Notes : Ah, il vous aura fait attendre, celui-là, pas vrai ? Evidemment, ça fait un bon mois qu'il est terminé, mais comme j'essaie toujours de maintenir un chapitre d'avance… Et puis bon, finalement, j'ai reçu une review qui m'a fait plaisir aujourd'hui, et comme en plus c'est le début de mon week-end, j'ai eu envie d'être généreuse. Ne sommes-nous pas heureux ? Vous n'avez plus qu'à remercier Twin Sun Leader ! ;) Euh… Par contre… Oui, c'est bien parce que ça commençait à faire un bail qu'on me demandait la suite, hein… Parce que moi, j'aurais plutôt eu tendance à attendre d'avoir le chapitre 8 sous la main avant de publier celui-là… M'enfin, vous comprendrez bientôt. :S
- Bref, ce chapitre démarre plutôt lentement — tellement lentement en fait que j'ai failli m'écrouler de soulagement en arrivant enfin à la scène censée être "principale" ici. O.o Encore un qui n'en faisait qu'à sa tête… Typique. Du coup, je commence à me demander si la fin va bien pouvoir tenir en 2 chapitres, parce que le dernier risquerait d'être trop court si je faisais un épilogue en plus, mais trop long autrement. Je sens que ça va encore se décider au fil de la plume, ça…
- Et comme par hasard, ff. net a décidé de buguer et a refusé de me laisser uploader pendant toute la journée d'hier… Pour une fois que Word ne plantait pas. Chuis maudite… -.-
RAR : Bon, oui, c'est bien joli ce nouveau système de réponse aux reviews de ff. net, et c'est certain que je vais l'utiliser, mais de là à interdire les RAR dans les fics, je trouve que c'est pousser un peu loin. Et les reviews anonymes, on y répond comment, hein ? On les ignore ? (roule des yeux) Enfin… Comme d'habitude, un grand merci à Flore Risa, onarluca, Murasaki-kun, Wynzar, Jalexa Uchiwa, Nadramon, yune-chan66, inouko, luluflo4, yaminohoshi, dragonise, Kochka, Raphaèle LECONTE, Tiffany Shin, kaede, Deathwings01, jenni944, ShadowSaphir, et Twin Sun Leader.
Enan : Un oscar ? Que de générosité ! En tout cas, merci beaucoup, je suis ravie de savoir que ma fic te satisfait. C'est vrai que moi aussi, je lis majoritairement en anglais ! ;)
Shinia Marina : Très constructif, en effet… XD
Allez, bonne lecture, les gens :)
Chapitre 7 : Une nuit pour une amitié
Kiyoshi lança un regard nerveux par-dessus son épaule, puis se retourna et trottina brièvement pour suivre les larges enjambées de son compagnon. Une branche craqua bruyamment sous ses pas et il sursauta vivement, les nerfs à fleur de peau. Plus il y réfléchissait et moins cela lui semblait une bonne idée de sortir ainsi dans la forêt, alors qu'il faisait encore nuit et qu'il restait un démon, quelque part.
« Sai-sempai, tu es sûr que… »
Le jeune chuunin se retourna et lui adressa un doux sourire par-dessus son épaule.
« Ne t'inquiète pas, Kiyoshi-kun, je suis là » répéta-t-il à nouveau. « On n'en a plus pour très longtemps, maintenant, on est bientôt arrivés. »
Kiyoshi hésita un instant, mais hocha la tête avec un sourire un peu tremblant. Il aimait beaucoup Sai, c'était l'une des rares personnes à Konoha qui le traitaient convenablement, en dehors de tous les amis de son père, d'Iruka-sensei et de Tsunade-hime. Sai venait rarement à la fête du 27 avril, et puis il avait beaucoup de travail puisqu'il avait dû rattraper beaucoup de retard en arrivant à Konoha il y a six ans, jusqu'à devenir chuunin. C'est pourquoi Kiyoshi avait été ravi de pouvoir parler avec lui quand il l'avait vu sur la place, en haut de la sculpture du Yondaime.
Ils avaient longuement bavardé, mais finalement Kiyoshi n'avait pas pu s'empêcher de repenser à ce que lui avait dit le Kit, un peu plus tôt dans la soirée. Sai avait remarqué que quelque chose le tracassait et lui avait gentiment demandé ce qui n'allait pas. Kiyoshi ne pouvait vraiment pas imaginer ce qui avait pu pousser quelqu'un d'aussi gentil que Sai à devenir un ninja, surtout qu'il avait dû abandonner son village et venir jusqu'à Konoha pour demander qu'on le prenne à l'Académie, alors il le lui avait demandé. Il lui avait demandé pourquoi il était devenu un shinobi.
Sai avait eu l'air pensif un long moment, mais il avait fini par sourire et lui avait dit que s'il venait avec lui, il voulait bien lui montrer. Kiyoshi, plus curieux que jamais, avait acquiescé et était allé demander à son père si Sai pouvait le raccompagner à la maison, puisqu'il commençait à se sentir fatigué, et Sasuke avait dû accepter, étant donné qu'Ino semblait décidée à le garder là jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Il avait eu l'air un peu coupable de ne pas pouvoir le ramener lui-même, mais il savait que Sai aimait bien Kiyoshi, alors il avait dit oui. Kiyoshi s'en voulait un peu de lui avoir menti, mais il sentait que Sai n'avait pas envie qu'on lui demande où ils allaient, cela avait l'air d'être très personnel pour lui.
Kiyoshi avait montré à Sai le passage dans les fortifications par lequel il était sorti de Konoha presque deux semaines auparavant, mais évidemment il avait été soigneusement rebouché et était même surveillé. Sai avait dit que ce n'était pas grave et l'avait emmené à une petite porte, plus loin. Il y avait deux gardes, mais ils avaient l'air fatigué et regardaient l'extérieur du village, guettant le dernier démon. Kiyoshi avait juste eu le temps de cligner des paupières, et les deux ninjas s'étaient soudain écroulés.
Mais ce n'était pas grave, Sai avait dit qu'ils étaient juste endormis, et puis il s'était baissé pour ramasser les aiguilles bizarres qu'il leur avait jetées. Kiyoshi était impressionné, pourtant, il ne savait pas que Sai était aussi fort. Enthousiaste, il lui avait dit qu'il pourrait probablement devenir jounin ! Ce n'était pas donné à tout le monde, de devenir jounin, son père le lui avait dit. Sai avait juste souri, lui avait tapoté la tête de cette manière qui le faisait toujours grogner d'exaspération, et puis il l'avait emmené dans la forêt.
Kiyoshi ne voulait même pas penser à la tête du Kit s'il savait qu'il était encore sorti sans permission. Mais bon, ça irait, Sai était avec lui, cette fois ! Il le protégerait.
Une sorte de grondement sourd le fit soudain sursauter et il se serra brutalement contre la jambe de son aîné. La main de Sai se posa dans son dos, rassurante, et le poussa en avant avec lui. Encore quelques pas et ils débouchèrent dans une petite clairière, au bord de laquelle il pouvait voir un tas de pierre probablement aussi haut que lui.
Le grondement avait cessé. Kiyoshi jeta un nouveau coup d'œil nerveux aux alentours, pas plus rassuré que ça, avant de lever les yeux pour adresser un regard curieux à Sai. Le chuunin lui sourit une nouvelle fois avant de l'entraîner vers le centre de la clairière où il s'arrêta, juste en face de l'amas rocheux. Il resta ensuite immobile, silencieux, comme s'il attendait, une main toujours posée sur l'épaule de l'enfant.
« Sai ? » finit par murmurer faiblement Kiyoshi après quelques secondes de ce régime.
A peine avait-il parlé que le grondement se fit à nouveau entendre, cette fois beaucoup plus proche. Kiyoshi sursauta et eut une réaction de recul, mais la main de Sai se referma soudain sur son bras, l'empêchant de s'éloigner.
