'opulence, le réconfort et la certitude qu'aucun mal ne leur arriverait plus jamais… ou retourner dans le Grand Versant, sans ne jamais plus pouvoir le quitter. »

- Cela semble raisonnable. Commenta Hermione.

- En effet… mais en quoi cela à un rapport avec les pirates ?! Demanda le Mage.

- Bon Sang, fermez là ! Tonna-il violemment. C'est moi qui raconte l'histoire !

- Mais…

- Chut !

Se renfrognant sur leurs racines, les sorciers se mordirent la langue sans rien dire… mieux valait se taire devant un enfant dont le rhum agitait les papilles.

« Beaucoup choisirent de rester… mais beaucoup choisirent de partir. Cependant et malgré leur honneur, mérite et courage, le Sorcier ne pouvait prendre le risque de les voir révéler l'existence de son île à leur entourage. Alors il prit une décision et usa de sa magie pour les orner d'une marque indélébile ; pour les lier d'un serment qu'aucun ne pourrait jamais briser sans y perdre la vie. »

Oh Seigneur…

« Un serpent à deux têtes, enroulé sur lui-même ; l'une se mordant la queue et l'autre se mordant elle-même… »

Oh Seigneur !

« Ce symbole incarnait la chance qui leur avait été offerte… mais aussi la promesse de silence qu'il lui avait faite. Ainsi aucun d'eux ne serait jamais en mesure d'oublier le sort qui les frapperaient s'ils se risquaient à la violer… car aucun d'eux ne pourrait jamais révéler l'existence de l'Autre Versant sans en perdre la langue dans l'instant et se transformer en un tas de cendre... »

Sonné, Voldemort sentit son souffle se couper.

Le marin qu'il avait rencontré…
Le tatouage dont son bras était orné…
La magie qui l'avait consumé…
Sa langue qui était tombée…
Son corps qui avait brûlé…

Par Merlin, tout cela s'expliquait enfin ! Ce marin n'était pas un fou ou un maudit ! Non, il… il s'était échoué sur cette île lui aussi ! Et avait décidé d'en partir… avant de briser son serment et de périr devant lui. Une nouvelle que le Mage accueillit dans une grimace, et qui lui fit presque regretter le veritaserum qu'il avait mis dans son verre ce soir-là…

« Ainsi, l'île serait protégée. Ainsi, l'île pourrait prospérer ! Ainsi, ils pourraient tous vivre en paix… et c'est ce qu'il se passa. Pendant des années, des centaines d'hommes et de femmes vécurent heureux et insouciants, cachés du Monde et du Grand Versant… »

S'arrêtant un court instant, les sorciers virent Connor hésiter avant qu'une étrange nostalgie se déforment subitement ses traits.

« Mais la magie du Sorcier n'était pas éternelle… tout comme lui, qui en dépit de ses siècles d'existence, n'était pas immortel. »

Les poings serrés, il détourna le regard dans soupir étouffé, les lèvres pincées de douleur et de souvenirs passés… des souvenirs qui plus il parlait plus l'assaillaient, mais dont les sorciers ne purent saisir la portée.

« Les offrandes de l'île autrefois abondantes commencèrent à s'amoindrir, la nourriture si exquise devînt insipide, l'or et l'argent se transformèrent en vielles reliques, les maisons si belles et chaleureuses tombèrent en ruine et les habitants de l'île se mirent… à partir. Tous sentaient la magie décliner un peu plus chaque année. Tous voyaient le regard du Sorcier changer ; et tout redoutaient le jour où la mort le prendrait… Mais ces craintes étaient hypocrites. La plupart redoutaient davantage l'idée de devoir chasser pour se nourrir, filer le coton pour se vêtir et construire leurs demeures pour y dormir ! Mais cette issue semblait inévitable. Alors une nuit, la moitié d'entre eux décidèrent d'amasser leurs dernières richesses, de prêter serment et de prendre la mer… »

Ainsi, ils avaient pris le large… quelle bande de lâche.

