- Redis moi ça encore une fois… soupira le Mage.
Epuisé, Connor étouffa un bâillement, les paupières lourdes après déjà plusieurs heures d'enquête et de concentration… des heures qu'il n'avait pas manqué de voir défiler derrière ses balbutiements et yeux douloureusement plissés, mais que Voldemort ne semblait pas avoir remarquées.
- Ô toi, île de mes rêves… Je lève mon verre en ton nom et implore ton pardon. Récita-t-il pour la énième fois.
Se passant une main lasse sur le visage, le Sorcier se resservit un verre dans une grimace. Bon sang, la réponse était là… Il pouvait le sentir, elle était là quelque part ! Mais où ? Restait encore à le savoir…
- Ton équipage t'a failli ce soir, mais que je sois damné sur l'heure, ton Capitaine te reste loyal…
Loyal…
Loyal…
Loyal…
Oui… Connor était toujours resté loyal à son serment ; à son île et à son rôle de Capitaine de Forbans ! Et pourtant, quelque chose s'acharnait à les garder prisonniers de l'Autre Versant. Etait-ce, ce vœu ? Sa magie ? Son emprise ? Ou la seule volonté de l'île ?! Là encore, cela semblait possible… mais pourquoi aurait-elle si soudainement cessé de lui obéir ? Pourquoi refuserait-elle de lui rendre ses navires ? En particulier si cela pouvait permettre aux pirates de reprendre leurs voyages et de réalimenter sa magie ?!
- Alors entend ma prière… et aide moi à honorer notre promesse.
« Notre promesse… » Celle que les pirates avaient fait au Sorcier ; celle que Connor avait juré de faire respecter. Et celle qui fatalement, lui avait tout coûté.
- Je t'en conjure, empêche les de prendre la mer ! Et fais en sorte que jamais ils ne s'éveillent…
« Empêche les de prendre la mer… » Par Salazar, une fois encore ce vœu ne les concernait pas ! Pour preuve, il était question de l'équipage ; des pirates ! Pas d'eux ! Pas de leur naufrage ! Ou de leur souhait de reprendre le large ! Alors pourquoi ? Pourquoi les retenir sur cette maudite plage ?! Leur rire au nez et les garder en otage ?! Ça n'avait pas le moindre sens ! Mais rien ne semblait plus en avoir depuis longtemps…
- Tu es sûr que tu n'as rien dit de plus ? Demanda Hermione troublée. Pas même pendant que vous buviez ou juste avant de…
- Non ! Soupira-t-il excédé. Y a rien de plus, j'vous jure…
Alors ils étaient dans l'impasse…
Alors ils faisaient encore naufrage…
Alors ils étaient encore loin de rentrer à Poudlard…
Car ils avaient beau étudier cette prière vers par vers, la décortiquer et désosser chacune de ses sonorités dans l'espoir de percer le secret de son sortilège, aucun indice, aucune piste et aucun signe ne se laissait deviner derrière son silence de tortionnaire. Un silence lourd, pesant et assourdissant, qui caché derrière ses rimes chantantes et airs de légendes, s'acharnait à les plonger dans la plus inconstante des démences.
- Bon sang…
Par tous les Dieux… ce n'était qu'un vœu ! Qu'un simple et stupide vœu ! Il ne devrait pas leur poser le moindre problème ; les tourmenter et leur faire vivre un tel enfer ! Et pourtant, ils ne devraient pas s'en surprendre… en particulière après que Connor est passé plusieurs siècles à vivre un perpétuel échec.
- C'est ridicule ! Gronda Voldemort.
- Maître…
- Non Hermione ! Cette… cette île nous tourne au ridicule !
Oui… c'était vrai. Même plus que ça, c'était indéniable ! Et pourtant, ce n'était pas faute d'essayer ; de s'acharner et de tout tenter… mais après plus de cinq heures de recherches endiablées, d'invocations ratées, de théories déjouées et de bâillements étouffés, plus aucun d'eux ne savait par où commencer. Qu'il s'agisse de ce vœu, de l'histoire du Sorcier, de sa magie ou encore de la disparation des navires, ils avaient tout retracé, tout exhumé, tout examiné ! A tel point qu'ils en étaient même venus à connaître par cœur les légendes que Connor leur avait conté ! Mais plus le temps passait, plus le désespoir les dévoraient, symbole de l'impuissance qui ne cessait de les narguer depuis son piédestal d'orgueil et de secrets inavoués... Un échec tout aussi cuisant qu'incontestablement enrageant, dont l'issue ne parvenait qu'à révéler la cruauté de leur incontestable ignorance.
- Peut-être devrions-nous faire une pause ? Proposa la jeune femme.
- Hors de question !
- Quelle surprise…
- Nous devons continuer ! Nous devons trouver ce qui nous échappe ! Tonna son Maître.
