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Chapitre 14 : Happy Birthday to You
Mmh… Quelle heure pouvait-il bien être…? J'ouvris les yeux. Reno. Le voir dès le matin, c'était tout de même un choc. Mais étrangement, là, ça me donnait plutôt envie de sourire. Il avait l'air si… stupide. Détendu, la bouche entrouverte, ses yeux faisant des 8 sous ses paupières closes, les cheveux plus en bataille que jamais…
-Reno…? Reno…! …RENO !
Là, il ouvrit les yeux.
-Hein ? Oh… Tseng… 'jour…
Il se dégagea et je put enfin me lever.
-Tu parlais dans ton sommeil cette nuit, Reno…, lançai-je soudainement.
-Hum ? Désolé… Je m'en rend même pas compte. Je dis souvent des conneries…
-Rude m'a dit que tu parlais à la forme injonctive comme dans une bataille la nuit passée. On dirait que tu passes ton temps à te battre dans tes rêves…
Il secoua la tête en signe de négation.
-Haha… non. On a plusieurs phases de sommeil, et on fait souvent plusieurs rêves pendant la nuit. Enfin, Chat peut te faire un court magistral là-dessus…
Il s'apprêtait à rejoindre la salle de bain.
-Reno…
Il s'arrêta, attendant la suite.
-Quoi qu'il en soit, quand tu te couches, essaye de te répéter « je ne dois pas parler, je ne dois pas parler » ou quelque chose dans le genre sans quoi je vais finir par t'enregistrer… Je sais pas de quoi tu rêvais mais tu criais « attaque ! attaque Jupiter ! attaque ! ». Et tu n'arrêtais pas de donner des ordres à tout va…
Il baissa les yeux et tourna les talons.
-Je vais prendre ma douche.
Il claqua la porte de la salle de bain derrière lui. Il n'avait visiblement pas envie de discuter. Dommage, c'était amusant…
°°°
-Tseng…
-Dagenflitz…, salua le chef en retour.
C'était l'heure du rapport. Reno arborait un sourire victorieux, satisfait, presque hautain, et Tseng… de retour à son sérieux habituel… Moi, j'observais la scène derrière mes lunettes de soleil, silencieux, comme toujours.
-L'affaire est réglée, Reno a tué le Serial Killer. Il s'agissait d'un ex-assistant de Hojo ayant servit à on ne sait quelles expériences, somme toute, un malade mental donnant libre court à sa folie une fois en présence de ses victimes…
-Bien… Vous avez fait du fort bon travail…
-Nous sommes les Turks, répliqua Tseng.
Dagenflitz échappa un éclat de rire avant de reprendre.
-Vous avez quartier libre jusqu'à nouvel ordre. Junon est relativement calme en ce moment…
Et c'est chiant une ville calme… Nous prîmes néanmoins congé.
-Vous êtes partants pour une baignade ? demanda Reno. Junon est à une latitude presque symétrique à celle de Costa Del Sol par rapport à l'équateur, si je ne m'abuse, et elle bénéficie de courants marins chauds qui ont fait d'elle une station balnéaire assez réputée…
-T'as lut les brochures publicitaires desdites station, toi, me moquai-je.
-Ehé… C'est vrai…, avoua-t-il. Alors ? Qu'est-ce que vous en dites ?
Moi, je voulais bien venir si une bataille éclatait entre le rouquin et l'utaien, mais je préférais ne pas présenter les choses de façon si directe.
-Hum… ça pourrait être distrayant, lâchai-je. Mais seulement si on y va tous, plus on est de fous, plus on rit, non ?
Et voilà, ils me regardaient à nouveau avec un sourire moqueur et lourd de sous-entendus du genre « mais c'est qu'il parle quand il veut ! ».
-Allez, viens, Tseng ! Ce sera marrant ! l'enjoignit le rouquin.
Il leva les yeux au ciel en soupirant.
-D'accord, je viens…
Je restai un peu en retrait avec Reno qui s'approcha de moi pour que je l'entende parler à voix basse.