« Inquiets de voir l'île se dépeupler, ceux qui étaient restés fidèles au Sorcier se décidèrent à l'interroger. Ils ne voulaient pas le quitter… mais ses pouvoirs déclinaient et la peur les gagnait. Qu'adviendrait-il d'eux une fois qu'il serait mort ? Devraient-ils partir eux aussi ? Ou rester si l'île au risque d'y mourir ?! A ces questions, le Sorcier n'eut qu'une seule réponse : « Cette île est votre maison… Vous devez la protéger comme elle vous a protégé. Vous devez la chérir et l'aimer comme elle vous a chéri et aimé. Vous devez lui être fidèle et ne jamais la quitter… » Mais il savait aussi que sa mort marquerait la fin de sa magie et le début de leur survie. Or, il se refusait de les laisser à leurs sorts, seuls et reclus du monde, contraint d'attendre la mort ! Alors il descendit jusque dans une crique et fit apparaître des navires… »

Grimaçant plus que jamais, Connor vida son verre pour se donner courage… et pour accessoirement effacer les centaines d'images qui embrumaient son regard.

« L'île me survivra, l'Autre Versant vivra, le Désert perdurera et la Déferlante demeurera… mais l'Histoire m'oubliera et la magie de notre abondance s'effacera. Ne restera alors de mon œuvre qu'un écrin sauvage, perdu entre vagues et nuages, dont les derniers survivants seront à jamais otages… Mais ce sort peut être empêché, si tout comme moi vous vouez à notre île la fidélité et dévotion qui lui sied. Alors voguez mes amis… Prenez ces navires et voguez jusqu'au Grand Versant ! Reprenez lui ce qu'il vous si égoïstement pris et amassez richesses, trésors, nourriture et habits ! Lever vos voiles, prenez le large et remplissez vos calles jusqu'à les vagues plies sous votre passage ! Volez ! Pillez ! Vengez ! Collectez ! Et ne laissez rien au hasard ! Car seulement ainsi, notre abondance perdurera… et seulement ainsi, mon héritage vivra. »

Par tous les Dieux…

« Le Sorcier mourut ce jour-là… dans sa bonté, il nomma un capitaine et embrassa l'équipage, avant d'user de son dernier souffle pour faire naître une étoile. Une étoile que seuls ses hommes seraient capables de voir... Ainsi, ils n'auraient qu'à la suivre pour prendre le large et atteindre l'Océan du Grand Versant ; tout comme ils n'auraient qu'à voguer vers elle pour retrouver leurs chemins et rentrer à la maison... »

Mais… mais si ce Sorcier leur avait donné ses ordres, alors… alors…

« L'équipage le mit en terre et décida d'honorer sa dernière requête… Ils prient donc la mer le soir même et voguèrent, volèrent, pillèrent, vengèrent et collectèrent autant de trésors, d'or, d'argent, d'épices, de tissus, d'objets et de nourritures qu'ils le purent. Leur voyage dura des semaines et quand leurs calles furent enfin pleines, ils revinrent sur l'île et levèrent leurs verres… car enfin la magie était apaisée et leurs vies prospères. »

Seigneur…

« Ainsi étaient nés ceux que le monde redouta. Ainsi étaient nés ceux que le monde appela… des pirates. »

Bouleversée, Hermione s'accrocha à son Maître pour ne pas vaciller, les yeux écarquillés devant tout ce que ce récit impliquait. Par Morgane… C'était ça. Elle peinait à y croire, mais… c'était ça ! C'était ça ! Plus aucun doute ne subsistait, les… les pirates existaient. Réellement. Pleinement. Véritablement. Indubitablement ! Ils existaient… plus encore, ils avaient été créés ! Façonnés et modelés de la main du même Sorcier qui les avaient fait s'échouer sur cette île il y a de ça des centaines d'années ! Un retournement scénaristique tout aussi inédit qu'incroyablement historique, qui manqua de la faire défaillir sur le rebord de sa racine. Par tous les Dieux… ils avaient réussi. C'était fait ! C'était dit ! C'était écrit ! Ils avaient trouvé l'île de toutes leurs convoitises ! Celle-là même où les pirates avaient passé leurs vies ! Celle-là même où ils avaient amassé trésors, nourritures et habits et dont ils n'avaient cessé de nourrir la magie… Seigneur, était-ce possible ? Rêvait-elle ? Divaguait-elle ? Ou le rhum lui montait-il à la tête ?! Elle l'envisagea un court instant, le souffle court devant un Connor au regard ardent. Mais il ne mentait pas… une évidence qui raviva ses espoirs, et dont la certitude la laissa béat.