Une détermination on ne peut plus respectable… qui ne réussit cependant qu'à leur arracher la plus douloureuse des grimaces. Aussi, c'est plus affligée que jamais qu'Hermione renversa la tête en arrière, les yeux lourds et les traits tirés à mesure que ses pensées s'entrechoquaient sous l'étau lancinant de sa migraine. Assise non loin de son Maître, elle s'était recroquevillée sur sa chaise, son menton tombant machinalement sur ses genoux à mesure qu'elle luttait contre le sommeil. Incapable de garder les yeux ouverts, elle oscillait entre somnolence et éveil, son esprit se perdant constamment au détour de deux vers, la laissant alors sous les jougs des œillades sévères de son Maître. Et encore, ce n'était presque rien comparé à Connor dont les yeux se fermaient chaque fois qu'il se détournait ! Mais qu'auraient-ils pu faire ? Ils étaient épuisés ! Ereintés ! Et dépassés par tout ce qui leur échappait ! Alors restés éveillés ? Après presque deux jours d'efforts acharnés ? De découvertes insensées ? Et d'échecs répétés ? Seigneur… c'est à peine si elle parvenait encore à réfléchir sans sentir son esprit se fracturer, ses dents grincer et sa migraine l'incendier ! Un état d'épuisement on ne peut plus prévisible, qui elle le savait, ne tarderait pas à aliéner leurs esprits pour ne laisser d'eux qu'un amas d'idées tout aussi inutiles que vides de toute logique… un état face auquel Voldemort restait cependant irrémédiablement insensible. Non pas que ce soit une surprise ; en particulier devant les contours de cette ultime énigme…
- Reprenons depuis le début ! Tonna-t-il.
Grand Dieu, non…
- Nous avons des navires perdus depuis des siècles, un équipage condamné à une éternité de sommeil, une île profondément sadique déterminée à faire respecter une promesse et un enfant fait Capitaine par le plus puissant Sorcier de cette terre… j'ai oublié quelque chose ?
- C'est déjà pas mal…
- Non Connor… Gronda-t-il frustré. Ce n'est rien!
- Mais…
- Il nous manque quelque chose ! S'agaça-t-il. Un élément de l'histoire ! Un détail ! N'importe quoi capable d'expliquer pourquoi l'île ne t'obéit pas !
Et accessoirement de quoi trouver un moyen de quitter cet infâme purgatoire…
- Que s'est-il passé avant qu'ils ne s'endorment ? Demanda-t-il empressé. As-tu fait un discours ? D'autres promesses ?!
- Pas que j'me souvienne… Réfléchit le petit. J'ai appelé à ce que nous fassions tous une trêve et que nous levions nos verres. Bien sûr, je savais que certains seraient réticents alors j'ai fait en sorte d'invoquer leurs plats préférés, des cadeaux et assez de rhum pour que chacun d'eux puisse se souler…
- Des cadeaux ?
- Oui, enfin… quelques bijoux, couteaux et habits. C'était pas grand-chose, mais… ça leur a fait plaisir.
Mal à l'aise, Connor se pinça la lèvre, l'image des derniers sourires de ses hommes dansant encore douloureusement devant ses prunelles…
- Je culpabilisais… avoua-t-il. J'voulais pas les voir partir malheureux, en colère ou contrariés. J'voulais pas que leur dernier souvenir de moi soit celui d'un capitaine sur le point de les faire prisonnier ! Alors j'ai fait en sorte qu'ils s'endorment sereinement ; qu'ils ne se posent pas de questions et qu'ils passent un dernier bon moment…
Une bien noble attention… si on n'omettait qu'elle avait pour but de les condamner à un éternel emprisonnement.
- Je sais que ça peut paraître bizarre, mais cette soirée était l'une des plus heureuses que nous ayons passé… Continua-t-il la voix enrouée. On dansait, chantait, buvait, riait… c'était comme si rien n'était jamais arrivé. Comme si nos conflits, nos disputes et trahisons n'avaient jamais existées.
A ces mots, les Sorciers sentirent leurs cœurs se serrer, conscients de la douleur que tous ses souvenirs devaient lui évoquaient…
- Mais ça ne t'a pas arrêté… Souffla Voldemort sans le regarder.
- Non… en effet.
- Mais pourquoi ne pas avoir essayé de dialoguer ? Demanda Hermione. Je veux dire… peut-être auraient-ils compris ?!
Esquissant un sourire, Connor comprit ce qu'elle chercha à lui dire. Malheureusement pour lui, ses hommes n'avaient jamais été sensible à la moindre… diplomatie.
- C'est des pirates. Sourit-il amusé. J'ai bien essayé de discuter mais… aucun d'eux ne s'est jamais vraiment donné la peine de m'écouter.
Et se faisant, il n'avait eu d'autre choix que de les piéger.
- Pourtant ils t'aimaient ! Fit-elle remarquer. Ils te respectaient et t'obéissaient !
Oui... Plus encore même! Ils… ils lui avaient sauvé la vie. Combien de fois d'ailleurs ? Il n'aurait su dire. Et pour cause… aucun d'eux n'avait jamais compté. Aucun d'eux n'avait espéré être récompensé. Et aucun d'eux ne l'avait jamais fait par intérêt ! Non… ils l'avaient fait parce qu'ils l'aimaient. Parce que malgré leurs défis, cris et orgueils démesurés, ils l'avaient toujours respecté, adulé, chéri et protégé ; et parce qu'après tout ce qu'ils lui avaient fait endurer, chacun d'eux s'était donné pour mission de se faire pardonner… Mais cela remontait à une autre vie. Un autre siècle. Que dire ! Un autre millénaire ! Celui d'un temps où ses hommes le voyait encore comme leur digne capitaine…
- Pendant notre âge d'or, oui… Avoua-t-il du bout des lèvres. Nous étions complices, fiers, soudés et unis. Nous nous battions les uns pour les autres, déjouions tous les paris, défions la mort et écrasions nos ennemis ! Nous étions… nous étions une famille.
