Note : 24 reviews en cinq jours… Comment vous refuser quoique ce soit dans des conditions pareilles :D Je ne me suis toujours pas remise à écrire, mais vous avez été tellement adorables avec moi que ça mérite bien une petite démonstration de bonne volonté. Voici donc le chapitre 2, totalement dénué d'action, mais où on en apprend un peu plus sur le pourquoi du comment… avec un peu de chance, il arrivera même à vous faire rire. ;)
Réponses aux reviews (communément désignées par le nom ô combien poétique de 'RAR') : Merci à Raziel Tepes, Aligan, underphoenix, Aragorn, goudou, Keikoku, ln.lfz, Kabutokun, hisoka, Murasaki-kun, Arminas, Onariah, et S'L.I.A.
Wynzar : Mon premier revieweur. Merci pour tes commentaires ! Je trouve effectivement que mes scènes de combat laissent un peu à désirer, surtout pour ce qui est des jutsus et Cie… c'est pourquoi tu trouveras régulièrement des ellipses temporelles dans ce genre de scène. Ca s'appelle choisir la solution de facilité… :)
Onarluca : Tu fais bien de poser la question, j'avais oublié de le mentionner… Pas bien, Dragonwing, pas bien. Cette fic sera en effet probablement SasuNaru, mais ce ne sera que du shonen-ai, et sans doute assez léger. Dans une éventuelle suite, on pourrait envisager un approfondissement… (je parle toujours de séquelles avant même d'avoir fini mes fics. Quelque part, je suis sûre que je ne devrais pas trouver aussi logique que je le pense… -.-)
Gaya : Tu avais raison. J'ai réussi à trouver le bestiau en question :o N'est-ce pas merveilleux :D La maman de Kiyoshi est… personne d'important. Je t'assure, pas la peine d'être intrigué, ça n'a aucune importance. ;) Enfin, ce sera expliqué plus tard…
Hitto-sama : Tout bon ! C'était pas très recherché, quand même… Heureuse de te faire rire !
Mangaskiss : C'est bien la première fois qu'on complimente mes descriptions. Merci !
Mutawa : Le nom du Kit vient de 'Kitsune', le mot japonais pour 'Renard', comme l'avait suggéré Hitto-sama. Je suis heureuse que tu aimes. :)
Uzumaki Raymond : Un one-shot ? J'avoue que je ne vois pas bien pourquoi tu dis ça, mais c'est un point de vue… Oui, en effet, l'éclair jaune serait un peu trop révélateur, lol !
Kitchoun : Il y aura une majorité d'hétéro, mais tout de même un couple yaoi. J'espère que ça ne te décourage pas pour autant... Merci de me lire. :)
Deathwings01 : Lol, je ne pensais que c'était une idée aussi géniale que ça ! Ca a l'air de beaucoup te faire rire, en tout cas, alors tant mieux.
Clèm : Désolée, mais oui, tu te trompes. Naruto ne logera pas chez Sasuke, pour des raisons expliquées plus tard dans ce chapitre... Merci d'avoir reviewé !
Larm : Je suis ravie que Kiyoshi et Naruto te plaisent. :D
Et on remercie tous en coeur Microsoft Word et ses merveilleux bugs, qui m'ont obligée à finir les RAR sur WordPad. Ah, les aléas de l'informatique... -.-
Chapitre 2 : Retour au pays
« Et alors, il a balancé son bras, et grâce à ce jutsu super-cool, il a tranché net la corne du monstre ! »
Et dans un élan d'enthousiasme, Kiyoshi mima l'action avec un « Vvioum ! » explicite. Lee hocha la tête, captivé, et l'enfant continua son récit à grand renfort de gestes du bras et d'onomatopées.
« Il a vraiment fait tout ce qu'il dit ? » questionna Sakura, sceptique, depuis le coin du salon d'où elle observait les deux gamins, adulte ou non, en compagnie de Sasuke.
« Tu insinues que mon fils est un menteur ? » fit Sasuke, amusé.
Sakura lui jeta un regard en coin qui en disait long.
« Un menteur, peut-être pas ; quasiment extatique, c'est certain. »
Sasuke ne répondit que d'un demi-sourire, tandis que Lee s'exclamait soudain :
« C'est vrai ! Il a paré le chakra du démon ! »
« Je te jure, Oncle Lee ! Tu aurais dû voir ça, c'était super impressionnant ! »
Sakura se contenta de hausser un sourcil.
« Tu n'es vraiment pas le genre de personne à te faire discret, n'est-ce pas ? » fit remarquer Tsunade, affalée peu élégamment dans son fauteuil. « Tuer un démon dès ton arrivée ici… »
En réponse, le jeune homme passa une main dans ses cheveux dont le blond avait pris une teinte un peu plus sable avec le temps, et lui adressa un large sourire qui remonta les étranges cicatrices en forme de moustaches qui ornaient ses joues.
« Discret ? Ca veut dire quoi ? » demanda-t-il, pince-sans-rire.
Tsunade poussa un énorme soupir.
« Tu es à peine arrivé, et je sens déjà la migraine approcher à grands pas… »
Naruto ricana devant sa mine défaite, puis reprit soudain une expression sérieuse.
« Bon, Tsunade-baba » fit-il en se penchant vers elle, posant son masque sur le bureau dans le mouvement. « Parlons sérieusement : c'est quoi, cette embrouille avec le gamin de Sasuke ? »
« Et tu sais, Oncle Lee, il paraît qu'il a même arrêté cette bande de ninjas de rang S du Pays du Vent, tu sais, ceux qui essayaient de s'approprier le monopole du ravitaillement en eau à l'ouest du pays… ? »
« Allez, les gosses, à table ! » cria Sakura depuis la cuisine. « C'est l'heure du déjeuner ! »
« Une minute, ma chérie ! » répondit Lee du salon. « Et il y avait aussi cette histoire de dragon au Pays de la Cascade, non ? »
« Oui, exactement ! » renchérit Kiyoshi. « Il paraît qu'il aurait… »
Sakura poussa un soupir de découragement et se tourna vers Sasuke, qui l'observait avec un sourire en coin.
