Warning : violence mineure, sexe (NC-17R)

Chapitre 4 : Hidden Memories

Ne faire plus qu'un avec le bâtonnet de bois, qu'il devienne le prolongement du corps, que l'esprit s'unifie avec le corps…

J'approchai le bâton du bord extérieur du bol puis le collai contre le métal sans faire de bruit et commençai la rotation, frottant avec douceur le bout de bois contre le récipient métallique. La surface de l'eau commença à se troubler sur les bords, de petites stries la ridant tandis que le son cristallin s'élevait peu à peu, d'abord imperceptible et grave, puis gagnant lentement les aigus et davantage de volume sonore. Entrer en phase, en harmonie… en osmose avec l'onde sonore, garder un mouvement régulier. Je fixai mon regard sur l'eau ondoyante. J'avais atteint une tonalité qui me plaisait et je continuai à la faire résonner ainsi pendant un instant au terme duquel je décollai le bâtonnet de bois du bol pour donner un petit coup sur le bord métallique, produisant ainsi une note claire. D'un mouvement de la main gauche sur laquelle était posée le bol je troublai un instant la surface du liquide qui, suivant mon mouvement, entama un va-et-vient d'avant en arrière, léchant le métal et troublant l'onde y circulant, la faisant osciller entre deux tonalités distinctes. Je poursuivis ce mouvement jusqu'à ce que l'onde cesse d'émettre le moindre perceptible son pour l'oreille humaine et renouvelai l'exercice… J'avais à peine commencé à faire à nouveau résonner le bol qu'un accord de guitare me tira de ma transe avec brutalité.

-Reno… Espèce de sale…

Les murs n'étaient pas bien insonorisés, mais j'espérais que ce crétin de rouquin serait un peu plus tolérant. Quelle folie ! Que pouvais-je bien espérer de Reno ! Sa guitare s'était tue. A tout hasard, je recommençai l'exercice. Nouvel accord de guitare. Cet idiot avait monté le son de son ampli…

-Tu veux jouer à çaaaa…, murmurai-je entre mes dents en foudroyant le mur mitoyen du regard.

Je rangeai mon instrument et optai pour quelque chose de plus bruyant. Leur ancien propriétaire n'avait plus les moyens de s'en servir depuis notre rencontre. Notamment parce qu'au court de notre entrevue de quelques secondes, je l'avais tué. Je jetai un coup d'œil satisfait, vérifiai que la peau du tom était bien tendue, attrapai des baguettes de bois et un petit tambour de bois. En dernier renfort, j'avais déniché un couvercle de casserole capable de produire des sons aussi beaux que puissants.

-C'est parti…

°°°

J'y crois pas ! Il entre dans mon jeu ! Le pauvre, il n'a aucune chance face à tout le matériel que j'ai ici…

J'attrapai rapidement un micro que je collai à la cloison pour enregistrer tous les rythmes qu'il jouait sur ses divers instruments et cherchai rapidement de quoi lui casser les oreilles dans ma banque de donnée. Quelques rythmes plus les siens, et on y était ! Je regroupai rapidement tous les baffles que je pouvais trouver près du mur et cliquai sur « play ».

Rythmes constants, rythmes de cymbales (il avait ça ! En fait, ça devait plutôt être des couvercles…), tom, quelques accords de guitare et encore un autre rythme sur tambour de bois… Je bloquai une seconde. En arrangeant un peu les choses…

-Hééééé… ça donnerait… plutôt… bien…!

Je cliquai aussitôt sur « stop » et me précipitai hors de mon appart pour aller tambouriner à la porte de Tseng.

-TSEEEEENG ! OUVRE ! OUVRE, BORDEL ! FAUT QU'ON PARLE !

-Pas envie ! fous le camp, crétin !

-Fais chier ! Si t'ouvres pas cette porte c'est moi qui le ferai ! Personne n'entrave la route de Reno des Turks !

