Note : Oui, bon, je sais, j'ai été très longue. Pour tout vous dire, cela fait un bail que je n'ai pas recommencé à écrire sur cette fic, mais j'imagine que vous devez commencer à vous lasser, alors je poste quand même. N'est-ce pas merveilleux :) En revanche, je suis incapable de me souvenir du découpage des chapitres que j'avais décidé, et plus encore du titre que j'avais choisi pour celui-ci. Eurgh… Enfin bref, je vais improviser, quoi. Un peu plus d'action dans celui-ci, même si je trouve mes scènes de combat toujours aussi peu probantes… En revanche, vous m'excuserez, mais je vais sauter les RAR pour cette fois. Je n'ai vraiment pas la tête à cette fic, et je suis sûre que je risquerai de dire des bêtises, alors… XD
Je vous souhaite directement une bonne lecture ! (et j'uploade très vite ce chapitre avant que Microsoft Word et ses bugs me rendent chèvre…)
Chapitre 3 : Une chasse fructueuse
Shikamaru en avait beaucoup rajouté, lorsqu'il avait désigné la situation de Konoha comme un 'enfer'. Mais pas autant qu'on aurait pu le croire.
Après trois jours d'exploration intensive de la forêt entourant le village, Naruto n'avait encore trouvé aucune trace valable des deux démons restants. Tsunade l'avait renseigné sur les lieux où étaient tombés les quatre premières créatures, et il avait commencé par les visiter afin de pouvoir différencier les traces des démons morts de ceux qui étaient encore vivants, mais cela ne l'aidait pas beaucoup : toutes les pistes qu'il trouvait étaient vieilles de plusieurs jours, et ne le renseignaient en rien sur leurs habitudes, qu'il aurait pu utiliser contre eux.
Chaque matin, il se levait aux aurores, sortait de la ville encore endormie en faisant valider son autorisation par le capitaine de la garde en place, passait la matinée à parcourir la forêt en tous sens, et revenait rapidement en ville pour déjeuner de ramen. A cette occasion, il constatait les effets dévastateurs que l'isolation forcée de la ville avait sur le commerce du village, où plus aucun marchand n'osait s'aventurer sans une protection conséquente. Il apprenait par des bribes de conversation que les demandes de missions se faisaient rares, et que l'économie s'en ressentait énormément.
Konoha perdait de son prestige, par la faute de son incapacité à mettre fin au danger qui pesait sur elle depuis trois mois. En fin de compte, ce n'était peut-être pas réellement une faiblesse dans la puissance de frappe du village caché que cherchaient les instigateurs de cette situation, mais bien une faiblesse politique…
Alors il repartait, aussi vite qu'il avait le ventre plein, et reprenait son errance sans fin, filant entre les troncs d'arbres sans répit, sautant à terre le temps d'examiner un quelconque indice, s'arrêtant de temps à autre pour se désaltérer à un ruisseau, avant de continuer son chemin. Plus tard, il chassait ou pêchait, faisait cuire son repas dans l'espoir d'attirer un prédateur à la taille anormalement développée. Lorsqu'il était évident que rien d'autre ne viendrait que quelques charognards banals, il éteignait soigneusement son feu et repartait.
A la nuit tombée, lorsqu'il ne pouvait plus voir devant lui que la lueur de la lune filtrant par intermittence entre les feuillages, il se résignait et rentrait à Konoha, où il s'écroulait sur le lit de son appartement, frustré et impuissant.
C'est le quatrième jour de sa chasse vaine qu'il revit Kiyoshi.
Comme de bien entendu, ce fut à Ichiraku qu'ils se rencontrèrent.
Naruto déjeunait généralement le plus rapidement possible, et les autres enfants avaient pris l'habitude de ne pas le déranger, parfaitement conscients qu'il ne serait certainement pas aussi aimable que le jour de son arrivée. En effet, le jeune ninja ne sortait pas de sa profonde concentration, même pour cette courte pause, et continuait de réfléchir à ses prochaines actions. C'est pourquoi il véhiculait avec lui une sensation d'attention accrue et de prudence qui les convainquait facilement qu'il n'était pas à cet instant un compagnon de jeu agréable, mais bien un shinobi dangereux.
Kiyoshi resta un moment indécis à quelques mètres de lui, avant de finalement s'avancer pour prendre un siège au comptoir.
« Un ramen au porc, s'il vous plaît. »
Le cuisinier lui adressa un signe de tête, jeta un regard à son autre consommateur silencieux, et se retourna pour se mettre au travail. Kiyoshi se retint de ne pas gigoter sur son tabouret. Le ninja d'élite ne lui avait jeté qu'un bref coup d'œil avant de retourner à son repas, sans un mot.
« Kit-san… »
Le shinobi suspendit sa baguette au-dessus de son bol, seul signe qu'il l'écoutait, puisqu'il ne pouvait voir son visage.
« Vous semblez soucieux… Quelque chose ne va pas ? »
Naruto souleva ses nouilles d'un air songeur, le visage posé dans le creux de sa main.
« Rien ne va mal, rien ne va bien » répondit-il énigmatiquement.
Kiyoshi souleva un sourcil, tenta de comprendre, souleva l'autre sourcil, abandonna.
« Eeeuuuh… Hein ? » fit-il très intelligemment.
Naruto sentit un bref sourire éclairer son visage sans qu'il n'ait rien demandé, et consentit à développer.
« Rien ne va plus mal que depuis que nous nous sommes rencontrés pour la dernière fois, excepté que je commence à comprendre à quel point il est pesant que rien n'aille mieux… »
« Eeeuuuh… Ah… »
Le ninja jeta un regard au jeune garçon, avala précipitamment une gorgée de nouilles, et évita ainsi de justesse de les recracher par le nez lorsqu'il éclata de rire.
Kiyoshi pâlit, rougit, et se concentra sur le bol de ramen qui venait d'être déposé en face de lui. Malheureusement, il est bien connu que le rire est contagieux, et celui de quelqu'un du caractère habituellement jovial de Naruto l'est encore plus, aussi ne tarda-t-il pas à ricaner à son tour à ses propres dépends.
« Patron ! Un verre d'eau, s'il vous plaît ! » s'écria Naruto entre deux éclats de rire, tentant vainement d'aider le pauvre garçon à grands coups de tapes dans le dos, lequel n'avait pas eu sa présence d'esprit et se trouvait à présent confronté au Retour de la Vengeance du Fils de la tentative-de-strangulation-par-ramens-interposés — opus deux.
Une demi-dizaine de minutes, un verre d'eau et quelques chibi-Kyûbis dansant la macarena plus tard, Kiyoshi réussit à s'asseoir droit, cessa de se ventiler à grands battements de la main, et commença à reprendre une couleur normale — ce dont 'prune' ne pouvait définitivement pas être qualifié.
