Coucou !
Je pensais faire un chapitre un peu plus court que d'habitude cette semaine mais finalement non. Tant mieux j'imagine ^^ Surtout que je pense fortement faire un hiatus la semaine prochaine. (Nooon, c'est pas pour en être au même niveau dans mes deux fics en cours actuelles voyons… C'est pour, euh, préparer la suite ;P ).
Bonne lecture !
Chapitre 30 : Entrevues
Ils avaient discuté jusqu'à assez tard, prévoyant la surveillance du petit détective et anticipant d'éventuelles tentatives de kidnapping, la forme qu'elles prendraient et la réponse à y apporter, tout comme la meilleure façon de récolter des informations en attendant que le principal intéressé daigne en dire plus, le tout afin d'idéalement les faire abandonner l'idée de recapturer le lycéen rajeunit, avant d'enfin les laisser se reposer.
Le week-end commençait le lendemain de toute façon, Conan ne craignait donc pas d'arriver fatigué en cours. Il savait néanmoins qu'il n'échapperait pas longtemps à une nouvelle visite de Ran, aussi fit-il son possible pour se mettre dans de bonnes dispositions pour dormir, mais il en était incapable. Avoir discuté toute la soirée de l'École avait mit son esprit en ébullition, et ça ne se calmait pas.
Hélas, avoir discuté des différentes options des erasers pour l'enlever au milieu de tout ce monde n'avait pas aidé à apaiser sa paranoïa, bien au contraire, même alors qu'il savait que des agents du FBI montaient la garde pendant que la maisonnée dormait. Ils se devaient de rester discrets pour ne pas laisser penser que Conan avait trop parlé, tout en étant assez visibles pour être dissuasifs, ce qui pouvait du même coup en faire des cibles potentielles.
Malgré toutes ses tentatives pour évaluer les risques et peser le pour et le contre, le lycéen détective ne savait toujours pas exactement dans quoi il s'embarquait, et ça se sentait. Habituellement, il dictait les plans de A à Z, prévoyant la moindre réaction de l'ennemi. Ici, il s'y était bien essayé, mais il avait laissé une part plus importante que d'habitude aux suggestions des uns et des autres, également freiné par ce qu'il souhaitait toujours garder secret, et par sa propre ignorance. S'il connaissait leurs méthodes au sein du labo, il était beaucoup moins sûr dès qu'il s'agissait du monde extérieur. Il avait bon espoir d'avoir surestimé la menace, mais il craignait aussi de se bercer d'illusions, ce qui ne rendrait le travail des erasers pour le récupérer que plus facile. Mieux valait faire preuve d'une prudence excessive pour le moment que l'inverse.
Il essayait de penser à autre chose, vraiment, mais il ne pouvait s'empêcher de tourner et retourner leurs plans dans sa tête, cherchant les failles qu'ils auraient pu négliger même à plusieurs, recoupant avec les connaissances qu'il n'avait pas partagé, cherchant des indices dans ses souvenirs épars, jusqu'à fatalement s'y perdre.
Il allait de plus en plus mal, ça il en était sûr. Ses conditions de détention n'aidaient certes pas, mais il savait qu'il y avait autre chose. Malgré ses souvenirs flous, il avait assez entendu les deux scientifiques discuter pour comprendre cela.
Les dits scientifiques ne se donnaient même plus la peine de venir le chercher eux-même d'ailleurs, c'était désormais toujours un eraser qui s'en chargeait. Probablement car il avait désormais du mal à tenir debout et à marcher tant il présentait des signes de fièvre de plus en plus intenses, au point où il s'étonnait qu'ils ne s'en affolent pas plus que ça. Il eu vaguement l'impression de rester plus longtemps à la suite sur leur foutu lit, mais son estimation du temps partait en lambeaux, et maintenir son attention devenait difficile. Il croisait plus rarement Max, encore moins dans des conditions où ils étaient tous deux réveillés et en assez bon état pour discuter, et avait l'impression de passer son temps dans un état second, ce qu'il n'appréciait absolument pas. Ayant du mal à focus, il était condamné à être enfermé avec ses pensées, élaborant des plans avec ce qu'il avait réussi à voir avant de commencer à aller mal.