-Tu rêves en couleurs !

Je plissai mes lèvres en un rictus malicieux et sortit une carte magnétique d'une de mes poches. C'était le Chat qui me l'avait donnée à tester. Je la passais dans la fente de sécurité et le système ne tarda pas à rendre l'âme. Je poussai la porte et entrai sous le regard effaré de Tseng.

-Tseng, désolé de t'avoir… euh… embêté, mais à nous deux je suis sûr qu'il y a moyen de faire un thème musical génial !

-Rien à foutre, sors d'ici !

-Pas tant que tu ne m'auras pas donné une réponse positive à ma demande ! Aide-moi à faire ce thème ! Tu le regretteras pas !

Il se leva, visiblement résolu à me foutre à la porte lui même puisque nécessité se faisait.

-D'accord, j'ai compris ! Je m'excuse pour tout ce que je t'ai fait endurer ! Mais aide-moi ! Je te demande pas grand chose ! Tu pourras me demander n'importe quoi en échange ! Enfin, presque n'importe quoi !

Il s'arrêta et me lança un regard amusé emprunt de malice.

-N'importe quoi, hein…? Héhéhéhé… D'accord. Je veux que tu te prosterne à genoux devant moi, que tu t'excuses…

LE SALAUD !

-Hum… Bon… Si y a vraiment que ça pour avoir une réponse positive de ta part…

Il avait l'air surpris que j'abandonne si vite. Je m'agenouillai et relevai les yeux vers lui. Mon regard se posa aussitôt sur la caméra numérique dernier cri qu'il tenait.

-Excuse-toi !

-C'est quoi ce délire ! Vire-moi cette caméra !

-Non, non, non… C'est bien plus amusant comme ça. Allez, fais-moi de belles excuses ! Sinon il se pourrait que je changes d'avis…

-Sale… Hum…

Je baissai les yeux et restai silencieux un court instant.

-Tseng, je m'excuse pour tout ce que je t'ai fais endurer mais s'il te plaît aide-moi à faire ce fichu thème !

-Hahahaha…(c'est qu'il le fait en plus !) Encore, encore ! Appelle-moi Maître pour voir !

Je lâchai un léger grognement et serrai les dents.

-Maître…

-Parfait ! Tu m'appelleras comme ça pendant une semaine et tu m'obéiras durant tout ce temps même en dehors de tes heures de service ! Est-ce que ça te va ?

-Rhaah ! t'en rajoutes là ! Mon sens du sacrifice a ses limites ! Surtout pour un type comme toi ! Et éteints cette fichue caméra !

Je lui sautai dessus et le plaquai au sol, lui faisant ainsi lâcher la caméra, mais il me retint pour m'empêcher de la récupérer.

-D'accord ! Je te règle ton compte et après je m'occupe de cette saloper'…

Il me décocha un direct du droit avant que je n'aie put terminer ma phrase et je me retrouvai cloué au sol. Il allait encore me donner un coup mais j'esquivai et attrapai son poing, lui imposant une toute autre trajectoire pour retourner sa force contre lui et arriver à le faire basculer sur le dos. Je tentai de l'immobiliser, joignant ses poignets au dessus de sa tête et lui envoyai un crochet du droit. Je n'avais pas dosé ma force et je fut un peu surpris en voyant un fin filet carmin s'échapper d'entre ses lèvres. Ce moment d'inattention lui fut profitable pour m'envoyer un bon coup de genou dans le ventre. Je m'écroulai aussitôt sur lui, lâchant également ses poignets. J'avais les nerfs à fleur de peau, ma respiration était saccadée et dans mes yeux défilait toute ma fureur. En voyant son visage si proche du mien, et la sérénité qui s'y lisait, je me sentais un peu stupide. Il en fallait si peu pour m'énerver… Mon regard rencontra un instant le sien, emplit de malice, un peu méprisant aussi… puis se posa sur ses lèvres maculées de sang. Je fermai les yeux un instant. J'étais si troublé tout d'un coup… nos lèvres se frôlaient presque et je pouvais sentir l'odeur du sang, la chaleur du souffle de Tseng, le goût du sang… Le goût du sang ! Je rouvris brusquement les yeux, lui décochai un crochet du gauche et frappai encore pour arriver à me dégager de son étreinte tandis que lui-même continuait à me rouer de coups. Je me jetai sur la caméra avec l'espoir de l'éteindre enfin, mais Tseng me plaqua sur le sol et la caméra retomba à nouveau par terre. A présent c'était lui qui m'attaquait…

