Corrosif : Merci pour ta Review ! J'espère que la suite te plaira autant, en particulier ce chapitre que j'aime beaucoup.


5 Ne pas se laisser aller

Les jours s'enchaînèrent si rapidement qu'il atteignirent la fin de leur deuxième semaine de transhumance sans s'en rendre compte, alternant les séances d'entraînement avec les déplacements des bestiaux, montant de plus en plus haut, jusqu'à atteindre le point culminant de leur périple. Eren resta coi devant la beauté du paysage qui se déroulait sous ses yeux. Le plateau semblait dominer tout le territoire de Maria, et les nuages passaient de temps en temps dans la vallée en contrebas, puis remontaient pour leur passer dessus, les plongeant dans une nuée de gouttes d'eau fraîches.

Ni l'un ni l'autre n'avaient déjà vu pareil spectacle. C'était comme un rêve. Il y avait des prairies et des arbres à perte de vue, et ils s'étaient installés près d'une rivière, pour que les bêtes puissent se désaltérer. Les moutons avaient commencé a reprendre du poids, Et Rivaille pensa qu'il faudrait attendre ici encore deux semaines avant d'amorcer le trajet de retour, afin d'être sûr que les bêtes seraient assez grasses. Ils seraient en retard et Hanji et les autres s'en inquiéteraient, mais il en avait rien à foutre.

A cette altitude, il était presque impossible de croiser le moindre titan, ces derniers n'appréciant que moyennement d'escalader des pics rocheux, surtout dans une nature aussi sauvage que celle ci, dans laquelle il était peu probable que des humains aient élu domicile. Il était même arrivé que celui qui montait la garde la nuit s'assoupisse quelques instants dans ses couvertures, l'environnement étant si calme que le moindre pas de géant aurait été entendu sans problème dans ce silence assourdissant.

Eren faisait des progrès monumentaux depuis la première fois où il s'était transformé. Désormais, les deux soldats pouvaient presque ne prononcer aucune parole de toute la journée, de simples coups d'oeil suffisant à se coordonner dans leurs mouvements. Rivaille voulait s'assurer que le jeune ait conscience de sa propre force et de l'équilibre qu'il devait mettre dans les pressions de ses doigts pour ne pas malencontreusement disloquer un camarade qui n'aurait pas les mêmes ressources physiques que Levi. Lors de la deuxième journée d'entraînement qu'ils passèrent en haut de la montagne, le caporal ordonna quelque chose à Eren-titan qui glaça le sang de ce dernier.

« Tu as bien entendu morveux, prend moi dans ta bouche. » Répéta Rivaille, les bras croisés et tapant le sol du pied, impatient.

Le jeune titan fronça les sourcils, attrapa rapidement un rocher qui devait peser au bas mot 200 kilos, le plaça entre ses dents et ferma sa mâchoire d'un coup sec, explosant la pierre en plusieurs débris qui tombèrent dans l'herbe dans un bruit mat. Il lança ensuite un regard plein de sous entendus à son supérieur, qui ne semblait pas le moins du monde impressionné par sa petite démonstration.

« Joli tour, bravo. Maintenant attrape moi avec ta grande gueule crétin. » Répéta d'une voix ennuyée le soldat.

Voyant que le grand benêt devant lui ne comprenait pas, il poursuivit :

« Si jamais un camarade se trouve dans l'incapacité de te grimper dessus avec son équipement parce que, au hasard, il s'est fait grignoter les bras par les gros abrutis qui nous attendent à l'extérieur des murs (Eren frissonna en se rappelant de l'amputation d'Erwin pendant la bataille pour le tirer des griffes du cuirassé), il faudra que tu puisses l'attraper rapidement mais délicatement avec ta grande bouche pour le ramener à l'arrière. Nous avons déjà vu cette scène se produire n'est ce pas? »

Oui, pensa Eren, c'est comme ça que le bestial a pu s'en sortir.

Il hocha alors la tête, toujours pas très rassuré, mais comprenant où son supérieur voulait en venir.

« Nous n'allons pas commencer par te faire me gober au vol comme l'autre, j'ai pas très envie de me faire perforer le poumon par tes dents dégueulasses. Mais on va voir si tu peux m'attraper doucement et me tenir dans ta gueule en te déplaçant. » le rassura à demi Rivaille, en s'approchant de lui.