« Ce n'est rien, Kiyoshi-kun, ce n'est rien » murmura-t-il, tout doucement, mais sans tourner la tête vers lui. « Regarde. »
Kiyoshi déglutit, mais se tourna vers les rochers. C'est à ce moment qu'il remarqua la dépression profonde qui se creusait juste devant la pierre. D'où il était, il ne pouvait pas voir ce qu'il y avait en bas de la pente abrupte, à la base de la roche, il était trop petit. La réponse ne tarda pas à venir d'elle-même à lui, cependant.
Un faible feulement retentit. Puis il y eut un mouvement…
« Kiyoshi-kun, je te présente Makkura-chan » susurra Sai avec une infinie tendresse.
Et les yeux écarquillés de Kiyoshi croisèrent les iris dorés de la monstrueuse panthère noire qui venait de se hisser hors de son repaire.
Les ninjas de Konoha cherchaient le dernier démon depuis des semaines. Lui, l'avait trouvé, mais pas forcément de son plein gré.
Comme Naruto s'y attendait, il ne retrouva pas Sai et Kiyoshi au bas des marches.
Fronçant les sourcils, il poussa une sorte de feulement à peine audible avant de bondir de sa position accroupie. En quelques mouvements vifs, il se projeta sur les murs des maisons les plus proches afin d'atteindre les toits, où il se jucha sur le faîte le plus haut du quartier. De sa position, il avait à présent vue sur une bonne partie de la ville. Les rues étaient quasiment désertes, mais le soleil pointait timidement ses premiers rayons au-dessus de l'horizon, et Naruto savait que ce n'était qu'une question de temps avant que la ville ne se réveille et ne s'active à nouveau.
Mais toujours pas de Kiyoshi. Le plus logique aurait probablement été de se diriger droit vers la maison des Uchiwa et de les y attendre là, ou de suivre le chemin le plus rapide qui y menait en espérant les rattraper. En temps normal, c'est ce que le Kit aurait fait. C'était la solution qui venait tout de suite à l'esprit dans ce genre de situation, et celle que se devait de prendre n'importe quel ninja de base. Le Kit aurait choisi cette voie.
Mais Naruto savait qu'il n'avait pas le temps de laisser le Kit prendre le dessus. Au fond de lui, il avait senti que quelque chose n'allait pas : une impression diffuse, qui ne se basait sur rien de précis, sinon un malaise étrange que la simple silhouette du dénommé Sai avait éveillé en lui. C'était Naruto Uzumaki qui avait éprouvé cela, et c'était à lui de régler l'affaire.
Sans plus d'hésitations, il leva la main et ôta son masque, veillant à ce que sa capuche reste fermement en place. A la faible lueur de la lune qui se couchait, ses yeux bleus luirent d'un étrange éclat, et les cicatrices sur ses joues projetèrent des ombres inquiétantes. Il parcourut une nouvelle fois Konoha du regard, puis leva le nez au vent, fermant à demi les yeux pour mieux sentir.
D'un bond soudain, il s'élança.
Kiyoshi laissa échapper un gémissement de terreur et planta ses talons dans la terre meuble de la clairière, se penchant de toutes ses forces vers l'arrière. Sai ne parut même pas s'en apercevoir, et sa prise sur son bras resta désespérément ferme tandis que le démon avançait vers eux de ses lentes enjambées félines.
C'était un animal magnifique, vraiment. Sa fourrure sombre luisait faiblement à la lumière du jour naissant au-dessus des frondaisons, et ses muscles puissants roulaient sous sa peau en un mouvement gracieux. Sa tête fine supportait deux oreilles fièrement dressées et ses yeux jaunes luisaient faiblement dans la pénombre des sous-bois. C'aurait été un animal magnifique, si cela avait été un animal.
Contrairement aux autres monstres qui avaient rôdé autour de Konoha ces derniers mois, celui-ci ne présentait cependant aucune caractéristique particulière : pas de cornes ou de lames sur le front, pas de queues ou de membres supplémentaires, rien d'autre que la lueur malsaine brillant dans ses yeux et sa taille imposante. Et pourtant, quelque part au milieu de sa panique, Kiyoshi remarqua qu'il était bien moins grand que les autres démons, ne culminant qu'à trois mètres au garrot. Juste assez pour que Sai puisse toucher sa tête s'il levait le bras.
Ce qu'il ne manqua pas de faire.
Kiyoshi émit une sorte de hoquet de surprise lorsque son ami enfouit sa main dans l'épaisse fourrure de la créature dès qu'elle fut à sa portée, lui arrachant un étrange grondement qui se rapportait sans doute à un ronronnement.
« S-Sai ? » balbutia Kiyoshi, sa voix presque réduite à un couinement.
Il regretta immédiatement de s'être manifesté lorsque la panthère tourna ses yeux terrifiants vers lui et poussa un vague grognement, entrouvrant la gueule en un rictus menaçant. Sai claqua la langue avec désapprobation et passa une nouvelle fois la main sur son épaule, redirigeant son attention vers lui.
« Allons, Kiyoshi-kun, ne sois pas effrayé » dit doucement le jeune Chuunin, sans daigner le lâcher ou même tourner la tête vers lui. « Makkura-chan ne te fera aucun mal, pas vrai, Makkura-chan ? »
La créature laissa échapper un nouveau ronronnement et ferma à demi les yeux de satisfaction sous ses caresses.
« Mais… » osa reprendre Kiyoshi, ignorant totalement d'où lui en venait le courage. « C'est… C'est un démon, Sai-sempai ! Il faut… Il faut prévenir Tsunade-hime et… ! »
Il s'interrompit brutalement lorsque la prise de Sai sur son bras se redressa violemment, lui arrachant une grimace de douleur. Sai se donna enfin la peine de tourner la tête vers lui, mais ce ne fut que pour lui adresser un regard glacial.
« Tu me déçois, Kiyoshi-kun. J'aurais pensé que toi, au moins, tu pouvais comprendre. »
L'enfant ne répondit rien, ne sachant quoi dire, se contentant de fixer son aîné d'un regard écarquillé. Puis il détourna les yeux et les posa timidement sur la créature qui se tenait si près de lui, presque à le toucher.
Makkura manifestait bruyamment son contentement au contact de la main de Sai, réagissant comme un énorme chaton en mal de contact. Finalement, elle finit par baisser la tête et s'allongea abruptement devant eux pour permettre un meilleur accès au chuunin, apparemment au comble de la joie. Kiyoshi sursauta vivement à ce mouvement inattendu, mais s'immobilisa à nouveau lorsque Sai ne parut pas surpris. Au contraire, un petit sourire flottait sur son visage tandis qu'il levait la main pour gratter la panthère derrière les oreilles, lui arrachant un nouveau ronronnement.
Kiyoshi observa la scène pendant encore quelques minutes, muet et immobile, se détendant au fur et à mesure que le temps passait et que le démon ne montrait aucune intention belliqueuse à leur égard. Puis il finit par lever à son tour la main, timidement, et la posa sur la fourrure soigneuse, un peu tremblant. Makkura entrouvrit aussitôt un œil et le posa sur lui, le faisant immédiatement se figer, le cœur battant la chamade, mais elle finit simplement par le refermer avec paresse. Déglutissant, l'enfant s'enhardit enfin et commença à caresser l'épaule chaude d'un geste hésitant.
Sai lui adressa un sourire resplendissant, et ce fut assez pour l'encourager à continuer tandis qu'il lui répondit d'un petit sourire incertain. Quelques instants passèrent en silence, jusqu'à ce que Kiyoshi reprenne la parole.
« Tu avais raison, Sai-sempai » dit-il. « Elle est très gentille, Makkura-chan. »
Son aîné répondit d'un hochement de tête et consentit enfin à lâcher son bras pour passer une main affectueuse dans ses cheveux.
« Oui, elle est très gentille » approuva-t-il en souriant.