-Je m'attendais à plus de combativité de sa part, il a abandonné vachement vite…, remarqua-t-il.
Il se tut un instant avant de reprendre.
-Si c'est pas indiscret, vous avez parlé de quoi hier soir ?
-C'est indiscret, Reno…
-Tss ! Rude ! T'es toujours au courant de tout, mais ça sert à rien si tu peux pas en faire profiter les autres… Et les autres en l'occurrence, c'est moi.
-En tant qu'informateur, ce serait plutôt à Tseng que je devrais communiquer ça…
-Mais il s'en contrefiche de ça…, rétorqua-t-il. Tiens, par exemple, je suis sûr que tu connais tout sur les histoires de cœur qui courent, je me trompe ?
A vrai dire… non, il ne se trompais pas. Rien ne m'échappait.
-Par exemple, poursuivit-il, de qui est amoureux Rufus ?
Facile.
-De personne. Il préfère les simples fleurts et, la dernière fois, il visait Aztariel et Elena… mais Tseng s'est tapé la première et toi… t'as pas été jusqu'au bout avec Elena, hein ?
C'était comme s'il avait reçu un sort de Stop.
-Co… Co… Comment t'as su ! s'étrangla-t-il.
-Rien ne m'échappe…
Il me lança un regard soupçonneux.
-Ah ouais…? Alors qui Tseng aime-t-il ?
-Tu vas finir par te trahir…
-Hein ? Comment ça « me trahir » ?
-La rumeur, chuchotai-je. La Rumeur, Reno…
-Me dis pas que t'y crois ! Et puis t'es sans doute un des mieux placés pour savoir qu'elle est fausse !
-Reste calme, gentil petit garçon, tu es trop impulsif…, le taquinai-je.
-Je ne suis pas petit, et je ne suis pas gentil ! Et je ne suis ni un gentil garçon ni un petit garçon non plus !
-C'est vrai, tu es juste un gentil petit garçon…
Il se retint de me gueuler dessus à grand peine, levant les yeux au ciel, prenant une grande inspiration avant d'expirer en fermant les yeux. On aurait presque cru voir Tseng.
-Rude, t'as même pas répondu à ma question…! me fit-il remarquer.
-Hum… Alors, Tseng… Il n'aime personne, il se fiche un peu de l'amour, et voilà. Je crois qu'il préfère avoir des amis ou des amies, plutôt que des petites amies. En résumé, c'est à peu près ça…
Il se mit à fixer ses pieds en souriant.
-Hum, ouais, c'est ça… …Tseng n'est qu'un tyran de toute façon, alors je vois mal avec qui il pourrait s'entendre sur le plan amoureux. Elena a frôlé la grande désillusion… Heureusement, elle ne devrait pas recroiser l'utaien de sitôt…
J'avais l'impression qu'il commençait à convoiter cette jolie blonde… Nous prîmes quelques affaires dans l'appart avant de prendre la direction de l'ascenseur et descendre dans le Junon du Dessous. La plage était encore belle, l'eau plutôt claire et chaude et le soleil illuminait le ciel d'Août. Beau temps, non ?
°°°
Mes poumons gonflés à bloc commençaient à me torturer, incapables de continuer à garder tout cet oxygène indéfiniment. J'ouvris les yeux. Ça piquait atrocement au début mais je m'y adaptai et les ombres floues que je percevais commencèrent à s'affiner. A environ un mètre sous moi, le fond sableux parsemé de pierres polies, de morceaux de verre plus ou moins dépolis, d'algues diverses et de coquillages éparts. Je relevai la tête, repérai ma cible et fonçai vers elle, ignorant mes poumons en feu. J'attrapai les chevilles et les tirai prestement, attirant leur propriétaire sous l'eau. Nous refîmes rapidement surface pour reprendre notre respiration. Je me demandais bien pourquoi il avait gardé sa chemise pour aller nager…
-Reno, crétin parmi les crétins ! Tu n'es donc pas fichu de rester calme un moment ! siffla Tseng.
