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Chapitre 7 : Be a Good Dog, Reno

Un chien ! Il m'avait traité comme un chien ! Ah ça, il s'était bien vengé ! La plus belle humiliation de ma vie ! Je n'aurais jamais osé imaginer qu'un jour Tseng puisse ME traiter comme ça. Je dois oublier ces souvenirs ressurgis, il a dut tirer un trait sur le passé lui aussi il avait six ans et demi à l'époque Il a dut tirer un trait sur le passé il n'aurait pas put oublier ça.

-J'en ai marre, Tseng ! C'est pas des cours de rééducation, c'est de la torture ! Et puis j'ai même plus besoin de ces soi-disant cours !

-Allons, allons, Reno… Soit gentil et ferme-la, tu veux ? Ce ne sont plus des cours de rééducation maintenant, je croyais que tu l'aurais compris tout seul comme un grand, mais puisque ce n'est pas le cas, je vais t'expliquer : à présent, tu suis un petit entraînement intensif et voilà tout !

-Mais j'en veux pas de ton entraînement à la noix ! Et puis on est plus à Utai, bordel !

-Qu'… Qu'est-ce que tu as dit ! s'étrangla-t-il.

-« Mais j'en veux pas de ton entraînement à la noix ! », répétai-je sur le même ton.

-Non, après !

Je pris une attitude profondément désolée, une main devant la bouche comme si j'était extrêmement choqué et détachai chaque syllabe :

-Oh… Je-ne-me-sou-viens-plus…! Quel-do-mmaaaaaage…

Je pivotai sur moi-même et lui tournai le dos, me promettant de l'ignorer royalement.

-Reno ! Retourne-toi !

Je me lançai dans la contemplation du plafond. Ça l'énervait d'être ignoré ainsi, et énerver Tseng était mon jeu préféré depuis mon entrée dans les Turks. Avant, je ne dis pas… Il s'approcha de moi, posa ses mains sur mes épaules et approcha sa bouche de mon oreille.

-Obéit et tu auras une récompense…, me susurra-t-il.

Ça… ça avait vraiment le don de m'énerver, mais je me contint et m'obstinais à regarder le plafond.

-Oh… Tu le prends comme ça ? C'est dommage, je vais devoir te punir… Pas de repas ce midi… ni ce soir… et ainsi de suite… et ce jusqu'à ce que tu obéisses…

Il n'avait pas le droit de proférer de tels interdits ! Mais si je réagissais, cela signifierai sa victoire. Je me demandais combien de temps je serais capable de rester sans manger… je m'affaiblirai et Rude et Siam finiraient bien par s'en rendre compte… même Heidegger… …et Tseng se prendrait une raclée ! Cela me paraissait un bon plan.

-Tu t'obstine, hein…?

Pas de réponse.

-Bien… alors privé de repas. Je peux encore allonger la liste des privations alors je te conseille de m'obéir maintenant.

Toujours pas de réponse.

-Je pourrais te loger chez moi et t'interdire l'accès à tes appartements…

J'allais lui répondre par le même mutisme quand une pensée traversa mon esprit. Coup de Lune ! Il allait mourir de faim !

-Je crois que tu as compris où je voulais en venir…

-Salopard… depuis quand t'es au courant pour Coup de Lune ?

-Depuis ton arrivée. …« Coup de Lune »…, répéta-t-il. C'est très joli, c'est toi qui a choisi ce nom ?

Je hochai de la tête pour ne pas avoir à lui répondre.

-C'est une expression assez particulière… en utaien ça se dit…

-« Tsengali », souvent abrégé « Tseng », coupai-je.

Je pouvais deviner sa surprise.

-Dis donc, le Renard… t'en sais des choses…

-J'ai juste de la mémoire contrairement à certains. Fous-moi la paix, Tseng.

-Je ne te permet pas ces familiarités, tu me fais cinquante pompes tout de suite.

Il attrapa une chaise et s'installa à côté de moi tandis que je commençais l'exercice.

-Allez, encore trente ! Tiens bon mon brave chien !

J'enrageais… Quand j'eu dépassé la moitié, il posa ses pieds sur mon dos comme s'il s'agissait d'un repose-pieds et sortit un magazine d'une de ses poches pour lire un peu en attendant. Je me retint de l'envoyer balader et continuai stoïquement l'exercice.