« Ca va mieux, gamin ? » ricana Naruto, appuyé sur son coude et tourné vers lui, son bol de ramen vide abandonné sur le comptoir.
« Je crois » gargouilla le jeune apprenti-ninja.
Naruto rit encore un peu et poussa son bol vers lui.
« Tiens, finis ton ramen. Ca va toujours mieux après un bol de ramen ! »
Kiyoshi lui jeta un regard curieux, tira son bol vers lui et récupéra ses baguettes, avant de commencer à jouer avec les nouilles, l'air songeur.
« Qu'y a-t-il ? » fit Naruto, intrigué, en s'adossant au comptoir, toujours assis sur son tabouret. « Maintenant, c'est toi qui fais une drôle de tête. »
Kiyoshi lui jeta un bref regard, puis détourna à nouveau les yeux vers son repas.
« C'est juste… » commença-t-il, indécis.
Puis il reposa ses baguettes dans son bol et se tourna pour lui faire face, le visage soudain sérieux.
« Vous savez, Kit-san, je crois que vous rappelez quelqu'un à mon père. »
Naruto se figea imperceptiblement et cligna des yeux, pris de court.
« Eh ? »
Kiyoshi ne le regarda pas lorsqu'il reprit, le ton grave :
« Je ne sais pas comment vous expliquer ça… Vous voyez, il y a un homme dont mon père me parle sans cesse. Depuis cinq ans que je vis avec lui, je me rappelle très bien de la première fois où l'expression de son visage m'a vraiment frappé. Au début, j'avais un peu peur de lui, je crois. Quand je suis arrivé à Konoha, je ne le connaissais pas, il ne me connaissait pas, on était un peu sur des charbons ardents, tous les deux… »
Naruto se pencha en avant et appuya ses coudes sur ses genoux, écoutant avec attention, curieux.
« Et puis, un jour, il m'a emmené ici, à Ichiraku. »
Le jeune garçon désigna le magasin d'un geste vague de la main.
« C'était la première fois que je mangeais du ramen. Je n'y avais jamais goûté, avant, et j'ai découvert que j'adorais ça. Si vous aviez vu le regard de mon père, à ce moment-là… »
Kiyoshi jeta un regard timide au ninja, qui lui fit signe de continuer, attentif.
« D'abord, il a eut l'air surpris. Il m'a regardé comme s'il m'était soudain poussé une deuxième tête — vous pouvez rigoler, n'empêche que j'ai quand même discrètement vérifié, au cas où ! »
Les ricanements de Naruto se firent un peu plus évidents, mais il tenta de son mieux de les camoufler. Kiyoshi eut un sourire en coin, et poursuivit :
« Bref. C'est après ça qu'il s'est mis à sourire. Je veux dire… vraiment sourire ! Pas un de ses petits sourires en coin, ou un rictus, ou… Pour la première fois, je l'ai vu sourire, pour de vrai ! D'un drôle de sourire, comme si il ne savait pas s'il devait rire ou pleurer… Et là, il m'a dit… »
Kiyoshi releva les yeux vers le Kit, et planta son regard à l'expression solennelle dans le sien.
« Il m'a dit que 'l'homme qu'il respectait le plus au monde' adorait également le ramen. »
Naruto sentit sa respiration se bloquer dans sa poitrine et ses yeux s'écarquiller. Kiyoshi, cependant, ne sembla rien remarquer, et poursuivit en baissant à nouveau les yeux.
« C'est à partir de ce jour-là que nous avons réellement commencé à nous entendre. Mais depuis, il ne se passe pas une semaine sans qu'il ne me parle de lui.
« C'était son meilleur ami, vous voyez. Ils sont allés ensemble à l'Académie, et ils ont même fait partie de la même équipe de genin. Il m'a dit qu'à cette époque-là, ils se disputaient souvent, tous les deux, et qu'ils n'auraient jamais voulu s'avouer à quel point ils tenaient l'un à l'autre. Mais après ça, mon père a quitté Konoha — je ne pense pas que j'ai besoin de vous raconter, vous connaissez sans doute déjà l'histoire. Tout le monde la connaît. Mais ce garçon, qui n'avait pas 13 ans, s'est jeté à sa poursuite avec une autre équipe de genin, alors que mon père était accompagné de ninjas très puissants, et ils ont fini par tous les battre, et lui l'a rattrapé. Et il a tellement resisté, tellement protesté, qu'à la fin, mon père a été obligé de se battre contre lui pour pouvoir partir… Il l'a pratiquement tué. »
A ce stade, ce qui sortait de la gorge de Kiyoshi n'était plus qu'un filet de voix, et il dut déglutir péniblement pour continuer. Il eut un petit rire nerveux.
« Ca a toujours eu l'air si difficile pour mon père de me raconter ça que j'ai un peu de mal à… »
« Je t'en prie » le rassura Naruto d'un ton calme. « Ce n'est rien. Continue. »
Kiyoshi hocha la tête.
« C'est à ce moment là qu'il a vraiment réalisé ce que cela voulait dire. 'Meilleur ami'. Avant, il n'y avait jamais vraiment pensé. Mais quand il s'est tenu devant lui, inconscient, et qu'il aurait pu le tuer, qu'il aurait dû le faire, même… il n'a pas pu. Alors il est parti. »
Pourquoi, Sasuke ? Pourquoi !
« Ils se sont revus, plusieurs années plus tard. Ils se sont battus une nouvelle fois, parce que mon père ne voulait pas retourner à Konoha, mais cette fois, ce n'est pas lui qui a gagné. Et ce jour-là, il s'est rendu compte que l'autre garçon, pendant tout ce temps… il ne lui en avait jamais voulu. Il le lui a dit en face, en pleurant même, et il lui a dit qu'il fallait qu'il revienne, parce qu'il y avait des gens qui l'attendaient ici, qui ne voulaient pas le perdre. »
« S'il te plaît, Sasuke... »
Une larme qui coule, glisse le long de sa joue, tombe sur le visage de celui qui gît sous lui et qu'il a empoigné par son T-shirt, et qui le regarde, sans comprendre, sans oser comprendre encore.
« Il lui a dit qu'il ne voulait pas le perdre. »
« Je t'en prie, Sasuke ! »
« Alors mon père a baissé les yeux, et il a dit… »
« D'accord… »
« Mais à ce moment là, ils ont été interrompus. Le ninja qui avait attiré mon père à ses côtés, Orochimaru… Vous en avez entendu parler, n'est-ce pas ?… Il est arrivé à ce moment là, et il ne voulait pas le laisser partir. »
Un bruit d'explosion, tout près. Le mur craque, s'effondre, le serpent gigantesque apparaît.
