Auteur : carabas
Mail : neverwherewanadoo.fr
Remarques : Artémis Fowl est la propriété de Eoin Colfer, Harry Potter et ses copains celle de Rowling
Ce qui devait être le chapitre 17 comporte en fait plus de quarante pages (m'en reste encore 8 à taper), j'ai donc décider de le couper en deux. Voilà les vingt-trois premières pages.
S'il reste des fautes, prévenez-moi. A force de relire le texte, je finis par ne plus toutes les voir.
Chapitre 17 : Petits meurtres entre amis
Centre des Aurors - Londres- 6h30
Drago adhérait totalement à cette idée :l'enfer, c'est les autres. Chez Drago, les autres se nommaient explicitement les infirmières de Sainte Mangouste et leurs remèdes immondes, les membres du service des impôts qui lui " volaient " une partie de sa fortune tous les ans pour des causes dont Drago n'avait cure, son père, d'abord idole de son enfance puis un parasite dont Drago se serait passé après son emprisonnement, sa mère et sa folie douce. A ces maux bénins s'ajoutaient les mauvais payeurs, les petites frappes qui tentaient de le rouler, les Weasley, plus particulièrement la petite dernière qui troublait ses sens au point de commencer à le faire douter du célibat, Artémis et ses plans parfois foireux, la police des polices aussi nommé le Bureau, ses anciens camarades de classe et ses nouveaux " collègues " de travail et plus récemment Nathanaël.
Et à voir l'état de son bureau Drago compris que ce dernier venait même de passer en première place sur la liste. La pièce n'était plus qu'un vaste champ de bataille : les classeurs de rangement avaient été renversés et leur contenu jeté au sol, sans doute après avoir été consulté. La carte du Royaume-Uni au tableau pendait lamentablement au mur : elle avait été arrachée, certainement pour vérifier l'existence de caches. Les dossiers habituellement méticuleusement classés étaient éparpillés aux quatre coins de la pièce. Le matériel de bureau : lampe, corbeille, poubelle…était brisé, exception faite du bureau en lui-même qui trônait au centre de la pièce, seul rescapé du cataclysme. Une feuille de papier était scotchée dessus.
Drago ferma la porte et s'approcha du bureau pour la lire. Au fur et à mesure de sa lecture, son visage se décomposa. Il blêmit, serra les dents et explosa de rage.
-Sale petit con ! Enfoiré !
Drago froissa la feuille et se mit à donner des coups de pieds dans le bureau tout en insultant son mystérieux correspondant.
-Connard ! J'aurais dû te tuer ! Te le ferais payer !…
Il aurait pu continuer ainsi longtemps si deux coups frappés à la porte ne l'obligèrent à se calmer.
-QUOI ? Hurla-t-il.
-Et bien, tu es de bonne humeur ce matin ! On t'entend hurler jusqu'à l'autre bout du couloir. Dit Artémis en entrant. Il observa un instant la pièce avant d'ajouter :
-Je vois qu'ils sont venus te rendre visite à toi aussi.
-Comment ça toi aussi ? Ne me dis pas que c'est le même bordel dans les autres pièces !
Artémis secoua la tête et alla s'asseoir sur un classeur renversé.
-Non. Seulement mon casier. Je crois que tu dois tout ça à ton statut de capitaine de cette unité. Comme c'est votre pièce attitrée, c'est logique d'y foutre le bordel.
-Il ne manquait plus que ça ! Maugréa Drago en s'asseyant aux côtés d'Artémis.
-Une petite idée des responsables ?
Pour toute réponse Drago lui tendit le message.
" Au capitaine Malefoy. Je me permets de prendre aujourd'hui ma plus belle plume pour vous entretenir d'un propos qui me tient à cœur. En effet, je n'ai pu m'empêcher d'admirer votre nouveau Nimbus. Etant moi même un très grand fan de Quidditch, je ne peux m'empêcher de me demander si votre réputation de bon joueur et de bon conducteur est justifiée. Hélas, votre piètre vol et votre lamentable atterrissage hier chez Fowl m'ont confirmé que votre réputation était très surfaite, à moins qu'il ne s'agisse que d'un regrettable concours de circonstances dû aux sortilèges appliqués à votre balai. Pour me faire pardonner cette critique et également prouvée vos talents de joueurs, je vous confie à un duel de haute voltige où tous les coups sont permis, ce qui, sans être très sport, nous permettrait de voir lequel d'entre nous est le meilleur. Duel étant bien entendu à prendre au figuré, après tout, une salle de tribunal me convient amplement comme terrain de bataille, surtout si c'est vous qui êtes accusé de meurtres. Je vous conseille également de tenir à l'œil votre très chère amie Weasley, un accident est si vite arrivé.
Cordialement.
Nathanaël Speimth. "
-Il se fout de notre gueule ! Hurla Artémis.
-Je ne te le fais pas dire ! Répliqua Drago, la tête entre les mains. Non seulement, il tente de piètres sous-entendus mais il menace aussi Ginny !
-Ne t'inquiète pas pour elle !
-Ce n'est pas pour elle que je m'inquiète mais pour Nathanaël, si elle lui met la main dessus avant moi, je peux dire adieu à ma vengeance ! Au moins, ça a le mérite d'expliquer le comportement de mon balai : il a bien été enchanté !
-Tu veux rire, j'espère ! Avec tous les sortilèges que tu lui as lancés, il était impossible de l'ensorceler à moins de…
-…être un sacré bon expert en magie noir, je sais ! Compléta Drago.
Il releva la tête et regarda Artémis droit dans les yeux.
-Je crois bien que nous l'avons sous-estimé, Arty et il semble près à nous faire plonger !
Artémis haussa les épaules.
-Ce ne sera ni le premier, ni le dernier. Débarrassons en nous !
-Avec le Bureau sur le dos ! Tu rigoles ! D'ailleurs, ça ne m'étonnerait pas que ce soit lui qui les ait prévenus. Il semble au courant de toute l'affaire.
-Etonnant, je me demande bien comment. D'après toi, il était à la recherche de quelque chose de compromettant ou chercher simplement à nous prouver sa détermination.
-Aucune idée.
Les deux hommes restèrent silencieux plusieurs minutes, perdus dans leurs pensées. Drago finit par se relever et dit :
-Bon, va falloir ranger tout ça avant que les autres débarquent.
Il regarda sa montre et ajouta : -On a exactement 35 minutes.
Artémis fit une moue dubitative en observant le désordre dans la salle.
-Tu parles d'un bordel !
-Que tu crois ! Tous les dossiers ont des marqueurs de classements. Suffit de les activer et dans une vingtaine de minutes, la pièce sera nickelle !
La pièce était presque remise en ordre lorsqu'un homme apparut par la porte entrouverte. Il fixa un instant les dossiers encore aux sol mais ne posa pas de questions, se contentant de sourire et de dire :
-Quelle chance ! C'est justement vous que je cherchais. Je me présente : Mac Calway. Je suis envoyé par le bureau et je voudrais avoir une petite discussion avec vous.
Deux heures plus tard. Bureau de courtoisie du Ministère.
Drago se tenait au centre de la pièce. Assis face à la table, les bras croisés, attendant patiemment que Mac Calway vienne le rejoindre. Le visage impassible, il ne cessait de contempler le paysage qui s'offrait à lui à travers la baie vitrée. Les ingénieurs du service technique n'avaient pas lésiné sur les moyens : Drago avait une splendide vue sur l'un des parcs de Londres. Peu de salles étaient équipées de ce dispositif, seul le bureau du ministre, les salles de réceptions et les bureaux de courtoisie en étaient dotés. La porte finit par s'ouvrir pour laisser passer Mac Calway, les bras encombrés de deux épais dossiers. Lorsque le sorcier s'assit en face de lui, Drago put lire son nom sur l'un deux. Il haussa les sourcils, étonné.
-Vous n'allez quand même pas me dire que mes états de services forment un dossier aussi épais !
Mac Calway eut un petit rire.
-Bien sûr que non. Il s'agit d'un petit compte rendu sur votre vie : états de services, carrières, promotions à Poudlard, état civique et votre casier judiciaire.
-ce dernier ne doit pas être bien épais.
-Assez quand même. C'est étonnant le nombre d'affaire dan lequel vous avez été impliqué.
-Quatre seulement et toujours innocenté.
-C'est vrai.
Mac Calway se mit à feuilleter le dossier.
-Les témoins de chacune de ses enquêtes sont soit morts, soit disparus ou ce sont rétractés. Etonnant, non ?
-Pas tellement. Les deux premiers n'étaient plus très jeunes et la dernière affaire n'était qu'une cabale montée par des amis de ma mère, pas étonnant que le témoin se soit rétracté : ses déclarations étaient fausses.
-Et pour le quatrième ?
-Ecoutez, ce n'est quand même pas ma faute si les policiers en charge de la protection des témoins ne savent pas garder leurs gagne-pain !
Drago posa ses mains sur la table et se pencha vers Mac Calway.
-De toute manière, j'étais innocenté à chaque fois, c'est même pour ça que je suis encore parmis les Aurors. Alors, à moins que vous ne vouliez rouvrir ces dossiers, je ne vois pas en quoi cela vous regarde.
Mac Calway leva les mains en signe de paix en riant.
-On se calme Monsieur Malefoy, je ne suis pas venu pour ça. J'aurais juste quelques questions à vous poser.
Il sortit une liasse de photos du second dossier et les tendit à Drago.
-Regardez ceci et dites-moi si vous reconnaissez cet homme.
Drago se mit à étudier attentivement chacune des photos. Sur chacune d'elles était représenté le marquis de Sofia en compagnie de sa famille, d'amis à des réceptions et chez lui. Drago soupira, secoua la tête et rendit les photos au policier.
-Désolé, je ne l'ai jamais rencontré. Qui est-ce ?
-le marquis de Sofia. Un français. Répondit Mac Calway. Il a été retrouvé mort dans son manoir des Pyrénées, il y a un mois Alors comme ça vous ne le connaissez pas. C'est étonnant, voyez-vous, nous avons pourtant un témoin qui dit vous avoir très clairement vu le jour du meurtre près du manoir.
Drago resta impassible. Prêcher le faux pour trouver le vrai était une pratique courante chez les Aurors et le coup du témoin était la technique la plus éculée qui soit. Aussi répondit-il tranquillement avec une légère pointe de mépris dans la voix :
-Vous êtes sûr de votre témoin ? Il aurait pu se tromper ou avoir une vieille rancœur envers moi qui le pousserait à faire un faux témoignage, par ce que je ne pouvais être en France ce jour là : je me trouvais en France chez un vieil ami Artémis Fowl et quelques connaissances. Nous fêtions notre non-anniversaire.
Mac Calway leva la tête de ses notes.
-Je vous demande pardon ?
Drago eut un sourire ironique.
-Lewis Carroll. Alice aux Pays de Merveilles. L'un des plus grand auteur sorcier, connus même par les moldus, c'est dire !
Mac Calway referma d'un coup sec son bloc-notes.
-Je vois. Déclara-t-il sèchement. Vous vous foutez de moi. Je vais être plus clair : nous avons non seulement un témoin qui vous accuse du meurtre mais qui connaît également vos petites combines avec Sofia. Vous êtes fais cette fois Drago, balancez le morceau, cela pourrait peut être alléger votre peine.
Drago sourit, lui tendit ses poignets et dit : -Inculpez-moi si vos preuves sont si solides que ça !
Mac Calway ne bougea pas, se contentant de regarder Drago d'un regard peu amène. Le sourire de l'Auror s'agrandit.
-C'est bien ce qui me semblait.
-Très bien ! Déclara le policier rouvrant son bloc-notes d'un geste brusque. Où étiez-vous dans la nuit du…
Drago s'adossa à sa chaise d'un air nonchalant. Mais cette tranquillité n'était qu'une façade, à l'intérieur il bouillait : le Bureau était mieux renseigné qu'il ne le pensait.
Arty, vieux frère, il va falloir jouer serré cette fois !
Artémis n'était pas en meilleure posture. Dans le bureau adjacent, il faisait face au collègue de Mac Calway, nommé Clerc. Guère plus aimable que Roots dans ses meilleurs jours, il avait directement attaqué Fowl dès son entrée dans la pièce.
-asseyez-vous. Soyons directs : nous avons un mort sur les bras, un français du nom de Sofia. Plusieurs Aurors français et britanniques seraient mêlés à cette histoire. Inutile de vous dire le scandale que cela provoquerait si l'affaire était rendue publique sans que les coupables ne soient châtiés. Nous avons déjà subit assez d'attaques de la part de la presse concernant les Mangemorts. Le Bureau prend donc l'affaire en main. Nous aurions des questions à vous poser sur votre emploi du temps et celui de Malefoy.