-Tu es un bon chien ! me félicita-t-il quand j'eu terminé.

Il rangea son magazine dans sa poche et sortit une barre de céréale d'une autre, me narguant avec.

-Donne la patte, m'ordonna-t-il.

Il voulait vraiment que je me comporte comme un chien ? D'accord. Ça m'horripilait, mais d'accord. J'allais rentrer dans son jeu. Je m'accroupis devant lui et posai une main sur son genou en lui adressant un regard implorant et plein d'espoir que je fixai ensuite sur la « récompense ». Un large sourire de satisfaction. Il plissa ses lèvres et il s'amusa un instant à promener cette satanée barre de céréale dans les airs, à droite et à gauche, vérifiant ainsi que je la suivais parfaitement des yeux, puis consenti à me la donner en caressant mes cheveux en simulacre d'affection. Que je pouvais le haïr…! Il se replongea dans son magazine pendant que je savourais ce qui allait me tenir lieu de repas pendant quelques jours… Enfin, j'espérais tenir plusieurs jours… Je lançai un regard au magazine de Tseng et fut surpris de constater qu'il s'agissait d'un catalogue d'armes blanches. Je risquai un œil sur la page consultée et vis diverses photos de sabres tous plus beaux les uns que les autres et d'une taille parfois impressionnante. Le plus grand de tous avait d'ailleurs était entouré au marqueur rouge. « Masamune »… un sabre utaien… Tseng referma le magazine, constatant que j'avais terminé mon maigre encas, puis consulta sa montre.

-9 : 59 et 45 secondes… Il ne devrait plus tarder… …cinq …quatre …trois …deux …un…

La porte de salle de sport s'ouvrit et un jeune homme semblant à peu près du même âge que Tseng entra. Je fut aussitôt frappé par les reflets mercure sur ses longs cheveux blancs et ses yeux Makô. J'avais déjà vu pas mal de personnes aux yeux Makô, mais des comme ça…! Même ses iris avaient prit la teinte émeraude argentée de la Makô…

-Salut Seph' ! lança Tseng.

-Salut Tseng… tu l'as consulté…?

-Oui… je te trouverai les informations sans problème… Reno, soit un bon chien, va rendre le magazine à Sephiroth et fais-y bien attention, tu veux ?

Je l'aurais écorché vif… J'attrapai le magazine en faisant attention de ne pas le mordre trop fort puis rampai vers Sephiroth. Il récupéra son magazine et déposa une petite tape amicale sur ma tête. Lui, n'était pas mon Maître. Je grondai aussitôt et montrai les dents, provoquant l'hilarité générale exception faite de moi qui retournai sagement aux pieds de mon « Maître », tentant de ne pas prêter grande attention aux envies meurtrières se baladant dans mon esprit.

-Dis-moi, c'est un bon chien que tu as là, Tseng… Comment l'as-tu obtenu ?

-En prenant des cours de chant pour devenir Maître Chanteur. C'est fou tout ce qu'on peut obtenir, comme ça… hein, Reno ?

Il posa une main sur ma tête d'un geste possessif et impérieux. Je l'aurais mordu… C'est ce que je fis. Tseng parut surpris mais n'échappa un seul gémissement de douleur. Il tourna son regard vers moi, semblant attendre que je lâche sa main, mais je restai impassible jusqu'à ce qu'il me frappe le front de l'index et du majeur.

-Il est assez bien dressé…, commenta Sephiroth.

Oh celui-là…! Je me demandais vraiment pourquoi je ne lui avait pas encore sauté dessus. En y réfléchissant bien, peut-être parce qu'il atteignait le mètre quatre-vingt et qu'il était baraqué comme pas deux. Face à lui avec mes un mètre soixante huit et demi, mon corps plutôt frêle et tout mon courage, je ne pesais vraiment pas lourd. Et puis il y avait ses yeux Makô étranges et la couleur fort inhabituelle de ses cheveux…

-Bien, je vais devoir te laisser, Tseng, j'ai rendez-vous avec Hojo dans quelques minutes… Tu…?

-Je te trouverai les informations d'ici demain. Ici, même heure, ça te va ?

Il réfléchit un court instant puis acquiesça. Ils se saluèrent et l'argenté quitta la salle de sport.