« Il voulait le forcer à rester avec lui, parce qu'il avait besoin de lui pour l'un de ses plans les plus importants, et que mon père était devenu très puissant. Mon père a essayé de se redresser, pour se défendre, parce qu'il avait fait son choix, mais il était déjà sérieusement blessé par son combat précédent. Alors ce garçon s'est jeté sur lui et l'a repoussé violemment, il l'a forcé à sortir de l'immeuble où ils se trouvaient et il a crié… »
« Dégage, Sasuke ! Dégage, et retourne à Konoha ! Retourne à Konoha ! »
« Et puis il s'est retourné et il s'est jeté sur Orochimaru — l'un des trois sennins légendaires ! — et il l'a obligé à ne pas s'approcher de mon père. »
« Moi vivant, tu peux toujours rêver. »
« Il pouvait à peine tenir sur ses jambes, mais mon père a quand même essayé de se relever et d'aller l'aider. Mais le garçon a invoqué un crapaud, une de ses spécialités, et l'animal l'a aussitôt emmené en direction de Konoha. »
« Narutooo ! »
Kiyoshi baissa la tête et ferma les yeux, et il garda le silence quelques instants, le temps de se ressaisir.
« C'était la dernière fois que mon père le voyait » dit-il doucement. « Après ça, pendant qu'on s'occupait de lui à l'hôpital, d'autres ninjas de Konoha sont arrivés sur les lieux du combat. Ils ont retrouvé Orochimaru… Il était mort. Mais aucune trace du garçon. »
Kiyoshi releva les yeux et promena un regard brumeux sur la rue passante de Konoha où se trouvait Ichiraku, comme s'il avait oublié où il se trouvait, le temps de son récit. Il prit une large inspiration, et murmura :
« Il s'appelait Naruto Uzumaki… »
'Je sais…'
« … et mon père ne l'a jamais oublié. »
'…'
Kiyoshi releva la tête et adressa un sourire un peu tremblant, mais déterminé, au shinobi.
« Il y en a beaucoup ici, qui pensent que Naruto est mort. Je n'ai jamais osé demander à mon père ce qu'il en pensait, mais moi, j'espère qu'il est vivant, et qu'il reviendra un jour à Konoha ! »
Le Kit resta un instant silencieux, et Kiyoshi passa une main dans ses cheveux, l'air gêné.
« Ah, désolé ! Ca ne doit pas vraiment vous intéresser, ce genre d'histoires de famille, n'est-ce pas ? »
« Si, au contraire » répondit-il d'un ton songeur. « C'est une belle histoire que tu m'as raconté là. Une histoire d'amitié, belle et triste… »
Kiyoshi eut l'air surpris, puis il baissa la main avec un sourire.
« Oui, c'est vrai » murmura-t-il. « Moi aussi, je trouve ça beau. »
Ils restèrent quelques instants plongés dans un silence confortable, puis Kiyoshi se redressa et reprit d'une voix plus forte.
« Enfin, bref ! Ce que je voulais vous dire depuis le début, c'est que je pense que vous rappelez Naruto à mon père. »
Le Kit se tourna de nouveau vers lui, interrogateur.
« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? »
Kiyoshi ouvrit la bouche, prit un air gêné, la referma. Puis il finit par dire :
« Parfois, quand il vous regardait, l'autre jour, il avait l'air triste. Et après, il passait de longs moments le regard perdu dans le vide… »
« Aha. Je vois » fit-il d'un ton pensif.
Kiyoshi lui jeta un regard un coin, puis lui sourit franchement.
« Qu'y a-t-il ? » demanda le ninja, surpris de son changement d'humeur.
« Je ne sais pas ce qui vous tracasse, Kit-san, » commença Kiyoshi, « mais je crois que le meilleur conseil que je puisse vous donner, c'est de ne pas abandonner, quoiqu'il se passe. »
Il sauta de son tabouret et prit les mains du shinobi dans les siennes, en le regardant dans les yeux.
« Je souhaite que, quoiqu'il arrive, vous puissiez faire preuve de la même détermination que Naruto Uzumaki ! »
Kiyoshi lui adressa un large sourire et recula, déposa un peu d'argent sur le comptoir, cria 'Merci pour le repas !' à l'intention des propriétaires de l'Ichiraku, et quitta le magasin sans demander son reste, laissant derrière lui un bol de ramen intact et froid depuis longtemps, et un ninja masqué silencieux.
Plus tard, le Kit s'agenouilla auprès d'un ruisseau au cœur de la forêt de Konoha, et défit précautionneusement les attaches de son masque. Le visage de céramique tomba au creux de sa paume, et il le posa près de lui, avant de se pencher vers l'eau. Il plongea ses deux mains dans le flot tumultueux et porta le liquide jusqu'à son visage, où il effaça les dernières traces de sel que les larmes séchées avaient laissées sur sa peau. Il s'essuya le visage avec un coin de sa cape et se pencha à nouveau vers le ruisseau.
Deux yeux bleus lui rendirent son regard, surmontés de cheveux blonds en bataille, et soulignés par de drôles de cicatrices en forme de moustaches, trois de chaque côté de son visage. Le reflet lui sourit.
« Naruto Uzumaki » murmura-t-il, et le son sembla glisser quelques instants sur l'onde avant de s'y fondre.
Il soupira, et on aurait dit qu'il riait.
Il se releva et plaça ses mains sur ses hanches, et il promena un regard vainqueur sur la forêt.
« Naruto Uzumaki, hein ? »
Il se baissa, ramassa son masque, et le glissa dans sa ceinture. Puis il s'élança, et soudain il ne fut plus qu'un vague mouvement, une flèche rouge sang et bleu sombre, une illusion que l'œil ne parvenait pas tout à fait à saisir.
'Naruto Uzumaki… Kiyoshi. Sasuke. Merci. Merci pour tout.'
Le même jour, il trouva ce qu'il cherchait, et plus encore.
Neji se baissa et inspecta d'un peu plus près la touffe de fourrure qu'un buisson d'épineux avait réussi à arracher à son propriétaire. Il renifla et se désintéressa très vite de la question en identifiant une simple belette. Soupirant, il se redressa et enfonça ses mains dans ses poches, avant de reprendre sa marche silencieuse devant ses deux camarades.
« Deux heures qu'on parcourt la forêt, et toujours rien » soupira Tenten en resserrant la sangle de son étui à shuriken. « Pas la plus petite trace de démon… »
« Allons, Tenten, pas de découragement ! » s'exclama Lee, tapant énergiquement sur l'épaule de la jeune fille. « Nous avons avec nous la force de la jeunesse, après tout ! »
« Où est le rapport avec ce que je viens de dire ? » fit-elle en lui jetant un regard qui ne se donnait même plus la peine d'exprimer sa perplexité.
« Faites attention » intervint Neji.
Il écarta une branche basse de son chemin et veilla à ne pas trébucher sur une racine.
« Nous ne savons toujours pas exactement à quoi ressemblent les deux derniers démons. Les rapports des premiers mois sont assez flous, étant donné la quantité de ces créatures près de Konoha, et à présent, ils veillent à ne pas se montrer. Alors restez sur vos gardes. »
Lee et Tenten hochèrent la tête et le suivirent pendant quelques instants en silence.
