Prostré depuis plus d'heures qu'il n'aurait pu en compter, Connor replia ses genoux contre sa poitrine, le cœur lourd et l'âme fragile. Assis sur un rocher, il s'était isolé peu de temps après sa discussion avec les Sorciers, laissant alors ses jambes le guider là où personne ne pourrait l'entendre hurler ; laissant alors son regard se perdre sous le flot des pensées, son menton trembler au rythme de ses sanglots étouffés et ses joues brûler sous les coulures de ses larmes séchées... laissant alors son corps se replier dans l'écho de son cœur brisé.
Oui… brisé.
Son cœur, son âme, son esprit, ses espoirs… tout s'étaient écroulés tel un vulgaire château de carte, ne laissant de lui qu'un réceptacle de douleur, de cris et de larmes ; qu'un vaisseau de honte, d'horreur et de cauchemar… qu'un petit garçon dont la naïveté l'avait mené au drame. Le seul de sa vie qu'il n'aurait jamais eu l'audace de prédire, mais qui tel un couteau à la lame assassine, venait de lui perforer les entrailles de son tranchant avide. Bon sang… existait-il plus infâme ? Plus douloureux ? Plus grave ? Plus tortueux ? Que de savoir qu'il s'était lui-même condamné dans l'éclat d'une fourberie calomnieuse ? D'un mensonge orgueilleux ? D'une rancœur insidieuse ? Non… il ne pouvait concevoir destinée plus affligeante ; détresse plus hurlante, horreur plus avilissante ! Pour la simple et bonne raison, qu'il n'avait encore jamais commis pareille trahison…
Seigneur… Une trahison. Une trahison ! Une… Bon Dieu, c'est à peine s'il parvenait à le concevoir sans s'étrangler de honte ! Sans sentir son cœur s'éventrer d'un spasme sanglant et son âme l'assourdir de mille hurlements ! Une trahison… Lui Connor McGalighan avait commis une trahison ! Et par n'importe laquelle, non ! Mais la plus odieuse… la plus vile, la plus pernicieuse – que dire ! – la plus ignoble qui lui était capable d'imaginer sans céder à la bile d'un hoquet nauséeux ! Et le pire était qu'il n'en avait jamais rien deviné… aveugle, sot et niais, il était resté sourd aux cris de son ignominie, se complaisant alors dans l'illusion d'un devoir bien accompli ! Pire encore, se réjouissant de ne pas avoir cédé aux affres d'une pitié égoïste ! D'une clémence interdite ! D'une faiblesse proscrite ! Mais ce dont il s'était repu, n'était en réalité que le nectar du plus effronté des dénis… de la plus honteuse des calomnies ! Car il n'avait jamais sauvé ses hommes du déshonneur ; il n'avait jamais sauvé son île d'un déclin ravageur et honorer ses serments au prix de son propre bonheur ! Non… il n'avait rien fait de cela. Au contraire, il… il n'avait fait que trahir son équipage. Une évidence dont la seule conscience, ne réussissait qu'à l'assiéger des plus insolents tourments… D'ailleurs, comment aurait-il pu en être autrement ?! Il avait trahi son serment ! Trahi ses hommes ! Trahi son rang ! Et réduit à néant tout ce qu'ils avaient si durement construit à la sueur de leurs fronts ! Jamais il ne pourrait s'en remettre ! Jamais il ne pourrait réparer ses méfaits ! Car ni ses regrets, ses supplications, ses prières et demandes de pardon, ne saurait apaiser le courroux d'un tel affront. Et se faisant, rien ne saurait jamais endiguer la malédiction qui l'avait frappé ; une malédiction qui s'était lui-même jeté, et qu'il ne pouvait nier comme étant mille fois mérité…
Aussi, c'est sans même chercher à cacher son effroi que Connor sanglotait silencieusement devant le rivage, ses larmes se mêlant aux reflets flamboyants du sable tandis l'écho de ses plaintes se perdait sous les remous silencieux des vagues…
Un instant de deuil, dénué de vie, de bruit ou de vent…
Un instant comme il y en avait rarement sur l'île de l'Autre Versant…
Mais un instant porteur de toute l'amertume qui intoxiquait son sang…
Bon sang… Qu'il soit maudit. Qu'il soit maudit, lui et ses mots emplit de mensonges cathartiques ! Lui et ses espoirs gorgés de rancœur hypocrite ! Et lui et tout ce que son âme avait toujours tenu pour acquis ! Il ne méritait rien de son titre… rien de la magie de l'île, rien de sa protection et de sa longévité salvatrice ! Non… il ne méritait rien de tout ce qu'avaient été ses prérogatives ! De l'honneur et de ses exploits héroïques ! Rien ! Alors oui… qu'il soit maudit ! Maudit ! Maudit ! Que la honte l'assassine ! Que le Sorcier le fasse périr ! Que Marise l'étripe et que son nom tombe dans l'oubli ! Il ne méritait aucun répit… aucune paix, aucun sursis ! Car plus aucune vérité n'était à fuir ; plus aucun doute ne pouvait survivre… et plus aucun mensonge ne pouvait l'enorgueillir.
Il avait failli…
Lui, Connor McGalighan avait failli !
Failli ses hommes. Failli son serment. Failli tout ce qu'il avait cru servir si dignement ! Ainsi, ne lui restait plus qu'à endurer son ultime pénitence… celle de vivre en sachant qu'il ne mériterait jamais le moindre pardon.