-Revenons-en donc à toi…

Je le défiai du regard, lui exposant toute la haine que je pouvais éprouver à son égard.

-Pas de repas jusqu'à ce que tu m'aies avoué ce que tu avais dit… Ne t'avises pas de l'oublier, ça pourrait t'être fatal…

Oh, quelles menaces ! Je tremble de peur !

-Allez, à la poutre !

°°°

Je ne pensais vraiment pas qu'il entrerait jusque là dans mon jeu mais autant en profiter. Se venger, l'humilier, le pousser à bout Cela devrait pouvoir se faire assez facilement. Après tout, les Honneurs qu'il avait supposaient un caractère impulsif et assez fier. Je me demandais combien de temps sa fierté tiendrait le coup il n'avait vraiment pas grand chose à faire pour mettre fin à tout cela quelques mots à dire, point.

Je jetai un regard distrait à Reno. Je lui avait demandé de récupérer un objet (une barre de céréale) sans être vu par une petite caméra connectée à une alarme programmée pour sonner à chaque fois qu'un intrus entrait dans le champ de vision de la caméra. Il n'y avait qu'un seul moyen de récupérer la barre de céréale sans utiliser d'accessoire (au début cet imbécile (quoique pas tant que ça en y réfléchissant bien) s'était servi de son T-shirt pour aveugler la caméra, puis de sa ceinture pour attraper sa pitance, puis de ses vêtements au fur et à mesure que je les lui confisquais… A présent, je doutais qu'il ose utiliser son caleçon de peur que je le confisque aussi… A part ça, il ne lui restait que le collier de cuir que je lui avait passé autour du cou, mais ça, il ne pouvait pas le retirer de lui-même) et j'attendais avec impatience que Reno trouve ce fameux moyen.

-Tu es plutôt dur avec lui, me fit remarquer Sephiroth. Tu lui a même donné un collier de chien…

-Il ne tient qu'à lui de mettre fin à ça…, répondis-je distraitement. Et ce collier est très pratique pour le tenir en laisse. Enfin bon… tu voulais des informations, je me trompe ?

-Oui, vas-y…

-Bien, j'avais juste les dates à vérifier… mais ce n'est pas si important que ça. Pour commencer, beaucoup à Utai pensent que les sabres portant le nom de Masamune sont extrêmement chanceux, qu'ils relèvent même d'une puissance divine, mais ce uniquement pour qui les manie, car pour les autres, ils n'apportent que perte et destruction. La cause de cette croyance remonte assez loin dans le passé, quand deux grandes familles régissaient une partie du continent s'étendant entre la capitale et les montagnes. Le clan des Arashi régnait sans partage sur les montagnes et ses filons de métaux précieux ainsi que sur les forges de la petite ville d'Asangyô, tandis que le clan Kurai dominait la ville d'Inarime où l'on trouvait les meilleurs forgerons de tout le continent, dont le fameux Masamune… Cet homme forgea une lame exceptionnelle pour Senso, un guerrier émérite issu du clan Arashi, et ce fut ce qui permit le déclenchement d'une guerre entre les deux clans… Senso tua Masamune avec le sabre portant son nom et le clan des Kurai accusa aussitôt les Arashi et leur demandèrent une quantité de métal colossale en guise de dédommagement, mais les Arashi refusèrent, prétextant que cela causerait l'effondrement de leur économie. La querelle s'intensifia pour devenir une véritable guerre qui ne devait pas s'arrêter avant bien longtemps malgré les ordres donnés par Utai. Beaucoup de sang fut versé au cours des siècles et la Masamune changea plusieurs fois de camp, fut perdue, retrouvée… C'est incroyable que la toute première existe encore aujourd'hui. Évidemment, les descendants de Masamune continuèrent à créer des sabres, mais peu se risquèrent à donner leur nom à l'un d'entre eux par peur de connaître le même sort que leur aïeul… Au final, je ne sais pas si la Masamune est un sabre plus divin que maudit… Mais bon, je t'ai à peu près tout dit…

Sephiroth hocha la tête.

-Non, Tseng… il manque une fin à cette histoire… la guerre ? Est-elle terminée ?

