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Accroupie sur son rocher, Hermione soupira d'aise en sentant l'eau effleurer ses pieds. Une eau froide, douce et cristalline… une eau secrète, cachée au cœur des fourrées de l'île… une eau dont les reflets hypnotiques suffirent à la transir d'un millier de frissons imperceptibles. Grand Dieu… qu'il était bon de se défaire de ses haillons, de respirer à pleins poumons, de sentir le soleil l'effleurer avec bienveillance et de laisser ses cheveux voler au vent… de sentir la fraîcheur de l'eau apaiser la fièvre de son sang, sa mâchoire desserrer ses dents et le doux silence du patio effacer ses tourments… de vivre un court instant sans craindre de ne voir ses espoirs réduit à néant, ni son cœur se fendre sous l'étau de la plus incommensurable des hontes… Depuis quand n'avait-elle pas fait cela ? Depuis quand n'avait-elle pris soin d'elle ? Enduit son corps d'huile, de savons et d'essence de miel ? Ou simplement rincer ses cheveux, délavés par le sel de mer ?! Elle ne fut pas certaine de la réponse… mais comprit à la rugosité de sa peau, à la longueur de ses ongles et aux nœuds de son chignon, que cela remontait à un bien longtemps. Bien, bien trop longtemps… C'est donc le cœur battant et les joues roses que la jeune femme contempla ses chevilles danser dans l'eau, avant de s'élancer dans un dernier sursaut.
Quand Connor l'avait assuré qu'elle pourrait se laver dans l'eau la plus pure de l'Autre Versant, Hermione avait d'abord été septique – en particulier quand il lui avait assuré que ces bassins avaient précieusement été gardés par les femmes de l'île. Aussi, elle n'avait pas compris pourquoi leur marche avait été si longue, pourquoi la forêt avait semblé de plus en plus dense, ni même pourquoi il avait insisté pour qu'elle ne se lave pas dans un simple lagon ! Mais quand ils étaient arrivés… et qu'elle avait vu ce qu'il se languissait de lui montrer… elle avait compris. Car elle ne pouvait le nier ; jamais elle n'avait vu plus belle oasis de sa vie. Perdue dans les hauteurs de l'île, quelque part entre un vergé de manguiers et un parterre de lys, reposait non pas une source, un écrin d'eau douce ou une simple cascade aux remous troubles… mais un véritable bijou. Telle l'entrée d'un palais, elle était restée ébahit devant la majesté d'un imposant escalier en marche blanc… devant ses gravures, liserées d'or et d'argent… ou encore ses émeraudes, rubis, ambres et diamants. Caché sous un amas de fleurs et d'arbres grimpant, il s'était dressé devant eux avec majesté, les éblouissant alors de ses contours ciselés et clarté immaculée. Un monument pour le moins étonnant, qui n'était en réalité que la mise en bouche d'un trésor encore plus époustouflant… d'un bassin digne d'un Sultan. Entourés d'imposants arbres et encastré à même la roche de la montagne, il s'étendait sur plus d'une vingtaine de mètres de marbre, de fontaines taillées, de dalles gravées et bancs immergés. Semblable aux thermes de la Grèce Antique, d'incroyables colonnes torsadées encadraient son entrée, symbole de force, d'élégance et de richesses passée ; une finesse d'architecture qui l'avait laissé sans voix… avant que son cœur ne défaille devant les remous délicats d'une petite cascade. Loin d'un déluge, cette dernière serpentait lentement sur la roche de la montagne, mélange de goutte à goutte et de légers tourbillons d'eaux, laissant alors un doux silence emplir le patio… un silence seulement parcourus de quelques légers chants d'oiseaux, dont les mélodies romantiques résonnaient en de lointains échos. Orné de tapis de fleurs, de corbeilles de fruits et de jarres d'huile, elle s'était laissée conquérir par la clarté de l'eau translucide, la douceur du marbre poli et les effluves des milles bouquet de lys… un paysage aux allures de paradis, dont les pierres précieuses et linges fleuris avaient suffi à l'éblouir.
« La magie de l'île a tout préservé… lui avait-il dit. L'eau, les sculptures, les huiles… tout est comme au premier jour ! »
Comme au premier jour… Oui, elle n'en doutait plus désormais. Cette île était un cadeau. Un écrin de magie ancestrale, de végétation sauvage, de beauté délicate et joies volages, dont les forêts, arbres et cascades, n'avaient rien à envier à la somptuosité des rivages… un véritable trésor, caché à l'abris du temps et de l'avidité de l'homme. Aussi, c'est l'âme en peine et le front étreint d'une nouvelle migraine que la jeune femme s'y était réfugiée après son réveil… non pas qu'un coma en plein soleil puisse s'apparenter à un quelconque sommeil. Mais à bon s'en soucier ? En particulier après qu'elle se soit écroulée ivre morte sous un cocotier ?! Ce qui était fait, était fait… Et puis, bien que ce ne soit pas très orthodoxe, ça avait marché ; car ça lui avait permis d'oublier… un exploit, qui certes lui avait coûté une horrible nausée, un mal de crâne carabiné et une haleine qui lui piquait le nez, mais qu'elle ne regrettait pas d'avoir relevé. Car telle était la seule raison de son ivresse… de ses pleurs et de sa détresse. Oublier. Encore et toujours, elle voulait oublier ! Oublier quoi ? Elle n'avait même pas la force d'y penser sans trembler ; sans sentir un nouvel effroi la faire haleter et ses pensées se déliter sous la douleur de son cœur éventré… sans sentir l'essence même de son être se briser…
« Je vous aime… »
Non… non, elle n'avait pas à sombrer. Elle n'avait pas à y penser ! A se lamenter ! Ou à laisser le souvenir de cet insupportable vérité la détruire plus qu'il ne l'avait déjà fait ! Oui… elle pouvait l'éviter. Elle pouvait y échapper ! Pas éternellement, elle le savait… mais juste assez longtemps pour lui donner la force de ne pas s'écrouler. C'est donc sans hésiter que la jeune femme avança lentement dans le bassin et inspira à pleins poumons ses odeurs de roses et de jasmins. Peu profond, elle frissonna quand l'eau lui lécha les jambes, effleura ses hanches et couvrit son ventre… des sensations simple, légères et vivifiantes, qui lui parurent cependant... étranges. Et pour cause ! Cela faisait des lustres qu'elle n'avait pas eu de moment d'intimité ; qu'elle ne s'était pas baignée, heureuse et insouciante dans une eau ne cherchant pas à la noyer… qu'elle n'avait tout simplement pas vu son corps nu renouer avec tout ce dont il avait été privé. Un constat peu surprenant aux vues des récents évènements, qui ne parvînt qu'à lui arracher de nouveaux frissons. Oui… bien trop longtemps. Respirant un grand coup, elle mouilla donc son poitrail, sa nuque et ses bras, avant de ne renverser la tête en arrière et de ne se laisser délicatement flotter aux abords d'une fontaine. De petites taille, cette dernière se dressait fièrement en l'effigie d'une femme nue portant une imposante cruche… une femme aux yeux d'ambres, dont les courbes envieuses et ciselures étincelantes surplombaient majestueusement un petit banc de marbre blanc. Fascinée, Hermione la détailla sans respirer, émut devant la finesse de son corps finement sculptée… elle était magnifique. Une œuvre à la beauté toute aussi esthétique que légèrement érotique, qui lui arracha un sourire conquis quand elle se redressa pour s'assoir son jet tranquille. Légère sur son corps, elle laissa l'eau caresser son visage, son cou, son dos et sa poitrine, avant que sa fraîcheur ne la fasse doucement frémir… et que ses sens ne commencent peu à peu à s'engourdir. Un instant de douceur et de tendresse… un instant presque irréel après leur traversée du désert… un instant qui répondit à toutes ses prières et qui aurait presque pu la faire pleurer quand elle massa délicatement sa prothèse. Bien moins douloureuse que la veille, la magie avait fini par apaiser ses spasmes, effacer sa douleur et endiguer son étrange pâleur ; ou était-ce à cause du rhum ? Mieux valait ne pas savoir… mais qu'importe ! Elle pouvait désormais se déplacer sans canne ; un maigre réconfort après qu'elle ait manqué de s'immoler sur le rivage…