Car si telle chose était possible…
Si les pirates avaient véritablement entreposé leurs butins sur cette île, alors…
Alors il se pourrait bien qu'ils ne soient qu'à quelques pas de l'ultime prophétie…

Incapable de respirer à cette seule idée, Hermione sentit Voldemort se figer à ses côtés, le cœur transit de la même apnée. Tout aussi ahurit qu'elle, son visage s'était lentement décomposé, symbole du choc et de la stupéfaction qui l'avait frappé. Une réaction commune et partagée, dont les Sorciers ne purent se défaire malgré le rhum qu'ils ne cessaient d'avaler…

« Ils repartirent de nombreuses fois après ça, toujours animés par le désir de préserver leur île et de nourrir la magie qui assurait leur survie. Cela dura des siècles, mais aucun d'eux ne vit le temps passer… tout comme le Sorcier, leurs longévités étaient assurées, leurs santés étaient préservées et leurs prospérités acquises sans regret ! Du moins, jusqu'à ce que… »

La voix de Connor se brisa brusquement, synonyme de l'émoi qu'il peinait à garder entre ses dents. Un émoi qui très vite, agita ses lèvres d'un étrange frémissement.

« Jusqu'à ce que la peur ne commence la tourmenter. »

- Quelle peur ? Se risqua-t-elle à demander.

- Celle de voir le Grand Versant changer… dit-il d'une voix étouffée.

Confus, ils s'échangèrent un regard avant de ne le voir reluquer son verre d'un air maussade. Un air qui ne correspondait pas à son âge et qui les laissa hagard devant ses soudains grondements de rage…

« Leurs longévités commença à les effrayer. Chaque fois qu'ils partaient pour le Grand Versant, le monde changeait, les Empires se disloquaient, les mœurs évoluaient, les bateaux se modernisaient et les armes se perfectionnaient… Comme si le monde avançait sans eux, ils se sentirent à nouveau rejetés, bannis et oubliés par cette terre qui les avait reniés… et se faisant leurs cœurs commencèrent à jalouser le destin qui leur avait été arraché. Bien sûr, ils tentèrent de s'adapter, de s'y faire et de se « mettre à la page » en dépit des décennies qui séparaient chacun de leur voyages… mais qu'importe leurs efforts, ils avaient toujours plusieurs siècles de retards. Et c'est là qu'un nouveau drame arriva… »

Encore un ?!

« Ainsi et après des siècles de bons et loyaux services, de vols, de pillages et d'épopées héroïques, les pirates commencèrent à se lasser de leur vie sur l'île… Certes, la magie exhaussait chacun de leurs désirs, mais leurs cœurs étaient devenus insatiables, envieux et égoïstes. Incapable de se contenter de la chance que leur avait offert le Sorcier et du bonheur de leur paix, la discorde s'infiltra dans les rangs, l'alcool délia les langues et la rancœur intoxiqua leurs sangs. Ils ne voulaient plus être pirates. Ils ne voulaient plus être exclus du monde ! C'est donc après des mois de disputes, d'hésitations et tergiversations, qu'ils décidèrent unanimement de quitter l'Autre Versant… »

- Vraiment ?! S'étouffa le mage ahurit.

- Vraiment… mais contrairement à ce que le raconte la légende, tous ne souhaitèrent pas rentrer vivre dans le Grand Versant. Souffla-t-il.

- Comment ça ?

- Un homme s'opposa à leurs projets…

- Qui ? Demanda Hermione.

Un regard.
Un soupir.
Avant l'ultime récit…

- Leur capitaine.