-Officiellement oui. Mais il reste encore quelques « tensions » entre les deux clans… une animosité qu'on ne peut nier…

« C'est d'ailleurs ce qui fragilise Utai… sans ces histoires, la guerre ne s'éterniserait peut-être pas autant… » songeai-je amèrement.

Sephiroth eut un léger rictus et reposa sa tasse de thé –vide depuis un bon moment déjà– sur la table.

-On dirait que Reno a réussi ton exercice, je ne l'avait même pas remarqué…

Moi non plus, j'étais bien trop plongé dans mon récit pour me soucier de lui. Pourtant, il était là, assis sur une chaise et sirotant une tasse de café (je lui autorisait ça quand même). Il leva les yeux vers nous puis se replongea dans sa tasse sans nous adresser un mot.

-Reno, tu as réussi ?

-A ton avis ?

-Bien… et comment as-tu fait ? Je n'ai pas vu…

-Je serais bien incapable de te le dire…, répondit-il d'un air narquois.

-Alors tu vas me l'écrire, toi qui sais si bien faire ça, lui rétorquai-je avec un sourire angélique tout à fait moqueur et ironique.

Je lui tendit une feuille et un stylo et il écrivit deux trois lignes après quoi il me rendit le papier.

-Reno… C'est illisible… Tu vas me faire le plaisir de me réécrire ça correctement.

Cette fois, n'ayant plus d'échappatoire, il fut bel et bien forcé d'écrire comment il avait fait.

-Tu as… débranché la caméra…, résumai-je. Oh, bravo, formidable… mais ce n'est absolument pas ce que j'attendais. Interdiction formelle de toucher à quoi que ce soit maintenant !

Je rebranchai la caméra, plaçait une barre vitaminée à l'endroit prévu et retournai m'asseoir, gardant à présent les yeux fixés sur Reno.

-Il est quand même rusé quand il veut…, soupira Sephiroth en souriant.

-Oui… En utaien, dans le dialecte bizarre de la région d'où je viens, « Reno » signifie « Renard » et ça lui va plutôt bien…

-Ton chien serait donc un renard roux…, se moqua Seph.

-Peut-être bien… Mais pour changer de sujet… Les études, ça va ?

-Oh ça, y a pas de problème… Non, l'ennui principal, c'est les filles… elles m'énervent…

J'échappai un éclat de rire.

-Oh, vraiment…?

-Oui… Il y en a plein qui me courent après et j'ai réellement horreur de ça…

-Oui Sephiroth… Tu as tout à fait le droit de préférer les hommes…!

Il se contenta de me faire tomber de ma chaise d'un puissant coup de poing et je quittai Reno des yeux un très court instant. Quand je reposai mon regard sur lui, il était en train de dévorer la barre vitaminée. Je n'avais rien eu le temps de voir.

-Bon, je vais te laisser, lança Sephiroth. J'ai rendez-vous avec Rufus…

-Ah, j'avais raison, c'était pas la peine de me frapper ! me moquai-je, sachant sciemment que Rufus avait depuis peu pris la manie de briser les filles, tout comme Sephiroth d'ailleurs.

Ils restaient très peu de temps avec leurs petites amies et rompaient toujours pour le plaisir de les faire souffrir. Peut-être espéraient-ils décourager leurs prétendantes ou peut-être prenaient-ils plaisir à cela. Je ne voulais pas savoir, mais j'avais déjà dut envoyer Rude s'occuper d'effacer toutes traces impliquant Rufus dans deux meurtres…

-Imbécile…, siffla Sephiroth. Et puis c'est un travail par trois, Elena sera là elle aussi, ainsi que son frère, James, pour nous aider.

-C'est ça… vous allez surtout picoler et vous shooter un peu…

Il ne répondit pas et quitta la salle. Moi, je me précipitai sur Reno.

-Alors ? Comment tu as réussi cette fois ?

-Je me suis approché dans l'angle mort de la caméra aussi près que j'ai put et j'ai misé le tout pour le tout en sautant sur la barre. Je pensais que ça sonnerait, mais c'est comme si j'étais allé trop vite pour la caméra… Tu vois… ce que je veux dire…

-Tu connais déjà tes dons ?

-Peut-être que oui, peut-être que non.

Je détestais qu'il me réponde comme ça. Et il le savait.