Seigneur… s'immoler. Horrifiée à cette seule pensée, Hermione sentit un nouvel émoi la faire trembler et enfouie la tête sous l'eau dans un sursaut gêné. Comme si elle cherchait à se cacher, elle s'accrocha au banc pour ne pas remonter en surface, le corps flottant et las en dépit de son désespoir… Grand Dieu, elle l'avait vraiment fait. Elle avait mis le feu à sa chemise ! Elle… elle avait franchi le cap de la bêtise. Non pas que ce soit une véritable surprise ! Mais de là à incendier son propre habit ? A perdre le contrôle de sa magie ? Et à laisser sa douleur la faire sombrer dans la plus indécente des folies ? C'était le comble du risible ! De l'absurde ! Que dire, de l'hérésie ! A tel point qu'en d'autres circonstances, elle en aurait probablement ri ! Mais pas aujourd'hui… pas alors même que ses bras étaient encore couverts de suie et que la honte transcendait son esprit…
« Je vous aime… »
Une honte vicieuse, lourde et irascible.
« Je vous aime… »
Une honte bien trop multiple…
« Je vous aime… »
Une honte qui plus elle y pensait, plus lui donnait envie de vomir.
« Je vous aime… »
Bon Dieu, elle devait oublier ! Tout oublier ! Mais comment aurait-elle pu y arriver, quand son propre esprit la trahissait ?
« Je vous aime… »
Non… elle ne devait pas y penser. Elle ne devait sentir que l'eau, que la dureté du marbre dans son dos, la douceur des flots et les frémissements de son serpent sur sa peau ! N'entendre que les battements de son cœur, ne voir que le reflet distordu des arbres en fleurs et le scintillement fugace des remous joueurs ! Se concentrer sur chacun de ses détails et rejeter jusqu'aux derniers hurlements de son âme… car se souvenir ne la mènerait à rien. Souffrir ne la mènerait à rien ! Ne lui restait plus qu'à prier pour que son déni apaise son agonie… et redonne un jour un sens à sa vie.
Grimaçant dans son apnée, Hermione se laissa lentement remonter en surface, laissant alors ses pensées se déliter à mesure que le jet de la fontaine lui cinglait doucement le visage. Immobile, elle ignora combien de temps elle resta là, à flotter contre son banc, les joues roses et le pouls battant… mais se redressa quand elle sentit son échine s'hérisser au cri de son serpent. Enroulée contre sa poitrine, la petite créature rampait joyeusement autour des seins nus, heureux de ne plus avoir à se cacher sous ses infâmes tissus… une joie pour le moins communicative, qui réussit à lui arracher un sourire. Pauvre petit… lui aussi avait souffert du soleil, du sable, de leur naufrage, de la sécheresse du sel et de la violence des vagues. Mais plus encore ! Il avait souffert à cause d'elle… à cause de ses excès, de ses douleurs et de ses peines ; à cause de ses cris, de ses colères et de sa fureur incendiaire. A cause de tout ce qu'elle faisait endurer à son corps, mais qu'elle ignorait à tort… A croire qu'ils étaient tous deux destinés à souffrir ainsi : en silence, loin du monde qui ne cessait de les maudire.
- Ne t'inquiète pas… lui souffla-t-elle en lui caressant la tête. Ça passera.
Oui… elle l'espérait. Car il ne s'agissait pas d'une promesse, mais d'une prière… la seule qui parvenait encore à franchir ses lèvres.
- Prêt pour le bain de ta vie ? Lui demanda-t-elle subitement.
Lui répondant d'un claquement de langue, la jeune femme s'étira dans un grondement avant de s'assoir pleinement sur son banc, le corps secoué d'impatience. Il lui faudrait des heures avant de parvenir à ôter la suie, le sable, les nœuds et la poussière qui l'ornaient encore… mais elle avait tout le temps devant elle, et rien de mieux à faire. Aussi, c'est avec curiosité qu'elle invoqua flacons, soins et lotions, et commença à masser son corps avec attention. Couverts de bleu, de bosses et d'égratignures, elle s'enduit d'huile de mangue et de jasmin, nettoya délicatement sa peau d'un gant de crin et remonta délicatement des jambes jusqu'à ses reins. Soigneuse dans ses gestes, elle appliqua lotions et crèmes sur sa prothèse, veilla à ne pas négliger un seul orteil et sourit en voyant ses reflets argentés céder la place à un teint de porcelaine. Nul doute que sa rudesse habituelle ne l'avait pas aidé à se remettre… un constat d'autant plus flagrant, qu'elle ne l'avait encore jamais senti aussi légère. Heureuse, elle se laissa aller à la douceur de ce moment et continua son œuvre en massant son ventre, sa poitrine et ses hanches. Douloureuses après ses chutes à répétition, elle vit ces dernières ornées de larges éraflures sanglantes – vestiges du saccage qu'elle avait mis dans sa tente… elle les couvrit donc d'onguents et d'huile à base de feuille de menthe. Un remède qui ne manqua pas de la faire grimacer, mais dont l'effet étonnement glacé la fit subitement frissonner. S'en suivit alors la tâche plus ardue de son œuvre… sa chevelure. Presque plus emmêlée que du temps où elle vivait en forêt, elle ne mit pas moins d'une bonne heure et plus d'un litre d'huile d'argan avant de parvenir à ôter feuille, débris, sable, et suie qui s'étaient cachés dans ses racines. Une épreuve d'autant plus herculéenne, que ses nœuds semblaient s'être solidifiés sous l'effet du sel… Mais elle ne désespéra pas pour autant et s'attela à défaire chacun d'eux avec précaution. Un peigne d'ivoire en main, elle brossa, démêla, délia, enduit, moussa, rinça, et recommença jusqu'à ne plus en sentir ses bras ! Mais cela marcha… à tel point qu'au bout d'une autre heure, elle hoqueta de surprise devant leur nouvelle longueur. Bien plus longs et épais que dans ses souvenirs, elle fut sans voix en les voyant couvrir sa poitrine, ses pointes effleurant son bas-ventre en de petites boucles timides… Largement délavés par le soleil, elle se surprit même à voir sa mèche blonde-platine se fondre dans ses longueurs désormais couleur de miel, et sourit d'avantage devant la dorure de leurs nouveaux reflets. Certes, elle était encore loin d'être blonde… mais savait déjà que Drago s'émouvrait devant leur nouvelle ressemblance. A croire que leur naufrage n'avait pas eu que des inconvénients ! Du moins, si elle laissait de côté la peur, la famine, la déshydratation et son amputation…
Ainsi, c'est légère et apaisée qu'Hermione passa plusieurs heures dans les bassins, à se couvrir d'huiles, d'onguents et de parfums… pourtant et alors même qu'elle se sentait enfin fuir la cruauté de son infâme destin, un étrange frisson interrompu brusquement son bain. Sourd, muet et anormalement soudain, il résonna depuis sa marque en un écho lointain… avant que son appel ne s'intensifie violemment et que le cri de son serpent ne la fige d'ahurissement. Immobile sur son banc, Hermione n'osa plus respirer, le souffle court devant le frémissement de sa chaire transcendée ; le souffle court devant tout ce qu'il signifiait…
Seigneur… cette sensation, cette brûlure née du néant, ce tambour tout aussi discret que harassant… c'était… c'était…
Non. Non… elle devait rêver. Divaguer. Halluciner ! Et pourtant, son serpent hurlait… sa marque s'agitait et son cœur s'emballait. Incapable de lutter, elle sentit son échine s'hérisser, ses joues s'empourprer, ses mains trembler et son corps vaciller à mesure que tout son être palpitait au rythme de cet appel étouffé ; au rythme de cette sommation inavouée qui tel le cri d'un condamné, se mit brusquement à la faire haleter… Grand Dieu, elle ne pouvait se tromper.