Un eraser était plus que suffisant pour le porter. Même s'il l'avait voulu, il aurait été incapable de lutter de toute façon, et il savait qu'être en pleine possession de ses moyens n'aurait rien changé.
C'est pendant un de ces rares moments de lucidité que l'eraser étonnament doux qui l'avait déjà ramené plusieurs fois lui adressa la parole, ce qui le laissa confus quelques secondes. Les rares fois où ses geôliers lui parlaient, c'était généralement pour des commentaires narquois, rien qui ne vaille la peine d'être écouté.
Mais pas cette fois. Cette fois, on lui posait une question, sur un ton… Doux ? Presque concerné. Conan cligna des yeux et fixa l'eraser, reconnaissant les traits de son visage.
-Je disais, comment tu t'appelles petit ? Répéta-t-il.
-… Conan… Edogawa Conan…
Sa voix aussi sonnait bizarrement, mais ce n'était pas du à ses pseudo symptômes de grippe, juste à un manque d'usage.
-Moi c'est Watanabe Seiko. Tu peux m'appeler Seiko.
Conan laissa couler un silence de quelques secondes, surpris.
-Pourquoi… ?
Son esprit, embrumé en permanence par la fièvre et probablement les produits qu'ils lui injectaient, avait du mal à articuler. L'eraser eu un sourire un peu triste.
-Je sais qu'eux te nomment par un matricule. Des chiffres sans signification, sans humanité. Ce qui se fait ici est important, je le pense sincèrement. Je ne serais pas ici sinon. Mais je trouve juste dommage de manquer d'humanité à ce point. Faire des sacrifices nécessaires n'implique pas de le faire n'importe comment. Mais j'imagine que c'est plus simple pour eux aussi de te voir comme une simple statistique.
Le garçon fit la grimace. Dans leur cas, il doutait que leur attitude soit une forme de self préservation. Mais ce n'est pas la seule chose qui l'intriguait.
-Vous avez une voix un peu aigue, non ?
-D'habitude, on me dit au contraire que j'ai une voix grave pour une femme.
Nouveau clignement des yeux.
-Vous êtes… ?!
-Oui, je suis une femme. Tu ne l'as pas remarqué, depuis le temps ?
Le petit détective comprit vaguement que la position devrait être génante, mais il ne sentait pas spécialement de poitrine, seulement du muscle alors qu'elle le portait.
-Courage, lui glissa-t-elle. J'espère pour toi que ça ira, mais si ça foire, tu devrais être vite fixé dans tous les cas. Ça a commencé depuis un moment déjà. Yokoyama-sensei et Endo-sensei ont un taux de réussite plutôt haut, mais quand ils se ratent, c'est rarement rattrapable…
-Qui… Ça ? Qu'essayent-ils de faire ?
-Tu ne connais même pas leur nom ? Yokoyama Umako, c'est la femme à lunettes, je crois qu'elle était infirmière à la base. Et Endo Bunta est son collègue. Ce sont eux qui s'occupent de toi la plupart du temps.
L'enfant hocha la tête.
-Je ne les ai… jamais entendu s'appeler.
-Hé bien maintenant, tu peux mettre un nom sur leur visage !
-Mais ce n'est pas un problème… De me donner ce genre d'information ?
Elle hocha les épaules.
-Pourquoi donc ? Nous ne sommes pas comme les autres branches, nous ne laissons pas échapper de cobayes nous !
Ils étaient presque arrivés. Seiko se chargea de l'attacher au lit alors que les scientifiques s'affairaient de leur côté en préparation du programme du jour. Elle lui tapota le poignet avec un sourire encourageant et un peu désolé avant de le laisser à son sort.