« Puisque tu es là, va donc mettre la table, au lieu de traîner dans mes pattes » ordonna-t-elle en reportant son attention sur le four.
Sasuke ne répondit rien, mais son sourire s'agrandit légèrement tandis qu'il se tournait vers le placard à vaisselle.
Ce fut au tour de Tsunade de ricaner, et elle lui jeta un regard narquois.
« Je ne me doutais absolument pas que cela pourrait t'intéresser » railla-t-elle.
Naruto lui jeta un regard noir, et elle consentit à développer.
« Kiyoshi est arrivé il y a cinq ans aux portes du village, en pleine nuit. Il était seul et sale, mais ne semblait pas être en mauvaise santé, même si ses vêtements se rapportaient plutôt à des guenilles. Les hommes de garde me l'ont immédiatement amené, et il a aussitôt demandé à voir Sasuke Uchiwa. En réalité, il se débattait tant, pleurant en hurlant qu'il voulait voir Sasuke Uchiwa, que je l'ai immédiatement envoyé chercher. Sasuke était à peine revenu de mission, et comme tu peux t'en douter, il n'était pas particulièrement jouasse qu'on l'ait réveillé après presque trois jours sans dormir, mais il est tout de même venu. »
« Bien entendu » marmonna Naruto en levant les yeux au ciel.
« Toujours est-il, » continua Tsunade, l'ignorant royalement, « que l'enfant s'est tout de suite jeté dans ses bras. »
« Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour avoir assisté à la scène ! » s'exclama Naruto, goguenard. « Le célèbre Sasuke Uchiwa, d'énormes cernes sous les yeux, qui se retrouve soudain avec un marmot sanglotant et reniflant dans les bras ! »
« Tu me laisses finir ? » demanda Tsunade, s'efforçant d'ignorer la veine qui commençait à battre dangereusement sur son front.
Reconnaissant immédiatement le ton de voix utilisé, Naruto lui envoya un sourire penaud et se tut.
« Le gamin a ensuite déclaré s'appeler Kiyoshi et a tendu un morceau de papier à Sasuke, lequel l'a pris et s'est mis à le lire. Au fur et à mesure qu'il lisait, il s'est mis à froncer les sourcils, et finalement, il a pris le gamin avec lui et est parti sans dire un mot. Deux jours plus tard, il est revenu me voir et m'a annoncé qu'il adoptait le gosse qui, au passage, se trouvait être le fils de son frère. »
La veine prit encore un peu de volume et Naruto ne put pas s'empêcher de laisser échapper un gloussement, la main plaquée sur sa bouche.
« Qu'est-ce qui te fait rire ? » gronda Tsunade, la voix menaçante.
« Là, c'est ta tête que j'aurai absolument voulu voir, Tsunade-baba ! » s'exclama Naruto en éclatant franchement de rire.
Il rit tout de suite nettement moins quand le poing du Godaime s'écrasa au sommet de son crâne.
« On ne t'a toujours pas appris le respect des aînés, à ce que je vois » déclara Tsunade en se rasseyant avec satisfaction dans son fauteuil, laissant Naruto masser précautionneusement sa chair martyrisée.
« Et c'est tout ? » reprit Naruto en lui jetant un regard de reproche. « Tu ne sais rien d'autre ? Tu parles d'un Hokage… »
Tsunade lui jeta un regard noir, mais ne fit pas mine de bouger de son siège.
« Si ça ne te satisfait pas, tu sais ce qu'il te reste à faire, gamin. »
Naruto lui jeta un regard interrogateur.
« Va lui demander, imbécile ! »
« Lui demander ? »
Naruto secoua la tête, incrédule.
« Je crois que tu n'as pas bien compris, Tsunade-baba. Je ne suis pas revenu définitivement à Konoha. »
« Il faut absolument que je le rencontre ! » s'exclama soudain Lee, poing brandi vers le ciel.
Depuis bientôt trois ans qu'ils étaient mariés, Sakura avait acquis quelques réflexes élémentaires. Comme par exemple, propulser Lee ailleurs qu'en dessous des plafonniers lorsqu'il se levait soudain de table pour faire son show spécial 'mec déterminé', lui évitant ainsi d'être sévèrement électrocuté par une ampoule vengeresse.
Lee reprit son équilibre avant d'expérimenter une rencontre brutale avec le mur — nous connaissons tous la délicatesse de Sakura — et décocha un sourire penaud à son épouse.
« Héhé… Désolée, Sakura… »
La jeune femme lui envoya un regard las, puis se détourna pour finir son dessert, faisant mine d'ignorer les pouffements à peine contenus de Kiyoshi et le léger sourire qu'arborait Sasuke tandis qu'il remplissait son verre.
Tsunade se redressa brutalement, le fusillant du regard.
« Qu'est-ce que ça veut dire ! »
« Exactement ce que cela dit » répondit Naruto en détournant les yeux, brusquement las. « Pour tout te dire, je n'avais pas prévu de revenir à Konoha avant au moins plusieurs autres années, lorsque je me sentirai prêt à abandonner le masque du Kit, mais les évènements m'ont forcé à revoir mes priorités. »
Tsunade fronça les sourcils.
« Les 'évènements' ? Tu parles des démons ? »
« Oui et non. Il y a encore à peine une ou deux semaines, je me trouvais dans un recoin particulièrement isolé du Pays de la Foudre, ce qui fait que je n'ai pas entendu parler de ces fameux démons avant de rencontrer Kiyoshi. »
L'Hokage se rassit, troublée.
