Warning : gore

Chapitre 12 : Welcome to Junon

-Courage, Athalie ! Allez, cours ma belle !

Bon, d'accord, c'était ridicule de parler comme ça à un chocobo, mais au point où j'en étais… Le Zoolom était à deux mètres à peine derrière moi, Athalie était paniquée et par conséquent assez dure à contrôler, et moi j'étais terrorisé, trempé de sueurs froide et de l'humidité du marécage… J'étais presque arrivé de l'autre côté, plus que vingt mètres… Trop tard… Le sifflement dans mon dos avait suffit à m'indiquer que le serpent m'avait rattrapé… Il donna un coup de queue dans les pattes d'Athalie et je sautai à temps pour ne pas tomber avec elle. Mon poids en moins, elle put courir avec plus de légèreté et s'élança vers le groupe qui avait déjà atteint l'autre côté du marécage. Moi, je faisais face au serpent, armé de mon électro-tige et équipé de fort peu de materias… Contre-Attaque, Vitesse Extrême et Restaurer… Cette dernière serait sans doute fort utile face à cet ennemi…

-Tant qu'à mourir, autant le faire en beauté ! hurlai-je en me concentrant pour attaquer le serpent.

Je tentai de le stopper avec un sort de Pyramide, mais le reptile était visiblement capable d'y résister. Il était sans doute… trop grand. Il m'attaqua à son tour, me cassant presque le bras gauche. Je me lançai un sort de soin et il m'attaqua à nouveau… Je continuai ainsi jusqu'à atteindre ma limite. J'étais assez content du nom que je lui avait trouvé…

-Ombre Foudroyante…

Le serpent se retrouva foudroyé et je m'aperçut que j'avais même altéré son état… il était ralentit et confus et aurait dut recevoir encore deux altérations… J'étais plutôt fier de moi. Le serpent s'attaqua lui-même et recouvra ses esprits, je l'attaquai puis il m'attaqua et je ripostai aussitôt pour ensuite m'effondrer. J'étais vraiment dans un sale état… Je sentis soudainement mes plaies se refermer dans un éclat de lumière multicolore. Je me relevai, cherchant des yeux celui qui m'avait lancé le sort de Soin et vit Sephiroth. Il avait l'air parfaitement calme… Il attaqua le serpent, lui portant un coup d'une puissance phénoménale… Vraiment… fascinant… Le reptile se dressa de toute sa hauteur, devenant ainsi encore plus imposant. Sephiroth avait l'air inquiet. Si lui était inquiet, alors il devait vraiment y avoir de quoi s'inquiéter…

-Faut se barrer, ça va barder ! Il va nous faire son attaque la plus dévastatrice !

-Quoi !

-Bêta…, siffla le serpent.

Je fermai les yeux. Mon corps n'était plus que douleur…

-Reno…

-Je suis… mort…? Ça… y est ? murmurai-je dans un râle de souffrance.

Sephiroth me lança un sort de soin niveau 3 et je rouvris péniblement les yeux.

-J'aurais pas cru que tu résisterais à cette attaque…

-Moi non plus… Mais foutons le camp !

Il m'attrapa sans douceur et sauta sur le dos de son chocobo, m'assit juste devant lui et talonna le volatile qui s'élança aussitôt vers les montagnes. Enfin, nous fûmes en sécurité… Je récupérai mon sac auprès d'Athalie. Elle était visiblement calmée et contente de me revoir, manifestant sa joie en lissant quelques mèches de mes cheveux comme s'il s'agissait de plumes.

-Est-ce que tout va bien, Reno ?

Hohoho…! Tseng qui s'inquiète pour moi…? Il va bientôt pleuvoir des Mogs à ce rythme là…

-Oui, bien sûr que tout va bien, j'ai juste frôlé la mort, j'ai l'habitude…, répondis-je sarcastiquement.