-En tant que Turks, on peut mourir à tout moment, alors autant mourir sans regrets et profiter de la vie à chaque instant, Tseng. Rude l'a bien compris, lui, c'est pour ça qu'il boit toujours comme un trou… Imagine qu'il ne te reste qu'une journée à vivre, qu'est-ce que tu ferais ? Il doit bien y avoir quelque chose qui te tienne à cœur, non ?
-S'il ne me restait qu'un jour à vivre, je retournerais à Utai pour saluer ma famille, mes ancêtres, annoncer mon arrivée à mes morts… Revoir ma Terre Natale une dernière fois, c'est ça que je souhaiterais…
Hum. Pourquoi pas ?
-Mouais… Dans ce cas je te suivrais pour voir comment les choses ont changé par rapport à mes souvenirs, et pour t'embêter jusqu'au dernier instant.
-Tu me suivrais…? répéta-t-il avec un sourire malicieux. Alors je ferais de toi mon chien, à nouveau. Tu ne serras qu'humiliation, jusqu'au dernier instant…
Oh, tu crois ça ?
-…Et tu mourras, collier au cou, et moi, laisse au poing…
-Vraiment ?
Je le défiai du regard. Il restait impassible.
-T'as jamais entendu parler de maîtres tués par leur chien ? lançai-je.
Disant cela, je lui envoyai une bonne giclée d'eau en pleine figure. Il secoua la tête pour se débarrasser de l'eau l'aveuglant et me lança un regard glacial avant de me plonger la tête sous l'eau. Il me maintint ainsi un moment sans que je puisse faire quoi que ce soit pour remonter à la surface. Me tenant par les cheveux, il m'empêchait de sortir de l'eau ou de plonger plus profond pour ressurgir plus loin. Il finit par me tirer hors de la flotte et je put reprendre mon souffle.
-Calmé, le chien ?
Je ne répondis que par une nouvelle giclée d'eau dans sa direction. Il tenta à nouveau de m'attraper, mais cette fois, je me déviai et sa main se referma sur du vide. J'en profitai pour lui attraper le bras, mais il se volatilisa pour se retrouver derrière moi. Et rebellotte, je me retrouvais à nouveau sous l'eau. Je savais qu'il était inutile de tenter de le frapper car l'eau ralentirait mes mouvements. Néanmoins, il n'était pas vain de le griffer, même si mes ongles ramollis par l'eau peinaient à accrocher sa peau lisse. Visiblement, cette légère douleur ne le dérangeait pas. J'enrageais, l'eau n'était vraiment pas mon élément. D'un mouvement brusque, je baissai son short. Cette fois, je résultat fut très concluant. Il me lâcha tout de suite, mais je pris sur moi pour ne pas remonter à la surface tout de suite et m'enfuis à la nage, son short en otage. Quand je m'estimai assez éloigné, je remontai enfin et tournai mon regard vers lui.
-Et maintenant ? Tu fais moins le fier, hein !
Rude se faisait dorer sur la plage, à une vingtaine de mètres de nous. Il nous fixait avec intérêt depuis que nous étions entrés dans l'eau. Rien ne lui échappait… En effet.
-Rude ! Viens un peu ! l'enjoignis-je.
Je reculai doucement vers la plage, maintenant la distance entre Tseng et moi. L'armoire à glace se leva lentement, entra dans l'eau sans se presser et me rejoignit.
-Tu devrais lui rendre…, me sermonna-t-il.
-Ce serait moins amusant… Je suis sûr qu'on peut lui faire faire à peu près n'importe quoi avec ça…, rétorquai-je.
-C'est pas facile de faire chanter Tseng, il est plus orgueilleux que toi, tenta Rude.
-On va voir…
Tseng était à moins de dix mètres de nous.
-Hé, l'utaien ! Si tu veux récupérer ça, va falloir nous faire une promesse !
Il ne répondit pas, visiblement courroucé de s'être fait avoir par un petit salopard comme moi…
-Mais tu peux aussi refuser et rentrer à poil ! lançai-je.