-Malefoy ! S'écria Artémis mimant la surprise. Mais pourquoi donc ? Vous ne le soupçonner quand même pas !
-Pas impossible et il serait dans votre intérêt de coopérer.
Artémis eut un sourire ironique.
Ben tiens !
Clerc ne désarma pas.
-Pourriez vous me dire où vous étiez le premier dimanche d'octobre ?
-facile, chez moi avec Drago, William et quelques amis.
-leurs noms je vous prie.
Artémis obtempéra.
-Vous avez bonne mémoire. Remarqua Clerc.
-Oh ! Ce n'est pas étonnant, nous nous réunissons tous les mois à une date fixée depuis des lustres pour fêter notre non-anniversaire. Déclara Fowl très sérieusement.
Clerc eut une mimique d'étonnement.
-Vous ne seriez pas un peu trop vieux pour ça ?
-Il n'y a pas d'âge pour s'amuser, monsieur.
-Qui peut me le confirmer ?
-Tout bon lecteur de Lewis Caroll.
-Je parle de l'alibi ! expliqua Clerc en haussant la voix.
-Oh ! Et bien toutes les personnes présentes, y compris Tania, l'épouse de William. Elle a gardé mes enfants toute la journée.
Ce qui était la stricte vérité mais pas pour les raisons évoquées par Artémis.
-Vous êtes certains que Malefoy ne s'est pas absenté un instant.
-Certain.
-A quelle heure est-il parti ?
-Il a dormi chez moi.
-Aurait-il pu partir sans que vous le voyiez cette nuit ?
Artémis éclata de rire.
-Aucune chance, il était bien trop imbibé pour ça !
-Il était donc soûl. Mais vous ? Si vous l'étiez, vos sens auraient pu s'émousser…
-…et je n'aurais alors pu le voir partir. Aucun risque, je ne bois jamais.
-Pourquoi l'avoir laisser boire autant, si vous réprouver la boisson ?
-Je ne suis pas sa mère et il était en pleine déconvenue amoureuse, alors si cela pouvait l'aider.
-Déconvenue amoureuse ! S'exclama le policier
-Il venait de se prendre un nouveau râteau par Ginny Weasley. A la une du journal en plus ! Je vous passerais l'article si vous voulez. Ajouta Artémis d'un ton moqueur. Clerc posa brutalement son carnet sur la table.
-Cesser ce numéro, Fowl !
-Que voulez-vous dire ?
-Ne vous foutez pas de moi. Quoi qu'il arrive vous allez défendre Malefoy et je ne doute pas que votre numéro est bien huilé !
-Quel numéro ? Ce n'est que la vérité.
-arrêtez, j'ai dis ! Je vous assure que ce n'est pas dans votre intérêt. Vous ne voudriez quand même pas que vos enfants soient obligés de vous rendre visite à Azkaban.
Le sourie d'Artémis disparut.
-pardon ? De quoi parlez-vous ? Pourquoi irais-je en prison ?
-Je parle de vos activités criminelles chez les fées : enlèvement, vols, détournement d'argent et leurs conséquences. Il y a de quoi prendre perpette !
-Cela se voit que vous ne connaissez pas les lois du Petit Peuple : je les flouais, les affrontais et j'ai gagné, par conséquent l'argent est à moi. Point barre. De plus les nouveaux traités politiques en vigueur avec les Exilés stipulent l'effacement de tous les casiers judiciaires antérieurs aux traités pour les Aurors chez les exilés et les FAR au Royaume unis, ce qui inclus le mien, et ce afin de repartir sur de nouvelles bases. Je suis donc inattaquable.
Un rictus apparut sur le visage de Clerc.
-Peut être pour les FAR, mais pas en ce qui nous concerne. Il reste l'accusation d'atteinte à la sûreté de l'état.
-La quoi ? Mais vous êtes dingue ! S'exclama Artémis en se relevant. Clerc se dirigea vers la baie vitrée présentant une vue de Big Ben.
-Pas du tout. Vous nous avez sciemment caché l'existence d'un nouveau peuple qui aurait pu se révéler dangereux pour la sûreté de l'état. Ils auraient pu fomenter une guerre contre nous sans que nous le sachions et pour preuve, les Mangemorts ont tenté d'utiliser les capacités magiques et techniques de ce peuple à notre désavantage.
-Mais ils ne sont pas dangereux !
-Ce n'était pas à vous d'en juger. Il s'agit donc d'une grave atteinte à la sécurité. Vous risquez au mieux la radiation, au pire l'enfermement à Azkaban pour de nombreuses années.
-Vous êtes malade.
Clerc se retourna vers Artémis qui se tenait debout, les poings serrés, le visage blanc.
-Je vous laisse le choix : dénoncer Malefoy et nous annulons l'accusation. Dénoncer un meurtrier ou la prison à vie. Le choix est simple. Je vous laisse une semaine pour vous décider.
Artémis resta prostré plusieurs minutes dans le couloir, la tête entre les mains. Devait-il trahir Drago ? La réponse était difficile. D'un côté, il y avait les enfants, Juliet, Butler et dans un certain sens Holly aussi ; s'il allait en prison, il perdait toute chance de fonder avec eux une vie un peu près normale. De l'autre se trouvait Ginny, une des seules personnes que Artémis considérait comme une amie. Sortir avec Drago était ce qui lui était arrivée de mieux depuis son histoire avec Harry. Elle rayonnait. Si Drago était emprisonné sur la parole d'Artémis, il n'était pas sûr qu'elle s'en remette psychologiquement, sans compter qu'elle ne lui pardonnerait jamais cette trahison, et Artémis ne tenait pas à se prendre un Avada kadavra dans le dos. D'ailleurs, il avait pour principe de ne jamais se mettre à dos les enfants de l'Ordre du Phénix ou alors au minimum : les survivants de la guerre contre Voldemort pouvaient être de véritables tueurs malgré leur air débonnaire. On ne peut être aussi actifs dans de tels combats sans finir par apprendre à jeter des sorts impardonnables et d'autres techniques toutes aussi condamnables. Drago non plus ne sera pas tendre lorsqu'il apprendra la dénonciation d'Artémis : se faire poignarder dans le dos par son meilleur ami est quelque chose que l'on ne pardonne pas facilement.
Fowl nageait donc en plein dilemme lorsqu'il vit William s'approchait, le visage rayonnant.
-J'ai d'excellentes nouvelles. Déclara celui-ci.
-Fudge a décidé de se suicider ? Maugréa Fowl.
-Mais non, idiot ! Répondit son ami en l'entraînant dans une petite pièce de travail. Tania a fouillé un peu partout est a fini par dénicher le compte rendu précis de l'interrogatoire sur ce docteur un peu dingue qui voulait disséquer les Exilés.
-Les étudier ! Pas les disséquer !
-C'est la même chose…
-...de toute façon, je suis déjà au courant. Juliet m'a raconté. Ronald était aux premières loges et j'ai eu des échos de la réunion en Irlande.
-Y a du nouveau. Nos hommes ont fais des recoupements entre les récentes attaques des Gobelins à Heaven, les derniers crimes commis en Grande Bretagne et sa date de ralliement à Voldemort ! Tout concorde ! On pense que les Mangemorts se sont révélés plus malins que ce bon vieux docteur : au lieu de se servir des Exilés comme cobaye, ils ont voulu en faire des alliées ou tout du moins des serviteurs plus efficaces aux combats que les elfes de maison. Voldemort a financé les recherches, ce qui explique les deux équipes. Mais sa chute a tout stoppé. Pike aurait relancé récemment le programme et aurait ensuite contacté le B'Wa Kell et conclu un accord avec eux.
-Il y a beaucoup de conditionnel dans ce que tu dis. Se méfia Artémis.
-C'est une hy-po-th-èse. Martela William. On a la trame mais pas les détails. Ce qui est certain c'est que des mages noirs se sont alliés à des gobelins du B'Wa Kell. Ca explique la soudaine montée en puissance du B'Wa Kell et les attaques à Heaven. Quant à toi, tu te rappelles ton affaire à Londres, les morts étranges correspondent exactement à une attaque de gobelin ! Le Ministère et le Conseil sont sur les dents. C'est pour ça, que les FAR nous envoie les chasseurs alors qu'il ne devait mêler aucun de leurs hommes à notre combat contre les Mangemorts !
William lui jeta un regard de reproche : - Si seulement tu nous avais prévenu plus tôt de leur existence.
Artémis soupira.
Ca ne va pas améliorer ma côte auprès du Bureau tout ça.
Trois jours plus tard
Loin de se douter du dilemme auquel son ami devait faire face, et pour cause Artémis s'était bien gardé de le prévenir, Drago sifflotait devant sa glace tout en nouant sa cravate. Aujourd'hui avait lieu le repas de la famille Weasley et l'idée de la surprise qu'il leur causait réjouissait Drago : le fils d'un Mangemort, ex-futur Mangemort lui-même, sortant avec la petite dernière de la famille. Ca allait hurler dans la chaumière. Ce qui l'amusait moins en revanche c'était les trois sorciers que le Bureau lui avait mis sur le dos. Ils avaient beau essayé de se rendre discrets, Drago les avait repéré et cette filature constante l'exaspérait. Depuis trois jours il se tenait à carreaux, avait suspendu toutes ses affaires, ce repas devait également servir à prouver au Bureau que Drago n'était qu'un Auror comme les autres, partagé entre son travail et la famille qu'il tentait de construire. Il pourrait peut être même arrivé à faire passer ce repas pour une présentation en bonne et due forme de ses intentions envers Ginny ; ce qui était la stricte vérité, mais ça le Bureau n'avait pas besoin de le savoir. De plus, même si Drago avait des difficultés à l'admettre, les Weasley avait acquis un important crédit et une très bonne réputation auprès de la communauté des sorciers pour leur participation active au sein de l'Ordre du Phénix, montrer qu'il était en " très bons termes " avec cette famille ne pourrait que lui être favorable.
-Tu es prêt ? Lui demanda Ginny.
-Oui.
Il se tourna vers elle, prenant la pose.
-Je ne suis pas trop habillé pour ta pauvre famille ?
-Ecoute, je t'emmène à cette réunion de famille mais par pitié tiens-toi à carreaux. Evite toutes remarques désobligeantes sur la fortune de mes parents, ses idées, ses origines…
-…Percy, le travail de ton père, le travail de La Fouine et cetera, et cetera. La conversation va être limitée, tu sais.
-M'en fiche. Sois beau et tais-toi !
-Ce n'est pas une remarque destinée aux femmes d'habitude. Demanda malicieusement Drago.
-L'égalité des sexes tu connais ? …tes acolytes vont nous suivre longtemps ?
-Le temps nécessaire pour prouver que je suis un mauvais garçon tout juste bon à finir à Azkaban.
-Cool ! D'ici deux jours ils devraient débarrasser le plancher.
Drago soupira tandis que la jeune femme lui tirait la langue.
Les bras serrés autours de la taille de Drago, Ginny voyait le sol se rapprocher à une vitesse folle. Marmonnant une rapide prière au dieu protecteur des jeunes filles assez dingue pour monter en balai avec un ex-joueur de Quidditch de Poudlard, elle ferma les yeux et ne les rouvrit que lorsqu'elle sentit ses pieds reposer sur le sol. Poussant un profond soupir de soulagement, elle descendît du balai.
-Je te remercie pour ta confiance. Ironisa Drago. J'ai bien cru que tu allais me couper la respiration à force de serrer de terreur.
-Si tu n'étais pas un fou du manche à balai, cela irait mieux.
Ginny frissonna.
-Je ne comprends pas comment toi et Harry pouvaient supporter de descendre aussi rapidement et en piqué ! Vous allez finir par vous écraser !
-Petite nature.
-Petit con prétentieux.
Ils avaient atterrit dans la cour des Weasley. De derrière la maison leur parvenaient des éclats de rires et des cris. La majeure partie de la famille Weasley devait déjà être arrivée et attendait certainement avec impatience de voir le nouvel " ami " de la dernière-née de la famille. Dans ce panier de crabes Drago ne pouvait compter que sur Ginny et Juliet. Tandis qu'ils se rapprochaient de la porte, Ginny donnait de nouveau des conseils à Drago.
-…et sois gentil avec Fleur. Elle a un accent horrible mais est gentille…tant qu'elle se tait bien entendu, sinon méfie toi elle a un sacré caractère. Si Juliet a participé à la confection du repas, ne touche à rien qu'elle aurait préparé seule. C'est une piètre cuisinière. De plus…
Drago la fit taire en posant un doigt sur ses lèvres.
