Notes : Yep ! Eh oui, vous ne rêvez pas, c'est encore moi ! XD Comme quoi, quand je suis motivée à finir quelque chose, ça marche, non ? Ne vous réjouissez pas trop vite, cependant : comme ma muse a encore décidé d'échapper à tout contrôle, il me reste finalement encore un épilogue après ce chapitre-ci… Sachant que ce chapitre en question est déjà un monstre : quand ma moyenne tourne plutôt autour de 10 pages, celui-ci a gaiement débordé jusqu'à 13. Ca porte malheur, je sais ! Mais j'y peux rien, j'ai jamais pondu un chapitre aussi long, mais il n'y avait pas moyen de couper autre part… Où alors, beaucoup trop tôt, et ça s'ajustait très mal avec l'épilogue, alors… Bref, vous avez droit à un pavé. Qu'y s'en plaindra ? Ceux qui ne sont pas fanas de batailles, peut-être, parce qu'il n'y a quasiment que ça, accompagné d'une bonne dose d'explications — oui, on en apprend finalement un peu plus sur ce qu'est devenu Naruto toutes ces années. Le mystère du "spécialiste des sceaux" sera également résolu ! (Comment ça, je suis mauvaise en bande-annonces ? Oh, c'est bon, pas la peine d'être désagréables !)
- Je tiens à signaler que ce chapitre a pratiquement été écrit en trois jours, monopolisant environ tout mon week-end. Sachant que, bien entendu, je ne me suis pas arrêtée en aussi bon chemin une fois celui-ci bouclé, j'ai également passé quasiment toutes mes soirées de cette semaine, déjà très chargée niveau cours, (merci les blocus dûs au CPE) sur l'épilogue. Et je n'ai toujours pas fini. Je suis une loque, et j'ai mis deux jours à me convaincre d'éditer ce chapitre, (d'autant plus qu'étant donné la vitesse de malade à laquelle je l'ai tapé, j'ai été forcée de l'envoyer à ma petite sœur pour qu'elle me corrige tout ça : j'avais trop peur que le nombre de coquilles vous fassent fuir, et j'avais la flemme de le faire moi-même XD), mais il est finalement là, et je suis encore vivante pour taper la suite ! (même si basiquement trop nase pour le faire tout de suite v.v) Alors, bonne lecture !
RAR : Je me fais l'effet d'une râleuse professionnelle, mais je suis quand même un peu déçue du nombre de reviews, sur ce coup-là… On dirait que le chapitre 9 a moins plu que les deux précédents. C'est parce que je mets autant de temps à boucler ? O.o C'est bon, j'ai compris, je me dépêche ! Rhalàlà ! XD Un grand merci à onarluca, Jalexa Uchiwa, Flore Risa, yune-chan66, Maeve Fantaisie, shizu2, Jamesie-cass, Deathwings01, Blackangel, luluflo4, henna-himitsu, Nadramon, Thealie, coralie, Yue Hime, Flore Jade, Twin Sun Leader, LECONTE Raphaèle, Schismatik, Sacham Dragon Priestess, Neo-Alphonse Elric, et mana59 !
Chikako : Argh ! Oui, tu as raison ! En version française, j'ai vérifié et c'est écrit Chôji, tandis qu'en version anglaise ils l'appellent Chouji. J'ai confondu les deux versions, il fallait bien que ça arrive pour au moins un des personnages (je ne te raconte pas le nombre de noms dont j'ai dû vérifier l'orthographe…) Je ne pense pas que j'aurais le courage de changer, mais merci pour la précision !
Dernière précision : ce chapitre a été écrit en partie sur des musiques de Nightwish. Avis aux amateurs. :)
Chapitre 10 : Le chant des démons
A Konoha, le village s'attelait à son train-train quotidien de milieu de matinée avec la régularité d'un mécanisme bien huilé, indifférent aux évènements extraordinaires qui se profilaient à l'extérieur de ses murs : l'aspirant-ninja moyen rêvassait en regardant par la fenêtre, une ménagère faisait ses courses en échangeant les derniers ragots avec la boulangère, trois genins s'investissaient avec courage et beaucoup de résignation dans le dressage des grenouilles d'appartement.
Seule la tour des Hokages paraissait en proie à une quelconque activité étrangère, mais étant le centre décisionnel d'un village de combattants, personne ne se formalisa autre mesure du nombre d'Anbus qui semblaient y affluer. Ce qui aurait pu faire hausser plus d'un sourcil, en revanche, était la présence des conseillers de feu Sandaime au beau milieu du bureau de l'Hokage déserté par son actuelle propriétaire. Homura et Koharu, bien qu'abordant déjà vaillamment leur huitième décennie, avaient été les premières personnes averties de la disparition de Tsunade par une Shizune au bord de la panique.
La medic-nin se tordait à présent les mains dans un coin du bureau, écoutant avec angoisse les rapports que les Anbus rassemblés par les deux conseillers venaient leur remettre à tour de rôle. Deux ninjas de tour de garde à la porte Est avaient apparemment été retrouvés morts. La porte en question était restée ouverte jusqu'à l'arrivée de la relève, qui avait découvert les cadavres et en avait immédiatement notifié leurs supérieurs : on leur demanda bien entendu de ne pas ébruiter l'affaire jusqu'à ce qu'elle soit éclaircie. On ignorait encore si la Godaime avait été enlevée ou attirée hors de Konoha d'une quelconque manière, mais cela ne lui ressemblait pas de quitter les murs du village ainsi, sans prévenir personne.
Anxieuse, Shizune réalisa en écoutant le rapport d'un énième Anbu qu'il y avait peut-être bien plus là-dessous qu'elle ne l'avait envisagé au premier abord.
« Il semblerait que plusieurs autres ninjas aient également quitté Konoha durant la nuit » annonçait Shino Aburame de sa voix atone. « On compte jusqu'à huit shinobis manquants, allant du chuunin Sai Fukuda à deux Anbus de mon unité, Sasuke Uchiwa et Neji Hyûga. L'aspirant-ninja Kiyoshi Uchiwa a aussi été déclaré manquant par Iruka-sensei ce matin, et demeure introuvable. »
L'Anbu marqua une pause qui ne parut pas leurrer Homura. Le vieil homme fronça les sourcils et lui adressa un regard sévère.
« Y a-t-il autre chose que vous ayez à ajouter, Aburame-san ? »
Shino inclina brièvement le buste.
« Le ninja errant connu sous le nom du 'Kit' ne se trouve pas non plus à Konoha, Homura-sama. Aucun des gardes postés aux portes la nuit dernière ne se rappelle avoir validé son autorisation de sortie. »
Le conseiller jeta un coup d'œil à sa compagne, qui hocha gravement la tête.
« Nous aurions dû insister lorsque nous avons fait part à Tsunade de notre désapprobation à l'idée de faire appel au service de cet homme. »
« Avec tout le respect que je vous dois » intervint soudain Aburame, « Homura-sama, Koharu-sama, j'aimerais que nous ne tirions pas de conclusions hâtives. Nous n'avons pour l'instant aucune preuve de l'implication du Kit dans la disparition de Tsunade-hime. »
Shizune lui jeta un regard surpris. Elle le connaissait depuis quelques années, puisqu'il était à présent l'un des Anbus les plus influents de Konoha, mais c'était bien la première fois qu'elle l'entendait se permettre pareil commentaire en présence de ses supérieurs. Les deux conseillers lui adressèrent un coup d'œil vaguement réprobateur mais ne relevèrent pas la question : trouver un moyen de remettre la main sur leur Hokage passait pour l'instant avant tout le reste, y compris d'éventuelles spéculations sur le coupable de cette situation, si coupable il y avait.
« Nous savons que Tsunade-hime ne se trouve pas actuellement à Konoha, et nous avons toutes les raisons de penser qu'elle a quitté le village par la porte Est » résuma Homura, ignorant Shino et se tournant vers la fenêtre postée derrière le bureau. « Il pourrait cependant s'agir d'une tentative de brouiller les pistes, et nous ignorons donc tout à fait dans quelle direction elle se trouve actuellement. Il faudra donc envoyer autant d'Anbus que possible afin de quadriller la forêt autour de… »
« Attendez ! »
L'interruption venait une nouvelle fois de Shino, mais sa voix avait pour l'occasion pris un accent d'urgence, et le shinobi s'était raidi.
« Est-ce que vous sentez ça ? »
Perplexe, Shizune se concentra et tenta de détecter ce qui provoquait tant d'émoi chez le ninja d'habitude stoïque. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour détecter une impressionnante masse de chakra et elle sursauta, médusée.
« Qu'est-ce que… »
« Ca vient de l'est » coupa Homura d'une voix tranchante.
« Ce n'est pas aussi puissant que cela devrait l'être » répondit Koharu sur le même ton. « C'est comme masqué, voilé, mais il n'y a pas de doute : c'est bien lui. »
Les deux conseillers échangèrent un regard entendu, puis Homura se tourna à nouveau vers Shino.
« Prenez trois équipes d'Anbu avec vous et suivez cette direction. Que vos hommes soient préparés à tout, et surtout au pire ! Veillez également à ce que tous les jounins soient mis en état d'alerte, et doublez les hommes de garde aux remparts. Nous ne pouvons prendre aucun risque ! »
« Homura-sama ? » souffla Shino, dans ce qui aurait presque pu être une manifestation de trouble.
« Ce chakra, ce n'est nul autre que celui du Kyûbi no Yohko. »
Shizune se raidit à l'unisson du shinobi, incrédule. Kyûbi ? Mais le Kyûbi était porté par…
« Homura-sama, Koharu-sama ! » s'écria-t-elle d'une voix soudain étranglée. « S'il vous plaît, autorisez-moi à me joindre aux Anbus en tant que medic-nin ! »
Koharu lui jeta un coup d'œil spéculateur, puis haussa les épaules.