-Ouais bon, ça va ! J'ai compris ! siffla-t-il. Qu'est-ce que tu m'veux !
-Je veux…
Je laissai un instant flotter le suspens.
-…Je veux que tu nous chante une chanson ! Tu es Maître chanteur, non ? Alors ça doit être dans tes cordes… vocales…!
Il échappa un léger grognement.
-Qui me dit que tu vas me rendre mon short une fois que j'aurai chanté ?
-Tu ne me fais pas confiance ? m'indignai-je faussement. Ça devrait plutôt être l'inverse !
-Oh, vous devenez chiants tous les deux ! soupira Rude. Toi, le rouquin, tu lui rend son short, et toi, chef, tu nous chante une chanson ce soir, point !
Il fit craquer les os de sa nuque et de ses doigts et me lança un regard significatif. J'en profitai pour lancer un coup d'œil à ses iris. Je crois que c'était la première fois que je les voyais. Deux iris bruns, cerclés de noir, légèrement dorés autour de la pupille. Et brillant d'une lueur étrange… En fait, ça faisait assez classe…
-Tu devrais porter tes lunettes de soleil moins souvent, lui glissai-je.
Cela dit, je nageai en direction de Tseng et lui rendis son bien en soutenant le regard noir qu'il m'adressait. Il prit le temps de me couler encore une fois, me maintenant cette fois les poignets dans le dos, je parvint à le couler à mon tour, quelques secondes durant après quoi il reprit le dessus, puis nous sortîmes de l'eau. Sa chemise humide lui collait à la peau et je distinguait une forme sombre sur son dos, visible à travers le tissu mouillé. Alors c'était ça ? Un tatouage ? J'avais du mal à voir ce qu'il représentait exactement et finis par laisser tomber pour cette fois. Je comprenais également mieux pourquoi il prenait rarement sa douche avec moi et Rude après nos séances d'entraînement… Enfin… juste pour un tatouage… Tss. Je me rhabillai un peu après m'être essuyé et lançai un coup d'œil à mon PHS. J'avais reçu un message de Chat. Je le consultai rapidement. Elle voulait juste prendre des nouvelles… Je lui expédiai donc une réponse en vitesse, lui disant que tout allait pour le mieux et que Junon était une ville très calme (je préférais ne pas lui parler du Serial Killer…), et achevai par une formule de politesse adaptée et un Post-scriptum à l'intention de Coup de Lune que « je n'oubliais pas ». Et voilà, la petite famille serait ainsi rassurée ! Je jetai un coup d'œil à l'horloge et avisai la date. Samedi 14 Août… Pourquoi cette date me disait-elle quelque chose ? Ah ouiiiiiiiii !
-Je sais pas vous, mais je crois que je vais rentrer…, lançai-je.
Les deux autres me regardèrent, regardèrent leurs montres, se regardèrent, me regardèrent à nouveau…
-Il est tout juste cinq heures…, remarqua Tseng, visiblement étonné.
-Ouais mais… je supporte pas trop le soleil et j'ai deux ou trois trucs à faire, prétextai-je.
Ils haussèrent les épaules, je ramassai mes dernières affaires et quittai la plage pour prendre l'ascenseur, gagner le Junon du Dessus puis notre appart. Un coup de nettoyage vite fait, petit inventaire des placards. Bon, quelques courses s'imposaient… Je ressortis avec un peu de monnaie, filai dans le premier magasin que je rencontrai et revint avec quelques paquets de choses diverses et variées. Je commençai par lister les ingrédients dont j'avais besoin. Chocolat, beurre, sucre, œufs, farine, eau. Ok. Et je m'attaquai à la réalisation de ma recette. Je commençai par faire fondre cent vingt-cinq grammes de chocolat avec une cuillère à soupe et demie d'eau à feu très doux, mélangeant de temps en temps, tout en m'occupant de séparer les jaunes et les blancs de mes trois oeufs, puis ajoutait le beurre et la farine, mélangeant le tout pour obtenir une pâte onctueuse à laquelle j'ajoutai un à un les jaunes d'œuf. Ça commençait à me donner faim. J'attrapai une fourchette (faute de fouet) et commençai à battre les blancs d'œuf en neige. C'était toujours la phase la plus chiante… Enfin, je put les incorporer au mélange avec une certaine délicatesse. Je beurrai rapidement un plat et y versai la pâte, puis le glissai dans le four. J'avais encore un peu de temps avant de lancer la cuisson. Je nettoyai la vaisselle, la rangeait, puis m'attaquait à l'emballage de petits objets. Parfait. Je saisis mon PHS et composai le numéro de Tseng. Il ne tarda pas à décrocher.
