Chapitre 5
À peine rentré dans le restaurant, Mista remarqua que quelque chose n'allait pas avec Bucciarati. Il avait l'air d'être perdu dans ses pensées, et quelque chose semblait le contrarier. Il s'approche, donc, du groupe avec son sourire assuré, venant prendre la place de Leone, sachant très bien que ce dernier aimait s'asseoir à côté de Bruno. Mais comme on dit "Qui part à la chasse, perd sa place~".
"- Quelque chose ne va pas, Bucciarati ?
- Oh ? Mista ! Déjà de retour ? demande Bruno en revenant à la réalité, remarquant que Mista avait pris le siège de Abbacchio, mais il ne dit rien là dessus même si ça le dérangeait un peu.
- Oui ! J'ai fini l'épreuve et je suis officiellement un membre du gang maintenant !
- Oh, c'est chouette ça ! s'exclama Narancia qui écoutait la conversation au lieu d'écouter les explications de Fugo sur son exercice de mathématiques. Ca mérite une fête !
- Avant de penser à faire la fête Narancia, tu n'as pas quelque chose en cours qui mérite d'être fini ? questionna Fugo qui commençait à s'énerver.
- Eheh… On peut faire ça un autre jour, au pire… dit Narancia avant de se tourner vers Fugo qui lui lançait un regard noir. Ouais… Je vais finir cet exercice, d'abord, je crois… Je tiens à la vie…
- Bien… Tu as pris la bonne décision, Narancia ! dit Bruno en lui souriant, alors que ce dernier reprenait son exercice, l'air dépité.
- Sinon, Bucciarati ? Tu n'as pas répondu à ma question… Quelque chose ne va pas ? Tu faisais une petite mine quand je suis arrivé…
- Oh… euh… C'est rien, il m'arrive de m'inquiéter pour un rien… Ce… Ce n'était pas important…
- Si tu le dis, je te crois. Au fait, je n'ai pas vu Abbacchio, il est parti ?
- Il… Il avait besoin de prendre l'air, je ne sais pas où il est allé."
Mista ne chercha pas plus loin. Il avait déjà la réponse à sa question, et il n'aimait pas voir Bucciarati dans cet état : inquiet, triste… Des choses qu'il ne voulait pas voir dans les magnifiques yeux de Bruno. Il se devait de lui changer les idées et de le faire sourire, cherchant rapidement un sujet de conversation qui pourrait les intéresser tous les deux. Il commença alors à lui parler de son épreuve, et il lui montra son stand. Les bullets étaient heureux de pouvoir sortir, et ils se mirent à chahuter autour des deux hommes. Le comportement singulier du stand fit sourire Bucciarati qui commença à parler avec eux. Mista sourit à son tour, heureux de voir Bruno sourire, au moins ça lui occupait l'esprit de discuter avec ses bullets. Puis, l'une d'elles se plaint d'avoir faim, puis une deuxième et une troisième.
"- Euh.. Bucciarati, ça se nourrit les Stands ?
- Je… Je ne sais pas… Je n'ai jamais vu de Stand qui a besoin de manger… Essaye de les nourrir pour voir ?"
Mista prit un morceau de viande qui trainait dans une assiette et il le donna aux bullets qui sautèrent dessus. Les deux hommes regardèrent le spectacle, ébahis : ils étaient en train de se battre pour avoir le meilleur morceau.
"- Et bien, je crois que tu as ta réponse Mista. C'est très intéressant et particulier comme comportement pour un stand. Ils ont même leurs propres consciences, leurs caractères. Ils sont très différents ! Et ils sont censés représenter ta personnalité, ton âme. Tu es quelqu'un de très intéressant, Mista !
- Je n'ai pas très envie de devenir un rat de laboratoire, Bucciarati ! déclara Mista en voyant Bruno se mettre à l'étudier.
- Oh, excuse-moi, je ne voulais pas de donner cette impression ! s'excuse Bruno en se frottant la nuque avec un sourire gêné. Je suis juste impressionné par l'aspect fascinant de ton stand, c'est la première fois que j'en vois un de ce genre…
- Oh, je vois… Je savais que tu me trouvais fascinant mais t'entendre l'avouer me remplit de bonheur ! réplique Mista en glissant un clin d'oeil à Bruno, faisant rougir ce dernier, un peu embarrassé par les paroles de Guido.
- Euh… Oui… Tant mieux, j'imagine… bégaye Bruno, ne sachant pas trop quoi répondre à Mista, alors qu'il se rapproche en posant son bras sur le haut du dossier de Bruno.
- Je peux savoir ce que vous faites ? demande Abbacchio, venant se planter devant leur table, un peu irrité de voir Mista à SA place et aussi proche de Bruno. Enfin… Je veux dire… Qu'est-ce que Mista fait ici ? Il a déjà fini son épreuve ?
