Chapitre 1
Un jeune homme aux cheveux noirs coupés au carré descend tranquillement la rue principale de la petite ville de Napolis, son regard rempli de détermination : il a l'air décidé à faire quelque chose. Mais quelle chose nous demanderiez-vous? Et bien, il s'est décidé à recruter des membres pour créer son gang. En effet, il venait de réussir l'épreuve de Polpo qui lui permet d'intégrer Passione, le plus grand groupe de la mafia italienne, et il avait ainsi obtenu le droit de former son gang.
Le jeune homme se nomme Bruno Bucciaratti. Il est plutôt connu à Napolis pour avoir le coeur sur la main, prêt à aider toutes les personnes en difficulté, ayant toujours le sourire aux lèvres. Ce qui le rendait très populaire auprès de la gente féminine qui voyait en lui l'homme idéal. Personne n'ose dire du mal de cet homme aussi doux que gentil. Il est respecté de tous, se servant de ses avantages de la mafia pour aider autrui.
Malgré cela, Bruno ne pouvait pas s'empêcher de se sentir seul. Il n'avait plus de famille sur qui compter en cas de besoin. Il n'avait jamais eu quelqu'un avec qui partager une quelconque affection, repoussant toujours l'idée de devenir proche de quelqu'un qu'il pourrait perdre comme il a perdu son père, étant enfant. Et ne parlons pas d'amour… Toutes les femmes qui avaient de l'intérêt pour lui ne voyaient que la surface, et ne cherchaient pas à savoir en profondeur qui est Bruno, ses peurs, ses doutes…
C'est le coeur lourd et l'esprit plein de rêves pour son futur qu'il descend la rue principale de sa ville, cherchant désespérément des membres pour les faire rejoindre son équipe. Mais personne ne semblait lui convenir : ils ne possédaient pas d'esprit assez fort, selon lui, pour survivre à l'épreuve de Polpo, et il n'avait pas envie de risquer la vie d'innocent inutilement.
Des cris, venant d'une ruelle non loin de Bruno, attirèrent son attention, il se penche un peu et observe ce qu'il se passe dans cette dite-ruelle. Bruno n'en croyait pas ses yeux : il avait devant lui le plus bel homme qu'il lui ait été donné de croiser dans sa vie. Un homme ayant à peu près son âge, habillé d'un uniforme de policier, avait l'air d'être en pleine arrestation. Il analysa la scène qui se déroulait devant lui et reconnut rapidement l'homme qui venait de se faire arrêter : il s'agissait d'un des plus gros dealers de Passione, réputé pour être un de ceux qui ne se font pas attraper facilement par la police.
Dire que Bruno était impressionné par son arrestation était peu dire: il n'arrivait tout simplement pas à décoller son regard de la scène et surtout du regard magnifique qu'avait le jeune homme qui lui avait tapé dans l'oeil. Deux magnifiques orbes violettes et dorées. Jamais il n'avait vu des yeux aussi beaux possédant des couleurs tout sauf communes ! C'était un plaisir de les admirer, il aurait pu le faire pendant des heures ! Il était tellement plongé dans sa contemplation qu'il n'avait pas remarqué que le policier commençait à avancer avec son prisonnier, jusqu'à ce qu'un chat errant fasse tomber le couvercle d'une des poubelles de la ruelle. Cela l'avait fait sursauter et réaliser qu'il n'était pas censé être là, et il eut juste le temps de s'éloigner de la ruelle sans que ça ne fasse suspect. L'objet de toute son attention passa devant lui sans le remarquer, décevant légèrement le brun qui n'avait maintenant plus qu'une idée en tête : tout faire pour retrouver cet homme qui faisait battre son coeur si vite ! Et pour cela, il devait savoir où travaillait et où habitait son bel éphèbe! Il prit son courage à deux mains, et se mit à le suivre.