« Faites comme bon vous semble, Shizune-san » concéda-t-elle.
« Merci beaucoup ! »
Le cœur battant, Shizune s'inclina précipitamment devant ses aînés avant de tourner les talons pour rejoindre l'Anbu qui quittait déjà le bureau.
Non loin de là, Sai Fukuda, chuunin de Konoha, ne put s'empêcher d'amorcer un mouvement de recul. Dents serrées au point d'en faire gémir ses gencives, muscles tendus à en craquer, il plantait son regard dans les yeux bleus de l'homme qui lui faisait face, cet homme qui aurait déjà dû être cent fois mort aujourd'hui.
Spécialiste des sceaux ? Aucun des rares renseignements dont il disposait sur Naruto Uzumaki ne faisait mention d'une quelconque maîtrise des Fûinjutsus. En réalité, tout l'avait porté à croire que l'autre n'avait été qu'un ninja médiocre, qu'un Sennin avait pris comme élève probablement par pur caprice, et dont le seul mérite avait jamais été d'emporter avec lui dans la mort Orochimaru, ancien Sennin et second meurtrier de ses parents. On le disait disparu depuis des années et les rares personnes qui ne le pensaient pas mort supposaient qu'il s'était réfugié dans un pays lointain où il vivait maintenant une vie paisible, loin des tourments du quotidien des ninjas.
Comment, dans ces conditions, se faire une idée précise de cet étrange adversaire, revenu du royaume de la Grande Faucheuse pour le mérite d'un homme qui l'avait autrefois trahi, porteur du plus puissant démon à avoir jamais arpenté cette terre, et qui se disait soudain maître d'un art que la plupart des ninjas ne considéraient qu'accessoire ?
De plus en plus, Sai sentait la roue tourner, et cette simple idée lui était insupportable. L'apparition de cet élément imprévu, ce grain de sable qui n'avait rien à faire là, tout lui disait que la situation commençait à lui échapper. Il lui était égal de mourir, il avait su à quoi il s'attaquait lorsqu'il avait choisi cette voie, mais il refusait catégoriquement d'échouer ! Si sa vie devait prendre fin aujourd'hui, qu'il en soit ainsi, mais il ne partirait pas sans emmener l'Assassin avec lui, pas sans l'Uchiwa !
Le kunai produisit à peine un son lorsqu'il fendit soudain l'air vers sa cible, précis et meurtrier. Ino sortit brutalement de son état d'hébétude lorsque Sasuke amorça un mouvement de recul, vite avorté par son corps récalcitrant, et la jeune femme fut soudain devant l'Anbu. Elle faucha l'arme en plein vol d'un seul coup de sa propre lame, mais ne put réprimer un sursaut et un cri de surprise lorsque Sai apparut devant elle en l'espace d'un clignement d'œil. Le visage ne reflétant qu'une détermination inflexible, le jeune chuunin leva son second kunai et s'apprêta à l'enfoncer dans la poitrine de l'héritière des Yamanaka.
Un talon s'abattant violemment sur sa tempe coupa là ses projets et le renvoya sans cérémonie dans la clairière, où il s'écrasa avec fracas et de manière fort peu gracieuse. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, son adversaire ne fit pas preuve de beaucoup plus de talent sur ce point et ne se réceptionna que très maladroitement. Sous l'effet de la douleur irradiant dans sa poitrine, Naruto ne put maintenir sa position accroupie qu'une fraction de seconde avant de tomber à genoux, sa respiration audible sous forme de halètements alarmants.
Sai lui adressa un regard méprisant alors qu'il se redressait déjà.
« Ne peux-tu donc te contenter de crever en silence ? » cracha-t-il avec hargne, sortant deux shurikens supplémentaires.
Un claquement sec l'interrompit et il s'aperçut, incrédule, que l'autre venait de plaquer ses mains l'une contre l'autre en un unique signe, celui du Tigre. Uzumaki le fixait avec une rage non moins inférieure à la sienne, et quelque chose dans son regard martelait : 'Je ne te céderai rien ! Je te vaincrai, quoiqu'il en coûte !'. Avant que Sai n'ait eu le temps d'ajouter quoique ce soit, l'atmosphère de la clairière sembla se faire plus lourde et plus étouffante, et le jeune chuunin sentit avec stupeur que l'énergie qui émergeait de l'homme devant lui augmentait à une vitesse fulgurante.
Ce que lui ne pouvait voir, mais que chacun des ninjas de Konoha put ne serait-ce que vaguement déceler à travers les bords dentelés du T-shirt brûlé de Naruto, ce fut le rougeoiement soudain de la marque qui figurait dans le bas de son dos. En quelques secondes, l'étrange symbole devint d'un écarlate insoutenable et sembla se désassembler, les pleins et les déliés, courbes et vagues, se dénouant et s'écartant les uns des autres avant de progressivement se mettre à disparaître, comme avec reluctance.
Et puis, paraissant émerger de nulle part, de longs filaments de chakra d'un rouge flamboyant apparurent et commencèrent à tourner les uns autour des autres, de plus en plus vite, se rassemblant en une seule et même forme dont la base se connecta à Naruto à l'endroit même où la marque achevait de se dissiper. Bientôt, une queue de renard fouetta l'air, fantasmagorique figure de pure énergie.
Alors un faible sifflement se mit à retentir, et Sai s'aperçut avec stupéfaction que la poitrine du ninja laissait à présent échapper un épais nuage de vapeur. Sous ses yeux, les bords de la plaie béante semblèrent frémir et se mouvoir, s'étirant comme pour couvrir le vide qui n'aurait pas dû être là, pivotant toujours plus loin autour de la lésion. En quelques secondes, il ne restait plus d'autre trace de la blessure hideuse qu'un T-shirt en lambeaux et imbibé de sang.
Avec un sourire triomphant, Naruto s'accroupit et adressa un regard moqueur au chuunin qui lui faisait face, pétrifié.
« Je dois reconnaître que tu es plutôt doué » lui lança-t-il, et sa voix ne haletait plus. « Tu as bien failli m'avoir… En réalité, tu m'as eu. Ou du moins, tu as eu le Kit. »
Plus tendu que jamais, Sai se força à glisser en position défensive, l'appréhension faisant frémir tous ses muscles.
« Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es le Kit. »
« Tu me prends pour un idiot ? » répliqua l'autre avec un rictus méprisant. « Le Kit est mort avec ce masque que tu as réduit en morceaux. Tu l'as dit toi-même, si son identité devait être révélée, c'est après moi que beaucoup de personnes en auraient : le Kit est mort, et c'est toi qui l'as tué. C'est le point final de son histoire. »
Sai fut un instant déstabilisé par cette affirmation tranquille. Juste comme ça, il enterrait son alter-ego ? Il abandonnait la gloire associée au héros qu'il était devenu sous ce masque ? C'était difficile à croire… Pourtant, l'autre arborait un étrange petit sourire, avec quelque chose qui ressemblait fort à de la satisfaction amusée.
« Mais en définitive, j'ai toujours considéré que le Kit et Naruto Uzumaki étaient deux personnes très différentes » poursuivit-il tranquillement. « C'est dommage pour toi, d'ailleurs. Avec le premier hors d'état d'agir, c'est au second d'intervenir… On peut dire en quelque sorte que tu m'as donné le bâton pour te faire battre, mon pauvre ami. »
« Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ? » cracha-t-il aussitôt, à cran et déjà lassé de ce petit jeu.
La queue rougeoyante fouetta l'air, le narguant presque, comme un rappel de tout ce qu'il pouvait ignorer sur son adversaire.
« Tu n'as pas idée du nombre de choses qui étaient inaccessibles au Kit, mais qui sont possibles pour Naruto Uzumaki » dit-il simplement. « Le Kit t'a donné du fil à retordre ? Je suis cinq fois pire. »
Sai laissa échapper une exclamation d'incrédulité et une grimace moqueuse. Les yeux bleus s'étrécirent et ne devinrent plus qu'une fente.
« Tu ne me crois pas ? Très bien. Voyons ce que tu vaux sans ton chat d'appartement. »
Sans autre avertissement, Uzumaki disparut de son champ de vision. Une fraction de seconde plus tard, il était sur lui, et Sai n'eut que le temps de lever son kunai pour parer le coup mortel destiné à sa gorge. Il tenta immédiatement de bondir hors de portée de son adversaire, mais le ninja le poursuivit comme une ombre et le força à s'engager dans un affrontement de Taijutsu au rythme effréné. Sans un temps mort pour s'efforcer de reprendre son assiette ou sa respiration, Sai se vit obligé de reculer pas à pas.
Il reconnaissait ce style de Taijutsu comme celui que le Kit avait déjà utilisé contre lui et Makkura, malheureusement, sans le soutien de sa panthère bien-aimée, il découvrait qu'il avait beaucoup plus de mal à soutenir la cadence du ninja qu'il ne l'aurait cru de premier abord. Il lui fallait s'éloigner et s'efforcer de revenir à un combat au Ninjutsu, ou il finirait tôt ou tard par avoir le dessous…
Juste au-delà du bord de la clairière, les attentions ne se portaient pas uniquement sur la bataille en cours.
« Tsunade-sama ! » s'écria Sakura dès qu'elle en eut l'occasion. « Qu'est-ce que c'est que cette histoire de sceaux ? Qu'est-il arrivé à Naruto ? »
L'Hokage jeta un coup d'œil en coin à son apprentie, découvrant au passage que la plupart des regards étaient fixés sur elle.
« Qu'est-ce qui vous fait croire que je le sais ? »
« Tsunade-hime » réprimanda Sasuke. « C'est vous qui avez donné l'autorisation au Kit de séjourner à Konoha. Vous étiez forcément au courant de sa véritable identité ! »
Tsunade soupira, d'hors et déjà lasse.