-Alors, « Reno des Turks »… Tu te défile ?

-Ah ça ! Jamais ! fulminai-je. C'est toi qui va me supplier dans quelques instants !

Je le fixai, un rictus haineux aux lèvres. Le goût du sang… de son sang… sur mes lèvres, et maintenant dans ma bouche… Je ne comprenais pas ce qu'il s'était passé, mais ce goût métallisé attisait le feu de ma colère. Je me jetai sur lui et feintai une attaque directe pour finalement l'attaquer par derrière avec une rapidité dont je ne me serais pas cru capable. Je parvint à l'immobiliser et il échappa un juron.

-Reno…! Qu'est-ce que ça veut dire !

Je reçut un coup dans le dos et lâchai prise, tombant à genoux les yeux fixés sur Tseng qui se volatilisait en un nuage de fumée argentée sous mon regard ahuri. Je tournai la tête et vis Tseng, derrière moi… Avais-je eu une hallucination ! Il ramassa la caméra, l'éteignit et s'assit par terre en soupirant.

-Tseng ! bon sang ! Tu vas m'expliquer ce qu'y s'est passé ! J'y comprends plus rien !

-Va fermer la porte…, m'ordonna-t-il dans un murmure.

Je donnai un bon coup de pied dedans pour la claquer et rejoignit Tseng.

-Ton sang d'abord, comment il s'est retrouvé sur mes lèvres ! éclatai-je.

Il me lança un regard surpris et me fit signe de venir s'asseoir auprès de lui. Il déplia un petit écran plat sur le côté de la caméra et repassa le petit film qui venait d'être enregistré (les angles de vue étaient étrangement foireux…).

-Tu peux comprendre que je ne m'attendais pas à ce que tu me poses cette question alors que c'est TOI qui a posé tes lèvres sur les miennes, crétin ! siffla-t-il.

J'étais tout à fait conscient de l'air complètement ahuri que je devais avoir, mais… C'était un accident !

-Non ! Je n'ai pas PU faire ça ! C'est ridicule ! C'était un accident ! ….…Changeons de sujet ! C'était quoi ce tour de magie que tu m'as fait là !

-C'était pas de la magie et crois-moi bien, si tu venais à parler de ça à quiconque, je te le ferai sévèrement regretter. C'est pour avoir divulgué de tels secrets à la Shin-Ra que ton père était sous la haute surveillance d'Utai !

Je sentis mon sang se glacer. Mon père ?

-NE ME PARLE PAS DE MON PERE ! hurlai-je aussitôt.

Je me levai et quittai la pièce, le laissant planté là comme l'imbécile qu'il était et m'enfermai chez moi. Mon père…? Quoi mon père ? mon père… Je revoyais son visage souriant, rieur… Il était si gentil quand il jouait avec Siam et moi. Il m'aimait beaucoup et je le savais, il me le prouvait… Il était la personne la plus importante pour moi. Mais quand la personne la plus chère à vos yeux commet une erreur, la déception n'en est que plus grande. Et ce soir là… Papa… Tu ne pouvais pas commettre une plus grosse erreur. Tu m'as déçut comme jamais je n'aurais cru que cela fut possible. Je t'en ai voulu, je t'en ai voulu tu ne peux savoir à quel point… Je t'aimais, je t'adorais… Je t'ai détesté, je t'ai haït… Alors pourquoi est-ce que je ressens ce manque depuis ta mort ?