- Connor ?
Sursautant brusquement, le petit garçon se redressa dans un frisson, le souffle court devant l'ombre d'une Hermione hésitante. Depuis quand était-elle là ? Il ne chercha pas à le savoir… Pourquoi l'aurait-il fait de tout manière ? Il n'avait plus rien d'un Capitaine. Pourtant, la jeune femme n'en sembla pas moins mal l'aise ; sûrement ne voulait-elle pas l'effrayer ? Le brusquer ? Ou l'interrompre dans son recueillement endeuillé ? Mais à quoi bon se cacher ? Il avait tout perdu, tout détruit, tout brisé ! Ne restait plus rien de lui. Ne restait plus rien de tout ce qu'il avait accompli ! Si… une chose : la certitude qu'il avait ruiné sa vie.
- Tu… tu permets ? Souffla-t-elle.
Ne répondant que d'un vague hochement de tête, Connor détourna le regard, cherchant alors à vainement dissiper les brouillards dont l'embuait ses larmes… Il ne voulait pas qu'elle le voit comme ça ; qu'elle ait pitié et le plaigne alors qu'il était le seul responsable de son désespoir ! Mais il ne trompait personne… et certainement pas la clairvoyance de cette chère Hermione. Aussi, c'est incertaine qu'il vit la jeune femme s'avancer jusqu'à son rocher, les joues pâles et la figure défaite à mesure qu'elle détaillait ses yeux boursouflés ; des yeux bleu, perçants et injectés de sang… des yeux tremblant, larmoyant et imprégnés d'une douleur sans nom… des yeux dont la seule vue, la pétrifièrent d'épouvante. Oh non… Elle connaissait ces pleurs. Elle connaissait cette douleur ; celles qui suivent l'éventrement d'un cœur, et qui présage la fin de tout bonheur. Celles qui torpillent l'âme d'un mal destructeur pour ne laisser qu'un réceptacle de terreur ! Celles qui dévorent l'esprit de la plus obscure des clameurs, et délave la vie de toute saveur… Oui, elle-même les avait connus. Elle-même les avait éprouvés à ses heures de solitude. Mais lui ? Non… il était trop jeune pour en souffrir. Trop jeune pour se laisser détruire ! Mais qu'aurait-elle pu dire ? Il venait tout juste de comprendre que son île l'avait maudit… qu'il avait failli et que ses hommes lui étaient à jamais inaccessibles ! Un poids bien trop lourd à porter, dont rien ne pourrait jamais le lester… Aussi, c'est plongée dans un profond mutisme que la sorcière laissa échapper un soupir, le cœur lourd devant ses reniflements furtifs. Perdu dans sa détresse, il avait rabattu ses longs cheveux en arrière, ne laissant alors que d'imperceptibles mèches blondes coincées dans la commissure de ses lèvres. Epuisées, ses paupières avaient gonflé, ses joues s'étaient creusées, ses lèvres gercées et ses épaules affaissées, n'offrant de lui que l'image d'un enfant mortifié… un enfant qui après avoir passé des heures à pleurer, ne portait sur lui que pâleur, cernes et traits tirés. Une image toute aussi frappante qu'insoutenable, dont la seule vue manqua de lui arracher une larme…
- Connor…
- Je vais bien. Dit-il brusquement. Faut pas t'en faire…
Ne pas s'en faire ? Alors même qu'il était parti en courant ? Qu'il avait disparu entre deux hurlements et qu'ils avaient passé pas moins de trois heures à le chercher la peur au sang ?! Autant dire qu'ils avaient dépassé le stade de la simple inquiétude… en particulier quand ils savaient depuis quand lui pesait le mystère de sa solitude.
- Tu es sûr ?
Sursautant à nouveau, Connor haleta à l'écho de la voix de Voldemort dans son dos. Une voix étonnement douce, inquiète et prévenante, dont le velours réconfortant ne manqua pas de lui arracher un frisson. Oui… il était là lui aussi. Sortant lentement de l'ombre de la forêt, il les rejoint en deux enjambées, le visage cerné après le tumulte d'une pareille journée… mais le visage également barré de rides profondes, qui gravées au cœur de son front, suffirent à traduire la vivacité de ses propres tourments. Et pour cause… il s'était attendu à beaucoup de choses aujourd'hui ; à des découvertes, des retournements, une nouvelle quête et peut-être même de nouveaux ennemis ! Mais jamais ô grand jamais il n'aurait été en mesure d'anticiper pareil serment ! Et en particulier les conséquences de son inconsciente trahison… Une vide solitude, de questions et d'incertitudes. Une vie hantée par le souvenir d'une gloire révolue, passée et éternellement perdue. Une vie que nul n'aurait pu endurer sans s'avouer vaincu, mais à laquelle Connor s'était résigné sans jamais chercher d'issue. Etait-ce de la sagesse ? Du courage ? Ou de la lassitude ? Il n'aurait su dire… mais savait une chose : aucun homme ne méritait de vivre un tel supplice. Pour preuve ! Il avait toujours été profondément sadique et ne l'aurait même pas souhaité à son pire ennemi ! Car il n'existait rien de plus horrible que de regarder son propre monde tomber lentement dans le plus implacable des oublis… un sort dont la cruauté ne manqua pas de le faire tressaillir, et qui à la vue de ses larmes encore humides, le laissa les rejoindre dans un profond soupir.
