Chapitre 7


Il était à peine passé quatorze heures quand Bruno reçoit une lettre de Polpo, l'invitant à le retrouver à la prison où il était incarcéré. Bruno s'excuse auprès de ses camarades et se rend rapidement à la prison de Napolis.

Là-bas, il apprend par Polpo que Luca larme à l'oeil est décédé dans la matinée, un inconnu l'aurait tué avec sa propre pelle d'après son Capo. Il insiste sur le fait que le Parrain veut que l'affaire soit réglée rapidement et en toute discrétion. Il ne voulait pas faire ébruiter le fait qu'un de ses lieutenants se soit fait tuer aussi simplement. Après quelques informations supplémentaires sur le physique du suspect ayant été vu quitter les lieux juste après la mort de Luca, Bucciarati quitte la prison, déterminé à appréhender le suspect et l'éliminer au plus vite. Il n'aimait pas ce genre de boulot et Luca l'avait bien cherché à toujours racketter ses subalternes, ça devait arriver un jour ou l'autre.

Bruno soupire, allant se promener du côté de l'aéroport, demandant à divers témoins s'ils avaient pas vu le blond qu'il recherchait. Bruno n'aime pas l'idée de devoir tuer l'homme qui avait arrêté les abus de Luca mais il prenait cette enquête comme un test de loyauté de la part du Parrain, voulant toujours s'assurer que ses sous-fifres faisaient le sale boulot à sa place. Bruno ne devait laisser aucun doute planer à son sujet, le Parrain devait le prendre pour le plus loyal de ses suppléants pour pouvoir monter les échelons et au moment décisif, abattre cette nuisance pour pouvoir purifier les rues d'Italie de la drogue. C'était le plan de Bruno mais il avait envie d'en parler aux autres mais il avait peur de perdre leur confiance.


Bucciarati suit ses différentes pistes, se rapprochant de plus en plus de son suspect, ce dernier n'avait pas remarqué qu'il était suivi et il avait même déjà oublié cet incident avec Luca. Cet idiot qui ne l'avait pas écouté.

Grâce à ses pistes, il trouva le blond à l'allure androgyne à la gare. Il venait de monter dans un des trains, et il n'avait pas l'air d'avoir remarqué sa présence. C'était le moment parfait pour l'attaquer : Bucciarati avait en effet remarqué que personne n'était monté dans le train que venait de prendre le jeune homme, il n'y aurait pas de témoin à acheter (ce qu'il n'aimait pas faire, mais il n'avait pas le choix) ou à défendre. Il monta à son tour dans le wagon et s'approcha du blond. Arrivé à ses côtés, il fit tomber une pièce, et il se pencha pour la ramasser avant de se tourner vers sa cible.

"- Excusez-moi, je viens de trouver cette pièce, est-elle à vous?

- Non, je n'ai pas de pièce sur moi.

- Oh ? Bon, je vais la garder alors ! déclara Bucciarati avant de s'installer face au blond tout en rangeant la pièce. Au fait, je viens de trouver Luca dans un des parcs près de l'aéroport, il était dans un sale état. Je me demande bien pourquoi…

- Je ne connais pas de Luca. Et je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Oh ? Je dirai le contraire, continua Bruno en se levant pour s'approcher du blond. Giorno Giovanna, tu pues le mensonge à plein nez !"

Il passa un doigt sur le visage du nommé Giorno et vit qu'il suait énormément, signe qu'il lui avait menti depuis le début. S'en suivit un combat qui les amena à quitter le train et à se retrouver dans un parc, non loin d'une aire de jeux où des enfants jouaient avec un ballon. Bucciarati ne voulait pas que les enfants soient mêlés à ce combat, alors il tenta d'amener son adversaire à un autre endroit. Mais c'est à ce moment-là que Giorno montra la puissance de son stand et le mit à terre, sans qu'il ne comprenne ce qu'il se passe. Quand il vit Giovanna s'approcher de lui, il crut que c'était la fin. Il ferma les yeux. Il voulait tellement revoir Abbacchio une dernière fois… Revoir ses yeux magnifiques, son sourire dont il était le seul à y avoir le droit… Le revoir pour lui avouer tout ce qu'il avait sur le coeur…

Mais quelle ne fut pas sa surprise quand il rouvrit les yeux et qu'il vit que le blond était en train de soigner ses blessures les plus graves avec son stand ! Il le regarda, surpris par ce qu'il se passait.

"- Pourquoi tu ne m'achèves pas ? s'exclama le brun, surpris par la réaction de Giorno, alors que ce dernier prend une mine pensive.