« C'est quand même sympa » fit remarquer Lee au bout d'un moment.
Tenten lui jeta un regard interrogateur, et il lui répondit d'un sourire.
« Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas eu de mission commune, tous les trois. Ca me rappelle le bon vieux temps… »
Tenten prit un air surpris, puis lui rendit son sourire.
« C'est vrai, ça faisait un bail… »
Devant eux, Neji s'immobilisa un instant, jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, et laissa un sourire affectueux se poser sur ses lèvres en avisant ses deux compagnons d'armes. Puis il se retourna et reprit sa marche, prenant quelques mètres d'avance sur eux. Lee le suivit rapidement et amorça une légère course pour remonter à sa hauteur, mais Tenten s'attarda un instant en apercevant quelque chose à terre sur sa droite. Elle pencha la tête sur le côté, identifia un jeune hérisson maladroit et sourit, attendrie, avant de se retourner.
C'est à ce moment précis que tout eut lieu.
Le sous-bois, à l'endroit où ils se tenaient, se faisait plus clairsemé, garantissant un peu plus de liberté de mouvement. Tenten se trouvait dans une zone relativement dégagée et se dirigeait vers ses coéquipiers. Devant elle, à environ deux mètres, Lee trottinait pour rejoindre Neji, qui le devançait encore de trois mètres. Lee est un spécialiste du Taijutsu, et sa vitesse est remarquable. Neji dispose du Byakugan et le tenait enclenché, ce qui lui permettait de détecter n'importe quelle attaque à approximativement 360 degrés, dans un rayon de cinquante mètres.
Combien de temps faut-il pour qu'un guépard lancé à cent kilomètres à l'heure parcoure cinquante mètres ?
…
Trop peu.
Les yeux de Neji s'agrandirent, ses lèvres s'ouvrirent, il hurla un avertissement tout en tentant de se retourner.
Lee sursauta, amorça à son tour un mouvement, mais il ignorait d'où venait l'attaque, et c'est du coin de l'œil qu'il aperçut un flash de fourrure fauve.
« Kyaaah ! »
« Tenten ! »
Lee se jeta sur l'énorme créature et dirigea un puissant coup de pied à la blessure profonde que le katana de la jeune fille avait ouvert dans son épaule. Le monstre encaissa difficilement le coup, feula, et prit aussitôt la fuite à travers les arbres, laissant sa proie à terre.
« Tenten ! » haleta Lee en se rétablissant près de la jeune fille.
Neji les rejoignit en une fraction de seconde et s'agenouilla à son tour près de sa fiancée. Il serra les dents en apercevant la large plaie qui barrait son abdomen de part en part, et sentit son sang bouillir dans ses veines.
« Tenten ! Tu m'entends ? » s'exclama Lee. « Elle est inconsciente… Oh, mon dieu, elle perd beaucoup trop de sang ! »
Il se débarrassa de son sac à dos d'un mouvement et sortit précipitamment la trousse de premiers soins.
« Il faut arrêter l'écoulement du sang… Neji ? »
Lee leva les yeux de sa tâche lorsque son coéquipier se redressa et fit mine de s'éloigner.
« Neji, qu'est-ce que tu fais ! »
« Ramène-là à Konoha aussi vite que possible, Lee, et fais-la soigner. Je pars à la poursuite du démon. »
« Quoi ? Neji, non ! Tu ne peux pas y aller seul ! Et Tenten a besoin de toi, maintenant plus que jamais ! »
Neji se retourna vivement, et Lee sursauta en découvrant son rictus de rage et de colère.
« Je ne peux pas le laisser s'en tirer comme ça ! » rugit-il.
Sonné, Lee ne trouva pas de réponse. Neji n'en attendait visiblement pas, puisqu'un instant plus tard, il avait disparu.
Lee serra les dents, baissa les yeux sur Tenten, puis les releva dans la direction qu'avait prise Neji, indécis. Finalement, il soupira, et ses épaules s'abaissèrent en signe de défaite.
« J'espère que tu me pardonneras, Tenten… »
Il se redressa et prit une expression déterminée, avant de ramasser à nouveau la trousse de premiers soins et de se remettre rapidement au travail.
'J'espère que tu me pardonneras d'avoir laissé cette tête de mule se jeter dans la gueule du loup…'
Quelque chose en Naruto s'agita soudain violemment.
Ses yeux bleus glissèrent vers le côté, plus alertes que jamais. Sa main glissa sur son estomac. Il se réceptionna sur une branche d'arbre et jaillit vers sa droite, éclat de métal, masse d'agilité, de muscles et de réflexes aiguisés.
Au loin, entre les arbres, il ne tarda à percevoir un bouillonnement agité de chakra.
« Kaiten ! »
Le monstre feula furieusement et retira précipitamment sa patte lacérée. Un rictus haineux révéla ses dents tranchantes tandis que Neji stoppait sa rotation, et le ninja dut soudain protéger ses yeux lorsqu'une lumière jaune aveuglante emplit la clairière, accompagnée d'un crépitement de mauvais augure. Il bondit instinctivement en arrière, évitant ainsi de justesse le flux massif d'électricité qui s'écrasa à l'endroit où il se tenait quelques secondes auparavant, grillant instantanément les quelques feuilles mortes qui avaient eu le malheur de s'être trouvées là au mauvais moment.
Jurant entre ses dents, il exécuta un saut périlleux arrière et se réceptionna agilement sur une branche d'arbre salutaire.
'Ca devient très mauvais pour moi' constata-t-il lorsque son regard se posa à nouveau sur la clairière.
Les yeux rouges du guépard, fixés sur lui, brillaient d'une lueur mauvaise, et sa grimace évoquait un sourire moqueur. Les étranges lames ornant son épine dorsale, son front et la surface extérieure de ses membres ne reflétaient plus les rayons du soleil, mais projetaient des éclairs de chakra en une danse savante et complexe, arcs d'énergie électrique se courbant gracieusement autour de son corps et prenant leur envol de l'un à l'autre de ces étranges conducteurs.
Neji serra les dents et se laissa glisser à terre. Il commençait à regretter d'avoir agi sur un coup de tête, mais il ne pouvait plus faire demi-tour. Le guépard était trop rapide, il l'aurait rattrapé avant qu'il n'ait pu faire cinquante mètres pour aller chercher du secours. De plus, les démons se faisaient de plus en plus difficiles à dénicher, et ce pourrait bien être une chance unique, qui ne se reproduirait pas avant des semaines, largement le temps pour le démon de tuer bien d'autres civils…
Le guépard feula de mécontentement en constatant que sa proie n'avait aucune intention de fuir. La chasse était toujours plus amusante lorsqu'il avait le loisir de poursuivre sa cible, jouant tout son soûl avec elle, la rendant ivre de terreur, avant de bondir sur son dos pour lui trancher la gorge, finalement lassé.