Le titan prit une grand inspiration, et commença pas attraper le petit homme devant lui, en le tenant bien droit, son thorax impeccablement soutenu entre ses trois doigts. Il l'amena au plus près de son visage, cherchant à calmer sa respiration. Rivaille semblait tout à fait à son aise entre ses doigts, le coude posé sur l'articulation de son pouce, le toisant de son regard ennuyé.

« Bien. Maintenant ouvre la bouche. »

Eren tressailli mais obéit, le regard toujours planté dans celui de son supérieur, qui avait froncé le nez.

« Ça à l'air vraiment dégueulasse là dedans, je vais devoir laver mes fringues à la pierre ponce… »

Il grimpa sans difficulté sur le bord de sa lèvre inférieure et s'allongea précautionneusement dans sa bouche, les jambes étendues sur sa langue et la tête rejetée en arrière, dépassant de la gueule ouverte du titan.

« Ferme tes dents doucement. » Ordonna le plus vieux une fois bien installé.

Après quelques secondes d'intense prière, Eren fit lentement retomber sa mâchoire supérieure contre le petit corps, et ajusta sa prise précautionneusement comme s'il tenait entre ses dents une minuscule myrtille qu'il ne fallait pas écraser. Il sentit le ventre de son caporal se soulever et s'abaisser au rythme de sa respiration.

C'était une sensation très étrange d'avoir quelqu'un de vivant dans sa bouche, en particulier le caporal. Eren avait l'impression de partager un bout d'intimité avec lui, par le simple fait qu'il se trouvait à moitié à l'intérieur de son corps. Il se sentit rougir un instant, mais un cliquetis métallique lui fit sortir de ses réflexions.

« Oï. Arrête de faire bouger ta langue, tu me goûtes ou quoi là? » Grogna la voix de Rivaille.

Le titan sentit ses joues s'empourprer encore plus, et se força à immobiliser sa langue, remerciant mentalement Rivaille de ne pas s'appesantir sur ce qu'il venait de se passer lorsqu'il continua à dicter ses ordres :

« Bien. Tu vas te redresser et commencer à te déplacer en essayant de contrôler les secousses de ta marche pour ne pas te mettre à me mâcher sans faire exprès. »

Eren referma ses lèvres sur Rivaille en frissonnant intérieurement de sentir ses mains se poser sur sa langue, avant de se tenir sur ses jambes et de faire un pas. Il se rendit compte qu'il trouvait la situation nettement moins dangereuse lorsqu'il emprisonnait Rivaille de ses lèvres plutôt que de ses dents, et très vite, il pu gambader d'un bout à l'autre de la clairière avec assurance, ayant presque l'impression qu'il pouvait protéger Rivaille ne n'importe quel danger en le tenant ainsi dans sa gueule.

Il était d'autant plus rassuré par les piques acerbes qu'il entendait sortir de temps en temps de la bouche de son caporal, le traitant de grosse machine à bave et donnant parfois de petits coups de pieds sur son palais pour le faire courir plus vite.

Au bout d'une petite heure, le précieux chargement qu'il portait dans sa bouche lui intima l'ordre de le reposer par terre, au risque de lui faire « dégueuler son petit déjeuner à force de le trimballer la tête en bas ». Le titan obéit, non sans un petit pincement au coeur, et reprit le petit homme dans sa main. Il pouffa de sa grosse voix de titan lorsqu'il remarqua que son caporal était recouvert de salive gluante et avait du mal à tenir debout tant la tête semblait lui tourner. Il se fit fendre la narine gauche plus vite que l'éclair par la lame de son supérieur qui lui balança d'une voix froide :

« Arrête de te marrer, crétin. »

Le titan se tut mais ne pu empêcher un sourire de fleurir sur ses immenses lèvres. Le caporal leva les yeux au ciel avant de grogner :

« Pas le moyen de transport le plus agréable, mais c'est étonnement confortable la dedans. Il fait chaud. »

Le géant sembla rougir au compliment puis émit un petit grognement quand Levi lui entrouvrit les lèvres de force avec son épée.

« C'est cette abrutie de binoclarde qui va être verte de jalousie quand elle lira le rapport. » continua le plus vieux, sa voix résonnant dans la bouche du titan. « Je me demande combien de soldats pourraient tenir dans ta grande gueule » dit il en caressant distraitement les incisives inférieures d'Eren.

Il continua de progresser dans sa bouche, passant maintenant le plat de sa lame sur la langue chaude du monstre qui commençait à respirer plus fort.