- Tu n'as pas à faire semblant avec nous… Dit-il du bout des lèvres.
- Parce que vous devinerez si je mens…
- Non. Lui souffla Hermione tendrement. Mais parce que nous… nous savons ce que tu ressens.
Etonné, Connor haussa un sourcil surpris, son poignet râpant douloureusement ses joues à mesure que ses larmes commençaient doucement à tarir. Toujours recroquevillé sur lui-même, il les détailla un court instant, incertain quant au sens de cette déclaration ; pourtant et malgré la bienveillance de leur ton, c'est profondément amer que le petit leur offrit une figure grimaçante…
- J'voudrais pas être impoli... Dit-il entre ses dents. Mais j'en doute ; personne peut comprendre ce que je ressens…
- Tu crois ça ? Sourit le Mage.
- Oui… personne peut savoir ce que ça fait de passer des années à croire en un mensonge ; à espérer chaque jour obtenir une réponse pour finalement… finalement se rendre compte qu'on a trahit le plus sacré de tous ses serments.
S'échangeant un regard en coin, les Sorciers virent ses pupilles se perdre au loin, son esprit cherchant désespérément à fuir la réalité de ce qu'avait été son quotidien… Une réalité cependant bien plus commune qu'il ne le pensait, et qui ramena la jeune femme à ce qu'elle avait elle-même éprouvé du temps où son nom n'était réduit qu'à la traîtrise de son passé.
- Non… fit-elle alors la gorge serrée. Tu te trompes.
- N'essaye pas de me réconforter…
- Je n'essaye pas. Mais je peux t'assurer que tu n'aies pas le seul à qui… à qui ce genre de chose est arrivé.
Ne manquant pas la fébrilité soudaine de sa voix, Voldemort rejoint son Initiée en quelques pas, conscient que chacun de ses prochains mots ne tarderaient pas à esquinter son âme… des mots qu'elle n'avait que peu de fois prononcé sans y être forcée, mais qui il le savait, resteraient à jamais la plus douloureuse des épreuves qu'elle puisse endurer : celle de raconter la trahison qu'elle avait elle-même subit… et orchestrée. Aussi, c'est sans rien dire qu'il s'avança lentement jusque dans son dos et l'entoura de ses bras, sa marque scintillant subitement à la chaleur de son contacte. Un contact simple, aimant et délicat… qui alors même qu'elle sentait ses lèvres s'appuyer doucement sur le haut de son crâne, lui redonna un semblant de courage.
- J'comprend pas. Dit Connor intrigué.
- C'est pourtant simple. Souffla le mage. Je n'ai personnellement jamais regretté la moindre de mes trahisons mais je sais de source sûre que… ce n'est pas le cas de tout le monde.
Regretter… Regrettait-elle vraiment d'avoir trahi Harry et Ron ? Regrettait-elle d'avoir trahi la résistance, ses amis et l'Ordre ? Ou regrettait-elle d'avoir trahi ses principes et tout ce qu'elle avait toujours cru jusqu'alors ? Telle était la véritable question… mais l'heure n'était pas à ce genre de discussion.
- Comment ça ? Demanda-t-il surpris.
Mal à l'aise, Voldemort vit la jeune femme se mordre la lèvre, encore incertaine quant à sa légitimité à parler d'un tel sujet. Etait-ce trop tôt ? Avait-elle assez de recul pour trouver les bons mots ? Elle ne savait pas… mais ne pouvait nier les ressemblances de son histoire avec le sienne ; et encore moins quand il portait en lui l'exacte douleur qu'elle avait endurée avant de rencontrer son Maître…
- Tu as trahi quelqu'un que tu aimais ?
Seigneur… elle allait détester chaque instant de cette conversation. Mais Connor était trop jeune pour sombrer sous le poids de pareils tourments ; tout comme il était trop jeune pour admettre ce qu'elle avait elle-même mis presque un an à comprendre…
- Oui… Admit-elle en s'accrochant aux bras de son Maître. J'ai trahi des gens que j'aimais. A vrai dire, j'ai… j'ai trahi tous ceux que j'aimais.
Décontenancé, le petit garçon la regarda d'un air éberlué, profondément surpris par un aveu aussi spontané… mais également par l'étrange tristesse qu'il vit rayonner dans ses yeux mordorés.
- C'était il y a longtemps ? Se risqua-t-il à demander.
- Non… pas très longtemps. Mais j'ai bien peur que dans ce genre de situation, le temps n'apaise aucune souffrance.
Non… aucune. Pas même, la plus minuscule.
- C'est à cause de ta rencontre avec Tom ?
Toujours surpris par l'emploi de son prénom, Voldemort grinça des dents, la moitié de sa figure alors enfouie dans les cheveux de son amante. Pourtant, c'était une bonne question : les avaient-elle trahi pour lui ? En un sens, oui... Cela avait été la contrepartie de l'audience dont elle s'était tant languie. A la seule différence qu'elle n'y avait vu aucune objection... et que cette décision avait davantage revêtu les traits d'une vengeance, que d'une véritable trahison.
- Ça a joué. Dit-elle alors. Du moins… c'est ce dont j'ai essayé de me convaincre.
- Comment ça ?
- Eh bien… il est toujours facile de reporter la faute sur un concours de circonstance ou une nécessité. Mais la vérité que nos actions ne dépendent de rien d'autre que de notre volonté… et de ce que nous sommes prêts à sacrifier.