Peu importait, après tout, décida-t-il. Il avait faim. Plus tôt il en aurait fini avec celui-ci, plus tôt il pourrait manger. La femelle lui avait paru plus tendre, et il avait profité de ce qu'elle s'était éloignée de ses compagnons pour tenter sa chance, mais elle était plus forte qu'il ne l'avait cru et l'avait blessé. La plaie était maintenant presque refermée, mais elle le gênait tout de même dans ses mouvements, et cela ne servait qu'à attiser encore son envie de sang.
Neji se pencha et tendit les bras dans la position particulière qui était celle de l'une des techniques les plus destructrices du clan Hyûga, puis s'immobilisa un instant et plissa les yeux.
'Pas d'hésitation. Je vais directement avoir recours à…'
Poussant un rugissement puissant, le guépard bondit soudain. Neji sursauta et ferma les yeux, puis il tourna franchement son buste vers la droite.
« Hakke ! Les 128 points ! »
La terre crissa sous les semelles de ses sandales lorsqu'il amorça sa rotation, et brusquement il ne fut plus qu'une silhouette à peine identifiable.
Le guépard hurla lorsque les premiers coups s'abattirent sur sa poitrine.
« Les 2 points ! »
Il tenta précipitamment de reculer, mais ses pattes avant se dérobèrent sous lui lorsqu'une douleur violente les transperça soudain.
« Les 4 points ! »
Neji retint un cri de douleur lorsque le courant électrique parcourant les membres du guépard fusa en sifflant des lames meurtrières pour s'enfoncer dans sa propre chair. Serrant les dents, il refusa de ralentir.
« Les 8 points ! »
Le guépard s'effondra en avant et émit une sorte de miaulement assourdissant. Le métal sur son front et ses pattes avant émit un sifflement en lâchant sa dernière charge électrique lorsque le chakra ne put soudain plus circuler jusqu'à lui. Neji pivota vivement sur sa jambe gauche et glissa jusqu'au flanc du démon.
« Les 16 points ! »
Ses doigts s'enfoncèrent dans la fourrure épaisse et la créature se contorsionna violemment pour tenter de le frapper, ne soulevant que de la poussière, ne mordant que du vide. Un arbre gémit lorsque sa tête massive le heurta dans ses mouvements désordonnés, jusqu'à ce que sa corne frontale ne taille dans l'écorce et qu'il ne s'abatte avec force craquements, dans un bruit de fin du monde qui couvrit presque la voix du ninja :
« Les 32 points ! »
Le démon lutta pour se redresser en sentant son flanc et sa patte arrière droite s'engourdir et échapper à son contrôle. Neji ne put réprimer une exclamation de souffrance lorsqu'une nouvelle décharge remonta le long de ses bras, paralysant un court instant ses muscles, martyrisant ses nerfs. Malgré tout, il tournoya une nouvelle fois et se faufila sous la queue agile s'agitant furieusement, récoltant au passage un nouveau coup de semonce des lames qui s'y dressaient, qu'il supporta sans mot dire.
« Les 64 points ! »
Le guépard ne poussa qu'un hurlement sourd et ne put que pivoter la tête pour observer l'avalanche de coup qui s'abattait sur son autre flanc, sa gueule tordue dans une expression inhumaine de souffrance et de haine. Son corps tout entier n'était plus que douleur et masse de muscles inutiles, à moitié immobilisée par l'arrêt de l'afflux de chakra dans ses membres. Malgré tout, il tendit tout ce qui lui restait de force. Neji releva soudain les yeux en percevant l'augmentation du crépitement électrique et jura en apercevant le chakra se précipitant dans ses canaux. A bout de souffle, il bondit néanmoins et se jeta sur le dos du démon, où se trouvaient les seuls points vitaux qu'il n'avait pas encore occulté.
« Les 128 points ! »
Il comprit immédiatement son erreur.
Le poing souple des Hyûga était une école de combat très puissante, créée pour causer d'énormes dégâts, internes plutôt qu'externes, endommager les organes, immobiliser les muscles. Des coups donnés du plat de la main, ou même d'un seul doigt placé à un endroit approprié. Des coups nécessitant absolument une grande précision, et donc une bonne assiette.
Des coups qu'il ne pouvait pas, en aucun cas, asséner sans point d'appui.
Les premiers coups martelèrent avec sa vélocité habituelle la chair de la créature, mais bientôt, il ralentit, et la gravité aidant, réalisa qu'il n'avait pas d'autre choix que de se réceptionner sur le dos du démon. Ses yeux s'agrandirent et il croisa aussitôt les bras devant son visage.
Ses pieds s'enfoncèrent dans la fourrure épaisse, il y eut un sifflement vengeur, et une douleur monstrueuse envahit brusquement tout son être. Sa bouche s'ouvrit en un cri silencieux, tandis que son corps s'envolait sous la force de l'impact. Il parcourut un arc gracieux, oiseau suspendu en plein vol.
L'atterrissage n'en fut que plus brutal.
« Gwaah ! »
Mobilisant ses dernières forces, il parvint à se retourner sur le ventre à temps pour cracher le sang qui encombrait ses bronches. La respiration laborieuse et précipitée, il se laissa tomber sur le flanc et porta un regard fatigué sur le démon. Ses yeux s'écarquillèrent à nouveau.
A une dizaine de mètres de là, la créature monstrueuse se hissait péniblement sur ses pattes, le regard fixé sur lui, sa gueule tordue en une grimace victorieuse. La corne sur son front brillait à nouveau d'une lueur de mauvais augure. A peine la fixa-t-il du regard qu'un arc d'énergie crépitante en émergea pour rejoindre la masse électrique qui surmontait le dos du guépard.
Neji se concentra et parvint à réinvoquer un court instant le Byakugan, que sa chute l'avait forcé à relâcher.
Sa respiration se bloqua dans sa poitrine, et ses yeux se plissèrent de rage impuissante. Il serra les dents et les poings, et se laissa retomber au sol. Lentement, l'afflux de chakra massif dans les canaux du monstre déboucha les cavités vitales qu'il venait tout juste d'occulter.
'J'aurais dû savoir' se morigéna-t-il. 'J'aurais dû penser que c'était possible, après avoir vu Naruto annuler mon attaque de la même manière. J'aurais dû savoir…'
Il ferma les yeux pour ne pas voir le démon dresser ses quatre mètres de haut au-dessus de sa silhouette immobile, pour ne pas voir ses crocs luisant sinistrement lorsqu'il entrouvrit la gueule.
'Tenten… Je suis désolée, Tenten. J'aurais voulu pouvoir te venger. Et maintenant, je ne saurais jamais si tu as survécu… Je t'en prie, Tenten, vis. Au moins pour moi, vis…'
Il entrouvrit à nouveau les yeux, plus par lassitude qu'autre chose. Avec un crépitement sauvage, les dernières lames de la patte arrière gauche du démon reprirent leur fonction originelle. Il pencha légèrement la tête et plongea le regard dans deux prunelles d'un rouge ardent.