Il enfourcha sa moto garée non loin et mit son casque, avant de poursuivre la voiture de fonction du bel inconnu. Le jeune policier n'avait pas remarqué la moto qui le suivait, trop occupé à surveiller son dealer sur sa banquette arrière. Il ne la remarqua pas non plus quand il s'arrêta au poste de police, occupé à appeler un de ses coéquipiers pour l'aider à amener son prisonnier en garde à vue dans une cellule du poste. Bruno s'était arrêté en face du commissariat et s'était installé à un endroit où il pourrait épier son aîné au travail sans être gêné. Il le trouvait de plus en plus séduisant au fur et à mesure qu'il l'observait. Il put découvrir les petites mimiques de l'homme quand celui-ci s'énervait. Il tomba encore plus sous le charme quand il le vit sourire à un autre policier, malgré le fait que son coeur se serrait à l'idée que ce sourire ne lui était pas adressé. Il rêvait que ce sourire lui soit offert, il en rêvait que ce bel inconnu sourit pour lui. Il pourrait se laisser mourir pour voir ce sourire lui être dédié, pour l'avoir rien que pour lui, même juste une seule journée.
Bruno pouvait entendre l'autre policier appeler, discernant le nom de Abbacchio dans leur conversation tant ils parlaient fort ensemble. Un nom qui convenait parfaitement à cet homme au regard de braise.
Le reste de la journée passa trop rapidement pour Bruno. Il aurait tellement voulu continuer à observer Abbacchio, Dieu, comme ce nom est parfait! pensait-il en l'épiant toute la journée, oubliant son objectif principal. Il se ressaisit quand il remarqua qu'Abbacchio saluait ses coéquipiers pour se diriger dans la direction opposée à la leur. Bruno remarqua aussi qu'il ne prenait pas de voiture pour rentrer chez lui : il doit certainement habiter dans les alentours du poste de police. Il le suivit donc, à pied, pendant cinq minutes, et ils arrivèrent devant un immeuble assez ancien, qui mériterait d'être mieux entretenu vu la beauté de la façade. Abbacchio rentre sans se retourner, laissant Bruno devant l'immeuble, puis ce dernier s'avance doucement, venant voir les noms des habitants de l'immeuble, devinant assez facilement son nom étant le seul suivi de l'initiale A. Leone A. Bruno sourit un peu plus, connaissant maintenant le nom complet de son futur cher et tendre.
Les jours qui suivirent, Bruno ne pouvait pas s'empêcher de suivre Abbacchio partout où il allait mais en restant toujours à bonne distance, juste au cas où. Malheureusement, malgré toutes les dispositions que Bruno prenait, Abbacchio avait bel et bien l'impression d'être suivi. Il finit par se retourner plusieurs fois sans prévenir et à chaque fois, il voyait quelqu'un se cacher rapidement, il ne voyait que des cheveux noirs et un costume blanc. Abbacchio décide de ne pas approcher la personne, se disant qu'il devait s'agir d'un dérangé qui suivait des personnes au hasard pour voir leur réaction. Mais quand il remarqua que la personne continuait de le suivre, même après plusieurs jours, il commença alors à s'inquiéter. Et si c'était un détraqué qui cherchait un moment où il serait seul pour l'attaquer ? Il restait donc sur ses gardes, prêt à riposter si l'homme tentait quoi que ce soit. Et s'il continuait encore, il devra aller faire une enquête dans le visionnage pour voir si les habitants savent quelque chose sur son harceleur.