Oui… c'était vrai. Rien ne servait de le nier ; elle n'avait jamais eu l'obligation de se rendre à Voldemort… elle n'avait jamais l'obligation de lui jurer fidélité, de devenir son Initiée ou de terrifier le pays tout entier. Pour preuve, elle aurait très bien pu partir à la recherche des autres sphères toute seule ! Mais aurait-elle réussi ? Là aurait été le risque… un risque qu'elle n'avait pas voulu prendre, et qui l'avait mené à tout sacrifier pour avoir une chance de sauver le monde. Mais encore une fois, cette décision ne résultait pas d'un concours de circonstance ; seulement d'un constat, d'une nécessité et d'une évidence. Celle qu'elle n'y serait jamais y arrivée, et que la perte de leur magie aurait été de sa responsabilité…
- Nous… nous t'avons dit à quel point nous étions ennemis dans le passé. Reprit-elle. A quel point nous étions opposés et cherchions désespérément un moyen de nous tuer.
- Hum hum…
- Et bien… je n'étais pas la seule à avoir ce projet. Déclara-t-elle du bout des lèvres. Nous étions beaucoup à vouloir nous révolter, nous battre et protéger nos libertés… et avant même que je ne m'en rende vraiment compte, mes amis et moi avons commencé à construire une Résistance.
Luttant douloureusement contre le sanglot qui l'étranglait, Hermione inspira avec force l'air marin qui l'entourait, la main de son Maître effleurant délicatement sa nuque dans un tressaillement muet. Dieu qu'elle détestait se souvenir de cette époque… et tout ce en quoi elle croyait encore.
- Nous étions trois à mener la Resistance. Murmura-t-elle. Et nous étions… nous étions les meilleurs amis au monde.
- Au passé ? Releva Connor.
- Oui… au passé.
Un passé bien plus récent qu'elle ne voulait se l'avouer.
- Au début, nous n'avions qu'un seul et même but : vaincre Voldemort. Bien sûr, c'était difficile, douloureux et même franchement pénible… Nous étions constamment surveillés, chassés, traqués et menacés. Nos têtes avaient été mises à prix, nos proches devaient se cacher pour survivre et certains de nos alliés se voyaient obligé de nous trahir pour sauver leurs familles…
Des familles qui bien sûr, en avaient quand même payé le prix…
- C'était une sombre époque mais… même si cela nous coûtait des amis, nous créait des ennemis et nous volait absolument tout de nos vies, nous étions déterminés à réussir. Nous étions persuadés que quoi qu'il arrive, nous parviendrons à vaincre le Mage Noir qui projetait de tous nous détruire… nous libérerions le monde sa tyrannie et donnerions un sens à tous nos sacrifices !
Ne manquant pas l'œillade ahurit du petit, Voldemort esquissa un sourire amusé, conscient de tous les commentaires connotés qu'il devait se retenir de lui lancer… Non pas qu'il puisse le blâmer ! A les voir s'étreindre aujourd'hui, il semblait presque impossible de les imaginer se détester ! Pire encore, de vouloir se tuer ! Mais une fois encore, cette époque appartenait au passé. Un passé que tous deux avaient choisi d'oublier le jour de leur marché… et qui s'étiolait davantage à chacun de leur baiser.
- Autant dire que nous sommes tombés de haut quand nous avons échoué… continua-t-elle. Nous étions déboussolés, endeuillés, dévastés, humiliés mais aussi profondément diminués. La Résistance que nous avions créée était décimée… mais ça été plus dur pour eux.
- Tu parles de tes amis ?
- Oui… ils étaient détruits. Mais je ne pouvais me résoudre à perdre espoir, alors j'ai continué mes recherches jusqu'à ce que… jusqu'à ce que ne découvre l'existence des sphères.
Et qu'elle n'entame sa descente aux enfers…
-Depuis ce jour, je n'ai plus jamais été la même. Avoua-t-elle. Depuis ce jour, j'ai compris que tout ce pourquoi je m'étais toujours battu était... superficiel. Mais Harry et Ron ne pensaient pas de cette façon. Et se faisant, ils... ils ont commencé à me traiter différemment.
Intrigué par la soudaine gravité de son ton, Connor se redressa subitement, le regard ancré sur celui d'une jeune femme désormais transit de nouveaux frissons… des frissons qu'il crut presque reconnaître malgré les bras protecteurs de son Maître, mais dont la terreur lui restait encore un mystère.
- Je ne m'éterniserais pas sur les détails mais… ils m'ont cru ensorcelé. Déglutit-elle avec peine. Ils n'arrivaient pas à comprendre que je puisse accepter notre défaite, me tourner vers une autre quête et renier tout ce pourquoi nous avions sacrifié notre jeunesse. Bien sûr on peut les comprendre, mais… j'ai eu beau tenter de leur expliquer, de leur montrer les preuves et de les supplier… ils ne m'ont jamais écouté.
Exactement comme son équipage ne l'avait pas écouté.
- Alors ils… ils ont tenté de me… de me "dé-ensorceler".
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Qu'ils l'ont torturé. Tonna le Mage.