Son Maître approchait.
Sonnée à cette seule idée, la jeune femme se sentit chavirer… avant que d'étranges ronds d'eau ne viennent soudainement l'effleurer. Anormalement larges, ils la couvrirent de leurs reflets nacrés, la laissant confuse devant leurs vitesses et vaguelettes désordonnées ; jusqu'à ce qu'un nouveau vent salé ne commence à se lever et que le silence du bassin ne la laisse se pétrifier. Par tous les Dieux… elle se trompait.
Ces vaguelettes n'étaient pas anormales.
Ce vent ne venait pas du rivage.
Et son Maître n'approchait pas…
Non… Il était déjà là.
Sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Telle était la litanie qui hantait ses pensées, le cri que son cœur scandait, l'ultimatum que son esprit hurlait… telle était la vérité qu'il avait mis trop longtemps à réaliser. Oui… Voldemort le voyait clairement désormais. Hermione l'aimait. Hermione l'aimait ! Et bien qu'il ne parvienne pas encore à comprendre pleinement ce que cela signifiait, il refusait de l'effacer… de l'oublier, ou de laisser ses peurs, sa lâcheté ou son incertitude le convaincre que son amour n'avait jamais existé ! Oui… il avait fini de se cacher. Il avait fini de la fuir et de l'ignorer ! Car Connor se trompait… il n'avait pas manqué la marée. Il n'avait pas raté sa chance ! Il n'avait pas perdu son Initiée ! Une affirmation bien moins certaine qu'il ne voulut se l'avouer, mais dont le seul doute n'était parvenu qu'à le faire accélérer…
Transcendé après avoir quitté Connor et son pique-nique improvisé, le Mage avait fouillé la plage dans une course effrénée, retourné sa tente déjà dévastée et inspecté chaque cocotier du rivage dans l'espoir de la trouver… jusqu'à ce qu'il ne perdre patience… et que la magie de sa marque ne le guide subitement en forêt. Qu'était-elle partie y faire ? Il ne chercha pas à se le demander, l'esprit en feu sous les cris des milles pensées… l'esprit en feu sous les mots que Connor avait osé prononcer. « Elle aura juste arrêté de t'aimer. » Non… non, il ne savait pas de quoi il parlait ! Il ne connaissait pas Hermione comme lui la connaissait ! Il ne pouvait dire vrai ! Car Hermione… Hermione l'aimait. Elle le lui avait dit, prouvé, hurlé, chanté ! Et se faisant, elle ne pourrait jamais se raviser... elle ne pourrait jamais prétendre que tout cela était mensonger ! Elle n'en avait pas le droit ! Car bien qu'elle l'ignore encore, elle venait de signer un pacte avec le diable. Un pacte qui la liait à jamais à lui… et qu'il veillerait à ce qu'elle honore jusqu'à la fin de sa vie.
Oui… tel était son vœu et sa promesse. Hermione ne le quitterait pas. Hermione ne se détournerait pas ! Hermione ne l'oublierait pas ! Non… elle l'aimait et continuerait de l'aimer.
Hermione l'aimait et continuerait de l'aimer.
Hermione l'aimait et continuerait de l'aimer.
Hermione l'aimait et continuerait de l'aimer !