-Grâce à cette diversion imprévue le reste des élève a put arriver sans trop de problèmes, on peut donc y aller…

« Diversion imprévue »… Je me demande s'il aurait put voir les choses sous cet angle s'il avait été à ma place ! Quel enfoiré… Finalement, il ne devrait pas pleuvoir des Mogs de sitôt…

La mine de Mythril était vraiment belle… c'était un endroit calme, reposant… Oh, bien sûr, il y avait bien quelques monstres, mais rien de bien dangereux vu notre nombre… Azgan, le prof de géologie, commença son cour sur le Mythril et ses caractéristiques. J'aurais bien écouté le prof (j'étais assez intéressé parce que Siam m'avait dit que le Mythril entrait dans la composition de mon électro-tige comme élément principal…), mais Tseng fut inflexible.

-On est pas en voyage scolaire, on doit se rendre à Junon le plus vite possible à partir de maintenant.

-Tu n'as pas envie d'enrichir ta culture générale…? tentai-je.

-Je sais déjà tout ce qu'il y a à savoir sur le Mythril et nombre d'autres métaux, dois-je te rappeler que le clan Arashi domine presque toutes les mines d'Utai ?

J'abandonnai cette partie perdue d'avance et nous sortîmes de la grotte et nous mîmes en marche vers l'ouest…

-Je m'ennuie… Tseng, tu veux pas nous raconter une histoire ?

-Non.

-Tu veux pas nous chanter une chanson ?

-Non.

-Qu'est-ce que vous pouvez être ennuyants… Monsieur Je-suis-plus-muet-qu'une-carpe et Monsieur Je-tiens-à-préserver-ma-réputation-du-plus-jeune-et-meilleur-chef-des-Turks…

-Tu peux parler, Monsieur Je-suis-incapable-de-rester-tranquille-cinq-secondes-et-de-faire-autre-chose-que-d'apporter-des-ennuis-partout-où-je-passe…

Je restai silencieux un instant.

-Je suis resté tranquille pendant six secondes, fis-je remarquer.

-Bravo, tu as battu ton record ! se moqua Tseng.

La route était trop longue ! Je m'ennuyais ! Et en plus cet imbécile me tournait en dérision ! Je changeai rapidement de CD et sélectionnai une piste dont je connaissais les paroles.

-When will the Angels

Take my soul away…

Tseng se retourna vers moi, visiblement surpris.

-Tu veux pas chanter alors c'est moi qui chante…, soupirai-je. Vous voulez des écouteurs ?

Tseng détourna les yeux mais sortit tout de même un casque de son sac, chose que Rude avait déjà fait. Je sortis deux câbles de raccordement assez longs (n'allez pas me demander pourquoi j'avais emmené ça, c'était prémédité…) et me raccordai avec les deux autres.

« When will the angels

Take my soul away?

When will the angels

Tell me it's today?

I've been waiting so long

For my Judgment Day

When will the angels

Take my soul away? »

°°°

C'était une bonne question… Quand donc viendrait notre Jugement Dernier…? Quelle est l'espérance de vie d'un Turk…? Tseng et Reno ne semblaient pas s'en préoccuper, ces petits cons étaient trop jeunes… Moi, j'étais rentré dans les Turks à quinze ans et demi, et j'en avais vu des horreurs… A l'époque, on était cinq… parce que l'un des « trois V » avait disparu. Les trois V : Vincent (dit le beau ténébreux), Vanessa (dite Vaness') et Valentine (dite Mèche Éclatée). Vincent et Valentine étaient d'ailleurs sujets aux railleries à cause de leurs noms symétriquement opposés : Vincent Valentine et Valentine Vincent. Et leurs caractères l'étaient aussi… Je n'avais pas connu Vincent, mais les filles et Reeves m'avaient pas mal parlé de lui… Et je me suis aussi rendu compte de certaines choses à l'époque… Nous, les Turks, nous avions beau être une élite, nous n'étions pas pour autant correctement considérés par la Shin-Ra… Je me souviens encore de ce récit là…

°

-Hé, Vincent !

-Quel Vincent ? demandèrent aussitôt Vince et Val.

