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Chapitre 18 : As Drunk as Drunk Could Be

J'avais vraiment cru que le rouquin allait égorger le chef. Je fus forcé d'assommer ce fou furieux pour le calmer une bonne fois pour toutes.

-Qu'est-ce que tu lui as dit ? demandai-je à Tseng.

-La vérité… Je lui ai avoué ce que j'avais fait… Il ne l'a pas bien pris…

-Entre nous, je le comprend un peu… Pauvre gosse…

Je me retint d'ajouter « si ça se répandait, la Rumeur ne le lâcherait plus jamais et il pourrait avoir de sérieux problèmes… » de peur de donner des idées à l'utaien. Il s'approcha du corps de Reno, étendu sur la moquette. Le rouquin saignait un peu de la bouche.

-T'y es allé fort, Rude…

-Si tu préférais finir égorgé…

-Tout de même…

Il soupira et murmura quelque chose ressemblant à « mais quel crétin je fais » puis attrapa Reno pour l'allonger sur le lit dépliable du salon.

-Il va rester dans les vapes encore longtemps ?

-Aucune idée, répondis-je.

Il soupira à nouveau, quitta la pièce pour revenir rapidement avec un gant de toilette humide et une materia Restaurer. Il lança un sort au rouquin pour effacer les ecchymoses que je lui avais faites, essuya le sang ayant coulé de ses lèvres à son cou puis posa le gant de toilette sur son front.

-Je crois que je vais sortir un peu…

Sur ces mots, il se dirigea vers la porte et me laissa seul avec le petit. Il régnait dans l'appartement un silence de mort. Ça avait quelque chose d'oppressant. Au bout de cinq minutes, je finis par me lever pour aller mettre le CD que Reno m'avait offert, histoire de donner l'impression d'un peu de vie…

°°°

Je me sentais lamentable… Je m'assis au comptoir du bar et restait un moment immobile à broyer du noir.

-Qu'est-ce que je vous sers ? me demanda le barman.

-Je sais pas mais quelque chose qui puisse me filer la cuite de ma vie…, répondis-je d'un ton morne.

-Sers-lui un sirop de grenadine et mets ça sur ma note ! ordonna quelqu'un dont je n'eu aucun mal à reconnaître la voix.

Il s'assit à côté de moi et je tournai mon regard vers lui. La première chose que je notai fut son nouvel uniforme. Noir. De la tête aux pieds. Bottes noires. Pantalon noir. Trench-coat noir à épaulettes métalliques, très classe, contrastant ferme avec ses cheveux d'argent. Il acheva sa bière et plongea son regard dans le mien.

-Alors, Tseng ? Qu'est-ce qui va pas pour que tu fasses cette tête d'enterrement.

-Hum… Moi-même je ne sais pas trop… Mais toi, Seph… Y'a du nouveau de ton côté, on dirait…

-En effet… C'est Général Sephiroth, maintenant.

Ça faisait drôle d'entendre ça, mais je trouvais que ça sonnait plutôt bien…

-Félicitations… J'aurais voulu pouvoir être plus joyeux pour dire ça, mais… Sincères félicitations, général Sephiroth…

Il eut un léger sourire. Le barman déposa mon sirop de grenadine sur le comptoir. Je fixai distraitement le liquide rouge dans le verre. Rouge… Ce mot, ça me faisait penser au rouquin et aux yeux de Tigre.

-Hé ho, Tseng ! Allô la Lune, ici la Terre ! Tu m'entends ?

Je sursautai légèrement et adressai un sourire désolé à Sephiroth.

-Allez, raconte un peu ce qui n'va pas… Y'a forcément quelque chose…

-Alors commençons par le commencement… Selon nos coutumes, à Utai, on doit se rendre au chevet des proches mourants ou défunts pour leur dire adieu, et ce quoi qu'il advienne… Ma mère est morte et je devrais déjà avoir été lui rendre ce dernier hommage… J'ai honte.

Il resta un instant silencieux, semblant réfléchir.

-T'as peur de perdre ton poste, c'est ça ? Je comprends, en pleine guerre, c'est vrai que c'est pas facile d'aller à Utai pour ce genre de choses… Mais je pourrais peut-être m'arranger pour qu'un Turk où deux m'accompagnent quand je serai envoyé sur le terrain… Qu'est-ce que t'en dis ?

-Tu vas aller te battre ! m'étranglai-je.

-Et oui, c'est la guerre et je ne suis pas dans le SOLDAT pour décorer le paysage… Mais pour ma proposition…?

J'analysai rapidement la situation. Je pourrais bien feindre d'avoir été enlevé par les troupes utaiennes… et regagner la ville d'Asangyô par mes propres moyens…

-Mmh… ça me semble intéressant… Tu me couvrirais ?

-On est amis, non ?