Et ce comme elle l'avait toujours fait…
Seigneur… si seulement il l'avait compris plus tôt. Si seulement il n'avait pas été aussi bête et sot ! Car son amour était évident ! Criant ! Voyant ! Constant ! Pour preuve, elle n'avait jamais cessé de lui témoigner son affection ! De faire preuve de douceur, d'inquiétude et de compassion ! De le regarder avec complicité, tendresse et dévotion ! Mais qu'avait-il fait de son côté ? Qu'avait-il compris de tous ces signes à peine cachés ?! Qu'elle était une bonne Initiée… qu'elle était fiable, déterminée et pleine des qualités... alors que depuis le début, elle n'avait jamais cessé de l'aimer. Bon sang… il avait tout manqué. Tout raté. Tout nié. Tout gâché ! Incapable d'entendre ce qu'elle n'avait cessé de lui crier, il avait laissé son égo l'aveugler, sa fierté le manipuler et ses préjugés le détourner de la vérité ! Le détourner de la seule femme prête à tout pour le garder à ses côtés ; de la seule femme assez inconsciente pour l'aimer… de la seule femme qu'il ne mériterait jamais. Alors la perdre ? La voir se résigner ? S'avouer vaincue devant le mirage d'une fausse défaite ? Et effacer son amour pour lui dans l'espoir d'apaiser sa peine ? Non… non, il ne la laisserait pas faire. Car quoi qu'elle puisse en penser, le pacte était signé ; et se faisant, elle était sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Un mantra qui ne le quitta pas quand il s'enfonça dans les fourrées, traversa un verger de manguiers et sauta par-dessus les rochers…
Une vérité qui le hanta quand il dévala les marches de cet étrange escalier et sentit sa marque se rapprocher…
Un désir qui le fit presque chavirer, quand il la vit se baigner, seule et dénudée au milieu d'un immense bassin marbré…
Bouleversé, Voldemort sentit son corps se pétrifier. Comme si cœur tombait de sa poitrine, que son esprit se mettait en sourdine et que son âme tombait en ruine, il ne parvînt plus à penser, à parler ni même à respirer… ne laissant alors de lui qu'un corps muet et transit, devant le mirage de cette vision clandestine. Devant elle et ses courbes divines. Devant elle et son porté de cygne. Devant elle, Hermione… la plus belle créature qu'il ait vu de sa vie. Concentrée sur son œuvre, cette dernière ne le vit pas se figer à l'orée de l'eau cristalline… pas plus qu'elle ne l'entendit haleter, le souffle court et les joues rouges d'adrénaline. Non, elle le ne vit rien. Et pourtant, il ne chercha pas à se cacher… à vrai dire, il ne trouva même pas la force d'y penser ; de se gêner ou de se détourner ! Et quand bien il l'aurait voulu, comment aurait-il pu ? Comment aurait-il pu détourner le regard ? Se confondre en excuse, l'air hagard ? Ou seulement prétendre ne pas être là ?! Jamais encore il n'avait ressenti ça… jamais encore il n'avait été tant envoûté, tant troublé, tant désarmé, devant un corps dénudé ! Car jamais encore il n'en avait vu de corps plus parfait…
Le regard ancré sur ses cheveux, sa peau et les huiles qu'elle veillait à appliquer, elle renversa la tête sur le côté, laissa l'eau ramper le long de sa silhouette galbée et ferma les yeux dans un soupir satisfait. Comme si plus rien n'existait autour d'elle, il la vit même lever les bras en l'air pour s'étirer de tout son long, les muscles de son dos se contractant légèrement à mesure que résonnait l'inaudible craquement de ses articulations. Un geste simple, naturel et d'apparence anodine, que Voldemort ne put s'empêcher de trouver étrangement intime… et incontestablement sublime. Etirée vers le ciel, la tête rejetée en arrière et les cheveux baignés de lumière, elle semblait sortir tout droit de l'une de ces scènes gravées à même le marbre d'un temple Grec ; d'un de ces tableaux où se baignaient fées, vélanes et créatures enchanteresses, avec en son centre la plus somptueuse de toutes les Déesses…
Oui… une Déesse.
Un Être de grâce, d'envie et de prières. Un ange tombé du ciel à l'élégance princière. Une Reine baignée de rêves et d'imaginaire. Une femme auréolée de mystère, dont la beauté irréelle aurait su transir le Grand Jupiter lui-même ! Seigneur… il perdait la tête. Mais comment aurait-il pu en être autrement ?! Elle était parfaite… Qu'importe la descende, le protocole et l'étiquette, cette femme était parfaite ! De ses mains à ses bras, de sa clavicule à sa nuque, de ses épaules aux lignes de son dos, de son ventre à ses hanches, de sa chute de rein à ses seins… tout chez elle était absolument, incroyablement et irrésistiblement parfait. Une évidence qui sans qu'il ne puisse lutter, ne tarda pas à faire trembler sa chaire… Incapable de se détourner, le Mage se sentit brusquement manquer d'air dans sa contemplation muette ; une apnée qui ne parvînt qu'à s'intensifier quand il vit son corps se cambrer lentement contre la fontaine… quand se dessina le léger rehaussement de ses côtes sous sa peau de porcelaine... et qu'un imperceptible sourire vînt doucement effleurer ses lèvres.
Grand Dieu… comment avait-il pu vivre chaque jour à ses côtés sans être frappé par sa beauté ? Sans sentir son cœur, son corps et son âme trembler face à la perfection de ses traits ? Sans réaliser que sa propre Initiée était le plus beau cadeau que les Dieux lui ait jamais accordé ? Certes, il lui avait toujours témoigné son admiration pour son indescriptible prestance, son courage ou encore ses incroyables connaissances… mais il ne voyait en ce temps que son potentiel de destruction, la victoire de son allégeance et son incommensurable puissance. Or aujourd'hui et en cet instant précis, il la voyait pour la première fois de sa vie. Il la voyait elle… sans magie, robes ou artifices ; sans guerres, rapports de force, fléaux ou conflits ! Il la voyait pour ce qu'elle était vraiment : le Salut de son existence.
Car Connor avait raison… Hermione n'était pas qu'une Initiée. Elle n'était pas qu'une sorcière au talent inexploité ou qu'une Reine digne de régner ! Non, elle était tout ce qu'un homme pouvait désirer, rêver et prier : une femme d'esprit, de cœur et de beauté… une femme pleine de vie, d'amour et de sensualité. Une femme pour laquelle n'importe quel homme serait prêt à se damner dans l'espoir d'avoir l'honneur de s'en faire aimer… Mais ce que le monde ignorait, était que cet amour lui revenait. A lui… Voldemort. Le seul homme à qui elle avait donné son cœur. Et le seul homme assez aveugle pour ne pas l'avoir fait sienne sur l'heure.
Oui. Sienne…
Sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Sienne… à jamais.
Assourdis, le Mage frémit en sentant les cris de sa litanie lui assiéger l'esprit ; une litanie forte et exigeante, qui sans qu'il ne s'en rende compte, embrasa l'appel de son désir… et éveilla sa magie. Frémissant dans la paume de ses mains, une gerbe d'étincelle jaillit subitement depuis ses poings ; des étincelles qui portées par le vent allèrent délicatement s'éteindre dans l'eau du bassin... Indifférent à ce détail, Voldemort n'y porta pas un seul regard ; mais il était trop tard. Car alors que l'eau se mettait à crépiter et que de légers ronds d'eaux commençaient à se former, Hermione elle s'était figée… Une main perdue dans ses cheveux, elle resta immobile en dépit de ses tremblements nerveux, le regard ancré sur son serpent et ses sifflements heureux. Un instant étrangement calme et silencieux, dont le sens caché les transits tous deux. Oui, il n'y avait plus rien à nier désormais…
Elle savait qu'il était là.
Elle l'avait senti depuis sa marque.
Elle avait entendu le cri de son âme !
C'est là qu'elle fit volte-face… et que le temps s'arrêta.
Transcendée, Hermione se sentit vaciller sous la violence de son apnée. Comme si le monde s'était arrêté, que la cascade avait cessé de couler et que le bassin lui-même s'était vidé, elle ne comprit pas pourquoi sa vue s'obscurcit dans un jappement étouffé ; pourquoi ses prunelles se mirent à balbutier, ou pourquoi son cœur sembla sur le point d'exploser… et pourtant, elle aurait dû le deviner. Elle aurait dû le voir, le comprendre et même s'en douter ! Mais c'était à peine si elle parvenait encore à s'entendre penser... Assourdi, transi et déroutée, elle ne réussi qu'à se figer, le souffle court et l'esprit renversé, la laissant alors béate devant l'étrange vision qu'elle contemplait ; devant cette silhouette aux contours floutés… devant ce corps à la peau ambrée… et ce regard aux pupilles acérées. Des pupilles qui sans qu'elle ne s'en rende compte, se mirent silencieusement à la détailler.
