Chapitre 8
Ils restèrent un petit moment ensemble. Ils voulaient être sûrs de ce que voulait l'autre, et après confirmation qu'ils voulaient vraiment tous les deux cette relation, ils partirent rejoindre les autres qui devaient s'inquiéter. Bucciarati prit d'office la main d'Abbacchio dans la sienne, faisant rougir ce dernier qui détourna la tête, gêné. Le brun eut un petit sourire et il emmena son aimé vers leur table habituelle.
Fugo fut le premier à remarquer le retour des deux hommes. Alors qu'il allait se lever pour les accueillir, il arrêta rapidement son geste, remarquant les deux mains liées. Il resta sous le choc : il avait passé tellement de temps à essayer de les mettre ensemble, et ces deux abrutis se décidaient quand il avait arrêté ? Mais pour qui ils se prenaient !? Malgré cela, il était très heureux pour eux, et il s'approcha d'eux pour les féliciter avec un grand sourire, rajoutant qu'il était enfin temps qu'ils se mettent ensemble ! Le nouveau couple eut la décence de rougir, tournant chacun leur tête pour éviter le contact visuel.
Mista fut le suivant à remarquer le couple. Quand il remarqua le rapprochement des deux hommes, il posa une main sur son cœur tout en faisant semblant d'avoir un malaise. Narancia, qui n'avait pas compris la situation, le regarda étrangement. Malgré la douleur au cœur qu'il ressentit, Guido était content de ce dénouement : Bucciarati était tellement heureux, et il ne l'avait jamais vu sourire comme ça avant aujourd'hui. Il s'avoua vaincu : Abbacchio a été plus fort que lui.
Narancia, lui, n'avait pas compris. Il avait bien vu que Bruno et Leone étaient proches, mais il n'en comprenait pas la raison. Ce fut bien sûr Fugo qui dut lui expliquer. L'information prit un moment à arriver dans le cerveau de Narancia qui n'avait aucune idée de ce que c'était un couple. Il ne s'était jamais intéressé à tout ça après tout ! Mais quand Fugo lui avait expliqué les tenants et les aboutissants d'une telle relation, il sauta de joie avant de se précipiter vers les deux hommes. Bucciarati lâcha la main de son aimé pour accueillir l'adolescent dans ses bras.
"- C'est tellement génial Bucciarati ! Mais pourquoi vous ne l'avez pas fait avant ? demanda Narancia d'une voix innocente.
- C'était … compliqué, répondit Bruno. Et il faut du temps pour que les sentiments évoluent Narancia. Ca ne se fait pas d'un claquement de doigts !
- Si tu le dis."
Il quitta les bras de Bucciarati afin de serrer Abbacchio contre lui, et il repartit à sa place aux côtés de Fugo. Les deux hommes purent s'installer à leurs places habituelles et vaquer à leurs occupations. Une heure plus tard, Mista remit sur le tapis le sujet Giorno.
" - Il est actuellement en train de passer le test, déclara Bruno. Je dois aller le récupérer demain matin devant la prison. Je l'amènerai directement ici pour vous le présenter. Vous pourrez lui poser toutes les questions que vous voulez, je ne vous en empêcherai pas. Après tout, je vous ai imposé son entrée dans notre famille.
- J'ai hâte de voir à quoi il ressemble ce fameux Giorno, déclara Mista alors qu'il était en train de manger un bout de gâteau. Il doit être exceptionnel vu comment tu en parlais tout à l'heure.
- Tu verras ça demain, coupa Abbacchio, ne voulant pas parler de ce sujet."
Bruno remarqua que son aimé s'était énervé. Le sujet Giorno avait l'air d'être tabou pour l'ancien policier et il pouvait le comprendre. Leur dispute aurait pu amener la dégradation de leur relation s'ils n'étaient pas follement amoureux l'un de l'autre. Une idée lui vint en tête pour calmer Abbacchio avant l'arrivée de Giorno le lendemain, et il rougit. Il allait devoir se lancer pour le bien de Leone.
" Abbacchio…, murmura-t-il en se tournant vers l'interpellé. Ca te dit que… qu'on aille quelque part rien que tous les deux ce soir ?"
Cette demande fit rougir Abbacchio qui se gratta l'arrière de la tête, gêné. Il acquiesça comme réponse, ne faisant pas confiance à sa voix. Un grand sourire apparut sur le visage du brun. Cela fit sourire timidement Leone qui reprit la main de Bruno dans la sienne. Une bulle invisible se forma autour d'eux, les coupant du monde extérieur. Fugo avait remarqué et fit tout pour que les deux autres ne cherchent pas à les déranger. Ils restèrent ainsi dans leur bulle jusqu'aux départs des trois autres membres.