Inconsciemment, il frissonnait d'avance devant ce qui l'attendait, mais moins que les précédentes fois, car ironiquement, cette courte discussion avec un autre être humain faisant preuve de compassion l'aidait à redonner une perspective optimiste à tout cela. S'il restait encore de l'empathie à certains d'entre eux, alors tout espoir n'était pas perdu…
C'est en tout cas ce qu'il espérait alors qu'il s'assurait de mémoriser les informations qu'elle lui avait donné malgré l'état de son esprit, et l'agitation des scientifiques à ses côtés, qu'il devinait déjà occupés à lui réinjecter tout un tas de produits aux noms inconnus. Il ne tarda pas à sentir sa conscience vasciller, mais ferma les yeux avec un léger sourire aux lèvres.
Du blanc, du blanc partout. Fort, lumineux. Il était toujours dans le laboratoire.
-C'est étrange… Le processus devrait pourtant être terminé. Tous les indicateurs sont là !
-Tu as oublié le dernier : il a toujours de la fièvre.
-Justement ! Elle commence à baisser, on devrait donc voir les résultats depuis longtemps. Tout devrait être fini ou presque à ce stade. Son génotype a été modifié avec succès. Pourquoi est-ce que ça ne s'exprime pas ? Il doit y avoir une erreur quelque part…
-Tu es bien sûr de toi ?
-Oui, je viens de lui prélever de l'ADN pour examiner son génome ! Et les gènes sont bien activés. Les protéines et virus ont bien fait leur travail sur l'ensemble de son corps. Je ne comprends pas…
-Visiblement, on est pas encore prêts pour cette étape là.
-On peut l'être. On est sûrement tout proches ! Il n'aurait pas eu de fièvre sinon. Qu'est-ce que j'ai bien pu louper ?
Bon sang, ils ne pouvaient pas baisser un peu la lumière ?
-Sans lumière, on ne serait pas capable de te piquer ni te doser correctement, je ne pense pas que ce soit ce que tu veux, répliqua une voix cinglante.
Conan pencha la tête sur le côté, surpris. Il avait parlé à voix haute ? En tout cas, il avait toujours les yeux plissés, ses pupilles ne semblant pas décidées à s'adapter à la luminosité. Sûrement encore à cause d'un de leurs produits…
Mais c'était rare qu'ils lui répondent. Autant en profiter !
-Qu'est-ce que vous cherchez à faire ? Qu'est-ce qui ne marche pas ?
Soupir.
-Je ne vais pas perdre mon temps à expliquer des notions de base à un cobaye alors que j'ai plus urgent à faire.
Ah, ça, c'était pour lui. Il avait pourtant les dites notions de base, mais pas assez à leur goût, en effet. Il sentit qu'on lui enlevait ses lunettes et protesta alors qu'on observait ses yeux.
-En tout cas, ses pupilles n'ont pas l'air de réagir à la lumière. Il est pourtant conscient.
-C'est normal, souvient-toi, le mélange des préparations a déjà causé cet effet.
Les yeux toujours plissés, distinguant à peine ce qui l'entourait, le faux enfant cherchait désespérément ses lunettes. Aussi idiot que ça puisse paraître, elles étaient comme un rempart face à l'extérieur, même ici où il avait bien peu de chances d'être reconnu. Cela restait une façade rassurante, quelque chose qui le raccrochait à sa vie d'avant, là où ses vêtements et gadgets avaient été mis de côté depuis longtemps. Mais pas jetés. Il savait qu'ils étaient dans une des caisses dans la salle où il était retenu prisonnier. Cela pourrait s'avérer utile le jour où il voudrait s'enfuir.
Un nouveau soupir, et il sentit qu'on lui remettait ses lunettes sur le nez.
-Tu devrais arrêter de céder. Ses lunettes n'ont aucun pouvoir correctif de toute façon.
-Mais je l'aime bien ce cobaye ! Au moins il est docile.
-Peut-être, mais il tremble, je n'arrive pas à faire le prélèvement.