« Horrifié de les voir renier l'héritage du Sorcier, le Capitaine refusa d'accéder à leurs requêtes et leur interdit de prendre la mer… Fier de son autorité sur eux, il leur assura que le Grand Versant ne leur apporterait que malheurs, déboires et déceptions ! Qu'ils n'y vivraient jamais en paix et que rien au monde ne saurait égaler la beauté, les richesses et la sérénité de l'Autre Versant ! Il leur rappela qu'ils avaient un devoir à honorer, une promesse à tenir et une île à faire vivre ! Plus qu'un désir, il était de leur responsabilité d'assurer la prospérité de la magie ! Mais ils n'écoutèrent pas… et une mutinerie éclata. »

Se frappant violemment le front, Connor gronda entre ses dents, le poing serrés autour de son verre à nouveau vidé avec empressement…

« Et c'est ainsi, que les nobles pirates devirent de vulgaires mutins… Désireux de renverser leur capitaine, ils se rassemblèrent en secret, bafouèrent leurs serments, jurèrent de quitter l'île et commencèrent à lorgner les navires tels des rats prêts à s'enfuir ! Mais le capitaine n'était pas fou… il connaissait ses hommes. Il savait qu'ils ne tarderaient pas à le confronter ! A le défier et à l'abandonner tel orphelin sur un quai ! Alors il décida de les devancer… et de les piéger. »

- De… de les piéger ?!

- Hum hum…

« Le capitaine savait que son temps était compté. Les hommes étaient trop nombreux, trop forts et trop impatients ! Ils n'attendraient plus très longtemps alors… il les convia à un dîner. Mentant ouvertement sur son désir d'apaiser les tensions, il feignit l'ignorance, leur offrit des présents, fit des discours, s'efforça de rallier les rangs et les fit boire jusqu'à ce que plus aucun d'eux ne sache épeler son propre nom. Il lui fallut des jours avant que le dernier d'entre eux ne tombe ivre-mort, mais cela paya… et son piège se referma. »

- Co… comment ça ?!

« Les hommes l'ignoraient, mais avant de rendre l'âme, le Sorcier n'avait pas seulement désigné un Capitaine… il l'avait béni ; et se faisant, lui avait transmis une part de sa magie. Rien d'assez puissant pour manipuler les esprits, mais juste assez pour que le vœu du capitaine se réalise… »

- Quel vœu ? S'inquiéta le Mage.

Transcendé, la voix de Connor trembla, une fièvre le gagna, son corps frissonna et son poing se leva.

« Ô toi, île de mes rêves ! Je lève mon verre en ton nom et implore ton pardon ! Ton équipage t'a failli ce soir, mais que je sois damné sur l'heure, ton Capitaine te reste loyale ! Alors entend ma prière… et aide moi à honorer notre promesse ! Je t'en conjure, empêche les de prendre la mer ! Et fais en sorte que jamais ils ne s'éveillent… »

Ahurit, Voldemort s'entendit déglutir… qu'avait-il dit ?!

« Guidé par la magie, l'île obéit… et l'équipage resta à jamais endormi. »

- Qu… quoi ?!

« Ainsi, il ne fut plus question de mutinerie, de rebellions et de conflits… mais à toute prière, il y a un prix : car désormais, le Capitaine était condamné à vivre seul sur son île. »

- Mais…

« Accablé par la douleur, la solitude et l'aigreur, la légende raconte que la peine dévora son cœur et que son esprit se brisa sous le poids de ses pleures… jusqu'au jour où il vida une bouteille de rhum et demanda à la magie de l'endormir avec ses hommes. Ainsi, le souhait du capitaine s'exhaussa à nouveau et chacun d'eux resta à jamais endormi, caché au fond des calles de leurs navires maudits… »

Silencieux, Connor brusquement ferma les yeux… un court instant pendant lequel les sorciers le virent reprendre sa respiration, avant qu'il ne les regarde à nouveau et ne déclare gravement.