Il eut la soudaine impression d'avoir reçu un électrochoc.
'Rouge… !'
Une masse de chakra tournoyante, prenant lentement la forme d'une créature au rictus hideux. Un œil unique, rouge, qui fixe et transperce.
Lentement, son expression changea. Bougeant précautionneusement, il se tourna sur le ventre et planta ses deux mains tremblantes dans le sol meuble de la clairière.
« On ne change pas son destin, blablabla… Toutes ces conneries, tu devrais laisser tomber. T'en a pas besoin… »
Au prix d'immenses efforts, serrant les dents, il poussa sur ses bras épuisés et ordonna à ses jambes de bouger.
« Toi… »
Le démon le regarda se relever, une lueur perplexe habitant ses yeux inhumains, sa tête énorme penchée sur le côté en signe de curiosité, comme un monstrueux chaton. Neji se redressa finalement et attendit que sa respiration se stabilise.
« Tu n'es pas un perdant. »
Puis il releva les yeux. Son visage était constellé de bleus, ses cheveux emmêlés s'étaient détachés depuis belle lurette, quelques gouttes de sang coulaient de ses lèvres à son menton… Mais il souriait.
'Je sais.'
Et ses yeux étaient sereins.
Le démon resta un instant perplexe, puis sentit l'irritation le gagner. Cet humain, qui avait osé le blesser, voyait sa mort en face, et il refusait de le craindre ! Avec un grondement furieux, il sentit ses poils se hérisser, et lança son attaque sans plus attendre, rugissant de rage.
Neji vit la masse d'énergie électrique se ruer vers lui, mais refusa de fermer les yeux.
'Je ne mourrai pas comme un lâche. Je refuse de mourir à terre. Même si je ne peux rien faire d'autre, je mourrais debout.'
Malgré tout, malgré tous ses efforts, il ne put tenir aucune de ses deux résolutions.
Soudain, il dût fermer les yeux et lever les bras pour les protéger, et il se sentit violemment projeté à terre par le souffle de l'explosion.
'Une explosion… ?'
Sonné et perplexe, il leva les yeux… et resta sans voix.
« Doton ! Technique du mur de terre ! »
Accroupi au-dessus de lui, une main levée devant son masque de céramique maintenant un sceau, l'autre plaqué sur le sol, le Kit appuyait son dos contre la paroi massive qui avait soudain émergé de l'herbe de la clairière et absorbé l'attaque électrique du démon.
Alors qu'il l'observait, le ninja poussa un soupir de soulagement et la tension dans ses épaules sembla diminuer.
« C'était juste » marmonna-t-il.
« Vous… » commença Neji.
Sa voix était rauque, et il se mit soudain à tousser sans pouvoir s'arrêter. Un peu de sang tomba à terre et il plissa les yeux.
« Vous feriez mieux de ne pas trop bouger » conseilla le Kit.
« Vous n'arriverez pas à vous débarrasser de lui seul » répondit Neji d'une voix encore un peu faible.
« Mais si, ne vous inquiétez pas pour ça ! Vous m'avez déjà l'air de l'avoir relativement affaibli. »
Neji renifla d'auto-dérision et tenta de se relever. Une main se posa sur son épaule et le força gentiment à se rallonger.
« Ne bougez pas » répéta-t-il. « Qu'est-ce que vous faites seul ici au fait ? »
« Vous n'avez pas l'air accompagné non plus » fit Neji en haussant un sourcil inquisiteur.
« Ah ! Mais c'est différent : je chasse toujours seul. »
Neji prit une expression perplexe, et put presque sentir le sourire mutin de son interlocuteur sous son masque.
« Peut-on espérer du renfort ? » s'enquit-il finalement tandis que le guépard laissait échapper un rugissement rageur de l'autre côté du mur.
« Peut-être » murmura Neji. « Si Lee parvient à nous en envoyer à temps… »
« Ah ! Donc, vous n'étiez pas seul ! » s'exclama le Kit d'un ton bizarrement victorieux.
Neji lui jeta un regard dubitatif, ne voyant pas ce qu'il y avait d'amusant dans l'affaire, mais n'eut pas le temps de répondre. Jaillissant brutalement à l'extrémité droite du mur de terre, le démon projeta ses trois cent kilos vers eux avec un feulement bestial. Neji se tendit, mais le Kit le regarda simplement approcher et dit d'un ton de désillusion :
« Eh bien… On dirait qu'il était assez intelligent pour faire le tour, finalement. »
Avec un crépitement sinistre, le démon projeta une lance d'énergie vers eux. Elle ne grilla que de l'herbe.
Le Kit déposa son précieux fardeau sur l'épaisse branche d'arbre sur laquel il s'était rétabli. Neji cligna des yeux et se laissa allonger sans protester, quelque peu désorienté par le mouvement rapide.
« Oups ! » ricana le Kit d'une voix soudain délestée de son ton badin et lourde d'ironie mordante. « C'est qu'il mordrait, ce gros chaton ! »
Dans la clairière, le mur de terre s'effondra avec un grondement de fin du monde, et le guépard bondit en grondant loin des gravats qui le martelaient. Neji jeta un regard indéchiffrable au ninja d'élite qui se relevait.
'Peut-être, en effet… Peut-être peut-il l'affronter seul. Sa vitesse est presque digne de celle de Lee, et je suis convaincu qu'il a encore de nombreux atouts cachés…'
« … Bonne chance. »
Le ninja baissa la tête vers lui, et Neji entendit le sourire dans sa voix lorsqu'il répondit :
« La chance fait aussi partie de la force d'un ninja, pas vrai ? »
Ses yeux s'écarquillèrent brutalement et il resta un instant sans voix. Manifestement oublieux de sa réaction, le Kit s'autorisa un petit rire et ajouta en sautant à terre :
« Merci. Profitez bien du spectacle ! »
Sans un mot, Neji tourna la tête pour le suivre des yeux. Une question résonnait sans interruption parmi ses pensées désordonnées :
'Comment sait-il que c'est exactement ce que dit sans cesse Gaï-sensei ?'
« Par ici ! » cria Lee en faisant vivement signe à la petite troupe de ninjas qui le suivait.
Il jeta un nouveau coup d'œil à la forêt qui les entourait et prit sans hésiter un peu plus à droite que leur trajet originel. Un léger froissement de tissu le prévint de l'approche de Sakura, qui poursuivit sa course à sa hauteur.
« Depuis combien de temps l'as-tu laissé seul ? »
Lee adressa un bref regard à sa femme avant de reporter son attention sur les sous-bois devant eux.