« Alors pourquoi être revenu ? »
Naruto ne répondit pas, pas plus qu'il ne daigna se tourner vers elle. Son visage avait une expression soucieuse.
« Naruto… » reprit Tsunade. « Si tu sais quelque chose à propos de ces démons, il faut me le dire. Il n'en reste peut-être plus que deux dans la région, mais tant que nous ignorerons d'où ils viennent et comment ils sont arrivés jusqu'ici, Konoha ne sera pas en sécurité. »
Naruto laissa un long silence s'écouler.
« Je sais. »
« On est bien d'accord, n'est-ce pas, Kiyoshi ? Dès que tu le rencontres à nouveau, tu me l'amènes et tu nous présentes ! »
« Promis, Oncle Lee ! »
Sakura poussa un soupir fatigué, puis leva une main et la laissa lourdement retomber sur l'épaule de Sasuke.
« Bon après-midi, Sasuke. Et bon courage » ajouta-t-elle dans un autre soupir.
Sasuke lui répondit d'un sourire narquois et se retourna.
« Allons-y, Kiyoshi. »
« J'arrive, papa ! »
Le jeune garçon lui emboîta le pas en courant, après avoir salué le couple d'un geste de la main et d'un sourire. Lee lui rendit son salut avec enthousiasme, avant de se tourner vers son épouse.
« Tu te rends compte, Sakura ! Un héros se trouve en ce moment même à Konoha ! » s'exclama-t-il, les yeux brillants. « Mais… Sakura ? »
La jeune femme l'ignora et passa la porte de la maison, massant avec délicatesse ses tempes, derrière lesquelles elle sentait couver une migraine impressionnante.
« Dis, papa ? » finit par demander Kiyoshi après quelques minutes de marche silencieuse. « Où est-ce qu'on va ? On ne rentre pas à la maison ? »
Sasuke lui jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.
« Rentrer ? Il fait beau, aujourd'hui, alors je me disais qu'on pourrait s'entraîner ensemble… »
Le visage du jeune garçon s'éclaira visiblement.
« C'est… c'est vrai ! »
Sasuke sourit et hocha la tête.
« Je vois » fit Tsunade.
Son fauteuil à demi tourné, elle fixait d'un air songeur les rues pleines d'activité de Konoha, en contrebas de la tour.
« Ce sont des nouvelles singulières que tu m'apportes là, Naruto. »
Le jeune homme garda le silence, les yeux baissés sur ses mains, posées sur ses jambes croisées. Il ne releva la tête que lorsque Tsunade se tourna de nouveau vers lui.
« Cela demande réflexion, tu t'en doutes bien. »
Naruto répondit d'un sourire narquois, mais s'abstint de commentaire.
« Dans la mesure du possible, Tsunade-baba, je préfèrerais que la véritable identité du Kit demeure un secret. »
Tsunade fronça les sourcils.
« Tu ne pourras pas retarder cela indéfiniment, Naruto. »
Le jeune homme haussa les épaules.
« Je ne suis pas encore prêt, Tsunade-baba. »
« Et tous ceux que tu as laissés derrière toi, crois-tu qu'ils étaient prêts lorsque tu es parti ? »
Naruto soupira et passa une main dans ses cheveux.
'Nous y voilà.'
« Une bonne partie du village s'imagine que tu es mort, Naruto. Et il ne se passe pas une semaine, voire pas une journée sans que quelqu'un ne débarque dans mon bureau pour me demander si j'ai reçu des nouvelles de toi. »
A cela, Naruto releva la tête, surpris.
« C'est vrai ? » s'exclama-t-il.
« Evidemment, triple idiot ! » gronda Tsunade, perdant patience. « Pas plus tard qu'hier, c'était Iruka. Et deux jours avant ça, Neji ! »
« Neji ? » fit Naruto, un sourire amusé au visage.
« Qu'est-ce que je suis censée leur dire, Naruto ? » continua-t-elle sans faire mine de l'avoir entendu. « Cela fait belle lurette que je savais que tu te cachais derrière le masque du Kit, mais je n'ai jamais rien dit. Combien de temps encore devrais-je leur mentir ! Faire comme si tu ne t'étais jamais tenu devant moi dans ce bureau ! »
Naruto fixa sur elle un regard morose, puis se détourna, songeur.
« Je te l'ai dit, Tsunade-baba, je ne suis pas encore prêt. Je me suis fait une promesse et j'entends la tenir, peu importe le prix à payer : je ne reprendrai ma place à Konoha que lorsque je m'estimerai digne d'être Hokage. »
Tsunade se redressa et cligna des yeux, prise de court.
« Quoi ? » s'exclama-t-elle. « C'est pour ça que tu es parti ! »
Naruto lui jeta un coup d'œil et haussa les épaules.
« Entre autres, oui. A présent, c'est tout ce qu'il me reste à accomplir, et j'entends le faire à ma manière. »
Bien que connaissant l'entêtement du shinobi, Tsunade fronça les sourcils et tenta encore de le faire changer d'avis.
« Mais pourquoi ne pas t'entraîner à Konoha ? Tu sais qu'il y a beaucoup de monde ici qui accepterait de t'aider, et… »
« A ma manière, Tsunade » répondit Naruto en secouant la tête. « Tu ne comprends donc pas ? Ces dernières années que j'ai passées en dehors du village, ainsi que mes précédentes années d'entraînement avec Ero-Sennin, m'apprennent énormément plus que de seules compétences ninjas. Pour diriger un village caché, ce n'est pas seulement de muscles et de jutsus à revendre que j'aurai besoin, n'est-ce pas ? »
Tsunade le fixa un instant, puis baissa le regard, presque honteuse de devoir hocher la tête.