°

J'avais six ans à l'époque. Siam en avait douze et elle travaillait déjà, faisant de petits boulots pour la Shin-Ra, pour le Département de Recherche Scientifique… J'étais tout seul à la maison ce soir là. Tout seul si on ignorait mes parents et tous ces gens invités pour boire un pot-de-vin… Je n'avais pas tout compris, mais il me semblait que le grand type brun, élégant et bien habillé, celui qui n'arrêtait pas de parler avec mon père, était quelqu'un d'assez riche et qu'une alliance financière avec lui serait des plus profitables. J'avais entendu ça à table, pendant une discussion entre mes parents.

-Reno ! Viens un peu par ici ! m'appela mon père.

J'accourut aussitôt et il posa ses mains sur mes épaules avec un grand sourire.

-Voici mon fils, Reno. Je t'avais parlé de lui…

-Hé bien Rudyard… Il est encore plus adorable que je ne l'imaginais ton fiston !

-Hahahaha, toujours le mot pour plaire, Will !

Will posa son regard sur moi. Ce soir là, Yokiko avait passé une heure à m'habiller, me coiffer… bref, tout faire pour que je sois « beau comme un prince d'Utai ». Je portais un uniforme noir très simple, fait sur mesures pour moi, ainsi qu'un kimono gris sombre à bordures bordeaux et brodé de motifs végétaux d'un rouge pourpre. Comme ça, j'avais l'air impeccable. Seuls mes cheveux s'étaient montrés indomptables face au peigne.

-Rudyard… Depuis deux heures tu me vante tous les avantages d'une alliance et j'avoue que je me laisse quelque peu séduire, cela semble en effet intéressant… Mais si tu pouvais m'accorder juste un petit moment de réflexion… en bonne compagnie. Tu ne laisserais pas ton hôte tout seul, n'est-ce pas ? Je pourrais réfléchir en compagnie de Reno par exemple…

-William… je ne suis pas sûr de comprendre…, murmura mon père.

Moi je ne comprenais pas non plus. J'étais trop jeune à l'époque. Mais je n'allais pas tarder… à comprendre.

-Il ne se souviendra de rien et tu as VRAIMENT besoin de mon soutien, n'est-ce pas ?

Mon père parut embêté et William sortit un gros billet de banque d'une de ses poche et le secoua devant son nez.

-Un acompte de 1000 Gils… ça te va ? Et il y en aura d'autres… si tu me laisse réfléchir un peu avec lui. Qu'en dis-tu Rudy ?

-Salopard, tu profites bien de la merde des autres, hein…, siffla-t-il en attrapant le billet.

Il s'accroupit face à moi, me tenant à nouveau par les épaules.

-Reno, écoute-moi… William va peut-être passer la nuit ici, alors tu veux bien lui montrer la chambre d'amis ? Et surtout sois poli avec lui et fais bien tout ce qu'il pourrait te demander, hein !

Il avait un sourire douloureux… William me prit par la main et je le guidai innocemment à travers la maison. Arrivés dans ladite chambre d'invité, il ferma la porte à clé et me poussa doucement vers le lit. Je restai debout, le lit derrière moi et lui accroupit face à moi. Il n'avait pas allumé toutes les lampe et seule une lumière tamisée éclairait la pièce. Il commença à retirer la ceinture de mon kimono et je tentais aussitôt de l'arrêter, mais il me jeta un regard sévère.

-Ton papa t'as dit d'être poli avec moi, et de te plier à tous mes… désirs… Alors tu vas te laisser faire sans rien dire sans quoi il ne sera pas content du tout et tu seras puni… Mmh…?

