Chapitre 2


Cela faisait un mois qu'Abbacchio avait rejoint, clandestinement, l'équipe de Bruno. Un mois difficile autant pour Abbacchio que pour Bucciarati. Avec la désintoxication de Leone et les colères dues au manque, le craquage est arrivé plusieurs fois chez les deux hommes. Un mois compliqué, mais Abbacchio s'en était sorti, soulageant Bucciarati. Il avait juste gardé ses cheveux longs, pour le plus grand plaisir de Bucciarati qui trouvait que cette coupe le rendait plus séduisant.


Bruno était actuellement installé dans son restaurant favori, une tasse de thé à la main. Il était très nerveux. Maintenant qu'Abbacchio allait mieux, il pouvait passer l'épreuve de Polpo pour rejoindre, officiellement, le gang, et cela inquiétait le brun. Il n'avait aucune idée d'en quoi consistait l'épreuve de Leone (Polpo aimait changer les épreuves au gré de ses envies), et il n'avait aucun droit de lui parler durant les 24 heures de l'épreuve. Il ne restait même pas une heure avant de connaître le résultat. Il croisait les doigts pour que son aimé survive et lui revienne, sans blessure de préférence.

L'attente fut très longue pour Bruno, il avait du mal à contenir son anxiété et à garder la tête froide quand il s'agissait d'Abbacchio. Plus le temps passait à ses côtés, plus il l'aimait, même s'ils ont vécu des moments difficiles ensemble. Ca leur a permis de se rapprocher, à un point où ils étaient devenus inséparables. Bruno pouvait enfin voir le sourire de Leone lui être adressé et ça le remplissait de bonheur.

La dernière heure était la plus longue et la plus pénible pour Bruno. Il avait confiance en Leone, il savait qu'il pouvait y arriver s'il ne faisait pas sa tête de mule. Il allait prier pour que Polpo soit indulgent avec Abbacchio et tout se passerait bien.

Ce n'est que lorsqu'il entendit la clochette de l'entrée du restaurant se mettre à sonner et qu'il leva la tête pour croiser le regard d'Abbacchio qu'il se détendit. La peur venait de s'envoler pour laisser place à la joie de revoir son bien aimé vivant et en un seul morceau. Un sourire apparut immédiatement sur le visage de Bruno, un sourire qui montrait son soulagement. Abbacchio avait bien compris que Bucciarati avait été très inquiet pour lui ces dernières 24 heures, ça le touchait malgré le fait qu'il ne le montrait pas.

"Comment ça s'est passé?

- Ca s'est très bien passé Bucciarati, cette épreuve n'était pas très compliquée.

- Le principal, c'est que tu sois revenu en entier. Maintenant, il faut découvrir les pouvoirs du stand que tu viens d'obtenir et le nommer.

- Oh, oui… Cette entité qui apparaît quand j'en ai besoin ? Je le trouve un peu… étrange…

- Ils sont tous uniques et ont leur pouvoir, il lui faut un nom pour qu'il vienne à l'appel de son nom.

- Comme un chien quoi ?

- On peut dire ça, mais ce n'est pas un animal de compagnie ! Il est une partie de toi-même et il est là pour t'aider en mission. Bien, cela étant dit, tu as faim ?

- Euh… Oui, j'étais trop concentré sur ma mission pour penser à manger…"

Bruno lui sourit, l'invitant à s'asseoir à ses côtés avant de commander des spaghettis au serveur qui passait près de lui. Abbacchio vient s'asseoir à côté de lui, attendant patiemment et silencieusement, n'étant pas très doué pour faire la conversation en présence de Bruno. Pas que Bruno le mettait mal à l'aise, c'était même tout l'inverse. Mais il ne savait pas comment agir en sa compagnie, il avait toujours été très gentil et attentionné envers lui. C'était la première fois que quelqu'un s'inquiétait réellement pour lui, qu'on le voyait lui et non l'ancien policier qui était une façade. À cette constatation, une bouffée de chaleur monta en lui et un sourire apparut sur son visage. Il avait vraiment pris la meilleure décision de sa vie en suivant Bucciarati.


Plus tard dans la journée, Bruno avait dévoilé son Stand à Abbacchio et Leone avait montré le sien à Bruno. Après quelques coups échangés, il était clair que le Stand de Abbacchio n'était pas fait pour le combat ou en tout cas, pas pour le combat rapproché. Ils découvrirent rapidement le pouvoir que recelait le Stand de Leone. Bruno le trouvait bien pratique mais Abbacchio n'avait pas l'air d'être de son avis, n'ayant pas l'air d'aimer vraiment son Stand. Vu que ce dernier représentait la partie de lui qui revivait son passé en boucle, il décida de le baptiser "Moody Blues" en référence aux émotions qu'il ressentait en pensant à son passé encore si douloureux. Quand il annonça le nom qu'il avait donné à son stand, Bruno acquiesça, le trouvant parfait.


Depuis cette fameuse journée, les deux hommes avaient un nouveau train-train quotidien, jonglant entre les entraînements d'Abbacchio et les missions. Ils avaient pris l'habitude de manger au restaurant préféré de Bucciarati au moins une fois par jour, quand Abbacchio n'avait pas le temps de cuisiner pour lui et Bruno.

Donc, un jour où ils mangeaient ensemble le midi dans ce fameux restaurant, Abbacchio s'absenta pour aller aux toilettes. Bruno poursuivait son assiette, attendant déjà impatiemment le retour de son bien aimé. Il adorait toujours ce moment où ils n'étaient qu'à deux, dans le calme, et où ils profitaient de la présence de l'autre. Ils ne pouvaient pas se l'avouer mais leurs sentiments réciproques grandissaient de jour en jour. Bruno était perdu dans ses pensées quand un serveur se mit à courir après un jeune adolescent qui venait de sortir du restaurant sans payer. Il regarda la scène et surtout le jeune garçon, un peu étonné de voir ce genre de comportement ici.