-Une seconde, je vais t'aider.
Conan s'était détendu en sentant le poids familier sur son nez et ses oreilles, ne réalisant même pas qu'il tremblait. Mais cela ne l'étonnait pas. Cela avait commencé avant les signes de grippe, et il soupçonnait qu'il s'agisse de somatisation. Le stress qu'il ressentait était bien réel, mais il se forçait tant à tout réfréner que son corps n'avait pas trouvé d'autre moyen de l'exprimer. Néanmoins, ça avait porté ses fruits, le dialogue qu'il venait d'entendre en était la preuve. Il ne restait plus qu'à trouver une porte de sortie. Et si sa fièvre baissait, alors ça pourrait arriver bientôt…
Il y avait une troisième voix aujourd'hui. Il l'avait déjà entendue à quelques reprises. Une voix de femme. Il l'avait déjà entendue lorsqu'ils avaient commencé leur fameux protocole, qui consistait visiblement à modifier son génome. Il avait mit du temps à le comprendre tant ils employaient un jargon poussé, et le fait d'être drogué presque en permanence n'aidait pas à la réflexion, ni à être conscient au meilleur moment pour entendre leurs discussions.
Il était cependant incapable de distinguer son visage, et n'arrivait pas à le ressortir de sa mémoire. Il l'avait pourtant vue, avant que sa fièvre ne commence. Mais voilà qu'il se sentait repartir. Formuler des pensées devenait compliqué.
Se sentir ainsi spectateur de sa vie, incapable d'agir, incapable de ne serait-ce qu'écouter ce qu'on lui faisait, le frustra une nouvelle fois, mais il se força au calme, à ne pas se débattre, malgré l'incofort et la douleur fréquente. L'image de Ran, le professeur, les DB, même Kogoro l'aidèrent à se forcer à l'immobilité. Il ne devait pas s'arrêter, pas maintenant. Les traits de ses proches devenaient flous, mais un jour, peut-être, il pourrait les revoir, et laisser tout ça derrière lui, mettre ces scientifiques fous derrière les barreaux, et tout recommencer. Au moins, aucun de leurs produits ne l'avait fait redevenir Shinichi par accident, c'était toujours ça…
-Laisse moi deviner. Tu n'as pas fermé l'oeil de la nuit ?
-Ça se voit tant que ça ?
-Pas tant que ça vu tes cernes depuis le début de la semaine, mais je me disais bien que c'était étrange de ne pas t'avoir entendu faire de cauchemar.
Conan se gratta la tête, gêné.
-Ah, ça… J'aurais juste pu aller mieux, non ?
La scientifique le fixa avec un air sceptique.
-Juste après avoir discuté des risques liés à cette fameuse École ? Il y avait quand même peu de chances, vu les conclusions qui en sont ressorties.
-Hé, c'était pas si négatif !
-Mais dis moi, Shinichi, ça veut dire qu'avec ton métabolisme, tes ailes sont peut-être guéries maintenant, non ?
-C'était en bonne voie, petit à petit, mais pas au point de finir de cicatriser aussi vite, le contredit Ai.
-Oh, bonne idée professeur ! Vient Haibara, aide moi à regarder, et si ça paraît bon je pourrais réessayer de faire disparaître mes ailes !
La jeune fille suivit le mouvement, l'air peu convaincue malgré l'enthousiasme du petit détective.
-C'est trop tôt…
En tout cas ça l'aurait été pour un temps de cicatrisation normal. Mais Conan avait raison : son métabolisme était bien meilleur sous cette forme, et malgré le manque de sommeil, son corps semblait avoir mit à profit ces 24h sans chocs pour terminer presque totalement la cicatrisation des ailes. Ce n'était pas aussi abouti sur sa blessure au bras vu qu'il continuait à l'utiliser, mais tout de même !
-Je retire ce que j'ai dis, avec ta manie de tout le temps secouer tes plaies, je n'avais pas réalisé à quel point la cicatrisation est accélérée, reconnu Ai.
