Chapitre 3
Cela faisait une semaine que Fugo avait rejoint l'équipe et à peine quelques jours plus tard, il s'était présenté à Polpo pour passer son examen pour entrer à Passione. Il l'avait réussi avec brio et avait obtenu son Stand qu'il baptisa "Purple Haze". Un stand qui reflète sa colère.
Le jeune homme était désespéré depuis sa rencontre avec ses deux camarades. Combien de fois en une semaine a-t-il pu remarqué les regards énamourés que se lançaient les deux hommes sans que l'autre ne le remarque ?
"Toujours aussi aveugles ces deux-là…Il faudrait faire quelque chose pour qu'ils le remarquent, mais quoi? pensa-t-il au fond de lui, ne pouvant pas supporter cette situation plus que dérangeante et niaise à ses yeux."
Les yeux de Fugo tombent alors sur le journal de la veille qui traînait là, parlant d'un homme qui esquive les balles aisément. Intéressé par ce fait, il se mit à lire l'histoire racontée par l'article. L'homme avait voulu protéger une jeune femme et avait donc abattu un homme en esquivant agilement les coups de feu de l'agresseur. Le sauveur a donc été arrêté, jugé et emprisonné pour avoir tué un homme, alors qu'il ne faisait que protéger quelqu'un.
Cette injustice énerva Fugo, qui frappa du poing sur la table, faisant sursauter ses deux collègues qui le regardent, inquiets.
"- Tout va bien Fugo ? demanda Bruno avec une mine inquiète.
- Il y a un homme qui a été jugé alors qu'il n'avait pas de mauvaises intentions…
- Oh ? Cet homme-là ? Je suis allé le voir ce matin ! J'ai réussi à faire pression pour le faire sortir… Il ne méritait pas d'être enfermé après avoir fait ce qu'il lui semblait juste…
- Il va faire quoi maintenant ?
- Je lui ai dit de nous rejoindre ici dès qu'il serait libéré ! Il devrait bientôt arriver !
- Quoi ?! Tu ne m'as jamais dit ça Bucciarati ! s'exclama Abbacchio.
- J'ai dû omettre quelques informations...?
- C'est l'information la plus importante ! Comment as-tu pu omettre l'élément le plus important !?
- Ca m'était sorti de la tête, voyons ! Il n'y aura aucun problème ! C'est quelqu'un de bien !
- Et comment tu veux que je le sache ? Je ne l'ai jamais rencontré ce type !
- Tu …"
Fugo soupira, se cachant derrière son journal, ayant l'impression d'assister à une dispute de vieux couple. Malheureusement, caché derrière son journal, il n'a pas vu arriver le futur problème du couple pas-encore-formé-et-ça-commence-à-être-long. Son futur collègue entre donc dans le restaurant, se dirigeant vers Bruno avec un grand sourire de tombeur. Il s'installe à côté de lui, la mâchoire d'Abbacchio se serre. Fugo pouvait même entendre les dents grincer de rage. Mais cela fut pire quand le nouveau venu se rapproche un peu plus de notre cher Bruno.
"- Comment tu vas Bucciarati ?! Merci de m'avoir fait sortir ! Je te le rendrai au centuple~
- C'était tout naturel, Mista ! Tu n'as pas à me remercier ! Les garçons, voici Guido Mista ! Mista, voici Leone Abbacchio et Pannacotta Fugo ! Ce sont mes partenaires !
- Enchant-"
Le nommé Mista bugue un instant, se mettant à compter le nombre de personnes à table, il se sentait assez mal tout à coup.
"- Mista, tout va bien ? demanda Bruno en se penchant vers lui, voyant qu'il tournait de l'oeil."
Abbacchio n'aimait pas trop leur proximité, reculant un peu Bruno de Mista.
"- Laisse-lui un peu d'air ! Arrête de le coller !
- Nous… Nous sommes… Qua… Quatre ?! C'est très mauvais signe ! Il va arriver un malheur ! dit-il en divaguant, se tenant la tête.