Oui… c'était ça. Une famille. Des frères d'armes et de camaraderie, tous unis sous le soleil éclatant de leur triomphante piraterie ! Des amis de sang, de courage et d'avenir, déterminés à faire de chacun de leur voyage la plus retentissante de leur réussite ! Un équipage comme il n'en avait jamais connu, et qu'il n'en connaîtrait jamais plus de sa vie…
- Nous nous aimions. Souffla-t-il. Mais quand le Grand Versant a commencé à évoluer, quelque chose a changé… Souffla-t-il la gorge serrée.
- Quoi donc ?
- Je ne sais pas… ils ont commencé à s'interroger, à vouloir passer d'avantage de temps en mer, à se plaindre chaque fois que nous rentrions sur l'île et à remettre en question notre mode de vie. Au début, je n'y ai pas trop prêté attention ; j'ai cru que ça passerait avec le temps et que rien ne pourrait jamais altérer leur serment… mais j'ai été naïf.
Et en avait payé le prix…
- Plus le temps passait, plus leurs humeurs dépérissaient ; leurs colères grandissaient, leurs amertumes se concrétisaient et les conflits se multipliaient… C'est là que j'ai compris que quelque chose de grave se passait ; c'est là que j'ai compris qu'ils commençaient à regretter la promesse qu'ils m'avaient faite…
L'écoutant avec attention, le Mage Noir soupira entre ses dents, l'esprit engourdi par les milles détails qu'il s'évertuait à noter dans son inconscient. Pourtant, un en particulier attisa sa curiosité ; le seul que lui et Hermione n'avaient pas encore exploré… mais qui étrangement, le fit soudainement tiquer.
- Attend… que veux-tu dire par "évolué" ? Demanda-t-il intrigué.
- Comment ça ?
- Le Grand Versant… tu as dit qu'il avait évolué.
- Oh… et bien, il y avait de nouveaux Empires, de nouveaux pays, de nouvelles routes maritimes, de nouvelles lois, de nouveaux Dieux, de nouveaux Rois… Enuméra-t-il. On découvrait de nouvelles choses à chaque voyage ! Des armes, des navires, des mœurs, des coutumes, des peuples… ça ne s'arrêtait jamais !
De nouveaux Empires, Pays, Dieux, Rois ; mais… mais s'il disait vrai, alors…
- Où qu'on aille, le Grand Versant semblait en constante expansion ! J'vous jure, c'était impressionnant ! Mais aussi un peu effrayant… un peu comme cette fois où les espagnols ont découvert le « Nouveau Monde » !
Sonnés, les Sorciers se figèrent dans un mutisme mortifié. Figés en face de lui, aucun d'eux ne trouva la force de respirer, le souffle coupé par les mots qu'il venait tout juste de prononcer d'un air désintéressé… et par tout ce qu'ils signifiaient.
- C'est d'ailleurs à cette même période que les hommes ont commencé à se poser des questions… Non pas que ce soit une surprise ! J'veux dire… un nouveau monde ?! Répéta-t-il ahurit. Ils ont eu la trouille !
Le Nouveau Monde ?! Le Nouveau Monde comme… le Nouveau Monde de Christophe Colomb ?!
- Faut dire que les époques arrêtaient pas de changer… Pour preuve ! Avant, les Océans étaient immenses, inconnus et sauvages. Maintenant, le moindre point d'eau figure sur une carte ! J'dis pas que c'est pas bien mais… c'est un peu dommage.
Plongé dans une nouvelle apnée, Voldemort se racla la gorge dans l'écho d'un frisson incontrôlé. Par Salazar… il devait rêver. Il n'y avait pas d'autre explication, il devait rêver ! Mais Connor ne riait pas, ne blaguait pas ni même ne voyait les tremblements de leurs sueurs froides. Non, il… il se contentait de leur raconter les brides de ses voyages, le regard innocent et la bouche bavarde ; et ce sans même réaliser qu'ils venaient tout juste de leur révéler avoir assisté à l'un des plus grands événements de l'Histoire…
- Tu… tu veux dire que tu as assisté à la découverte de l'Amérique ? Souffla Hermione d'une voix blanche.
- De l'Amérique ? Répéta-t-il sans comprendre. J'sais pas comment ils ont appelé ce pays, mais je sais que les Océans n'ont jamais autant grouillé de navires que du temps où la Reine de Castille était en vie !
La Reine de Castille… Isabelle Ière de Castille ? Isabelle la Catholique ?! La Femme de Ferdinand II d'Aragon ?! Ceux-là même qui avaient achevés la Reconquista et organisés l'inquisition Espagnol au XVe siècle ?! Mais… mais…
- Il y en avait partout ! Sur toutes les mers, de tout drapeau et de tout empire ! Continua-t-il. Et ils étaient riches ! Plein d'or, de bijoux, de pierres précieuses, de plantes et d'épices !