-Allons, tu disais pourtant toi même que ça cicatrisait plutôt bien au vu des circonstances !
-Pas vraiment, ça cicatrisait presque à vitesse normale, mais j'ai du sous estimer les dommages causés chaque nuit.
Le petit détective se frotta la tête, gêné, tandis que le professeur s'enthousiasmait.
-C'est une bonne nouvelle non ? Si tu ne crains plus que tes ailes soient découvertes, ça t'aidera peut-être aussi à être plus serein au quotidien !
-Une seconde ! Interrompit Ai. Tu vas me faire le plaisir d'attendre d'avoir mangé avant de les rentrer. C'est probablement un processus énergivore, et fatigué comme tu es, autant ne pas prendre de risque.
-Mais…
-Non ! Allez, houste, et prend ton mal en patience. Ça ne devrait plus être très difficile maintenant, si ?
Conan fit la moue mais abdiqua, se rhabillant avant de les rejoindre pour prendre leur petit déjeuné, avant de sursauter devant un SMS de Ran.
-Elle propose de passer ce matin ! La connaissant elle pourrait ne pas tarder. Vous croyez que ça passe si je lui dis que je fais la grasse matinée ?
-Pas si c'est toi qui réponds, s'amusa Ai. Est-ce qu'elle a essayé de vous contacter, professeur ?
-Oui, elle me demande si on est réveillés et si tout va bien.
-Parfait ! Soupira Conan, rassuré. Vous pouvez essayer de la retarder alors. Dites que je dors encore.
-Je ne sais pas si elle y croira en arrivant vu tes cernes…
-Elle les a déjà vues, ça ira ! Tu as dis toi même que ce n'était pas pire qu'hier. De toute façon tout le monde les a vues maintenant, ils ont l'habitude, même à l'école.
-Détrompe toi. Ils n'ont pas insisté, mais ils finiront par s'inquiéter en voyant que ça dure. Ils se montrent patients car c'est ce que le corps médical leur conseille de faire pour t'aider, mais leur inquiétude finira par prendre le dessus. Enfin… Tâchons déjà de nous occuper de tes ailes avant son arrivée !
Conan englouti son petit déjeuner si vite que le duo se senti obligé de le ralentir.
-Du calme, le but n'est pas que tu te rendes malade ! Il faut aussi que ton organismes ai le temps d'assimiler ce que tu avales. Si tu continues à ce rythme, je devrais t'obliger à une pause avant de rentrer tes ailes.
-Hé !
-Et n'essaie pas de le faire en douce, si tu ne veux pas qu'ils apprennent pour tes cauchemars.
Le petit détective redressa brusquement la tête, affolé.
-Tu ne peux pas leur dire ça ! Ran s'inquiéterait beaucoup trop !
-Et à juste titre. Alors du calme. Des nouvelles professeur ?
-Je crois que Ran-kun ne viendra pas seule. Elle doit être accompagnée de son père j'imagine ?
Conan leva les yeux au ciel avec un soupir. En temps normal, Kogoro n'était pas très attentif à sa santé, et il restait distant, mais même lui montrait une certaine inquiétude vis à vis du pique assiette vivant sous son toit. Il avait participé à sa filature incognito avec Ran, aussi qu'il vienne voir comment il allait ne le surprenait pas, même s'il n'en était pas enchanté.
-Et ? Ils ne sont pas encore au bout de la rue, rassurez-moi ?
-Calme toi, répéta Ai. Même si c'est le cas, tu leur as déjà caché tes ailes. Ne forces pas les choses ou tu risquerais de le regretter.
-Parlant de ça, professeur, vous disiez que vous avez bientôt fini un prototype de vêtement qui me permettre de rentrer et sortir mes ailes sans tout déchirer au passage, non ?
-C'est exact, mais je dois maintenant l'appliquer sur certains de tes habits. Je ne suis pas couturier, donc c'est un coup à prendre, mais ça devrait être bientôt prêt !