- Oh ? Il faudrait qu'on ne soit pas quatre, j'imagine ? Euh… Je-
- C'est bon ! Je vais faire un tour, je vous laisse tous les trois. J'ai besoin d'air ! déclare Fugo avant de poser son journal et de quitter la table, les mains dans les poches. À quand la tranquillité !?"
Il avança dans les rues de Napolis, énervé par les trois hommes. Voilà que Bucciarati amenait une nouvelle source de problème! Il s'arrêta d'un coup : et si ce Mista était le déclencheur ? Les deux aveugles allaient peut-être enfin ouvrir leurs yeux ! Un sourire diabolique apparut sur le visage du jeune homme. Il se disait qu'il allait peut être aider le nouveau dans sa conquête du coeur du Bucciarati. Peut-être qu'Abbacchio allait enfin réagir si Mista réussissait là où il n'avançait pas ! Il reprit sa route, réfléchissant à des plans pour faire bouger tout ça, quand tout à coup, il remarqua un adolescent qui venait dans sa direction. Le blond vit alors que le garçon avait un oeil qui semblait infecté. Cela semblait douloureux, mais le garçon n'avait pas l'air de s'en plaindre. Semblait-il si fort parce qu'il était en présence d'étrangers dans les rues ? Ou alors il ne sentait plus la douleur tellement elle lui était devenue familière ? Dans les deux cas, c'est triste. Un enfant ne devrait pas subir cela. Fugo se dit qu'il devait vraiment aller lui parler. Il n'avait aucune arrière pensée, il ne cherchait pas à recruter de nouveaux membres (c'est le boulot de Bucciarati après tout). Il voulait juste faire connaissance avec cet adolescent, et voir s'il pouvait l'aider concernant son oeil.
Fugo s'approche calmement du jeune garçon, ce dernier s'était arrêté et s'était mis à fouiller une poubelle pour trouver de quoi manger. L'adolescent n'avait donc pas vu Fugo s'approcher, ayant le nez dans les poubelles.
"- Excuse moi, Jeune homme ? l'interpelle gentiment Fugo, faisant sursauter le plus petit qui se tourne vers lui, inquiet de s'être fait attraper. Ne t'inquiète pas, je ne te veux aucun mal, je veux juste discuter avec toi.
- Vous me voulez quoi ? demanda-t-il, méfiant.
- Juste discuter… Je m'appelle Pannacotta Fugo et toi ? répondit-il avec un petit sourire, voulant le mettre en confiance, après tout s'il lui voulait du mal, ça serait fait depuis longtemps.
- Narancia… Narancia Ghirga.
- Enchanté, Narancia ! Qu'est-ce que tu fais là ? Si ce n'est pas indiscret ? Tu ne devrais pas à l'école ou quelque chose du genre ?
- Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Et je vous retourne la question ? Vous avez l'air jeune aussi ?
- Je suis peut-être jeune, mais je suis diplômé, moi. Et je m'inquiète de voir des personnes aussi jeunes que toi dans les rues alors qu'ils ne devraient pas y être. Et ton oeil… ce n'est pas normal qu'il soit dans cet état. Je devrais t'amener voir un médecin, il pourrait faire quelque cho…. raconte Fugo avant que Narancia le coupe, secouant la tête.
- Non ! Non ! Non ! Pas le médecin ! Mon oeil va bien ! Je n'ai pas besoin de soins !
- Je vois très bien que ça ne va pas! Si tu n'as pas d'argent, je peux payer, il n'y a aucun soucis ! J'ai les moyens pour….
- Hors de question ! Je ne veux pas de votre pitié ! Je sais me débrouiller seul ! Je suis grand ! s'exclame Narancia en lui tirant la langue avant de croiser les bras, vexé par le fait qu'il est pitié de lui."