Sonné, le petit vacilla sous la violence d'un tel aveu, les yeux écarquillés à mesure qu'Hermione se repliait contre son Maître dans un hoquet nauséeux. La… la torturer ? Comme ça ?! Egoïstement ? Gratuitement ? Effrontément ? Comme si tout ce qu'elle avait accompli ne valait rien de plus qu'un châtiment ? Grand Dieu… c'était immonde ! Que dire ! Révoltant ! Avilissant ! Incompréhensible ! Et profondément écœurant ! Aussi, Connor n'eut besoin d'aucune autre explication pour comprendre la douleur qui l'habitait à chaque seconde ; celle de vivre en sachant que ses meilleurs amis ainsi que sa seule et une unique famille, avaient choisi de la renier de la pire des façon possible… et de lui faire endurer un véritable supplice, au seul motif qu'elle ne partageait plus leurs avis.
- Mais… mais c'est horrible. Souffla-t-il ahurit.
N'osant plus le regarder, la jeune femme se mordit la langue en silence, son serpent rampant jusque sur la peau de son dos où reposaient les traces de leurs chers « traitements » … les seuls qu'aucun soin, onguent ou potion, ne pourrait jamais guérir complètement.
- Oui. Mais ils étaient désespérés… Finit-elle par dire. Et moi aussi.
Aucun d'eux n'avaient eu raison… aucun d'eux n'avait eu la bonne ou mauvaise réaction.
- Alors ils m'ont trahi… et moi aussi.
Mais aucun d'eux ne méritait de souffrir autant…
- Après qu'ils m'aient abandonné, j'ai compris que… que je n'avais plus rien à perdre ; plus d'amis, plus de foyer, plus de famille… j'étais seule. J'ai donc décidé de me tourner vers le seul Sorcier assez fou pour écouter les litanies d'une érudite en disgrâce, et croire en la gravité de mes présages.
Un Sorcier qui à sa seule évocation, lui embrasa furtivement le front…
- Toi. Dit Connor au Mage.
- Moi… et je ne regrette pas mon choix.
Et pour cause ! Il avait accueilli une ennemie dans l'espoir d'en faire une alliée ; mais n'aurait jamais eu l'audace d'imaginer qu'il en ressortirait avec la plus talentueuse des Initiée… et la plus incroyable de toutes les femmes ayant jamais existé.
- Mais qu'est-ce qui leur ai arrivé ? A tes anciens amis, j'veux dire ? Demanda-t-il.
Le pire, pensa-t-elle. Quoi qu'à bien y regarder, elle n'avait pas causé davantage de morts qu'elle ne l'avait imaginé – exception faite de l'intégralité des Sirènes, de plusieurs dizaines de vampires, d'une centaine de créatures magiques et de Seamus bien sûr… mais mieux valait ne rien en dire.
- Je voulais les faire souffrir. Alors j'ai décidé de les trahir comme eux m'avais trahi… et de révéler tout ce que je savais à l'ennemi.
Confus, Connor ne compris pourquoi une larme silencieuse roula sur sa joue, unique symbole de la douleur qu'elle éprouvait encore chaque jour. Pourtant, elle ne devrait pas en souffrir ; au contraire même, elle devrait sourire ! Se réjouir ! Savourer sa vengeance et être fière de tout ce qu'elle était parvenue à devenir ! Mais il n'en était rien… Affligée et toujours aussi blessée par la tournure tragique de leur amitié, Hermione ne semblait éprouver que tristesse et culpabilité, douleurs et nausées, amertume et regrets… que d'émotions qui en dépit de ses nouvelles convictions, ne parvenaient qu'à attiser le feu de ses effroyables tourments.
- Ce que j'essaie de te dire c'est que comme toi, j'ai cru que ceux que j'aimais le plus m'avais trahi… et que cela me donnait le droit de les punir.
- Mais ils t'ont trahi ! Rétorqua-t-il outré
- Oui… mais ils avaient surtout peur.
Peur… peur de l'inconnu, du changement, d'une rébellion, des conséquences, d'une nouvelle malédiction… et indirectement, peur de leur propre ombre.
- La même peur qui a poussé tes hommes à te trahir… et à organiser une mutinerie.
Bouleversée, le petit ne trouva plus la force de parler, le cœur plombé par des parallèles qu'il n'avait jusqu'alors pas remarqué. Des parallèles étonnements bien plus présents qu'il n'aurait pu l'imaginer, et dont la simple signification suffit à le mortifier.
- Mes amis ont cru que j'avais perdu l'esprit ; que j'avais perdu la foi en notre combat et que cela faisait de moi une lâche… mais la vérité est qu'ils se sont perdus eux-mêmes.
Eux-mêmes…
- Ils ne voyaient pas ce qu'ils faisaient, ce qu'ils sacrifiaient et ce qu'ils étaient prêts à faire pour gagner…
Par tous les Saints… il ne pouvait y croire. Il ne voulait y croire ! Mais il n'avait plus le luxe de se complaire dans un nouveau mirage. Il ne pouvait plus nier ce qui lui sautait au visage !
- Ils ne voyaient pas tout le mal qu'ils me faisaient... tout comme je ne voyais pas tout le mal que je leur faisais. Souffla-t-elle fébrilement.
Ebranlé, Connor ne parvînt plus à respirer, l'âme renversée par tout ce qu'il se mettait à réaliser… et par tout ce qu'il n'avait cessé de nier pendant ses années de rancœur et de pleurs étouffées. Car Hermione se trompait ; il n'était pas comme elle… et contrairement à ce qu'il avait toujours cru, il n'était pas non plus la victime d'une injustice cruelle. A vrai dire, c'était tout le contraire…
- Bien sûr, je n'excuse pas ce qu'ils m'ont fait subir. Mais je crois… je crois qu'aucun de nous ne méritait de souffrir.