« Je ne le nie pas » concéda-t-elle. « Tout comme je ne nie pas que je savais que Naruto était vivant depuis plusieurs années. Mais il est cependant loin de m'avoir confié tous ses secrets… »
« Vous saviez qu'il était vivant ? » s'indigna Sakura, incrédule.
« Ce n'est pas vraiment la question » intervint Neji. « Libre à vous de blâmer Hokage-sama plus tard si vous le voulez, mais ce n'est ni le temps, ni le lieu. »
« Très bien ! Alors si vous commenciez par nous dire ce que vous savez, Tsunade-hime ? » suggéra Lee, impatient d'en apprendre plus.
Tsunade adressa un regard reconnaissant au Hyûga par-dessus son épaule, puis se tourna à nouveau vers ses ninjas, qui la fixaient tous impatiemment. Une seule paire d'yeux n'était pas braquée sur elle, mais plutôt, remarqua-t-elle, sur le combat en contrebas, et un froncement de sourcils pensif les plissait. Un faible sourire apparut sur ses lèvres.
« Je vous l'ai dit, je ne sais pas grand-chose de plus que vous » réitéra-t-elle. « Naruto m'a simplement dit qu'il comptait devenir digne du titre d'Hokage, mais il n'a jamais expliqué de quelle manière. Si vous voulez en apprendre plus, cependant, je vous recommande de poser plutôt la question au cerveau ici présent. »
Coupant court à toute protestation, elle désigna Shikamaru d'un geste du menton. Le jounin tourna la tête vers elle, aperçut tous les regards à présent braqués sur lui avec attention, et poussa un profond soupir.
« Galèèère… »
« Oh, allez, Shikamaru, ne nous fais pas languir ! » fit Ino en se rapprochant pour s'accroupir près de lui.
Le jeune homme lui adressa un coup d'œil ennuyé, mais consentit néanmoins à développer.
« Vous avez vu comme moi le souvenir de Naruto durant lequel il avait combattu Orochimaru » soupira-t-il. « Lorsqu'il a décidé de s'éloigner de Konoha, Naruto l'a fait avant tout pour pouvoir protéger le village du Kyûbi. Il l'a fait pour trouver un moyen de 'contrôler' le Kyûbi de la manière la plus fiable possible, pour être sûr qu'il ne perde plus jamais le contrôle. C'est surprenant de la part de cette petite tête, mais on dirait qu'il a eu une bonne idée pour une fois : je crois que pour en arriver là, il a décidé qu'il fallait qu'il comprenne comment marche le sceau qui retient le Yohko en lui. »
« Il a décidé de se mettre à étudier les sceaux pour comprendre le sien ? » fit Sakura.
« Probablement » acquiesça-t-il. « Le comprendre, sans doute pour pouvoir plus tard essayer de le modifier et de l'améliorer. »
« Modifier le sceau du Yondaime ? » s'exclama Ino, horrifiée. « Mais c'est de la folie ! Et s'il l'ouvrait par accident ? »
« Ca pourrait être de la folie, c'est vrai » intervint soudain Kakashi. « Mais uniquement si Naruto ne savait pas vraiment dans quoi il se risquait. Et il me semble qu'à présent, il en est tout à fait conscient. »
L'unique œil visible du Ninja Copieur était fixé avec attention sur le combat en contrebas, et plus précisément sur la forme de son ancien élève. Il y eut un court instant de silence.
« Vous voulez dire qu'il a déjà modifié le sceau ? » demanda finalement Lee, inhabituellement solennel.
« Que croyez-vous que soient toutes ces marques sur sa peau ? » répondit Tsunade. « De jolies marques tribales ? »
« Il n'a pas vraiment modifié le sceau » poursuivit Kakashi. « Mais il en a créé d'autres. Huit sceaux complémentaires censés aider et soutenir le sceau principal. Pendant que nous étions encore dans le Monde Spirituel, devant Kyûbi, n'avez-vous pas vu les sorts qui fermaient la grille ? Il y en avait neuf. Il y a encore sept ans, il n'y en avait qu'un seul. »
« Il les a… créés ? Naruto a… créé des jutsus, et même des Fûinjutsus ? » fit Sakura, abasourdie et manifestement bien en mal d'intégrer un tel concept dans sa vision du monde.
Kakashi se tourna vers elle et lui adressa un sourire amusé.
« Je doute que des sceaux de ce genre ait déjà existé de par le monde, étant donné la rareté de la situation de Naruto. Alors je dirais que, oui, il les a probablement créés. »
Sasuke remua faiblement sur sa branche, esquissant rapidement une grimace face à la résistance que son propre corps lui manifestait à l'idée d'exécuter la plus simple des tâches. Même tourner la tête ou ouvrir la bouche pour parler lui demandait bien plus d'effort qu'en temps normal.
« Pourquoi le Kit n'arborait-il pas les mêmes marques, dans ce cas ? Pourquoi les sceaux n'étaient-ils pas visibles avant aujourd'hui ? Car on l'a tous vu, ils ne se sont manifestées que quand le masque s'est brisé, et pas avant. »
« C'est vrai » accorda Tsunade, pensive. « Lorsque j'ai vu Naruto sans son masque, il n'avait rien du tout sur le front, pas de sceau ni quoique ce soit. Je me rappelle même avoir pensé que le voir sans l'hitai-ate de Konoha était une impression étrange. »
« Vous n'avez rien vu, à l'intérieur du masque ? » intervint abruptement Neji. « Lorsque j'ai moi aussi rencontré Naruto à visage découvert, j'ai cru voir quelque chose sur la face intérieure du masque — pas maintenant, Lee ! » ajouta-t-il impérieusement alors que son coéquipier ouvrait la bouche d'un air scandalisé par la découverte que son ami avait été au courant de la véritable identité du Kit durant tout ce temps.
« Je n'ai rien vu… » fit Tsunade, pensive. « Mais maintenant que j'y pense, il veillait toujours à n'en exposer qu'un seul côté, même lorsqu'il le posait quelque part… »
« Moi, j'ai vu… » lança une petite voix.
Recroquevillé contre le tronc d'arbre, Kiyoshi rentra la tête dans les épaules lorsque l'attention générale se braqua sur lui, rougissant. Il était resté silencieux durant tout ce temps, intimidé, mais avait écouté les adultes parler avec beaucoup d'attention. Il ne comprenait pas tout, mais il avait saisi l'essentiel de ce qui avait été dit et cela le rendait assez fier. Il ne comprenait pas l'importance du masque, cependant, mais si les adultes s'y intéressaient.
« Quoi ? » lança Sasuke.
Puis, avisant la gêne de son fils, il se radoucit aussitôt et reprit d'une voix plus égale :
« Quoi, Kiyoshi ? Qu'est-ce que tu as vu, tu peux le décrire ? »
Déçu de ne pas pouvoir aller se blottir contre son père — une habitude relativement récente, mais il y en avait certaines, comme celle-ci manifestement, qui semblaient très rapides à prendre racine — Kiyoshi hocha la tête et reprit la parole d'une voix mal assurée.
« C'était pendant que le masque tombait… Je voyais mal, mais on aurait dit qu'il y avait quelque chose de dessiné à l'intérieur, quelque chose de dessiné en rouge. »
« Kiyoshi-kun… » appela Neji, et Kiyoshi sursauta sans vraiment le vouloir — Neji-san était très gentil, mais assez intimidant… « Kiyoshi-kun, est-ce que ce dessin avait une forme circulaire ? Je sais que tu n'as pas bien vu, mais essaie de te souvenir, s'il te plaît. Est-ce que cela ressemblait aux marques que portent Naruto en ce moment ? »
L'enfant jeta un bref coup d'œil au combat en contrebas, puis hocha la tête avec hésitation.
« Je crois, oui… » murmura-t-il.
« Un autre sceau ? Pour quoi faire ? » fit Lee, perplexe.
« Un sceau de couverture » répondit Shikamaru, mais on aurait plutôt dit qu'il réfléchissait tout haut, ce qui était d'ailleurs sans doute le cas. « Les sceaux étaient trop évidents, il avait besoin de les cacher s'il voulait éviter que les gens se posent des questions là-dessus. De plus, même avec ces neuf sceaux, il y avait toujours un risque qu'une faible quantité de chakra de Kyûbi finisse par filtrer en cas d'émotion violente, et cela aurait été très ennuyeux pour l'anonymat du Kit. Ce sceau coupait probablement tout recours, intentionnel ou non, au réservoir de chakra du démon. Il a créé un sceau qui dissimulerait toute trace de Naruto Uzumaki et de ce qu'il portait en lui, et en a fait le masque du Kit. »
Le jounin parut méditer quelques instants là-dessus, puis un drôle de sourire tordu apparut sur son visage.
« C'est qu'il en aurait presque dans la caboche, le gars. »
Sai esquiva de justesse un coup de poing destiné à l'un de ses points vitaux. Profitant du léger déséquilibre de son adversaire, il attrapa son poignet et le tira violemment. Uzumaki laissa échapper un juron en manquant trébucher et dut changer précipitamment d'appui, laissant la voie libre au jeune chuunin qui parvint enfin à se dégager de l'affrontement au corps-à-corps. Il bondit hors de portée et se mit aussitôt à composer des signes. Uzumaki comprit très vite son erreur et ses yeux s'écarquillèrent presque imperceptiblement. Etait-ce une once de panique dans son regard ?
« Doton ! Les grandes piques ! »
A la surprise de tout le monde dans la clairière, le cri n'était pas venu de la bouche de Sai. Une expression indescriptible passa l'espace d'un éclair sur le visage de Naruto, et le ninja disparut au moment précis où le chuunin finissait malgré tout son dernier signe. Les lances de pierre acérées sortirent brutalement de terre pour s'élever à plus de trois mètres de hauteur, mais leur cible avait sauté bien plus haut encore et s'avéra hors de leur portée.