Bruno, de son côté, avait compris qu'Abbacchio avait remarqué sa présence, bien qu'il essayait d'être discret et de s'habiller différemment chaque jour pour ne pas se faire plus repéré, enfin, c'est ce qu'il pensait. Mais Leone est quelqu'un de très prudent et observateur, et il avait bien compris le jeu de l'autre homme. L'objectif de Leone maintenant était de bloquer cet inconnu et de lui parler entre quatre yeux pour comprendre ce qu'il lui voulait vraiment. Mais c'était sans compter sur le fait que Bucciarati était malin et rapide, et Leone ne réussit pas à l'attraper, peu importe le nombre de courses poursuites qu'il y a eu, il n'avait jamais réussi à l'attraper. A chaque fois, son stalker disparaissait sans laisser de trace. Abbacchio en était dérouté, il ne savait pas quoi en penser : est-ce que ce stalker ne serait pas juste un fantôme qui le hanterait pour il ne sait quelle raison ? Cette situation le laissait perplexe… Et cette dernière course poursuite… Il en avait marre de courir après cet homme, et il se décida à passer à l'enquête de quartier. Au moins, il n'avait plus à courir mais à juste être patient avec le voisinage et il obtiendrait rapidement des informations. Enfin, c'est ce qu'il pensait...
Abbacchio n'obtient malheureusement rien de très concluant, l'homme était de la mafia mais personne ne voulait lui dire son nom. Cette enquête était peine perdue, après tout, tout le monde semblait vouloir le protéger. Ont-ils été payés par la mafia, ou l'homme était-il apprécié par les habitants qui vont jusqu'à le protéger des policiers?
Heureusement pour Bruno, Abbacchio dut arrêter sa petite enquête de quartier, interpellé par un bruit suspect dans une ruelle. Il avança doucement vers la dite ruelle, et remarqua la présence de deux personnes, dont un très jeune. Le plus jeune, ayant remarqué la présence du policier, prit rapidement la fuite, laissant seul la deuxième personne qui se révéla être un dealer.
Encore un, pensa Abbacchio en s'approchant de lui. L'homme se retourne vers Abbacchio avec un sourire, tenant une belle liasse de billets en main.
"- Oh, bien le bonjour, Monsieur l'agent ! Quel bon vent vous amène ? Il ne se passe rien d'illégal dans cette ruelle, vous savez ?
L'homme agite la liasse sous le nez d'Abbacchio avant de le glisser dans sa poche d'uniforme, laissant le policier sans voix. Abbacchio venait-il de rêver ou cet homme essayait de lui verser un pot de vin pour son silence ? C'est la première fois que ça lui arrive, et il ne savait pas quoi faire.
- Rien qui pourrait vous retenir ici, voyons…, finit le dealer avant de partir tranquillement dans la direction opposée à celle d'Abbacchio."
Abbacchio resta abasourdi encore une minute, regardant l'argent qu'il avait dans sa poche. Il ne savait pas comment réagir, se sentant inutile dans ce monde où la corruption était partout. Il avait l'impression de devoir faire le mouton et suivre le troupeau bêtement.
Bruno, de son côté, avait observé la scène d'un oeil attentif, espérant revoir un exploit de son bien aimé. Mais il se sentait triste après cela… Triste qu'Abbacchio n'ait pas tenté de se débarrasser de l'argent et donc d'arrêter ce dealer qui faisait trop de mal chez la jeune génération. Et maintenant, le policier ne pourrait plus rien faire s'il venait à croiser à nouveau le dealer. Il venait d'être acheté pour garder le silence après tout. Un peu déçu, Bruno décida de partir, laissant tomber son observation de son aimé pour la journée.