La colère commença à monter chez Fugo. Il en avait marre que ce gosse insolent devant lui refuse son aide ! À sa place, les autres auraient accepté rapidement ! Mais non, il fallait qu'il tombe sur le seul gosse qui en a vraiment besoin et qui refuse ! Sa patience envolée, il assomma Narancia et le mit sur son épaule: il avait décidé de l'emmener voir Bruno. Après tout, Bucciarati a plus de patience que lui, il pourra le gérer sans trop de mal.
Le trajet vers le restaurant se déroula sans encombre. Les passants les dévisageaient, mais en voyant l'état de Narancia, ils ne disaient rien, pensant que le gosse s'était évanoui sous le coup de la douleur. Alors qu'ils n'étaient plus si loin du restaurant, Fugo repensa à ce qu'il s'était déroulé plus tôt dans la journée. Il espérait qu'Abbacchio n'ait pas tué Mista sous le coup de la jalousie ! Si Mista était toujours en vie, en demandant de l'aide à Bruno, il allait forcer Abbacchio et Mista à rester seuls l'un avec l'autre. Ils allaient sûrement essayer de s'arracher la tête. Fugo soupire déjà à l'idée. Cette histoire était d'un compliqué ! En espérant que ces deux aveugles allaient enfin ouvrir les yeux, il commençait à en avoir marre alors que cela ne faisait qu'une semaine qu'il les connaissait !Il n'était définitivement pas l'homme le plus patient du monde et il ne le serait sûrement jamais !
Alors qu'il arrivait devant le restaurant, il sentit que Narancia était en train de se réveiller. Il entra et s'approcha du groupe qui était encore présent, et installa le jeune garçon sur une chaise, sous les regards surpris des personnes présentes. Bruno se relève d'un coup, venant observer Narancia, inquiet de son état.
"- Fugo, c'est toi qui lui a fait ça ?!
- Je ne suis pas un monstre qui frappe plus faible que soi Bucciarati ! Je ne suis peut-être pas la patience incarnée, mais je ne vais pas frapper un gosse pour le plaisir !
- Qu'est-ce qu'il a à l'oeil, alors ? lui demande-t-il alors qu'il s'accroupit devant Narancia, qui émergeait doucement.
- Je ne sais pas, il ne m'a rien dit. Il refuse à aller voir un médecin, même quand je lui ai proposé de payer ses soins.
- Je vois… Quel est son nom ?
- Narancia Ghirga. C'est la seule information que j'ai pu tirer de lui.
- ll faudra vraiment aller faire soigner cet oeil Bucciarati, déclara Abbacchio. C'est en train de s'infecter, et il risque de le perdre rapidement si on ne fait rien."
Narancia ouvre doucement les yeux, et sursauta en voyant Bucciarati devant lui, il regarde partout autour de lui et ne reconnaît que Fugo. Il se mit à paniquer, alors que Bruno était en train de tenter de l'apaiser, en vain. Il fallut que Fugo s'approche et lui lance un regard bienveillant pour qu'il se détende même s'il restait sur ses gardes.
" - Tu n'as pas à t'inquiéter, déclara Bucciarati. On ne te veut aucun mal.
- Qui êtes-vous ? Et qu'est-ce que vous me voulez, alors ? Vous êtes des malades qui s'en prennent aux jeunes garçons, c'est ça ?!"
Abbacchio éclata de rire à cette accusation, surprenant les autres. C'était la première fois qu'ils entendaient Leone rire. Bucciarati, en son fort intérieur, était heureux d'entendre ce rire qui lui avait manqué et il laissa un sourire naître sur son visage. Alors que Narancia les regarde incrédule et toujours un peu inquiet.
"- Hey ! Répondez-moi au moins !
- Je t'imagine tellement pas en kidnappeur d'enfant Bucciarati, déclara Abbacchio qui était en train de se calmer. Tu es bien la dernière personne capable de faire ça !
- Bien sûr… Je ne te ferai pas de mal, Narancia ! Nous voulons juste t'aider pour ton oeil… Son état est très inquiétant, et Fugo a jugé bon de te ramener ici, qu'on puisse t'aider à le soigner…
- Je ne veux pas, qu'est-ce qu'il y a de compliqué à comprendre !? demanda Narancia en regardant Fugo.