« Sasuke ! Tu arrives à maîtriser ton chakra ? » s'exclama Sakura, médusée.
Le rouge sanguin du Sharingan s'assombrit un bref instant, redevenant presque noir. Par un effort de volonté, Sasuke le ranima aussitôt.
« Plus ou moins » répondit-il en haletant, luttant pour ne pas laisser sa technique héréditaire se désenclencher. « Fûton, la grande déferlante ! »
Son avertissement laissa à peine le temps à Naruto de se réfugier précipitamment derrière un arbre avant qu'une rafale de vent ne tente de l'arracher de terre. Son abri improvisé émit un craquement de mauvais augure en menaçant de se déraciner sous la force du coup.
« Mais que fait cet imbécile ? » s'exclama Tsunade. « Il se contente d'esquiver, pourquoi ne contre-t-il pas ? »
« Il ne peut pas le faire, Tsunade-hime. »
« Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire, Uchiwa ? » exigea-t-elle de savoir, alarmée.
« Je crois que le chakra du Kyûbi est trop puissant, et même trop étranger, pour que Naruto puisse le malaxer correctement » souffla-t-il. « Vous n'avez pas remarqué ? A chaque fois que Naruto a fait appel à sa force, il s'en est tenu par réflexe au strict Taijutsu. Le seul jutsu qu'il se permettait était le Kage Bunshin, et encore… »
Un son aigu l'interrompit et il aperçut avec horreur les quatre kunais munis de notes explosives qui fendaient l'air. Avant qu'il n'ait pu émettre un mot, les lames se plantèrent dans quatre arbres de manière à former un périmètre autour de l'abri de Naruto et explosèrent aussitôt, soulevant un épais nuage de poussière et secouant les troncs alentour sous la force de l'impact.
Sai sortit une autre arme et joignit à nouveau les mains pour enchaîner sur une nouvelle série de jutsus. Marquant à peine un léger temps de retard, malgré son appui incertain sur la branche dont le souffle de l'explosion avait manqué le projeter à bas, Sasuke cria aussitôt le nom du même jutsu de vent que précédemment. Une fraction de seconde plus tard, une nouvelle rafale s'engouffra dans la clairière et se chargea de dissiper le nuage de terre qui obscurcissait l'autre extrémité du champ de bataille.
Sai s'attendait moitié à ce que son adversaire à demi-brûlé soit projeté en l'air, moitié à ce qu'il ait esquivé son premier coup et soit déjà hors de portée dans la forêt. Il fut donc profondément surpris en avisant la silhouette prostrée à terre, à travers le voile de poussière qui disparaissait rapidement. Uzumaki se tenait à quatre pattes, penché aussi bas que possible pour se protéger au maximum du vent contre lequel il luttait avec ferveur. Intrigué, Sai découvrit que quelque chose émettait une lueur rougeoyante sur les cuisses du ninja.
Juste comme l'éclat émanant des deux marques que l'autre possédait sur les jambes se dissipait finalement, la tension dans la clairière sembla une nouvelle fois augmenter. De longs filaments d'énergie écarlate apparurent à leur tour et s'enveloppèrent comme leurs prédécesseurs autour d'Uzumaki, formant la vision spectrale de deux pattes griffues se superposant à ses jambes, et de deux autres queues qui battirent bientôt l'air à l'unisson de la première.
Stupéfait, consterné, Sai ne tarda pas à comprendre ce que cela voulait dire. Chacune des étranges marques sur le corps de son adversaire n'était rien d'autre qu'un sceau destiné à contenir une partie du chakra du Kyûbi no Yohko. Uzumaki en avait, d'après ce qu'il avait pu compter, huit à sa disposition, sans tenir compte du sceau retenant le démon en lui-même et probablement encore la majeure partie de son énergie. Si l'ouverture du premier sceau n'avait guère offert au shinobi que le chakra nécessaire à la régénération de son corps déjà bien éprouvé, sans lui donner aucun autre avantage sur le plan du combat direct, l'activation de deux sceaux supplémentaires n'était pas bonne pour le chuunin.
Pas bonne du tout.
Avec horreur, il réalisa qu'Uzumaki disposait à présent largement de la force nécessaire pour le vaincre. Il n'aurait même pas besoin d'activer un quatrième sceau, il n'utiliserait contre lui qu'une fraction de la puissance qu'il possédait en réalité. Lui, Sai Fukuda, devrait s'incliner sans avoir finalement réussi à atteindre le seul but pour lequel il avait continué à vivre toutes ces années. Quoiqu'il tente, Uzumaki ne le laisserait pas approcher de l'Uchiwa à moins de cinq mètres, et toute attaque à distance serait gâchée non seulement par lui, mais aussi par l'héritière des Yamanaka.
En fin de compte, l'autre avait raison : il aurait pu s'accommoder du Kit. Mais Naruto Uzumaki était largement hors de sa portée.
D'un regard vidé de toute expression, il fixa l'autre qui se relevait, indifférent aux dernières traces de son jutsu Fûton, son assiette fermement maintenue par le chakra qui enveloppait ses jambes. Il y avait gros à parier que cette transformation avait également joué sur sa vitesse de déplacement, jugea-t-il presque avec détachement. Il ne verrait probablement même plus les coups venir, à présent. Il mourrait sans rien percevoir, sans avoir le temps de le réaliser, de la part d'un homme qui n'aurait pas dû exister.
Il aurait dû être le plus puissant, ici ! Personne d'autre ne s'était allié à ces créatures magnifiques, personne d'autre n'avait osé faire appel aux démons ! Personne ne savait ce qu'il avait enduré pour en arriver là, les sacrifices auxquels il avait dû consentir pour obtenir cette puissance. Et tout ça pour quoi ? Où était la puissance dont il s'était glorifié en silence, dissimulé parmi les villageois de Konoha comme un serpent dans le nid de ses proies ? Perdue, dissipée au vent, elle n'existait plus, comme rien d'autre qu'un vague souvenir et quelques cadavres de plus dans le cimetière du village. Il avait échoué, échoué de la manière la plus absurde qui soit, échoué si près du but, parce que ses sacrifices, malgré tout, n'étaient pas suffisants, parce que sa puissance avait été factice.
Où étaient les démons qui lui avaient juré allégeance ? Comment avaient-ils pu être aussi faibles pour lui faire défaut de cette manière, qu'était devenue leur prétendue supériorité ? Ils n'avaient pas le droit de l'abandonner ainsi ! Pas le droit !
Shino sentit une seconde augmentation dans l'énergie du Kyûbi, tout près. La formidable puissance qu'il avait ressenti plus tôt avait disparu depuis déjà quelques temps, mais étrangement, elle semblait progressivement se manifester à nouveau, par sorte de paliers. Trois équipes d'Anbus flanquées de l'apprentie de l'Hokage, Shizune, sur ses talons, l'Aburame fit abruptement halte en bordière de la clairière d'où provenaient les débordements d'énergie. Deux hommes semblaient s'affronter en contrebas, et Shino les reconnut tous deux. Un hoquet de surprise à sa gauche lui apprit que c'était aussi le cas de Shizune, et que la jeune femme était particulièrement choquée par la vision qu'offrait actuellement Naruto Uzumaki.
Etonnamment, Shino se prit à espérer qu'il n'aurait pas à s'opposer au jeune ninja blond. Il n'était jamais agréable d'avoir à combattre d'anciens compagnons, même si cela devait parfois être fait pour le bien du village.
Une infime tension disparut de ses épaules lorsqu'il aperçut l'Hokage non loin de lui, flanquée des autres ninjas disparus. Le Kit manquait à l'appel, mais même face à l'aspect étrange et plus ou moins désastreux d'Uzumaki, Shino ressentait une sorte de sentiment familier et commença à développer sa propre théorie sur la question. Sans hésiter, il se dirigea vers Tsunade et apparut près d'elle, ses hommes se postant spontanément tout autour de la clairière.
« Tsunade-sama » dit-il en inclinant la tête à son intention.
L'Hokage lui adressa un hochement de tête assez sec sans arracher ses yeux de la scène en contrebas.
« Aburame-san, voilà finalement les renforts. »
« Tsunade-sama, êtes-vous blessée ? » s'exclama Shizune en s'accroupissant près d'elle, s'inquiétant de la voir simplement assise là avec les autres à ne rien faire alors que Naruto se battait devant leurs yeux.
« Ce sont des effets secondaires. C'est inutile, Shizune, les jutsus médicaux ne peuvent rien y faire, nos corps ne sont pas touchés » répondit son professeur en daignant lui jeter un coup d'œil.
« Donnez vos ordres, Tsunade-sama. Nous sommes prêts » déclama Shino, solennel.
Tsunade lui jeta un regard perçant et retourna vivement son regard vers la clairière.
« N'intervenez en aucun cas, Aburame ! Ce combat est sur le point de nous échapper à tous, vous ne pourrez rien faire ! »
Sans comprendre ce qu'elle voulait dire, Shino se tourna à son tour vers les deux hommes en contrebas. Derrière ses verres sombres, ses yeux s'écarquillèrent en avisant Fukuda.
Autour du jeune homme immobile, la terre semblait soudain se soulever, comme sous l'effet d'un incroyable afflux de puissance. Le regard fixe du chuunin était planté dans celui de son adversaire et une expression de rage irrationnelle avait pris naissance sur ses traits, leur donnant un aspect de folie hideuse.