Seigneur… elle ne pouvait pas se tromper. C'était… c'était…
Bouleversée, la jeune femme ne parvînt plus à bouger, à parler ou à respirer… incapable de rassembler ses pensées, elle alla jusqu'à en oublier sa plus complète nudité, son serpent rampant frénétiquement autour de sa poitrine dénudée. Oui… elle oublia tout. De son gant de crain à ses lotions, de ses huiles de jasmin à l'eau sur ses hanches, du frisson de ses seins jusqu'à la mousse de son ventre… elle ne vit plus rien. N'entendit plus rien. Ne sentit plus rien ! Rien si ce n'est la palpitation lancinante de son appel lointain ; de son cri tout aussi fourbe que malin… qui à eux seuls, lui donnèrent l'impression de tomber dans un nouveau ravin. Non… non, non, non ! Elle devait rêver ! Halluciner ! Divaguer ! Il ne pouvait pas… Il… il ne pouvait pas être là ! Pas ici. Pas maintenant ! Mais aucune braise, aucun brasier, aucun enfer n'aurait pu égaler ce feu incandescent, cette aura rayonnante – que dire ! – cette grandeur toute aussi avilissante qu'insupportablement envoûtante ! Oui… rien n'aurait pu égaler la fièvre qui embrasa son sang ; pas plus que l'émoi qui lui cloua la langue…
Non… elle ne rêvait pas… son Maître était là. Une vérité qu'elle peina à croire sous les échos latents de son désespoir, mais dont l'évidence manqua de la faire chavirer de son banc en marbre.
Son Maître était là…
Son Maître était là…
Son Maître était là !
Incapable de le réaliser, de l'admettre ou de seulement le penser sans sentir son cœur flancher, Hermione balbutia dans un tressaillement muet. Au bord de l'effondrement, ses joues se vidèrent de son sang, son corps se pétrifia entre mille tremblements et son esprit se liquéfia sous les cris de leur nouveau silence… un silence comme elle n'en avait encore jamais entendu, et dont les seuls battements suffirent à la transir d'ahurissement. Grand Dieu… son Maître était là. Là, face à elle ! Sans sourire, moquerie, cris ni colère ! Il… il était revenu vers elle. Mais pourquoi ? Par quel miracle ?! N'avait-il pas pris la fuite ? N'était-il pas parti se cacher, affligé par la découverte de la sphère prophétique ? Horrifié devant les pouvoirs de l'île ? Troublé et effrayé par l'aveu de son amour puérile ? Si… et pourtant, alors même qu'elle avait perdu tout espoir, que la douleur avait dévasté son âme et que l'essence même de son être avait volé en mille éclats, il se tenait là… prêt à la briser une nouvelle fois. Indifférent à son silence, sa surprise ou aux étincelles crépitantes entre ses poings, il la fixait sans sourciller, sans parler, trembler ni même respirer… Immobile devant le bassin, il ne laissa échapper de sa gorge qu'un étrange grondement félin, le corps auréolé de lumière sous l'effervescence de ses pouvoirs divins. Un instant tout aussi incompréhensible que soudain, qui ne parvînt qu'à la pétrifier davantage devant le feu de son regard sanguin… Un regard à l'emprise indéfectible. Un regard aux frémissements frénétiques ; un regard comme elle n'en avait encore jamais vu de sa vie et face auquel la jeune femme se sentie brusquement défaillir...
Grand Dieu… jamais elle ne l'avait vu ainsi. Jamais elle ne l'avait aussi statique, transit et grandi d'adrénaline. Jamais elle ne l'avait vu la contempler d'un air aussi… avide. Etait-ce à cause de ce qu'elle lui avait dit ? Etait-il en colère ? Ou désireux de la punir ? Non… non, il n'aurait pas mis si longtemps à lui revenir. Mais alors pourquoi ? Pourquoi était-il là ? Et elle, que devait-elle faire ?! Parler ? S'indigner ? Se cacher ? Ou le rejeter tout aussi violemment qu'il l'avait blessé ? Elle ne sut pas… et en tout honnêteté, n'y pensa même pas. Ensuquée par la force de son aura, elle laissa sa conscience lui échapper, son corps frissonner et son souffle se couper… avant qu'elle aussi ne se mette subitement à le détailler. Comme s'il avait traversé l'île d'une seule course, elle vit ses joues se parer de rouge, sa poitrine osciller sous la lourdeur de son souffle et des perles de sueurs ramper lentement entre les lignes de son cou… Couvert de sable, de feuilles et de branchages, ses tempes ruisselaient, sa mâchoire se contractait et ses muscles tremblaient sous la violence de son pouls… tandis que ses veines elles, se gonflaient avidement au rythme de son intarissable tambour ; des veines saillantes, frémissantes et gorgées de sang, dont les contours luisants et vrombissements harassants ne parvinrent qu'à galvaniser ses propres tremblements. Par Salazar, il semblait si grand… si présent… si puissant…
Un véritable Dieu au corps de feu et pupilles de sang.
Un écrin de force brute et de magnificence.
Un Roi de désirs et de tentations… dont la présence aliéna sa raison.
- Maître…
C'est tout ce qu'elle parvînt à souffler sans s'écrouler… à dire sans s'étouffer… ou à penser sans pleurer… Pourtant et alors qu'elle s'attendait déjà à le voir soupirer, se détourner ou lui répondre d'un air agacé, c'est les lèvres scellées et les poings serrés que Voldemort resta prostré. Immobile, il ne chercha pas à parler, à bouger ni même à apaiser l'appel assourdissant de sa marque enflammée. Non, il se contenta simplement de rester là… à la regarder. Combien de temps cela dura ? Combien de temps restèrent-il là ? Piégés l'un l'autre dans cet étrange jeu de regards ? Elle ne sut pas… mais haleta aux frémissements imperceptibles de sa mâchoire. Comme si lui aussi s'apprêtait à avouer l'inavouable, sa poitrine se contracta, son souffle s'accéléra et son regard s'embrasa… avant que sa gorge ne tremble d'un grondement animal et qu'il n'enjambe brusquement le rebord en marbre.
C'est là que tout chavira…
C'est là que le monde se renversa…
C'est là que le Destin s'inclina…
Car avant même qu'elle ne puisse réagir, frémir ou ne serait-ce que penser à se couvrir, Voldemort avait déjà bondit. Transit d'une force que nul n'aurait su nommer, il la rejoint en deux enjambées, ignora le claquement de l'eau sous ses pieds et lui fit face en moins de temps qu'elle n'en eut pour respirer… Un élan tout aussi violent qu'incontrôlé, qui sans qu'elle ne puisse lutter, la figea dans un jappement étouffé. Pétrifiée, Hermione ne comprit pas pourquoi son regard se mit à briller… pourquoi ses muscles commencèrent à trembler, son corps à se rapprocher et son ombre à la surplomber. Non, elle ne comprit rien de la fougue qui sembla le posséder. Jusqu'à ce qu'il n'agrippe son visage d'une poigne enfiévrée et ne fonde sur ses lèvres dans un grondement affamé.
Ça y est…
C'était fait…
Il avait cédé.