-Chut ! Je te rappelle que je la connaissais avant qu'elle épouse le crétin qui te sert de frère.
-Ron n'est pas un crétin ! S'offusqua Ginny.
-Ce n'est pas non plus une lumière reconnais-le. Riposta Drago en frappant à la porte d'entrée. Les voix se turent et des pas se firent entendre. Pendant ce temps Drago continuait :
-Même Neville s'en est mieux tiré que lui à ses examens ! Et sa boutique de botanique est une réussite, alors que La Fouine n'a rien trouvé de mieux que de se terrer au ministère.
-Cesse de l'appelle La Fouine et…
Le visage furieux de la jeune femme se métamorphosa en un sourire lorsque la porte s'ouvrit sur sa mère.
-Maman !
Les deux femmes s'embrassèrent.
-Contente de te voir ma chérie. Vous devez être l'ami de ma fi…
Son sourire disparut en reconnaissant le jeune homme sur le pas de sa porte. Sans se départir du sien, Drago lui serra la main.
-Bonjour. Merci de votre invitation. Nous espérons ne pas vous avoir fait trop attendre.
La réplique mordante de Molly ne franchit jamais ses lèvres : sa fille venait de lui donner un coup de coude pour attirer son attention et la regardait maintenant avec des yeux suppliants. Molly hésita un instant, regarda sa fille puis Drago et soupira.
-Très bien. Pour un repas, je crois pouvoir faire un effort. Tu aurais quand même dû être plus explicite Ginny. Venez, Billy, Ron et George sont en train d'installer les tables.
Malefoy adressa un sourire triomphant à Ginny tandis qu'il suivait Madame Weasley. Ginny était plus dubitative.
Ok, étape 1 : entrer dans la maison. Réussie.
Etape 2 : Faire accepter notre relation sans tuer personne.
En se rapprochant du jardin, Ginny pouvait entendre des bruits comme si des objets volumineux entraient en collision. Drago lui jeta un regard interrogateur.
-Ce sont mes frères. Ne t'inquiète pas. Lui murmura-t-elle.
Loin de paraître rassuré, Malfoy fronça les sourcils mais les cris de Madame Weasley l'empêchèrent d'interroger plus en avant son amante.
-Cessez immédiatement ! Je vais devoir vous le répéter combien de fois : on ne joue pas avec les tables du jardin !
Un étrange spectacle se déroulait devant les yeux des deux nouveaux arrivants lorsqu'ils débouchèrent dans le jardin : deux grandes tables en bois volaient à deux mètres au-dessus du sol, tandis qu'au dessous madame Weasley sermonnait copieusement trois jeunes adultes largement plus grands qu'elle. Bill, Ron et George avaient beau afficher un air contrit, elle n'en continuait pas moins à hurler. Regardant le spectacle, se trouvaient Juliet et sa fille Jézabel, Fleur enceinte de plusieurs mois, Fred et son amie Catherine, Arthur et Flora la femme de George. Ce fut ce dernier qui aperçut en premier Drago. Son sourire se transforma en une grimace de dégoût.
-Qu'est-ce qu'il fiche là celui-là ?
Aussitôt tous les regards se tournèrent vers les nouveaux venus, les visages des Weasley exprimant l'horreur, l'étonnement et la curiosité suivant leur degré d'animosité envers Malefoy. Ginny grimaça.
Je peux faire une croix sur l'étape deux. J'aurais peut être dû mieux les préparer.
Malfoy, lui, regardait les tables les yeux écarquillés, se demandant dans quelle famille de dégénérée il était tombé. La petite phrase murmurée par Ginny n'arrangea en rien son état.
-Si tu dois en tuer un, choisie Fleur, c'est celle qui manquera le moins.
-C'est moi qui l'ai invité. Déclara Ginny en entrant dans la pièce. George en resta abasourdit.
-Minute ! Tu ne sors quand même pas avec ce…ce type !
-Si.
-Mais tu es dingue ! C'est un Mangemort.
-Ex-futur- Mangemort je vous prie, rectifia Drago en s'asseyant sur une chaise.
-Je ne vous parlais pas!
-Justement. C'est impoli de parler d'une personne en faisant comme si elle n'était pas là... mais bon, venant d'un individu passant sa vie à vendre des farces et attrapes, je ne peux m'attendre à plus.
-Espèce de…
-Arrête immédiatement, George ! S'écria sa mère. Son fils la regarda comme si elle venait de le trahir.
-Je ne vais quand même pas me laisser insulter chez moi par un Serpentard !
-C'est aussi chez moi, ici, s'écria Ginny, j'y amène qui je veux !
Les deux sorciers se fusillèrent du regard.
-George a raison, maman, intervient Bill, on ne va quand même pas accepter cet assassin ici !
-Parce que tu es blanc comme neige toi peut être ! Répliqua Ginny en se tournant vers son frère. La remarque fit mouche. Toute couleur disparut du visage de Bill, pendant qu'un silence pesant s'installait dans la pièce. Fleur se redressa et gifla Ginny.
-Tu es ignoble, Ginny !
-Et vous qu'une bande d'hypocrite ! Vous êtes aussi criminel que lui, je vous signale. Même moi ! Nous étions peut être dans le bon camp, mais ce que nous avons fais n'en était pas moins des meurtres ! Même s'il s'agissait de Mangemorts !
-Nous étions en guerre…
-Et alors ? Certes Drago ne s'est pas battu au sein de l'Ordre du Phénix, mais il a fui Voldemort et s'est engagé parmi les Aurors !
-Ca n'excuse en rien ses agissements !
-Quels agissements ? Il a été innocenté ! Il est peut être dénué de morale, prêt à tout pour réussir mais il n'a jamais tué ou attaqué un moldu pour son seul plaisir !
Drago préféra ne pas relever : ce n'était vraiment pas le moment de révéler à son amante toute la vérité sur sa jeunesse. Aussi préféra-t-il ajouter :
-C'est vrai ! Voyez Black : ces parents partageaient les idées de Voldemort, son frère et ses cousins étaient de fidèles Mangemorts. Il n'en a pas moins échapper à leur influence et développer des idées contraires aux leurs.
Ron le prit violemment par le col et le plaqua contre le dossier de la chaise.
-Ne te compare JAMAIS PLUS à Sirius ! Hurla-t-il.
-Lâche–moi immédiatement Weasley. Répliqua Drago, en retirant l'une des mains du jeune homme.
Les deux hommes se mesurèrent un instant du regard. Juliet s'approcha et posa une main se posa sur l'épaule de Ron qui sursauta.
-Ron, lâche-le s'il te plait ? Lui demanda sa femme.
Après un instant d'hésitation, Ron obtempéra mais se tourna vers Ginny.
-C'est Fowl, n'est-ce pas ? Non content d'entraîner ma femme dans des histoires impossibles, il cherche en plus à caser ma sœur avec un malfaiteur.
-Laisse Artémis en dehors de ça, je n'ai pas besoin de lui pour décider avec qui je vais sortir !
-On ne dirait pas ! Toujours fourrer chez l'un ou l'autre de ces deux types ! Tu finiras mal Ginny ! A Azkaban !
-RON ! S'écria juliet !
-Fout moi la paix, Juliet ! Je ne vais pas rester planter là à ne rien faire alors que ma sœur est en train de gâcher de sa vie !
-Tu peux parler, Weasley ! Répliqua Drago. Moi au moins je lui ai déniché un poste au Ministère pendant que toi, comme ton père, tu te fais exploiter par le Ministère. J'espère que tu aimes ton poste de larbin au Service des Etres, parce que tu n'auras jamais mieux ! Trop faible pour obtenir autre chose !
-Je vais te…
Ron se jeta sur Drago tandis que Juliet et Ginny essayaient de le retenir.
-STOP ! Hurla Madame Weasley. SILENCE ! C'est encore MA maison ici et j'y reçois qui bon me semble, tenez-vous le pour dit ! Je ne tolérerai pas que vous …que vous déchiriez ainsi en ma présence ! C'est MA maison ! Si vous ne pouvez vous entendre, respectez au moins mes décisions !
Le silence s'installa de nouveau. Ce fut Gorge que le brisa.
-Désolé, maman. Je ne peux pas rester ici avec cet individu. Je ne peux pas te promettre de pas l'attaquer. Viens Flora, nous partons.
-Je pars aussi, maman. Désolé. Dit Ron.
Il sortit. Juliet fit un petit sourire contrit à Ginny et suivit son mari. Le jardin se vida peu à peu. Ginny s'approcha de sa mère qui s'était assise dans une chaise de jardin pour pleurer.
-Je suis désolée, maman…je ne pensais pas que…enfin, je veux dire…
-Je crois que vous feriez mieux de partir. Tous les deux. Répondit sa mère
Ginny hocha la tête, retenant ses larmes et prit Drago pour le bras, l'entraînant dehors. Au même moment une explosion retentit faisant vibrer la maison, suivie des cris de Fleur et de Fred et du bruit d'un mur qui s'effondre. Drago, Ginny et sa mère coururent vers l'autre côté de la maison : un trou béant s'était formé dans le mur de la cuisine, dans la cour les Policiers qui surveillaient Drago étaient en train de s'occuper de Fleur et Catherine complètement paniquées, tandis que leurs maris cherchaient à comprendre ce qui s'était passé. Pour Drago, la réponse était claire : le mur extérieur de la cuisine avait été piégé. Si le repas s'était déroulé comme prévu, Ginny, sa mère, Juliet et Charlie auraient certainement été touchés : ils se trouvent fréquemment dans la cuisine à aider Madame Weasley ou à discuter. Drago ne voyait qu'un seul coupable possible : celui-là même qui l'avait menacé cette semaine de s'en prendre à Ginny.
Lundi matin - Bureau Général des Aurors
Drago se tenait adossé au mur du garage à balais. Renfrogné, les bras croisés, il semblait attendre quelque chose. L'explosion de samedi lui était restait au travers de la gorge et pour lui, il n'existait qu'un seul coupable possible : Nathanaël. Comment avait-il pu piéger la maison ? Pour l'instant c'était le cadet des soucis de Malefoy, tout ce qui comptait c'était faire comprendre à Nathanaël qu'il avait dépassé les bornes et l'empêchait de nuire de nouveau, et ce, quel qu'en soit les moyens. Artémis se tenait près de lui, pour l'empêcher justement d'en arriver aux pires extrémités. Il connaissait son ami : Drago avait parfois tendance à se laisser emporter. Une bagarre au sein de l'immeuble n'était pas une bonne idée en ce moment, mais ils comptaient sur la discrétion de Nathanël qui ne voudrait certainement pas que ses supérieurs apprennent la cause d'un tel affrontement.
Il était sept heures du matin et les équipes de jours commençaient à arriver. Peu d'Aurors utilisaient leur balai pour se rendre sur leur lieu de travail, la majorité préférant emprunter les cheminées publiques. Aussi y avait-il peu de monde dans le garage. Personne ne faisait attention aux deux Aurors postés le long du mur. Leur attente fut de courte durée, Speimth arriva peu de temps après. Drago ne lui laissa pas le temps de descendre de son balai. Dès qu'il vit l'Auror s'engager dans l'ouverture, il se précipita sur lui, le prit par le col alors qu'il se trouvait encore à un mètre de hauteur et le jeta contre le sol. Nathanaël fit mine de se relever et de dégainer sa baguette mais un coup de poing de Drago le renvoya à terre. Malefoy sortit sa baguette et hurla :
-Expelliarmus.
Il se tenait maintenant au-dessus de Speimth qu'il menaçait de sa baguette tandis qu'il tenait celle du sorcier dans son autre main. Les quelques Aurors présents dans le garage commençaient à s'attrouper autour d'eux. Le visage de Malefoy n'exprimait qu'une fureur et une haine immenses. Il leva sa baguette et commença à marmonner une incantation au rythme étrange et archaïque. Artémis n'en comprit un mot mais lorsque les traits de Nathanaël commencèrent à se tordre de douleur, il posa la main sur l'épaule de Drago et lui murmura : -Pas ici. Arrête.
Malefoy sursauta et regarda autours de lui, étonné, comme s'il se rendait seulement compte de la présence de ses collègues et de Fowl. Un sourire s'étira lentement sur son visage.
-Tu as raison.
Il rangea sa baguette et se pencha sur Nathanaël qui était toujours au sol, tentant de reprendre son souffle. Drago le prit par le col et se mit à le secouer si brutalement que sa tête heurta plusieurs fois le sol, tout en lui déclarant d'une voix si basse que seul Nathanaël pouvait l'entendre.