-Le beau ténébreux ! s'énerva Vaness'. C'est toi qui a été désigné pour cette mission ?

-Oui. …Tu m'étonnes… Je sens que je vais bien m'amuser… une ville paumée, mon meilleur ami, une superbe créature et un dernier type en blouse blanche qui ne sera presque jamais là…

-Hé ! On ne te paye pas pour draguer mais pour veiller au bon déroulement de l'opération, triple buse ! Et ça se dit chef des Turks !

Vincent éclata de rire et attrapa sa tasse de café pour la terminer, posant au passage ses pieds sur la table, l'air tout à fait détendu.

-Je le sais bien… Tu es jalouse que ton chef se paye une mission « vacances » ? …J'ai les qualités requises pour aider, on peut pas le nier… C'est pour ça que Félix a demandé à ce que je sois le Turk de service pour surveiller le déroulement de l'expérience, pas parce que je suis son meilleur ami…

-« Félix » ? répéta Vaness'. T'es devenu drôlement ami avec Hojo…

Mèche Éclatée eut un léger rire et se tourna soudainement vers Vincent.

-Hé, dis un peu ! T'en es où au juste avec « Félix » ? Tu nous inviteras au mariage, hein ?

Le brun s'étrangla.

-Tu délire ma pauvre fille ! Qu'est-ce que tu sous-entends !

-Merde, vous êtes toujours collés l'un à l'autre… Un vrai couple !

-Et alors ? T'es bien sans cesse accrochée aux basques de Vaness' ! rétorqua Vince.

-Hahahaha… C'était pas l'exemple à choisir, se moqua-t-elle.

Vincent resta un instant en arrêt, le temps de comprendre.

-Sans blague…? …Mince, j'arrive pas à y croire… MAIS, quoi qu'il en soit, Felician et moi ne sommes que des amis et rien de plus, j'aime beaucoup trop les femmes pour m'intéresser aux hommes !

-Bienvenu au club, collègue ! lui lança Reeves en riant.

-Haha… et il a quel nom vot' club ? lança Vaness'. « le club des cueilleurs de fleurs des taudis » ?

Vincent éclata à nouveau de rire.

-Hum, ce serait à peu près ça s'il avait un nom !

C'était une bonne journée… Quand Vincent partit pour Nibelheim avec les professeurs Hojo et Gast et leur assistante, Lucrecia… je ne sais plus trop quoi… Enfin, quand il est partit, les autres ne se doutaient même pas qu'ils ne le reverraient jamais… On leur a dit qu'il était mort pour avoir trahi la Shin-Ra, mais des rumeurs sont tout de même parvenues jusqu'à nos oreilles… il aurait servit aux expériences… du professeur Hojo ! …Cet homme timide, le meilleur ami de Vincent… était devenu un vrai monstre obnubilé par la science et ses expériences… en si peu de temps…! Enfin, quant à Valentine et Vaness', si elles ne sont plus dans les Turks, c'est parce que la première a été tuée en mission et que la deuxième l'a rejointe dans la mort… Reeves (passé chef des Turks à la mort de Vincent) et moi sommes restés seuls pendant quelques mois, jusqu'à l'arrivée de Nikolas. Son truc à lui, c'était surtout le recrutement… et il m'a un jour ramené un gamin maigre comme un clou faute d'être nourri convenablement. Un gosse de quatorze ans avec un regard de tueur, un immigré utaien qui tentait d'échapper à la guerre et vivait comme un chien dans les Taudis… Au début, j'ai tenté de le persuader qu'il n'avait rien à faire dans un tel service, qu'il était trop jeune, mais c'est finalement lui qui m'a convaincu à force d'arguments et de quelques démonstrations. Il savait tuer, et proprement… Je l'ai donc embauché. Et voilà nous étions quatre. Reeves s'est alors retrouvé face à un dilemme : on lui proposait le poste de directeur du Département en Développement Urbain. Il fallait un nouveau chef mais moi, je n'avais pas le profil pour, et Nikolas était toujours en vadrouille dans les Taudis… Restait le petit nouveau, ce gosse, dominateur comme pas deux, fin stratège pour son âge… Il me surpassait en tout… Alors j'ai proposé à Reeves de tenter le coup, de mettre le gosse à l'essai. Et il a accepté cet imbécile… Là, le gamin est devenu encore plus dominateur, un vrai petit tyran ! Et un jour, avec Nikolas, il a ramené l'autre rouquin surexcité…