- Oh, tu es revenu Abbacchio ! Je ne t'avais pas vu entrer, déclara Bucciarati, alors que Abbacchio encaisse le coup des paroles de Bruno, elles ne lui faisaient pas du bien à entendre.
- Je ne reste pas, je suis venu te dire que je rentrais. Je ne pense pas venir pendant un moment, j'ai un problème à régler. réplique calmement Abbacchio, étant malade de voir Mista aussi proche de Bruno en si peu de temps.
- As-tu besoin d'aide? On est là tu sais…
- C'est personnel Bucciarati, je n'ai besoin de personne.
- Je vois, je comprends Abbacchio, prends tout ton temps. On sera toujours là quand tu auras réglé ce problème. ajoute Bruno, ayant un peu mal à l'entente des paroles sèches de Leone.
Ce problème ne sera jamais réglé Bucciarati… pensa Abbacchio.
- Oui… Enfin… J'y vais. Passez une bonne après-midi, vous tous. dit Leone en se reculant de la table du groupe, ne se sentant plus trop à sa place."
Il quitta le restaurant, sous les regards inquiet de Bucciarati, intrigués des deux plus jeunes, et victorieux de Mista. Fugo commençait à douter des effets de son petit plan sur Abbacchio, ils avaient l'air d'avoir l'effet inverse du but désiré. Il ne voulait pas voir les deux hommes s'éloigner, ils étaient faits pour être ensemble ! Pourquoi Abbacchio avait-il rendu cela plus compliqué que ça ne l'était déjà ? Il ne savait pas ce qu'il s'était passé plus tôt dans la journée quand les deux hommes avaient discuté avant qu'ils ne se quittent devant le restaurant, même s'il se doutait un peu. Est-ce que Mista y avait été trop fort et avait fait peur à Abbacchio ? Pourquoi Leone n'avait pas pris son courage et n'avait pas avouer ses sentiments à Bruno ? Fugo ne comprenait pas, il lui manquait quelque chose. Une information qui devait être importante. C'était sûrement quelque chose du passé d'Abbacchio, mais quand il avait demandé comment ils s'étaient rencontrés, aucun des deux n'avait voulu lui répondre. Ça cachait quelque chose, et les éléments qui lui manquaient se trouvaient dans ce passé inavoué. Fugo donnerait n'importe quoi pour en savoir plus et pour essayer de comprendre ce qu'il n'allait pas. A qui pouvait-il demander ? Bucciarati ou Abbacchio ? Le problème vient peut-être du fait qu'ils étaient toujours ensemble quand il posait des questions sur leur passé. Il devait peut-être les interroger séparément ? Ca pourrait marcher. Il allait commencer par Bucciarati comme Abbacchio n'allait pas revenir pendant un moment et il ne savait pas où il habitait. Mais il devait attendre que Narancia et Mista soient partis pour tenter une approche discrète. Après tout, il ne devait pas dire à Bruno pourquoi il voulait ce genre d'informations sur eux. Il voulait bien les aider mais il n'allait pas leur mâcher le travail non plus, ils sont, normalement, plus adultes que lui. Mais bon, il avait décidé de s'en mêler, et il n'était pas du genre à reculer devant la difficulté. Il prit la décision d'aller parler à Bucciarati le soir même. Malheureusement, Mista n'était pas du même avis, ne voulant pas lâcher Bruno aussi facilement que les premiers jours. Cet idiot reste veiller tard avec Bruno, ne laissant pas de temps à Fugo pour discuter en tête à tête avec Bucciarati. Ce manège dura toute la semaine. Fugo avait remarqué que plus le temps avançait, plus Mista et Bucciarati étaient proches, malgré la lueur inquiète et triste qui apparaissait dans le regard du plus vieux. Il pense sûrement à Abbacchio. Cela prouve l'amour qu'il porte envers cet homme. Fugo était presque sûr que Mista avait remarqué cette lueur, mais il faisait tout pour que Bucciarati tente d'oublier l'autre homme.
Heureusement, Fugo finit par avoir une petite discussion seul à seul avec Bruno. Ce dernier l'avait amené chez lui, fait rare: seul Abbacchio avait eu le droit à ce privilège! Après que Bruno l'ait invité à s'asseoir, il se mit à lui poser quelques questions sur Abbacchio, pour savoir si Abbacchio avait déjà disparu de la même façon. Bruno soupira, ayant compris que le blond voulait avoir des informations sur son passé commun avec Abbacchio. Il allait devoir cacher des informations : il ne devait pas être mis au courant de son amourette à sens unique.