- Parce que tu es un type bien… Quelqu'un de bien, mafieux ou non. Tu as hésité une seconde à m'attaquer tout à l'heure, j'ai décidé de ne pas te frapper."

Giorno s'accroupit près que l'homme qu'avait utilisé Bruno pour se cacher.

"Quand tu as vu le bras de ce gamin… Tu as pu constater les marques de piqûres sur son bras et le choc t'a bloqué durant une petite seconde. Ca t'a attristé d'apprendre qu'il se droguait… Si tu étais un mafieux de base qui n'en a rien à cirer, les morceaux de mon corps seraient déjà éparpillés au sol. Mais tu n'es pas comme ça, c'est ce qui m'a fait retenir mes coups. Ces gars qui vendent de la drogue à des gosses, tu ne peux pas les sentir."

Bruno écoute la tirade de Giorno, s'approchant du récif avec Giorno, cherchant à comprendre où il voulait en venir. Bruno était patient, même avec les beaux parleurs comme Giorno.

"- Mais tu sais comme moi que celui qui vend cette drogue, c'est ton patron. Tu ne sais donc plus quoi penser à son sujet…

- Et alors ? Quel est le rapport avec ton voyage six pieds sous terre ? On m'a ordonné de traquer et d'éliminer l'agresseur de Luca ! Que tu m'attaques ou pas, ça ne change pas que je dois te tuer !

- J'en doute… Tu ne me feras plus aucun mal, j'en suis persuadé…

- Et pourquoi ?

- Toi et moi, nous allons devenir camarades ! dit-il avec certitude, alors que Bruno déglutit, se demandant si il l'avait bien entendu. Je vais vaincre le Parrain et prendre le contrôle de la ville.

- Tu es… sérieux ?

- Pour se débarrasser de mafieux qui droguent des gosses, tu dois d'abord devenir un mafieux…

- Tu es en train de dire que tu vas rejoindre mon équipe ? Tu as perdu la tête ?! Tu comprends ce que ça implique au moins ?"

Giorno n'écoute pas vraiment Bucciarati, ce qui l'exaspère un peu, il s'appuie contre la rambarde et observe la mer.

"La vue est magnifique… Oui, pour contrôler cette ville, il faut gravir les échelons de la famille qui la dirige… Bucciarati, je deviendrai un Gang-Star."


Bucciarati était resté sans voix face à la déclaration du jeune homme. Il avait réussi à bouleverser quelque chose en lui, à bouleverser toutes ses croyances. Il s'était dirigé vers le restaurant où tout le monde devait l'attendre. C'est vrai qu'il était parti sans donner de détails, ils avaient dû être inquiets de ne pas avoir eu de ses nouvelles. C'est avec un sourire qu'il retrouva sa petite famille. Narancia s'était levé pour se précipiter vers lui, de même que Mista. Fugo poussa un soupir de soulagement, perdant toute la tension qu'il avait accumulée. Et Abbacchio… Bruno avait remarqué le petit sourire que Leone lui adressa. C'était rapide, mais assez pour qu'il puisse le voir. Il s'installa à sa place habituelle après avoir rassuré les deux sangsues alors que son aimé était en train de lui verser une tasse de thé.

"- Tu nous expliques maintenant Bucciarati ? demanda Mista en prenant une part de gâteau.

- Luca a été retrouvé mort, je devais retrouver son meurtrier et l'abattre.

- Alors ? continua Fugo, intrigué par cette histoire.

- Et bien… J'ai rencontré un garçon. C'est lui qui a tué Luca. Mais il y a quelque chose chez lui qui m'a plu quand on a parlé ! Je n'ai jamais vu quelqu'un défendre autant ses idées et ses convictions !"

Bruno continua à faire l'éloge de ce garçon dont ils apprirent le nom : Giorno Giovanna. Ils furent tous surpris : Bucciarati n'était pas du genre à faire confiance à quelqu'un aussi rapidement !

" C'est quoi ce bordel !? C'est qui ce type !? s'exclama Narancia.

- Quelqu'un qui vaut la peine qu'on lui fasse confiance. Si ça pose un problème à quelqu'un, il peut rejoindre l'équipe de quelqu'un d'autre."

Ils furent tous choqués par cette phrase : jamais Bucciarati ne leur avait parlé comme ça !

"Nous te faisons confiance Bucciarati, grogna Abbacchio. Mais on ne sait pas quoi penser de ce gamin qu'on a jamais rencontré !

- Si tu me fais confiance, alors tu devrais lui faire confiance.

- Et si tu nous laissais lui parler avant qu'il ne rejoigne l'équipe?

- Ce n'est pas nécessaire. Il va nous rejoindre, vous ne me ferez pas changer d'avis."