Quelques minutes passèrent avant qu'elle ne reprenne la parole :
« Alors, tu ne chercheras pas même à les revoir ? Tu les laisseras dans l'ignorance de ta présence ? »
« C'est ce que je peux faire de mieux, Tsunade-baba » soupira Naruto. « Si j'allais les voir, ils ne comprendraient pas que j'ai encore besoin de m'éloigner de Konoha, et moi, j'en viendrai à vouloir rester ici. Je ne peux pas me le permettre, et tu le sais. »
Tsunade acquiesça, le regard morosement fixé sur la surface de son bureau.
« Ainsi donc, tu resteras à Konoha jusqu'à ce que… »
« … toute cette affaire soit réglée, oui. Après quoi, je repartirai. »
Elle releva les yeux et lui jeta un regard noir.
« Tu as intérêt à ne pas traîner, gamin » gronda-t-elle. « Je n'ai pas l'intention de tenir ce poste à ta disposition une éternité ! »
Naruto lui offrit un large sourire.
« Je garderai cela en tête. Et maintenant, » ajouta-t-il en se penchant en avant, « si tu me mettais au courant des derniers potins ? »
Naruto s'étira longuement après avoir refermé la porte du bureau de l'Hokage derrière lui.
'Y a pas à dire, un homme d'action comme moi n'est pas fait pour rester le cul sur une chaise presque toute une journée' grimaça-t-il derrière son masque en avisant le soleil bas sur l'horizon par la fenêtre. 'Hokage pourrait bien être un job encore plus éreintant que je ne l'imaginais…'
Ignorant les regards curieux que deux ninjas apportant une pile de dossiers à Tsunade jetèrent à son accoutrement, il joignit les mains derrière son dos et se mit en route vers la sortie de la tour, méditant sur ce qu'il avait appris durant cette journée bien remplie.
Le nombre de personnes dont Tsunade recevaient régulièrement des demandes de nouvelles le concernant l'avait surpris. Il devait admettre que savoir que des shinobis comme Neji ou Kiba s'inquiétaient pour lui étaient assez enrichissant…
La nouvelle la plus importante, et de loin, restait tout de même que Sakura et Lee s'étaient mariés trois ans plus tôt. Naruto avait bien remarqué que les deux jeunes gens s'étaient rapprochés durant les quelques années qu'il avait passé sur les routes avec Jiraya, après le départ de Sasuke pour le Village du Son, mais était encore loin de se douter que la jeune fille finirait par apprécier Lee de la même manière que lui l'appréciait.
'Sakura-chan et Gros Sourcils…' pensa-t-il ironiquement. 'Si on m'avait dit ça il y a dix ans…'
Tsunade l'avait également informé que Tenten avait finalement réussi à mettre le grapin sur Neji, même s'ils n'étaient pour l'instant que fiancés. Kiba et Hinata s'étaient mariés la même année que Sakura et Lee, et avaient même eu un enfant, un fils qui présentait pour l'instant beaucoup plus de traits des Hyuuga que des Inuzuka, au grand déplaisir de son père et à l'amusement constant de son oncle.
Shino restait pour l'instant célibataire, bien que des rumeurs couraient dans le village sur une éventuelle idylle. De même, Shikamaru et Chouji restaient résolument à l'écart de la gente féminine, et on les trouvait régulièrement ensemble à flâner dans les rues de Konoha lorsque leur service leur en laissait le loisir, ou encore à observer les nuages sur une colline à l'écart des habitations. Ino, quant à elle, papillonnait d'une relation à une autre sans vraiment paraître se fixer.
Tsunade soupçonnait qu'elle n'avait toujours pas réellement perdu de vue son amour d'enfance, Sasuke, mais le dernier des Uchiwa ne montrait aucun intérêt pour ce genre de frivolités — pour changer — et se consacrait pleinement à son fils et à son travail d'Anbu.
Repenser à Sasuke rappela à Naruto l'escarmouche du matin, et c'est toujours perdu dans ses pensées qu'il quitta la tour des Hokages et s'engagea dans les rues de Konoha, sourd aux murmures que son masque attirait sur son passage.
Kakashi n'avait pas paru énormément changé, tout juste une ou deux rides de plus au coin de son seul œil visible, et encore. Il faut dire qu'il était assez difficile de juger des effets du cours du temps sur quelqu'un qui n'affichait en public qu'une infime partie de son visage… En revanche, Naruto devait admettre avoir été pris de court en apercevant son ancien coéquipier. Naruto avait à peine dix-sept ans lorsqu'il avait vu Sasuke pour la dernière fois, peu de temps avant de quitter Konoha. C'était un adolescent qu'il avait quitté à son départ, et c'était un homme qu'il avait trouvé en revenant.
Bien que Naruto ne se considère pas comme particulièrement petit, il attribuait encore à Sasuke une bonne demi tête de plus que lui, ce qui l'agaçait moins que ce qu'il n'aurait cru.
'Certaines choses ne changent jamais, j'imagine' soupira-t-il intérieurement.
Le jeune Anbu avait gardé la même coupe de cheveux qu'auparavant, et Naruto en était quelque part reconnaissant, car cela atténuait de beaucoup sa ressemblance avec son frère Itachi. En effet, avec les années, Sasuke avait grandi de telle manière que leur parenté ne faisait plus aucun doute — si cela avait jamais été le cas — et ce simple fait devait énormément le frustrer. Naruto n'avait eu que peu de temps pour étudier les nouvelles compétences de Sasuke, mais la vitesse avec laquelle il avait réagi face à la dernière attaque du démon était plus qu'assez pour le convaincre que son titre d'Anbu était amplement mérité.