°

Tseng et Reno sont encore des enfants… Quel âge ont-ils déjà…? Tout juste seize ans pour Reno et presque dix-huit ans et demi pour Tseng… Et dire qu'à leurs âges ils étaient déjà là à se souiller dans les sombres affaires de la Shin-Ra…

°°°

-Tseng ! On pourra aller se baigner ?

Et voilà, l'autre excité de service venait une fois de plus de manquer une supeeerbe occasion de se taire…

-Pas maintenant Reno, et ne compte pas sur moi pour aller piquer une tête… en tout cas pas avec toi…

-Dommage, j'aurais bien voulut voir ça…, soupira Rude.

-Voir quoi ? demandai-je.

-Vous voir tous les deux en train de vous noyer mutuellement… ç'aurait été amusant…

Il avait l'air d'être un bon vivant, plutôt sympathique à première vue. Barbe, moustache, sourcils, cheveux… tous hirsutes, d'un noir grisonnant au niveau des tempes. Ses yeux gris bleu pétillaient de malice et ses lèvres s'étiraient en un large sourire. Il remit en place ses lunettes et se leva, fit le tour de son bureau tout en époussetant un peu son uniforme et se planta devant nous.

-Et bien… Bienvenue à Junon. Je suis le maréchal Joan Dagenflitz, je serais votre supérieur direct. Je dois avouer que je suis bien heureux de votre présence car nous avons quelques soucis d'ordre public ces derniers temps…

-De quoi s'agit-il ? demandai-je.

-Un serial killer… Il a déjà tué quatre personnes, à chaque fois de la même manière, et se serait amusé à terroriser une famille. Néanmoins, on n'arrive toujours pas à percer à jour son identité. Ses témoins sont soit aux soins intensifs, soit en HP… Enfin, je vais vous montrer quelques photos, vous comprendrez vite… Âmes sensibles s'abstenir…

Il repassa derrière son bureau et n'eut pas le temps d'ouvrir un tiroir que son PHS sonna. Il soupira et décrocha.

-Oui ? … Quoi, encore ? … Bon… Je vous rappellerai.

Il raccrocha et rangea le portable.

-Bien, messieurs, finalement, plutôt que regarder des photos, pourquoi ne pas nous rendre sur le terrain ? On vient de me signaler un nouveau crime…

-Pourquoi pas…, soupirai-je.

Je me demandais sur quoi nous allions tomber mais tout de même pas autant que Reno qui ne camouflait pas son excitation.

-Oui, les serial killers tuent souvent leurs victimes de façon similaire et ça a souvent un côté quelque peu artistique morbide… Je suis sûr que ça doit être très intéressant !

-C'est ça, Renard, c'est ça…

-Oh, Tseng ! T'es vraiment pas marrant ! Et toi, Rude, t'en pense quoi ?

-Bof…

Ils ne changeraient donc jamais…?

-Vous êtes de drôles de lascars, lança Joan. Enfin, je suppose que les Turks sont tous un peu tarés…

-Moi le premier, sifflai-je. Je me demande vraiment pourquoi je garde le petit salopard à poils rouges, il ne m'apporte que des emmerdes phénoménales…

-Sans lui ce serait moins amusant, répondit Rude.

-Oh, la carpe a réussit à aligner six mots ! me moquai-je.

Il se terra à nouveau dans son mutisme et je haussai les épaules. Nous arrivions bientôt sur les lieux du crimes…

°°°

-Un « côté quelque peu artistique » tu disais…? murmura Tseng. Et ben là, c'est la mort de l'art…

-Non, c'est l'art de la mort, répliquai-je.