-Je ne pense toujours pas que ce soit une très bonne idée, fit la scientifique. Mais j'ai vu avec lui pour éviter les pertes de chaleur, donc mieux vaut que tu puisses fuir sans que tes vêtements te trahissent ensuite j'imagine.
-Exactement. J'espère aussi ne pas avoir à en arriver là, mais mieux vaut prévenir que guérir.
-À ce compte là, n'aurait-il pas mieux valut que tu acceptes d'intégrer le Programme de Protection des Témoins ? Railla Ai.
Conan lui renvoya un regard qui exprimait à lui seul tout ce qu'il pensait de l'idée.
-Je ne suis pas revenu pour disparaître à nouveau sous un autre nom, et tu le sais très bien.
Il n'avait pas besoin de donner ses raisons. Il les avait brièvement citées la veille au soir, quand Jodie avait rappelé l'existence de cette possibilité sans grand espoir, affirmant qu'ils pouvaient cacher la réelle raison de son changement d'identité pour le protéger d'éventuels taupes au FBI, mais tout le monde avait été unanime sur le risque que cela présentait malgré tout, et ça n'aurait sans doute pas été mieux avec mes Marshals.
Mais même sans cela, Ai savait très bien que Conan n'aurait jamais accepté. Si elle avait refusé pour l'Organisation, alors il n'y avait aucune raison pour que le lycéen rajeunit, bien plus prompt à aller au devant du danger qu'elle, se réfugie derrière cela, l'empêchant du même coup de continuer son enquête comme de voir ses proches… Et ce même dans l'éventualité où il pourrait récupérer son corps d'origine un jour. Mais ça, les agents du FBI l'ignoraient.
Le sujet fut mit de côté au profit de l'arrivée de leurs invités, plus tôt qu'ils ne l'avaient anticipé, comme le craignait Conan, l'empêchant de tenter de rentrer ses ailes.
Honnêtement, s'il n'avait pas pensé Ai sérieuse dans ses menaces, il aurait probablement tenté le coup quand même. Mais elle avait l'air décidée, et au fond de lui, il savait qu'elle avait raison. Il ne savait pas quel impact sur sa blessure cela avait eu de tenter de rentrer ses ailes de force, mais c'était possible que ça ne leur ai pas fait du bien, raison pour laquelle il n'avait pas réessayé depuis le week-end dernier.
Pourtant, il faillit entraîner Ai avec lui pour essayer de rentrer ses ailes en urgence en voyant avec qui Ran arrivait.
-Oh non…
-Ne me dit pas qu'elle est avec son amie garçon manqué ? S'inquiéta aussitôt l'ancienne MIB.
-Non, mais je crains que ce ne soit pire… Grommela le rajeunit. Tu ne veux pas qu'on…
-N'y penses même pas. Elle s'affolerait en ne te voyant pas à son arrivée, et on aurait pas le temps de faire les choses correctement. Ne t'inquiète pas, tes ailes ne sont pas visibles, tout va bien se passer.
En parlant, la scientifique s'était approchée des fenêtres également pour voir qui avait pu causer une telle réaction, avant de se figer, interloquée, devant la figure qui approchait.
-C'est…
-...la mère de Ran-kun, non ? Finit le professeur en les observant approcher à son tour. Quel est le problème ?
-Vous n'avez pas vu son attitude la seule fois où je l'ai vue après mon retour ! Assura-t-il.
Eri Kisaki, avocate et mère de Ran, se tenait à côté de sa fille. Elles avaient l'air de discuter de sujets légers, mais Conan savait d'avance que la lycéenne n'aurait pas voulu avoir l'air inquiète en arrivant de toute façon. Si discussion sérieuse il y avait eu, elles avaient du la tenir avant d'arriver en vue de la maison. Et il y en avait forcément eu une.