Le visage de Bucciarati était froid. Abbacchio ne le reconnaissait pas, et ça lui fit peur. Le Bucciarati qu'il connaissait respirer la joie de vivre. Il était toujours à l'écoute des autres et prenait en compte leurs opinions !

"- Je ne te reconnais pas Bucciarati, déclara alors Abbacchio.

- Ah ?

- Oui. Jamais tu n'aurais levé la voix sur Narancia. Tu l'as fait une seule fois et tu t'es promis de ne plus le faire, je le sais. Et tu prends toujours en compte nos avis. C'est la première fois que tu nous imposes ton point de vue sans discussion. On est censé être une équipe, et dans une équipe, on discute de tout ça !

- Je vous dis que vous pouvez lui faire confiance, il n'y a rien à ajouter !

- Mais nous, on ne le connaît pas ce gosse ! Permets nous de douter ! Mais merde Bucciarati ! Je pensais que tu étais sous le contrôle d'un stand tellement tu es différent ! Tu as réussi à terroriser Narancia !

- Tu ne comprends pas.

- C'est toi qui ne nous comprends pas ! Mais merde Bucciarati, tu connais nos histoires ! Tu sais très bien qu'on ne peut pas faire confiance au premier venu, et tu nous imposes quelqu'un comme ça !

- Et moi j'ai l'impression que tu ne me fais pas confiance ! Vous ai-je déjà déçu?

- Non mais je ne peux pas lui faire confiance ! Je ne l'ai jamais rencontré ton Giorno ! Tu lui fais une confiance aveugle alors que tu as dû lui parler en tout et pour tout une demi-heure ! Même pour nous, tu as dû sûrement prendre un bon moment pour nous donner la confiance qu'on a actuellement !

- Ce n'est pas vrai Abbacchio ! Vous avez eu ma pleine confiance dès le début !

- Tu avais tellement confiance en moi que tu as passé des mois à m'observer avant de venir me parler, ne dis pas le contraire !

- Non ! Ce n'est pas par manque de confiance que je t'ai observé tout ce temps ! Je… Je… Je ne peux pas… pas devant tout le monde…

- Et si tu le disais qu'à moi ? demanda Abbacchio qui s'était calmé devant la gêne apparente de Bucciarati.

- Je… d'accord, capitula Bruno en soupirant. Tu ne me laisses pas le choix…"

Bruno suit Abbacchio un peu plus loin, ses rougeurs augmentant progressivement en s'éloignant de leurs camarades. Abbacchio le remarque, se demandant pourquoi il était dans cet état soudainement.

"- Qu'est-ce que tu me caches Bucciarati ?

- Je ne voulais pas te le cacher… mais je ne savais pas m'exprimer à ce sujet… J'étais juste un inconnu qui te pistait, ça devait être bizarre d'être à ta place.

- Oui… C'était un peu bizarre mais c'est du passé normalement, non ?

- Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit à ce sujet… Le sujet est assez sensible pour moi… J'ai appris à mieux contrôler mes émotions et mes drôles de manies… Enfin, je crois… Bref, j'avais bien une raison pour faire cela, et je ne l'ai fait que pour toi c'est vrai… Écoute Abbacchio, continua-t-il, la première fois que je t'ai vu, je… j'ai ressenti une telle chaleur au niveau du coeur.. Je n'avais jamais ressenti ça, et je ne connaissais pas la raison à cela. Alors, j'ai pris la décision de te suivre pour espérer découvrir la source de cette chaleur... "

Abbacchio avait été très attentif et une immense bouffée de joie le prit quand il comprit. Bucciarati était tombé amoureux de lui au premier regard ! Il était tellement heureux ! Et quand il vit que Bruno n'allait pas en dire plus, il se décida. C'était maintenant et pas à un autre moment ! Il devait prendre son courage à deux mains et se lancer !

"Bucciarati, je… Je crois que c'est le moment de tout t'avouer, commença Abbacchio en baissant la tête, tout en rougissant. Je.. Moi aussi j'ai ressenti cette chaleur au fond de moi. J'ai mis un nom dessus, et j'ai pris peur… Je n'ai jamais connu ce sentiment après tout ! Mais bon… Je ne peux plus garder ça que pour moi… Bucciarati, je… Je t'aime…"

Alors que Abbacchio baissa encore plus la tête, un immense sourire apparut sur le visage de Bucciarati. Ses sentiments étaient réciproques ! Il le savait, mais avoir la confirmation le rendait très heureux ! Leone risqua un regard en direction de Bruno et il fut surpris de le réquisitionner dans ses bras alors que le brun se mit à l'embrasser. Il resta un moment surpris, et il se décida à lui rendre le baiser. Ils pouvaient enfin être heureux.