Quand ils sortirent de leur bulle, ils remarquèrent que les autres membres étaient partis. Leone se tourne vers Bruno et lui propose d'aller se dégourdir les jambes sur la digue, rester assis toute la journée ce n'est pas bon pour les jambes et il voulait garder son chéri en pleine forme. Et il avait pensé à la digue pour la balade : il trouvait que c'était romantique de se promener le long de la mer alors que le soleil était sur le point de se coucher. Et il savait que Bruno était un grand romantique dans l'âme.
Ils se dirigent donc vers la digue, la main dans la main, discutant ensemble de tout et de rien, appréciant la compagnie l'un de l'autre. Ils pensaient rêver, c'était impensable pour eux d'être l'un avec l'autre et maintenant ils l'étaient. Ils étaient enfin complètement heureux. Ils avancent enfin ensemble sur le même chemin.
"- Je suis tellement heureux qu'on soit ensemble Abbacchio, déclara un Bucciarati rougissant. J'en rêve depuis si longtemps !
- Je… Je ressens la même chose Bucciarati… Si je n'avais pas été si aveugle quant à tes intentions et si j'avais surtout eu le courage, nous serions ensembles depuis un moment…
- Mais on l'est maintenant ! C'est le plus important !
-Tu as raison. Bucciarati, ça te dit que… enfin qu'on… qu'on aille regarder le coucher de soleil sur le sable ? demanda Abbacchio en baissant de plus en plus la voix, rouge écarlate.
- Allons-y, répondit Bruno, attendri."
Bucciarati était heureux de voir que son aimé faisait tout pour qu'il soit heureux, malgré tous les efforts qu'il devait employer rien que pour une simple demande. Voir Abbacchio aussi gêné et timide le faisait encore plus craquer pour lui, découvrant toujours plus de nouvelles facettes de lui. Le brun le tira avec le sourire vers un spot qu'il aimait particulièrement quand il venait regarder les vagues s'échouer sur le sable. D'habitude, il venait seul, pour penser à son père, et à la vie qu'ils auraient pu avoir ensemble sans ce gang. Mais maintenant, il voulait partager ces moments avec Abbacchio, et seulement penser au bonheur qu'ils auront ensemble. Abbacchio avait compris que ce lieu était important pour Bruno, alors il ne dit rien, se contentant de le suivre. Après tout, le brun pourra lui en parler quand il le souhaitera. Il allait donc attendre que Bruno s'ouvre progressivement à lui comme une belle fleur en une matinée ensoleillée. Il pouvait être patient quand ça touchait son aimé. Bucciarati voulait lui raconter, mais au moment où il allait commencer, Abbacchio le coupa :
"- Je ne te demanderai pas de me dire comment tu connais cet endroit, tu as le droit à ton jardin secret. Mais je suis heureux que tu m'ais montré ce lieu qui t'es cher.
- Tu es vraiment spécial, Abbacchio… J'ai toujours l'impression que tu me comprends sans que j'ai besoin de complètement m'exprimer… Comme si tu me connaissais par coeur, alors que ça ne fait que quelques mois qu'on se connaît.
- C'est juste que je suis très observateur, je crois… Rien de magique, tu sais…
- Tu es magique pour moi !
- Bucciarati… N'exagères pas !
- Je n'exagère pas ! Je peux te montrer comment j'exagère si tu veux~"
Abbacchio ne peut retenir un petit rire devant la provocation de Bruno, lui trouvant un petit côté craquant à être aussi entreprenant. Il se surprit lui-même à vouloir entrer dans ce jeu.
" Montre moi ça~ "
Bruno attrape les cordons du haut de Leone avant de le tirer vers lui pour l'embrasser tendrement. Abbacchio fut heureux de ce geste et il se laissa aller dans ce moment tendre entre eux. Au loin, on pouvait voir le soleil se coucher, baignant les deux amoureux de sa lumière.
La séparation a été dure pour le nouveau couple, même s'ils savaient qu'ils allaient se retrouver le lendemain. Alors, en parfait gentleman, et surtout pour prolonger le rendez-vous, Bucciarati avait raccompagné Abbacchio chez lui. La route fut courte, mais c'était toujours un petit moment en plus à passer ensemble. Alors qu'Abbacchio allait monter dans son appartement, Bruno le retint et l'embrassa à la commissure des lèvres, avant de lui annoncer qu'il viendrait le chercher le lendemain pour qu'ils aillent au restaurant ensemble.
C'est donc un Leone heureux qui s'était préparé le lendemain matin. Il pensait tellement à Bruno qu'il ne pensait plus au gros événement de la journée : l'arrivée de Giorno. Ce fut à neuf heures tapantes que Bucciarati sonna à l'appartement d'Abbacchio. En temps normal, ils arrivaient tous pour dix heures, mais le brun voulait profiter un peu de son amour avant l'arrivée des autres au restaurant. C'est donc main dans la main qu'ils se dirigèrent doucement vers leur restaurant habituel. Ils étaient déjà dans leur bulle de bonheur, une bulle que les passants n'osaient pas éclater alors qu'ils voyaient pour la première fois ces deux hommes si familiers et si bienveillants avec eux enfin heureux.