-Allô, Tseng ? T'es où là ?
« A la plage ? On va bientôt rentrer. Et toi ? »
-Rude est dans les parages ?
« Oui, pourquoi ? »
-Vérifie qu'il n'entende pas la conversation.
« Qu'est-ce que tu me chante encore ? Aucun risque qu'il entende un mot de ce que tu dis… »
-Tu sais quelle date on est, hein ?
« Bien sûr… J'oublie pas mes collègues… »
-Tu parles ! Et moi alors !
« Toi c'est différent. Et puis je te ferai remarquer que ce jour là tu t'es barré avec ta sœur ! »
-Ouais, bon, laisse tomber. J'ai préparé deux trois trucs. Vous rentrez quand ?
« Hum… On sera là vers sept heures. Tu prépares le repas ? »
-Je comptais sur toi pour ça, je me suis occupé du dessert mais j'ai pas trop d'inspiration pour ce qui vient avant… »
« Et ben fais des pâtes alors… A tout à l'heure… »
Et il raccrocha. Je lançai à un regard noir à mon PHS comme s'il était responsable des paroles de Tseng, puis haussai les épaules. Des pâtes. Oui, mais à quoi ? Oh et puis zut, je finirais bien par trouver un flacon de sauce bolognaise ou un truc du genre et je ferais un paquet de spaghettis, point ! C'était pas non plus la peine de se casser la tête pour des conneries !
°°°
Le rouquin avait donc fait des spaghettis bolognaise… Il s'en était plutôt bien sorti et le repas fut bien agréable, entre vannes et plaisanteries. Nous n'abordâmes pas la question de la date du jour, faisant mine d'avoir complètement zappé cela. Reno débarrassa la table en râlant comme à son habitude, puis revint s'asseoir. Et les plombs sautèrent.
-Et merdeuh… C'est quoi ça, encore ? ronchonna-t-il encore.
Il se leva en lâchant un « Bon, j'vais chercher des bougies » exaspéré. Quelques minutes à peine plus tard, il était de retour avec un gâteau au chocolat tellement hérissé de bougies qu'il disparaissait presque.
-Pfiuu… T'aurais pas put naître plus tard, Rude ? C'est pas une mince affaire que de foutre toutes ces bougies là-dessus ! Joyeux anniversaire !
Rude se mit à rire en voyant le gâteau. A mon tour je cédai au fou rire.
-Il ressemble assez à un porc-épic ton gâteau, me moquai-je gentiment.
-Et ouais, vingt-cinq bougies pour notre armoire à glace de service, ça prend quand même de la place !
Rude souffla les bougies et on se retrouva à nouveau dans le noir.
-Flûteuh ! J'avais oublié les plombs ! râla à nouveau Reno en dégainant son électro-tige.
Il piqua quelques bougies du gâteau dans les trous de la salière restée sur la table et les alluma du bout de son électro-tige. Il fit de même avec la poivrière et estima qu'on y voyait assez pour couper le gâteau et que c'était bien suffisant.
-Et maintenant, voyons voir ce que ça donne, ce gâteau. Bon appétit !
Et il se servit sans plus attendre. Nous l'imitâmes donc.
-Reno, les plombs ont sauté tous seuls ? demandai-je.
-A frai dire, she les shai un peu aidés, me répondit-il.
Il termina d'avaler ce qu'il avait dans la bouche avant de reprendre son explication ainsi qu'une part de gâteau.