« Ça pourrait même être une stratégie d'attaque par surprise, on pourrait camper … » pensa t-il à voix haute en soulevant la grande langue pointue d'Eren, avant de se glisser dessous, toujours en la portant à bout de bras. « et attendre que tu nous rapproches d'un point stratégique pour sauter sur l'ennemi au moment opportun. »

Tout à ses réflexions, Rivaille n'avait pas remarqué que la respiration d'Eren s'était faite saccadée, et que ses yeux s'étaient à demi-fermés. Bien que dix fois plus grand que le petit homme qui était entrain d'explorer sa bouche, il se sentait complètement à la merci de ses mains qui voyageait de la pointe de sa langue au frein qui l'ancrait à sa mâchoire. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais il se sentait fébrile et avait beaucoup de mal à rester immobile. Sans s'en rendre compte, il poussa un gémissement rauque qui fit trembler tout le corps de Rivaille, le tirant de sa réflexion.

« Oï, qu'est ce qui se passe là haut? » demanda t-il en passant une jambe par dessus la lèvre du titan.

Ce dernier, sentant que son hôte était sur le point de le quitter, bougea inconsciemment sa langue fourchue en une tentative de caresse, qui foira légèrement à un juger par le hurlement de dégoût que poussa son caporal, sautant précipitamment de sa gueule, et se rattrapant de justesse avant de s'écraser au sol en plantant un grappin dans l'épaule du titan.

« Mais qu'est ce qui t'as pris sombre imbécile ? T'es un gros dégueulasse ou quoi? » L'engueula son supérieur, une moue écoeurée lui barrant le visage.

Le regard du titan passa d'étonné à horrifié, pour finir par une tristesse incommensurable lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de se passer. Il attrapa Rivaille d'une main tremblante, le posa à terre et commença à s'enfuir. Mon dieu, il faut que je m'éloigne le plus possible de lui, se disait le plus jeune, la mort dans l'âme.

C'était sans compter la vélocité de son ainé, qui lança un grappin et déclencha une énorme bouffée de gaz pour revenir s'agripper en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire à l'épaule du titan. Eren accéléra encore plus sa course, essayant se débarrasser du passager indésirable, ou du moins, d'éviter de le regarder. Il s'arrêta enfin après de longues minutes, essoufflé et les jambes tremblantes.

Levi profita de sa fatigue pour venir se planter devant lui, ayant ancré son grappin au sommet de son crâne et se laissant suspendre dans le vide, entre les deux yeux du titan.

« La prochaine fois que tu me fausse compagnie comme ça ducon, je te sectionne les deux jambes. » grinça t-il, lui aussi un peu essoufflé d'avoir dû se cramponner pendant son petit sprint.

Les grands yeux du titan clignèrent, mais ne daignèrent pas se diriger vers lui. Mais qu'est ce qu'il a cet emmerdeur enfin? pensa Rivaille, qui commença mentalement à ressortir sa liste des 328 tortures à infliger à Eren Jaeger, à laquelle il n'avait pourtant pas songé depuis plus de deux semaines.

Le souffle d'Eren, encore rapide était pourtant différent des autres fois. Les expirations semblaient se terminer en de petites plaintes qui lui remontaient du fond de la gorge, comme si il était blessé quelque part.

« Je t'ai fait mal morveux? » Demanda Levi, suspicieux.

Le titan soupira pendant quelques secondes, puis secoua la tête aussi lentement qu'il le pouvait, pour ne pas trop balancer le plus âgé. D'un signe de tête, ce dernier lui ordonna de s'allonger sur le ventre, afin que son menton soit posé sur ses bras replié contre le sol. C'était la « position bronzette » comme l'appelait Rivaille. Eren obéit non sans appréhension, et se mis en position, sentant les dents du grappin s'écarter et son chargement retrouver la sécurité de la terre ferme.

Pour autant, Rivaille ne s'écarta pas d'Eren comme ce dernier s'y serait attendu. Au contraire il se tint droit comme un I à quelques centimètres de son énorme face, et posa la main sur le haut de sa pommette gauche. Le titan, surpris par le contact, ne put faire autrement que diriger son regard vers le plus âgé, se demandant ce qui lui prenait. Les yeux de son supérieur avaient toujours cette expression ennuyée, presque méprisante, mais une lueur de curiosité semblait les animer.

« Tu es beaucoup plus sensible au contact physique sous ta forme titanesque c'est ça? » demanda t-il d'un ton neutre.