Somme toute, et Naruto sourit en le réalisant, Sasuke s'était parfaitement bien réintégré à la vie de Konoha, et ne semblait plus aussi frénétique qu'auparavant dans sa quête de la mort de son frère. Le jeune shinobi ne pouvait que se demander quel rôle Kiyoshi tenait dans ce revirement de situation.
Un grondement persistant finit par le tirer de ses pensées, et il posa une main sur son estomac dans le vain espoir d'en apaiser la fureur destructrice.
« Et zut ! » soupira-t-il tout haut. « Avec tout ça, j'ai loupé le déjeuner… »
Jetant un coup d'œil aux alentours, il dut se résoudre à admettre ce qu'il cherchait vainement à nier depuis des années : parfois, son corps n'avait pas besoin de sa tête pour fonctionner de manière satisfaisante. Ses pieds venaient une nouvelle fois de le lui prouver en le conduisant directement face à une échoppe bien connue. Soupirant une nouvelle fois, il pivota et traversa la rue pleine de passants pour se diriger vers l'Ichiraku.
« Excusez-moi, mesdemoiselles… » fit-il galamment en contournant un groupe de fillettes qui le suivaient depuis déjà un bon moment.
Les enfants laissèrent échapper quelques gloussements et s'éparpillèrent comme un vol de moineaux, les joues roses. Naruto sourit, amusé, et se baissa pour accéder au bar à ramens.
« Un ramen au miso, s'il vous plaît » commanda-t-il aussitôt, ravi d'éprouver un sentiment de déjà-vu flagrant après tout ce temps.
L'homme derrière le comptoir, bien que commençant manifestement à se faire vieux, était toujours le même qu'il avait toujours connu, et il lui sourit poliment avant de s'atteler à sa commande.
« Ce sera bientôt prêt ! » répondit la femme qui lui servait d'assistante.
Naruto hocha la tête et s'assit avec plaisir sur l'un des tabourets, notant au passage que le bar était encore vide.
« C'est encore une heure relativement creuse » dit la femme, remarquant son regard. « Mais bientôt, on devrait avoir un peu plus de clients pour le dîner. »
Naruto allait répondre lorsqu'il entendit un léger rire cristallin derrière lui, bien mal étouffé. Souriant derrière son masque, il dit sans se retourner :
« Accepterez-vous de me tenir compagnie, mesdemoiselles ? »
Il y eut un instant de flottement, puis la femme au comptoir sourit, amusée, lorsque les fillettes entrèrent à leur tour et s'assemblèrent timidement autour du shinobi.
« C'est vrai que vous êtes le Kit ? » s'exclama immédiatement une enfant plus téméraire que les autres, juchée sur le tabouret à sa gauche.
C'est attablé devant son deuxième bol de ramen et entouré d'une nuée d'enfants que Kiyoshi et Sasuke retrouvèrent le Kit.
Kiyoshi était occupé à résumer ce qu'il avait appris à l'Académie ces deux dernières semaines lorsqu'il vit son père relever la tête avec un expression curieuse. Le jeune garçon suivit son regard et avisa l'agitation devant l'Ichiraku.
« Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il, formulant tout haut la question que se posait son père tout bas.
« Allons voir » proposa Sasuke en accélérant un peu le pas.
Kiyoshi trottina pour rester à sa hauteur, et ils atteignirent rapidement le restaurant, à l'entrée duquel se pressaient une bonne quinzaine d'enfants, apprentis shinobis ou non. Apercevant la cape noire de l'individu assis au comptoir, Sasuke secoua faiblement la tête et s'avança, les mains dans les poches. Les enfants le reconnurent sans mal et le laissèrent respectueusement passer, se poussant les uns les autres pour ne pas avoir à s'éloigner du comptoir. Kiyoshi suivit son père, un sourire ravi au visage.
« Kit-san ! » appela-t-il.
Le shinobi finit son bol en quelques gorgées avant de se tourner vers eux, son masque luisant faiblement dans la lumière du soleil couchant.
« Regardez-moi qui voilà » fit-il, presque trop bas pour que Sasuke puisse l'entendre au-dessus des murmures des enfants.
« Qu'est-ce que tu fiches là, Kiyoshi ? » s'exclama la fillette à sa gauche en croisant les bras d'un air désapprobateur, secouant ses boucles rousses.
Le garçon se renfrogna et lui jeta un regard noir.
« Hikari. De quoi je me mêle ? » jeta-t-il en retour.
La fillette lui tira la langue et allait répliquer, pas le moins du monde gênée par la présence de Sasuke, quand un mouvement la surprit. Le Kit se leva et tendit le bras, cueillant sans mal le garçon par la taille avant de le jeter en travers de son épaule, ignorant son 'Heeey !' indigné.
« Allons, allons, jeune homme » fit-il d'un ton réprobateur. « Parler ainsi à une jeune fille, ce n'est pas digne d'un gentilhomme… »
Quelques fillettes pouffèrent et Hikari prit une expression mi-amusée, mi-flattée, tandis que le shinobi se retournait et asseyait sans plus de manière le garçon à la place qu'il occupait auparavant.
« Encore un pour moi, patron ! » jeta-t-il ensuite en direction du tenancier du bar, qui observait la scène en riant.
« Je vous fais ça tout de suite ! »
Sans faire mine d'apercevoir la mine boudeuse de Kiyoshi, qui redressait sa veste malmenée, le Kit se tourna ensuite vers Sasuke, qui l'observait sans bouger, un léger sourire aux lèvres.
« Uchiwa-san » dit-il en lui tendant la main.
« Kit-san » répondit l'Anbu en la lui serrant brièvement. « Je vois que vous avez beaucoup de succès. »
Le Kit eut un léger rire et passa une main sous sa capuche pour se frotter la nuque.