Bientôt, son rictus sembla se déformer lorsque ses canines s'allongèrent à vue d'œil, et ses yeux s'emplirent d'une lueur démente en prenant une teinte dorée et en se fendant d'une pupille verticale. Ses ongles se changèrent en griffes, longues et meurtrières, et son maintien se fit plus voûté alors que ses épaules s'élargissaient légèrement. Une queue, fine et nerveuse, couverte d'une courte fourrure noire, fit soudain son apparition dans la prolongation de sa colonne vertébrale. Enfin, la quantité de chakra autour de lui se mit à augmenter de façon presque exceptionnelle, sans paraître vouloir s'arrêter.
C'était un chakra qui évoquait le sang et la terreur, un chakra sombre comme la nuit et comme la mort, une énergie ternie qui n'était que corruption.
De l'autre côté de la clairière, Naruto ne montrait aucun signe de surprise, mais simplement une sorte de résignation morose.
« J'avais espéré qu'on n'en viendrait pas là » murmura-t-il, sans que quiconque ne l'entende au-dessus du sifflement aigu qui emplissait les lieux.
Le contrecoup d'un pacte avec les démons, les traces qu'avaient laissées cette alliance contre-nature dans le corps de l'humain qui l'avait exécutée. Il avait espéré, espéré contre toute logique que cet aspect du pacte ne surgirait pas, que peut-être le chuunin avait trouvé un autre moyen… Mais c'était peine perdue, même lui le réalisait. Sai n'était plus rien d'autre qu'une créature mi-humaine, mi-démoniaque, une aberration pleine de l'envie de détruire et du goût du sang, rendue folle par la rage et la douleur. Les dés étaient jetés. Un être pareil était destiné à mourir, incapable de survivre à la transformation plus d'une journée. La seule question, à présent, était de savoir ce qu'il emporterait avec lui avant d'en avoir fini avec ce monde.
Etrécissant les yeux, Naruto se jura que s'il avait son mot à dire, Sai serait le seul qui crèverait aujourd'hui.
« Aburame ! Ordonne à tes hommes de s'écarter de là ! » cria Tsunade à l'Anbu. « Nous devons nous éloigner d'ici au plus vite, où nous allons tous y passer ! »
« Tsunade-sama ! Et Naruto ? » s'exclama Sakura, incrédule.
« Nous ne pouvons plus rien faire pour lui » répondit Kakashi à la place de l'Hokage, inhabituellement solennel. « S'il y a quelqu'un ici qui peut arrêter ce que Sai est à présent en train de devenir, c'est lui et personne d'autre. Si nous restons ici, nous ne ferons que le gêner ! »
Sur un signe de Shino, les Anbus se rassemblèrent instantanément autour des ninjas immobilisés et entreprirent de se charger d'eux. Si la plupart se laissèrent faire avec une sorte de réticence résignée, Sasuke se dégagea d'un mouvement vif du bras et fusilla du regard l'homme qui s'apprêtait à le charger sur son épaule. Puis, surprenant chacun de ses compagnons, il se hissa sur les genoux et, au prix d'un immense effort de volonté, s'appuyant lourdement au tronc d'arbre, se mit debout.
« Sasuke ? » souffla Sakura, estomaquée.
L'héritier des Uchiwa planta son regard dans celui de son Hokage, et son visage ne reflétait rien d'autre qu'une profonde détermination lorsqu'il dit :
« Je reste. »
« Tu n'as pas entendu ce qu'on t'a dit, Uchiwa ? » explosa Tsunade. « Nous ne ferons que le gêner en restant ici ! »
Une explosion magistrale secoua soudain le sol et les arbres de la forêt, manquant projeter Sasuke à genoux, lorsque Sai et Naruto se projetèrent d'un même élan l'un sur l'autre. L'Anbu parvint cependant à rester debout et refusa de s'incliner.
« Je ne laisserai pas Naruto combattre seul quelque chose que j'ai moi-même provoqué, encore une fois ! » cracha-t-il.
« Tu ne pourras rien faire ! Même si tu étais capable de combattre à ta pleine puissance, ce qui n'est absolument pas le cas, que crois-tu qu'un kunai ou même un Katon aurait comme effet contre ça ? » cria Tsunade, furieuse, en désignant la créature qu'était devenue Sai d'un mouvement du menton aussi vif qu'elle pouvait actuellement se le permettre.
« Je reste ici ! » cria Sasuke en réponse, refusant d'en démordre.
Voyant la colère dans ses yeux, il reprit soudain d'une voix plus égale :
« Je veux au moins qu'il sache qu'il n'est pas seul. Je veux qu'il sache qu'il y a au moins quelqu'un qui lui fait confiance. »
Et sous ces mots résonnait ce qu'il refusait de dire tout haut : 'Je veux qu'il sache que je n'ai pas peur de lui, que pour moi il n'est pas un monstre. Je veux qu'il sache que peu importe ce qu'il est, je serai encore à ses côtés.'
Alors Tsunade le fixa dans les yeux et y lut qu'il ne renoncerait pas. Finalement, elle soupira en un accord muet. Voyant d'hors et déjà Sakura ouvrir la bouche pour protester et sachant ce qu'elle dirait, elle ordonna d'une voix coupante :
« Sakura et moi restons avec l'Uchiwa, tous les autres se retirent. Je ne veux entendre aucune protestation, que tout le monde regagne Konoha immédiatement, c'est un ordre ! »
Sur ces mots, elle entreprit elle aussi de se dégager du soutien de Shino et se tint sur ses jambes flageolantes. Lee parut un instant sur le point de contester sa décision, mais un simple regard de Sakura l'incita à s'incliner, et il se laissa entraîner avec réticence. Kiyoshi, dans les bras d'un autre Anbu, fixa un regard écarquillé sur son père, mais ne dit rien, même lorsque celui-ci lui adressa un coup d'œil aussi rassurant qu'il le pouvait.
Un instant plus tard, il ne restait plus qu'eux trois, à peine capable de tenir debout, au-dessus d'un combat qui les dépassait totalement.
Naruto émit un grognement lorsque les griffes acérées de son adversaire déchirèrent la peau de sa joue. A présent, leur combat ne ressemblait plus qu'à l'empoignade acharnée de deux bêtes sauvages, chacun s'efforçant de son mieux de viser la gorge ou tout autre point vital, faisant gicler le sang à la moindre occasion et cherchant à mutiler autant qu'à tuer. Sai, ou du moins ce qu'il en restait, ne fonctionnait plus qu'à l'instinct animal et n'utilisait plus que crocs et griffes, ses armes depuis longtemps oubliées.
Naruto peinait de plus en plus à soutenir ses assauts, malgré le fait qu'il était désormais le seul des deux en état de raisonner de façon humaine. Ne disposant que d'une fraction limitée du chakra du Kyûbi, il devait avoir recours à tous les moyens à sa portée, essentiellement des kunais puisqu'un combat aussi rapproché n'était absolument pas propice à l'utilisation de shurikens. Ce qui l'effrayait de plus en plus, cependant, était le fait que le chakra continuait à affluer chez son adversaire en quantité toujours plus grande, gonflant sans cesse ses capacités physiques.
Si ses premières caractéristiques avaient semblé être héritées de la fameuse Makkura, à commencer par sa queue et la couleur de ses yeux, Naruto commençait à percevoir l'influence d'autres démons, et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que Sai s'appropriait les capacités de chacune de ses anciennes créatures une par une. Comme pour confirmer son hypothèse, la peau de la créature se fendit soudain sur ses jambes, ses bras et son front, et avec un bruit écœurant, des lames en émergèrent.
Naruto les reconnut aussitôt et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il perçut les premières traces de courant électrique qui commençaient à les baigner. Il se dégagea précipitamment de plusieurs coups de pied plus ou moins désespérés et bondit pour s'éloigner de lui.
La clairière résonnait entièrement de l'énergie de Sai, à présent, et les arbres gémissaient sous le vent violent que la créature semblait maintenant capable de lever, qu'elle le fasse volontairement ou non. Du coin de l'œil, Naruto repéra avec stupéfaction trois petites silhouettes à la lisière de la forêt. Il lui avait semblé que tous les ninjas avaient évacué la zone dès le début du combat, ce dont il avait été on ne peut plus soulagé ! Alors, qui… ?
Un rugissement l'empêcha de se concentrer sur la question et il dut esquiver en catastrophe la nouvelle charge à laquelle le soumettait son adversaire. Plongeant dans une série de roulés-boulés et de bonds pour rester hors de portée de la créature qui le poursuivait avec obstination, il ne s'autorisa pas le temps d'une nouvelle hésitation et esquissa une nouvelle fois le signe du Tigre. Immédiatement, les sceaux sur ses biceps se mirent à luire et déversèrent l'énergie qu'il avait scellée en eux. De trois, ses queues devinrent cinq, et ses bras furent enveloppés par l'image fantomatique de deux autres pattes griffues.
Totalement indifférent au spectacle qu'il offrait, Sai fondit sur lui avant même la fin de l'ouverture des sceaux, l'obligeant à parer maladroitement alors qu'il tentait encore de balancer l'augmentation de puissance. La créature démoniaque poussa un feulement lorsque son propre poing entra en contact avec l'énergie corrosive du Kyûbi, mais étant donné sa propre nature, elle ne fut que peu touchée. Naruto, en revanche, grimaça sous l'impact du coup de jus qu'il venait de recevoir.
Il s'éloigna d'un bond, plus rapide qu'il ne l'était même auparavant, et brandit le poing en direction de son adversaire. Mû par sa propre volonté, le chakra écarlate s'étira aussitôt et tendit le 'bras' vers la créature, qui s'écarta en grondant, manquant de peu se laisser attraper par le poing d'énergie. Naruto reconnut dans cette coopération presque suspicieuse le désir obsessionnel de Kyûbi d'en finir avec ce qu'il considérait comme un affront ambulant. Cela le réjouit moins que cela le rendit méfiant, car cela voulait dire que le démon serait tout à fait disposé à prendre le contrôle de son corps pour régler lui-même l'affaire s'il ne se montrait pas prudent.