Eren se dit que ça devait certainement être le cas, parce qu'il n'avait jamais ressentit des choses aussi fortes de toute sa vie. Après, il réalisa aussi que c'était la première fois que quelqu'un d'autre touchait son visage ou sa bouche comme ça, donc qu'il ne pouvait pas être totalement sûr qu'il y ait une différence entre son corps humain et son enveloppe de titan. Mais puisqu'il lui était impossible d'expliquer ça maintenant, et qu'en plus il n'avait absolument pas envie de faire ce genre d'aveu à son supérieur, il hocha simplement la tête, le regard brillant.

« Ne t'inquiète pas abruti, continua Rivaille en laissant sa main errer sur la peau chaude de la joue d'Eren, c'est juste ton corps de puceau qui parle parce que personne ne t'a encore caressé les molaires. »

Le monstre devant lui devint rouge comme une tomate, et le caporal eut un sourire en coin moqueur, sans se rendre compte qu'il continuait ses caresses aériennes. C'était assez agréable de voir cette grande machine à tuer soupirer sous sa main, complètement à sa merci, si bien que Levi posa son front contre le sourcil de son homologue, plongeant son regard dans l'orbe brûlante qui occupait tout son champ de vision.

Ils restèrent là, plus proches qu'ils ne l'avaient jamais été depuis qu'ils combattaient ensemble. Le long feulement rauque que poussa Eren lorsque Levi passa sa main le long de l'arrête de son nez fit brusquement reprendre ses esprits au caporal, qui s'écarta promptement du visage du titan et fronça les sourcils en toussotant :

« Bien, maintenant je te sors de là et on va manger, je crève la dalle à cause de tes conneries. »

Une fois un Eren étourdi prélevé de la nuque de son titan, ils marchèrent dans un silence gêné jusqu'à leur camp. Le jeune homme ne savait pas quoi penser de ce qu'il venait de se passer. A sa grande honte, il commençait à regretter la proximité qu'ils avaient partagé, et à désirer que ce moment se reproduise, le plus vite possible. Mais qu'est ce qui m'arrive, pensa t-il, angoissé.

Il était encore perdu dans ses pensées pendant que Rivaille attisait le feu, lui aussi semblant tout autant pensif, les sourcils toujours froncés. Il brisa le silence pesant en se levant et en sortant de leurs bagages dans la tente une bouteille en verre poli, remplie d'un liquide jaunâtre.

« Tu veux un verre, morveux? » claqua la voix sombre et lasse dans le silence omniprésent.

« Euh… C'est de l'alcool caporal? » demanda le plus jeune d'une petite voix.

« Non, c'est de la pisse de titan crétin. » Répliqua Levi en dévoilant deux verres en bois qu'il avait aussi sorti de la tente.

« Je ne suis pas sur que… » poursuivit Eren, avant de se faire couper par son supérieur :

« Ça va aller gamin, faut que t'apprennes à vivre. Moi à ton âge je pouvais m'en caler deux comme ça sans m'évanouir dans ma gerbe »

Eren soupira, bon, après tout ça ne peut que me détendre, j'en ai bien besoin, se dit-il, sans réaliser le moins du monde que c'était exactement ce que pensait Rivaille. Il porta le verre à ses lèvres, et dès que le liquide passa dans sa bouche, il sentit une grande chaleur se propager dans sa gorge. C'était agréable mais si surprenant qu'il se mit à toussoter.

Rivaille lui adressa un sourire goguenard avant de boire à la bouteille. Hum. Pas mal. Il savaient y faire ces pauvres paysans.

Au bout d'un certain temps à enchaîner les gorgées dans le silence seulement troublé par quelques bêlements lointains, les deux hommes s'allongèrent a moitié contre un tronc déraciné, à côté du feu. Se faisant, ils se trouvaient assez proches, et Eren fixa son regard un peu longtemps sur les fines jambes croisées de son supérieur, avachi à coté de lui. Une question lui brûlait les lèvres, mais il n'osait la poser.

« Bordel, parle morveux, j'entend ton pauvre cerveau grincer depuis 5 bonnes minutes. » grogna Rivaille en grattant les côtes, ce qui n'avait pas échappé au plus jeune.

« V..Vous aimez bien quand je vous porte Caporal? » osa le petit brun d'une voix tremblante.

