Titre : Tendre Vengeance

Auteur : Darry-Myel

Genre : Amour, passion….

Disclaimer : Les personnages sont à J.K.Rowling

Couple: Harry/Drago ET Hermione/Blaize

Avertissement: Contient des relations homosexuelles alors homophobes passaient votre chemin

Chapitre n°1 :

Le rideau s'abaissa à l'entracte, et Harry se joignit aux applaudissements enthousiastes. Une fois de plus, Blaize avait accompli un miracle en montant une comédie musicale moldue, à la fois passionnante et impeccablement réglée avec une simple troupe de comédiens amateurs. Même jouée, sur Broadway, avec des comédiens prestigieux, Notre Dame de Paris, n'aurait pas été plus convaincante que dans ce petit théâtre de la banlieue de Londres. Le « North London Musical Theatre Group » et son metteur en scène de génie méritaient bien une ovation !

La lumière inonda la salle. Un sourire satisfait aux lèvres, Harry se leva et pivota sur ses talons, parcourant distraitement la foule du regard.

Son sourire s'évanouit lorsqu'il aperçut une silhouette familière, juste derrière lui. Sa gorge se serra douloureusement. Comme c'était étrange… Il s'était pourtant préparé à croiser son mari ici, ce soir. N'était-il pas le meilleur ami, le frère qu'il n'avait jamais eu, de Blaize, après tout ?

Le souvenir de leur dernière confrontation l'assaillit brutalement en même temps qu'un flot de chagrin le submergeait. Au prix d'un effort, il parvint cependant à se ressaisir. Plutôt mourir que lui laisser voir sa détresse…

-Drago, murmura-t-il en le gratifiant d'un signe de tête.

-Harry, répond-il de cette voix si grave et posée qui avait rallié tant de jurys à sa cause.

Il réussit à soutenir son regard gris comme l'acier, ce qui n'était pas tache aisée : les yeux pénétrants et inquisiteurs de Drago étaient célèbres pour leur perspicacité, qui lui permettait de voir clair dans le jeu de tous les témoins qui se présentaient à la barre. Il se contentait de poser un regard acéré sur sa proie jusqu'à ce que cette dernière détournât les yeux, trahissant du même coup une faiblesse que Drago exploitait aussitôt.

Avant de s'avouer vaincu, Harry détailla nonchalamment le voluptueux jeune homme brun assis à coté de lui. A en juger par le bras possessif qu'il avait glissé sous celui de Drago, il était plus qu'un simple ami.

« Drago a toujours eu un faible pour les bruns », songea Harry avec ironie. D'un geste mécanique, il repoussa les mèches d'un noir bleuté qui balayaient ses épaules. Sa ressemblance avec le compagnon de Drago s'arrêtait là. Il aurai fallu le payer pour qu'il se parfume autant…et qu'il ose arborer pareille tenue ! Par Merlin, que se passerait-il si cet homme respirait trop profondément ?

Avec un sourire forcé, Harry se résolut enfin à détacher les yeux du compagnon de Drago. Il croisa le regard de ce dernier et réprima un frisson. Il l'examinait avec attention et il savait d'expérience que rien n'échappait à son œil perçant. Il aimait observer les gens et se vantait de pouvoir lire au plus profond de leur âme.

Harry eut un léger pincement au cœur. Une fois encore, il s'était trahi. Il ne lui restait plus qu'à prendre la fuite.

-Excusez-moi, mais j'ai promis à Hermione de la rejoindre à l'entracte, lança-t-il avec un détachement feint. J'espère que vous apprécierez la fin du spectacle.

Sans attendre de réponse, il gravit d'un pas décidé les marches tapissées de moquette pourpres. A son grand désarroi, des larmes vinrent noyer ses yeux. Dire qu'il n'avait eu la naïveté de croire, et ce pas plus tard que la semaine dernière, qu'il ne nourrissait plus aucun sentiment pour cet homme ! De toute évidence, il lui restait encore un long chemin à parcourir avant d'enterrer définitivement son amour pour Drago Malfoy.

« Mais je finirai bien par l'oublier…Il le faut, coûte que coûte ! » songea-t-il avec véhémence.

-Harry! Coucou Harry! Par ici….