« Je ne sais pas vraiment… Une demi-heure, peut-être plus… »
Sakura eut un claquement de langue sévère, mais même s'il était évident qu'elle désapprouvait le comportement de Neji, elle ne dit rien. Quelques secondes plus tard, Lee leva une main et s'arrêta net.
« Stop ! » cria-t-il.
Au sol, les feuilles mortes et les fougères étaient maculées du sang de Tenten.
« C'est ici que nous nous sommes séparés. Je crois qu'il a pris cette direction » ajouta-t-il en désignant une trouée entre les arbres.
« Ok ! Maintenant, laisse faire les pros, mec ! »
Fort de cette déclaration, Kiba s'avança avec un sourire assuré, son fidèle chien Akamaru, à présent presque assez grand pour atteindre sa taille, trottinant à ses côtés.
« On va te le retrouver en un rien de temps, le Hyûga ! »
« Alors dépêche-toi, Kiba » répondit Lee d'un ton inhabituellement sérieux. « Le temps nous est compté… »
Kiba lui jeta un coup d'œil, et hocha la tête en prenant une expression grave. Akamaru avait déjà commencé à renifler les environs, et il poussa bientôt un aboiement pressant.
« C'est bon ! Akamaru a trouvé sa piste ! » s'écria Kiba en s'élançant à la poursuite de son chien.
Lee et Sakura bondirent aussitôt sur ses talons, suivis de la demi-dizaine de chuunins et jounins qu'ils avaient réussi à rassembler.
'Tiens bon, Neji' songea Lee en serrant les dents. 'Tu ne peux pas mourir ! Pas maintenant !'
Non loin de là, la dernière chose à laquelle Neji pensait à cet instant précis était bien sa mort.
« Alors, Gros-Minet, c'est tout ce que tu as dans le ventre ! »
« Rooaaarhh ! »
« Attention, j'arrive ! »
Le tout fut suivi d'un vague 'Fwiiish !', d'un 'Blaam !' magistral, et d'un 'Aouch…' un peu sonné.
Consterné, Neji passa une main fatiguée sur son visage en soupirant. En contrebas, le Kit, ninja errant célèbre à travers tous les villages cachés pour ses exploits, se redressait difficilement après sa rencontre plutôt brutale et impromptue avec un arbre un peu trop affectueux. Etrangement, la scène lui semblait incroyablement familière…
« C'est comme ça que tu le prends ? D'accord ! »
Il n'y avait pourtant aucune raison particulière à cela. Mais comme le ninja masqué se jetait à nouveau à l'assaut du guépard rugissant, lui-même constellé d'écorchures et dont la fourrure était brûlée à de nombreux endroits, il se serait presque attendu à…
« Multi-clonage ! »
… ça.
Ses yeux s'écarquillèrent involontairement, et il ne put s'empêcher de sursauter.
'Calme-toi, Neji ! Le multi-clonage est une technique de haut niveau, mais de nombreux ninjas la connaissent. Quoi d'étonnant à ce qu'un shinobi comme le Kit l'ait maîtrisée ?…'
Pourtant, comme le temps passait et que le combat se déroulait sous ses yeux, Neji ne pouvait se départir de ses doutes. Les mouvements du ninja errant lui semblaient bizarrement familiers, tout autant que définitivement étrangers, et sa confusion ne faisait qu'augmenter.
« Fûton ! Les milles lames ! »
Accroupi à terre, le Kit invoqua des bourrasques de vent cinglantes qui tranchèrent dans la chair du guépard, malgré tous ses efforts pour esquiver. Le démon se releva aussitôt, bien que titubant et couvert de sang, et fit face à son opposant avec un rictus de défi. Les plaies recouvrant tout son corps cicatrisaient presque à vue d'œil, mais de plus en plus lentement. A mesure que le sang et le chakra venaient à manquer à son organisme, ses mouvements se faisaient plus lents. Il y avait bien longtemps qu'il ne pouvait plus produire d'attaque électrique, et son maintien avait perdu toute noblesse. Le Kit laissa échapper un ricanement.
« Désolée, la peluche géante, mais cette fois, c'est définitivement fini pour toi. »
Et il bondit.
Au même instant, Neji prit sa décision. Serrant les dents, il ferma les yeux et, concentrant le peu de chakra qu'il était parvenu à récupérer, joignit ses mains pour composer un unique sceau.
'Byakugan !'
Il rouvrit les yeux. Puis les écarquilla. Le Byakugan ne dura qu'à peine une seconde et il s'écroula sur sa branche, vidé de toutes forces et totalement paralysé, luttant pour rester conscient. A peine une seconde, mais c'était suffisant.
« Eh ! Ca ne va pas ? Qu'est-ce qui vous arrive ? » s'exclama une voix inquiète, tout près de lui.
Le souffle court, Neji posa son regard sur le ninja masqué accroupi près de lui, puis sur le cadavre du démon, étendu au centre de la clairière. Le Kit suivit le mouvement de ses yeux et eut un petit rire un peu gêné.
« Pas très joli à voir, n'est-ce pas ? Mais j'ai jugé préférable de le décapiter, plutôt que de le croire mort pour qu'il nous attaque dans le dos. »
Il reporta son attention vers lui et se baissa pour le prendre par le bras, qu'il passa autour de ses épaules.
« C'est pas le tout, mais il vaudrait mieux vous trouver une assistance médicale, et rapidement, de préférence… »
Le Kit interrompit brusquement son mouvement en sentant Neji profiter de leur proximité pour passer sa main sous la capuche de sa cape. Avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit pour l'arrêter, ses doigts trouvèrent le fil qui maintenait son masque en place et tirèrent brutalement dessus, incapables de trouver assez d'énergie pour tenter de simplement le décrocher.
Le fil céda.
Le masque se détacha, et avec une lenteur étrange, presque avec reluctance, glissa jusqu'à la branche, sur laquelle il rebondit avec un tintement à peine audible.
Le soleil se refléta sur des cheveux blonds, accrocha deux rangées d'étranges cicatrices en forme de moustaches.
Et Naruto jura. Longuement et inventivement.
« P-t-in de b-rd-l de m… ! Je savais que j'aurais dû réparer cette s-l-perie de crochet ! »
Et Neji se mit à rire comme rarement auparavant.
En définitive, c'est l'assistance médicale qui les trouva.
Kiba et Akamaru pilèrent net en débouchant brutalement dans la clairière, et Lee et Sakura les évitèrent de justesse.
« Qu'est-ce que… ? » commença Sakura avant de s'interrompre soudain, bouche bée.
Lee suivit son regard et resta à son tour muet. Devant eux, le corps du guépard massif qui avait grièvement blessé Tenten reposait sur le flanc, sa fourrure fauve poisseuse de sang plus ou moins séché et brûlée par endroits. Un peu plus loin, à quelques mètres du cou nettement tranché au pied duquel l'herbe était généreusement enduite du liquide sombre et poisseux, gisait la tête du monstre, la langue pendante, ses yeux rouges vides à jamais.