« Comment est-ce que tu l'as trouvée ? » poursuivit Kiyoshi, curieux. « Elle a l'air de beaucoup t'aimer… »
Sai lui adressa un regard stupéfait, comme s'il venait d'entendre quelque chose de parfaitement absurde.
« Trouvée ? » répéta-t-il.
Puis son sourire revint à nouveau et il laissa échapper un petit éclat de rire.
« Mais voyons, Kiyoshi-kun, je ne l'ai pas trouvée : je l'ai appelée ! »
« … Appelée ? »
Cette fois, ce fut au tour de Kiyoshi de répéter ce que venait de dire son ami, ne semblant pas vraiment comprendre ce qu'il voulait dire par là.
« Oui, bien sûr » répondit Sai avec un doux sourire. « C'est moi qui les ai appelés, elle et les autres. Ma pauvre Makkura-chan, elle se sent bien seule, maintenant que les autres ne sont plus là… N'est-ce pas, Makkura-chan ? »
La panthère émit en réponse un petit son de gorge qui semblait étrangement triste pour sa grande carcasse.
« Méchants, méchants ninjas de Konoha » poursuivit Sai pour lui-même, secouant la tête avec désapprobation. « Ils ont tué les autres… »
« Mais, Sai-sempai… » s'exclama Kiyoshi, choqué. « Les autres démons ont attaqué Konoha ! Ils ont fait beaucoup de morts, ils voulaient tuer les ninjas ! Pourquoi est-ce que tu ne les en as pas empêchés ? »
Sai émit un petit rire de gorge.
« Mais, parce que c'est pour ça que je les ai appelés, Kiyoshi-kun ! »
Sakura râla un bon coup en tirant à nouveau le bras de son mari par-dessus son épaule, l'empêchant ainsi de glisser.
« Et voilà, Lee, voilà ! Tu vois ce qui arrive, avec tes bêtises ? »
« Pardon, Sakura-chan » répondit-il avec un sourire penaud, se sentant manifestement coupable de devoir laisser sa femme le soutenir jusqu'à la maison.
Le soutenant par l'autre bras, Neji se contenta d'un soupir fataliste. Bien entendu, il fallait que Lee réussisse à se fouler la cheville en insistant pour ôter lui-même toutes les lanternes avant les premières lueurs de l'aube.
Le jeune Hyûga lança un regard torve à Sasuke, lui reprochant muettement de ne pas s'être proposé à sa place pour soutenir leur ami. Ce à quoi l'héritier des Uchiwa roula moqueusement des yeux avant de pointer discrètement Ino du pouce, laquelle était toujours aussi obstinément accrochée à son bras et ne montrait aucun signe de vouloir lâcher prise. A leurs côtés marchait Shikamaru, semblant désespérément fatigué et ennuyé. Chouji était déjà rentré chez lui, mais Shikamaru les avait accompagnés sans mot dire, même si tout le monde savait qu'il avait la ferme intention de veiller sur Ino, qu'elle le veuille ou non. Et enfin, derrière leur petit groupe, le nez plongé dans son bouquin mais l'allure beaucoup trop joviale pour qu'il n'ait pas remarqué l'apparence insolite du petit groupe qu'ils formaient, Kakashi les suivait en fredonnant à voix basse.
Finalement, leur petite bande finit par se séparer à un carrefour, Sasuke, Ino et Shikamaru se dirigeant vers la propriété des Uchiwa — non sans moult regards noirs de la jeune kunoichi à son ancien compagnon d'armes, qui mit un point d'honneur à les ignorer — tandis que les quatre autres prenaient la direction de la maison du couple.
Leur route se poursuivit encore quelque temps dans un silence relatif, si l'on ne tenait pas compte des remontrances énergiques de Sakura et des plates excuses que lui fournissait Lee en réponse, jusqu'à ce qu'ils parviennent enfin au pas de la porte. Là, Sakura sembla décider qu'elle pourrait se débrouiller seule et relâcha Neji, en profitant aussi pour congédier son ancien professeur d'un regard torve. Kakashi répondit d'un large sourire innocent, Neji d'un grognement plus ou moins civil, et ils s'apprêtèrent à leur tour à rentrer chez eux.
Ils n'avaient pas fait plus de quelques pas et Sakura se battait toujours avec la porte d'entrée, qu'elle essayait d'ouvrir d'une seule main, lorsque Sasuke, Ino et Shikamaru firent irruption au beau milieu de la rue, produisant un faible bruit mat lorsqu'ils se réceptionnèrent au sol depuis les toits.
« Kiyoshi n'est pas à la maison ! » s'exclama aussitôt Sasuke, ne laissant même pas le temps à Sakura d'ouvrir la bouche.
Sur le coup, Kakashi referma son livre avec un claquement sec et dédia un regard perçant à son ancien élève.
« Sai ne devait pas le ramener ? » demanda Lee, perplexe.
« Si, précisément » répondit Sasuke d'un ton inquiet. « Il n'y a pas la moindre trace de passage de qui que ce soit dans les dernières heures. Ils ont pourtant eu largement le temps de traverser le village… »
Il y eut quelques secondes d'un silence tendu pendant lesquelles il s'observèrent mutuellement.
« Vous pensez que… ? » commença timidement Ino.
« Dans les circonstances actuelles, on ne peut pas prendre de risques » répondit Kakashi d'une voix grave. « Surtout sachant ce qu'a fait Kiyoshi il y a deux semaines. »
« Hokage-sama » ajouta aussitôt Neji.
Ils hochèrent tous la tête, sauf Lee qui eut soudain l'air bien embarrassé.
« Euh… Sakura-chan… » commença-t-il d'une voix sérieuse.
« Elle soignera ta cheville » répondit sa femme d'un ton tranchant, avant même qu'il n'ait pu suggérer de le laisser se débrouiller.
Sans qu'il n'ait le temps d'ajouter un seul mot, elle raffermit sa prise sur sa taille et s'élança d'un bond vers les toits, immédiatement suivie des cinq autres ninjas.
Kiyoshi resta muet et immobile de longues secondes, fixant avec incrédulité le chuunin qui continuait à caresser son monstrueux animal de compagnie comme si de rien n'était.
« Mais… » finit-il par balbutier, sortant enfin de sa torpeur. « Pourquoi ? Ce n'est pas possible, Sai, tu es beaucoup trop gentil pour ça ! Tu n'as pas fait, ça, n'est-ce pas ? Tu ne peux pas avoir envoyé les démons contre Konoha ! »
Makkura poussa un grondement sourd en l'entendant hausser la voix et ouvrit un œil doré qu'elle posa sur lui, menaçante. Kiyoshi s'interrompit aussitôt et déglutit difficilement. Tout à coup, l'atmosphère paisible qui s'était installée, sa fascination émerveillée pour la bête qui se laissait caresser… Tout avait disparu, et il prenait conscience du fait qu'il était peut-être plus seul dans cette clairière qu'il ne l'avait cru.
Sai poussa un petit soupir et lui adressa un regard grave.
« Tu voulais savoir pourquoi j'étais devenu un ninja, n'est-ce pas ? »
Kiyoshi hocha muettement la tête et s'efforça de contenir ses tremblements. Sai tourna à nouveau la tête vers Makkura et s'appuya contre elle.
« C'est parce que je voulais me venger » répondit-il doucement.
« Te venger ? Te venger de quoi ? » s'exclama Kiyoshi, et il découvrit soudain avec horreur qu'il était au bord des larmes. « Konoha ne t'a jamais rien fait, elle t'a accueilli et instruit… ! »
« Konoha mérite ce qui lui arrive » le coupa Sai d'un ton tranchant.
Il lui jeta un coup d'œil perçant, faisant reculer l'enfant sous l'intensité de son regard.