« Depuis lors, on raconte que l'esprit des pirates hante encore le rivage… que des spectres de marins, de bateaux et de voiles chevauchent les vagues et que leurs cris de désespoir retentissent depuis les calles ! Mais jamais aucun d'eux n'atteindra jamais le large… car l'île obéit au capitaine et rien au monde ne saurait un jour transcender sa promesse. Alors prenez garde voyageurs ! Là où s'efface le sable, subsiste un cœur. Là où brille l'Etoile, résonnent des pleurs… Mais qu'importe les Dieux ! Jamais l'âme des pirates ne meurt… »

Grand Dieu…

- Fin !

Fin.
Fin ?
Fin ?!

Mais… Non ! Non ! Ce… cela ne pouvait être possible ! Ça ne pouvait pas se finir ! Pas ainsi ! Qu'arrivait-il aux pirates ?! Restaient-ils endormis ? Et le Capitaine ? Et l'île ?! Qu'allaient-ils tous devenir s'ils ne nourrissaient pas la magie ?! Il devait forcément y avoir une suite ! Un dénouement ! Quelque chose ! N'importe quoi ! Et pourtant c'est sans s'inquiéter de leurs airs effarés, que le petit garçon se rallongea sur son cousin et sourit dans l'écho d'un soupir épuisé… une nonchalance toute aussi incompréhensible qu'ahurissante, face à laquelle le Mage manqua de s'étouffer.

- Et c'est tout ?! S'écria-t-il horrifié.

- Hum hum…

- Non !

- Non ?!

- Mais enfin… qu'est-ce que… où… et comment…

Incapable d'aligner deux mots sans bafouiller, Voldemort sentit une sueur froide mouiller son dos. Par tous les Diables… Il ne pouvait pas les laisser sur ça ! Pas alors qu'il était à deux doigt d'avoir le fin mot de l'histoire ! De trouver les pirates et de donner un sens à leur voyage !

- Il n'y a rien d'autre ?! Insista Hermione décontenancée.

- Qu'est-ce qu'il pourrait y avoir d'autre ? Ils hantent le rivage, tentent de gagner le large mais resteront à jamais endormis dans leurs calles… fin de l'histoire !

- Fin de l'histoire ?! Mais ce n'est pas une fin ça ! Se scandalisa-t-il. C'est… un entracte !

- Un entracte ?!

- Une pause !

Se redressant de moitié, Connor les couva d'un regard amusé… Décidément, son histoire avait eu du succès.

- Désolé camarade… Soupira-t-il. Mais y a rien d'autre à dire.

- Mais il doit bien y avoir une suite ! D'autres légendes ou…

- Je vous les ai toutes dites ! Les pirates ont trahi leur serment envers l'île et leur capitaine les a punis…

- Mais où sont-ils ?! Et leurs trésors, où… où l'ont-ils mis ?

Peu surpris par la connotation d'une telle question, le petit roula des yeux au ciel et se frappa le front.

- Bon sang… vous avez rien compris ! Gronda-t-il.

- Mais…

- C'est l'île ! S'exclama-t-il. Le trésor, c'est l'île ! Chaque pièce d'or, joyaux, bijoux, habits, aliments, tissus qu'ils ont rapporté du Grand Versant… tout fait partie de l'île !

- Partie de l'île ?!

- D'où crois-tu que te vient ta canne ?! Dit-il avec force. Elle a été volée par les pirates ! A un capitaine hollandais peu sympathique d'ailleurs… mais l'essentiel est là ! L'île entrepose le trésor ! C'est pour ça que l'on peut invoquer des habits, des épices, des assiettes et tout ce que l'on désir ! C'est pour ça que le Sorcier leur a fait jurer de nourrir la magie ! Pour que jamais personne ne manque de quoi que ce soit et puisse toujours vivre en paix sur l'île…

Oh Seigneur…

- Tu veux dire que… que tout le monde peut avoir accès au trésor ? Demanda le Mage sans respirer.

- Bien sûr !

- Sans restriction, ni condition ?!

- Hum hum !