Je n'osai rien dire, effrayé, et hochai juste la tête. Il retira complètement ma ceinture puis passa ses mains sur mon cou et les fit glisser sur mes épaules pour retirer mon kimono, dévoilant la peau blanche de mes épaules nues. Il contempla un instant mon uniforme sans manche puis entreprit de le retirer aussi. Une fois mon torse dénudé il commença à caresser ma peau de ses longues mains manucurées. Je commençais à frissonner de terreur. Il me regardait avec des yeux fous d'un sentiment que je ne connaissais alors pas : le désir. Il posa ses lèvres sur les miennes, puis les caressa du bout de sa langue avant de s'emparer de ma bouche avec fougue tandis que ses mains s'affairaient à dénuder le bas de mon corps. Là, il m'assit sur le lit et quitta ma bouche, descendant vers mon ventre en léchant mon corps, mon cou, mon torse, mon vente, mon…

-Qu'… Qu'est-ce que vous faites !

-Essaies juste de te souvenir de ce que je vais te faire…, murmura-t-il d'une voix étrangement rauque.

D'abord sa langue sur mon sexe, puis ses lèvres allant et venant… Je ne voulais pas ! Je ne voulais pas qu'il me fasse ça !

Je ne veux pas ! Papa ! Pourquoi ? Pourquoi cet homme m'inflige-t-il ça ? Il t'a donné de l'argent… C'est pour l'avoir que tu lui permet de me faire ça ? Tu le laisse m'humilier et me souiller juste pour de l'argent ? Papa… Pourquoi…? Je croyais que tu m'aimais, mais j'ai l'impression que tu aimes l'argent encore plus que moi… Je me serais trompé sur ton compte ? Papa… Si tu m'aimes, sors-moi de cet Enfer !

Mes joues étaient inondées de larmes silencieuses et mon sexe de sa salive. Il soupirait et grognait de plaisir sans se soucier de la douleur qu'il m'infligeait. Enfin, il se retira, mais je devinais déjà que la suite ne pourrait qu'être pire. Il me rejoignit sur le lit et se remit à caresser mon corps.

-Maintenant, on va inverser les rôles…, me susurra-t-il à l'oreille d'une voix mielleuse.

Il me fit descendre du lit et me présenta son sexe tendu comme la corde d'un arc.

-Non… non… Je veux pas faire ça ! pleurnichai-je.

-Oh que si tu vas le faire ! gronda-t-il.

Il passa ses mains derrière ma tête pour la rapprocher de son organe génital mais je me débattis. Il commença à s'énerver et finit par me plaquer au sol et se placer au-dessus de moi, ne me laissant plus d'autre choix que d'accepter son sexe. Je m'imaginais déjà mourrant d'asphyxie à cause de ce pervers assit sur ma cage thoracique et m'étouffant à moitié avec sa virilité. Je me haïssais, je le haïssais, je haïssais mon père… et j'obéissais aux instructions qui commencèrent à se ressembler les unes les autres assez rapidement. « Plus fort ! » « Encore ! » « Plus ! » « Comme ça c'est bien… oh non, plus ! plus ! Aaaaaah… encore plus ! »

Et il remuait le bassin pour s'enfoncer plus profondément en moi. Le con… Il oubliait que j'avais seulement six ans ? Lui était adulte, on était loin d'avoir la même taille… Et il me faisait mal… Il finit par s'assouvir dans ma bouche, se retira rapidement pour remplacer son sexe par sa langue, m'embrassant pour goûter à sa propre semence. Il me répugnait… C'est à ce moment qu'il en profita pour insinuer un doigt en moi. Je voulais crier de douleur, mais il me bâillonnait de ses lèvres. L'index rejoignit le majeur et cette fois il ne put m'empêcher de hurler.

-Arrêtez ! …Arrêtez…, sanglotai-je.