Incapable d'aligner deux mots sans s'étouffer, la jeune femme sentit sa mâchoire tomber, ses yeux s'écarquiller et son corps se pétrifier à mesure que son Maître lui-même se liquéfiait un peu plus à chaque mot qu'il prononçait... Et pour cause ! Ce qu'il leur disait… ce qu'ils réalisaient… par tous les Dieux, ils ne pouvaient l'imaginer. Le croire ! Le concevoir ! Ou seulement le réaliser ! Mais l'évidence les frappaient… Connor avait bel et bien assister à tout cela, pour la simple et bonne raison, qu'il avait été là.
- J'vous jure ! Peut-être importe le navire, on raflait toutes les mises !
- Mais… mais si c'est à cette période que tes hommes ont commencé à se rebeller, ça veut dire que… que vous avez navigué pendant le… le dernier millénaire ?! Bafouilla Voldemort ébranlé.
Troublé, Connor fronça les sourcils dans un silence bouche bée.
- Le dernier millénaire ? Répéta-t-il surpris. Oui, enfin… je crois.
Oh Seigneur.
- Tu crois ?!
- Pourquoi ? Demanda-t-il innocemment. Y en a eu d'autres ?!
Oh Seigneur ! Oh Seigneur ! Oh Seigneur ! Manquant de tomber de sa chaise, Hermione sentit son esprit imploser, les joues rouges et le front en sueur à mesure qu'une nouvelle apnée l'asphyxiait. Au bord du malaise, elle ne trouva même plus la force de cacher ses tremblements effrénés, mélange de stupéfaction et de hoquets bouleversés. Et pour cause ! Son cœur s'était arrêté. Son âme s'était renversée. Son monde tout entier était transcendé ! Et toute ses certitudes, à jamais aliénés…
- Attend une seconde, tu… tu veux dire… que… que tu…
Mais elle ne savait même pas quoi demander… quoi formuler, penser ou ne serait-ce qu'imaginer ! Bien sûre, elle savait que Connor avait vogué, pillé, volé, ravagé et possiblement tué ; qu'il avait vu les époques défiler, le monde changer, les Rois se succéder et l'Histoire se réaliser ! Mais jamais encore elle n'y avait véritablement pensé… jamais encore elle n'avait fait le lien entre son vécu et tout ce que ce dernier impliquait ! Et jamais encore elle ne l'avait considéré comme un véritable Témoin de l'Histoire de l'humanité.
- Donc… donc tu as…
Non… elle ne pouvait l'imaginer. Elle ne pouvait l'imaginer ! Et pourtant c'est ce qu'il était : Un vestige vivant du passé.
- Qu'est-ce qui vous arrive ? Demanda Connor inquiet. Vous êtes tout blancs !
Oui… oui, ils l'étaient. Comment ne pas l'être d'ailleurs ?! Ce qu'ils vivaient n'était encore jamais arrivé ! Pire encore, c'était… c'était une première ! Pas seulement pour eux, mais pour la Terre entière ! Pour leur peuple, pays, patrimoines, histoires et ministères ! Pour tout ce qui faisait leur vie de demain, d'aujourd'hui, et d'hier ! Une évidence qui alors même que ses pensées s'entremêlaient sous l'étau de sa migraine, ne tarda pas à lui faire tourner la tête…
- Co… Connor… Bafouilla Voldemort. De quelle… de quelle époque date ton premier voyage ?
- J'sais pas trop… j'ai jamais été doué pour me souvenir des dates !
- Mais il… il devait bien y avoir des évènements, des empires, des Rois ou des détails ? Des choses capables de te resituer dans le temps pendant tes voyages ?!
- Oh ça ! S'exclama-t-il. Oui bien sûr ! Y en a pleins même !
Oh bon sang…
- J'me souviens qu'on a commencé à voguer en pleine Pax Romana ! Déclara-t-il fièrement. C'était la belle époque ! Y avait pas encore trop de guerre, La Roma prospéraient, le ciel était toujours clair et les calles des navires marchands étaient toujours pleines ! Bien sûr, y avait quelques petits travers… y en toujours eu d'ailleurs ! Mais bon… c'était quand même le bon temps !
La Pax Romana…
La Pax Romana…
La Pax Romana…
Non. Non, ce n'était pas possible… Ce n'était pas possible ! La Pax Romana ne datait pas du dernier millénaire ! Non, elle… elle… elle datait du tout premier de leur ère.