"- Fugo… Je ne peux rien te dire… J'ai connu Abbacchio dans sa période la plus sombre. Il n'aime pas trop son passé alors il n'aimerait pas que j'en parle…
- Même si c'est moi ? Je ne le jugerai pas, tu connais mon passé…
- Non, je ne te dirai rien Fugo.
- S'il-te-plaît, Bucciarati !
- Non Fugo ! Arrête maintenant, je ne te dirai rien ! C'est à Abbacchio de décider s'il veut te le raconter ou pas !
- Oui mais sans ces informations, on ne pourra pas faire revenir Abbacchio !
- Il reviendra Fugo ! Je lui fais confiance ! Même si…
- Même si ?
- Non, rien.
- Bucciarati…
- Je peux juste te dire qu'il reviendra, c'est un homme d'honneur, il n'a qu'une seule parole. Et s'il dit qu'il reviendra, alors il reviendra. Il faut juste lui laisser du temps."
Fugo soupire d'exaspération, n'en pouvant plus de la confiance aveugle que Bruno mettait en Abbacchio. Apparemment il n'y a pas que son amour qui est aveugle… Le blond remarqua que Bruno était parti dans ses pensées. Il décida de le laisser seul, et il se mit à espérer. Espérer le retour de Leone et voir l'amour entre ces deux-là se concrétiser…
Une nouvelle semaine s'écoula sans nouvelle d'Abbacchio. Malgré sa confiance envers lui, Bucciarati commençait à s'inquiéter. Il passait de plus en plus de temps au restaurant, rentrant rarement chez lui. Il ne voulait pas rater le retour de son aimé.
C'est lors d'une soirée pluvieuse que Abbacchio entre dans le restaurant, ses vêtements trempés par la pluie, n'ayant pas l'habitude de prendre un parapluie. Il remarque directement que la table de Bucciarati était étrangement vide, il ne restait que Bruno, les autres n'avaient pas l'air d'être là, aucune de leurs affaires ne trainaient partout, comme à l'habitude des deux plus jeunes. Il s'avance doucement vers la table, Bruno avait l'air inquiet et perdu dans ses pensées, n'ayant pas remarqué Leone qui arrivait dans sa direction.
"- Bucciarati ?
- Oh ? Abbacchio ! Tu es revenu ! s'exclame Bruno en sortant de ses pensées, il saute de sa chaise, tout sourire."
Il s'approche de lui voulant l'enlacer mais il s'arrête à la dernière minute, un peu gêné. Il frotte amicalement l'épaule de Leone à la place avec un sourire à la place.
"- Ca va mieux maintenant ? demanda Bucciarati.
- Oui. J'avais vraiment besoin d'être seul, merci de m'avoir laissé seul et… d'avoir cru en moi, en mon retour…
- C'est normal Abbacchio. On a tous besoin d'un moment de solitude à un moment ou un autre dans notre vie.
- Oui, merci… Pourquoi tu es seul, Bucciarati ? Les autres t'ont laissés aussi ?
- Ah non, il se faisait tard pour Narancia et Fugo l'a raccompagné et Mista, c'est Mista. Je savais que tu reviendrais ici…
- Tu… Tu m'attendais ? demande Abbacchio, espérant secrètement que ce soit la réalité même si ça ne devait pas être ça.
- Euh… Et bien… En quelque sorte ? Je fais ça depuis ton départ… Je n'avais pas envie que tu reviennes et que personne n'attende ton retour… On t'attendait tous impatiemment ! Certains plus impatiemment que d'autres mais on t'attendait tous ! Tu nous as manqué Abbacchio… Énormément…
- Oh… Euh… Vous m'avez aussi manqué… ajoute Abbacchio avec quelques rougeurs à l'idée que Bucciarati l'attendait vraiment, ça ne l'étonnait pas, venant d'un homme aussi gentil et doux.
- Viens t'asseoir, Abbacchio ! Tu es trempé ! Je vais demander à un serveur une serviette pour te sécher ! Il ne faut pas que tu tombes malade !"
Bruno interpelle l'un des derniers serveurs en service à cette heure, alors que Abbacchio reprend sa place sur la chaise à côté de celle de Bucciarati, un petit sourire aux lèvres, l'attitude bienveillante et père poule faisait tout le charme de Bruno aux yeux de Abbacchio. C'est ce qui l'avait rendu si guimauve de lui, toujours à s'occuper des autres et de leurs fois la serviette en mains, Bruno se mit à sécher les cheveux d'Abbacchio, ce dernier se laissant faire. Un petit sourire était apparu sur son visage, sourire que Bruno remarqua et il le lui rendit.
"Au fait Abbacchio… Bon retour, déclara Bruno une fois qu'il eut fini sa tâche."