Personne ne méritait de souffrir.
Personne ne méritait d'être trahi.
Et personne ne méritait de tomber dans l'oubli…
- J'imagine que ma vie aurait été très différente s'ils avaient trouvé la force de m'écouter… et si j'avais moi-même réussit à leur pardonner. Mais…
Sa voix se brisa un court instant, laissant alors résonner le sifflement de son serpent dans l'opacité de son douloureux silence… un silence que chacun d'eux sentit assourdir leurs tympans.
- Mais j'imagine que nous ne le saurons jamais…
Jamais… oui, jamais elle ne pourrait savoir ce qui serait arrivé. Jamais elle ne pourrait savoir quelle vie le pardon lui aurait donné. Tout comme lui ne saurait jamais ce qu'il se serait passé, s'il avait simplement accordé à ses hommes la liberté qu'ils n'avaient cessé de lui implorer…
- Alors crois sur parole celle dont le monde se souviendra comme la plus « Grande Traîtresse de l'Histoire » … Conclut-elle sans respirer. Je comprends ce que tu ressens.
Non… non, non, non elle ne pouvait pas le comprendre ! Elle ne pouvait pas ! Pour la simple et bonne raison qu'il n'était pas du bon côté de l'histoire… Il n'était pas la victime de tous ses déboires. Il n'était pas le pantin de son incommensurable désespoir ! Non, il… il en était l'auteur. Une perspective dont il avait commencé à prendre conscience à la lueur de la trahison de son serment, mais que son témoignage ne parvînt qu'à lui confirmer dans l'écho d'un ultime frisson…
Oui… il le voyait maintenant.
Ses hommes avaient voulu du changement… et il leur avait refusé.
Ses hommes avaient voulu quitter l'Autre Versant… et il les avait faits prisonniers.
Ses hommes avaient entamé une rébellion… et il les avait condamnés.
Et se faisant, il ne valait pas mieux que les « amis » qui l'avait torturé. Il ne valait pas mieux qu'un lâche ne supportant pas que ses hommes vivent le destin qu'ils désiraient ! Il… il ne valait pas mieux que tout ce qu'il avait toujours détesté. Un constat dont la gravité l'ébranla plus violemment que toutes ses précédentes vérités et qui alors même que ses larmes avaient séchées, l'étrangla d'un sanglot mortifié. Seigneur… c'était fait. Acté ! Il… il n'était pas le trahi, le blessé ou le lésé. Il n'était pas l'abandonné, l'orphelin ou le jouet ! Non… il était le bourreau. Il était l'agresseur. Il était le maître-chanteur ! Le seul responsable de leurs malheurs ! L'unique artisan de leur peur ! La raison même de leur décadence et horreur ! Pour preuve… c'était lui qui avait la chance de contempler le soleil, de bailler aux corneilles ou de sourire à la clarté du ciel. C'était lui qui avait la chance de boire, de courir, manger, rire et chanter à tue-tête ! C'était lui qui avait la chance de vivre son plus grand rêve… et ce pendant que ses hommes étaient condamnés à pourrir sous la poussière du plus abjecte des sommeils.
Incapable de respirer, Connor resta bouche bée devant eux, les joues creuses et leurs yeux exorbités. Comme si son monde entier venait à nouveau de s'effondrer, il sentit ses mains s'accrocher à son rocher, cherchant désespérément à maintenir le peu de stabilité qui lui restait… mais sa tête tournait, son cœur vacillait, sa vue se troublait et ses espoirs chancelaient. Plus pâle que jamais, il s'entendit déglutir dans un hoquet, l'esprit aliéné par toutes ses nouvelles pensées… par tout ce qu'il avait mis trop longtemps à réaliser et tout ce que ses hommes avaient enduré. Car bien qu'il sache qu'il avait trahi son serment, que sa solitude était sa pénitence et que l'île entretenait volontairement sa désobéissance, jamais il n'avait véritablement pris conscience de toutes les souffrances qu'avait engendré son ignorance… Une ultime découverte, qui alors même que son regard s'embrumait, le fit déclarer d'un air défait.
- Je… je me suis perdu moi-même…
Surpris, les sorciers froncèrent les sourcils, décontenancés devant la soudaine pâleur de ses joues translucides.
- Quoi ?!
- Je me suis perdu ! S'écria-t-il brusquement.
Ebranlée, Hermione vacilla devant ses larmes, confuse et désorientée par la nouvelle douleur de son regard. Une douleur qui alors qu'il se recroquevillait sur lui-même, sembla lui dévorer l'âme.
- Je… j'ai cru que mes hommes m'avaient trahi mais… c'est moi ! Depuis le début, c'est moi !
- Mais enfin, tu…
- J'ai trahi tout le monde. Le Sorcier, l'île, mes hommes, mon serment… je... j'ai trahi tout le monde !