Une fois arrivés au restaurant, le couple s'installa à la table habituelle, à leur place habituelle, et ils furent à nouveau dans leur bulle, à se regarder amoureusement. Ils ne remarquèrent pas l'arrivée de Fugo et de Narancia, ni celle de Mista. Le blond, en voyant que les deux hommes ne faisaient pas attention à eux et qu'ils étaient dans le même état que la veille, avait empêché les deux autres de venir empiéter dans la bulle formée autour du couple. Ils se mirent donc à vaquer à leurs occupations habituelles, dans le calme pour une fois. Il ne fallait surtout pas énerver Abbacchio qui détestait qu'on le dérange, surtout quand il était en compagnie de Bucciarati. Malheureusement, Fugo n'a pas pu retenir Narancia, toujours aussi imprévisible à ses yeux. Narancia lui était intrigué par quelque chose qu'il avait remarqué et qui le chiffonnait depuis la veille au soir.
"- Abbacchio, Bucciarati… Pourquoi vous continuez de vous appeler par vos noms et pas vos prénoms ? Vous êtes ensemble non ? Mes parents s'appelaient par leurs prénoms… Pourquoi pas vous ?
- Narancia ! On a des mathématiques à finir ! Arrête de les déranger avec des questions indiscrètes…
- Mais… Je veux savoir ! Je trouve ça trop bizarre qu'ils utilisent encore leurs noms…
- Narancia… Tu les gênes… On en parlera une prochaine fois…"
Bruno et Leone regardent Narancia, l'air surpris, rougissant d'embarras, ils n'y avaient pas penser, ni l'un ni l'autre, ils n'osaient plus croiser le regard de l'autre.
Bucciarati finit par être appelé par un serveur qui le prévient qu'on le demandait au téléphone, laissant cette situation gênante derrière lui et se lève pour rejoindre le serveur. Il revint peu de temps après, et il annonça son départ pour la prison où était enfermé Polpo pour récupérer le nouveau membre. Il embrassa Abbacchio avant de sortir.
Quand Bucciarati sortit, les trois plus jeunes remarquèrent l'aura sombre qui venait d'apparaître autour d'Abbacchio. Il se coupa des autres en se levant de table pour faire un tour dans le quartier. Fugo soupira.
"- Il va souffrir le nouveau si vous voulez mon avis, déclara Mista alors qu'il coupait un bout de gâteau avec sa fourchette. Il a l'air d'être d'une humeur exécrable.
- Je crois qu'il avait oublié l'arrivée du nouveau, et à cause de lui, Bucciarati a dû partir, commenta le blond.
- Bucciarati va revenir sans nouveau… Il a sûrement fini au fond de la mer à l'heure qu'il est… ajoute Mista avant de prendre son gâteau et de le mâcher lentement. Et dire que je voulais le rencontrer ! lâcha-t-il d'un ton dramatique.
- Dis plutôt que tu veux voir ce qu'Abbacchio lui fera, continua Fugo en donnant un nouvel exercice à Narancia qui ne se mêlait pas à la conversation.
- C'est plus que possible… Et j'ai envie de voir quel genre de personne c'est pour avoir mis Bucciarati en confiance aussi facilement… réplique Mista, se penchant en arrière, les bras derrière la tête."
Fugo ne put répondre car Abbacchio était de retour, toujours d'une humeur exécrable. Il s'était réinstallé à sa place avant de se mettre à triturer le bout de gâteau qu'il y avait devant lui. L'esprit de Abbacchio se dispersait, pensant à l'arrivée de Giorno qui semblait avoir trouvé l'admiration de Bruno et aussi à la question innocente et pourtant tellement blessante de Narancia. Il n'y avait jamais pensé mais il n'appellait Bruno que par son nom de famille, étant habitué à ça. Il ne savait pas si Bucciarati le laisserait l'appeler de façon aussi familière. Cette situation le frustrait énormément, massacrant son morceau de gâteau avec sa fourchette avant se servir à nouveau du thé qu'il ne but pas. Il n'arrêtait pas de penser à tout ça et il en avait la tête qui tournait.
Fugo et Mista avaient bien vu que Leone était en plein dilemme, mais ils ne pouvaient rien faire pour l'aider. Ce n'est que quelques minutes plus tard que Narancia décida de se mêler de ce qui ne le regardait pas, et il voulut parler à Abbacchio. Mais il ne put le faire. La porte du restaurant s'ouvrit sur Bucciarati et un jeune homme blond à l'allure androgyne.
"Bien, je vois que vous êtes tous là ! déclara Bucciarati. Je vous présente le nouveau membre, Giorno Giovanna !"