« Et ça, tu le sais mieux que quiconque, Kiyoshi-kun. »
Kiyoshi lui adressa un regard d'incompréhension, et le chuunin poursuivit sur le même ton :
« Konoha t'a toujours rejeté et haï, à cause de quelque chose que tu n'avais jamais choisi ! Les villageois et les ninjas, ils sont tous blindés de préjugés et se croient si supérieurs à tout le monde, persuadés qu'ils détiennent la vérité absolue… Ils ne sont même pas capables de te voir tel que tu es, Kiyoshi ! Ils te jugent sans même te connaître, simplement à cause de ton sang ! »
Kiyoshi sursauta comme s'il venait d'être frappé et baissa la tête, le regard morose. C'est vrai, Konoha ne l'avait jamais accepté…
« Il y a des gens qui m'aiment bien… » protesta-t-il faiblement.
« Uniquement par hypocrisie, Kiyoshi » répondit Sai en secouant la tête d'un air dégoûté. « Ils prétendent qu'ils t'aiment bien, juste à cause de ton père… A cause de son pouvoir, ils s'amassent autour de lui comme des papillons autour d'une lampe. »
« Ce n'est pas vrai ! » s'exclama l'enfant en relevant vivement la tête. « Oncle Lee et Tante Sakura, ils m'aiment vraiment ! Et Ino-san, elle est vraiment amoureuse de papa, et… »
« Qu'elle veuille ajouter un homme puissant et influent à son tableau de chasse ne veut pas dire qu'elle est amoureuse de lui » coupa Sai, péremptoire.
Kiyoshi se tut, ne trouvant rien à redire à cela. Il connaissait mal Ino-san, mais il ne pouvait pas dire qu'il l'aimait beaucoup. Elle faisait toujours des chichis autour de son père, et en rajoutait des tonnes. Et si Sai avait raison… ?
« Les habitants de Konoha sont tous des hypocrites » poursuivait Sai, faisant à présent les cent pas sous le regard perçant de Makkura. « Ils donneraient n'importe quoi pour un peu de pouvoir. Ils sont même capables d'accepter qu'un traître retourne parmi eux, si ça peut leur assurer à nouveau le monopole d'un atout tel que le Sharingan ! »
Kiyoshi sursauta vivement, pas vraiment sûr d'avoir bien entendu.
« Sai… ? »
« Ils ont accepté que ton père revienne alors qu'il les avait clairement trahis, qu'il s'était rebellé contre Konoha ! » continua le chuunin sans faire mine de l'avoir entendu. « Ils l'ont accepté alors qu'il avait du sang sur les mains, parfois même du sang de shinobis de ce pays, le sang de leurs enfants. Ca me dégoûte ! »
L'enfant resta quelques instants figé par l'incrédulité avant de finalement se reprendre.
« Mais Papa s'est racheté ! » s'insurgea-t-il. « Il a tout fait pour regagner la confiance du village, c'est un ninja de Konoha, maintenant, un vrai ! »
A sa grande surprise, Sai s'arrêta soudain et le fixa d'un regard triste. Puis il vint vers lui et, sans tenir compte de son mouvement de recul, s'agenouilla pour le prendre par les épaules.
« Pourquoi est-ce que tu le défends, Kiyoshi ? » demanda-t-il doucement, en plongeant son regard dans le sien. « Toi aussi, pourtant, tu le hais. »
Kiyoshi resta un long moment immobile, comme frappé par la foudre, ses yeux écarquillés posés sur le visage de son aîné. Sai lui adressa un doux sourire d'encouragement. Habituellement, il aimait beaucoup quand Sai lui souriait, mais il se rendit compte qu'à cet instant précis, il avait presque envie de vomir. Choqué, il secoua vivement la tête.
« Non, ce n'est pas vrai ! » nia-t-il en bloc, des larmes dans la voix, alors qu'il cherchait frénétiquement à se dégager.
Sai raffermit sa prise sur lui et le força à se calmer.
« Ecoute-moi, écoute-moi, Kiyoshi-kun ! Tu sais bien, pourtant, que ton père ne t'aime pas, n'est-ce pas ? »
Fermant obstinément les yeux, Kiyoshi secoua à nouveau la tête, les dents serrées.
« Mais si, Kiyoshi, tu le sais. Tu sais qu'il ne s'intéresse à toi que parce que tu es son unique héritier, son seul espoir de reconstruire son clan. Tu sais qu'il veut juste que tu deviennes un bon ninja, que tu te maries et que tu fondes une famille, et tant pis si tu n'es pas de son avis ! Tu le sais, Kiyoshi, pourquoi ne viendrait-il jamais te chercher à la sortie de l'Académie, autrement ? Pourquoi est-ce qu'il ne sortirait avec toi quasiment que pour aller s'entraîner ? C'est toi-même qui m'as dit tout ça, Kiyoshi. »
« Papa est très occupé » hoqueta l'enfant entre ses larmes. « C'est normal qu'il n'ait pas beaucoup de temps pour s'occuper de moi ! »
Sai poussa un soupir agacé.
« Non, non, Kiyoshi, enfin… » admonesta-t-il doucement, comme s'il lui avait simplement reproché d'être sorti sans sa veste.
Kiyoshi en eut soudain assez et découvrit qu'il ne voulait pas en entendre plus. Il ne lui laissa pas le temps de finir et tenta à nouveau de se dégager d'un mouvement vif, rageur.
« Et toi, pourquoi est-ce que tu le hais tant que ça ? » cria-t-il brusquement, ouvrant ses grands yeux pleins de larmes pour lui adresser un regard accusateur. « Papa ne t'a jamais rien fait, il a toujours été gentil avec toi ! »
L'expression de Sai se durcit abruptement, comme si quelqu'un venait de le frapper, et Kiyoshi se tut, rendu muet par son regard dur. Quelques secondes d'un silence inconfortable s'écoulèrent, tandis que Makkura les regardait fixement, dans le dos du chuunin. Finalement, c'est tout aussi brusquement que Sai répondit.
« Il a tué ma famille. »
« Dépêchez-vous, Hokage-sama ! » s'exclama Sakura, piétinant sur place avec anxieté.
« Oui, oui, voilà » répondit Tsunade avec agacement, terminant enfin de guérir la cheville de Lee.
Sakura l'aurait bien fait elle-même, mais c'était justement la jambe de Lee que Tsunade avait autrefois dû opérer, et elle n'était pas assez au courant des soins qu'elle avait exactement exécutés pour tenter d'aller farfouiller au milieu d'anciennes cicatrices. Lee lui adressa un sourire penaud, désolé de causer autant de tracas à un moment pareil, et Sakura lui répondit tant bien que mal d'un coup d'œil rassurant.
Pendant ce temps, Tsunade s'était relevé et était allé fouiller dans l'un des nombreux placards présents dans son bureau, parfaitement consciente des nombreux regards qui fixaient son dos avec attention, ce qui la mettait d'encore moins bonne humeur. Etait-ce trop demander, quand on était Hokage, que de vouloir un peu plus qu'une demi-heure de sommeil après une fête qui avait duré une bonne partie de la nuit ? Surtout si c'était pour se faire réveiller à cause d'un môme qui avait peut-être simplement réussi à se paumer en voulant prendre un raccourci…
Toutefois, Tsunade savait qu'elle était de mauvaise foi. Kiyoshi avait plus de bon sens que ça, et s'il était vraiment accompagné par Sai, c'était d'autant plus inquiétant : il n'y avait aucune chance que le chuunin arrive à se perdre dans les rues de Konoha.
Elle dégagea finalement une sorte de boule de verre du placard jouxtant son bureau et la posa sur la surface de bois, repoussant au passage quelques malencontreux dossiers qui émirent un bruissement de protestation en allant répandre leurs contenus au sol, quelque part au milieu de piles d'autres dossiers aussi divers que variés.
« Voyons cela » fit-elle en s'asseyant pour se pencher sur le cristal du Sandaime.
Kiyoshi parvint cette fois à se dégager d'un mouvement frénétique et recula de quelques pas instables, sonné. Ses grands yeux noirs bordés de larmes restaient fixés sur le visage de Sai, incrédules.
« Non… » murmura-t-il, secouant faiblement la tête, comme attendant qu'il lui dise que ce n'était pas vrai, qu'il s'était trompé.