-Hum, ouais, t'as raison… Et c'est bien d'avoir des amis comme toi…

-Merci, je te retourne le compliment. A part ça, comment vont tes collègues ? L'armoire à glace est toujours aussi muette ? Et le rouquin ? La Rumeur court toujours ?

-On peut dire ça comme ça… Y'a pas grand chose à dire sur Rude, il est toujours égal à lui-même, et Reno… J'ai pas trop envie d'en parler. Ça te dirait qu'on continue cette discussion en marchant un peu…?

-Finis ta grenadine, je règle la note et on y va.

Nous passâmes dans divers magasins de la ville, comparant les armes, les armures, les accessoires, la materia… tout en discutant, de tout, de rien, de la pluie et du beau temps somme toute.

-Ah… Cette chaleur est presque infernale…

-On est à une latitude presque symétrique à celle de Costa Del Sol par rapport à l'équateur, en plein mois d'Août et tu es fringué en noir, lui fis-je remarquer. Au fait, comment se fait-il que votre voyage scolaire se soit déroulé au beau milieu des vacances d'été ?

-Ah ça… Tout simplement pour assister au festival des forgerons et laisser le temps à l'éleveur de chocobos d'en attraper suffisamment pour tout le monde. Ça plus le dressage, ça lui prenait pas mal de temps. Au début de l'année, je pensais qu'Aztariel n'était qu'une jeunette incompétente, mais j'ai pas tardé à changer d'avis. Franchement, comme prof, elle assure… Tant que j'y suis, maintenant, tu peux bien me dire si elle assure aussi au lit ?

Je lançai un regard noir à Sephiroth et il éclata de rire.

-Allez, je blaguais ! Fais pas cette tête là ! Moi, honnêtement, aucune fille ne m'a encore jamais réellement intéressé. J'ai bien eu des aventures par-ci par-là, mais c'était plus pour le sexe qu'autre chose… Ah, les filles de notre âge sont ennuyantes… Tu n'trouves pas ?

-Je ne sais pas. J'ai pas eu de relation sérieuse depuis que j'ai quitté Utai. J'avais une amie là-bas. Izako. Je crois bien avoir été réellement amoureux d'elle durant des années. Si j'étais pas parti, je crois qu'on se serait mariés. Ça arrangeait assez nos familles.

-Wow, j'ai du mal à t'imaginer à la fois Turk et marié. C'est compatible ça ?

-Pas vraiment, non. Enfin, je ne pense pas. T'imagine les scènes de ménages ?

Il réfléchit un instant puis éclata d'un grand rire.

-Hahahaha… Désolé, je m'imaginais ça. Sérieusement au départ, mais c'est parti en délire tout seul… Tu vois, genre, tu rentres chez toi les vêtements tâchés de sang et ta femme t'engueule parce que ton métier est immoral… et qu'en plus tes fringues sont toujours couvertes de sang, que c'est elle qui doit les laver, à l'eau froide bien sûr, pour faire partir les traces, et qu'en plus, elle n'a plus de détachant pour elle quand elle a ses rè…

Je fis mine de toussoter.

-Sephiroth…

-Je déconnais, je déconnais…, sourit-il.

-Non mais sérieusement… J'ai dix-huit ans et demi et j'ai pas eu de fleurts ; excepté celui avec Aztariel ; depuis mes quatorze ans. T'en penses quoi toi ?

-T'es trop dévoué à ton boulot et l'amour ne t'intéresse pas, ou bien ce sont les filles qui ne t'intéressent pas et t'es homo mais t'as pas encore trouvé l'homme de tes rêves. Un type qui sort de l'adolescence et qui refuse de sortir avec les filles qui lui courent après, c'est quand même louche. Aztariel et Elena ne sont pas si mal que ça, franchement…

-C'est vrai, c'est vrai. Mais comme tu es le deuxième à me dire que je suis trop dévoué à mon boulot, je pencherai donc pour cette théorie là.

-Qui était le premier ? me demanda Seph du tac au tac.

-Reno. « Un pro n'est pas quelqu'un qui se sacrifie pour son travail, ça, c'est un imbécile ». Il m'a dit que c'est pour ça qu'il me traitait d'« imbécile d'utaien ».

-Hahahaha… Il a une bonne philosophie ce rouquin. Personnellement, je crois pas être un imbécile de ce genre. Je suis très dévoué au SOLDAT, mais c'est juste parce que je prends plaisir à manier le sabre et à me battre. Je me souviens encore parfaitement bien de ce combat contre cet espèce de loup bicéphale. L'extase… On s'est bien battus, je trouve… J'ai même été surpris par la Limite de Reno. Je ne m'attendais pas à ça.

-Moi non plus, avouai-je.

-Je crois qu'il doit être intéressant de se battre contre lui. Et contre toi aussi…

Il appuya son regard sur moi de façon significative.

-C'est… une proposition…?