Bruno rentre chez lui, toujours un peu déçu par la réaction d'Abbacchio. Il allait laisser passer deux-trois jours avant de reprendre son observation mais de manière moins intensive. Quand il la reprit, il arrivait de temps en temps que Bruno perde la trace d'Abbacchio car il n'était pas assez attentif, pensant toujours à cette scène dans la ruelle. Et malheureusement, un jour, Bruno perdit Abbacchio et son collègue de vue, lors d'une de leur patrouille. Alors qu'il le cherchait, il entendit un coup de feu venant d'un peu plus loin, plus précisément d'une maison de la rue où il se trouvait. Bruno s'avance à peine qu'il entend les pleurs de Leone et se fige. Ce dernier appelait le nom de son collègue en boucle, alors que le mafieux qui lui avait versé le pot de vin disparaît rapidement, laissant Abbacchio seul avec son coéquipier mort dans ses bras. Le jeune homme s'approcha doucement, mais il s'arrêta, hésitant à poursuivre quand il fut proche. Comment Abbacchio allait-il prendre le fait qu'il n'était pas loin, et qu'il n'a rien pu faire pour l'aider à essayer d'éviter la mort de son coéquipier ? Coéquipier dont il avait l'air très proche… Combien de fois les avait-il vu rire ensemble à une blague ou seulement prendre un verre au bar du coin? Trop souvent à ses yeux… Bruno se sentait tout aussi mal que Abbacchio, ayant beaucoup d'empathie. Il se décida à quitter les lieux sans parler au jeune policier, voulant le laisser faire son deuil correctement. Il avait l'impression que sa présence ne l'aiderai pas… Il irait lui parler une fois que l'intéressé irait mieux. Enfin, c'est ce qu'il espérait. Mais souvent, ça ne se passe pas comme on le souhaite…
Il avait attendu une semaine avant de chercher à prendre des nouvelles d'Abbacchio, et ce qu'il avait appris lui faisait peur. Le policier avait démissionné de son boulot, il ne rentrait plus chez lui, et il buvait jusqu'à s'enivrer pour tenter d'oublier. Bruno était très triste pour lui, maintenant qu'il n'avait pas l'air de vouloir continuer de vivre, Bruno se devait d'intervenir et de lui proposer une place dans son équipe, même si Leone refusait, Bruno aurait au moins essayé… Et s'il refusait, il allait essayer de faire en sorte qu'il aille mieux et qu'il ne plonge pas de plus en plus dans la dépression… Il ne supporterait pas de le voir comme ça, brisé… Il ne serait plus l'homme qu'il avait appris à aimer… Et ça le tuerait de l'intérieur...
Bruno prit donc son courage à deux mains, enfilant son plus beau costume et prenant son parapluie au vue du temps dehors. Un temps qui correspondait à ce que ressent Abbacchio depuis quelques jours : tristesse, désespoir… Bruno sort de son restaurant favori, ouvrant son parapluie et marchant calmement vers l'endroit où Abbacchio avait l'habitude de décuver : la maison où son coéquipier avait perdu la vie. Bruno s'arrête devant la bâtisse, voyant Abbacchio s'avancer vers la porte déjà ouverte, une bouteille à la main, il avait vraiment une sale mine. Bruno relève doucement son parapluie, pour mieux le voir et le détailler, se demandant comment l'homme, qu'il admirait secrètement, avait pu tomber aussi bas. Il était blanc, l'air cadavérique, ses cheveux avaient poussé et n'étaient pas soignés comme il le fallait, et ses vêtements étaient sales et boueux.
"- Abbacchio, c'est bien ça ?
Le plus âgé lève son regard vers Bruno, se demandant ce qu'il lui voulait, gardant toujours ses distances avec l'autre qui se trouvait sur le trottoir d'en face. Sa tenue lui semblait familière mais il ne savait plus où il l'avait vu.
- Abbacchio, ce qui est important, ce n'est pas le résultat final. C'est le chemin que tu empruntes pour y arriver…
Abbacchio le regarde, toujours silencieux, alors que Bruno baisse son parapluie et le ferme malgré la pluie qui tombait sur leurs corps. Malgré son état, Leone finit par reconnaître l'homme devant lui comment étant son stalker, mais il ne le releva pas à haute voix.
- Rejoins mon équipe. Ne meurs pas, écrasé sous le poids de ton passé.
Abbacchio réalise rapidement ce que Bruno voulait dire, regardant derrière lui, il s'agissait de l'endroit exact où son collègue était décédé, Leone se souvenait de son passé en restant enfermé ici. Il finit par se résigner, déposant sa bouteille de vin vide au sol, touché par les paroles de Bruno, regardant dans la direction de ce dernier qui lui offrait un petit sourire, heureux de connaître sa décision, sans qu'il ait eu besoin de s'exprimer à voix haute.
-Bienvenue dans mon équipe, Leone Abbacchio."