°°°

Je ne mangeais plus que des barres vitaminées de diverses sortes depuis près d'un mois, et je n'avais droit qu'à l'eau et au café. J'avais fini par me découvrir un goût prononcé pour les barres de céréales avec du chocolat et Tseng m'accordait parfois une « récompense spéciale » quand il s'estimait satisfait de moi. Jusqu'à présent, j'avais eu droit à deux carrés de chocolat au lait avec des noisettes dedans, trois lychees, un café crème et une part de tarte aux pommes (que j'aurais tout à fait put manger au restaurant de la Shin-Ra si j'avais mis fin à ce jeu stupide comme me l'avait fait remarquer cet imbécile…). Tseng avait dû m'obliger à dormir chez lui au bout de trois jours car il m'avait trouvé en flagrant délit en train d'ouvrir mon frigo. Sur ce coup là, il avait faillit gagner… Pour terminer j'avais fait une scène pas possible pour pouvoir garder Coup de Lune près de moi, soit chez lui, et il n'avait pas été grandement enthousiasmé quand il avait vu quel genre d'animal c'était vraiment… Enfin, il y avait ce satané collier que Tseng m'avait trouvé… cuir noir, attache métallique pour accrocher une laisse… L'utaien semblait prendre un réel plaisir à m'humilier en me promenant comme un chien… Voilà quelle était à peu près ma situation en ce 23 Juillet, à peu près sept mois après mon entrée chez les Turks. Il était 14 : 12 et je gisais à moitié endormi sur le parquet de la salle de sport, Tseng accroupit près de moi.

-Tu es à bout de forces, Reno… J'ai du mal à croire que tu aies résisté tout ce temps malgré l'entraînement intensif que je t'ai fait subir… Abandonne, dis-moi ce que tu avais dit, raconte-moi la vérité…

Sa voix me paraissait déjà lointaine… J'étais… si… fatigué…

-Tu n'as même plus la force de dire quoi que ce soit… Tu es pitoyable…

Il me prit dans ses bras avec une facilité qui dut le surprendre un peu. Et oui… avec un pareil régime, il fallait pas s'étonner que je pèse pas lourd…

-Pauvre Renard… Tu n'es plus que l'ombre de toi-même…

Il me trimbala à travers les locaux réservés à l'entraînement des hauts membres du SOLDAT (que nous étions néanmoins autorisés à utiliser) et regagna la Shin-Ra. J'ai senti qu'on empruntait l'ascenseur, puis les choses ont commencé à devenir floues. Je me souviens d'avoir entendu crier et d'avoir été couché dans un lit… L'infirmerie… encore…

°°°

Elle était vraiment furieuse. Un mois plus tôt Rude et moi lui ramenions Reno dans le coma et là il était dans un état de faiblesse et de manque d'énergie total. Siam ne perdit pas de temps et le mit en vitesse sous perfusion.

-Pourquoi il est dans cet état ! hein ? Dis-le moi ! On dirait qu'il n'a pas mangé correctement depuis des semaines !

-C'est le cas, Siam, c'est le cas. C'est un peu de ma faute, mais aussi parce qu'il le voulait bien… Je l'avais privé de repas en espérant ainsi le pousser à m'avouer quelque chose, mais il s'est entêté… Tu sais comment est ton frère…

-Hum… Plus têtu qu'une mule quand il a une idée en tête, mais rusé et fourbe comme un renard…, soupira-t-elle en souriant tristement. Mais dis-moi, Tseng… Que voulais-tu savoir ?

-Reno a un lien avec Utai, hein ?

-Notre père était utaien… Personne ne s'en doute car nous n'avons pas les traits typiques des utaiens… et notre nom de famille, Redsly, c'est celui de notre grand-père hors c'est notre grand-mère qui venait d'Utai. Elle était descendante directe d'un très vieux clan… Ku… Kure…

-Kurai ? me hasardai-je.

-Possible… Bon, c'est pas tout ça mais j'ai du boulot et les infirmières sauront très bien s'occuper de lui… A plus !

Elle quitta la pièce et je me retrouvai seul avec Reno. J'étais assez désolé de le voir dans cet état, mais après tout, c'était autant de sa faute que de la mienne… Au bout d'une demi-heure environ, il ouvrit les yeux.