« N'est-ce pas ? »
« Un ramen au miso » annonça la femme du comptoir en s'approchant.
Immédiatement, le jeune garçon qui se tenait auparavant à sa droite sauta au sol et laissa son siège au Kit, qui s'inclina bien bas.
« Merci beaucoup, monsieur. »
L'enfant sourit et recula pour rejoindre ses amis, qui l'acceptèrent en riant. Le Kit s'assit et accueillit chaleureusement son bol de ramen, ce qui fit sourire la femme.
A sa gauche, Hikari jeta un dernier regard narquois à Kiyoshi et sauta à son tour à bas de son tabouret pour mieux s'approcher du shinobi. Sasuke prit le siège libéré et commanda deux bols de ramen, tandis que Kiyoshi, peu rancunier, engageait la conversation avec enthousiasme.
« Encore merci pour ce matin, Kit-san. Vous avez été génial ! »
Hikari lui jeta un regard torve, se demandant manifestement ce qui lui permettait d'être aussi familier avec le shinobi. Le Kit balaya la question d'un geste de la main avant d'empoigner ses baguettes.
« Allons, allons, je te l'ai déjà dit, c'est ça d'être un super-héros, gamin ! » fit-il, un éclat de rire dans la voix.
Kiyoshi renifla, et prit le temps de tirer à son tour la langue à Hikari par-dessus l'épaule du ninja avant de reprendre.
« A propos, j'ai parlé de vous à Oncle Lee, et il veut absolument vous rencontrer ! Oncle Lee est un spécialiste du Taijutsu, et il dit qu'il veut absolument savoir lequel de vous deux est le plus rapide, alors je lui ai promis de vous présenter… »
Le Kit hocha la tête, aspira avec dextérité les nouilles qu'il avait glissé par la fente de son masque, et jeta une baguette à la tête de Kiyoshi.
« Aouch ! »
« Pourquoi pas » répondit-il finalement après avoir avalé, tandis que l'enfant se frottait la tête en grimaçant. « Et ne crois pas que je ne t'avais pas vu, gamin. Aucun respect, toute une éducation à refaire… »
« Ne m'en parlez pas » fit Sasuke en tendant au shinobi la baguette qu'il avait rattrapé au vol, un sourire narquois aux lèvres. « Je n'ai jamais réussi à lui inculquer le respect de la gente féminine. Et ce n'est pas faute de ne pas avoir essayé… »
« Papa ! » s'offusqua Kiyoshi, rougissant, en entendant le rire d'Hikari et de ses amies.
Le Kit récupéra son ustensile avec un hochement de tête reconnaissant, et reprit, faussement solennel :
« Je comprends. Ce doit être dur pour vous, Uchiwa-san, de vous dire que votre seul héritier laissera peut-être votre lignée s'éteindre parce qu'il n'aura jamais appris à ne pas être grossier avec ces dames… »
Kiyoshi cligna des yeux et reprit brutalement une couleur normale, désarçonné par le sujet qu'abordait soudain le ninja étranger. Ne savait-il pas que la question de la continuité du clan était quasiment tabou chez les Uchiwa ? C'était une question de bon sens, quand on connaissait la complexité de l'histoire familiale, passée et présente !
Sasuke releva la tête du bol de nouilles qui venait d'être posé devant lui, fronça les sourcils, et jeta un regard oblique au ninja qui continuait son repas, manifestement oublieux de l'émoi qu'il avait provoqué. Il posa un regard pensif sur son ramen, ferma les yeux et poussa un soupir presque inaudible, avant de prendre ses baguettes.
« Qui sait » fit-il finalement d'un ton léger en entamant son bol. « Le temps fait parfois des miracles… »
Kiyoshi sursauta et fixa son père, bouche bée. Un gloussement retentit à sa droite, et il se tourna vers le Kit, qui pointa le bol posé devant lui.
« Tu ferais mieux de manger, gamin » dit-il d'une voix amusée. « A moins que tu ne veuilles que je finisse ça à ta place… ? »
Le jeune Uchiwa lui jeta un regard noir et s'empara vivement de son ramen.
« Pas touche ! » gronda-t-il.
Le Kit éclata de rire devant son ton agressif et se tourna à nouveau vers le comptoir, mais pas avant que Kiyoshi ne sursaute, pris de court. N'avait-il pas eu cette nette impression, soudain, que le ninja lui avait adressé un clin d'œil ? Comme une fluctuation, un simple changement dans sa contenance, l'aura qu'il dégageait… Mais l'instant d'après, il n'y avait plus rien, et le Kit s'était retourné et commandait son quatrième bol de ramen.
« Dites, Kit-san, les adultes disent que vous avez tué un démon, aujourd'hui » reprit Hikari, profitant de cette pause dans leur conversation pour attirer à nouveau l'attention du héros. « C'est vrai ? »
Kiyoshi échappa de justesse à une tentative de strangulation par ramens interposés et toussa pour reprendre sa respiration, avant de se pencher avec une ardeur renouvellée sur son repas, espérant que personne ne le verrait rougir…
Le Kit poussa un long soupir de satisfaction, se leva et s'étira langoureusement.
« Ca va toujours bien mieux l'estomac plein ! » s'exclama-t-il en posant le prix de son repas sur le comptoir. « Merci pour le repas ! »
« Je… je vous en prie » fit la femme derrière le comptoir, tentant vainement de reprendre contenance comme elle le faisait depuis déjà un bon quart d'heure.
C'est-à-dire depuis que le ninja avait dépassé son sixième bol de ramen.
Parcouru de sueurs froides, Kiyoshi l'observa empocher l'argent et ramasser aussi calmement que possible la vaisselle sale.
« Neuf… neuf bols… » fit-il d'une voix incrédule.