Derrière eux, l'escouade de ninjas s'aligna silencieusement, contemplant muettement la scène.
Akamaru fut le premier à détacher ses yeux du cadavre du démon, et il tourna vivement la tête, avant de se mettre à trottiner vers la lisière de la clairière, plus loin vers leur gauche. Ce fut son aboiement qui sortit les humains de leur quasi-transe, et ils se tendirent à l'unisson, suivant du regard Kiba lorsqu'il se lança à la poursuite de son chien.
A une dizaine de mètres d'eux, accroupi près d'un arbre, un ninja portant un masque rouge pâle et enveloppé d'un large cape noire les fixait sans un mot. Près de lui, appuyé contre la base du tronc et le bras que le shinobi avait passé autour de lui, Neji était étendu, inconscient.
« Neji ! »
Lee se précipita aussitôt, bientôt suivi de Sakura, la médic-nin affectée à l'équipe de secours. Kiba les stoppa d'un bras tendu. L'expression méfiante, il considérait le ninja masqué tandis qu'Akamaru lui aboyait quelque chose. Le visage de céramique se pencha sur le côté dans une démonstration limpide de perplexité.
« Pourquoi n'avez-vous pas d'odeur ? » finit par demander l'homme-chien.
« Hum ? »
Le shinobi eut un instant l'air de ne pas comprendre où il voulait en venir, avant qu'il ne se redresse soudain et ne lève une main en un geste désinvolte, comme si le problème n'avait pas d'importance.
« Oh ! Oui, je vois ce que vous voulez dire ! C'est un jutsu que j'utilise sur moi-même. Cela fait tellement longtemps que je le fais que c'est devenu un véritable réflexe. J'avais presque fini par oublier à quoi il servait, pour tout vous dire… »
Kiba eut l'air pris de court, mais Lee ne lui laissa pas le temps d'approfondir le problème.
« Vous êtes le Kit, n'est-ce pas ? » s'exclama-t-il. « Comment va Neji ? »
Sans attendre de réponse, il contourna Kiba et s'agenouilla près des deux shinobis. Sakura le rejoignit et le repoussa gentiment sur le côté.
« Laissez-moi un peu d'air pour l'examiner » ordonna-t-elle, apparemment à personne en particulier.
Le Kit comprit cependant le message et retira précautionneusement son bras de derrière le dos du Hyûga, avant de se relever et de faire quelques pas en arrière. Il observa silencieusement Sakura tandis qu'elle levait une main luisante de chakra et la passait au-dessus du corps du jeune homme.
« Ca ira » finit-elle par dire, au grand soulagement de Lee. « Ses muscles et ses nerfs moteurs ont l'air plutôt éprouvé — comme par un fort courant électrique, je dirais — mais rien de fatal ou d'irréparable. »
Lee soupira, rassuré, et adressa un large sourire à sa femme.
« Tant mieux. Tenten aurait eu ma tête s'il lui était arrivé quelque chose de grave ! »
Sakura lui rendit son sourire, puis retourna à sa tâche.
« Je vais essayer de diminuer un minimum les dégâts, et on pourra le ramener à Konoha pour de plus amples soins. »
Lee hocha la tête et la laissa travailler. Pendant ce temps, les autres ninjas s'étaient mis à rassembler du bois pour brûler le corps du démon, comme ils en avaient pris l'habitude au cours des derniers mois. Kiba se tenait toujours à quelques pas de distance, le regard fixé sur le Kit, une expression de réflexion intense peinte sur le visage.
« Mais pourquoi est-ce que vous cachez votre odeur ? » finit-il par s'exclamer, irrité.
Le Kit tourna la tête vers lui et laissa échapper un rire bref.
« Ca vous tracasse toujours ? »
Avant que Kiba ne puisse répliquer quelque chose de potentiellement insultant, il consentit cependant à répondre :
« Allons, vous devez bien pouvoir imaginer quel genre d'avantage cela offre pour la chasse, non ? Tout autant que face à des ennemis au sens olfactif très développé… Comme vous, d'ailleurs. »
Tandis que l'homme-chien essayait de déterminer si ces propos se voulaient une menace et-ou moqueurs, Lee intervint à son tour.
« Mais pourquoi la cacher en permanence ? Puisque c'est bien ce que vous avez sous-entendu… Pourquoi renouveler le jutsu aussi souvent ? »
Le ninja resta un instant silencieux, puis haussa les épaules.
« A quoi bon porter un masque, si n'importe quel chien ninja pourrait potentiellement découvrir mon identité ? »
Ni Lee, ni Kiba ne trouvèrent quoique ce soit à répondre à cela. Kiba resta un instant immobile, puis il haussa les épaules et se détourna pour rejoindre les shinobis dressant un bûcher sommaire au centre de la clairière.
« Allez, viens, Akamaru ! »
Le chien jeta un dernier regard mal à l'aise au ninja masqué, avant de partir sur les talons de son maître. Lee ne fit pas mine de les rejoindre, mais continua de fixer le Kit jusqu'à ce que celui-ci se tourne vers lui, son language corporel exprimant l'interrogation. Finalement, le jeune spécialiste en Taijutsu lui adressa un sourire éblouissant et lui tendit la main.
« Je suis Rock Lee ! Je pense que Kiyoshi a déjà dû vous parler de moi. Je dois dire que j'étais très impatient de vous rencontrer, Kit-san ! »
Amusé, le ninja lui serra fermement la main.
« En effet, Kiyoshi a dû vous mentionner… oh ! une petite dizaine de fois. »
Lee sourit à nouveau, ravi d'apprendre que ses ordres avaient été suivis à la lettre.
« Ne commence pas à l'ennuyer, Lee » intervint Sakura sans lever les yeux de sa tâche.
« Bien sûr que non, Sakura ! » s'offusqua Lee, avant de se tourner à nouveau vers le ninja pour lui murmurer sur un ton confidentiel : « Tout à fait honnêtement, j'ai l'intention très ferme de vous affronter au Taijutsu l'un de ces jours prochains, mais il est évident que je ne vais pas immédiatement vous harasser pour ça ! D'autant plus que… »
Il se redressa et examina d'un œil critique les vêtements du ninja, légèrement déchirés ou brûlés par endroits, avant de jeter un regard par-dessus son épaule vers le corps inerte du démon.
« C'est vous qui avez fait ça, n'est-ce pas ? » reprit-il sur un ton normal, en désignant le cadavre du menton.
Le Kit haussa les épaules.
« Votre ami l'avait déjà remarquablement entamé lorsque je suis arrivé, mais c'est moi qui en ai fini avec lui, en effet. »
Lee hocha la tête d'un air approbateur.
« Deux démons en cinq jours… Apparemment, vous faites honneur à votre propre légende, Kit-san ! »
Reviews, s'il vous plaît ? ;)