-Hum… De l'art ou du cochon ?

-L'art du lard bien lardé…, tentai-je.

-Vous avez fini de jouer avec les morts… euh, les mots ? demanda Rude.

Je haussai les épaules et lui tirai la langue avant de reposer mon regard sur la scène s'offrant à nous. Deux victimes et demi : un homme, une femme, et la moitié d'une gamine d'environ sept ans. Bref, la petite famille y était passée. Pour tuer les adultes, le taré avait choisit la pendaison. Oh bien sûr, ça paraît sobre à première vue, mais il est, je crois, utile de préciser que le couple avait été pendu à l'aide d'un câble extrêmement résistant et coupant. La femme avait visiblement tenté de tirer sur le câble pour essayer d'échapper à l'inexorable strangulation. Ça se voyait à cause des doigts coupés éparpillés sur le sol. Enfin, le câble l'avait écorchée et presque complètement décapitée, la tête ne tenant plus que par une colonne vertébrale en piteux état. Pour son homme, ç'avait dut être plus rapide. Le câble avait été recouvert d'une sorte de gaine et n'avait pas pu entailler la chair avant un moment, plus précisément, avant que l'homme ne succombe à la strangulation. Ensuite, le câble avait achevé son travail et avait décapité le corps qui gisait à présent sur le sol dans une impressionnante marre de sang. C'était joyeux. Maintenant, un peu plus de détails. Tous les corps étaient nus et couverts de sang, le visage amoché à un point tel qu'on n'arrivait plus à le reconnaître et un grand X était tracé au fer à souder sur leurs ventres. On pouvait aussi lire quelques mots à remettre dans l'ordre pour former une phrase, gravés au couteau sur la peau livide, par endroits immaculée. « Alors, est-ce que tu souffres ? Est-ce que tu préfèrerais mourir maintenant ? » pour la femme et « Qu'est-ce que ça fait de mourir la virilité tendue comme la corde d'un arc ? » pour l'homme.

-Il voulait vraiment que ce type meure de strangulation…, murmurai-je.

Je me tournais vers l'inspecteur de la brigade criminelle nous accompagnant. Ichigo. Cela ne faisait pas très longtemps qu'il était à Junon et il s'était très rapidement mis à traquer le crime. Après tout… c'était ça, son boulot.

-Je le crois aussi, il n'a pas agi de la même manière avec les deux autres hommes qu'il a tués, déclara-t-il. Mais le pire, c'est quand même la gamine…

La gamine… Ou plutôt ce qu'il en restait… Elle avait été violée, décapitée, démembrée… Peut-être même sous les yeux de ses parents… Seul le médecin légiste pourrait nous éclairer davantage là-dessus s'il arrivait à tirer quoi que ce soit de ces cadavres…

-Et ce X…, lança Tseng. Il peut avoir plusieurs significations. C'est la lettre de l'anonymat, mais aussi celle attribuée à la pornographie. On peut aussi le voir comme une croix, comme s'il avait voulu barrer ces corps comme on barre un mot…

-C'est intéressant ce que vous dites…, avoua Ichigo.

-Et puis tu vois qu'il y a un côté un peu artistique, Tseng…, ajoutai-je.

Il esquissa un sourire et haussa les épaules.

-Tu pense qu'on aurait affaire à un land artiste déluré, Reno ? se moqua-t-il.

-Hé, qui sait…, répondis-je. Et toi, Rude, t'en pense quoi ?

-J'en pense pas grand chose sinon que j'aimerais pas être une de ses victimes.

-Et le meilleur moyen pour ça, c'est de mettre un terme aux agissements de ce malade, conclut Dagenflitz.

Nous quittâmes les lieux du crime pour laisser tout le loisir aux enquêteurs et médecins légistes de faire leur boulot. Après tout, nous n'étions pas flics, juste Turks… Nous repassâmes au bureau de Dagenflitz pour y déposer les nouvelles informations et récupérer nos sacs, après quoi il nous donna carte blanche.