Comme s'il mettait fin à la plus insupportable des apnées, Voldemort s'accrocha à elle dans un souffle désespéré, l'esprit aliéné par le velours de sa peau sucré, la douceur de ses cheveux mouillés, et le léger sursaut de son silence stupéfié… par tout ce qu'il n'avait jamais cessé de convoiter et qui désormais reposait entre ses mains telle l'ultime offrande de son éternité. Corrompu par le feu de ses entrailles, il ne sentit plus le vent dans les arbres, les remous de la cascade ou encore son peigne ricocher sur le marbre ; non, il ne sentit qu'elle… qu'elle et son tremblement muet, qu'elle et sa peau contre la sienne, qu'elle et la chaleur de sa fièvre, qu'elle et la saveur de ses lèvres… Une saveur dont il n'avait cessé de se languir depuis leur dernier baiser, et dont les seules prémices le firent fatalement frissonner. Par tous les Dieux… comment avait-il pu s'en passer ? Comment avait-il pu vouloir l'ignorer ? Ou seulement croire en ses chances de résister ?! Ces lèvres lui étaient destinées. Ce corps lui revenait. Cette âme, ce cœur et tout son être lui appartenait ! Oui… il aurait dû le voir dès l'instant où leur regard s'étaient croisés, cette femme ne lui avait pas été envoyé pour le servir en tant qu'Initiée, pour l'aider à assoir son autorité ou empêcher il ne sait quel fléau de les frapper ! Non… cette femme était la pièce manquante de son œuvre jusqu'alors inachevée. L'ultime chemin de sa Destinée. La Reine de son immortalité. Un véritable cadeau des Dieux, dont le corps fiévreux et frémissements silencieux, le transir d'un grondement victorieux…
Oui… elle était sienne. Sienne aujourd'hui. Sienne demain. Sienne à jamais ! Une ultime pensée, qui alors qu'il se détachait de ses lèvres gonflées, l'embrasa à l'écho de son souffle saccadé…
- Maî…
- N'arrête jamais.
Désarmée par la supplication de son murmure, la jeune femme n'eut même pas le temps de répliquer, de penser ou de respirer… car son souffle se coupait déjà sous l'exigence d'un nouveau baiser. Plus profond que le précédent, Hermione se sentit vaciller quand il la plaqua contre son corps brûlant, laissant alors sa poitrine frémir contre son cœur battant. Assiégée par l'urgence de ses lèvres affamées, sa raison défaillit sous la chaleur de leurs corps pressés, mélange de folie et de désirs refoulés… Incapable de s'en détacher, elle ne parvînt qu'à gémir sous la caresse langoureuse de sa langue, la force de sa poigne impatiente et l'emprise de ses mains sur ses hanches ; avant que la brûlure de son corps n'enfièvre son sang… et qu'un nouveau feu n'embrase son bas-ventre. Seigneur, que se passait-il ? Que se passait-il ?! Elle aurait dû se le demander… exiger une explication, le repousser, paniquer ou ne serait-ce que reculer sous la brutalité d'une telle passion ! Mais une telle réaction supposait l'existence d'un bon sens… un bon sens qui tout comme la retenue de son Maître, était mort depuis longtemps. Incapable de se raisonner, de la lâcher ou de rompre leur baiser, il dévora ses lèvres avec avidité, inspira les essences de sa peau, goûta la saveur de ses huiles et laissa ses mains glisser sur la cambrure de son dos… avant de ne se figer à nouveau dans cet étrange écho.
- N'arrête jamais… je t'en supplie.
Il… il la suppliait ? Mais pourquoi ? De quoi parlait-il ? Ensuquée, Hermione tenta de réfléchir, de rassembler ses pensées et d'éveiller son esprit ; mais ne réussit qu'à haleter sous l'ardeur de milles baisers volatiles. Comme si la mort s'apprêtait à les saisir, il s'accrocha à son cou, embrassa ses lèvres, son menton, son nez et ses joues… avant de ne prendre son visage en coupe et de ne murmurer le regard fou.
- Je t'en supplie… Répéta-t-il transit. Je t'en supplie.
Grand Dieu… que lui arrivait-il ? Pourquoi l'embrassait-il ainsi, la peur aux lèvres et le corps transit ? Là encore, seules ses lèvres lui répondirent ; des lèvres qui ne cessèrent jamais de lui revenir…
- Maî… Maître…
Grisée par la voracité de ses caresses, Hermione ne parvînt qu'à haleter entre ses lèvres. Seigneur… elle était faîte.
- Maître…
Incapable de se détourner de lui, de l'interrompre ou de lutter contre son propre désir, elle se laissa fondre entre ses bras, haleta quand ses mains agrippèrent sa taille et frémit sous la douceur tentatrice de ses doigts... Des sensations toute aussi puissantes que volages, qui ne tardèrent pas à lui renverser l'âme.
- N'arrête jamais… souffla-t-il contre elle. N'arrête jamais, n'arrête jamais !
Renversée devant le tremblement de ses lèvres enflées, la jeune femme déglutit dans un jappement essoufflé. Seigneur… elle devait se ressaisir ! Le calmer ! L'interroger ! Comprendre ce qu'il se passait et donner un sens à ces baisers ! Car jamais encore elle ne l'avait vu aussi… désespéré.
- Je t'en supplie…
- Mais… de… de quoi… Bafouilla-t-elle.
- Je t'en supplie, n'arrête jamais…
- Arrêter quoi ?!
Piégé sous l'étau de son regard, Hermione frissonna quand un nouveau silence résonna. Figés l'un contre l'autre, ils restèrent là ; corps contre corps, peau contre peau, front contre front, nez contre nez… avant que son Maître ne la détaille dans une ultime apnée et ne laisse son cœur murmurer…
- N'arrête jamais de m'aimer.
Un silence.
Un deuxième.
Une éternité…
Avant qu'Hermione ne sente son souffle se couper.
- Je t'en supplie… implora-t-il.
Son cœur s'arrêter…
- Je… je sais que je t'ai blessé… Dit-il sans respirer. Je sais que je ne mérite pas ton pardon, que je ne serais jamais digne de tes sentiments et que je ne réussirais sûrement jamais à les comprendre !
Son esprit chanceler…
- Mais je t'en conjure Hermione... Je t'en prie ! Je t'en supplie !