Harry cligna précipitamment des yeux pour en chasser les larmes avant de se retourner vers Hermione. Avec son excitation coutumière, l'épouse de Blaize le prit par le bras et l'entraîna vers le foyer.

-Le spectacle est une réussite, n'est ce pas ? J'ignorais que Sharon et Bob chantaient aussi bien. Oh, le succès de la pièce ne repose pas sur eux, bien sur. La chorégraphie et les costumes sont fabuleux et les décors sont tout simplement merveilleux. Tu sais, Harry, si Blaize n'était pas aussi bon dentiste et que nous n'avions pas deux enfants à l'élever, je crois que je l'encouragerais à devenir metteur en scène professionnel. Je veux dire, il est vraiment…

Hochant la tête de temps en temps, Harry écouta distraitement Hermione chanter les louanges de son mari.

-Par Merlin, Drago est ici ! s'écria soudain Hermione.

Le cœur d'Harry fit un bond dans sa poitrine. Il suivit le regard d'Hermione et se raidit. Drago et le joli brun suspendu à son bras se tenaient de l'autre coté du foyer.

-Je savais que Blaize lui avait envoyé des billets, poursuivit Hermione à mi-voix, mais je ne pensais pas qu'il aurait le culot de venir, surtout avec un garçon aussi vulgaire !

-Ne t'inquiète pas, je les ai déjà vus, répliqua Harry. Ils sont assis juste derrière moi.

Hermione l'enveloppa d'un regard compatissant.

-Oh, mon pauvre chéri ! Veux-tu que je te trouve une autre place pour la seconde partie

-Surtout pas ! répondit Harry.

-Mais tout de même…

-N'insiste pas, Hermione, je t'en pris. De toute façon, il fallait bien qu e je le croise au bras d'un de ses conquêtes un jour ou l'autre, non ? Certes, je m'attendais pas le voir ce soir en compagnie de cet…. cet….

Sa voix se brisa et il chassa vivement l'image qui emplissait son esprit : Drago et le plantureux brun étroitement enlacés, plus tard dans la soirée…

Si on lui avait dit un an plus tôt que son mari se métamorphoserait en dragueur invétéré, Harry ne l'aurait pas cru une seconde. Mais les faits étaient là : au cours des derniers mois, les multiples frasques de Drago lui avaient été rapportées par Millicient, une de ses collègues de travail.

Cette dernière ne l'aimait pas, pour la simple raison qu'il avait été promu au rang de responsable des achats avant elle. Millicient prenait donc un malin plaisir à lui raconter les dernières aventures de Drago, décrivant avec force détails les somptueuses créatures qui paradaient à son bras dans tout Londres. Et elle inventait rien, hélas…Millicient partageait un appartement avec la secrétaire particulière de Drago, une langue de vipère qui adorait répandre son venin.

Hermione continuait à dévisager Harry d'un air désolé.

-Tu es toujours amoureux de lui, n'est ce pas ? Oh, mon pauvre chou….

Le jeune homme déglutit péniblement.

-J'espère pouvoir le rayer de ma vie très bientôt, murmura-t-il d'une voix étranglée. Vraiment….il suffirait que je le voie un peu plus souvent en pareille compagnie et je….je….

Incapable de poursuivre, il secoua la tête et baissa précipitamment les yeux. Il se sentait tellement vulnérable, tout à coup !

-Quel dommage que Drago soit si séduisant, fit Hermione d'un ton contrit. Ca doit être terriblement difficile d'oublier un homme comme lui, et encore plus de lui trouver un remplaçant !

Presque malgré lui, il chercha du regard l'homme qu'il avait épousé quatre ans plus tôt. Vêtu d'un élégant costume sombre, il dominait la foule. L'impression de puissance qui émanait de lui n'était pas seulement due à sa haute silhouette athlétique ou à son beau visage aux traits volontaires. Non, il y avait bien plus que ça…Il dégageait une force, une assurance tranquille qui lui attiraient l'intérêt et le respect des gens qui l'entouraient.

Peut-être cette impression était-elle liée à sa profession qu'il exerçait. Peut-être….mais malgré tout, Harry demeurait persuadé que cette assurance faisait partie intégrante de son être.

-A le voir ainsi, on pourrait croire qu'il n'a pas changé, dit-il à Hermione d'un ton coupant mais c'est faux. Ce n'est plus le même homme, crois-moi.