Débecté, les sorciers ne surent pas quoi répliquer. Cela semblait trop beau pour être vrai…

- Mais alors, pourquoi… pourquoi ne l'utilises-tu pas ? Demanda Hermione confuse. Je veux dire… tu pourrais vivre dans un palace ! Manger à ta faim et ne jamais manquer de rien !

Amusé, Connor sourit à une telle idée, conscient que son mode de vie devait dénoté… mais elle n'était rien de plus : une idée. Un souhait vide de substance auquel il avait mille fois pensé, mais dont la réalité lui semblait tout aussi futile que top chère payée. Aussi, c'est sans rien dire qu'il regarda son campement et baissa la tête dans un grimace gênée. Oui… il le savait. Il pouvait avoir tout cela ; vivre dans une maison, dormir sur de véritables édredons et manger jusqu'à s'en retourner le ventre. Ne suffisait qu'à demander ! Et pourtant, il n'avait jamais trouvé la force d'en abuser…

- Bah… j'essaie de pas être trop gourmand. Dit-il d'une petite voix. Les pirates sont plus là pour ravitailler la magie alors… faut faire attention. Et puis, j'ai pas à me plaindre ! J'ai une vue magnifique, des corbeilles pleines de fruits, des hamacs à plus savoir où dormir et assez de rhum pour toute une vie ! Je pourrais avoir plus mais… ça me suffit.

Emut, Hermione sentit un sanglot l'étrangler devant sa sincérité. Ce pauvre petit avait tout perdu ; sa vie, son équipage, ses amis… et pourtant il gardait le sourire. Loin d'envier les richesses de cette île pleine de promesses, il choisissait de se satisfaire d'un rivage, de quelques marmites, d'outils et d'un arbre ; il choisissait de vivre certes à l'état sauvage, mais sans gâchis, excès ou désirs avares… sans ne jamais rien réclamer qui ne lui soit pas vitale. Une leçon de vie et d'humilité qui ne manqua pas de les ébranler, depuis son regard heureux et reflets bleutés.

- Donc… si j'ai bien compris. Reprit le Mage. Tout ce qui été rapporté par les pirates peut apparaître ?

- Exacte !

- Juste… comme ça ?

- Hum hum ! J'vous l'ai dit, y a qu'à demander !

- Mais…

- Essayez si vous voulez ! Dit-il subitement.

- Quoi ?!

- Essayez ! Insista-t-il.

Se lançant un rapide coup d'œil, les Sorciers sentirent un nouvel espoir agiter leurs cœurs. Peut-être n'avaient-ils pas besoin de cartes… de trésor ou de pirates ? Peut-être que la réponse à toutes leurs questions était simplement… là ? Cachée à l'abris des regards ? Quelque part, derrière ces somptueux rivages et dunes de sables ? Et pourtant, ils hésitèrent à y croire… certes, cette île regorgeait de magie ; mais de là à espérer que la dernière sphère prophétique leur apparaisse d'un simple souhait ?! Cela semblait utopique…

- Allez ! S'exclama Connor amusé. Demandez !

- En toute honnêteté, je doute que ça marche pour nous… Grimaça le Mage.

- Pourquoi ?

- Parce ce qu'il ne s'agit pas d'invoquer une simple canne ! S'agaça-t-il.

- Comment ça ?!

- Nous t'avons dit que nous étions en voyage… Souffla Hermione gênée. Mais la raison de notre départ est que nous cherchions un objet pour le moins spécial. Un objet qui aurait été en la possession… des pirates.

Surpris, ils virent ses sourcils se froncer dans un hoquet intrigué.

- Vraiment ?!

- Oui… nous ne pensions pas devoir changer de Versant pour la trouver, mais tout nous indique que cette île est le dernier endroit où la sphère aurait été cachée.

- Une sphère ? Répéta-t-il.

Mal à l'aise, Hermione se mordit la lèvre dans un soupir inquiet.

- Oui… c'est une sorte de pierre précieuse, mais elle est très puissante et…

- Petite ? Demanda-t-il brusquement.

- Comment ?

- Votre sphère, elle est petite ? Et bleu ?

Confus, les sorciers hoquetèrent soudainement devant lui, le regard changé devant une question aussi… précise.