Troublés, les sorciers hoquetèrent dans un frisson muet, incertains quant à ses cris et la soudaine tristesse qui déformaient ses traits. Un court instant de doutes et d'incompréhension, avant que l'évidence ne les terrasse d'une nouvelle honte. Oh non… oh non, non, non ! Ils avaient espéré que son histoire le réconforterait, lui ferait prendre conscience qu'il n'était pas seul et que les trahisons n'étaient souvent pas ce qu'elles semblaient être ! Mais certainement pas pour qu'il s'identifie à tout ce qu'elle lui avait dit ; qu'il s'autoflagelle et sombre sous les coups d'une nouvelle folie ! Mais la culpabilité lui rongeait déjà l'esprit… une culpabilité comme ils n'en avaient encore jamais vu, et dont le seul aperçu les pétrifia dans un silence ébahit. Non… il ne pouvait pas croire ça. Il ne pouvait penser ça ! Pas là ! Pas à son âge ! Et certainement pas avec un tel regard…
- Connor, tu n'as…
- J'ai tout détruit. Souffla-t-il livide. Tout détruit…
- Tu te trompes ! Tonna le Mage.
- Non, je… je…
S'étouffant sous ses nouvelles larmes, Connor se tu dans un grondement, le corps tremblant à mesure que de lourds sanglots lui retournaient le ventre. Incapable de reprendre son souffle, il se recroquevilla sur lui-même, hoqueta sous le manque d'air et s'accrocha à ses cheveux entre deux pincements de lèvres, le cœur éventré par l'étau de sa tristesse ; un instant de pure détresse, face auquel les Sorciers suffoquèrent…
- J'aimerais… j'aimerais juste pouvoir revenir en arrière. Implora-t-il. Effacer tout ce que j'ai fait et jamais engendrer cette maudire prière ! Quitte à tout perdre, à jamais reprendre la mer et à brûler en Enfer, je donnerais tout ce que j'ai pour… pour… pour que mes hommes se réveillent…
Se mordant la langue sous la violence de ses tremblements, le petit garçon se frappa le front. Une fois… une deuxième… puis une troisième... avant qu'Hermione ne se jette sur son poing dans une nouvelle fièvre.
- Mais enfin, tout n'est pas perdu ! S'exclama-t-elle. Je t'assure, tu peux encore…
- Non… non, tout… tout est perdu…
- Mais…
- Mes hommes… mes hommes ne connaîtront jamais la liberté ! Ils ne sauront jamais à quel point je suis désolé ! A quel point je me maudis et regrette ce que j'ai fait ! Ils… ils ne seront jamais que j'ai essayé de les libérer ! Que j'ai vraiment essayé !
Mais que rien n'avait jamais marché…
- Ils.. ils ne me pardonneront jamais...
Ne sachant plus où se mettre, Voldemort ferma les yeux dans un soupir amer, le cœur lourd à mesure que Connor cédait sous sa peine… Pourtant et alors même que son monde s'écroulait, que ses larmes l'asphyxiaient et que son corps tremblait, un étrange écho se mit à résonner dans l'air. Fébrile et presque imperceptible, il sembla naître de sa poitrine pour se propager autour de lui, mélange de désespoir et de douleur indélébile… avant que ses propres sanglots ne les fassent tous tressaillir, que l'écho ne commence soudainement à grandir.
- J'ai perdu la foi… hoqueta-t-il. J'ai perdu mes hommes…
- Non, Connor…
- Je ne mérite pas d'être… leur capitaine…
Accrochée à lui, Hermione ne sut plus quoi dire, désemparée devant la violence du mal qui l'assaillit. Un mal que le Mage détailla de ses pupilles ardentes et qui sans qu'il ne s'en rende compte, se mua autour d'eux en un nouveau vent… un nouveau frisson… ainsi que les prémices d'un étrange retentissement.
- Je ne mérite plus rien…
Comme si l'île entière se pliait sous sa détresse, d'intense bourrasques les frappèrent, d'imposant nuages se formèrent et le soleil lui-même s'effaça au-dessus du ciel… Un instant où se mirent à résonner tonnerre, pluie et grondements célestes, avant que l'horizon ne s'obscurcisse d'une lueur mortuaire et que le rivage ne s'affaisse sous les assauts d'une eau vengeresse.
- Connor… s'inquiéta-t-il.
Mais il ne l'entendait pas… ne le voyait pas… pas plus qu'il ne sentait Hermione l'agripper à pleins bras. Non… il ne ressentait que sa douleur, que sa honte et son déshonneur, qui tel le nectar de la plus infâme des horreurs, ne tarda pas à lui dévorer le cœur.
- Je ne suis pas digne… d'être pirate.
A ses mots, la forêt se plia en un rugissement macabre, les pétrifiant davantage à mesure que s'y mêlait le cri assourdissant des vagues. Des sons tout aussi graves qu'incontestablement létales, qui galvanisés par le néfaste de ses larmes, les submergèrent de leur clameur profane pour les électriser jusqu'à la moelle…
- Connor ! S'écria Hermione.
Etait-ce l'expression de sa magie ? Les affres d'une nouvelle vésanie ? Ou le fléau d'une nouvelle colère de l'île ? Aucun d'eux n'auraient su dire… mais tous deux comprirent à la chute des températures, à la naissance de cet ouragan et la violence d'un tel tumulte, que ce déchaînement n'était aucunement l'œuvre de Dame Nature. Imprévisible, harassant et irascible, le vent les terrassait de ses courants invisibles, les forçant alors à courber l'échine pour ne pas se voir emporter par ses offensives. Des attaques viles et inflexibles, qui sans qu'ils ne puissent les éviter, les assourdirent de plus de cris qu'ils ne purent en supporter… Imprégnées de murmures et prières inaudibles, elles accablèrent leurs tympans de milles supplications assassines, mélange de pleurs cathartiques et de cris horrifiques ; des cris comme ils n'en avait encore jamais entendu au monde… des cris semblant provenir d'outre-tombe.