Surprenament, c'était Kogoro qui avait prévenu sa femme en premier du retour de Conan. L'avocate faisait parti des gens ayant regardé le dossier de la longue disparition du petit détective, sans être d'une aide bien plus grande que les autres, devant rapidement retourner à ses obligations. Et de la même manière, dès qu'elle l'avait pu, elle était passée voir le petit détective. Et s'il y avait quelqu'un pour alimenter les doutes de Ran sur son amnésie et le reste, c'était bien elle, tant elle semblait le scanner du regard et sentir tous ses mensonges et toutes ses omissions. En tout cas c'était ainsi qu'il avait ressenti sa seule entrevue avec elle après son retour, et il n'était pas impatient du tout à l'idée de repasser du temps avec elle. Il avait certes eu le temps de peaufiner les détails de son histoire depuis, mais la scène de dimanche dernier lui avait apprit à quel point son masque pouvait craqueler facilement, d'autant plus face à des gens qui avaient bien plus conscience du danger cette fois qu'avec l'Organisation.
Enfin, il ne pouvait qu'espérer que le dit incident inciterait justement Eri, comme les autres, à faire preuve de prudence à son égard et à le ménager. Mais de la part d'une avocate, il n'était pas sûr que ça suffirait…
Il se réfugia dans le débarrassage de la table pour ne pas avoir à les accueillir, laissant au professeur le soin de s'en occuper. C'était sa maison après tout ! Et l'inventeur n'avait visiblement pas vu la mère de Ran depuis un moment au vu des nouvelles qu'ils s'échangèrent. Hélas, Ran, elle, s'échappa bien vite de la discussion pour aller trouver son petit protéger occupé au rangement, aidé de Ai.
-Ah, Conan-kun ! Ça a été, ta fin de semaine ? J'espère que tu ne profites pas que la maison de Shinichi soit à côté pour piquer des livres dans la bibliothèque et lire jusqu'à pas d'heure !
-Ne vous inquiétez pas, on l'a surveillé et on a fait en sorte qu'il se couche à des heures raisonnables, assura Ai avec un regard vers l'intéressé qui s'indigna aussitôt.
-Oï !
Ran parut surprise mais sourit rapidement.
-Tant mieux ! Merci Ai-chan ! J'imagine que vous n'avez pas beaucoup joué dehors vu la météo et la blessure de Conan-kun de toute façon.
La jeune fille hocha la tête tandis que le lycéen rajeunit faisait la moue.
-Je suis blessé au bras, on aurait pu ! On utilise pas les bras au foot.
Ce n'était pas la seule blessure qu'il avait et Ai le savait, mais pas Ran, aussi il paraîtrait normal que le garçon soit agacé de ces limitations. Agacement bien réel même s'il comprenait et encourageait la nécessité de guérir rapidement.
-Peut-être, mais un accident est vite arrivé. J'espère que tu es prudent !
-Mais oui ! C'est presque guérit. Le professeur et Haibara peuvent en attester, assura-t-il.
Ran jeta un coup d'œil à Ai qui lui répondit par un hochement de tête affirmatif, avant de se tourner à nouveau vers lui.
-Tu pourras me montrer tout à l'heure ? Que je saches ce qu'il en est pour quand tu rentreras…
-Ne t'inquiète pas, ce sera guérit quand je retournerais à l'agence ! Coupa Conan.
Ran recula un peu, surprise et l'air un peu peinée.
-Tu ne veux toujours pas me montrer ?
L'enfant se recroquevilla et saisit son bras blessé par réflexe.
-Si tu insistes, je peux te montrer… Mais le professeur et Haibara s'en sont déjà occupés, tout va bien. Pourquoi ?
Il n'y avait pas été de main morte sur cette blessure de distraction avec le recul, et il ne voulait pas qu'elle s'inquiète… Ni que la police se mette à chercher avec quoi il avait bien pu se faire ça. Heureusement, les travaux avaient du reprendre, et ils n'avaient probablement pas cherché plus loin, heureusement pour lui !