Sai se releva sans le quitter des yeux, mais ne fit pas un geste pour le saisir à nouveau. Son visage était sombre.
« Si, Kiyoshi, c'est la vérité. Quand ton père n'était encore qu'un pantin sous les ordres d'Orochimaru, les ninjas du Son ont organisé un raid sur mon village. C'est ton père qui a tué mes parents ainsi que mon frère cadet, Jiro. Je serais mort aussi si je n'étais pas arrivé à me cacher. »
Kiyoshi secoua à nouveau la tête, serrant les dents. Il n'y croyait pas, ne voulait pas y croire ! Son père ne pouvait pas avoir fait ça, il n'était pas assez…
'Assez quoi ?' résonna soudain une voix sèche dans son esprit.
Et cette voix, elle ressemblait beaucoup à celle de Kit-san.
Kiyoshi s'immobilisa tout à fait, serrant douloureusement ses mains contre sa poitrine et baissant la tête, ses yeux invisibles derrière ses mèches de cheveux bruns. L'expression grave de Sai s'adoucit et il lui adressa un sourire doux que l'enfant ne vit pas.
« Je suis désolé d'avoir été aussi brusque, Kiyoshi-kun » dit-il gentiment. « Mais c'est la vérité et il fallait que tu le saches : ton père est un assassin. »
Kiyoshi resta muet et ne bougea pas. Sai fit lentement un pas dans sa direction.
« Les assassins doivent mourir, Kiyoshi-kun, et ceux qui les protègent aussi. C'est la justice, tu comprends ? »
Il tendit la main à l'enfant et lui sourit à nouveau doucement.
« Mais toi, tu n'as rien fait, Kiyoshi. Tu es leur victime, c'est ta vengeance, à toi aussi. Si tu veux, tu peux venir avec moi ? »
Kiyoshi tressaillit lorsque la main de Sai se posa sur son épaule et se tendit notablement. Il resta quelques instants de plus immobile, puis Sai l'entendit prendre une inspiration tremblante et pousser un long soupir, avant de murmurer faiblement quelque chose, l'obligeant à se pencher pour l'entendre. Ce qui franchit les lèvres de l'enfant n'était cependant pas vraiment ce à quoi il s'attendait.
« C'est un univers hideux que celui des shinobis. C'est tué, ou être tué. »
« Kiyoshi-kun ? » dit Sai, étonné.
Kiyoshi leva finalement la tête, mais ses grands yeux tristes ne le fixaient pas, ils étaient perdus dans le vide.
« Maintenant, je crois… Non. Je comprends vraiment, Kit-san » murmura-t-il encore.
Sai fronça les sourcils. Il sentait qu'il venait de se passer quelque chose d'important et que ses mots étaient importants pour l'enfant, mais il ne comprenait pas. Il n'eut cependant pas le temps de poursuivre ses réflexions que Kiyoshi s'échappait vivement de sa prise lâche. Pris par surprise par sa vitesse soudaine, Sai se mit automatiquement en position défensive. A sa stupéfaction la plus totale, l'enfant l'imita, quelques mètres plus loin, et lui jeta un regard de défi en tirant un kunai de sa poche.
« Je ne te laisserai pas faire, Sai-sempai ! » déclara-t-il fermement, toutes traces de larmes envolées. « Je ne peux pas te laisser attaquer le village et tuer mon père. Moi aussi, je suis un ninja de Konoha ! »
C'était prononcé avec tant de fierté… tant de fierté, et tant de stupidité. La surprise passée, Sai laissa échapper un faible reniflement de dérision, puis adressa un regard déçu à l'enfant.
« C'est dommage, Kiyoshi » dit-il. « Vraiment dommage. J'étais sûr que toi, tu comprendrais. Makkura-chan. »
Avant que Kiyoshi n'ait pu répliquer quoique ce soit, son attention fut capturée par le mouvement gracieux de la panthère gigantesque qui se levait, n'ayant manifestement attendu que cet ordre. Kiyoshi pâlit brutalement. Dans son débat interne et le chaos de ses pensées, il avait totalement oublié le démon. Sai se redressa et jeta un coup d'œil affectueux au monstre par-dessus son épaule.
« Occupe-toi de lui, Makkura-chan » susurra-t-il avec un doux sourire.
La panthère poussa un faible grondement d'approbation en le dépassant de sa démarche chaloupée, avant de brutalement s'arrêter, ses yeux jaunes fixés sur le garçon. Pétrifié, Kiyoshi découvrit avec horreur qu'il était totalement incapable de bouger le moindre muscle, ou de faire quoique ce soit d'autre que de fixer d'un regard terrifié le démon qui se ramassait déjà sur lui-même. Makkura bondit soudain avec un rugissement de plaisir, et Kiyoshi ferma automatiquement les yeux, serrant les dents et attendant la douleur.
A la place d'un choc frontal et de l'agonie déchirante des griffes et des crocs plongeant dans ses chairs, cependant, c'est un heurt soudain contre son flanc qui lui coupa la respiration et l'envoya bouler dans l'herbe de la clairière plusieurs mètres plus loin, alors que le cri de Makkura se faisait plus perçant et plus rageur. Sonné, Kiyoshi rouvrit vivement les yeux, les écarquillant démesurément quand ils se portèrent immédiatement sur la silhouette encapuchonnée qui se tenait entre lui et le démon.
Le regard de la panthère était fixé sur le Kit, plus malveillant que jamais, et une plaie béante s'ouvrait dans son épaule, se refermant déjà en dégageant une faible vapeur et un sifflement de mauvais augure.
« K… Kit-san ? » balbutia Kiyoshi en s'asseyant précipitamment.
Sai renifla bruyamment et amorça une grimace de dégoût.
« Voyez-vous ça, le héros de bazar, maintenant » siffla-t-il.
« Oh là, voilà qui n'est pas très flatteur ! » répliqua le Kit d'un ton narquois en se mettant d'un bond hors de portée de Makkura.
« Comment voulez-vous que je flatte quelqu'un qui s'allie à Konoha ? » cracha Sai. « Vous parlez d'un héros défenseur de la justice ! Passe encore que vous ayez tué deux de mes démons, mais je suis sûr que vous avez entendu une bonne partie de cette discussion. Et malgré tout, vous voulez vous opposer à moi ? »
Kiyoshi écarquilla les yeux alors qu'il se remettait enfin debout. Entendu la discussion ? Ca voulait dire que Kit-san ne venait pas juste d'arriver, qu'il attendait le bon moment pour intervenir ? Ca voulait dire… qu'il l'avait laissé choisir par lui-même ? A cette pensée, un sentiment chaleureux prit naissance au creux de l'estomac de l'enfant.
Inconscient de sa réaction, le ninja errant se contenta d'un ricanement.
« Parler de justice… Je trouve ça un peu osé de la part de quelqu'un qui invoque des créatures maléfiques pour l'aider à accomplir sa vengeance. »
Sai se hérissa visiblement.
« Vous les appelez peut-être 'maléfiques', mais ils valent en tout cas bien plus que certains humains ! » répliqua-t-il hargneusement. « Vous ne connaissez rien des démons, à part la manière de les tuer, comment pouvez-vous les juger ? »
Ce fut au tour du Kit de se raidir, et Kiyoshi lui adressa un regard surpris lorsqu'il reprit la parole d'une voix grondante.
« Alors là, je t'arrête tout de suite, gamin… »
« Ne me parlez pas avec ce ton dégoulinant de condescendance ! » l'interrompit vivement Sai, furieux. « Je me fiche de ce que vous avez à dire. Si vous n'êtes pas avec moi, vous devez mourir ! Vous avez eu deux de mes démons, mais vous n'aurez pas le dernier ! »
Kiyoshi eut à peine le temps d'ouvrir la bouche pour pousser un cri d'avertissement en voyant Sai s'élancer de concert avec Makkura, déjà une main ferme se refermait sur son bras et le projetait à l'abri des arbres, hors de la clairière. Kiyoshi se reçut durement au sol et tourna immédiatement la tête, haletant, cherchant frénétiquement des yeux le ninja masqué.