Il hocha la tête.

-Écoute, Sephiroth… Je suis un Turk, je fais partie de l'élite de la Shin-Ra, et ce, parce que je suis à la fois bon stratège et bon assassin. Mais pour ce qui est du combat à la loyale… Je saurais me débrouiller, mais pas contre toi. On est pas du même niveau et jamais je ne me risquerai à t'affronter. Et je crois qu'il en va de même pour Reno. Honnêtement, je crois que tu lui fais peur…

-Je sais…, soupira-t-il. Les rares fois où j'ai rencontré son regard, il fixait mes iris et semblait complètement flippé. A cause de leur couleur Makô je suppose. Enfin, je suis habitué…

Il y avait cette question que je m'étais toujours posée…

-Sephiroth… Pourquoi tes yeux sont-ils ainsi ? Même tes cheveux sont délavés par la Makô…

Il détourna son regard.

-Hojo s'occupe personnellement de moi et je reçois plus d'injections de Makô que les autres soldats. Pourquoi ? Je ne sais pas…, murmura-t-il. Et je ne sais pas si je veux le savoir…

°°°

Je vidai mon verre d'un trait. Je sentais une étrange chaleur naître en moi tandis que l'alcool descendait dans mon estomac. Je n'aimais pas vraiment son goût, mais je me disais qu'à force de boire, je m'y habituerais. Je vidai un deuxième verre. J'avais l'impression d'être plus lucide sur le coup.

-Quelqu'un aurait une blague à la con ? demandai-je. C'est juste histoire de meubler le blanc.

-J'en ai une, mais elle est vraiment idiote…

J'intimai Ichigo d'un regard significatif.

-Alors c'est une femme qui promène ses chiens. Ce sont de grosses bêtes : des saint-bernard, vous voyez le genre. Et puis y'a un type qui s'approche d'elle, qui la regarde, puis regarde ses chiens, la regarde à nouveau... Alors elle lui demande « vous voulez caresser mes saint-bernard ? » et il lui répond « j'veux bien mais moi c'est Patrick ».

Nous explosâmes de rire et il nous fallut un moment pour nous calmer. L'alcool aidant, je riais pour un rien. Alors une blague pas drôle…

-C'est des cookies qui sont en train de cuir dans un four, commença Rude. Y'en a un qui dit « ouah, c'est chaud ici ! » et y'en a un autre qui fait « ah ! Un cookie qui parle ! ».

Et c'était repartit pour cinq minutes de rire non-stop. Je ne savais pas ce qui était le plus drôle : la blague pas drôle, ou le fait que Rude raconte une blague pas drôle.

-A ton tour, Reno, me lança Ichigo.

-Désolé, j'en ai aucune en stock… Je suis pas en état de chercher ça…

-Même moi j'en ai sorti une, m'intima Rude.

-Bon, attendez, je cherche… Hum. Qu'est-ce qui est jaune, qui vole et qui passe à travers les murs ?

Grand silence le temps que les autres réfléchissent puis donnent leur langues au chat.

-Super banane bien sûr…

Éclats de rire.

-Qu'est-ce qui est rouge, qui vole et qui s'écrase contre les murs ? poursuivis-je.

Nouveau silence.

-Une tomate qui se prend pour Super Banane…

Avec l'alcool, la vie est plus drôle…

-Woah, ça me revient maintenant… Tenez, qu'est-ce qui est blanc, qui tombe du ciel et qui fini par « ile » ?

-Je ne vois vraiment pas…, répondit Ichigo.

-Ben de la neige, imbécILE. Qu'est-ce qui est blanc, qui tombe du ciel et qui fini par « ire » ?

-Je donne ma langue au chat…

-De la neige, imbécile, je viens d'te l'dIRE.

-C'est un type qui veut faire du saut en parachute, commença Ichigo, mais au dernier moment, juste avant de sauter, il est prit d'un doute et se tourne vers le pilote : « et si mon parachute ne s'ouvre pas ? » « venez au magasin, on vous en donnera un autre ».

Et nous poursuivîmes nos digressions, arrosant allégrement la soirée. Au bout d'un moment, les choses commencèrent à devenir floues. Je me souviens de rires et d'une paire de claques. Après, c'est le trou noir.

°°°

Reno ne tarda pas à être complètement bourré. Il allait avoir la cuite joyeuse visiblement. Il se marrait pour un rien, commençait à nous sortir des blagues de plus en plus salaces et les sous-entendus les accompagnant.

-Allez, encore un tour ! lança-t-il à la serveuse.

Elle leva les yeux vers le ciel, semblant avoir pitié de cette pauvre petite chose à crinière rousse ayant déjà bien dépassé le seuil de l'ébriété. Elle nous apporta donc de nouvelles choppes et les déposa sur la table, mais au moment où elle voulut se redresser et s'éloigner, Reno la retint par la main.