« C'est que j'ai sauté le déjeuner » répondit-il le ninja avec un petit rire, le ton désinvolte, comme si cela n'avait rien d'extraordinaire. « Toutes ces paperasses et ces détails à régler avec votre Hokage… Ca prend toujours énormément de temps, la bureaucratie. Et ça me donne faim, en plus. »
Sasuke haussa un sourcil sans le quitter des yeux.
« Faut-il comprendre que vous avez l'intention de rester à Konoha ? »
« Jusqu'à ce que cette histoire de démons soit réglée, oui » acquiesça le shinobi en passant une main sur sa nuque.
« Mais où est-ce que vous allez dormir ? » s'exclama Kiyoshi en se levant à son tour.
La nuit était tombée depuis déjà un moment, et un par un, les autres enfants avaient dû partir, bien que réticents. Une bonne partie d'entre eux avaient attendu jusqu'à la dernière minute et s'étaient vu traînés chez eux par leurs parents impatients, qui n'avaient pourtant pas manqué de saluer la légende du monde ninja au passage. Hikari avait été la dernière à partir aux côtés de sa mère, jetant par-dessus son épaule un dernier coup d'œil jaloux à Kiyoshi, qui ne lui avait rendu qu'un imperceptible sourire narquois, veillant à ce que le Kit, qui discutait avec les propriétaires de l'Ichiraku, ne le voie pas.
« Bah ! Ne t'inquiète pas, gamin, l'Hokage m'a permis de louer un appartement pour la durée de mon séjour. »
Kiyoshi hocha la tête, secrètement déçu de ne pas avoir le loisir d'inviter le ninja chez eux. Bien qu'il aurait d'abord fallu que son père soit d'accord…
« J'aimerais que vous arrêtiez de m'appeler 'gamin' » maugréa-t-il malgré tout.
Le Kit ricana et passa une main dans ses cheveux, faisant d'autant plus râler le jeune garçon.
« Eh bien, je crois que je ferais mieux d'aller prendre possession de mon antre des prochains jours, avant que le propriétaire ne juge l'heure indûe et ne me laisse à la porte… »
Sasuke se leva également et paya son repas et celui de Kiyoshi, tandis que le jeune garçon souhaitait une bonne nuit au shinobi.
« N'oubliez pas, Kit-san ! Il faut que je vous présente à mon oncle ! » lui rappela-t-il très sérieusement.
« Je garderai ça en mémoire, pas d'inquiétude » fit le Kit avec un geste d'apaisement.
Il se tourna ensuite vers Sasuke, qui le fixait d'un regard étrangement perçant.
« Un problème, Uchiwa-san ? »
Le jounin garda le silence quelques instants, une expression pensive sur le visage, puis secoua la tête.
« Non, ce n'est rien » murmura-t-il.
Il serra la main que lui tendait le ninja étranger, et le salua d'un signe de tête.
« Nous nous reverrons sans doute, à l'occasion » dit le Kit, avant de s'éloigner sur un dernier signe de la main.
« A bientôt, Kit-san ! » cria Kiyoshi.
Se tournant vers son père, le jeune garçon fut le seul à percevoir l'expression de tristesse qui traversa fugitivement le visage de Sasuke alors qu'il observait la silhouette du ninja descendant la rue.
Ce fut après une bonne, mais courte nuit de sommeil que Naruto se dirigea en s'étirant vers les limites de la ville. Il y avait des années qu'il avait perdu l'habitude des grasses matinées, aussi la très faible lueur pointant à l'est sur le velours sombre de la nuit ne le déstabilisait-elle pas plus que ça. Il parcourut les rues désertes et silencieuses de Konoha, se nourrissant avec délices de la tranquillité de sa ville natale aux petites heures du jour.
Cette même tranquillité sembla d'ailleurs répercuter le simple éclat de voix qui résonna soudain dans la rue principale :
« Quelle galèèère… »
Encore 'éclat de voix' était-il un bien grand mot, connaissant l'enthousiasme habituel de Shikamaru…
Naruto s'arrêta net, et se mordit les lèvres sous son masque, partagé entre amusement, nostalgie, et inquiétude… Etait-il bien raisonnable de rencontrer une autre personne de sa connaissance ? Le simple fait de revoir Sasuke avait éveillé en lui tant de sentiments et de souvenirs, des impulsions, des échos de vieilles rancoeurs, et tant d'autres choses encore… Mais il fallait bien avouer que sa relation avec Sasuke avait toujours été pour le moins… 'spéciale'. Et tout, sauf reposante.
D'un autre côté, malgré sa paresse presque légendaire, Shikamaru était toujours resté quelqu'un sur qui on pouvait compter, un bon ami, un compagnon d'armes… Mais Naruto craignait toujours de trop renouer ses liens avec les habitants de Konoha, de sorte que lorsque reviendrait l'heure du départ, il serait incapable de reprendre la route. Sans compter que si quelqu'un était capable de le démasquer, c'était bien Shikamaru.
« On aurait dû camper en route, Chouji » reprit la voix, s'approchant régulièrement, sourde au dilemme de Naruto. « Je t'avais dit qu'on aurait dû camper en route. Maintenant, regarde ça : il est à peine six heures du matin, on est couverts de boue, et on n'a pas dormi de la nuit. Quelle galèèèèèère… »
« Vois le bon côté des choses, Shikamaru » intervint la voix de Chouji. « Comme ça, on a fini cette mission plus vite que prévu, et on va pouvoir profiter de toute la journée pour récupérer dans un bon lit, plutôt de crapahuter à travers bois après une nuit sur un sol dur comme du béton. »
Il y eut un bruit de froissement de papier d'emballage comme Chouji commençait son dernier en-cas, puis un long, très long soupir.