Un faible gémissement lui échappa lorsqu'il avisa le Kit, évitant de justesse l'attaque combinée du chuunin et de son monstre. Le shinobi errant se rétablit tant bien que mal et se mit en position de combat.
Un sentiment d'effroi glacial prit naissance dans la poitrine de l'enfant.
Tsunade releva un regard grave. Sous ses doigts, le pouls du ninja ne battait plus. De l'autre côté du poste de garde, Sakura se redressa à son tour et secoua tristement la tête. Tsunade soupira longuement, puis fit signe à Sakura de redescendre. Mettant elle-même son ordre à exécution, elle atterrit avec un bruit mat au pied de la porte, près du petit groupe de shinobis qui la fixèrent aussitôt avec insistance. Tsunade leur répondit d'un regard morne.
« Deux hommes de garde morts, un chuunin et un gosse dans la nature » résuma-t-elle platement à leur intention. « Je savais que j'aurais dû rester couchée » ajouta-t-elle à mi-voix pour elle-même, se massant la base du nez d'un air fatigué.
Sakura lui jeta un regard inquiet en rejoignant Lee.
« Vos ordres, Tsunade-hime ? » demanda rigidement Sasuke.
Il était clair que le jeune père de famille devait faire appel à toute sa maîtrise de lui-même pour ne pas se mettre à paniquer. Une ou deux fois déjà, Tsunade avait remarqué dans ses yeux une brève apparition du Sharingan avant qu'il ne reprenne immédiatement le dessus.
« Je vais tout de suite faire appeler 4 équipes d'Anbu pour quadriller le périmètre au-delà de cette porte » répondit-elle avec un mouvement du pouce par-dessus son épaule en direction de la forêt derrière elle. « Je veux également que vous alliez prévenir les autres postes de garde au cas où ils verraient revenir Kiyoshi ou Sai… Qu'ils viennent immédiatement me prévenir. »
Il était clair que Sasuke était loin d'être satisfait par ces mesures, son faible froncement de sourcils en était témoin, mais même lui devait admettre qu'ils ne pouvaient pas faire grand-chose de plus dans ces circonstances. Il s'inclina donc brièvement comme tous les autres et s'apprêta à se diriger vers le poste de garde Ouest, quand un cri soudain de Shikamaru les fit tous sursauter, Tsunade la première.
'Et d'ailleurs, depuis quand Nara crie-t-il ?' songea la Godaime, incrédule.
« Hokage-sama ! Regardez ! »
Tsunade pivota aussitôt vivement dans la direction que lui indiquait le jeune Jounin, une expression grave pour une fois peinte sur son visage. Un simple coup d'œil en direction de la forêt suffit à renseigner Tsunade sur le pourquoi du comment de sa réaction et elle s'immobilisa, stupéfaite. A l'Est, très exactement dans l'axe du soleil levant qui commençait à pointer par-dessus les arbres, et se confondant presque avec son éclat, l'extrémité supérieure de ce qui semblait être une boule de feu avait brièvement été visible au-dessus des frondaisons.
Il y eut quelques secondes d'un silence surpris, que Shikamaru fut le premier à rompre.
« Hokage-sama ? »
Tsunade reprit aussitôt contenance et son visage prit immédiatement une expression fermée.
« Oubliez les équipes d'Anbu » intima-t-elle d'un ton tranchant. « Si c'est ce à quoi je pense, on n'a définitivement pas le temps de glander. »
Sans un mot de plus, elle donna un coup de talon puissant et s'élança vers la lisière de la forêt. Les autres marquèrent à peine un temps d'hésitation avant de se jeter sur ses talons comme un seul homme.
Naruto jura entre ses dents en s'apercevant que le feu invoqué par le jutsu de Sai commençait à prendre sur les arbres à la lisière de la clairière. C'était mauvais, très mauvais. Non seulement un feu de forêt dans la région de Konoha s'avèrerait dévastateur, mais les flammes menaçaient d'hors et déjà Kiyoshi qui avait eu le malheur de se trouver dans la zone et était actuellement occupé à cracher ses poumons.
Sans hésiter une seconde de plus, Naruto composa les sceaux d'une technique aquatique, sachant très bien que cela pourrait lui coûter la victoire dans ce combat.
« Suiton ! Technique du Dragon Aqueux ! » cria-t-il, reprenant sans y penser les mouvements que Kakashi avait effectués lors de son arrivée chaotique à Konoha, deux semaines auparavant.
La masse de chakra qui déferla soudain à travers ses canaux lui coupa brutalement la respiration, le laissant haletant sous le choc. Comme il le soupçonnait, il était bel et bien capable de produire cette technique en pleine forêt, lui aussi, mais le coût énergique en était monstrueux. Malgré tout, une quantité impressionnante d'eau se matérialisa devant lui et se rua sur le feu débutant, douchant copieusement Kiyoshi et déracinant presque les arbres sous la force de son élan.
'Ben oui, c'est une technique d'attaque, ça s'utilise pas pour arroser son jardin' constata Naruto avec un brin de dérision.
Un mouvement vif capta son attention au même moment et il n'évita l'assaut du démon rugissant que d'extrême justesse, se maudissant pour avoir laissé une ouverture béante dans sa défense. Il se remit sur pieds d'un roulé-boulé agile, mais ce ne fut que pour devoir faire face immédiatément à Sai qui se précipitait déjà vers lui, l'accueillant d'une volée de shurikens à l'air très, très coupant.
'Put… !'
Réagissant par pur instinct, Naruto tira promptement parti du Dragon Aqueux qu'il avait invoqué et le laissa se jeter sur le chuunin. Comme de bien entendu, la panthère sauta tout de suite à la rescousse de son maître et prit le gros de l'attaque, mais ce laps de temps avait été suffisant pour que Naruto esquive à nouveau et fasse retraite dans le coin opposé de la clairière.
Haletant et s'efforçant de reprendre sa respiration, Naruto s'accroupit au sol le temps d'évaluer la situation. De l'autre côté, Sai prenait son temps pour se dégager de son monstre et vérifier la régénération de ses blessures. Naruto tirait une faible mesure de satisfaction à l'idée que l'un comme l'autre étaient complètement trempés par sa technique qui venait de prendre fin, s'évanouissant en un nuage de gouttelettes juste au-dessus d'eux. Ca ne l'avançait pas à grand-chose, cependant. Il aurait pu tenter une technique électrique, mais le milieu ambiant était maintenant beaucoup trop humide, au point qu'il risquait de voir la technique se retourner contre lui, ou pire, aller blesser Kiyoshi.
Naruto serra les dents, prenant sans mal la mesure de l'ampleur de la mouise dans laquelle il s'était fourré. La panthère noire, que le chuunin avait manifestement appelée Makkura — que de poésie — avait beau être moins imposante que ses congénères précédents, il était clair qu'elle était beaucoup plus puissante. Malgré le rythme acharné de leur combat, ses blessures continuaient de se refermer à la même vitesse qu'avant et elle ne montrait aucun signe d'essoufflement. Elle était également pourvue d'une certaine affinité avec les techniques Doton, ce qui ne rendait pas la tâche de Naruto plus facile, loin s'en faut.
Quand à Sai lui-même… Le jeune homme était une énorme surprise, Naruto devait le reconnaître. Il semblait évident qu'il avait caché ses véritables capacités afin de ne pas éveiller l'attention, car il avait très largement le niveau d'un Jounin, comme le prouvait la facilité avec laquelle il s'était probablement débarrassé des gardes que Naruto avait brièvement aperçu en sortant de Konoha par la porte Est. Son éventail de jutsus était varié et sa maîtrise du Taijutsu impeccable, au point que Naruto aurait d'hors et déjà éprouvé quelques difficultés à le vaincre en situation normale. Avec l'appui que le démon procurait en prime à son invocateur, la tâche devenait vite extrêmement ardue.