-Ecoute-moi bien Speimth, ne t'attaque plus jamais à Ginny, ni aux Weasley ou à n'importe lequel autre de mes proches ou je te le ferrais payer, et la prochaine fois que tu tente de me tuer, un conseil ne me loupe pas parce que moi, je ne ferais pas cette erreur. Il n'y aura ni procès, ni jugement seulement une longue agonie, je te le promets. Ne sourit pas, Voldemort est un professeur très imaginatif, je peux te l'assurer. J'ai beaucoup appris.
Il le relâcha et s'éloigna suivit d'Artémis. Voyant que l'affrontement était terminé, les autres Aurors commencèrent à s'éloigner. Speimth se releva et éclata de rire.
-Hé, Malefoy !
Il se rapprocha de Drago.
-Tu es décidément plus stupide que je ne le croyais. Ce n'est pas toi que je veux tuer, tout du moins pas tout de suite.
Drago fronça les sourcils.
-Qu'est-ce que tu me veux?
-Te faire souffrir. Je veux que tu voies tes proches disparaître tout en sachant que tu ne peux rien faire. Tu n'es pas le seul qui ai appris du Seigneur des Ténèbres. C'est à cause de traître comme toi qu'il est mort. Les sangs-purs comme toi sont encore plus méprisables que les Sang-De-Bourbe : vous avez trahis votre sang et pour ça vous devez payer. Ne t'inquiète pas, tu n'es ni le premier ni le dernier sur ma liste. T'envoyer à Azkaban, toi et ce…
Il eut un mouvement de tête méprisant pour désigner Fowl.
-…ce Sang-De-Bourbe ne sera que le début.
Il leur fit un dernier sourire et s'éloigna.
-Le Seigneur des Ténèbres, n'est-ce pas ? Dit Artémis. Un ancien Mangemort. Comment a-t-il pu échapper à Azkaban ?
-De la même manière que tous les petits copains de Pike : en mentant, rusant et payant, j'imagine.
-Faut s'en débarrasser et vite !
-De manière légale ou non ?
-Les deux. Ca m'étonnerait que l'on arrive à le piéger dans un coin assez longtemps pour le tuer.
-Génial. Maugréa Drago.
Artémis se mit à observer son ami pendant qu'il planifiait la manière dont il allait s'occuper de ces différents problèmes dans les semaines qui viennent. Il pensa aux moments passés ensemble, à leurs affaires et à leur amitié. Il ne poussait pas l'abandonner, pas maintenant, pas alors qu'il comptait sur lui et qu'un malade voulait l'assassiner. Il ne pouvait le dénoncer à Clerc. Artémis soupira et se mit lui aussi à réfléchir à la manière dont il allait s'organiser : il allait devoir échapper à la prison, aider Drago à y échapper aussi et à se débarrasser de Nathanaël, effectuer son travail d'Auror et régler ses problèmes avec Holly. Comme si sa vie n'était déjà pas assez compliquée !
Plus d'un mois et demi passa ainsi. Fidèle à sa promesse, Artémis refusa la proposition de Clerc, lui affirmant en des termes fleuris qu'il n'accuserait jamais un ami d'un crime qu'il n'a pas commis et que lui-même ne craignait pas la justice. Clerc lança la procédure d'enquête contre Fowl le jour même, trois hommes étaient affectés à plein temps à cette affaire, épluchant sans relâche le passé criminel de Fowl, interrogeant ses victimes à Heaven, Roots, Foaly, son ex-femme….la seule hantise d'Artémis était la réaction d'Holly et de Drago lorsque cette affaire leur arriverait aux oreilles. Jusqu'à présent, il avait réussi à convaincre Tania, William, Foaly et Roots de ne rien dévoiler à Holly. Roots avait été le plus difficile à convaincre, mais Artémis avait fini par obtenir son silence au moins jusqu'à ce qu'Holly ait passé ses examens. En effet son statut d'élève à Poudlard permettait à Holly de se tenir à l'écart de toute affaire politique ou judiciaire : les premières sessions d'examens approchaient pour les FAR scolarisé à Poudlard et tout échec entraînerait leur renvoi du programme. Ne souhaitant pas avoir financé leurs études pour rien, le Conseil avait réussi à obtenir du Ministère de la Magie que leur envoyé à Poudlard ne soit en aucun cas dérangé. Ce qui ne facilitait pas la vie au manoir Fowl mais Artémis et sa famille avait réussi à concilier les exigences du Ministère et leur vie quotidienne. Quant à Drago, il était bien trop occupé par sa propre accusation de meurtre, ses recherches sur Nathanaël et les attaques de la famille Weasley pour se préoccuper des problèmes de son ami. Il avait bien remarqué le comportement bizarre de son ami mais n'avait pas insisté lorsque Artémis l'avait envoyé sur les roses, mettant cela sur le compte de ses problèmes avec Holly. Artémis jouissait donc d'une relative tranquillité au sein de sa famille, partageant son temps entre son travail, ses recherches pour sa défense et l'aide apportée à Drago. Accessoirement, il tentait de remettre de l'ordre dans sa vie privée mise à mal par les assauts répétés de Short. Il devait avouer que ses défenses commençaient à s'écrouler. Bien décidée à le séduire, elle avait multiplié ses attaques en un mois : cela avait commencé par une sortie avec Artémis et les enfants au grand parc de Haven (Artémis se demandait toujours comment elle avait réussi à lui obtenir un passeport pour la ville aussi facilement, il avait beau être inattaquable pour ses anciens crimes, les FAR ne devaient pas pour autant apprécier de le voir se balader ainsi à Haven). Ensuite elle s'était occupée de Camille et Gabriel avec Juliet lorsque Artémis avait dû passer le week-end chez Drago pour se renseigner sur le mystérieux témoin, et récemment, elle avait organisé une soirée en tête-à-tête en envoyant les enfants dormir chez Tonton Drago, ce dernier avait moyennement apprécié de voir débarquer les deux terreurs chez lui, mais devant l'obstination de Holly et Ginny, il avait rendu les armes. Artémis avait passé une bonne soirée : ils avaient discuter une bonne partie de la nuit et Artémis avait initié Holly aux joies du Quidditch. Elle s'était avérée douée.
Artémis commençait à s'habituer à la présence d'Holly au manoir, à trouver normal de la trouver là en train de hurler à chaque fois qu'il faisait quelque chose dans son dos qu'il allait encore se mettre dans les problèmes jusqu'au cou, trouver également normal de lui donner un coup de main pour ses études le soir lorsque les enfants étaient couchés, à dîner et discuter avec elle et même à trouver normal de sentir sa présence dans chaque pièce : cela allait de son apport personnel à la décoration à sa fâcheuse manie de tous laisser traîner dans le manoir, pire que Gabriel et Camille réunis. Autres points d'inquiétude pour Artémis, les enfants commençaient à l'adorer : Gabriel ne jurait que par Ginny, Tania et Holly, racontant partout que la nouvelle " copine " de son père était " chouette " et faisait un métier " génial avec plein de flingues et de trucs magiques ", ce qui lui permettait de prendre un air important auprès de ses amis qui ne connaissaient rien au monde moldu. Camille la trouvait gentille et le fait qu'Holly grandisse encore l'amusait : Short avait pris trois centimètres le dernier mois, d'après le docteur Valentin le processus devrait cesser bientôt. Mais ce qui lui fit comprendre qu'il était mal barré, ce fut le jour où ses deux enfants lui demandèrent quand est-ce qu'il comptait épouser Holly parce qu'ils trouvaient l'idée " sacrément chouette ".
Bref, à son humble avis, Artémis était mal barré.
De son côté Drago n'était guère mieux loti. Depuis le repas chez les Weasley, il devait faire face à l'animosité croissante de Ron et Arthur. Il n'aurait jamais cru qu'ils pourraient le haïr encore plus. Ses seules alliées au sein de la famille Weasley étaient Ginny, Juliet, Fleur et Molly, ces trois dernières considérant que s'il pouvait faire le bonheur de Ginny, elles pouvaient bien faire un effort. Après tout, Madame Weasley avait bien fini par s'accommoder de Fleur. Bien entendu Ginny était la plus acharnée à le défendre : après tout, comme elle l'expliquait à son père, supporter Drago deux fois par ans pour les réunions de famille à Noël et pendant les grandes vacances, ce n'était pas la mer à boire, en plus ajoutait Fleur, il ne pouvait pas être si mauvais que ça vu qu'il avait renié Voldemort pour se battre aux côtés des Aurors ; ce à quoi répondait Monsieur Weasley que si Malefoy n'était pas un Mangemort, ce n'était pas moyen un meurtrier doublé d'un mage noir et d'un escroc qui ne devait qu'à la chance d'avoir échappé jusqu'à présent à la justice. De plus, il ne voyait aucune raison de faire des efforts : il n'était pas encore question de mariage qu'il sache, par conséquent Ginny ne faisait que tirer des plans sur la comète en parlant de futures réunions de famille avec Malefoy. Sa fille ferait mieux d'arrêter de rêver. Les discussions entre père et fille finissaient donc toujours en crise de larmes et hurlements et même si les protagonistes finissaient toujours par se réconcilier, il n'en restait pas moins un malaise au sein de la famille. Drago voyait bien que cette histoire rendait malade Ginny, il n'en détestait que plus son père et ses frères.
A ces tensions avec les Weasley s'ajoutaient ces soucis avec le système judiciaire : la première audience pour le procès approchait et il n'arrive toujours pas à mettre la main sur le mystérieux témoin de Mac Calway. Le policier se méfiait de l'Auror et avait fait bénéficié le témoin du service de protection réservé normalement aux témoins des grandes affaires. Les dossiers étaient parfaitement dissimulés. Drago en aurait hurlé de rage. Son dernier espoir reposait sur les capacités de Ginny. Son projet de reportage sur le travail effectué par les Aurors et leurs collègues, ainsi que sur les dessous du système judiciaire avait emballé le Ministre de la Magie. Fudge considérait que ce serait un bon moyen pour redonner confiance à la population et redorer le blason des Aurors sérieusement mis à mal par leurs récents échecs contre Pike. Le fait que les Aurors William, Tania, Lyn et même Galaad se soient portés garants de son honnêteté avait également constitué un point positif… Artémis et Drago avaient jugé bon de ne pas prendre position dans cette affaire de crainte de nuire à Ginny. Depuis cinq jours, Ginny était maintenant l'un des journalistes attitrés du ministère. Le soir de sa nomination, ils avaient fêté son entrée officielle dans le Shingami, surnom que Drago et Artémis donnaient depuis Poudlard à leur association de malfaiteurs. Drago comptait sur Ginny pour découvrir l'identité du témoin. Il avait épluché le dossier de l'accusation : sans témoin, Mac Calway ne pourrait remonter à lui. De son côté, Drago avait un alibi en béton pour la journée du meurtre : pas moins de quatre personnes certifiaient avoir passé le jour et la nuit avec lui, dont deux Aurors, un politicien et un citoyen respectable sous tous rapports. Tous les quatre étaient bien entendu dans la confidence, ce n'était pas la première fois que l'un d'eux faisait un faux témoignage pour tirer un autre d'embarras.
Au niveau professionnel, les deux Aurors étaient surchargés de travail : tous les Aurors avaient été rappelés, ils subissaient des entraînements intensifs, ainsi que des réunions quotidiennes concernant leur future intervention. Les plans de l'attaque se modifiaient au fur et à mesure que leur parvenaient les renseignements des espions infiltrés tant à Heaven que chez les Mangemorts. A cela s'ajoutaient des exercices réguliers en compagnie des FAR pour apprendre à se battre ensemble et à utiliser les inventions de Foaly. Les Aurors ayant suivis les cours de Butler et d'étude des moldus étaient avantagés.
Entre toutes ces obligations les deux Aurors s'en tiraient tant bien que mal.