-Mmm, je sais. Ce n'était pas son genre de flirter avec des hommes aussi….voyants ! Mais il y a tout de même une chose très étrange, poursuivit Hermione en fronçant les sourcils : chaque fois qu'il passe voir Blaize et les enfants à la maison, il redevient le Drago que nous connaissons et que nous aimons. Ce n'est que lorsque j'essaie de le questionner sur sa nouvelle vie de Casanova qu'il change de comportement. Il m'ordonne d'abord de me mêler de mes affaires puis s'empresse de prendre congés, probablement pour rejoindre l'une ces hommes. Par Merlin, il n'a jamais osé en ramener un à la maison ! De toute façon, je ne le tolérerais pas. Je lui ai clairement fait comprendre que le seul homme qu'il avait le droit d'amener chez nous était son propre mari !

Harry posa sur Hermione un regard empreint de gratitude et de culpabilité mêlées. Car si il trouvait inadmissible la conduite de son mari, il devait également reconnaître qu'il avait une part de responsabilité dans leur rupture. Et cela, tout le monde l'ignorait….Si il commençait à se lancer dans des explications, en effets, d'autres éléments surgiraient, des éléments que Drago lui avait expressément demandé de ne pas révéler.

-Ne t'inquiète pas pour moi, Hermione, répéta Harry. Dès que Drago se sera chargé de transformer notre séparation en divorce, je deviendrai son ex-mari et vous n'aurez plus à vous occupez de moi. Drago est le meilleur ami, le frère de Blaize et l'oncle de Donna et de Nicholas, ce serait dommage que vos rapports se détériorent a cause de moi.

Hermione secoua vigoureusement la tête.

-Je me demande comment tu peux te montrer aussi clément à son égard après tout ce qu'il t'a fait subir. Et puis, notre amitié n'a rien à voir avec le fait que tu sois marié ou non à Drago….Tu sais tes visites m'ont beaucoup manqué ces derniers temps, ainsi qu'aux enfants. Blaize et moi en serons-nous réduits à te voir uniquement dans le cadre du théâtre ?

-Eh bien….j'avais l'intention de passer à la réception que vous organisez après la représentation, ce soir….

Hermione lui prit les mains et les serra affectueusement dans les siennes.

-Oh, mais tu dois venir ! Drago sera seul, je peux te l'assurer. Il n'aura pas l'audace d'inviter cet homme !

Devant l'air offusqué de sa belle-sœur par adoption et amie, Harry éclata de rire. A cet instant précis, il rencontra le regard de Drago, qui se tenait toujours de l'autre coté de la salle. Son estomac se noua mais il ne cilla pas. Un sourire étira les lèvres de Drago.

Contre toute attente, il n'y avait aucune trace d'ironie dans ce sourire. C'était au contraire un sourire enjôleur, destiné à séduire. Harry baissa vivement les yeux, horrifié de sentir ses joues s'empourprer.

L'expression « sauvé par le gong » prit son sens littéral, lorsque la sonnerie annonça le début de la seconde partie. Soulagé, Harry s'empressa de regagner son siège dans la semi pénombre et garda les yeux obstinément rivés sue la scène.

Malgré ses efforts pour rester concentré, il ne pouvait s'empêcher de penser au couple assis juste derrière lui. Il sentait presque les yeux moqueurs de Drago fixés sur sa nuque, voyait son sourire satisfait tandis qu'il savourait sa récente victoire….

Il fronça les sourcils en se remémorant le trouble qu'il avait éprouvé lorsqu'il lui avait souri. Cela faisait longtemps que Drago ne l'avait pas ému avec un simple sourire. Très longtemps.

Il ferma les yeux comme une nouvelle vague de culpabilité s'abattait sur lui. C'était en partie sa faute si leur couple s'était brisé au bout de quatre ans. Son désir d'avoir un enfant s'était rapidement transformé en obsession, une obsession qui avait nui considérablement à leur vie de couple, et surtout à leur intimité. A la fin de leur union, il en était arrivé à refuser que Drago lui fasse l'amour si il n'était pas en période de fécondité grâce à une potion. Et même dans ce dernier cas, il ne parvenait plus à atteindre le plaisir tant son esprit était focalisé sur l'enfant qu'ils allaient peut-être concevoir.