Eri arriva à cet instant, saluant les deux enfants avant d'ajouter en direction du blessé :
-Tu ne devrais pas toucher ta blessure si tu veux qu'elle guérisse. Tu as toujours mal ?
-Ah, non ! Assura-t-il avec enthousiasme en retirant sa main. Ran-neechan me demandait juste comment ça allait, alors j'ai touché ma blessure par réflexe. Mais ça va, c'est presque guérit !
Eri répondit par un « hm » songeur, et Conan aurait été incapable de dire si elle semblait y croire ou non.
-On verra ça plus tard ! Lança Ran en tapant dans ses mains. Et si on y allait ? Maman est libre jusqu'à midi, on pourrait se promener un peu et manger ensemble, qu'en dis-tu Conan-kun ? Ne t'en fais pas, on restera au chaud !
-Ah, on peut aller dans un parc ! Il y a des jolis paysages avec la neige et la glace, on a vu des photos avec les autres et on est allé voir, assura Conan-kun.
-Tu crains de te retrouver à nous accompagner en plein shopping sinon ? S'amusa Eri. Ne t'en fais pas, j'ai pensé à toi ! Je pensais passer dans une librairie. Comme tu ne dois pas trop bouger, et si je t'achetais un livre pour t'aider à te remettre ? Le week-end dernier a du être traumatique pour toi, même encore aujourd'hui…
Son regard trahissait qu'elle parlait de ses cernes, mais ni elle ni Ran ne semblaient vouloir en faire mention trop clairement. Probablement que l'attitude réservée de Conan à peine ces sujets étaient abordés devait les inciter à la prudence, mais le petit détective doutait que cette retenue dure toute la matinée. Il du se retenir de lancer un regard désespéré à Ai, sachant que l'une des femmes le remarquerait forcément, si ce n'est les deux. Et voir Eri faire preuve d'autant de sollicitude au point de lui offrir un livre était certes touchant mais pas du tout pour le rassurer pour autant.
-Oh, c'est vrai ?! Fit-il mine de s'exclamer avec une fausse impatience d'enfant. Il y a justement la suite d'un roman que j'aime beaucoup qui devait sortir récemment !
-Hé bien voilà. Allons voir ça, et si c'est sur la route, tu pourras nous montrer ces fameux paysages.
-Tu as quelque chose de prévu cet après midi ? Demanda Ran à sa mère.
-Hélas oui, mais ce sera déjà bien de passer la matinée ensemble, non ? Répondit Eri en se redressant.
Oh oui, c'était plus que suffisant, et même trop aux yeux du petit détective ! Ce dernier jeta un coup d'œil à Ai qui continuait son rangement avec application et lui tapota malgré tout l'épaule en passant l'air de rien.
-Bon courage, et n'oublie pas de bien te couvrir.
-Je sais !
Elle avait parlé assez peu fort pour ne pas risquer d'être entendue. Après cela, Conan ne tarda pas à se préparer pour sortir, priant pour qu'aucun incident ne vienne ponctuer cette sortie, et que rien ne trahisse ses ailes à l'avocate, qui semblait particulièrement alerte aujourd'hui même si elle semblait le cacher pour ne pas trop l'intimider. Mais sa fille devait l'avoir motivée à récolter des informations de son côté car elle glissa à l'enfant avec son regard pénétrant d'avocate, alors qu'ils quittaient la maison du professeur, Ran tenant la main de Conan :
-Tu verras, on va passer une bonne matinée. Et puis j'ai plein de questions à te poser !
Posté le 05.08.2021
Ouais, on est encore un peu juste en terme d'heure de postage du chapitre, désolé ^^' J'espère que je n'empêche personne d'aller se coucher.
Je suis pas encore sûr de faire une pause la semaine pro, mais c'est fortement possible. J'ai plein de choses à prévoir dans cette fic, et j'aimerais bien prendre un peu d'avance pour éviter les incohérences… Nous verrons bien. Vous affolez pas si y'a pas de chap jeudi prochain du coup.
À dans 15 jours alors, sans doute !