-Tsengali… Qu'est-ce que tu fout ici ?

-Rien de spécial, j'attendais que tu te réveilles. Tu as perdu Reno.

-Je pourrais m'entêter à ne rien manger…, murmura-t-il.

-Non, ta sœur t'en empêcherait. Tu as perdu Reno. Tu sais ce que ça signifie…

Il échappa un léger grognement.

-Et puis on est plus à Utai, bordel ! cracha-t-il. Je ne me répéterai pas.

-Inutile. « On »… Toi et moi ?

-Je ne t'en veux pas d'avoir oublié, moi-même j'avais oublié. Oh, bien sûr, tu me rappelais bien quelqu'un, mais nous avons tant changé…

Je me penchai au dessus de lui et encrai mon regard dans le sien.

-Un petit garçon aux cheveux rouges…, je ne devrais pas avoir de mal à te retrouver malgré le trait qui raye les évènements remontant à cette époque…

Il ne savait pas cacher ses émotions et je pouvais lire en lui comme dans un livre ouvert… Visiblement, il se doutait que j'avais tiré un trait sur mon passé… Il jeta un coup d'œil à mon visage et je m'aperçut qu'il était fort proche du sien. Pourquoi avait-il l'air terrorisé ?

-Laisse-moi Tseng, dégage, fous-moi la paix…

-En voilà des manières de parler, je préférai largement le petit chien servile…

-Ah ouais…? Et bien c'est dommage pour toi car c'est fini, ça. Mais si tu persistes à rester planté là comme ça, je vais devoir te faire dégager moi-même…

Je haussai un sourcil.

-Toi-même ? Dans cet état ? Je serais bien curieux de voir ça…

Je regrettai aussitôt mes paroles quand il posa ses lèvres sur les miennes. Je fis un bond en arrière et le regardai, l'air ahuri. Il s'essuyait la bouche avec force, un air dégoûté peint sur le visage.

-Beeerk… Si j'étais pas si faible, ça se serait passé autrement, mais sache que j'aurais toujours plus d'un tour dans mon sac pour t'emmerder et te faire tourner en bourrique…

-Hum, une mule qui veut me faire tourner en bourrique… ça promet !

Je sorti en claquant la porte. J'étais furieux. Il m'avait bien eu sur ce coup là ! Et cette fois, c'était moi qui l'avait cherché… Je me dirigeai vers l'ascenseur d'un pas rageur et buttai dans l'armoire à glace de service, me retrouvant aussitôt le cul par terre.

-RUUUDE !

-Désolé, chef, je t'avais pas vu…

-EPARGNE-MOI TES EXCUSES, JE SUIS D'HUMEUR MASSACRANTE…

Il me tendit la main pour me remettre debout mais je l'ignorai et filai dans mes appartements. Coup de Lune m'accueillit en jappant ou miaulant joyeusement, venant à ma rencontre en quête de câlins. Je le laissai un instant se frotter contre mes jambes et alterner glapissements et ronronnements avant de céder et le prendre dans mes bras.

-Coup de Lune… Je me demande si Reno t'as donné ce nom par… pur… hasard…, murmurai-je.

Cet animal était vraiment étrange… il ressemblait à un hybride entre un félin et un très jeune renard, avec des oreilles trop longues, et une queue qui était plutôt féline… et puis il y avait ses yeux, bien sûr… Des yeux Makô. Enfin, il y avait la tâche sur son épaule gauche, cet espèce de coup de lune… une zone de poils blanc argenté sur son pelage de jais…

-Il viendrait quand même pas du 68ème… il n'a pas de tatouage… juste… cette tâche…

Coup de Lune s'était soudainement mis à frissonner et me regardait avec des yeux terrorisés. Vraiment étrange…

-Quoi qu'il en soit, tu retournes chez toi dès que Reno sera sortit de l'infirmerie !

NdVixen : Ah, quelle chance a eut Tseng ! Avoir un petit chien bien obéissant comme ça… J'aurais bien aimé être à sa place ! Néanmoins, je crois que j'aurais plutôt été à celle de Reno… J'ai un caractère têtu et de la patience à volonté pour certaines choses… Et puis la plupart des gens à qui j'ai demandé « tu voudrais pas être mon chien » m'on soit envoyé paître soit éclaté de rire…