Il lui fallait espérer qu'il pourrait très vite venir à bout de son adversaire, avant de devoir lutter contre deux ennemis à la fois, d'autant plus dangereux que l'un attaquerait son mental de l'intérieur tandis que l'autre poserait une menace plus physique.
Durant quelques minutes, il put presque espérer que cela serait suffisant, que peut-être, il pourrait triompher de cette manière. Les attaques de Kyûbi qu'il favorisait réussissaient à maintenir son adversaire à distance, même si cela se fit aux dépends de nombreux arbres, dévastés par l'élan du chakra rouge ou simplement un contact trop prolongé avec lui, qui, invariablement, les brûlait ou les faisait spontanément pourrir. Mais l'énergie continuait de booster Sai, et pire encore, l'être commençait à maîtriser ses nouvelles capacités.
Naruto fut bientôt projeté à terre lorsqu'un jet d'électricité pulvérisa l'arbre derrière lui. Profitant de sa position vulnérable, Sai se jeta immédiatement sur lui avec un grondement qui n'avait plus rien d'humain. Dans un réflexe désespéré, Naruto joignit une quatrième fois les mains et activa deux nouveaux sceaux jumeaux. Les marques de chaque côté de son cou s'illuminèrent brutalement avant de se mettre à disparaître, libérant une nouvelle masse de chakra inhumain. Cette fois, l'intégralité de son corps fut englouti. Deux autres queues apparurent, et deux oreilles pointues se dressèrent sur la tête de la créature translucide dont il ne représentait plus que le noyau.
Sai hurla lorsque les pattes griffues se refermèrent sur sa gorge avec les mains de Naruto, mais refusa de reculer, se débattant avec un acharnement qui tenait beaucoup de la folie furieuse.
Plongé dans une nouvelle empoignade meurtrière, les deux créatures roulaient à présent au sol, percutant les rares arbres encore debout dans la zone et les abattant dans un fracas de fin du monde. Leurs mouvements désordonnés s'ajoutaient à la nature dévastatrice de leurs chakras, qui se répandaient à plus de vingt mètres alentour en une atmosphère lourde de la sensation obscène de la mort et de la souffrance.
Malgré tout, Naruto se sentait lentement prendre le dessous de l'affrontement, même griffant et ruant comme un forcené, même si son adversaire était encore incapable d'utiliser efficacement ses capacités électriques ou élémentaires en combat rapproché. Au milieu de ce déferlement de coups, de grondements et de hurlements, il remarqua enfin, presque avec détachement, que la puissance de Sai avait cessé d'augmenter, étant manifestement arrivée à son maximum. Ca n'avait guère d'importance, cependant. Peu à peu, de coups de griffes en coups de crocs, la créature prenait le dessus, quoiqu'il fasse.
Et en lui, pour ne rien arranger, il sentait l'influence du Kyûbi grandir, le pressant, le poussant à chaque fois qu'il s'ouvrait un peu plus à lui. A ce rythme, qui pouvait dire à qui il céderait le premier ?
D'un coup de hanches, Sai sembla décider de régler définitivement la question, immobilisa brutalement Naruto sous lui et enserra sa gorge de ses mains, indifférent à la brûlure vive du chakra rouge sur sa peau et aux tentatives désespérées de sa victime pour se libérer. Ses pouces pressaient impitoyablement la trachée, faisant couler quelques gouttes de sang alors que ses griffes s'enfonçaient dans la peau.
Suffoquant, Naruto plongea ses yeux dans celui de la créature au-dessus de lui. Pendant un bref instant, aussi incroyablement que cela put lui paraître, il jura qu'il pouvait voir l'éclair d'une intelligence humaine traverser ce regard. Et ces yeux dorés semblaient dire, moqueur : 'Je connais ta plus grande peur. Je sais ce qui te terrifie, ce qui te terrifie vraiment, au point parfois de te réveiller en larmes au milieu de la nuit. Tu vas mourir parce que tu as peur, Uzumaki.'
Et il sut qu'il avait raison. Il avait peur, il était terrifié de sentir cette conscience grandir en lui et se débattre pour prendre le contrôle avant que le manque d'oxygène ne les tue tous les deux. Il lui avait ouvert trop de portes, sept sceaux déjà étaient libres. Et il savait que s'il devait mourir aujourd'hui, il lutterait jusqu'au bout pour l'emmener avec lui, même si le démon avait une chance de lui sauver la vie. Mais qu'adviendrait-il de Konoha, alors ?
Au cours de leur combat, ils s'étaient insensiblement rapprochés du village, et il sembla à Naruto qu'il pouvait voir les remparts, là-bas, à travers les arbres. Si il mourait maintenant, Sai dévasterait Konoha avant de crever à son tour, cela ne faisait aucun doute. Mais entre Sai et Kyûbi, lequel était le pire ? La question ne se posait pas vraiment…
Quelque chose de bleu sombre capta soudain l'attention vacillante de Naruto. Dans son esprit déjà au bord de la perte de conscience, deux yeux noirs semblèrent se graver comme au fer rouge. Là-bas, non loin, une silhouette bien connue se tenait sur une branche, ses yeux sombres fixés sur lui. Sasuke ne le quittait pas du regard, immobile, malgré les tentatives de Sakura et Tsunade de le pousser à faire demi-tour pour aller prévenir les ninjas du village. Que les Anbus soient prévenus ou non, il serait trop tard lorsqu'ils arriveraient ici, et non seulement Naruto serait mort, mais Sai serait de plus libre de ses mouvements et incroyablement difficile à tuer.
C'est ce que disaient ces yeux, en termes simples et parfaitement terre-à-terre, sans émotion particulière. Sasuke ne jugeait pas, Sasuke ne paniquait pas, Sasuke ne s'inquiétait pas. Sasuke le regardait, simplement, droit dans les yeux, comme si son meilleur ami ne risquait pas de mourir ou de se transformer en monstre sous ses yeux.
Si Naruto mourait, pourtant, en se tenant ici il serait l'un des premiers à succomber également à Sai, car dans son état il ne pourrait certainement pas se défendre. Malgré le manque d'oxygène, les poings de Naruto se resserrèrent encore autour de poignets de Sai. Il refusait totalement cette idée, il la reniait en bloc ! Après tous ses efforts, ses sacrifices, il était hors de question que Sasuke meure aujourd'hui !
Mais pourtant, que pouvait-il faire ? Sa seule solution était de donner un peu plus accès au Kyûbi, mais il courrait d'autant plus le risque de perdre totalement le contrôle sur la situation, ce qui serait pire que tout. Une image apparut dans son esprit défaillant : celle de Sasuke, mis à mort par ses propres mains. C'était l'une des évocations les plus fréquentes de ses cauchemars, l'une de celles qui le hantaient jusque tard dans la nuit et l'empêchaient de dormir de longues heures d'affilée. Ce jour-là, cependant, ce ne fut pas de la terreur qu'elle engendra en lui.
Ce fut de la rage.
Kyûbi voulait prendre le contrôle ? Qu'importe ! Il lui résisterait encore et encore, repousserait chacun de ses assauts, dompterait le démon et l'obligerait à rester derrière ses barreaux. S'il devait se battre contre deux adversaires à la fois pour sauver ce qui lui était cher, qu'il en soit ainsi ! Il se battrait, et il vaincrait, quelle que soit la trempe de ses ennemis ! S'ils pouvaient soulever des montagnes, il apprendrait à fendre la terre sous leurs pieds, et s'ils savaient déclencher des tempêtes, il les retournerait contre eux et les terrasserait par leur propre foudre !
Comme venu de très loin, il entendit le son mat de ses propres mains claquant l'une contre l'autre, une dernière fois. Il lui sembla que son front brûlait un bref instant, et quelque chose semblable à de la lave fondue parut se répandre dans ses veines. Il ne fut que faiblement conscient que ses poings se refermaient à nouveau sur les poignets de Sai et, lentement, très lentement, les éloignaient avec une fermeté implacable. L'oxygène parvint à nouveau à ses poumons à travers sa gorge douloureuse, et il se dégagea de l'être au-dessus de lui d'un puissant coup de rein.
Alors que son propre corps était jusqu'à maintenant resté extérieurement non affecté par le flux monstrueux d'énergie qui le traversait, ses mains et pieds arboraient à présent des griffes en lieu d'ongles, et il sentait ses canines pointer contre sa lèvre inférieure. Les marques en forme de moustaches sur ses joues s'étaient élargies et étaient plus prononcées que jamais, et alors qu'il relevait les yeux, il sut qu'ils étaient rouges.
Quelque part, très loin en lui, un hurlement de triomphe retentit. Sans même réaliser totalement ce qu'il faisait, Naruto le coupa net d'un rugissement d'autant plus retentissant qu'il ne résonna que dans son esprit, et c'est avec une volonté impitoyable qu'il résista à l'assaut du démon contre sa conscience, allant jusqu'à le repousser dans les tréfonds de son âme. Simultanément, il se jetait sur son second adversaire sans lui laisser le temps de se ressaisir. Avec une vélocité et une rage qu'il ne se connaissait pas, il l'assaillit et lui asséna coup sur coup, refusant de s'arrêter ou de ralentir ne serait-ce qu'une fraction de seconde.
Fonctionnant purement à l'instinct et à l'adrénaline, il martelait coup après coup, griffes, crocs, poings et pieds, se servant de ses queues comme de balanciers ou les utilisant pour entraver les mouvements de son adversaire. Vacillant, reculant pas après pas à chaque impact, Sai tentait vainement de soutenir un rythme qui le dépassait, se prenant bien plus de coups qu'il n'en parait. Avec un grognement de rage, il tenta un dernier assaut, visant la gorge de son attaquant.