Le soir où Drago avait donné libre cours à sa colère, après qu'il eut accepté ses caresses sans réagir, il avait perdu son sang-froid et lui avait lancé que s'il n'était pas capable de lui faire un bébé, il pouvait faire ses valises sur-le-champ. C'étaient des paroles terriblement cruelles, et il les avait regrettées à l'instant même où il les prononçait.

Il n'oublierait jamais le silence pesant qui s'était abattu sur eux, ni l'expression de fureur qui avait déformé le visage de Drago.

-Très bien, avait-il murmuré d'une voix sourde. Si c'est ce que tu veux….

Sans un mot de plus, il s'était levé et avait commencé à jeter ses affaires dans un sac de voyages. Pris de panique, Harry avait tenté de l'arrêter. Car malgré les soucis qui le taraudaient, il savait une chose avec certitude : il aimait encore Drago. Il l'aimait plus que tout au monde….

-Drago, je suis désolé, avait-il chuchoté d'un ton suppliant. Je t'en pris, pardonne-moi. Je sais que je suis difficile à vivre en ce moment, mais je te promets de redevenir moi-même lorsque je serai enceint. C'est juste une question de temps. Mon médecin m'a affirmé que je n'avais aucun problème. Il dit que… que je dois faire un blocage psychologique. De ton coté, toutes les analyses sont bonnes. J'ai simplement besoin de me détendre et ….

Il fut interrompu par le rire amer de Drago.

-Te détendre ? Laisse-moi rire, Harry ! Tu es tellement contracté que j'ai l'impression de te violer chaque fois que je te fais l'amour. Mais cette fois ci, tu es allé trop loin. J'en ai assez. Tâche de trouver un autre géniteur pour ce gosse que ta chère mère et toi désirez tant…Une chose est sûre, en tout cas : ce ne sera pas moi !

Sur le moment, ces paroles lui avaient déchiré le cœur. Il était désespéré et se sentait responsable de ce qui leur arrivait. C'était d'ailleurs cette culpabilité galopante qui l'avait empêché de faire le premier pas pour tenter de se réconcilier avec Drago. Il l'aimait, il lui manquait terriblement, et pourtant, il demeurait persuadé qu'il était mieux sans lui. Peut-être trouverait-il enfin une femme ou un homme capable de lui donner un enfant, une personne qui ne le tourmenterait pas avec des histoires de « blocage psychologique » ? Car malgré la fureur de Drago, il savait que lui aussi désirait ardemment un bébé.

Ce n'était pourtant l'avis de sa mère.

-Les hommes aussi occupés et ambitieux que lui n'ont aucune envie de s'embarrasser d'un enfant, mon pauvre chéri, avait déclaré Lili avec son cynisme habituel. Ils ne vivent que pour leur travail. Les femmes ou les hommes comme toi ne jouent qu'un seul rôle pour eux, et nous savons tout deux de quel rôle il s'agit….Ils ne sont que des objets sexuels ! Lorsque ce genre d'hommes consentent à faire un enfant, c'est uniquement pour que leurs conjoints ne sombre pas dans l'ennuie.

N'écoutant que son cœur, Harry avait pris la défense de Drago. Non, il ne faisait pas partie de cette catégorie…

Hélas, il avait été obligé de réviser son jugement, deux mois plus tard. Ce jour resterait à jamais gravé dans sa mémoire.

C'était une semaine après la mort de Lili, brutalement décédée d'une crise cardiaque. L'enterrement avait eu lieu quelques jours plus tôt et Harry se trouvait seul chez lui, accablé de chagrin. Sa mère avait été sa seule famille ; Lili avait été rejeté par sa famille, et Harry était son fils unique, un enfant illégitime. Le père d'Harry, un homme d'affaire richissime, James Potter, avait abandonné Lili dès qu'il avait su qu'elle était enceinte, non sans lui avoir délicatement proposé de payer l'avortement. Harry n'avait qu'un an lorsqu'il avait trouvé la mort dans un accident.

Selon Drago, cette triste expérience avait rempli Lili de préjugés aussi tenaces que ridicules contre les hommes, préjugés qu'elle avait naturellement transmis à son fils. Il était allé jusqu'à accuser Lili d'influencer Harry dans sa vie de couple, et plus particulièrement dans ses relations intimes.