Holly réussit ses examens, de justesse en métamorphose mais haut la main en Potion et Défense contre les forces du mal. Pour fêter l'évènement et en même temps s'en servir comme un gros coup de pub à leur théorie de l'entente cordiale entre les deux peuples, le Ministère de la Magie et le Conseil organisèrent une soirée à Poudlard. En tant que journaliste officielle et dans le cadre de son reportage, Ginny y avait été convié, et histoire de ne pas s'ennuyer toute seule, elle y avait traîné Drago. Ce dernier s'amusait autant que le jour où Fol-Œil l'avait transformé en fouine (un souvenir très pénible), la seule chose qui le réconfortait c'était de penser qu'il n'était pas seul dans cette galère : Holly avait proposé à Artémis de venir, ce qu'elle avait simplement oublié de lui dire c'est qu'elle avait également demandé à sa mère Adlyn de venir. Résultat, depuis le début de la soirée, Artémis avait droit à un interrogatoire en règle de la part de la mère d'Holly concernant ses intentions à l'égard de sa fille. De plus, très protectrice à l'égard de sa fille, elle n'avait toujours pas pardonné son enlèvement lorsque Artémis était jeune, et ne manquait aucune occasion de lui montrer. Elle le soumettait à un déluge de questions sur sa vie passée et actuelle, accompagnant le toute de commentaires souvent sarcastiques. Holly était très gênée par le comportement de sa mère et tentait parfois de la rappeler à l'ordre. Artémis, quant à lui, commençait à se demander si Holly lui en voudrait beaucoup s'il tuait sa mère. Il sentait ses mains se crisper de plus en plus souvent et se rapprocher de sa baguette accrochée à sa ceinture. Il devait se faire violence pour ne pas la dégainer et régler définitivement le problème de sa future-possible-belle-mère. Drago lui murmura :
-Il est interdit de descendre les vieilles dames Artémis.
-On peut bien faire une exception. Ce n'est pas une vieille femme mais une Harpie !
-Ce n'est pas une raison. Supporte en silence pour faire plaisir à Holly.
-Tu peux parler après le foin que tu as fais chez les Weasley !
Le sourire de Drago disparut.
-Je ne vois pas le rapport.
Artémis eut un petit reniflement dédaigneux.
-Ben tiens !
Un cri haut perché détourna leur attention : la mère d'Holly, sa fille et Ginny étaient en train de s'extasier sur le matériel acheté par le Conseil pour l'éducation de leurs élèves : il y avait les derniers Nimbus sortis, des baguettes derniers cris et des mallettes de potions pour chaque élèves. Bien entendu ce matériel était la propriété de l'état mais Holly comptait bien s'achetait très prochainement son propre matériel : elle possédait déjà une mallette de potion, plusieurs robes, Artémis lui prêtait un balai et elle retournait au Chemin-De-Traverse cette semaine avec Juliet pour finir ses achats. En entendant la mère d'Holly faire un discours élogieux sur les nouvelles navettes reliant Haven et Londres dont, elle était certaine, aucun balai n'atteindrait jamais le confort et les performances, Artémis grimaça.
-On ferait mieux de s'éloigner avant que je ne fasse une bêtise.
-Très bonne idée, j'ai justement quelque chose à te proposer. Déclara Drago en sortant une carte de sa poche. Sur le papier était représenté Poudlard, des petits cadres se déplaçaient dessus, portant le nom des personnes qu'ils représentaient. Les deux Aurors s'arrêtèrent dans un coin du couloir.
-Astucieux. Tu as piqué l'idée de Potter, n'est-ce pas ?
Drago prit un air offensé.
-Pas du tout, je n'imite en rien " Saint Potter " ! C'était une idée de Ginny : la carte enchantée représentant à volonté les principaux lieux du pays comme Poudlard, le ministère…
-Qui l'avait prise à Potter. C'est bien ce que je disais : c'est une copie de la carte du Maraudeur. Que comptes-tu en faire ?
-M'occuper de Galaad. Ce petit con est de corvée ce soir. Je compte bien le coincer dans un coin et lui régler son compte.
-Pardon ! Mais qu'est-ce qu'il t'a fait ?
-L'a couché avec Ginny.
Artémis resta silencieux un instant avant de reprendre de la voix doucereuse que l'on utilise avec les jeunes enfants.
-Tu ne serais pas en train de nous refaire une crise de machisme déplacée, du genre " je suis un méchant mage noir, beau à tomber et le premier qui touche à ma copine je l'Avada Kedavrise! "
-Non, ce serait plutôt : Auror véreux à l'esprit acéré va faire couler le sang de l'immonde individu qui a permis à la petite rouquine de se foutre de sa gueule et qui accessoirement l'a sauté en douce dans les bureaux vides du Ministère.
Artémis marmonna un vague " crétin " et arracha la carte des mains de Drago.
-Hé !
-Tu ne tueras personne ce soir !
-Qui parle de le tuer ?
-Toi ! Laisse Galaad en paix ! On a déjà assez d'emmerdes comme ça !
-Ce que tu peux être chiant quand tu t'y mets !
-Arrêtes de te comporter en gamin immature, ça m'aidera ! Répliqua Artémis en rangeant la carte dans sa cape. Surveilles ton langage, il a tendance à déraper lorsque tu parles de Galaad. On ferait mieux de retourner dans la grande salle avant que Holly et Ginny ne piquent une crise en voyant notre absence.
Holly écoutait attentivement les explications de Ginny concernant le trafic des tapis volants et autres objets magiques prohibés provenant d'Asie, lorsque son attention fut attirée par un attroupement de journalistes autours d'un nouveau ministre dont elle avait oublié le nom. Mais ce fut sa femme qui accrocha son regard : une jeune députée qui la fixait depuis plusieurs minutes, lorsqu'elle croisa le regard d'Holly, elle sourit et lui adressa un petit signe de tête. Etonnée, Holly se tourna vers Ginny.
-Qui est cette femme ?
Ginny eut une grimace en découvrant la jeune femme.
-Des problèmes en perspective. C'est l'ex-femme d'Artémis.
- Son ex-femme ! J'ignorais qu'il fut marié. S'exclama Aldyn.
-Comme quoi, tout le monde n'écoute pas Deamon. Répliqua Ginny en fixant Holly droit dans les yeux. La FAR détourna les yeux, gênée. Puis Ginny expliqua :
-Ca n'a pas duré. Ils avaient tous deux de trop fortes ambitions dans des milieux totalement différents : elle en politique, lui en économie et dans la pègre moldue. Avoir un criminel pour mari, même assez rusé pour échapper à la prison, c'est un sérieux handicap pour faire une carrière politique. Elle a fini par coucher avec un ancien camarade d'école promu à un bel avenir.
-Gourgandine. Déclara le vieil elfe.
-Elle l'a trompé ! S'exclama Holly.
-Oui, et en beauté. Artémis s'est vengé à sa manière : elle n'a pas touché un centime lors du divorce. Artémis avait réussi par des transactions financières à mettre à l'abri sa fortune, ce qui lui a permis de déclarer son entreprise en difficulté économique. Il ne pouvait plus rien payé. Sonia en a hurlé de rage !
-Bien fait ! S'écria la mère d'Holly. Cette femme m'a l'air d'un vrai vampire !
-Je ne vous le fais pas dire. Acquiesça Ginny.
-Si tu as une idée pour t'en défaire, dis la vite, je crois qu'elle vient vers nous. Déclara Holly.
Effectivement, Sonia se dirigeait maintenant vers elles, le sourire aux lèvres.
-Bonsoir, Ginny. Comment vas-tu ? Félicitation pour ton nouveau poste.
-Merci. Répondit Ginny avec un sourire hypocrite, mais Sonia s'était déjà désintéressée d'elle et s'adressait à Holly.
-Bonjour. Sonia Hazzuro. Vous devez être Holly Short. Enchantée.
-Moi de même. Répondit Holly, mais son ton glacial démentait ses propos. Loin de se laisser démonter, Sonia continua.
-Félicitation pour votre réussite. Ca n'a pas dû être simple pourtant de s'habituer à notre monde et notre culture aussi rapidement.
-Pas tant que ça. Nombre de vos sorts sont semblables aux nôtres. La seule différence vient de votre supériorité en matière de métamorphoses et de potions, mais nous avons une nette avance technologique sur vous.
Le sourire de Sonia s'agrandit.
-En fait, je me demandais si vivre constamment dans une famille de sorciers ce n'est pas difficile ? Je veux dire, vos collègues vivent à Poudlard et même vos ambassadeurs vivent entre eux, mais vous, vous n'avez aucun contact avec votre monde et votre famille, j'imagine…j'espère au moins que Fowl se comporte bien avec vous.
-Arty est tout à fait a-do-ra-ble et je m'entends bien avec sa famille et ses amis, alors non, je n'ai pas de problèmes d'intégration. Qui plus est, on vous a sans doute prévenu que nous sommes de vieux amis : il m'aide beaucoup.
Du coin de l'œil, Holly pouvait voir Ginny lui murmurait quelque chose ressemblant " Oh ! La menteuse ! ", tandis que Sonia semblait avoir perdue un peu de sa superbe.
-La connexion entre le manoir et Heaven n'est pas mauvaise, comme il y traite des affaires, c'est assez normal.
-Ce n'est pas ce que j'ai entendu dire. Demon…
-Tu colportes les ragots, maintenant ? Je t'ai connue plus intelligente. Railla une voix derrière Sonia. La sorcière se retourna pour faire face à Fowl.
-Bonsoir Artémis. Je me contentais de discuter avec ton invitée, j'avais hâte de connaître son avis sur votre cohabitation.
-Qu'est-ce que cela peut bien te faire ? Nous avons divorcé, je te le rappelle, ce que je fais ne te concerne en rien.
-Bien sûr que si. Tu sais comme j'adore te voir dans la panade, quelqu'un finira bien par te donner ce que tu mérites.
-Et qu'est-ce qu'il mérite à votre avis ? Demanda Holly.
-Finir à Azkaban. Payer pour tous ses petits trafics, ses mensonges et les meurtres qu'il a commis, sans compter les autres actes méprisables que nous ne connaissons sans doute pas.
-Vous pouvez parler ! Vous l'avez bien quitté pour assouvir vos ambitions politiques, non ?
Sonia se tourna vers Artémis, méprisante.
-Et c'est moi que tu accuses de colporter des ragots !
-Sauf que dans ton cas, c'est la vérité ! répliqua Ginny qui récolta un regard assassin de la part de Sonia.
-Je vois, tous ligués autours de cet assassin. J'aurais dû m'en douter. Vous ferrez moins les fiers quand il sera à Azkaban.
-Toujours la même menace Sonia. Change, ça devient lassant. Lui lança Drago. Un sourire mauvais apparut sur le visage de Sonia.
-Je vois. Artémis ne vous a pas prévenu. Mais il va filer à Azkaban ! Le Bureau a lancé une procédure contre lui et compter sur moi pour qu'il fasse de la prison, avec le portrait que j'ai dressé de lui ! …
Mais Sonie ne finit jamais sa tirade, son visage entra soudainement en contact avec le poing de Holly. La sorcière poussa un petit cri et enfouit son nez dans ses mains. Holly ne l'avait loupé. Elle saignait. Une journaliste s'approcha d'elle pour l'aider mais Sonia se dégagea et se tourna vers Holly.
-Vous êtes malade !
-Pas du tout, mais si vous ne déguerpissez pas, je me ferais un plaisir de recommencer mais cette fois, j'utiliserais ma baguette.
Sonia s'éloigna, non sans lui jeter un regard assassin et en promettant de porter plainte.
Artémis regardait la fée avec des yeux ronds, tandis que Drago et Ginny réprimaient un fou rire.
-Ne t'inquiètes pas, déclara Ginny, tu n'es pas la première à lui faire ce coup là. Les plaintes ne sont jamais allées bien loin.
Aldyn se jeta au cou de sa fille.
-Bien joué, chérie ! Cette pimbêche n'a que ce qu'elle mérite. On ferait peut être mieux de s'éloigner, non ?
-Excellent idée, approuva Drago, venez dans le parc.
Le trajet permis à Artémis de reprendre ses esprits.
-Vous l'avez frappé ! Vous l'avez frappé ! Pourquoi ?
-Parce que son comportement à ton égard m'énervait et si tu ne veux pas te prendre un coup toi aussi, tu as intérêt à expliquer cette histoire d'enquête.
-Et n'oublie aucun détail ! Ajouta Ginny tandis qu'elle s'asseyait aux côtés de Drago sur un banc. Ce dernier se sentit vite mal à l'aise devant le regard lourd de reproches que lui lançait la jeune femme.
-Quoi encore !
-Tu n'as pas honte de laisser Aldyn debout à son âge ?
-Mais…tu as pris la dernière place qui…
-Je suis fa-ti-guée, j'ai travaillé toute la soirée, je te signale. Pas comme certain.
-Ca va, j'ai compris. Laisse tomber, je ne vais pas me battre avec toi ce soir.
Il se leva et alla s'adosser à l'arbre, non sans râler. Holly assis à ses pieds commençait à s'énerver.
-Alors, ces explications ?
-Minute, j'y viens. Si tu crois que c'est simple à expliquer.