-J'ai fait disjoncter le circuit électrique de l'appart avec mon électro-tige…
-J'ai un doute soudain, Reno…
Je me levai et regardai par la fenêtre. Toutes les lumières de l'immeuble étaient éteintes, mais de petites lueurs vacillantes étaient visibles à travers les fenêtres voisines.
-Si jamais on nous demande pourquoi le circuit général de cet immeuble a sauté, soit on n'en sait rien, soit on accuse Reno…
-Il a fait sauter tout le circuit…, articula Rude.
Il échappa un léger rire avant de céder au fou rire.
-Sacré petit salopard… J'avais encore jamais eu d'anniversaire comme ça…!
-Au fait, tiens.
Reno sortit deux petits paquets plats d'une de ses poches et les tendis à Rude. Il ouvrit d'abord le plus grand, faisant environ douze centimètres sur quatorze et quelques millimètres d'épaisseur. Un CD.
-J'ai composé la plupart des thèmes… enfin, tu verras, c'est une compil'… ça devrait te plaire…
Rude eut un sourire et ouvrit le deuxième paquet. Une sorte de petit disque de sept centimètres de diamètre, bombé vers le centre, faisant un bon centimètre d'épaisseur… Il l'approcha des bougies pour découvrir sa couleur : rose, avec un gros cœur rouge au milieu. Il l'ouvrit et découvrit deux petits miroirs ronds.
-Retire un peu tes lunettes ! lança Reno.
Rude s'exécuta et croisa un instant son propre regard dans le miroir avant de le reposer sur Reno.
-Alors ? Ils sont pas beaux tes yeux ? J'te l'ai dit tout à l'heure, tu devrais porter tes lunettes de soleil moins souvent pour qu'on les voies plus souvent, eux.
Rude se mit à nouveau à rire, prenant plutôt bien la blague. Je m'approchai à mon tour et déposai deux paquets sur ses genoux. Moi aussi j'avais voulut lui faire une farce. Il ouvrit le plus lourd et en sortit une paire de toutes petites jumelles.
-Avec ça, tu pourras encore mieux espionner ton entourage, me moquai-je sans méchanceté aucune.
Il ouvrit le deuxième paquet et en sortit une deuxième paire de jumelles. Curieux, il les porta à ses yeux. Il ne dut sans doute rien voir avant de les diriger vers les bougies. Là, il échappa un éclat de rire.
-Tseng… enculé ! Je m'attendais pas à ça de ta part !
-Et oui, je vous réserve encore des surprises… Mais je ne suis pas un enculé.
-Fais voir un peu ! lança Reno, avide de connaître le mystère de ces jumelles.
Rude les lui passa et il regarda à son tour.
-Mmh, super vue… 0,5 de tissu… Rhaah, elles ont de ces formes, ça existe pas des nanas comme ça ! Et puis elles doivent avoir de sacrés maux de dos encore une fois…
Rude se laissa aller à rire et nous mîmes à rire à notre tour. C'était une bonne soirée…
-Tseng ! Un chanson ! lança Reno.
-Je me passerai du joyeux anniversaire, chante-nous quelque chose d'original ! ajouta Rude.
-Quelque chose d'original…? En ces temps de guerre, je connais quelque chose qui dois pas courir les rues…
C'était le genre de chansons à ne pas chanter devant un officier de la Shin-Ra…
-Allez, vas-y ! On est pas en service de toute façon ! m'intima Rude.
Je m'éclaircit la voix avant de commencer.
-Iashi aku aku – sesao naminaku
Itaama de izako, takeama de niako
Izaeto otodane eoeko otodane
Shiotchio ya azumemo doishiku
Utai de izutsuki tanakani mi anikuno
Sesao, otoko, namiko
Izaeto otodane eoeko otodane
Utai de zeneama tanakani mi shitsuaku
Tchizuyu de onaji ya momoko iteiku
Izutsuki o litsuzu anizu yo
Sesao o nozu yo zene de tchi aku no suku
Oxalis iataku – Da Chao zene de sulu mi toinaku
Oshalu o saazu yo ya take asunakudaido
Izutsuki o litsuzu momozu yo
Sesao o nozu yo tukini mi osetakudai
Oxalis seetaku – Da Chao zene de sulu mi shojinaku
Il y eut un moment de silence, puis Rude applaudit, imité par Reno.