Sans aucun effort, Naruto le dévia d'un mouvement machinal de l'une de ses huit queues. Et puis, profitant de l'ouverture béante dans sa garde, il frappa.
Les yeux dorés s'emplirent de surprise, et, lentement, glissèrent jusqu'à sa poitrine.
Il y eut un court instant de silence et d'immobilité, et puis la main ensanglantée de Naruto se dégagea presque doucement de sa cage thoracique. Entre ses doigts, une pauvre petite chose, organe vital dégoulinant de sang.
Son cœur.
Ses traits se figèrent d'incrédulité. Ses yeux se révulsèrent.
Et Sai s'écroula, presque avec réluctance, son corps à peine humain glissant une dernière fois dans l'herbe dévastée et imbibée de sang.
Il s'écoula un long moment d'immobilité presque irréelle, dans les bois dévastés à présent silencieux.
Après pareil déchaînement de violence et d'instinct meurtrier, la forêt elle-même ne semblait pas réaliser que tout était finalement fini. Une imposante balafre ouvrait maintenant ses flancs béants là où il n'y avait auparavant eu que des arbres, et le sol était jonché de troncs abattus et juchés les uns sur les autres au petit bonheur la chance. L'herbe était calcinée à de nombreux endroits, déracinée à d'autres, où de grosses mottes de terre gisaient là, projetées aux quatre points cardinaux. Déracinés aussi, les buissons de ce qui avait été un sous-bois.
Les animaux avaient tous fui depuis longtemps, terrorisés par ces manifestations contre-nature, et rien ne vint briser le manteau de silence qui s'abattait maintenant sur l'endroit. Il y avait une sorte de surréalisme à la vision de ces deux créatures soudain figées.
Il fallut plusieurs minutes à Tsunade, paralysée par la surprise, pour finalement se remettre du choc. Ses réflexes reprenant le dessus, elle bondit à bas de l'arbre sur laquelle elle avait trouvé refuge avec Sakura et l'Uchiwa, la progression du combat les ayant obligés plus d'une fois à changer de poste pour rester à bonne distance. L'Hokage se réceptionna maladroitement sur ses jambes encore tremblantes, mais se dirigea aussitôt vers les deux silhouettes au cœur de tout ce chaos.
Naruto la regarda approcher sans broncher, ses yeux rouges suivant chacun de ses mouvements avec une expression indéfinissable. Sa respiration était saccadée à l'extrême, mais il se tenait encore accroupi au même endroit qu'auparavant, enveloppé de son halo d'énergie écarlate, ses huit queues battant paresseusement l'air en un geste machinal dont il paraissait à peine conscient.
Tsunade sentit que les deux autres ninjas la suivaient de près, mais n'y accorda aucune importance. S'agenouillant près du corps difficilement reconnaissable de Sai, elle tendit par réflexe la main vers sa gorge. Aucun pouls ne battait sous la peau qui, déjà, paraissait froide au toucher. Plus aucun chakra n'émanait non plus de lui, plus aucune électricité sur les lames acérées de ses bras et jambes. Tsunade baissa les paupières sur deux yeux dorés ne fixant plus rien, vides de toute vie.
Sans un mot, elle releva la tête et se tourna vers Naruto. Croisant son regard, le porteur du Kyûbi parut finalement se détendre en recevant la confirmation qu'il attendait. Laissant enfin échapper un soupir de lassitude, il se tassa un peu plus sur lui-même et son visage se crispa sous l'effet d'un bref effort. La masse de chakra l'enveloppant s'agita un court instant sans raison apparente, puis, avec un sifflement aux airs de finalité, parut se scinder en huit quantités distinctes, qui se contractèrent et s'amassèrent avec force bouillonnements autour de leurs points d'origine respectifs. Bientôt, le chakra sembla pénétrer dans sa peau, y gravant au passage, comme au fer rouge, huit marques sinueuses. Finalement, l'éclat des sceaux diminua avant de disparaître tout à fait, et ils furent à nouveau tous refermés.
Deux yeux redevenus de ce bleu si profond adressèrent un faible sourire à Tsunade et Naruto entreprit de se relever.
Il avait à peine amorcé un mouvement que ses jambes cédèrent brutalement sous lui, le projetant à terre.
Sasuke fut aussitôt là, se jetant à genoux et refermant ses bras sur le ninja défaillant avant même qu'il ne touche le sol. Naruto se laissa aller contre son torse, haletant, et Sasuke ne tarda pas à percevoir les tremblements convulsifs qui le traversaient.
« Hokage-sama ! » s'exclama-t-il, une nuance de panique dans la voix alors qu'il resserrait un peu plus son étreinte, une peur irrationnelle s'emparant à présent de son esprit.
« Allonge-le, Uchiwa ! » ordonna la vieille femme d'une voix incisive, s'agenouillant précipitamment en face de lui. « Dépêche-toi ! »
L'Anbu s'exécuta instantanément, déposant son précieux fardeau sur la terre brûlée avec une douceur inusitée. Il nota avec une inquiétude grandissante que Naruto n'esquissait aucun signe de protestation et s'abandonnait totalement. Ses yeux étaient fermés et son visage crispé, et sa respiration irrégulière ne cessait de se bloquer dans sa poitrine, comme sous l'effet d'une vive douleur.
Tsunade se pencha vivement sur lui et enclencha l'un de ses jutsus médicaux, le front plissé par la concentration alors qu'elle tentait de maîtriser son chakra encore capricieux. Une main sur son bras, tendre mais persistante, força Sasuke à s'écarter de son meilleur ami. Il le fit avec lenteur et réticence, mais reconnut que la présence de Sakura était pour l'instant plus nécessaire que la sienne. Il n'alla cependant pas très loin et s'accroupit près de la tête de Naruto, fixant son visage d'un regard intense.
« Tsunade-sama… » souffla Sakura au bout de quelques instants, et la nuance troublée dans sa voix fit relever la tête à l'Uchiwa.
« Je sais » coupa son professeur. « J'ai vu. »
De la sueur perlait à son front, et elle paraissait extrêmement tendue.
« Qu'est-ce qui se passe ? » exigea-t-il de savoir, et ses ongles s'enfoncèrent dans ses paumes alors qu'il serrait les poings à s'en faire blanchir les jointures.
Sakura ne releva pas les yeux de ses propres mains appliquées contre le T-shirt copieusement déchiré et brûlé de Naruto, mais son visage se tordit brièvement d'angoisse, ce qui ne servit qu'à amplifier son appréhension.
« Peu importe à quel point il est doué en Fûinjutsu, le corps d'un humain n'est pas fait pour supporter de pareilles quantités d'énergie » répondit finalement Tsunade à la place de sa jeune apprentie. « De plus, le chakra démoniaque du Kyûbi est extrêmement corrosif et provoque des dégâts à tout ce qu'il touche. Naruto n'y fait pas exception : même si extérieurement, il ne semble pas souffrir de contrecoups particuliers, intérieurement, son corps a sévèrement morflé ! Ses canaux de chakra ont été gravement touchés et sont dans un sale état, et à travers eux, ce sont plusieurs organes importants qui ont été atteints, à commencer par le cœur ! »
« Mais vous pouvez l'aider, n'est-ce pas ? Vous pouvez le soigner ! »
« Ce n'est pas aussi simple que ça, Uchiwa » grogna-t-elle. « En temps normal, oui. Cela prendrait du temps pour une guérison complète, mais ce serait possible. Seulement, là… »
« Le chakra du Kyûbi continue de filtrer » reprit Sakura à sa place, une once de désespoir dans la voix alors qu'elle s'efforçait d'augmenter encore l'efficacité de son jutsu.
« Quoi ? C'est impossible, il a refermé tous les sceaux ! » s'écria-t-il.
« Et tu crois qu'on ne le sait pas ? » répliqua vertement Tsunade. « Pourtant, un faible filet de chakra continue de filtrer ! C'est probablement cette énergie résiduelle qui a toujours permis à Naruto de guérir plus vite que la moyenne jusqu'à maintenant, mais aujourd'hui, les défenses qu'il avait naturellement développées contre son aspect corrosif ont été complètement submergées. Au lieu de les guérir, c'est en train d'infecter ses blessures ! »
« Alors, bloquez-le, ce chakra ! » s'exclama-t-il, sentant la panique grandir dans sa poitrine.
« Tu nous as bien regardées, Uchiwa ? » lui cria Tsunade en réponse, à bout de nerfs. « D'après toi, qui d'entre nous, ici, est le seul spécialiste des sceaux de Konoha ? »
Sasuke serra les poings sans répondre. Frénétique, son regard parcourut l'espace vide autour d'eux, à la recherche de quelque chose, n'importe quoi. Au loin, en direction du village, quelques formes commençaient à se mouvoir, probablement une ou deux équipes d'Anbus envoyées en investigation. D'après les paroles de Tsunade, pourtant, cela ne changerait rien : une dizaine de medic-nins ne seraient d'aucun secours si l'état de Naruto continuait de se dégrader.
A l'opposé des ninjas approchant, de l'autre côté de la trouée, le regard de Sasuke accrocha finalement quelque chose, un objet si petit et si lointain à présent qu'il ne l'aurait pas remarqué si le soleil ne s'était pas reflété sur sa surface lisse.
C'était un morceau de céramique.
Se retournant soudain vers les deux femmes penchées au-dessus du shinobi blessé, le cœur battant dans sa poitrine en une étrange mélodie à mesure que sa peur se muait en rage, Sasuke attrapa Sakura par le bras et la tira sans ménagement, l'éloignant de Naruto avec brusquerie.
« Sasuke ! » s'écria-t-elle, indignée et incrédule, lorsqu'elle s'écorcha les genoux après s'être fait repousser d'un geste sec.