- Après beaucoup de choses se sont passés ! On a entendu parler de l'Inauguration de Constantinopolis, des Invasions Barbares à l'Est, du sac de La Roma et de la défaite des Barbares au Nord…
« Constantinopolis » ? Cons… Constantinople ?! Mais cela… cela remontait à l'année de grâce 330 ! Et les invasions barbares ! Elles dataient des grands mouvements migratoires des populations germaniques et hunniques ; autrement dit des années 375 ! Sans parler du sac de Rome par les Wisigoths d'Alaric de 410 ! Et la défaite des Huns en 451 ! Que d'évènements tragiques, mythiques et historiques que le monde ne revivait qu'à travers les livres ! Des évènements que nuls ne pouvaient prétendre avoir comme souvenirs ! Des évènements qu'ils purent cependant presque voir rayonner dans le bleu antique de ses pupilles…
- Au début, on essayait de garder nos distances avec les évènements du Grand Versant ; de pas y porter trop d'importance et de jamais s'y éterniser très longtemps ! C'était mieux comme ça, mais… mais on a tous décidé de faire une pause quand on a appris la chute de notre belle Roma et… et de tout l'Imperuim Romanum…
Par tous les Dieux…
- Ça nous a tous retourné et on savait pas trop ce qui allait se passer après, alors on a pas voulu prendre de risques…
La belle Roma…
L'Imperuim Romanum…
Mais… il parlait l'Empire Romain d'Occident ! Et plus précisément, de la chute de l'Empire Romain d'Occident ! Un évènement ayant retourné le monde le 4 septembre 476 et dont les conséquences géopolitiques avaient été sans pareil ! Un véritable tournant de l'histoire, des cultures et des fois, ayant engendré conflits, guerres de territoire et milles déboires ! Un jour qui à la lueur de son regard semblait à jamais gravé dans les méandres de sa mémoire…
- On est resté sur l'île quelques décennies, histoire de prendre du recul et de faire le deuil de notre pays…
- De votre… votre pays ? Balbutia-t-il.
- Beaucoup de mes hommes venaient de la belle Roma ! Elle avait pas toujours été tendre avec nous, mais que voulez-vous… on peut pas renier ses racines ! Personnellement, je sais que le Vieux Jérôme m'a trouvé plus au Nord, mais je saurais pas dire dans quel Empire ; alors j'aime à croire que la belle Roma m'a adopté… du moins, juste avant que scélérat de Romulus abdique comme le lâche qu'il a toujours été !
Doux Jésus…
- Romulus comme… Romulus Augustus ? L'Empereur Romulus Augustus ?! Déblatéra Hermione dans un frisson.
- Lui-même… Grimaça-t-il. Pourquoi ? Vous l'avez connu ?!
Connu ?! Grand Dieu, non ! Mais l'Histoire le connaissait… lui, le dernier Empereur de l'empire Romain d'Occident.
- Et… et après ? Demanda le mage envoûté. Qu'avez-vous fait ?!
- On a repris la mer pardi ! Mais là encore, le Grand Versant avait pas mal changé…
- C'est-à-dire ?!
- C'était l'Apogée de l'Empire Byzantin et de nouvelles routes maritimes avaient émergée ! Déclara-t-il enjoué Tout allait bien et le monde semblait avoir retrouvé un semblait de paix ! Mais y a eu cette… cette…
S'interrompant un court instant, les Sorciers sursautèrent violemment en voyant Connor se marteler le front. Un geste qui bien qu'il soit désormais habituel, fut brusquement suivit d'une rapide croix, d'un juron tourné le ciel ainsi que d'une étrange pirouette. Un enchaînement de prières pour le moins… soudaines, qui les laissa tous aussi confus que profondément muets.
- Cette satanée Pestis. Cracha-t-il amer.
- Pes… Pestis ?
- Le fléau de Justinien ! Tonna-t-il plus fort. Des milliers de mots chaque jour… vous rendez-vous compte ?! Chaque jour ! Les riches, les pauvres, les vieux, les jeunes… tous y passaient. Tous mourraient !
Pestis…
Pestis…
Pes…
- Tu… tu parles de la Peste ?! S'étouffa la jeune femme.
- Un peu que j'en parle ! Les ports en étaient infestés ! Les rats des calles, les marchandises, les prisonniers… tout était bon à jeter ! J'ai même failli perdre des hommes tant cette teigne de Pestis nous affligeait. On a donc pas eu d'autre choix que d'écourter nos pillages pour éviter les malades…
Par tous les Saints… la première pandémie de Peste ayant ravagé l'Empire Byzantin. La tristement célèbre Peste de Justinien ! Celle-là même qui avait envahi l'ensemble de tout le Bassin Méditerranéen !
- Ça… ça devait horrible… Dit-elle livide.
- Ça l'était ! D'où notre retour sur l'île ! Mais on s'en est bien sorti… pour les autres en revanche, on peut pas en dire autant.
Et encore… cela devait être un euphémisme comparé à la mortalité d'une peste aussi assassine ! En particulier en un temps où la foi était la principale médecine…
- Et… et après ? Demanda à nouveau le Mage.
- Oh et bien… si j'me trompe pas, y a eu l'Empire de Carolus Magnus. Un sacré bougre d'après ce que j'ai entendu !
Carolus Magnus…
Carolus Magnus…
Caro… Oh seigneur, cela ne pouvait qu'être…
- Charlemagne ! S'écria-t-il soudainement.
Surpris par la passion d'un tel cri, Connor ne sut plus quoi dire. Pas plus qu'Hermione d'ailleurs, dont le visage ne parvînt qu'à se déconfire…
- Charle… qui ?