-Contente-toi de dire la vérité, ça devrait être facile. Rétorqua Ginny récoltant ainsi un regard assassin de Fowl.
-Je te remercie de ton aide !…Drago, tu te rappelles lorsque les membres du Bureau nous ont convoqués ?
Drago acquiesça.
-Bien, ils m'ont proposé un marché…enfin, non, un chantage plutôt : je te dénonçais dans l'affaire du marquis et en échange ils ne me poursuivraient pas pour atteinte à la sécurité de l'état.
-Quoi !
Le mot sortit de toutes les bouches à peu près en même temps.
-Je sais c'est dingue mais ils affirment que le Peuple aurait pu être dangereux et que j'étais incapable de le juger par moi-même. J'aurais dû les prévenir. Bien sûr j'ai décliné l'offre.
Un silence s'installa seulement rompu par le bruit de la fête leur parvenant. Drago fut le premier à réagir.
-Tu es complètement malade ! C'est seulement maintenant que tu nous préviens !
-Exact, renchérit Holly, qu'est-ce que tu croyais ? Que tu allais t'en tirer seul sans nous mettre au courant ? Tu es encore plus stupide que je ne le pensais…
Ginny se relava et déclara : -Assez, je m'en occupe.
Elle s'approcha de Artémis et le gifla avant de le prendre parle col et de le secouer comme un prunier.
-Triple buse ! Serpentard dégénéré ! Attardé mental ! Sorcier de pacotille, non, escroc de pacotille ! Et ça se dit un génie du crime ! Comment as-tu pu nous faire ça ! A tes amis !
-On aurait pu t'aider. Ajouta Holly.
-Ne parle pas encore au passé, Holly, dit Drago, on peut peut-être encore faire quelque chose. Le procès a lieu quand ?
-Aucune idée, ils en sont encore à l'enquête. Et arrête de me secouer ! Ajouta-t-il à destination de Ginny qui cessa immédiatement.
-Très bien, on a le temps de te faire un dossier en béton. On pourrait retourner contre eux leur concept de " entente cordiale " entre nos deux peuples : si dans un procès, ils se mettent à les décrire comme des menaces potentielles, les journalistes vont en faire des gorges chaudes et les ambassadeurs vont hurler.
-Je pourrais peut-être rabattre des personnes pour ta défense autours de moi. Tu as quand même fais des choses bien pour notre communauté, proposa Holly, oui, maman ! Pas la peine de faire la sceptique, c'est la vérité !
-Mais je n'ai rien dis, moi ! S'écria Aldyn. Je pourrais peut-être en parler à mes amies. On ferait une pétition, un truc comme ça.
" Pétition ", " Truc comme ça ", " Rabattre pour la défense ", Artémis voyait l'enfer s'ouvrir sous ses pieds. Voilà exactement ce qu'il craignait : qu'avec les meilleures intentions du monde, ses amis se lancent dans les projets les plus farfelus qui soient. De simple erreur judiciaire, ils risquaient de transformer son procès en phénomène médiatique et en affaire d'état. Artémis ferma les yeux, désespéré.
Je suis fichu !
Quinze jour plus tard – Heaven – Appartement de Roots
-Non !
-Mais pourquoi ?
-Vous avez une petite idée de ce que vous me demandez Holly?
-Oui, sauver un innocent, un ami !
-Un innocent ! C'est la meilleure ! Fowl est tout sauf innocent ! Dois-je vous rappeler la quantité d'or qu'il nous a extorqués, l'enlèvement de l'ambassadeur atlante et le vol de nombreux objets d'arts ?
-Et alors, il nous a aidés contre Spiro, lors de l'attaque des gobelins et de Koboï, lors de son retour son aide fut décisive…
-Parlons en justement : l'affaire Spiro n'aurait jamais eu lieu s'il n'avait tenté de vendre son C.Cube, ordinateur d'ailleurs fabriqué grâce à ses larcins au sein de nos troupes, et son aide pour les deux autres affaires n'était pas désintéressée, loin delà !
-Il recherchait son père ! Nous ne pouvons quand même pas lui en tenir rigueur et je signale que si nous n'avions pas effacer sa mémoire, la prise de contacts aurait été plus facile lors du retour de Koboï.
-Vous n'allez pas recommencer avec cette histoire ! Je reconnais que nous avions fais une erreur mais ça ne justifie en rien les escroqueries commises à Heaven les années qui ont suivi!
-Il nous a aidés plus d'une fois !
-C'est surtout Butler et Juliet qui ont fait le gros du travail. Il a même réussi à tuer Butler !
-Ce que vous pouvez être de mauvaise foi !
-Attention, Short, je suis encore votre supérieur hiérarchique !
-M'en fous complètement ! Vous refusez de reconnaître l'aide précieuse que nous a apporté Fowl.
-Je ne refuse pas de le reconnaître, je le minimise, nuance !
-C'est quand même lui qui est intervenu lorsqu'un forage a failli toucher une de nos citées colonie de Heaven. S'il n'avait pas manigancer pour racheter l'entreprise, nous aurions dû déménager des centaines de fées !
Roots s'assit sur l'un des fauteuils en face de Holly.
-D'accord, une fois adulte, il nous fut plus utile qu'adolescent, mais je ne vois pas en quoi cela m'oblige à intervenir en sa faveur auprès des mes confrères du Ministère.
-Par ce que c'est de notre faute s'il va être condamné. S'il n'avait pas accepté de garder notre existence secrète, tout cela n'aurait jamais eu lieu.
-Accepter de garder notre existence secrète ! Laissez –moi rire ! Il s'est surtout tu pour pouvoir être le seul à nous exploiter !
-Vous voyez tout en noir !
-Et vous, vous jouez les hypocrites. Vous voulez que je vous relise quelques mails de Demon ?
Holly s'énerva.
-Comment vous…ho ! Et puis laissez tomber, je parie que c'est Foaly qui vous a mis au courant…d'accord, j'exagère. Artémis n'est pas un saint, certes il nous a manipulés et j'ai souvent souhaité et je souhaite encore le voir plonger pour certaines affaires, mais il ne mérite pas pour autant d'aller en prison ou de se voir radier de ses fonctions pour une raison aussi stupide ! Vous vous rendez compte de la manière dont ils vont nous dépeindre au procès : comme une menace, des monstres qui étaient sans doute prêts à les attaquer. Selon eux, Fowl n'était pas capable de juger du danger de la situation !
Elle se pencha vers Root, les yeux brillants.
-Vous savez aussi bien que moi qu'il en était capable, il l'a assez souvent montré lors de nos confrontations. C'était déjà un petit génie à douze ans, capable de monter avec brio une affaire criminelle, et lors des affaires Koboï, Anister…il a toujours fait preuve d'une étonnante vivacité d'esprit dans les pires moments, même s'il a parfois perdu son flegme. Je ne vous demande pas de le décrire en un petit saint, de l'innocenter de toutes ses affaires, je vous demande seulement de témoigner qu'il était parfaitement capable de juger par lui-même si nous représentions un risque ou non pour la communauté magique et qu'à partir du moment où il nous considérait comme non dangereux, il n'avait aucune raison de rompre son serment.
-Cela se tient effectivement mais peine à me convaincre de lancer une procédure diplomatique pour le sauver.
-Je ne vous demande pas d'intervenir au plan diplomatique, même si, si le Conseil acceptait de témoigner en sa faveur, cela serait un grand coup de pouce. Je n'en appelle pas au conseiller mais à l'elfe que vous êtes : Foaly et Justin ont bien accepté de témoigner en sa faveur !
- Vous ne comprenez donc pas : tout ce que je fais sera automatiquement rattaché à ma charge de conseiller, même si j'essayais d'intervenir simplement en tant que citoyen, sans faire valoir mon grade, les sorciers et les médias ne me louperaient pas. Je vois déjà les gros titre " Le Conseil défend Fowl ! ", " Tension entre les deux communautés : le Conseil défend un traître ! "…ce n'est pas le moment de déclencher une crise diplomatique alors que la menace des Mangemorts et des Gobelins se fait plus présente.
-Je vous en prie Root. Je ne vous ai jamais rien demandé…d'accord presque rien, ajouta-t-elle devant le sourire moqueur de Root, je suis certaine que vous arriveriez à convaincre les autres membres du Conseil. Pour l'instant, il n'y a aucun risque de crise, il s'agit d'une affaire interne : les médias ignorent tout de cette histoire.
Holly observait maintenant le conseiller d'un regard suppliant. Il resta silencieux, la dévisageant.
-Pourquoi ?
Holly sursauta.
-Pardon ?
-Pourquoi vous donner tant de mal pour le sauver ?
-Je vous l'ai déjà dis…
-Je ne veux pas connaître vos arguments officiels ! Je les connais aussi bien que vous, si ce n'est mieux ! Non, je veux connaître vos motivations personnelles ! Maintenant !…Regardez-moi lorsque je vous parle
La FAR ne répondit rien, se contentant de fixer le conseiller dans les yeux. Root s'énerva.
-Je n'ai pas que ça à faire Short ! Répondez à ma question et je verrais si je bouge le petit doigt pour l'aider.
Holly détourna les yeux et avoua : -Je l'aime.
Abasourdit, Root se laissa tomber dans un fauteuil. Il s'était attendu à tout sauf à ça : il voyait la fée sous l'emprise d'un Imperio ou bien sous la menace de Fowl ou d'un autre sorcier, voir même qu'elle connaissait des aspects de l'affaire qui lui avait échappés et qu'elle ne pouvait révéler pour sa propre sécurité, mais certainement pas frappée par Cupidon. Cette dernière pensée le fit rire : quelle ironie, l'arrière-petite fille de Cupidon victime de son aïeul !
-Je ne sais plus trop comment c'est arrivé, continua Holly, mais je me suis mise à l'aimer. Je ne veux pas qu'il finisse à Azkaban. Ca serait trop horrible. Même sans les détraqueurs….
Horrifié, Root vit des larmes perler aux yeux de Holly. Il se leva et vient lui tapoter dans le dos en lui tendant un mouchoir. Il n'avait jamais été doué pour réconforter les gens et voir l'un de ses meilleurs éléments fondre en larmes, alors que Holly avait gardé son sang froid dans les pires situations, le secouait.
-…je suis pourtant impartiale…je veux dire…ce n'est pas parce que je l'aime…que je ne veux pas le voir y aller…je sais que j'ai raison…il ne peut pas aller en prison à cause de nous…pas pour avoir gardé le silence…pas après tout ce qu'il a fait pour nous aider.
-Ecoute Holly, calme-toi, je vais voir ce que je peux faire, je te le promets.
Même si ça ne va pas être simple !
-Par contre, il va falloir que tu me promettes quelque chose.
-Tout ce que vous voudrez !
-A ton mariage avec Fowl, fais-moi plaisir : ne place ni à coté de Justin, ni à côté de Granger et Vinyaya.
Holly sourit.
-Promis…merci, Julius.
Ils restèrent encore une heure dans la pièce à parler de politique, des études de Holly et de sa nouvelle vie chez les sorciers, des nouvelles responsabilités de Julius et de Baroud, ce dernier ayant hérité du commandement des FAR après la promotion de Root. Au moment de prendre congé, Holly demanda :
-Pourquoi avez-vous parlé de Granger tout à l'heure ? Ce n'est ni une amie de Fowl ni une de mes connaissances : pourquoi viendrait-elle à notre mariage ?
Pour la première fois depuis le début de la soirée, un sourire naquit sur le visage de Root.
-Demandez à Justin, il se ferra un plaisir de vous expliquer.
Et sur ces paroles évasives, il mit la jeune fée dehors.
De son côté, Drago n'était pas resté inactif : il avait contacté deux anciennes connaissances à son père qui étaient avocats au sein de l'armée des sorciers. Il leur avait soutiré le maximum d'informations sur la procédure d'enquête lancée contre Artémis. Durant ces quinze derniers jours, ils avaient passé leurs soirées à travailler soit sur le dossier de défense de Drago soit sur celui d'Artémis. Holly était parti à la chasse aux témoignages et avait réussi à convaincre Foaly, Justin et Mulch de témoigner en faveur de Artémis. Baroud était encore réticent, mais semblait bien parti pour accepter. Quant à Root, et bien, il fera ce qu'il pourra mais Holly craignait un peu son intervention.