-Bon, on va commencer par déposer nos affaires, décida Tseng.

C'était raisonnable… Nous allions loger dans les quartiers réservés aux soldats d'élite… ça nous changerai pas tant que ça de Midgar. A part le fait que nous serions à trois dans le même appart.

-Dagenflitz m'avait prévenu du manque d'appartements pour loger tous les soldats, commença Tseng. Mais tout de même…

Est-ce que je devais afficher une tête d'enterrement ou éclater d'un grand rire hystérique ?

-Ah non… Non, c'est hors de question…, murmurai-je.

Un lit pour trois, c'était exagéré. Vraiment. Tseng semblait atterré et Rude se confinai dans son éternel mutisme. Néanmoins, je savais qu'il n'en pensait pas moins que nous…

-Bon… on va établir un roulement, décida Tseng. Si on compte le divan du salon, on a deux lits…

Deux lits… Bon, il ne restait plus qu'à en trouver un troisième…

-Ouais, ben je prend le divan pour cette nuit ! tranchai-je.

Je filai au salon et lançai un regard suspicieux au divan. Il y avait une sorte de tiroir en dessous. En l'ouvrant, je découvrit des lattes de bois prêtes à accueillir le matelas dépliant qu'étaient les coussins. Un lit clic-clac. Deux places. Il se foutait de nous ce Dagenflitz ?

-Tu as trouvé quelque chose ?

Je claquai le tiroir et me retournai vers Tseng en bafouillant un vague « non, rien du tout… ». Il haussa les sourcils et s'approcha.

-Vraiment rien…? Tu permet ?

Je lui lançai un regard maussade et m'écartai, lui tournant le dos d'un air buté.

-Tu n'as pas envie de savoir ce que c'est, Tseng, tu n'as pas envie…, murmurai-je.

Il ne dit rien mais tira tout de même le tiroir.

-Oh… c'était donc un lit dépliable…

Je n'avais même pas envie de faire face à Tseng.

-Bien trouvé Reno. Ça doit te faire plaisir, mais il n'est ici question que de dormir…

-Qu'est-ce que tu sous-entends, Tseng…? lâchai-je.

-Waow… Je ne t'ai jamais vu aussi froid… Est-ce que je t'aurais vexé ? Est-ce qu'une vérité t'aurait blessée ?

Cette fois je me retournai.

-Et quelle vérité d'abord ? Hein ? Leen a lancé cette Rumeur sur moi pour m'énerver, mais comme la plupart des rumeurs, elle est fausse. Et si tu ne me crois pas…

Je lui lançai mon PHS, le défiant du regard.

-…Appelle Chat, son numéro est dans le répertoire.

Sur ce, je me dirigeai vers lui, ouvrit sa veste d'un geste brusque, glissai une main dans la poche secrète à l'intérieur et lui piquai son PHS. Il n'avait rien fait. Il était tétanisé par la surprise…

-Qu'est-ce que tu croyais que j'allais faire, hein ? Faut pas croire les rumeurs, c'est toujours des conneries. Je t'emprunte ça le temps que tu me rendes le mien.

Et je le plantai là. Je sorti et parti faire un tour en ville. Après un moment, je rentrai au hasard dans un bar où je trouvais Rude, accoudé au comptoir, entretenant sa réputation de pochetron.

-Tiens, le crétin à poils rouges…

-Tiens, la carpe chauve, rétorquai-je.

Il eut un léger rire et reposa sa chope de bière sur le comptoir.

-Qu'est-ce que t'as fait à Tseng pour le rendre aussi furieux ?

-Trois fois rien, je comptais même pas l'énerver pour une fois… Enfin, je lui ai filé mon PHS et j'ai piqué le sien en échange… Je me demande combien il y a de noms dans sa liste de contacts…

-T'es réellement un vrai petit salopard… ça se fait pas de pénétrer l'intimité d'autrui comme ça, me sermonna la carpe chauve.