Je tentais de le frapper mais j'étais déjà beaucoup trop affaibli. Il se mit à rire face à mon désarrois. Jamais deux sans trois, l'annulaire retrouva les deux autres, m'arrachant cris et pleurs de rage et de douleur. Encore un petit moment et il les retira pour m'empaler sans la moindre douceur. Il se retira et réitéra l'expérience. Mes hurlements déchiraient l'atmosphère suave de la chambre. Comment mon père pouvait-il ne pas les entendre ! Et cet homme qui allait et venait en moi en gémissant de plaisir, émettant des suppliques incohérentes mais si répétitives… « Oui…! » « Oui ! » « Non… » « OUI ! » « Oh oui, oh ouiii »

Je le maudissais par Odin, Ramuh, Ifrit, Shiva… tous les Dieux qui me passaient par la tête…

-Salaud… Salaud… Que Da Chao te damne à jamais, qu'Ifrit te fasse brûler dans les Flammes de l'Enfer pour l'éternité…

-Hahahaha… Qu'est-ce que °ha ha° tu racontes ! °ha ha° Da Chao c'est °ha ha° qui ça ?

Je ne répondis pas. Je ne savais pas où j'étais allé cherché ce nom mais je le sentais enfoui tout au fond de mon être. Ce Dieu… Je ne savais pas pourquoi, je me disais qu'il me devait protection. Mais dans ce cas, pourquoi cet homme était-il encore vivant, là, en train de me violer ? Etait-ce parce que je le laissais faire ? Je n'avais plus rien à perdre. Je me jetai toutes griffes dehors sur un des bras de William et le mordis de toutes mes forces. Il poussa un hurlement de douleur. Mais mes dents de lait peinaient à entailler la chair et je reçut une gifle monumentale avant d'avoir put lui faire grand mal. Je parvint à me repousser de lui avec mes pieds et en profitai pour donner un puissant coup dans ses organes génitaux, lui arrachant un cri de pure douleur. Je ramassai mes habits et me jetai sur la clé, l'enfonçai prestement dans la serrure, la tournai, appuyai sur la clinche et m'enfuit un peu au hasard des couloirs, complètement paniqué, jusqu'à buter dans les jambes d'un homme. Je tombai à la renverse et me roulai en boule par réflexe.

-Reno ! Mais qu'est-ce tu fiche comme ça !

J'ouvris les yeux et me jetai dans les bras de l'homme en pleurant.

-Izzy ! Oh, Izzy si tu savais comme j'ai honte ! sanglotai-je.

Il m'emmena à la cuisine et je lui racontai ce qui venait de se passer. Arrivés, nous fûmes accueillis par une Yokiko complètement bouleversée par le triste spectacle que lui offrait ma personne.

-Que s'est-il passé !

-Rudyard a laissé un certain William violer le gosse dans la chambre d'invités. …Celle qui est insonorisée.

Yokiko remplit une bassine d'eau chaude pour me donner tout de suite un bain, refusant de prendre le risque de croiser « ce malade » au détour d'un couloir en tentant de gagner la salle de bain. Après, les choses se passèrent très vites. Izumy alla chercher William et l'obligea à se rhabiller en vitesse puis l'emmena de force dans un salon et y envoya mon père. Les deux hommes se parlèrent pendant un bon moment puis William quitta la demeure. Je ne le revit plus jamais. Mon père me gronda comme jamais il ne l'avait encore fait, mais je restai de marbre. Je savais très bien à qui était la faute. Lui, il ne l'admettait pas. Depuis ce soir là, nos rapports ont complètement changés. Je suis devenu extrêmement distant avec lui, le détestant toujours plus. Au début, il s'en voulait et il tentait de se faire pardonner, puis peu à peu, il avait laissé tomber.

Mais les remords, eux, sont restés jusqu'au dernier soupir.

°

-Reno… Est-ce que ça va ?

Tseng et Rude étaient penchés sur moi, l'air assez inquiets. Je regardai autour de moi et reconnu rapidement l'infirmerie.

-Qu'est-ce que je fous ici ? murmurai-je.