Comment avait-il pu affirmer cela ? Harry l'ignorait. Il était encore vierge lorsqu'il l'avait rencontré et s'était offert à lui sans l'ombre d'une hésitation, mue par un élan de passion irrésistible.

Par la suite, d'ailleurs, il s'était senti un peu honteux de ne lui avoir opposé aucune résistance. Sa mère ne cessait de lui répéter qu'il ne le considérait que comme un objet sexuel. En plus d'être un homme extrêmement séduisant, il était de dix ans son aîné et menait une brillante carrière d'avocat alors qu'il était qu'un simple petit vendeur, même si sa silhouette élancée, sa longue crinière de jais, son visage en forme de cœur et ses grands yeux vert émeraude jouaient en sa faveur.

Harry s'efforça pourtant de ne pas tenir compte des avertissements de Lili. Drago lui avait avoué qu'il aimait et, quelques mois plus tard, ils s'étaient mariés. Harry était tellement amoureux de Drago qu'il ne refusait de prêter attention aux propos de sa mère.

-Votre histoire est purement sexuelle, mon chéri, tu verras, ne cessait de répéter Lili. Je lui donne un an, deux, grand maximum, avant de se lasser de toi. Il t'abandonnera comme une vieille chaussette. Et ne te fais surtout pas d'illusions : jamais il n'acceptera de te faire un enfant !

Lili avait vu juste sur ce point. Au cours de la première année de leur mariage, Drago avait repoussé l'idée d'avoir un bébé sous prétexte qu'ils devaient d'abord apprendre à mieux à se connaître avant de fonder une famille. Un peu plus tard, ils avaient décidé qu'il commencerait à prendre une potion de fécondation et Drago avait semblé enchanté le jour où ils avaient cru qu'il était enceint ; hélas, le test de grossesse s'était révélé négatif.

Pendant plus d'un an, il était optimiste et plein d'espoir. Puis, au fil des mois, son moral avait chuté, et ses fréquentes sautes d'humeur avaient porté ombrage à leur relation.

Obsédé par son envie d'avoir un bébé, il avait totalement négligé son couple. Il s'en était rendu compte lorsque Drago avait décidé de le quitter. Au cours des mois qui avait suivi son départ, combien de fois n'avait-il pas rêvé de pouvoir remonter le temps afin de réparer ses erreurs ?

C'était son souhait le plus cher…jusqu'au jour où Drago lui avait révélé sa vraie nature.

A ce souvenir, le cœur d'Harry se serra, et il se recroquevilla dans son fauteuil. Il avait été si heureux de le trouver devant sa porte ce jour là ! C'en était presque pathétique….

-Je suis sincèrement désolé pour ta mère, Harry, avait-il déclaré après qu'il l'avait invité à boire un café. Nous ne nous entendions pas très bien, mais je sais qu'elle t'aimait énormément. Peut-être trop, en fait.

-Tu as sans doute raison, avait répondu le jeune homme, gagné par un fol espoir.

Drago était venu lui dire qu'il aimait toujours, qu'il voulait reprendre la vie commune, repartir sur de nouvelles bases…Ils ne s'étaient pas revus depuis le jour ou il était passé prendre ses affaires et lui dire qu'il pouvait garder l'appartement ainsi que la voiture qu'il lui avait offerte.

Cet épisode avait été particulièrement douloureux pour Harry. Drago arborait une expression fermée ; ses paroles dures l'avaient transpercé comme autant de coups de poignard et il était trop effondré pour prononcer le moindre mot. La dernière phrase de Drago était tombée comme un couperet.

-Quand tu voudras divorcer, Harry, fais moi signe. Tu sais où me trouver.

Et voilà que quelques jours après le décès de sa mère, il était venu le trouver pour lui apporter un peu de réconfort. Le cœur battant, Harry s'était jeté à l'eau.

-J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps, Drago, et je me suis dit que….que….

-Que quoi, Harry ?

-Que nous pourrions peut-être repartir de zéro, avait-il achevé dans un souffle.

Drago n'avait pas répondu tout de suite. Lorsqu'il s'était enfin décidé à prendre la parole, sa voix était tendue.