Naruto savait très exactement ce qui pourrait à nouveau faire basculer la balance des forces de son côté, mais y recourir dans de telles circonstances était absolument hors de question. Ca ne lui laissait guère d'autre choix que de gagner du temps, en espérant que la relève finirait par découvrir les cadavres des deux gardes et que des renforts se décideraient à arriver.
'Et merde !' jura-t-il mentalement avec ferveur, tandis que Sai et Makkura se séparaient déjà pour tenter de le prendre en tenailles. 'Ca ne me ressemble définitivement pas de déclarer forfait comme ça !'
Une faible vibration sous ses pieds attira soudain son attention et il bondit vivement en arrière, s'éraflant au passage le bras sur l'une des lances de terre qui sortaient justement du sol autour de sa position précédente. La cage se referma au moment précis où il se rétablissait quelques mètres plus loin, et Makkura laissa échapper un grognement de frustration.
Sai ne parut pas s'en formaliser plus que ça, étant donné qu'il achevait déjà son propre jutsu.
« Fûton ! La grande déferlante ! »
Naruto déglutit et se lança aussitôt dans une nouvelle série de sceaux. Le vent furieux qu'avait invoqué Sai le percuta au moment où il la terminait et faillit le soulever de terre avant qu'il n'ait plus plaquer la main au sol.
« Doton ! Technique du mur de terre ! »
La bourrasque vint se briser contre la paroi de son jutsu et le laissa retomber brutalement à terre après lui avoir coupé ses appuis. Naruto poussa un grognement de douleur en se recevant à plat ventre, avant de se relever d'une poussée sur ses bras et d'un mouvement vif. Une fraction de seconde plus tard, il dut à nouveau bondir en arrière pour esquiver la dizaine de piques qui se formèrent sur le mur qu'il avait lui-même créé, et se projetèrent vers lui à un vitesse folle.
Makkura gronda à nouveau de déception, quelque part derrière la paroi transformée en planche à clous, et le mur sembla brutalement se désagréger de lui-même pour s'effondrer en petits paquets de terre au sol. Naruto se tendit immédiatement, anticipant l'attaque qui ne manquerait pas de venir depuis l'autre côté, mais un mauvais sentiment le saisit au moment où il croisa le regard doré de Makkura à travers les débris se laissant aller avec nonchalance à l'effet de la gravité.
Avant qu'il n'ait pu réagir à sa soudaine prémonition, il capta un mouvement vif juste à ses pieds et quelque chose entra rudement en contact avec son menton, le projetant plusieurs mètres en arrière avec une violence inouïe. Naruto percuta durement le tronc d'arbre qui avait bien voulu le recevoir et s'effondra au sol, haletant sous la force du coup.
'L'enfoiré… Il a profité des techniques Doton de son démon pour pouvoir se déplacer librement sous terre et m'attaquer par en-dessous pendant que l'autre faisait diversion…' raisonna-t-il rapidement en s'agenouillant tant bien que mal.
« Kit-san ! »
Le jeune ninja releva vivement la tête et fusilla du regard Kiyoshi, qui oubliait toute prudence et s'apprêtait à sortir du couvert des arbres pour courir vers lui. Le gosse s'immobilisa aussitôt et son expression d'angoisse se mua en stupéfaction. Naruto n'eut pas besoin de s'interroger longtemps sur la question : un faible crissement parvint bientôt à ses oreilles et il se figea, incrédule. Il lui fallut quelques secondes avant de se résoudre à lever la main vers son visage, confirmant ainsi ce qu'il craignait lorsque ses doigts frôlèrent une large fêlure dans le masque de céramique.
'Non… Non ! Tout mais pas ça, pas à un moment pareil !'
Un ricanement satisfait lui fit relever la tête. Sai souriait, non pas de son sourire discret et gentil mais d'un rictus bien plus malsain, debout à hauteur de l'épaule de Makkura.
« Ennuyeux, n'est-ce pas ? » railla-t-il.
Naruto serra les dents à s'en faire éclater l'émail et le maudit intérieurement avec une virulence qu'il ne se connaissait pas.
'Tu ne réalises pas à quel point ça l'est, connard… pour nous deux !' répondit-il muettement, en se relevant avec un calme feint dont il ne ressentait pas la moindre parcelle.
Il s'appuya faiblement contre l'arbre le temps de reprendre totalement sa respiration, sans quitter des yeux le chuunin qui le narguait au centre de la clairière.
« Kit-san ? » lui parvint une petite voix inquiète, bien plus proche qu'elle n'aurait dû l'être.
Naruto retint de justesse un sursaut et força précipitamment Kiyoshi à reculer derrière l'arbre auquel il s'adossait.
« Qu'est-ce que tu crois faire, gamin ? » s'emporta-t-il sans se retourner. « Reste à couvert, bon sang ! »
L'enfant se laissa faire sans broncher mais son regard soucieux resta posé sur son dos.
« Kit-san, votre masque… ça ira ? » demanda-t-il timidement.
« Il vaudrait mieux pour lui que ça aille » intervint aussitôt Sai, l'air suffisant. « Autrement, adieu l'immunité diplomatique ! »
Kiyoshi lui jeta à peine un regard, ne sachant visiblement plus comment se comporter envers lui et en souffrant notablement.
« Quoi ? » dit-il néanmoins. « Kit-san, qu'est-ce qu'il veut dire ? »
Naruto ne se donna pas la peine de répondre, puisque le chuunin semblait ravi de le faire à sa place.
« C'est bien simple, pourtant » reprit-il. « Tant que le Kit demeure un ninja sans nom ni passé, sans port d'attache, une simple arme ambulante, les pays ninjas acceptent sa présence sur leur territoire pour céder à la pression de la population, bien qu'avec reluctance. Mais tout le monde vient de quelque part. Il n'y a pas de mystère : celui qui se cache derrière ce masque vient forcément d'un pays particulier. »
Il désigna Naruto d'un geste de la main, sourire satisfait fermement en place au coin de ses lèvres.
« Si jamais la véritable identité du Kit venait à être découverte, il deviendrait instantanément une menace pour tous les pays dans lesquels il a séjourné. Rien ne l'empêcherait après tout de se mettre à nouveau au service de son pays d'origine, divulguant alors Dieu sait combien d'informations sur les autres contrées ? Je n'ose imaginer le nombre d'affaires compromettantes pour tel ou tel gouvernement auxquelles il a pu participer ces dernières années… »
« Mais ça ne changera rien ! » s'offusqua Kiyoshi, les yeux agrandis d'incompréhension. « S'il voulait faire ça, Kit-san se serait déjà mis au service de quelqu'un ! »
Sai haussa les épaules.
« Quelle importance ? Il faut que tu comprennes, Kiyoshi-kun : seule l'affection du public lui offre une certaine protection contre les gouvernements, qui n'apprécient pas forcément de le voir trifouiller dans leurs affaires sordides. Le Kit est presque devenu une légende, mais qu'est-ce qui resterait si on découvrait ce qui se trouve sous ce masque ? Rien, rien d'autre qu'un banal ninja, exceptionnellement doué, d'accord, mais comme il en existe des dizaines d'autres dans les villages cachés. Il perdrait son mystère, il perdrait sa légende, il perdrait l'amour de la population, et après ça, personne ne broncherait si leurs dirigeants jugeaient soudain que son affiliation à tel pays ou tel village caché représentait une menace pour eux. »
Il fixa à nouveau Naruto, une lueur de défi silencieux dans les yeux.
« A partir du moment où le masque du Kit tombera, il devra mourir. Je ne serais pas surpris qu'en quelques jours, il se retrouve avec une bonne vingtaine d'assassins aux trousses. Même lui ne pourra rien faire contre ça. »
Kiyoshi ouvrit silencieusement la bouche, stupéfait, avant de jeter un coup d'œil incrédule au ninja errant. Pendant ce temps, Naruto avait assez récupéré pour pouvoir se redresser sans aide, et c'est lui qui reprit la parole d'un ton sarcastique.