-Rien à foutre. Alors… Heidegger, Scarlet, Rufus, Sephiroth, tiens… Ichigo, Izumy… Ah ! J'en étais sûr ! Cet imbécile lui a filé un PHS !

-A qui donc ?

-Aerith. La fille des Anciens. J'aurais bien envie de l'appeler pour voir…

Rude manqua de s'étrangler.

-Non mais tu déconnes j'espère !

-Et pourquoi je le ferais pas ? Je me demande si elle continue à être surveillée sans relâche, et puis faudrait pas qu'elle manque de nouvelles de Tseng… Allez, on va rire un peu.

Et je l'appelai. Après quelques sonneries, elle décrocha.

« Allô ? C'est toi, Tseng ? »

-Non, c'est Reno, répondis-je. Est-ce que tu vas bien, Aerith ?

« Je… Qu'est-ce que ça veut dire ! »

-Hé, panique pas comme ça ! J'ai juste piqué le PHS de Tseng et ton numéro s'y trouvait. Je peux te donner quelques nouvelles de cet imbécile d'utaien si tu veux…

« Où est le piège…? »

Elle ne me faisait absolument pas confiance… Je me demandais comment Tseng avait réussit à se lier d'amitié avec cette idiote.

-Y'en a pas. Tu sais qu'il est arrivé un grand événement à Tseng ? …Non. Tu ne le sais pas, alors je vais te mettre au courant…

Rude me donna un coup pour attirer mon attention, forma un cercle avec le pouce et l'index de sa main gauche et passa au travers avec son majeur droit, haussant les sourcils pour signaler qu'il s'agissait d'une question. Je plissai mes lèvres en un rictus et hochai la tête en signe d'approbation. Il se mit aussitôt à secouer frénétiquement son index de droite à gauche avant de le placer sur ses lèvres.

« Pourquoi tu ne dis plus rien ? Qu'est-il arrivé à Tseng ? » s'inquiéta Aerith à l'autre bout du fil.

-Il faut que je lui réponde, chuchotai-je à l'adresse de Rude. Ce qui est arrivé à Tseng, Aerith… et bien, il s'est complètement shooté le temps d'un soirée, et la nuit suivante, il s'est…

Rude m'arracha le PHS des mains et m'envoya un uppercut en pleine figure.

-Je t'avais enjoint à taire ça, Reno, siffla-t-il. C'est pas la peine de parler de telles futilités à une gamine ! Surtout si c'est juste dans le but de ternir la réputation de notre chef !

Il était vraiment en colère…

-Désolé, mademoiselle Aerith, s'excusa-t-il. Mon collègue est la bête noire à poils roux des Turks, veuillez excuser son comportement imbécile…

« Vous êtes combien comme ça ! »

-Deux. Une bonne quinzaine si on compte la clientèle du bar dans lequel nous nous trouvons…

J'étais scié. J'avais rarement entendu autant de mots sortir de la bouche de Rude.

-Reno, à ton tour de lui présenter des excuses, après tout c'est la « petite amie » de Tseng, comme tu dis…

Je lui lançai un regard noir et attrapai le portable.

-A la prochaine, marchande de fleurs de mes deux ! sifflai-je avant de raccrocher.

Rude se planta face à moi et m'attrapa par le col, me soulevant presque du sol. C'était loin d'être agréable…

-Petit salopard…

Il me traîna hors du bar et me plaqua contre un mur dans une ruelle obscure.

-Tu peux pas te servir de tes yeux de temps en temps ?

-Qu'est-ce que tu veux d'…

Il me gifla avant que je n'aie put terminer ma phrase.

-Tseng ne va pas bien en ce moment, il s'énerve beaucoup plus facilement qu'avant et son regard perçant part souvent dans le vide. Et toi, tu ne remarques rien, et tu fais tout pour le rendre chèvre !

-Merde, c'est pas ma faute ! Je peux pas le saquer ce type, et c'est réciproque !