-Ca ne marcherait pas. Notre couple ne tiendrait pas le coup, je le sais à présent. Tu recommencerais à vouloir un bébé et lorsque tu….

Il s'interrompit et Harry frémit en décelant la lueur déterminée qui brillait dans son regard d'acier.

-Ecoute, Harry, reprit-il au bout d'un moment, je ne suis pas venu pour me réconcilier avec toi. En fait, je suis plutôt content recouvré ma liberté et j'ai bien l'intention de la savourer. Si je suis passé te voir aujourd'hui, c'est pour t'apporter une nouvelle qui devrait te faire plaisir.

-Me….me faire plaisir ? Balbutia Harry.

-Oui. Voilà, je viens d'apprendre que je suis stérile. Harry demeura bouche bée. Son cerveau refusait de fonctionner.

-Stérile ? Répéta-t-il d'une voix sans timbre.

-Tu as parfaitement entendu. J'ai contracté les oreillons lorsque j'étais adolescent et ce serait apparemment la cause de ma stérilité. Tu vois, tu n'as donc aucun souci à te faire, dès que tu auras ton prince charmant, tu tomberas enceint en un clin d'œil.

Harry le fixa d'un air abasourdi.

-Mais….qu'en est-il de ces analyses que tu as faites au labo ?

-Je t'ai menti. Je n'ai jamais mis les pieds dans ce fichu laboratoire, avoua Drago d'un air sombre.

-Tu….tu n'as jamais fait ces analyses ?

Harry déglutit péniblement. Une sourde douleur l'oppressait. Pendant de longs mois il avait espéré, souffert, vibré….Pour rien ! Une flambée d'amertume l'embrasa.

-Tu veux dire que tu m'as menti ? Sur quelque chose d'aussi important ?

Son ton accusateur le laissa de marbre.

-Pas complètement. Je ne pensais pas devoir faire ces analyses, au début. A cause de cette femme que j'avais connue bien toi, poursuivit-il en haussant légèrement les épaules. Elle prétendait être enceinte de moi et à l'époque, je n'avais aucune raison de douter de sa bonne fois. Il se trouve qu'elle a fait une fausse couche peu de temps après. Ce n'est que lorsque je l'ai revue il y a quelques jours que le doute s'est immiscé en moi. Elle m'a avoué qu'elle avait inventé cette histoire de grossesse dans l'espoir de me retenir auprès d'elle. Ce fut le déclic.

Je me suis aussitôt rendu au labo, j'ai subi plusieurs analyses et voilà le résultat ! Je ne connaitrai jamais les joies de la paternité, semble-t-il.

Harry secoua la tête, hébété. Comment pouvait-il parler de quelque chose d'aussi grave avec autant d'indifférence ? Qu'était devenu qui prétendait l'aimer comme un fou, celui qui désirait un enfant plus que tout au monde ?

Brusquement, il comprit. Drago jouait la comédie. Il tentait de dissimuler son désarroi derrière une façade de froide indifférence. Quel homme se réjouirait d'apprendre qu'il était stérile ? Aucun, et en tout cas pas lui.

De nouveau, une lueur d'espoir s'éveilla en lui. Il devait le réconforter, lui faire comprendre que ce n'était pas dramatique, qu'il l'aimait toujours, et qu'ils surmonteraient tous les obstacles tant qu'ils resteraient ensemble. Il leva vers lui un regard débordant de tendresses.

-Drago, je me moque de tout ça, murmura-t-il, d'une voix étranglée. Tu ne vois pas que je t'aime ? Je n'ai jamais cessé de t'aimer. Je suis sûre que nous pouvons repartir sur des nouvelles bases, toi et moi. Nous trouverons une solution ? Il y a l'insémination artificielle, tu sais. Je suis sûre que dans quelques mois, nous….

Drago se leva d'un bond. L'exaspération se lisait sur son visage.

-Tu es incroyable, Harry ! Tu ne penses vraiment qu'à ce maudit gosse ! Crois-tu sincèrement que je vais accepter d'endurer le même calvaire deux fois de suite ? Crois-tu que je vais supporter de te voir au bord du désespoir tous les mois, lorsque les tests de grossesse te reviendront négatifs ? Je ne suis pas à ce point masochiste !