Ne prêtant pas à attention à sa profonde confusion, Voldemort se tourna vers son Initiée dont le cœur s'était à nouveau arrêté, conscient qu'elle seule pourrait comprendre la frénésie qui l'habitait. Que dire ! L'hystérie qui le possédait ! Et pour cause… il avait raison. Il parlait de Charlemagne. Il parlait de Charlemagne ! Le fils de Pépin le Bref, descendant directe de la Dynastie des Carolingiens, Roi des Francs et des Lombards avant d'être sacré à Rome en 800 par le Pape Léon III ! Mais aux vues du regard de Connor, mieux valait ne pas lui dire ça…
- Laisse tomber… S'empressa-t-il d'ajouter. Continue ! Continue !
- Heu… y a eu les grandes attaques des hommes du Nord.
Le premier Raid Viking de 793 sur l'Angleterre…
- Le règne du Bulgaroctone !
Le Bulgaroctone… ou Tueur de Bulgare. Soit les surnoms de Basile II, Empereur de l'empire Byzantin de 976 à 1025…
- Sans oublier le Grand Otton !
Le Grand Otton… ou Otton 1er, fondateur du Saint-Empire Romain Germanique dont le règne avait marqué le début du renouveau culture de l'Occident Chrétien.
- Après j'vous avoue qu'à force, j'ai perdu le fil… Soupira-t-il. Chaque fois qu'on rentraient sur l'île, plusieurs décennies pouvaient s'écouler. Et puis y a eu les nouvelles guerres, les conquêtes, les Croisades, les Dynasties Ottomanes, une nouvelle Pestis, la prise de Constantinopolis, le Nouveau Monde… ça se répétait sans cesse ! Des nouveaux empires, de nouveaux Rois, de nouvelles guerres…
Et avec elles, la création lente, pénible et surfaite du monde moderne. Celui dans lequel les Sorciers vivaient, mais dont Connor n'avaient jamais vu les prouesses…
- Et vous n'avez plus jamais voyagé après… après la découverte du Nouveau Monde ? Demanda Hermione troublée.
- Non… aussitôt après ça, mes hommes et moi sommes rentrer à terre. C'était trop louche pour nous et on voulait pas être mêlé à cette affaire.
Et encore… il ne pouvait en imaginer le tiers.
- Mais on avait pas prévu de jamais repartir…
- Comment ça ?
- Bah… je pensais que comme toujours, on resterait à l'abris pendant une petite décennie ; qu'on repartirait l'esprit tranquille et qu'on prendrait le temps de découvrir tous ces nouveaux pays, mais…
Mais il y avait eu la mutinerie… et avec elle la fin de leurs si belles années de piraterie.
- Mais vous connaissez la suite. Souffla-t-il.
Refroidis par l'amertume de son ton, Hermione s'entendit étouffer un juron devant la douleur de son grincement de dent. Oh non… emportés par la frénésie de leurs frissons, ils en avaient presque oublié la douleur que ces quelques anecdotes devaient raviver dans son cœur d'enfant. Celle d'une époque de feu, de combat et d'effusion… de victoire, de fierté et de réjouissance ! D'une époque à jamais perdu dans le temps, dont les seuls souvenirs paralysaient son cœur du plus cruel des poison… et dont les seules évocations ne pouvaient que le ramener à sa propre déchéance.
- Tes hommes ne voulaient pas attendre… comprit la jeune femme.
- Non… ils ne voulaient pas.
Et se faisant, il avait fait un choix.
- Mais c'est pas grave… finit-il par dire d'une petite voix. Et puis, je suis sûr qu'on a pas manqué grand-chose !
Se jetant un regard éberlué, les deux Sorciers ne surent que répliquer, la gorge soudainement serrée devant ses vaines tentatives de se rassurer. Et pourtant, il ne pouvait pas plus se tromper… Car s'il n'avait pas pris la mer depuis la découverte de l'Amérique en 1492, alors cela signifiait qu'il n'avait pas seulement un siècle de retard… mais bien cinq. Cinq siècles de découvertes, d'évolutions, de guerres et de renaissance, dont il n'avait pas la moindre conscience. Soit une véritable éternité, pendant lequel le monde s'était mille fois réinventé…
- Je n'arrive pas y croire… Souffla le Mage transporté. Je veux dire… c'est incroyable !
Oui… ça l'était. Et même plus encore ! Car tout cela ne faisait pas de Connor qu'un être exceptionnelle ; pas plus qu'un simple Capitaine ! Non, ça… ça faisait de lui le rêve ultime de tout immortel. L'exemple même d'une destinée toute aussi glorieuse que légendaire ! Un réceptacle de savoir intemporel, de force et de sagesse, le tout condensé dans un corps dénué de toute faiblesse ! Et se faisant, il était tout ce qu'il avait lui-même toujours convoité… un Roi que nul ne pourrait jamais détrôner.
Oui… plus aucun d'eux ne pouvait le nier ! Connor était tout ce qui n'avait encore jamais existé…
Le seul être vivant au monde à avoir assisté à ce que seuls les livres racontaient.
Le seul être vivant au monde à pouvoir changer leurs perceptions d'un passé mille fois étiolé !
Le seul être vivant au monde à connaître les secrets que les temps avaient oubliés…
- Tu as vraiment connu toutes ces époques… S'extasia-t-il ébranlé. Tu as vraiment navigué sur toutes ces mers ! Tu… tu as vraiment vécu pendant l'ancien Millénaire !
- Oh je t'en prie ! Rougit-il. Je sais que j'ai quelques siècles mais je suis pas si vieux que ça !