Ginny poursuivait ses investigations au Ministère et chez les Aurors, tout en écrivant son reportage. L'enquête était loin d'être facile : si les Aurors se prêtaient facilement à ses interviews sur leurs conditions de travail, il lui était plus difficile d'avoir accès à leurs dossiers. Heureusement, elle pouvait compter sur l'aide de Galaad ; ce dernier s'était toujours révélé un allié précieux lorsque Ginny écrivait des articles pour Sorcière Hebdo. Elle avait réussi à obtenir sa collaboration pour accéder aux archives récentes du Bureau contre la promesse d'un week-end ensemble en Irlande et le versement d'une importante somme d'argent en liquide. Après un débat passionné, Ginny avait fini par accepter : l'argent serait pris sur les comptes de Shingami (elle s'arrangerait avec Drago et Artémis en temps voulu) et ils partiraient en week-end dès que les poursuites contre Drago auront été abandonnées. Il ne lui restait plus qu'à trouver une excuse valable auprès de Drago pour s'absenter pendant cette période : malgré l'ouverture d'esprit du jeune homme, elle doutait beaucoup qu'il accepte cette partie du contrat. Après son esclandre à propos de Claire, Ginny se faisait un peu l'effet d'une hypocrite, mais de toute manière se disait-elle, Drago savait parfaitement comment elle travaillait. S'il n'était pas content, il n'avait qu'à s'en prendre à lui-même et ne pas l'avoir envoyé jouer les espionnes.
Bien sûr ! Met lui tout sur le dos, je suis sûre que cela soulagera ta conscience ! Ironisa Ginny.
Elle soupira et repris sa lecture. Elle se trouvait avec Galaad dans la salle de contrôle du ministère. Cette nuit-là Galaad était en service : il avait en charge la surveillance des écrans de contrôle du secteur ouest du Ministère pendant que cinq de ses confrères patrouillaient. Trois autres équipes effectuaient le même travail dans le reste du Ministère, sans compter la patrouille stationnant à l'extérieure prête à intervenir en cas de problèmes. Dans le cadre de son reportage, Ginny avait obtenu la permission de passer certaines nuits en compagnie d'Aurors. Lorsqu'elle était avec Galaad, elle en profitait pour éplucher les dossiers que l'Auror lui faisait parvenir. Elle avait refusé de lui dire quel était le but de ses recherches, se doutant qu'il romprait leur accord s'il apprenait qu'elle travaillait pour Malefoy. Elle avait obtenu son silence en augmentant la somme qui lui était versée : Galaad n'était peut être pas toujours une lumière mais lorsqu'il s'agissait de son travail ou de marchander ses services, il se défendait bien.
Ginny referma son dossier. Rien dans celui-là. Elle avait épluché toute la section " meurtres d'étrangers" des huit derniers mois, même en se restreignant aux affaires européennes et en éliminant toutes les enquêtes contre des Mangemorts, il restait plus d'une cinquantaine d'affaires en cours au sein du Ministère, sans compter les enquêtes en attente depuis plusieurs années. Pas étonnant que le Bureau ne sache plus au donner de la tête. Elle prit un nouveau dossier et commença la section " contrebande d'art ".
La chance finit par lui sourire au bout de trois heures. Il s'agissait d'un dossier peu épais concernant une contrebande d'objet d'art moldu et magique en France. Dans les noms des accusés venait celui de Drago. Très succinct, il renvoyait à plusieurs annexes que n'avaient pu obtenir Galaad. Néanmoins, le nom des Aurors par qui avaient été lancé la procédure s'y trouvait : ne disposant d'aucun renseignements importants aux yeux du Bureau et n'ayant fais aucune demande en ce sens, ils ne disposaient pas du service de protection des témoins, par conséquent leur nom apparaissait en toutes lettres dans le compte rendu. Et parmi eux se trouvait une vieille connaissance.
-Nathanaël !
Le cri sortit de deux gorges différentes. Ginny s'adossa à son fauteuil, un sourire triomphant aux lèvres. Elle adorait voir Artémis et Drago avec cet air légèrement ahuri : cela leur faisait du bien de leur rappeler de temps en temps que s'ils étaient doués, ils n'en étaient pas moins faillibles. Ils avaient beau se douter de l'implication de Nathanaël, cela leur faisait quand même un choc.
-Et oui ! Vous vous êtes fais avoir en beauté ! Vous l'avez trop sous-estimé.
-Oh, ça va Ginny ! On se passera de tes commentaires. S'exclama Drago.
-Il fallait y penser avant de me prendre au sein de Shingami, chéri. Maintenant, assume.
Les deux sorciers se mesurèrent du regard.
-Ce n'est pas le moment, tous les deux ! Donc, je récapitule : tu dis que c'est Nathanaël qui les a conduis au témoin
-C'est dans le dossier. Lis-le si tu ne me crois pas.
Elle lança une liasse de feuilles sur la table basse. Artémis les prit et les feuilleta.
-Comment as-tu réussi à en faire des photocopies ? Demanda Drago.
-Galaad. Il a accepté de me rendre ce petit service.
Drago en fronça les sourcils ?
-En échange de quoi ?
-Ca ne te regarde pas.
-Pardon !
-Pas de crise de jalousie, je te prie. Sans mes " liens " avec Galaad, on piétinerait encore. Tu voulais des réponses ? Les voilà !
-Ce n'était pas une raison pour sauter avec tout ce qui bouge.
-Bravo pour la formule Drago ! Et merci pour ta confiance ! Primo, je ne saute pas tout ce qui je bouge ! Deuzio, nous ne sommes pas mariés !
- Je supporte ta famille depuis des semaines, je considère que j'ai droit à un minimum de respects !
-Laisse ma famille en dehors de ça !
-Ca serait avec plaisir, mais je te rappelle que ces dingues refusent de nous lâcher !
-Dingues ! Tu peux parler ! Entre Nathanaël qui veut ta peau, Clerc et Mac Calway qui souhaiteraient te voir à Azkaban, ta mère et Claire, tu n'es pas mieux entouré !
-Minute…
Artémis intervient.
-Drago, arrête de lui hurler dessus !
-Mais elle a…
-On s'en fiche. Galaad va nous être utile.
-Cet avorton !
Ginny se pencha vers Artémis.
-Comment ça ?
-Si Nathanaël leur a présenté le témoin, il connaît son nom. Dès que nous saurons comment il se nomme, nous pourrons le retrouver. Nous devons interroger Speimth.
-Je te rappelle qu'il nous fuit comme la peste. Impossible de lui mettre la main dessus, on a déjà essayé.
- C'est là qu'intervient Galaad. On va s'en servir comme appât. Il ne se doutera jamais de lui : tout le service est au courant de ton animosité à son égard.
-On se demande pourquoi je le déteste autant ? Marmonna Malfoy en jetant un regard assassin à Ginny. Regard que la sorcière lui rendit.
-Je t'avais dis de le laisser en paix !
-Ne t'inquiètes pas, cela va être le cas. Désolé Drago, tu vas devoir attendre un peu pour régler tes comptes! Et ne me regarde pas comme ça ! Je n'ai jamais dis que tu ne pourrais pas le menacer.
La moue de Drago disparut, remplacée par un début de sourire.
-Là, tu m'intéresse.
-Les hommes du Bureau ne te suivent pas à l'intérieur du ministère et du Bureau des Aurors, n'est-ce pas ?
Drago acquiesça.
-Je n'ai droit à une surveillance qu'en dehors du service.
-Alors écoute, j'ai un plan.
Le surlendemain. Peu avant 18h00
Galaad venait de prendre son service. Toujours en charge de la surveillance des écrans, il se préparait un café lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir et vit Malefoy s'introduire dans la pièce, sa baguette levée vers lui. Il n'eut que le temps de se baisser pour éviter un sort d'immobilisation. Planqué derrière son bureau, il tâtonna rapidement sur le meuble pour atteindre sa baguette. Une fois armé, il hurla :
-Vous êtes dingue.
Il se relava prudemment. Weasley et Fowl avaient pénétré dans la pièce et fermé la porte. Drago se dirigea droit sur Galaad, le frappa au ventre. Galaad se plia, le souffle court. Drago le releva et le maintint au fond de sa chaise, puis il lui adressa un sourire menaçant.
-Bonsoir Galaad. Tu vas me rendre un petit service.
-Un service ! Tu rêves ! Pourquoi ferais-je ça ?
-Parce que soit tu m'aides, soit tu finis avec un Avada entre les yeux.
Galaad se tourna vers la sorcière.
-Ginny, fais quelque chose. Dis-lui que son comportement est immature !
-Désolé, j'ai fais ce que j'ai pu mais il refuse de m'écouter.
Galaad jura.
-Fowl ! Vous aviez promis de m'aider.
-J'avais seulement promis d'essayer et j'ai échoué.
Drago raffermit sa prise.
-Alors ?
-Alors, vous ne me tuerez pas. Vous n'êtes pas assez bête pour faire en plein ministère et surtout pas devant ces deux là ! Vous avez besoin de moi, et vous faites tout ça pour m'effrayer, sinon pourquoi seraient-ils venu ? Ils sont opposés à l'idée de me tuer.
Ce fut Ginny qui répondit.
-Désolé Galaad. Belle théorie mais elle est fausse. Nous sommes venus pour le convaincre jusqu'au dernier moment et nous sommes restés pour l'aider à se débarrasser du corps. Après tout Drago est notre ami.
Tous fous !
Galaad commençait à avoir des sueurs froides. Il avait entendu des histoires bizarres concernant les ennemis de Malefoy et Fowl. Dans le milieu, on disait qu'ils n'hésitaient pas à tuer, torturer et user de la magie noire. Bien sûr il ne s'agissait là que de rumeurs colportées par les anciens Mangemorts et autres criminels mais cela suffisait largement à inquiéter Galaad. Comme pour confirmer ses craintes, Drago leva sa baguette et murmura " Excilor ". Galaad eut l'impression qu'une lame entailler son bras droit. Il poussa un cri et porta la main à son avant-bras, elle en revient tachée de sang : une estafilade s'étendait sur son avant-bras.
-La prochaine fois, ce sera plus profond et plus douloureux, affirma Drago d'une voix calme, à moins que je ne vise un œil ou une main.
Galaad observa attentivement le sorcier dressé devant lui et les deux autres silencieux à l'arrière plan, imperturbables et assis sur des chaises comme s'ils assistaient à un spectacle.
-Très bien, qu'est-ce que je dois faire ?
La suite de l'opération fut simple à réaliser. Peu avant l'heure où Nathanaël finissait son service, Galaad vient le voir en lui disant que le commandant Guédon voulait le voir en urgence : un touriste gobelin venait de faire irruption dans le centre, complètement paniqué et ne parlant qu'un anglais approximatif avec un atroce accent russe. Galaad avait tout de suite pensé à Nathanaël : à son avis, il était le seul Auror parlant russe encore en service ce soir. Ils divisèrent tranquillement tout en se dirigeant vers le deuxième étage où se situaient les bureaux d'accueil. Cachée sous une cape d'invisibilité à un croisement, Ginny leur emboîta le pas. Au détour d'un couloir, Nathanaël se retrouva face à face avec Drago et Artémis, leur baguette pointée sur lui. Derrière lui se tenaient Galaad et Ginny, également armés. Avant qu'il n'ait pu sortir sa baguette, il se retrouva assommé et saucissonné. Artémis et Drago l'enveloppèrent dans la cape d'invisibilité et le firent voler devant eux jusqu'aux cheminée publiques, en prenant soin de ne pas trop le secouer (ce qui risquerait de faire tomber la cape). Pendant ce temps, Ginny ajouta à une bouteille de Polynectar une mèche de cheveux arrachés à Speimth, puis elle continua son chemin avec Galaad et le quitta quelques couloirs plus loin pour rejoindre le garage à balai où elle prit le balai de Nathanaël et s'envola dans la direction qu'il prenait tous les soirs. A trois kilomètres du bâtiment des Aurors, elle bifurqua à l'est et atterrit sur le toit d'un immeuble, où, à l'abri des regards elle réduisit le balai en copeaux et y mit le feu. Puis elle attendit que Juliet vienne la chercher. Pendant ce temps, Galaad effaçait toutes traces de l'enlèvement sur les enregistrements en le remplaçant jusqu'à la transformation de Ginny par un montage vidéo réalisé par Artémis.
Nathanaël se réveilla dans ce qui semblait être dans une cave : de petite taille, la pièce était recouverte de béton avec, pour tout ameublement une table avec des objets moldu posé dessus. Il était attaché sur une chaise, les bras dans le dos. On lui avait retiré sa baguette, sa robe de sorcier et sa chemise. Devant lui se tenaient Malefoy et Fowl. Tous les deux affichaient un immense sourire sur leur visage.
-Salut, Nat ! Comment vas-tu ? Lui demanda Drago.