Il le contempla un long moment sans mot dire. La colère déserta son visage, cédant la place à une froide détermination. C'était l'expression qu'il arborait lorsqu'il décidait de s'acharner sur un témoin.

-Pour être tout à fait franc, Harry, Je n'ai pas envie d'avoir des enfants. Je n'en ai jamais eu envie, d'ailleurs. Tout comme je n'ai pas envie de sauver notre mariage. Je suis libre à présent, libre de mener ma vie comme bon me semble et je suis bien décidé à en profiter. Après tout, ma situation est plutôt enviable : j'ai une profession qui me passionne et une cour d'admiratrices et d'admirateurs qui n'attendent qu'un seul geste pour se précipiter dans mon lit….

Harry écarquilla les yeux, interdit. Au prix d'un effort, il se leva et s'approcha de lui d'un pas mal assurer.

-Pourquoi m'as-tu épousé, Drago ? demanda-t-il d'une voix à peine audible.

Un rire dur, empreint de cynisme, lui répondit.

-Certaines personnes sont obsédées par l'idée d'avoir un enfant, cher Harry ; en ce qui me concerne, c'était toi qui m'obsédais. Dès l'instant où j'ai posé les yeux sur toi, où j'ai plongé dans ton regard vert émeraude, si sincère, si franc, j'ai su que j'étais perdu.

Il étouffa un petit rire.

-Si j'ai perdu le procès ce jour là, c'est à cause de toi : je ne supportais pas l'idée de mettre en cause ton témoignage. J'avais pourtant tout les éléments pour le faire, crois-moi ! J'aurai pu par exemple te dépeindre comme un jeune et joli vendeur qui passait le plus clair de son temps à bavarder avec ses collègues ou à flirter avec les clients et qui du même coup était bien incapable de reconnaître la vieille qui avait soi-disant fourré un chemisier dans son sac à main. Oh, ce n'est pas dramatique : ma cliente était coupable, de toute façon. J'ai accepté de plaider son cas uniquement par amitié pour son fils que je connaissais depuis longtemps. La pauvre femme bénéficiait de circonstances atténuantes : elle venait de perdre son mari et ne savait plus vraiment où elle en était. Par merlin, merci, le témoignage de son médecin traitant a joué en sa faveur et la faiblesse de mon plaidoyer n'a finalement pas eu de conséquences graves. Mais pour être franc, j'étais plus préoccupé par toi que par le jugement, ce jour là. Tu m'avais envoûté, ni plus ni moins. Cet étrange mélange de droiture morale, d'innocence et de vulnérabilité m'intriguait….Je ne te connaissais pas et pourtant, je me sentais prêt à tout pour te conquérir. Une déclaration d'amour, une bague de fiançailles, une alliance….même un bébé. Mais tu as tout gâché, Harry. A présent, c'est fini. J'ai réussi à surmonter mon obsession. J'espère qu'il en sera de même pour toi !

Ces dernières paroles avaient hanté le jeune homme longtemps après le départ de Drago. Et elles le hantaient encore maintenant, dans cette salle de théâtre obscure, alors que celui qui les avait prononcées se trouvait juste derrière lui.

Quel genre d'homme avait-il épousé ?

Faisait-il partie de ceux qui n'hésitait pas à se marier pour attirer dans leur lit la personne qu'ils désiraient, et qui une fois leurs désirs assouvis, l'abandonnaient sans le moindre scrupule ?

Apparemment, oui.

Une vague de colère submergea Harry.

Il revit le regard langoureux, qu'il lui avait adressé un peu plus tôt, dans le foyer, et réprima un soupir exaspéré. S'il s'imaginait qu'il tomberait dans le même piège deux fois, il se trompait lourdement ! Songea-t-il en se carrant dans son fauteuil.

Pourtant, comme la seconde partie du spectacle se déroulait sans qu'il y prêtât la moindre attention, des images troublantes affluèrent à son esprit. Il se revit dans les bras de Drago, offert, abandonné à ses baisers, à ses caresses les plus audacieuses…

Un flot de sang envahit son visage. A cet instant, une salve d'applaudissements éclata, en même temps que les lumières éclairaient la salle.

Forçant son courage, Harry finit par se lever et pivota sur ses talons.

Derrière lui, les deux fauteuils étaient vides.