-Je te conseille de faire un effort. Je ne sais pas exactement ce qu'a Tseng, mais un chef dans cet état, en mission, ça peut devenir dangereux…

-Comment ça ?

-Il est moins attentif, moins sur ses gardes…

C'était vrai. Il n'avait pas bronché quand je lui avait piqué le PHS…

-Hum… Tu as raison… Je suis désolé…

-C'est à lui que tu dois t'excuser, Reno…

°°°

Le rouquin ne s'attendait vraiment pas à ce que je lui face une leçon de morale. C'était pas mon truc, mais je m'en était plutôt bien tiré… Néanmoins, je ne m'attendais pas à voir Reno s'excuser de sitôt… Il était têtu et n'aimait pas avoir à se faire pardonner. Le soir venu, nous partageâmes un repas dans un des restaurants de la ville avant de regagner notre appartement. Tseng dormirait dans le lit et moi avec Reno. Je n'étais vraiment pas enthousiasmé par ça, mais bon… il fallait bien faire avec. Et ce fut dur. Le rouquin n'arrêtait pas de bouger, il parlait à la forme injonctive, semblant donner des ordres comme au cours d'une bataille. Peut-être rêvait-il de l'époque où il faisait partie de la bande de Nikolas… Je n'en savais rien et je m'en fichai totalement. Je voulais juste dormir. Enfin, je finis tout de même par succomber à un sommeil de plomb. Le matin, je fut réveillé par le rire de Tseng. Reno s'était pelotonné contre moi au cours de la nuit, passant ses bras autour de moi. Je levai les yeux au ciel, me plaquait une main sur le visage et lui donnai un petit coup de poing sur la tête pour le réveiller…

-Encore…dormir… un peu, Siam…, ronchonna-t-il.

-Je ne suis pas ta sœur, crétin à poils rouges !

Cette fois il se réveilla totalement. Ses joues rosirent à peine quand il se rendit compte de la situation et il se contenta juste de bailler un vague « bonjour ».

-Haha… Désolé, Rude… C'est toujours comme ça quand je dors avec quelqu'un d'autre… Peu importe la personne, ça finit toujours pareil… Me le reprochez pas.

-Tseng, dis-moi que tu vas céder le lit à l'un de nous deux…, murmurai-je.

Ça m'avait échappé. Je levai rapidement les yeux vers lui et rencontrai ses prunelles d'un noir d'encre quasi hypnotique. Il y avait quelque chose d'effrayant dans son regard…

-Je disais ça pour déconner, t'as besoin de repos en ce moment…

-Hum… c'est vrai, mais toi aussi. Si nous sommes deux à être dans un état de santé précaire, ça pourrait devenir dangereux sur le terrain…

Il n'avait pas tort…

-Je crois que le mieux serait néanmoins d'écarter le rouquin pour que nous puissions avoir la paix… On pourrait aussi le faire dormir par terre…

-Hé ! Je vais avoir des courbatures ! se plaignit aussitôt Reno. Vous avez qu'à vous pieuter à deux, je prendrai le lit ! Une armoire à glace et un glaçon ça fera bon ménage, non ?

Je lui envoyai un coup de poing dans l'épaule pour le principe tandis que Tseng hochait la tête avec appréhension.

-Hum… C'est peut-être la meilleure solution… Enfin bon, on en reparlera plus tard, on doit être prêts dans moins d'une heure.

Il quitta la pièce et Reno le suivit aussitôt, terminant de boutonner (en fait il n'attachait jamais plus de quatre boutons) sa chemise, sa veste sous le bras, l'air plus débraillé que jamais

NdVixen : Et voilà, les Turks sont donc à Junon… Alors, vos impressions ? Sympathique mon serial killer ? Je voulais quelque chose de bien gore… A part ça, j'ai pas grand chose à ajouter. Beaucoup d'improvisation… ça s'en ressent ? En fait, seuls le Zoolom, le serial killer et le fait que Reno parle dans son sommeil étaient prévus…° Le prochain chapitre sera le n°13 ! Attention, attention…