Tsunade releva les yeux de son ouvrage, surprise. Il ne lui laissa pas le temps d'émettre un seul commentaire et se pencha vivement pour attraper par les épaules le porteur de Kyûbi, qui donnait à présent tous les signes de l'inconscience.
« Naruto ! » appela-t-il, impérieux. « Je sais que tu m'entends, dobe. Reviens ici, usuratonkachi, tu n'as pas encore fini ta journée ! Allez, réveille-toi ! »
« Uchiwa ! Mais qu'est-ce que tu crois faire ? » fit Tsunade, incrédule.
Il l'ignora totalement et entreprit de hisser Naruto en position plus redressée, passant un bras autour de ses épaules pour le caler contre son torse.
« Debout, faignasse ! Tu m'entends ? Ouvre les yeux, Naruto ! »
A la stupéfaction sans cesse renouvelée de Tsunade, l'espace d'un instant, les paupières du jeune homme parurent frémir. Sasuke resserra un peu plus son étreinte, fixant un regard intense sur son visage. Finalement, répondant à son appel muet, les yeux papillotèrent à nouveau et, avec une lenteur atroce, consentirent à s'entrouvrir. Avec hésitation et tâtonnements, deux iris bleus vinrent enfin se planter dans les siens, semblant peiner à se concentrer sur lui.
Sasuke changea de position et le rapprocha encore de lui, comme s'il craignait qu'il ne disparaisse soudain dans ses bras.
« Naruto, écoute-moi ! » ordonna-t-il une nouvelle fois, le forçant à lui prêter attention. « Est-ce que tu peux recréer ton sceau de couverture, dobe ? Le sceau au dos de ton masque, celui qui s'est brisé ! » ajouta-t-il en avisant le faible froncement de sourcils confus du jeune ninja.
Ses yeux semblèrent encore perdre en netteté et Sasuke sentit sa tête retomber légèrement contre son épaule. Son cœur battant jusque dans sa gorge, il serra les dents et lui donna une brève secousse, souhaitant par-dessus tout qu'il ne retombe pas dans l'inconscience.
« Besoin… » vint une faible voix, presque inaudible, au point qu'il dut se pencher pour l'entendre. « Besoin… besoin support… base… »
Son esprit tourna en rond quelques instants, galvanisé par la panique. Un support ? De quel genre de support Naruto avait-il besoin pour ses sceaux ?
Instinctivement, il jeta un regard frénétique autour de lui, remarquant à peine la présence nouvelle d'une dizaine d'Anbus rassemblés en cercle autour d'eux, silencieux, Shizune agenouillée près de son professeur. Tous les regards étaient fixés sur lui et l'homme qu'il tenait dans ses bras, mais il n'y prêta aucune espèce d'importance, cherchant autre chose, tout autre chose…
Finalement, son regard se posa sur une silhouette familière et tout s'enclencha dans son esprit.
« Shino ! Mon masque ! » cria-t-il à l'imposant shinobi.
Une fois n'est pas coutume, l'Aburame parut presque sur le point de sursauter, mais il se ressaisit vite et s'avança aussitôt, se débarrassant rapidement de l'ample manteau des Anbus pour détacher un objet de l'arrière de sa ceinture. Par réflexe, en constatant l'absence des deux membres de son équipe, Sasuke et Neji, il avait profité de son passage chez chacun d'entre eux pour récupérer leurs équipements de base, envisageant qu'ils pourraient en avoir besoin immédiatement lorsqu'il les retrouverait.
Sans un mot, il jeta le masque aux motifs stylisés à son coéquipier, lequel le rattrapa d'un mouvement vif du poignet. Se penchant à nouveau sur Naruto, Sasuke le hissa lentement en position assise, manœuvrant pour s'agenouiller derrière lui de manière à ce que son torse soutienne le dos du ninja blessé.
« Allez, Naruto… » souffla-t-il, presque implorant, en posant le masque sur ses genoux, face intérieure vers le haut.
Naruto entrouvrit à nouveau les yeux et jeta un regard flou à l'objet.
« … sang… » murmura-t-il faiblement.
Comprenant aussitôt ce qu'il voulait dire, Sasuke leva la main droite de son meilleur ami à ses lèvres et entailla lui-même la peau de ses dents, laissant un faible filet de sang couler librement. Ramenant leurs mains jointes au-dessus du masque, il s'immobilisa et attendit. Au bout d'une ou deux secondes, Naruto bougea à nouveau, imprimant un léger mouvement à son poignet. Sasuke suivit l'impulsion à la lettre et pressa sur sa main, appuyant son pouce ensanglanté sur la surface de céramique et esquissant le premier trait.
Péniblement, avec lenteur, il suivit chacune des instructions muettes du jeune homme haletant, au bord de l'évanouissement, s'arrêtant et retenant son souffle à chaque fois que l'autre semblait sur le point de perdre conscience. Mais Naruto rouvrait toujours les yeux, avec opiniâtreté, même si il lui en coûtait un peu plus à chaque fois.
Finalement, ils achevèrent un étrange dessin circulaire auquel Sasuke ne comprenait goutte, agrémenté de courbes qui se croisaient et s'entremêlaient autour du tracé, quelques caractères qui lui étaient étrangers se faufilant dans les creux de l'image. Apparemment, cela parut satisfaire Naruto, puisque d'une secousse sèche, il lui demanda de ramener sa main vers sa poitrine.
Saisissant son implication, Sasuke dégagea son second bras de la taille de son ami, où il l'avait noué, pour saisir son autre main, et les joignit toutes deux devant eux. Du coin de l'œil, il aperçut le faible mouvement de Sakura, qui semblait presque vouloir les empêcher de continuer, mais n'en tint pas compte.
Entre ses bras, Naruto se raidissait déjà. Dans son état, et surtout celui de ses canaux, malaxer du chakra était extrêmement risqué, mais à ce stade il n'avait plus le choix : c'était le sceau ou rien. Au prix d'un effort si atroce qu'il manqua le refaire plonger définitivement dans l'inconscience, Naruto appela ses dernières réserves d'énergie.
« Tigre… » hoqueta-t-il, à bout de souffle, le visage crispé par la concentration et la douleur.
Obéissant, Sasuke l'aida aussitôt à esquisser le signe.
« Serpent… Chien… Serpent… »
Murmure après murmure, signe après signe, ils esquissèrent le sceau, Naruto malaxant au fur et à mesure son chakra pour lui donner la forme correspondante, priant avec ferveur son corps de lui obéir encore un peu, juste encore un peu, alors qu'il lui semblait que de la lave en fusion coulait à nouveau dans ses veines. Contrairement à l'ouverture de son huitième sceau cependant, cette douleur était durable, née de l'agonie de ses canaux de chakra au bord du déchirement.
« Singe ! » haleta-t-il enfin, alors que sa vision sombrait sous l'assaut des ténèbres qui le menaçait depuis de longs instants déjà.
Sasuke s'exécuta aussi vite qu'il le put, le sentant lui échapper, le sang battant dans ses tempes…
Une décharge de chakra projeta Naruto en arrière, le plaquant contre lui, et le porteur du Kyûbi ouvrit la bouche en un cri silencieux. Autour de ses bras, les marques noires qui symbolisaient ses sceaux parurent à nouveau se désagréger, quittant leurs modestes deux dimensions pour s'élever dans l'air en deux longues traînées jumelles, figurant deux jets d'encre s'incurvant gracieusement. Les six autres réagirent de la même manière, et Sasuke sentit le sceau fixé dans le dos de Naruto se faufiler entre leurs deux corps afin de rejoindre ses pairs. A l'unisson, les huit tentacules d'un noir d'encre entamèrent une courbe gracieuse au-dessus de leurs têtes afin de mieux retomber, se dirigeant toutes vers le masque dans lequel elles semblèrent se couler avec une grâce liquide.
La dernière particule d'énergie disparut, et instantanément le corps de Naruto s'affaissa, vidé de tout mouvement.
Tsunade se précipita et souleva le jeune homme hors des bras de l'Uchiwa, figé par quelque chose qui pouvait tout aussi bien être de la surprise que de la peur.
« Vite ! » cria-t-elle à ses deux élèves en l'allongeant précipitamment à terre.
Sans perdre un instant, elle enclencha un jutsu et passa ses mains luisant d'énergie au-dessus du corps.
« Il est stabilisé ! » s'exclama-t-elle un instant plus tard, triomphante. « Plus de temps à perdre, concentrez-vous sur les canaux de chakra autour des organes principaux, réparez les dégâts de votre mieux ! Les muscles déchirés peuvent attendre, mais il faut également rétablir les portes avant qu'il ne commence à récupérer son chakra ! »
« Oui ! » lancèrent solennellement Sakura et Shizune, s'agenouillant à l'unisson de l'autre côté de Naruto et joignant leurs efforts aux siens.
Reculant par réflexe pour leur laisser la place de manœuvrer, Sasuke resta un instant agenouillé là, comme sonné. Peu à peu, son cœur se calmait dans sa poitrine, et alors qu'il fixait les trois medic-nins penchées sur leur ouvrage, il commença seulement à réaliser ce qui s'était passé.
Ils l'avaient fait.
Naruto vivrait.
Ouf, ce chapitre m'a complètement mise sur les rotules ! Je suis bien contente d'en avoir fini avec lui. :) Une anecdote en passant, cependant : pendant que j'écrivais, l'une de mes coquilles m'a fait beaucoup rire. J'avais réussi à écrire que Naruto voulait garder Kyûbi derrière ses bureaux, en lieu et place de barreaux. Je ne sais pas si vous imaginez à quel point l'image mentale résultante m'a fait mourir de rire (bon, ok, c'était peut-être aussi la fatigue…)
A très bientôt (avec un peu de chance) dans l'épilogue ! (non, je ne verserai pas de larmes…)