« Ca, tu peux y compter, que je vais en profiter. Mais on aurait eu l'air fin, tiens, si on s'était retrouvés face à un démon dans notre état… »
Les sons cessèrent, et Naruto put presque visualiser le coup d'œil curieux que Chouji jeta à son ami.
« Si tu avais jugé que c'était dangereux, tu aurais insisté un peu plus que ça pour qu'on campe, non ? »
Il y eut un long silence.
« Ouais » vint la réponse réticente.
« Eh bien, tu vois ! »
Un son creux retentit lorsque le papier d'emballage atterrit dans une poubelle, et les bruits de pas et de mastication reprirent, accompagnés d'un soupir de défaite.
Naruto ne chercha pas à retenir son sourire — à quoi bon, quand on porte un masque ? — et reprit sa marche avec un haussement d'épaules défaitiste. Un instant plus tard, Shikamaru et Chouji tournaient le coin de la rue et s'arrêtaient net en l'apercevant. Naruto s'arrêta à son tour et prit son temps pour les examiner, tandis qu'ils détaillaient eux-mêmes son étrange accoutrement.
Shikamaru n'avaient pas menti : les deux ninjas étaient couverts de boue, et Naruto se demanda d'où ils pouvaient provenir, étant donné que le temps avait été relativement clément ces derniers jours dans la région de Konoha. Après avoir eu affaire à un Sasuke adulte — et père de famille, rien de moins — Naruto découvrit que l'apparence mature de ses anciens camarades ne le déstabilisait pas autant qu'il l'aurait craint.
Rassuré, il s'inclina jovialement en direction des deux ninjas.
« Messieurs… » salua-t-il.
Shikamaru et Chouji se détendirent légèrement en constatant que son attitude n'était pas hostile, malgré son apparence peu commune et son absence de bandeau frontal aux couleurs de Konoha. Shikamaru fit un pas en avant et le détailla ostensiblement des pieds à la tête, de sa manière détachée et indifférente.
« Voyez-vous ça » marmonna-t-il. « Vous allez à un bal masqué, à cette heure de la nuit ? »
« Du matin, Shikamaru » corrigea Chouji.
« Votre apparence à tous deux laisse également place à la spéculation, vous savez » ricana légèrement Naruto.
Shikamaru prit une expression ennuyée, mais ne démentit pas cette affirmation.
« Je crois que c'est le Kit, Shikamaru » reprit Chouji en mordant dans sa barre chocolatée.
« De quoi ? » fit Shikamaru en se tournant vers lui, un sourcil paresseusement haussé.
« Le Kit. Tu sais, ce ninja errant qui va de pays en pays et joue les m'as-tu-vu un peu partout, et que les gosses vénèrent. »
Il se tourna vers Naruto et ajouta d'un ton débonnaire :
« Sans offense. »
« Je vous en prie » répondit Naruto, souriant sous son masque et levant une main pour indiquer qu'il n'y avait pas de problème.
« Ah ouais » soupira Shikamaru en passant une main sur sa nuque d'un geste fatigué. « Et vous faites quoi, là, au juste ? »
« Présentement, je me dirige vers les portes de Konoha dans le but de patrouiller la forêt à la recherche des démons » dit Naruto, penchant la tête sur le côté.
« Les portes sont fermées » fit remarquer Chouji. « Les gardes ont reçu l'ordre de ne laisser sortir personne sans autorisation, et surtout pas à cette heure de la nuit. »
« Du matin, Chouji. »
« C'est vrai, du matin, Shikamaru » acquiesça le ninja en avalant une nouvelle bouchée.
« J'ai reçu une autorisation spéciale de l'Hokage. »
« Et une autorisation de séjour sur le territoire de Konoha, j'imagine ? » grommella Shikamaru.
« Bien sûr. Vous voulez la voir ? »
Le jounin eut une grimace et fit un geste désinvolte de la main, qui pouvait dire à peu près n'importe quoi. Connaissant Shikamaru et son sens du devoir, malgré son extrême paresse et sa fatigue visible, comme il le connaissait, Naruto sortit le rouleau et s'avança pour le lui tendre. Le jeune homme accepta l'objet et l'ouvrit en soupirant.
« Galèèère… » marmonna-t-il, plus pour lui-même qu'autre chose.
Il parcourut le document à la lumière chiche de la lune, vérifia le cachet de l'Hokage, puis le lui rendit.
« Ouais, c'est authentique » déclara-t-il. « Bien que je ne vois pas à quoi ça sert de faire appel à des ninjas extérieurs. Si Konoha n'est même plus capable de régler ses petites affaires toute seule… »
Il haussa les épaules et fit la moue.
« Il n'y a rien de mal à ce qu'un village caché demande de l'aide de ses alliés lorsqu'il est en difficulté, n'est-ce pas ? » répondit Naruto en rangeant le rouleau.
« Non, bien sûr que non. Mais on ne peut pas dire que vous soyez le genre de personnes fiables que j'appellerais 'alliés', vous savez… »
Naruto s'autorisa un petit rire et croisa les bras.
« Touché ! »
« De toute façon, » intervint Chouji en souriant, « pour peu que vous soyez capable de la moitié de ce que vous attribue les enfants, vous allez faire des miracles, par ici ! »
Il fit un pas en avant et tapa jovialement sur son épaule en lui adressant un sourire chaleureux.
« Bienvenue à Konoha ! »
Il engloutit le reste de sa barre chocolatée et passa son chemin, manifestement bien décidé à aller retrouver son lit. Shikamaru soupira une nouvelle fois et le suivit, après avoir rajouté d'un ton fatigué :
« Ouais, bienvenue dans notre enfer. »
Au risque de me répéter... Une petite review, s'il vous plaît ? ;)