Il regretta amèrement sa question dès qu'il croisa le regard de son interlocuteur, qui était moins perçant qu'avant (certainement a cause de l'alcool), mais qui le fixait quand même comme s'il était la chose la plus bête qu'il ait jamais vu. Il prit une grande inspiration qui présageait d'une réplique acerbe comme à l'accoutumée mais sembla se réfréner au dernier moment, répondant simplement d'une voix neutre :

« Ça me donne un peu l'impression d'être une petite souris dans les pattes d'un gros chat, mais la sensation de vitesse est plutôt grisante. Tu cours vite malgré ton gros cul. »

Eren gloussa à la pique. Il commençait à apprécier le ton tranchant de Rivaille. Presque à chaque fois, il sortait une insulte pour contrebalancer un compliment, comme s'il ne voulait jamais paraître gentil. De plus, il semblait essayer jour après jour d'être moins acide dans ses paroles, et Eren appréciait beaucoup cette attention.

« Pourquoi tu me demandes ça gamin? » lui demanda la voix de plus en plus rocailleuse de son supérieur.

« Je… J'aime bien vous tenir dans mes mains… répondit Eren dans un souffle, et j'aime bien quand vous me regardez dans les yeux. J'ai l'impression de ne plus être un monstre dans ces moments là »

Et j'aime bien vous sentir aussi proche de moi poursuivit-il dans sa tête.

Levi renifla et se déplaça légèrement, pivotant son buste pour orienter son visage face à celui d'Eren. Ce dernier senti le souffle chaud de son supérieur sur sa joue et frissonna, n'osant pas le regarder.

« Et là tu t'sens comment, morveux? » souffla la voix rauque de Levi près de son oreille.

Eren se sentit rougir et remercia mille fois la nuit sans lune et la faible lueur du feu de lui permettre de cacher son trouble aux yeux de son caporal.

« Regarde moi. » Ordonna le plus âgé.

Le jeune homme sentit les battements de son coeur devenir erratiques alors qu'il se forçait à venir planter son regard dans celui de Levi. Son muscle rata un battement lorsqu'il plongea dans les deux orbes grises incandescentes qui le dévoraient du regard. Oh mon dieu. Il se sentit fondre comme de la neige au soleil et essaya de se dérober de ses yeux, mais une main ferme vint lui attraper durement la mâchoire, le forçant à rester en place.

Les deux prunelles grises voyagèrent sur tout son visage, s'arrêtant à quelques endroits qui firent tous plus ou moins frissonner le cadet, tandis que le pouce de Levi s'était mis à caresser sa lèvre inférieure, toujours la main fermement agrippée à sa mâchoire.

« Ça te fait pareil que tout à l'heure quand je te fais ça ? » Demanda Rivaille comme s'il s'était s'agit de la conversation la plus normale du monde, en continuant son attouchement, commençant à appuyer sur la lèvre rose pour qu'elle s'ouvre, et frôlant de la pointe de l'ongle la muqueuse.

Eren ne savait plus où il était, il n'arrivait plus à réfléchir. Il n'existait plus au monde que cette main qui lui touchait la bouche. La seule chose qu'il arrivait à faire, était de continuer à respirer, difficilement et de plus en plus rapidement, en tentant de soutenir le regard brûlant de Levi.

« Si je m'écoutais… » Murmura Rivaille, en s'approchant de plus en plus du visage écarlate face à lui, jusqu'à poser son front sur celui du plus jeune, en respirant, lui aussi, de plus en plus fort et de façon désordonnée.

C'est là qu'Eren sentit une explosion se répercuter dans tout son corps. Il y eut comme une onde d'électricité qui lui parcouru la colonne, partant de sa mâchoire pour terminer sa course dans ses reins, déclenchant une gerbe de flammes qui lui léchèrent l'intérieur du ventre, jusqu'à son entrejambe. Il gémit en comprenant soudainement que Levi était entrain de lui lécher la lèvre supérieure, en continuant de le scruter de ses yeux assombris.

Alors qu'Eren se demandait s'il n'était pas entrain de mourir d'un arrêt cardiaque tant son corps semblait devenir incontrôlable, le froid remplaça brusquement la chaleur qu'il sentait sur son visage.

Rivaille s'était relevé, légèrement titubant, les cheveux lui tombant sur le front. Il y eut un silence pesant, seulement rythmé par leurs respirations lourdes et rapides. Finalement, au bout d'un long moment, le caporal sembla se ressaisir et articula dans le noir :

« Je vais me coucher. Toi tu reste là et tu oublie ce qu'il vient de se passer. »

Le coeur d'Eren re-rata un battement, mais cette fois là ne fut pas agréable. Une boule se forma dans sa gorge et prit tant de place qu'il ne put rien répondre à son supérieur, qui s'éloignait de lui rapidement pour entrer dans la tente.