Et son âme se renverser…
- N'arrête jamais de m'aimer…
Bouleversée devant le désespoir de sa supplication, Hermione se sentit vaciller sur ses jambes. Seigneur… elle devait rêver. Voldemort craignait qu'elle cesse de l'aimer… Qu'elle, Hermione Granger Malfoy, cesse de l'aimer ?! Par tous les Saints mais… d'où lui venait une telle idée ? Une telle pensée ?! Pire encore, comment pouvait-il seulement croire en cette seule éventualité ?! Croire qu'elle puisse se détourner de lui, un sourire aux lèvres et le cœur léger ? Tirer un trait sur tout ce qu'elle éprouvait et s'en satisfaire dans un soupir soulagé ? Alors même qu'elle venait tout juste de lui avouer ce qu'elle ressentait ? Qu'elle se languissait de lui depuis plus de temps qu'elle ne pouvait se l'avouer ? Que son cœur sombrait et que son esprit se disloquait ?! C'était grotesque ! Risible ! Ubuesque ! Impossible ! Et pourtant, jamais elle ne l'avait vu si désespéré… pour ne pas dire profondément terrifié. Comme s'il la croyait sur le point de le quitter, son regard la détaillait avec avidité, mélange d'inquiétude et d'effroi inavoué. Accroché à elle, leurs souffles se mélangeaient à mesure que leurs apnées se dissipaient, laissant alors leurs cœurs les assourdir dans leur silence muet. Un silence pour le moins étrange. Un silence à l'intensité harassante… mais un silence où résonnaient encore l'écho de sa supplication.
« N'arrête jamais de m'aimer… »
Arrêter de l'aimer. Non… non, elle ne pouvait l'imaginer. Certes sa vie serait plus simple, plus légère et sûrement bien moins cruelle ; mais une telle facilité n'était que l'illusion d'une quête mensongère… d'un espoir condamné à échoué et d'une prière qu'aucun Dieu ne serait jamais en mesure d'exhausser ! Et pourtant… ce n'était pas faute d'avoir essayé. Car rien ne servait de le nier ; elle avait déjà essayé de l'oublier… de se raisonner et d'étouffer l'amour qui la torturait ! De le regarder avec indifférence, d'éradiquer jusqu'au plus infime de ses frémissements et de ne voir en lui qu'un Maître à qui elle devait obéissance ! Mais en dépit de sa douleur, de sa peine et de son horreur, rien n'avait marché… ni sa distance, sa colère, son arrogance, sa haine ou sa véhémence… rien. Et pour cause ! L'amour n'était pas un choix... pas plus qu'une décision ou qu'un simple émoi. Pour preuve, il ne lui avait fallu qu'une simple fuite pour qu'elle ne sombre dans la folie ! Pour qu'elle ne tombe dans la spirale d'un cœur meurtri, ne mette le feu à sa propre chemise et s'écroule ivre-morte entre deux cris ! Or, rien de tout cela ne résultait de sa seule envie. Rien de tout cela n'avait été calculé, voulu ou choisi ! Non… seulement subi. Car l'amour était ainsi ; vile, cruel et égoïste... Une vérité qu'elle n'avait de cesse d'expérimenter malgré elle, et dont les promesses ne lui avaient jusqu'alors qu'assuré une vie de misère … du moins, le croyait-elle.
Désorientée sous le capharnaüm de ses pensées, Hermione haleta, le corps tremblant sous la chaleur de ses bras. Bon Dieu… cet homme allait finir par la rendre folle. Qu'il s'agisse de ses mots, de son comportement, de ses peurs ou de ses contradictions, tout semblait destiné à lui faire perdre la raison ! Et pourtant, il était là. Il était revenu… et la suppliait le cœur vaincu. Etait-ce de l'amour ? De l'affection ? Ou l'expression de son besoin pathologique d'adoration ? Elle ne trouva pas la force de s'interroger, le regard ancré sur le carmin de ses lèvres enflées… mais sût à son apnée qu'il avait déjà gagné. Car quoi qu'elle puisse espérer, prier ou implorer, elle ne pourrait jamais cesser de l'aimer ; une vérité qu'elle ne chercha même pas à fuir, mais dont les nouvelles promesses lui arrachèrent un sourire... Avait-elle tort d'y croire ? De se laisser envoûter par la force de son regard ? Trembler sous la puissance de ses bras ? Conquérir par le feu de ses entrailles ? Et vaincre par l'appel de son désir profane ? Alors même qu'il l'avait abandonné avec les restes de son cœur éventré sur le rivage ? Probablement… mais à quoi bon lutter ?
Amour était mère de souffrance.
Et elle l'aimait éperdument…
Aussi, c'est le cœur transit que la jeune femme se grandit lentement contre lui. Envoûtée par les effluves de sa peau, elle laissa ses doigts ramper le long des lignes de son cou, suivre les contours de sa mâchoire et se perdre sur ses joues… Frémissant un peu plus à chaque seconde, elle s'entendit déglutir dans sa contemplation muette avant de ne sentir son Maître se tendre brusquement sous la fugacité de ses caresses. Plaquée contre son torse, ses muscles tremblèrent, son souffle s'alourdi et ses veines se gonflèrent sous la brûlure d'une nouvelle fièvre… une fièvre bouillonnante, lancinante et incontestablement grisante, dont les battements ne tardèrent pas à les assourdir dans leur silence. Figé l'un contre l'autre, aucun d'eux ne parvînt plus à bouger, conscients que le moindre balbutiement de lèvres les ferait irrémédiablement sombrer… des lèvres qu'Hermione ne put s'empêcher de contempler et dont l'ourlet satiné manqua de la faire chavirer. Seigneur… elles étaient si belles. Si rouges. Si pleines ! De véritables fruits de luxure et de rêve, ne demandant qu'à gémir d'extase sous les contours de sa chaire… qu'à la couvrir de leurs velours vermeils… qu'à la conquérir de leur ivresse charnelle ! Des fruits à porter de lèvres, qu'Hermione ne put s'empêcher de cueillir entre les siennes.
Transporté par la saveur de cet ultime baiser, Voldemort sentit son cœur exploser… car pour la première fois, c'était elle qui l'embrasait. C'était elle qui cédait. C'était elle qui s'abandonnait ! Et se faisant, c'était elle qui le possédait… un revirement de pouvoir tout aussi violent que spontané, qui ajouté à la caresse amoureuse de sa langue, suffit à aliéner les derniers restes de sa conscience. Peinant à ne pas perdre pieds, il lui répondit d'un élan passionné, s'accrocha à son cou avec avidité et s'entendit gémir entre deux baisers. Conquis par la chaleur des lèvres qui lui étaient prédestinées, il la laissa le couvrir de caresses empressées, alors curieux de découvrir le feu dont elle brûlait… mais tout comme lui, le corps de son Initiée n'était plus que brasier. Un brasier ardent. Un brasier asphyxiant. Un brasier comme il n'en avait encore jamais ressenti au monde et dont les flammes frémissantes parvinrent même à le surprendre… en particulier quand il la sentit mordre sa lèvre d'un léger coup de dent. Frappé par la fureur d'une nouvelle frénésie, Voldemort ne parvînt plus à calmer son appétit, à étouffer le cri de ses envies ou à se contenter de baisers et caresses volatiles ! Non, il voulait plus. Il la voulait elle. Là. Maintenant. Sans pudeur ni convenance ! Un désir qu'il comprît partagé quand il la sentit se presser contre lui, et qui s'embrasa aux frémissements de sa poitrine…
Insatiable, il s'entendit gronder sous l'étau d'une pulsion animale, le souffle court à mesure qu'il l'enserrait avec force entre ses bras. Oubliant tout autour de lui, son esprit se délita quand il sentit ses lèvres descendre sur les lignes de sa mâchoire, ses mains s'agripper à son poitrail et sa peau s'embraser sous la caresse de ses doigts... Des sensations vives, intenses et terrassantes, qui telle une déferlante, le laissèrent tremblant sous les assauts du plus puissants des courants. Oui… tremblant. Transit. Vacillant. Démuni. Car jamais il n'avait ressenti pareille chose de sa vie… et jamais il n'avait embrasé de lèvres aussi exquises. Ivre de sa peau, il laissa ses mains se perdre sur sa poitrine, son dos, ses hanches et la courbure de ses cuisses… avant qu'il ne l'agrippe par la taille et ne la hisse soudainement contre lui. Transit par la force de son emprise, Hermione haleta sous l'ardeur de sa poigne possessive, le corps tremblant au rythme de ses caresses avides... Frémissant sous la douceur envieuse de sa langue, elle l'entoura furieusement de ses jambes, les joues rouges et le cœur battant à mesure qu'il la couvrait de ses lèvres brûlantes. Pressé l'un contre l'autre, la sueur de son torse se mêla aux huiles de sa poitrine, son odeur de sel se joignit à son parfum de lys et leurs papilles s'éveillèrent sous les milles saveur de leurs baisers extatiques. Des baisers qu'Hermione ne compta plus, mais qui l'enfiévrèrent davantage quand ils descendirent dans sa nuque… survolèrent sa clavicule… et caressèrent subitement sa poitrine mise à nue.