-Tout à l'heure tu t'es enfermé dans ta chambre, commença Tseng. J'ai entendu ta porte claquer puis je t'ai entendu tomber…

-Il faut absolument qu'on renforce les murs alors…

-Reno ! siffla Tseng. Tu t'es évanoui… Tu as fait une sorte de crise… C'était effrayant…

-Il est venu me trouver pour que j'ouvre ta porte avec le double que tu m'avais donné, poursuivit Rude, et on t'as trouvé comme endormi, mais tu bougeais dans tous les sens et tu criais. Tu parlais aussi…

-Je parlais…, répétai-je en riant nerveusement. Et je disais quoi, hein ?

Ils baissèrent tous les deux les yeux.

-Tu appelais après ton père, tu suppliais quelqu'un de cesser ce qu'il te faisais, tu hurlais comme si on te déchirais les entrailles, tu pleurais, oh, je vais pas tout t'énumérer… c'est pas mon truc, mais ça fout le cafard de voir ça. On est assez grands pour comprendre… mais on gardera le silence, m'assura Rude.

Je me plaquai une main sur les yeux et me laissais retomber sur mon oreiller avec lourdeur.

-Ouais… gardez le silence… Tseng… Faut que je TE parle… Ces souvenirs ça… y a des trucs à tirer au clair, voilà.

Rude hocha la tête et quitta la pièce tandis que Tseng prenait une chaise pour s'asseoir à mon chevet.

-Alors…?

-Alors le type qui t'as violé… hum, désolé… ce type, je sais qui c'est… c'était un homme hyper influent qui dirigeait divers réseaux, un trafiquants de tas de trucs, la materia c'était rien encore… Et je suis prêt à parier que les tarés qui nous ont coursés dans tout l'immeuble entretenaient plus que des relations de voisinage avec lui… Ce que je veux dire, c'est qu'on risque d'être amenés à revoir ces sales tronches et je serais pas étonné que ça arrive plus tôt que prévu. Je sais pas, c'est juste un pressentiment, mais moi j'aimerais pas qu'on tues mon supérieur et si ça arrivait il se pourrait que j'aie envie de le venger et me venger si je me retrouvais au chômage à cause de ça…

-Hahahaha… T'aimerais pas qu'on me tues ? se moqua gentiment Tseng.

Non, pas du tout. Et pourtant, je te déteste.

-T'as rien compris, imbécile ! Mais c'est vrai, j'aimerais pas qu'on te tues, si ça devait arriver, autant que ce soit par mes mains. Je te déteste.

-Moi aussi, Reno, moi aussi. Je n'avais encore jamais vu un crétin comme toi… Le don le plus développé chez toi, c'est celui d'attirer les pires emmerdes à tes coéquipiers… Je me demande parfois pourquoi je te garde… Sans doute parce qu'il y a peu de monde à vouloir devenir Turk… Je suis vraiment trop gentil avec toi…

-C'est un signe ! Da Chao me protège…!

-Quoi ! s'étrangla-t-il. Où as-tu appris ce nom !

-J'en sais rien, il est gravé dans les tréfonds ténébreux de mon âme impie…, répondis-je en prenant un air très faussement mystique. Qui est ce Dieu ? Tu le sais, toi… Hum ?

-Da Chao est le Dieu protecteur du peuple utaien. Tu fais partie de ce peuple, c'est ça ?

-C'est possible… J'en sais trop rien… J'ai… sommeil…

-Reno…!

-Mmh…?

-Je… Je t'aiderai à faire ta saloperie de thème et Rude est prêt à y participer aussi…

-Mer…ci…

Un sourire se dessina sur mes lèvres et je succombais au sommeil…

NdVixen : Pauvre Reno ! Six ans c'est un peu beaucoup trop jeune pour ce genre d'expériences, il a dut être traumatisé ! (en fait, pas tant que ça…). Pour le thème que Reno veut composer… vous avez deviné de quoi il s'agit ? Allez… C'est pas bien compliqué…