- Je ne suis pas digne !
Bon Dieu… Il devait se calmer ! Il devait respirer ! Il devait se relever !
- Connor ! Arrête !
Mais rien ne semblait capable de le sortir de la transe qui le possédait.
- Je veux… je veux qu'ils sachent… souffla-t-il.
- Hermione !
Agrippant son Initiée par la taille, Voldemort la fit reculer derrière lui, la vue trouble sous les assauts fatals de ces bourrasques en furies. Assaillis de tout part, ils peinèrent à rester sur place, à parler ou ne serait-ce qu'à s'entendre sous la force batarde de ce déluge infâme ; un déluge qui ne semblait que commencer, mais dont les prémices réduisaient déjà leur équilibre à un jeu de dés…
- Connor !
Esquivant feuilles, branchages et nuage de sable, Voldemort s'accrocha au rocher pour ne pas tomber, le visage fouetté par les débris que le vent ne cessait de charrier.
- Connor ! Calme toi ! Tonna-t-il.
Mais une fois encore, le petit resait tout aussi aveugle que dévasté… les condamnant à vaciller telles de vulgaire poupées désarticulée.
- Je veux juste qu'ils sachent… répéta-t-il.
Bon sang… il divaguait ! Se perdait ! Se noyait ! Mais jamais les cris du vent n'avaient été plus fort ; des cris étranges et difformes qui plus ils hurlaient, plus se mirent à ressembler aux cris de dizaines d'hommes…
- Je veux juste qu'ils sachent !
Qu'ils sachent… Accablé, Voldemort grimaça à mesure que ses mains s'esquintaient contre son rocher, symbole de tout le mal qu'il avait à tenir sur ses pieds. Accroché à lui, Hermione n'en menait pas large, ses ongles éraflant douloureusement sa taille… mais plus le vent les terrassait, plus son esprit s'agitait. Car jamais encore Connor n'avait fait une telle crise ; et jamais encore ils n'avaient essuyé pareille colère de l'île… Mais était-ce vraiment de la colère ? Etait-ce vraiment l'expression de sa haine envers l'erreur de son Capitaine ? Non. Il ne parvenait pas à y croire…
- Qu'ils sachent quoi ?! S'entendit hurler.
Il devait savoir. Il le devait le crier ! Il devait le lui faire avouer !
- Connor !
Se redressant dans un sursaut, le petit le regarda de ses grands yeux bleus, la gorge tremblante et le souffle lourd de sanglot. Avait-il conscience de ce qu'il passait ? De ce que sa détresse déclenchait ? Et du pouvoir qu'il détenait ? Le Sorcier n'en fut pas certain… mais sût à la profondeur de son regard marin, qu'il n'était qu'à l'aube de son Destin.
- Qu'ils sachent quoi ?! Répéta-t-il plus fort.
Qu'il était désolé.
Qu'il s'en voulait.
Qu'il n'aurait jamais assez d'une vie pour se faire pardonner.
Mais par-dessus tout, qu'il était prêt à tout pour s'amender…
- Que… que je suis prêt… murmura-t-il.
- Prêt à quoi ?!
A tout… même à accepter l'impossible.
- Dis le Connor ! Hurla le Mage. Prêt à quoi ?!
- Je… Je…
Cela lui coûterait tout ce qu'il avait… tout ce qu'il croyait et tout ce qu'il chérissait ; mais si tel était le prix à payer pour retrouver ceux qu'il aimait, alors ainsi soit-il.
- Je… je suis prêt à leur accorder ce dont ils ont toujours rêvé… souffla-t-il sans le regarder.
Il pouvait le dire. Il pouvait le dire !
- Je… je suis prêt… à les laisser quitter cette île…
Ça y est.
C'était dit.
Et tout comme la magie, cette ultime promesse s'accomplit.
Frappé de plein fouet par le tonnerre d'un éclair dans le ciel, Hermione hurla, Connor se replia et Voldemort s'écroula… un bref instant de chaos qu'aucun d'eux ne put combattre, avant qu'un étrange souffle ne ravivent leurs âme… et que le rivage ne s'habille brusquement de nouvelles voiles.
Hello ! Désolé pour ce retard, le site me refusait l'accès à mes Docs depuis trois jours ^^' toujours est-il que le nouveau chapitre est là !
Comme vous le voyez, Connor sembla avoir enfin compris le conséquences de ses actes... mais de sa douleur nait un espoir ;) celui d'enfin réparer ce qui a été fait. Ses voiles sont-elles celles de ses navires ? Ses cris sont-ils ceux de ses hommes ? Sa volonté de se faire pardonner leur permettra-t-elle de se libérer ? Vous le saurez très vite ! Mais petit indice : la suite ne s'annonce pas s'en surprise ! ;)
J'espère en tout cas que cela vous aura plu et que le développement des relations Voldemort/Hermione - Hermione/Connor - Voldemort/Connor vous plaît ! J'aime énormément faire évoluer leurs relations aux travers de petits détails ! En espérant que j'arrive à suffisamment bien les écrire pour vous les faire voir ! ^^'
Je vous dit à la semaine pro ! BIZZEEEE