Oui… elle le savait désormais.
Son sort était à jamais scellé.
Son cœur à jamais ensorcelé.
Et son âme à jamais condamnée...
Car jamais elle ne pourrait cesser de l'aimer...
Incapable de résister, de respirer ou d'apaiser le feu qui la consumait, Hermione haleta quand il empoigna son fessier, la transcendant alors de plus de frissons qu'elle ne put en supporter. Pressés contre son corps, ses jambes tremblèrent sous les ondulations de son bassin, son ventre se noua quand ses lèvres s'emparèrent de ses seins et ses sens se délitèrent sous le feu lancinant de ses reins… des sensations qu'elle n'avait jusqu'alors qu'imaginé à ses heures de curiosité, mais dont la danse endiablée la submergea de sursauts affamés. Seigneur… elle n'avait jamais connu ça. A vrai dire, elle n'avait jamais rien fait de semblable ! Certes la guerre, la fuite et la découverte d'un fléau prophétique ne lui avait laissés que peu de perspectives en matière de relations intimes ; mais face à lui… à l'audace de ses caresses hédonistes… à la force de sa poigne aguerrie… et au délice de sa langue agile… elle ne pouvait que défaillir. Sombrer. Tressaillir ! Que dire… gésir nue et transit entre les bras de sa passion inquisitrice ! Sous l'étau de sa hargne divine ! Et ses milles vœux de chaires et de plaisirs ! Une évidence, qui alors qu'elle se laissait gagner par la luxure de ses envies, lui arracha un sourire conquis. Dénuée de toute pudeur, elle s'accrocha à ses cheveux, mordit ses lèvres, l'érafla de ses ongles et se pressa contre son ventre… avant que son intimité ne frémisse soudainement sous la tension brûlante de son membre. Une ultime caresse alors prémices de milles promesses, dont les palpitations empressées et contours enflés, la firent se cambrer dans l'écho d'un gémissement étouffé. Un écho qui plus que tous les mots, suffit à les posséder...
Ignorant la fraîcheur de l'eau, Voldemort les laissa chanceler jusque sous la fontaine, lui arrachant alors une myriade de sursauts à mesure qu'il l'allongeait furieusement sur le banc en pierre. Envoûté devant le scintillement de sa peau de lait, il la surplomba de son désir impérieux, l'assiégea de baisers sulfureux et laissa sa poitrine s'embraser sous l'assaut de sa langue aventureuse… avant qu'il ne s'allonge entre ses hanches et ne murmure d'un air victorieux.
- Redis le…
Trop ensuquée pour ne serait-ce que réfléchir à une réponse, la jeune femme frissonna quand elle sentit ses doigts ramper sur son bas-ventre…
- Redis le… souffla-t-il.
Le redire… était-ce vraiment utile ? Existait-il encore un doute ? Une incertitude ? Alors même qu'ils cédaient tous deux à la plus délicieuse des luxures ? Non… il n'y en avait aucun. Ne restait que le parcours de ses lèvres sur ses seins… l'ardeur de sa virilité contre son bassin… et le sourire de ses lèvres carmin...
- Je vous aime…
Sentant son cœur trembler d'une fièvre exaltée, Voldemort se jeta sur elle dans un grondement affamé. Oui… elle l'aimait. Elle l'aimait et n'arrêterait jamais. Jamais. Jamais ! Une promesse que nul ne pourrait jamais défaire… et qu'il comptait bien inscrire jusque dans sa chaire.
- A jamais. Souffla-t-il dans son cou.
Son Initiée ! Sa déesse ! Sa Reine ! La seule et unique femme digne d'être sienne...
- A jamais…
Vaincu devant les tremblements de ses courbes luxurieuses, il la vit haleter sous ses lèvres, sentit sa main s'accrocher à ses cheveux, son dos se cambrer d'allégresse et ses joues s'enfiévrer d'un nouveau feu… avant que sa langue ne tremble sous la fermeté de son sein… et que son bas-ventre ne s'enflamme sous les ondulations bouillonnantes de sa chute de rein…
Aussi, le Mage le comprit…
Ils devaient partir en quête des sphères prophétiques.
Ils devaient s'échouer sur cette île.
Ils devaient se déchirer pour s'appartenir.
Car aujourd'hui commençait le reste de leur vie…
Ainsi, c'est entre deux sourires que Voldemort se dévêtit, s'allongea contre son corps transit et la couvrit de plus de baisers qu'elle n'en reçu de sa vie… avant qu'ils ne se perdent tous deux sous les cris de leurs désirs… ne s'abandonnent entre les bras du plus exquis des plaisirs… et ne s'unissent sous l'égide protectrice d'un soleil bénit.
Et voilàààààà ! :DDDDD
Après des semaines d'impatience, je peux enfin vous publier ce chapitre ! Et autant vous dire que j'ai mis je ne sais combien de jours à l'écrire ! XDDD En tout cas, j'espère que l'attente aura valu la peine et que vous n'êtes pas déçu ! Je n'écris pas souvent ce genre de scène mais je ne voulais absolument pas faire de lemon ou de récit trop "explicite" ! Alors j'ai opté pour une approche un peu plus poétique/lyrique qui je l'espère vous aura plu ! N'hésitez pas à me donner vos avis ! ;))))))
De plus ! Je pars en vacance pendant deux semaines et dans le doute de ne pas avoir de wifi en continu je ne reprendrais les publications que le 30 aout ! Je suis désolée pour l'attente mais promis je reviendrais en force ! ;) En tout cas, je tenais à vous remercier pour tout votre soutien et vos messages ! Ils me touchent énormément et me donnent toute ma motivation :-*
Passez de bonne vacances !
Je vous embrasse fort !
Et à très vite 33333333