« Telle est la réalité quotidienne d'un ninja » dit-il.
Puis sa voix se fit plus moqueuse.
« Mais tu oublies une chose : qu'importe si mon masque tombe, du moment que personne n'est là pour colporter ce qu'il y a derrière ? »
Sai sembla un instant pris de court, mais son sourire suffisant revint très vite.
« Vous espérez encore vous débarrasser de moi ? Vous avez de l'espoir ! Et le cas échéant, qu'est-ce que vous feriez de Kiyoshi ? Vous le tueriez, lui aussi ? »
Kiyoshi sursauta vivement et tourna un regard stupéfait vers lui. Naruto se contenta d'émettre un bruit de dérision.
« Je doute qu'il soit nécessaire d'en arriver là. »
Sai haussa un sourcil, perplexe.
« Vous connaissez une technique pour lui effacer la mémoire ? »
Kiyoshi poussa cette fois un petit 'eep !' de détresse et tenta de se fondre dans le tronc d'arbre. Naruto laissa échapper un grognement d'impatience.
« Dis donc, gamin, faudrait voir à réviser tes relations sociales ! » lança-t-il. « "Confiance", tu l'écris en combien de lettres ? »
Kiyoshi et Sai parurent tous deux comme frappés par la foudre. Un silence stupéfait se serait probablement abattu sur la clairière si le clone de Naruto n'avait pas choisi ce moment précis pour se lancer abruptement à l'attaque, surgissant des sous-bois où personne n'avait soupçonné sa présence pour se jeter sur Sai, profitant de sa surprise. Le chuunin réagit immédiatement et se lança au corps-à-corps avec le clone, tandis que Naruto mettait ce répit à profit pour bondir en avant et enchaîner à une vitesse inouïe sur une nouvelle série de sceaux.
« Hyôton ! » s'écria-t-il. « Les ailes meurtrières ! »
L'eau abondamment répandue à terre et sur la végétation s'éleva soudain et se condensa en une centaine d'aiguilles de glace acérées, qui continuèrent gracieusement leur vol en amorçant une longue courbe, avant d'enfin s'abattre sur Makkura. Le démon, qui hésitait entre se porter au secours de son maître contre le clone ou attaquer l'original, poussa un rugissement de surprise qui fit instantanément se retourner Sai, au moment précis où il portait le coup final à son adversaire.
Le clone s'évanouit dans une nuage de fumée, ayant rempli son rôle de diversion, tandis que les yeux du chuunin s'écarquillaient désagréablement. Ses réflexes exceptionnels reprirent aussitôt le dessus et il allait se lancer dans un nouveau jutsu lorsque Makkura invoqua un mur de terre pour se protéger. Avec un sifflement menaçant, les aiguilles de glace le traversèrent de part en part sans même réduire leur vitesse.
« Makkura ! »
La panthère émit un grondement de rage qui partit violemment dans l'aigu au moment où les lames l'atteignirent avec férocité, déchirant ses chairs et transperçant ses muscles. Un instant plus tard, une boule de feu vint s'ajouter au chaos lorsque Sai termina son jutsu, faisant disparaître la scène derrière un nuage de fumée et de vapeur né de la sauvage rencontre du feu et de la glace.
Sai s'immobilisa aussitôt, tendu comme un arc, les yeux fixés avec angoisse sur la nuée qui lui bouchait la vue. De l'autre côté de la clairière, à plat ventre à l'abri de la végétation, Kiyoshi l'imitait avec tout autant de ferveur, le cœur battant douloureusement dans la poitrine.
La fumée se dissipa enfin, presque avec reluctance, laissant apparaître la silhouette de la grande panthère, debout, mais la tête pendante et le maintien instable, son fourrure noire striée de part en part d'innombrables plaies béantes. Néanmoins, un sourire vint éclairer le visage de Sai lorsqu'il avisa la faible vapeur qui émanait déjà de ses blessures avec un sifflement persistant. D'ici à quelques minutes, il savait qu'il n'y paraîtrait plus.
Une ombre s'abattit soudain sur Makkura qui releva immédiatement la tête, son regard doré agrandit par l'urgence. Sai détourna les yeux d'elle, et son sourire de soulagement disparut de son visage à mesure que son expression se figeait d'horreur.
Glissant dans le ciel à contre-jour de l'aube qui apparaissait finalement derrière lui, avec une grâce silencieuse et cruellement magnifique, le Kit s'abattit sans un son sur sa victime, abaissant dans le mouvement le bras qu'il tenait levé. La lame de chakra brut qui le prolongeait émit un bref éclat bleuté avant de plonger sans bruit dans les chairs du démon, tranchant son cou avec une netteté mortelle.
« Nooon ! »
Le cri déchirant de Sai brisa le silence irréel dans lequel Makkura glissait lentement à terre. La tête de la panthère, ses grands yeux dorés encore largement ouverts, comme incrédules, rebondit au sol en dégorgeant des flots de sang, tandis que le reste de son cadavre s'effondrait avec un bruit sourd. Naruto ne perçut rien de tout cela car déjà un nouveau cri retentissait, alors même qu'il se rétablissait à terre.
« Kit-san ! Attention ! »
Sa réception se fit soudain maladroite alors qu'il pivotait sur son seul appui tout en tentant de s'écarter, une terreur étrange le prenant brutalement à la gorge. Il n'eut que le temps de capter l'éclat menaçant du métal et du chakra mêlés avant son monde ne s'effondre.
Un bruit d'explosion retentit devant eux, plus proche que jamais, et Tsunade redoubla de vitesse en apercevant vaguement un nuage de fumée, loin entre les arbres, le cœur battant la chamade dans sa poitrine.
« On y est ! » cria-t-elle sans prendre la peine de tourner la tête, la voix tranchante.
Elle n'avait pas besoin de préciser, elle savait déjà que tous les ninjas qui la suivaient avaient atteint la même conclusion qu'elle et étaient plus tendus que jamais. Quelques secondes plus tard, Tsunade perçut confusément l'éclat bleuté et meurtrier d'un chakra qui lui était familier. Un hurlement poignant retentit puis, au moment précis où elle posait le pied sur la dernière branche, un autre cri tout aussi déchirant, d'avertissement cette fois.
Le temps sembla soudain ralentir tandis que Tsunade glissait sans bruit à travers l'air, dépassant les dernières frondaisons et débouchant abruptement dans une clairière visiblement malmenée par un long et dur combat. Elle ne nota cela qu'à travers le voile d'horreur qui venait de s'abattre sans bruit sur elle.
Au centre de la trouée, le Kit se tenait immobile. La main de Sai Fukuda dépassait largement dans son dos, tout aussi ensanglantée que le kunai qu'elle tenait, alors que son bras traversait sa poitrine de part en part.
Tsunade ne se rappelait pas s'être immobilisée.
Sous ses yeux écarquillés, les jambes du ninja se plièrent presque lentement, puis sa tête bascula vers l'arrière et son corps s'effondra au sol, glissant le long du bras sanglant du chuunin qui le regarda tomber enfin, une lueur de triomphe sauvage dans ses yeux.
Le premier rayon de soleil glissa enfin à travers les frondaisons et tomba sur le masque de céramique éclaboussé de sang. La poitrine du ninja ne se souleva pas.
Le second éclat de lumière qui parvint à la clairière se posa presque avec révérence sur un pendentif de cristal, posé sur le torse d'un ninja.
Sasuke ne bougea pas, figé.
Du coucher au lever du soleil, une nuit pour une amitié.
(éclate d'un rire malveillant) Nyahahahahahahaha… ha…
(se souvient soudain de la réaction de sa petite-sœur-chérie-adorée à la lecture de ce chapitre)
(multiplie le phénomène par le nombre de lecteurs)
(réalise qu'elle tient à la vie)
(se sauve à tire-d'aile)