- Ou… oui, mais…

- Et elle scintille ?!

Oh Seigneur…

- Tu… tu l'as vu ? Haleta le Mage incrédule.

A sa question, Connor se tut de longues secondes ; un silence étrange, lourd et pesant, dont la clameur impatiente assourdis leurs tympans. Un silence que les deux sorciers subirent comme la plus infâme des souffrances… avant que le petit n'explose subitement de rire devant eux et se ne frappe violemment le front.

- Vous êtes pas croyables ! S'écria-t-il hilare.

- Quoi ?!

- J'vous jure, c'est tordant à voir !

- Tu as vu la sphère ?! Tu la connais ?! Paniqua Hermione en pleine apnée.

- Difficile de la manquer !

Par Morgane…
Par Morgane !
Par Morgane !

- Où est-elle ?! Tonna le Mage. Où l'as-tu vu ?!

Se tenant le ventre entre deux hoquets d'hilarité, Connor peina à reprendre son souffle, la poitrine agitée et les joues rouges. Une réaction profondément incompréhensible à leurs yeux, qui les électrisa d'un frison nerveux. Bon sang, ce n'était pas un jeu ! Et pourtant, c'est sans même la voir que la réponse à toutes leurs questions, gisaient à côtés d'eux…

- Connor, où tu l'as vu ?! S'écria-t-il à bout de nerf.

- Du calme camarade ! Elle est pas loin !

- Pas loin ?! Mais… où ?

De nouveaux rires… pour une réponse aussi évidente que risible.

- Dans ta main !

Un silence…
Puis deux…

Interdit, Voldemort ne comprit pas ce qu'il voulut lui dire. Frappé d'incompréhension, il fronça les sourcils, balbutia devant la force de son rire et se sentit violemment frémir… avant son regard ne se porte machinalement sur sa main… et que ne résonne la clameur maline du Destin.

Par tous les Dieux…
C'était impossible… mais l'impossible ne s'appliquait à la magie de l'île.

Car alors même qu'il sentait une nouvelle rage lui monter au nez et que son esprit s'agitait devant ces moqueries à peines déguisées, les Dieux l'avait honoré. La providence s'était réalisée. La magie l'avait frappé ! Et la sphère qu'ils avaient tant prié de trouver… la sphère pour laquelle ils étaient prêts à se damner… celle-là même qui avait bien failli tout leur coûter… était apparue au creux de son poing serré.

Pétrifié, il entendit Hermione haleter, Connor s'esclaffer et son souffle se couper…. Mais rien n'aurait pu le détourner de ce que ses yeux se mirent à détailler. Car il ne rêvait pas... La sphère était là.

Gisant nonchalamment dans la paume de sa main, son verre de rhum avait disparu sans même qu'il ne s'en rende compte, le laissant alors muet de sidération. Hallucinait-t-il ? Divaguait-il ? Etait-il ivre ?! Il le crut, incapable de respirer devant la clarté bleutée de ses étranges volutes. Mais rien n'aurait su égaler la douceur de ses contours polie… pas plus que ses scintillements volatils ou la majesté de son halo gorgé de magie. Une magie ancestrale ; une magie prophétique… une magie synonyme de survie, dont la puissance manqua de le faire défaillir.

Grand Dieu…
L'île l'avait entendu.
Et comme si de rien n'était, l'ultime sphère prophétique était apparue…


Heyyy ! Et voilà :DDDDD

Le mystère de l'Autre Versant, de l'île et des pirates est enfin révélé... et avec eux, le mystère de la toute dernière sphère prophétique ! Qu'en avez-vous pensé ?

En tout cas, j'espère que ce chapitre vous aura plu ! Beaucoup d'indices se cachent dedans... des petits détails à l'allure anodine mais en réalité très importants, qui définira le nouveau défi de nos chers sorciers, ainsi qu'un certain secret qui ne manquera pas de les tourmenter ;) N'hésiter pas à me dire en commentaire si vous pensez en avoir trouver ! :D

Sur ce, je vous dis à la semaine prochaine ;) A très vite !