Quelques siècles ? Non… Non, loin de là ! Car s'il avait commencé ses voyages du temps de la Pax Romana alors… alors… Oh Seigneur. Se figeant violemment devant lui, Hermione sentit une nausée la faire défaillir, délavant davantage ses joues alors devenues translucides. Une réaction soudaine, troublante et mortifiée, que son Maître sentit résonner depuis le bruissement d'écaille de son serpent pétrifié… avant qu'il ne rencontre son regard horrifié et ne sente son propre esprit se paralyser. Non… non, cela ne pouvait être possible. Cela ne pouvait être possible ! Mais les maths ne mentaient pas ! Pas plus que ses repères Historiques, appellations latines ou jurons antiques ! Oui… ils le voyaient maintenant. Pour preuve, il ne suffisait que de se souvenir de la référence qu'il avait donné à sa propre date de naissance : « J'connais pas la date mais je sais que c'est pas longtemps avant que le Grand Domitien rende l'âme ». Titus, le Domitien... Or, il ne s'agissait pas là d'un nom choisi au hasard, ou d'un inconnu de l'Histoire ! Non… mais de Titus Flavius Domitianus, un Empereur Romain mort en 96. Et se faisant, cela ne signifiait qu'une chose : Connor se trompait. Il n'avait pas que quelques siècles… mais bien Deux Millénaires.
Deux.
Millénaires.
Bon sang… Cela semblait irréel. Impossible ! Imaginaire ! Risible ! Et profondément lunaire ! Et pourtant, ils ne pouvaient se mentir...
Connor était plus vieux que les Anciens Rois Vampires.
Connor était plus vieux que les Grands Ancêtres Elfiques.
Connor était plus vieux que le Monde Magique !
Connor… Connor était à peine plus jeune que le Christ…
Une vérité ahurissante, chimérique, folle, hystérique, insensée et presque biblique… Une vérité dont la seule pensée suffit à disloquer le reste de leurs esprits, à morceler toutes les connaissances qu'ils avaient toujours tenu pour acquis et à les plonger dans la plus terrifiantes des vésanies ; celle d'un monde où Connor avait vécu plus d'années qu'ils ne pourraient jamais en compter… dans le corps d'un enfant n'ayant même pas encore atteint la puberté.
- Mais… mais comment c'est possible ? Balbutia Hermione livide.
- Quoi donc ?
- Ta longévité ! Enfin… nous savons que la Magie de l'île te protège, mais… mais…
Mais un tel pouvoir… une telle puissance… Seigneur, ça frôlait l'aberration ! Que dire ! L'indécence ! Et pour cause… une telle violation des lois naturelles du temps ne pouvait rester sans conséquences ! Sans contrepartie, prix ou malédiction ! Certes, la majorité des constantes du monde ne semblaient pas s'appliquer à l'Autre Versant et le Sorcier s'était assuré de ralentir son vieillissement… mais Connor avait plus de deux milles ans. DEUX MILLE ANS ! Et était toujours un enfant…
- Je sais bien que ça peut faire bizarre… concéda-t-il. Mais l'île veille sur ses pirates !
- Mais tu n'as jamais eu… je veux dire… tu n'as jamais eu envie de grandir ? Demanda Voldemort ahurit. De devenir un homme ? De prendre en maturité, en respect et en force ?!
Réfléchissant un court instant, Connor se mura dans un étrange silence, les sourcils froncés par la tournure d'une telle question. Devenir un homme ? Prendre en maturité et en… force ? Cela ne semblait pas être un pari très risqué ; pas même qu'un prix cher payé ! Pourtant et malgré ses longues années de vie, de voyages et de glorieuses épopées, il ne l'avait encore jamais désiré. Bien sûr, il y avait déjà pensé ! Comment aurait-il pu en autrement être d'ailleurs ?! C'est à peine s'il était plus lourd qu'un tas de feuille ! Mais de là à vouloir prendre de l'âge ? A envier ses hommes pour leurs tailles, leurs forces ou endurances aux combats ? A avoir honte de sa frêle carcasse ou à maudire la longévité de sa vie de pirate ?! Non… il n'avait encore jamais fais ça. Non pas qu'il était contre une telle idée ! Mais n'avait encore jamais formulé un tel souhait...
- Je ne sais pas… Finit-il par avouer. J'imagine que j'ai jamais vraiment réfléchi à ce sujet.
- Pourquoi ça ?
- Parce que j'en ai jamais eu besoin ! Bien sûr, tout est plus difficile quand on est pas plus haut que trois pommes de pins, mais… j'ai jamais eu besoin d'être grand pour savoir naviguer, tenir la barre, m'orienter ou me battre ! Ça m'a même aidé quelques fois !
- Vraiment ?
- Bah c'est que les matelots qu'on attaquait étaient toujours un peu plus réticents à l'idée de se battre contre un enfant ! Rétorqua-t-il dans un sourire.
Oui… dit ainsi, il était vrai que cela semblait pertinent ; mais ce seul avantage valait-il vraiment la peine d'être à jamais piégé dans le corps d'un enfant ? Alors même qu'il avait vécu plus longtemps que quiconque en ce bas monde ? Les Sorciers n'auraient su dire, incertains quant à leurs capacités de jugements sur une question aussi sensible… mais également extrêmement mal à l'aises à l'idée qu'il puisse avoir déjà tué des hommes à un âge aussi infantile.