-Ouais… pas mal ton interprétation…, souffla Reno. C'est vrai que tu risques gros en chantant ça…
-C'est de l'utaien, non ? demanda Rude. Qu'est-ce que ça veut dire ?
-C'est un chant révolutionnaire, un chant de guerre, répondit Reno. C'est le dialecte bizarre de la région D'Asangyô et Inarime.
-On peut avoir la traduction ? s'enquit Rude.
Je hochai la tête.
-Le métal en fusion coule, coule – le sang suivra.
Amour d'une femme, sourire d'un enfant.
Pour les cœurs et l'honneur,
Dans la nuit l'éclair luit.
Les lames d'Utai n'ont pas de pitié.
Le sang, la sueur et les larmes.
Pour les cœurs et l'honneur,
Peuple d'Utai reprend les armes.
Au clair de Lune un chant s'élève,
Lame de glace affûtée.
Sang impie coule et abreuve notre terre,
L'oxalis refleurira – Da Chao protégera nos âmes
A la pâle aurore ils seront tombés.
Lame de glace maculée.
Sang impie tu renaîtras purifié,
L'oxalis s'épanouira – Da Chao veillera nos âmes.
Rude hocha la tête.
-Je vois… C'est pas mal… Des fois, ce chant… il a pas été repris par le groupe Loques n' LoL ?
-C'est exact, je pensais pas que tu l'aurais reconnu. Ils l'ont chanté à Kalm. Je ne sais pas si tous les gens qui l'ont chanté connaissaient le sens des paroles, mais parmi ces gens, il y avait moi, Reno, Seph et… Rufus et ses deux gardes du corps. Théoriquement, ceux-là connaissaient la traduction puisque je l'avais donnée à Sephiroth…
-A Sephiroth ? répéta Rude.
-Oui, en tant que membre du SOLDAT, il préférait connaître la traduction avant de chanter aveuglément ses chansons préférées, répondis-je en souriant. Il fait bien, chanter des chants révolutionnaires comme ça, ça peut aller jusqu'à la cour martiale…
-C'est vrai… ça…? murmura Reno.
J'acquiesçai. Ça avait l'air de l'intéresser. Étrange…
°°°
-Erika Abukov, sept ans, la fille de Sergueï Abukov, un des hommes les plus influents de cette ville… Et bien elle a été kidnappée, nous annonça Dagenflitz. C'était hier, le 18 Août, donc… à la sortie d'un stage de danse. On a reçut une demande de rançon, une heure plus tard.
-Combien ? demanda Tseng.
-Cent mille gils. Mais le mieux serait de ne pas à avoir à en débourser un seul…
-Je vois… Rude et Reno s'en occuperont alors.
Il ne viendrait pas, lui ? Tseng ne viendrait pas en mission ? Ouh la… ça me faisait tout drôle. Mince… Qui donc pourrais-je embêter ? Sûrement pas l'armoire à glace en tout cas…
NdVixen : Il se passe pas grand chose ici, désolée. Mais l'auteur comme les persos avaient besoin de repos… Pour la recette du gâteau, je l'ai reprise de Nous les Dieux, de Bernard Werber (Tome V de L'Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, d'Edmond Wells) et j'ai juste divisé les mesures par 2. Que dire d'autre ? les paroles en utaien, je les ai inventées de toute pièce, mais il y a quand même une certaine logique dans la formation des phrases. Je dirais que c'est assez cohérent. Sinon, la petite discussion entre Rude et Reno à propos de « qui aime qui » ça doit vous rappeler quelque chose, non ? Voilà, j'ai plus grand chose à ajouter, si vous avez des questions par contre… hésitez pas !