- On ne peut pas te laisser comme ça, Narancia ! Nous nous devons de t'aider ! Tu souhaites vraiment mourir de cette infection stupide ?! demande Fugo, perdant son sang-froid, face à ce gamin ignorant.
- En quoi ça vous dérange ? Vous ne me connaissez même pas ! Et je ne vous ai rien demandé, laissez-moi tranquille !
- Bien, vas-y ! Vas cre- !
- Du calme, Fugo… le coupe Bruno, n'aimant pas qu'on élève la voix en sa présence.
- Mais, Bucciarati…
- Je sais que tu t'inquiètes mais ce n'est pas en t'énervant que tu vas l'aider. Bon, Narancia, et si tu nous expliquais pourquoi tu refuses ?
- Les médecins ne peuvent rien faire, je le sais, je l'ai vu. Ma mère a eu la même chose et ils n'ont rien pu faire ! Alors, ça ne sert à rien de vouloir dépenser son argent pour un cas désespéré. Je me suis déjà préparé à mourir de toute façon."
Une grande tristesse envahit Bucciarati. Il n'aimait pas voir les enfants dans le même état que Narancia. Un enfant doit vivre pleinement sa vie et ne pas penser à la mort ! L'ambiance à table était devenue morbide suite à la dernière phrase de Narancia. Fugo avait vraiment envie de lui botter le cul pour lui redonner goût à la vie, mais c'était encore une fois laisser sa colère parler et il ne voulait pas faire de mal à Narancia de toute façon. Surprenamment, Abbacchio se leva de sa chaise, s'approchant de Narancia, et le prit dans ses bras.
"- Je peux comprendre ce que tu ressens gamin, mais ne veux-tu pas tout faire pour vivre? Je suis sûr que ta mère serait d'accord avec moi : tu dois vivre. C'est la seule chose que tu dois faire. Alors, laisse-nous nous occuper de ton cas. Je suis persuadé que ta mère a eu de très mauvais médecins. Bucciarati en connaît des très bons qui pourront t'aider.
- Mais…
- Non. Accepte au moins d'écouter ce qu'ils ont à dire. Ce sera à toi de voir après ce que tu feras avec les informations que tu auras."
Narancia, après qu'Abbacchio l'ait relâché, se mit à réfléchir à ce que venait de dire Leone. C'est vrai qu'il n'avait rien à perdre à aller voir un médecin. Il accepta la proposition, faisant sourire Bucciarati qui venait d'être rassuré par cette réponse et qui admirait silencieusement la technique que Abbacchio venait d'utiliser sur Narancia. Bruno s'approcha doucement de Leone et le remercia avec un murmure dans l'oreille. Ce geste fit rougir Abbacchio qui cacha son visage. Mais Mista avait bien vu la réaction de cet homme impressionnant. Il avait bien remarqué qu'il y avait quelque chose entre les deux hommes. Il soupira, se disant que c'était vraiment mort avec Bucciarati. Fugo avait bien remarqué que Mista avait compris. Voulant mettre son plan en marche, il s'approcha de lui avant de s'installer à ses côtés.
"- Qu'est-ce que tu me veux? demanda Mista.
- T'aider. Ces deux abrutis sont aveugles, tu as encore ta chance avec Bucciarati. Tu peux doubler Abbacchio.
- Tu crois ?
- Oh que oui, le jour où ils comprendront que c'est mutuel, les poules auront des dents ! Tout ce que tu as à faire, c'est de suivre les plans que je vais créer pour le faire tomber dans tes bras.
- Est-ce que je peux te faire confiance ?
- Bien sûr, j'ai quelques idées qui peuvent te plaire, déclara Fugo alors qu'un sourire diabolique s'affiche sur son visage."
C'était le début du grand plan de Fugo pour mettre ses deux idiots ensemble.