- Et puis, ça créait un effet de surprise !
Amusé, il se frappa le front entre deux éclats de rire, le regard à nouveau embrumé par de nouveaux souvenirs.
- Je vous dis pas leurs têtes quand il me voyait dégainer mon glaive ! S'exclama-t-il. Il était presque plus lourd que moi !
- Ton… ton glaive ?!
- Bah oui ! J'étais le Capitaine ! J'allais quand même pas me battre avec un arc et des flèche !
Oh Seigneur…
- Et puis, fallait bien que je défende mes hommes !
- Je croyais que c'était eux qui devaient te défendre ?! Releva le Mage confus.
- C'est le cas ! Mais c'est aussi mon devoir !
Troublé, Voldemort sentit son esprit s'agiter malgré sa migraine, mélange de pensées incomplètes et d'incompréhension incertaine… bien sûr, il savait que ses hommes lui avaient prêté serment. Mais jusqu'alors, il n'avait jamais précisé que ce dernier était réciproque. Un détail d'apparence anodine, qui alors même qu'il croyait avoir fait le tour de la question, le saisit d'un nouveau frisson…
- Attend… dit-il brusquement. Tu as fait une promesse au Sorcier, pas vrai ?!
- Hum hum !
- Et… et à tes hommes ?!
- Bah oui !
Oh non.
- Mais… quand ?! S'étouffa-t-il.
- Juste après que chacun d'eux m'ait apposé une cicatrice… pourquoi ?
Ebranlé, le Mage se mordit la langue d'ahurissement, le corps soudainement transit d'une nouvelle adrénaline à mesure que s'alignaient les dernières pièces de ce puzzle branlant. Un puzzle dont il n'avait jusqu'alors pas pleinement pris connaissance… un puzzle aux contours flous et rebords grinçant… mais un puzzle qui tel un serpent dans un puit de ronce, ne lui avait laissé voir que les ombres d'un seul versant. Celui où Connor était l'enfant… et ou seuls ses hommes lui avait prêté serment.
- Que disait-il ? Demanda-t-il durement.
- Quoi ?!
- Ton Serment envers tes hommes ! Que disait-il ?!
Surpris, Connor balbutia un court instant, décontenancé par l'urgence de son ton. Son serment ? Celui-là même qu'il avait fait à ses hommes avant le début de leur mission ?! Par Marise, cela faisait si longtemps… mais comme un sceau couvert d'or et d'argent, une promesse faite de mot et de sang ou une prière scandée au pied d'une tombe, jamais il n'en avait oublié le moindre son. Et jamais il ne pourrait oublier le regard de ses hommes quand ils l'avaient vu se grandir devant eux, en dépit de son poitrail sanglant…
« Mes nobles compagnons… je me présente devant vous, humble et enfant. Je me présente devant vous, seulement fait de chair et de sang ! Mais je me présente devant vous, debout, fier et grand. Car ce soir, débute notre renaissance… Car ce soir, débute la plus grande quête de notre existence ! »
Transportés, les Sorciers frissonnèrent à l'écho de sa voix changée… la seule qui accompagnée de ses iris bleutées, suffit à les plonger dans une nouvelle apnée.
« Alors entendez-moi pirates ! Entendez-moi comme le vent dans nos voiles, comme la pluie sur nos mâts et les flots contre nos bastingages ! Entendez-moi et souvenez-nous de mes mots… ceux-là même que vous pourrez graver sur mon tombeau. »
Un silence.
Un instant.
Un frisson.
Avant l'ultime serment…
« Moi, Connor McGalighan, jure de vous honorer, comme vous m'avez honoré ce soir. Moi, Connor McGalighan, jure de vous protéger, de vous servir et de vous guider par de-là le grand bleu du large ! Moi, Connor McGalighan, jure de combattre, de piller, de tuer et de triompher au nom de notre gloire ! Et moi, Connor McGalighan, jure de ne vivre que pour rendre grâce à mon équipage… »
Par tous les Dieux…
« Que le Sorcier me maudisse si je venais à faillir ! Que Marise me frappe et que l'île me punisse ! Car je vous le dits haut et fort mes frères… jamais vous ne serez trahit par votre Capitaine. »
Ainsi, c'était dit.
Ainsi, c'était écrit.
Ainsi, ils s'étaient tous mépris…
Car Connor les avait bel et bien trahis… et l'île lui avait obéit.
Heyyy ! Vous vous étiez posés la question, vous avez désormais la réponse ! Depuis le début, Connor avait violé son propre serment... celui-là même qui les condamne dans l'Autre Versant. Une découverte pour le moins inattendu, mais qui comme vous vous en doutez ne va pas manquer de rebondissements ;)
En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu ! J'ai adoré l'écrire, en particulier le petit passage historique ! :D
Bon, ne m'en voulez pas si les périodes/évènements évoqués sont mal résumés ou positionnés dans l'histoire, j'ai fait de mon mieux et j'espère que personne ne s'est étouffé en lisant ce passage ! ^^'
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Je vous dit à très vite ;)
BIZZZEEEE