"Sale garnement! Tu vas payer tout de suite ce que tu viens de manger!"

L'adolescent regarda le serveur tout en se débattant. Bucciarati avait très bien remarqué que le blond devant lui n'avait pas les moyens de payer. Il prit la décision de le faire à la place de l'adolescent. Il se leva pour se diriger vers le serveur afin d'annoncer sa décision. Celui-ci parut embarrassé d'avoir fait une scène pareille devant ses clients, et il accepta rapidement le choix de Bruno. Son poste et sa réputation, et celle du restaurant par la même occasion, étaient en jeu. Bucciarati n'eut pas le temps de discuter avec l'adolescent qui s'était rapidement enfui quand il avait compris qu'il venait d'être sauvé. Le brun soupira, et se réinstalla à sa place. Abbacchio revint s'installer à table peu de temps après et il remarqua que son coéquipier était à nouveau dans ses pensées.

"Bucciarati? appela-t-il.

-Hmm?

-Il s'est passé quelque chose? Tu es dans tes pensées et tu fronces les sourcils."

Bruno leva les yeux pour croiser ceux d'Abbacchio. Il y vit de l'inquiétude. Il soupira et raconta la scène qui venait de se dérouler. L'ancien policier comprit rapidement ce qui tracassait le brun.

"Tu ne veux pas le laisser tomber c'est ça?

-Tu me connais bien… Je ne peux pas le laisser continuer à voler pour se nourrir. Il a besoin d'aide. Et pour cela..

-Tu veux le faire rejoindre le gang.
- C'est une possibilité… Enfin, il faut qu'il soit assez solide pour l'examen de Polpo…

- Vas lui parler, déclara Abbacchio. Tu as besoin d'en être sûr. Et de toute façon, il faut lui demander son avis avant.

- Maintenant ? demanda Bruno, un peu surpris par la spontanéité inhabituelle de Leone.

- Oui. Tu veux attendre qu'il se soit évaporé dans la nature pour le chercher ? Je te préviens, si tu le laisses partir, tu te débrouilleras pour le chercher, je ne t'aiderai pas!"

Abbacchio vit tout de suite la décision de Bruno. A l'intérieur, il jubilait. Il connaît très bien celui qui l'a sauvé, et il sait qu'il n'allait pas abandonner quelqu'un dans le besoin.

"Vas-y, je vois que tu n'en peux plus d'attendre. Je vais payer, ne t'inquiète pas avec ça, alors fonce."

Bruno ne se retient plus et se lève de sa chaise rapidement, l'air déterminé. Il s'empresse de quitter le restaurant sous le regard baladeur et appréciateur de Leone. Bruno s'empresse, donc, de descendre la rue, cherchant à l'aveugle le jeune blond qu'il avait vu plus tôt. Après avoir questionné quelques personnes et fait quelques fois le tour du quartier, il finit par tomber sur lui dans une ruelle. Le jeune blond lisait un livre, adossé à un mur, puis il lève son regard vers Bruno, l'ayant vu s'approcher du coin de l'oeil.

"- Qu'est-ce que vous me voulez ?! Je ne vous remercierai pas pour tout à l'heure si c'est ce que vous attendez !
- Je ne suis pas venu pour ça… Quel est ton nom ?
- Eh ? Pannacotta… Pannacotta Fugo ? Pourquoi ?
- Fugo… J'aimerais que tu rejoignes mon gang ! Je pourrais t'avoir un revenu, une habitation et une famille… Rejoins mon gang, Fugo ! Je te promets que tu t'y sentiras à ta place ! J'ai besoin de toi !
- Je... Je ne peux pas accepter… Je suis un monstre, rempli de colère… Je ne veux pas attaquer à nouveau quelqu'un, je ne veux pas perdre le contrôle! Pourquoi je suis seul à votre avis!? Au moins, je ne blesse personne.

- Je t'assure que ta colère peut devenir ta force si tu apprends à la dompter et la surmonter ! Tu seras encore plus fort et tu pourras protéger les personnes auxquelles tu tiens au lieu de les blesser. Et je peux t'aider Fugo. Enfin, on peut t'aider, moi et mon coéquipier.

- Je ne tiens à personne ! Ils finissent tous par souffrir par ma faute ! Mais… Je veux bien travailler sur ma colère…

- Ta colère est ta meilleure arme et dans mon gang, tu pourras la contrôler et l'utiliser pour aider autrui. Rejoins mon équipe, Fugo !"

Fugo hésite quelques instants avant d'accepter la proposition de Bruno, n'ayant plus grand chose à perdre. Il avait l'impression qu'il pouvait faire entièrement confiance à l'homme devant lui. Bruno l'emmène au restaurant. Abbacchio l'attendait devant la bâtisse. Leone ne put s'empêcher de sourire en voyant que Bruno avait réussi à convaincre le jeune garçon. Et connaissant son coéquipier, il n'avait eu aucun doute sur sa réussite.

Bruno et Fugo rejoignent donc Abbacchio et ils se mettent en route après de brèves présentations. Fugo, n'étant pas dupe et ayant plus de jugeote que ses deux nouveaux camarades, avait très vite compris ce qu'il se passait entre eux, bien qu'ils semblaient tous les deux aveugles à l'affection qu'ils se portaient l'un à l'autre. Fugo était désespéré en les voyant, se demandant combien de temps il allait leur falloir pour comprendre que leurs sentiments sont réciproques.

"Espèce d'idiots aveugles, murmura-t-il à lui-même."