-Détache-moi tout de suite, Malefoy !
-Après tout le mal que nous nous sommes donnés pour t'attraper ? Tu rêves, Nathanaël.
-Très bien, qu'est-ce que vous me voulez ?
Drago se tourna vers Artémis.
-C'est ce que j'aime bien chez lui : il va tout de suite au cœur des choses. Direct, pas de suppliques. Pas de " Où suis-je? ", " Vous êtes siphonnés " et autres phrases inutiles.
-On ne peut pas dire la même chose de toi. Répliqua Nathanaël.
-Qui te dit que nous voulons quelque chose ? Demanda Artémis.
-Ne me prenez pas pour un idiot : si vous vouliez seulement vous vengez, je serais déjà mort ou bien en pleine séance de torture, pas en train de tailler la causette avec vous ?
-Drago, explique-lui ce que nous voulons ? Ordonna Artémis tout en prenant un objet moldu sur une table. L'objet était en métal, de couleur noire et formait une sorte d'angle droit. Nathanaël reconnut une arme typiquement moldu : un pistolet, il en avait déjà vu lors de ses cours sur la société moldue à Poudlard. Il eut un sourire ironique.
-Je savais que tu avais trahi ton sang, Malefoy, mais je n'aurais jamais pensé que tu étais tombé aussi bas ! Utiliser des armes fabriquées par des moldu !
-Tu n'as pas idée de ce que les moldu ont pu inventer pour s'exterminer ! C'est fascinant et parfois bien plus marrant que nos sorts. Répliqua Drago.
-Et l'avantage, ajouta Artémis, c'est qu'il n'y a aucun risque que l'on remonte jusqu'à nous. Cette arme n'a jamais été déclarée et personne ne viendra imaginer qu'un descendant d'une si ancienne lignée de sorcier " au sang pur " puisse utiliser des objets aussi barbares que des armes moldues. A la rigueur, des armes blanches mais c'est tout.
Drago s'éloigna de Nathanaël, sortit sa baguette et dit.
-Bien, voici la question : comment s'appelle le témoin que tu as donné au Bureau ?
Nathanaël eut un petit sourire.
-Alors c'était ça. Je ne dirais rien.
-Mauvaise réponse…Excilor Corpus!
Le corps de l'Auror se couvrit aussitôt de multiples blessures, bien plus profondes que celles reçue par Galaad.
Nathanaël hurla mais ne répondit pas lorsque Drago leva le sortilège. Au contraire, il continua à sourire. Impassible, Drago recommença, encore et encore pendant plusieurs minutes, mais à part hurler, Nathanaël refusait de parler. Artémis finit par arrêter son ami.
-Laisse tomber, on va changer de techniques.
-Je pourrais passer aux sortilèges impardonnables.
Artémis secoua la tête.
-Pas question, ils sont trop facilement détectables. Cela reviendrait à signer notre forfait. Si le reste ne marche pas, on y viendra.
Drago hésita un instant puis acquiesça. Artémis s'approcha de Nathanaël, le pistolet dans une main et dit :
-Quel est son nom ?
-Tu es sourd ? J'ai dis que je n'en savais rien. Torturer moi autant que vous voudrez, j'ai l'habitude. Comme je vous l'ai dis, Voldemort était un bon professeur.
-Très bien.
Artémis lui tira dans le genou, le faisant hurler de douleur. Les yeux écarquillés, Nathanaël fixait son genou qui saignait et l'élançait comme s'il s'étonnait qu'une telle arme puisse faire autant de dégâts. Sous l'impact, sa rotule s'était fracturée. Drago eut un sourire méprisant.
-Je parie que Voldemort ne t'a pas appris ça.
-Je t'explique le principe, dit Artémis, à chaque mauvaise réponse nous te frapperons. On commence par les bonnes vieilles techniques moldues puis on passera aux sortilèges.
-Alors, son nom ? Demanda Drago.
Nathanaël ne répondit rien, se contentant de le fixer droit dans les yeux, le visage fermé. Une nouvelle détonation se fit entendre et Speimth poussa un nouveau hurlement lorsque la balle traversa son second genou. La douleur lui arracha des larmes. Drago murmura un sort et les plaies se refermèrent mais la douleur resta.
-Tu vois, Nat, l'avantage de la magie, c'est que nous pouvons te torturer aussi longtemps que nous le voulons sans que tu ne meures. Affirma Drago.
Nathanaël eut un sourire.
-Vous ne pouvez pas faire pire que Voldemort.
Artémis et Drago se regardèrent. Pendant un court instant, Drago sembla observer Artémis, l'interrogeant du regard. Pour toute réponse, Artémis rangea son arme.
- Détache-lui une main.
-Tu es sûr que…
-Fais ce que je te dis ! hurla Artémis.
Il se dirigea vers la table et se mit à observer les couteaux qui s'y trouvaient. Il prit dans sa main un poignard et le soupesa. Pendant ce temps, Drago avait traîné la chaise contre le mur malgré les tentatives de Nathanaël pour freiner sa progression : l'Auror se penchait en sens inverse de la marche, se balancer de gauche à droite. La plaie de son genou droit s'était réouverte et le sang commençait à imbiber son pantalon. Drago détacha sa main droite et la plaqua contre le mur. Artémis revenait vers eux, une lame à la main. Il observa les deux Aurors et secoua la tête.
-Non. Par terre. Je vais avoir du mal à viser sinon.
Drago renversa si brutalement la chaise que la tête de Nathanaël cogna contre le sol. Il immobilisa Nathanaël, tandis que Fowl maintenait d'une main le bras libre de Speimth au sol. Artémis fixa Nathanaël droit dans les yeux. Ce fut ce regard qui le glaça. Les yeux d'Artémis n'exprimaient plus aucun sentiment : ni doute, ni peur, ni inquiétude. A peine pouvait-on y apercevoir un léger ennui. Nathanaël avait assez fréquenté Voldemort pour pouvoir reconnaître ce regard : il l'avait déjà aperçu chez certains Mangemorts, ces hommes étaient les plus dangereux, ils avaient tous une lueur dans un l'œil, un il ne savait quoi qui transpirait la folie. A cet instant, Nathanaël eut la certitude que Fowl pourrait le tuer de sang-froid, sans éprouvait une once de remord ou de culpabilité. Ce fut d'une voix presque distante que Artémis demanda : -Son nom ?
Incapable de répondre, Nathanaêl ne put que le fixer les yeux écarquillés tandis que la lame s'abattait sur sa main, tranchant son pouce. Il hurla et recommença à chaque fois que le couteau de Fowl s'abattit, tandis que l'Auror répétait inlassablement la même question. La douleur lui était insupportable. Nathanaël pleura et finit par avouer. Tout pourvu que cela s'arrête. Une flaque de sang s'était formée sous sa main et sous ses genoux. Il sanglotait et gémissait.
Artémis se redressa, fixa un instant le corps à ses pieds, sortit son arme et tira.
Le silence s'installa dans la pièce.
Drago s'éloigna du corps et se mit à vomir. Artémis se tenait au milieu de la pièce, regardant ses mains tachées de sang comme fasciné. Quand il n'eut plus que la bile à vomir, Drago se calma et s'assit par terre, fixant le cadavre aux pieds d'Artémis. Au bout de plusieurs minutes, il rompit le silence.
-Je ne te comprends pas Artémis : tu ne peux supporter les scènes de crime mais tu peux torturer un homme sans rien éprouver.
-Ce n'est pas le même état d'esprit, répondit doucement Artémis en continuant à fixer le cadavre et ses mains. Drago attendit que son ami s'explique mais Artémis ne répondit rien d'autre. Malefoy soupira et se passa une main dans les cheveux.
-Tu me fais peur Arty. Tu vas finir par être bon pour l'asile.
-Je crois que c'est trop tard.
Peu à peu Fowl commençait à redevenir lui-même, le changement était subtil mais bien présent : une lueur réapparut dans ses yeux, son corps sembla se détendre et son regard commença à voleter sur les autres objets de la pièce…
-Qu'est-ce que l'on en fait ? Demanda Drago. Un puzzle comme d'habitude ?
-Non, on ira le mettre au caveau cette nuit sans que les membres de Bureau nous voient.
Drago haussa les sourcils.
-On ne se débarrasse pas du corps ?
-Plus tard, j'attends de vérifier ses dires. S'il nous a menti, nous ferons appel à un nécromancien.
-Je comprends mieux pourquoi tu as visé le cœur et non la tête ou la gorge.
Les deux hommes sortirent et fermèrent la prote, à clef. Artémis se lava les mains dans le couloir.
-J'appelle Ginny, dit Drago, on passe à la suite du plan. Il te faut combien de temps pour préparer le matériel.
-Deux ou trois heures, si Holly ne s'en mêles pas.
-Bien, on attendra.
La seconde partie du plan était aussi simple que la première. Elle consistait à envoyer un hibou au témoin, maintenant qu'ils connaissaient son nom : il s'agissait d'ailleurs de l'ancienne maîtresse du Marquis dont Drago ignorait l'existence. Si tout se passait comme prévu, les hiboux se dirigeraient vers la poste restante du témoin : une sorte de boîte aux lettres crée par le service de protection des témoins et où arrivait tout le courrier destiné aux personnes qu'ils protégeaient. Un sorcier venait relever le courrier tous les jours et les lettres étaient ouvertes pour vérifier qu'elles n'étaient ni piégés, ni ensorcelées. Puis le courrier était remis dans le plus grand secret à leur destinataire. Il était donc en théorie impossible de savoir où se cachait le témoin. C'est là qu'intervenait le génie d'Artémis : tout son plan reposait sur le fait que les dirigeants de ce service étaient de la vieille école, remplis de préjugés à l'égard des moldus, ils ne connaissaient rien à leur technologie, alors découvrir un micro émetteur planqué dans l'épaisseur du papier à lettre, c'était trop leur demander. Artémis envoya donc une fausse publicité et une fausse lettre au témoin et attendit de voir si ses collègues mordaient à l'hameçon.
Une fois l'appât envoyé, le reste fut un jeu d'enfant. Il leur fallut cinq jours pour découvrir où les hiboux allaient. Quatre jours pour se fabriquer pour eux et pour leur entourage un alibi correct et en quelques heures le témoin et ses gardes étaient morts, la cachette incendiée et le courrier envolé. Ce fut Ginny qui se chargea des meurtres malgré la vive opposition des deux hommes. Elle leur déclara que si elle avait pu survivre à Voldemort et à ses sbires, si elle avait pu tuer certains de ses camarades victimes d'un Imperio, alors une jeune femme et quelques Aurors ne seraient pas un problème.
Le comportement de Ginny ne cessait d'étonner Artémis : elle avait passé les trois dernières années de sa vie à tenter d'oublier son rôle au sein de l'Ordre du Phénix, essayant de se construire une vie normale et une carrière de journaliste respectable et en quelques mois, elle avait abandonné tout ce qu'elle avait bâti pour s'enfoncer encore plus dans le crime aux côtés de Drago et Artémis. Fowl se surprenait parfois à se demander combien de temps il faudrait aux autres enfants de l'Ordre pour replonger.
Bien entendu, la nouvelle de l'assassinat de son seul témoin pouvant incriminer Malefoy déplut fortement à Clerc. Il hurla que Malefoy était coupable, qu'il ne pouvait qu'être le commanditaire de cet assassinat, mais devant le manque de preuves, la procédure contre Drago dut être annulée. Furieux à l'idée de voir Malefoy lui échapper, Clerc se retourna contre Artémis et l'arrêta pour le mettre en détention provisoire jusqu'au procès, soi-disant pour l'empêcher de se soustraire à la justice. Fort heureusement, lorsque les Policiers vinrent le chercher chez lui, il était trop tôt pour que Camille et Gabriel soient levés. Seule Holly assista à la scène, elle eut beau tempêter, ils emmenèrent Fowl. Dès qu'ils eurent disparut, elle se rua sur les cheminées et les téléphones pour contacter le maximum de personnes possibles : Juliet, Drago, Ginny, Justin, Foaly, Root… chacun promis de faire ce qu'il pouvait pour l'aider. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, son ordre de mission tomba la même semaine : l'attaque était prévue pour dans neuf jours.
Le seul avantage, c'est que je n'aurais pas à m'inquiéter de savoir si Fowl risque de faire tuer ou non pendant l'intervention !
review, s'il vous plait. Surtout la scéne finale, j'ai peur d'en avoir fais trop. Je finis de taper mes pages de brouillon et je vous donne le denrier chap et l'epilogue. Les réponses aux reviews seront dans le prochain chap.