-Vous êtes libre ce soir ? lui demanda-t-il, la voix éraillée par l'alcool.

-Pas pour vous en tout cas.

-Reno Redsly, jeune et bien foutu… bien friqué aussi…

-Désolée mais je suis une serveuse, pas une pute.

-Ah, t'es dure en affaire… Mais si t'es une serveuse, tu dois me servir, et moi t'asservir. Ça me semble logique…

-Tu confonds les choses…

Elle n'eut pas le temps d'en dire davantage que le rouquin l'attira à lui pour l'embraser tandis qu'une de ses mains se refermait sur la poitrine de la jeune femme et l'autre sur ses fesses. Elle n'eut pas de grandes difficultés à se dégager et le gifla aller-retour avant de s'éloigner en jurant. Moi et Ichigo éclatâmes aussitôt de rire.

-Mmh, salope…, maugréa le rouquin en se frottant les joues. Je vais pas passer la nuit tout seul quand même…

-Mais non, le rassurai-je. On va rentrer dans notre appart et Tseng sera là…

-Coucher avec Tseng ! Non merci, il va encore jouer au chef…

Nous éclatâmes à nouveau de rire sous le regard atterré du rouquin.

-J'ai dit quelque chose qu'y fallait pas ?

-Mais non, mais non, pouffa Ichigo.

-Tu as dit qu'il allait encore jouer au chef, ça veut dire que vous l'avez déjà fait ?

Il resta comme bloqué pendant un moment.

-Ouais, répondit-il.

Tonnerre de rires.

-C'était par une sombre nuit d'hiver, commença-t-il. Il faisait… froid. J'avais besoin de… chaleur. Alors. Il est entré dans ma chambre. Et. Je l'ai pointé du doigt et je lui ai dit… …« Toi, tu m'appartiens pour la nuit ! ». …Et… il. S'est jeté à mes pieds, soumis.

Nous étions totalement morts de rire, bien conscient que le rouquin inventait au fur et à mesure qu'il parlait.

-…Alors je l'ai plaqué. Sauvagement. Sur le lit. Et… j'ai attrapé ses poignets. D'une main. Pour qu'il ne puisse plus bouger. Même que là… là… je lui ai dit « tu es à moi » et il a répondu « oui, je suis à toi », et je l'ai embrassé. Et. Puis…

Et ça continua ainsi pendant un quart d'heure… Nous avions parfois du mal à entendre ce que disait Reno tant le taux de décibels de nos rires était élevé.

-Hé… ils ont mis de la musique…! remarqua soudainement Reno.

Il vira tout ce qui se trouvait sur la table, se déchaussa en un éclair et monta dessus.

-Ichigo, viens danser avec moi ! lui ordonna-t-il en le pointant du doigt.

Il l'attrapa par le col pour l'obliger à se lever.

-La table va pas tenir, Reno…

-Mais si !

Il se mit aussitôt à sauter sur la table en ponctuant cela de « elle tient, elle tient ! », puis s'arrêta, comme crevé.

-Ha, c'est qu'il fait chaud… Eyah, c'est parti pour le strip-tease !

J'aurais dû emmener un appareil photo…

Une fois le rouquin torse nu, la serveuse rappliqua.

-Excusez-moi, mais je ne sais pas si la clientèle va apprécier que votre ami se foute à poil ici…, tenta-t-elle.

Reno se tourna vers elle.

-Hé, je te reconnais, t'es la serveuse de tout à l'heure. Allez, viens te racheter !

Il l'attrapa et la força à monter sur la table.

-Dansons ! Juste toi et moi !

Et il lui attrapa les mains pour l'obliger à gesticuler en simulacre de danse.

-Hahahaha…! Déhanche-toi un peu !

Et disant cela, il posa ses mains sur les hanches de la jeune femme.

-Arrêtez ça tout de suite, ce n'est pas drôle ! s'énerva-t-elle.

-Mmh… tu veux que ce soit drôle ? Tu veux qu'on s'amuse toi et moi ?

Il l'embrassa dans le cou mais elle le repoussa et sauta de la table. J'attendais la suite avec une certaine appréhension. Reno sauta à son tour de la table et manqua de se casser la gueule, ses muscles devant commencer à ne plus trop répondre.

-Je suis désolée, mais je crois que je vais devoir lui demander de quitter les lieux, déclara la serveuse.

Reno la défia du regard.

-Tu vas me virer d'ici ? Oho, j'ai hâte de voir ça…

-Alors tu vas être satisfait. Désolée.

Et elle l'attrapa par le bras et l'emmena vers l'entrée de service. Je ne savais pas où ça donnait, mais on ne revit pas le rouquin avant un bon moment. Plus précisément, avant de sortir du bar. Nous allions rentrer quand il nous héla, nous courant après en faisant de grands écarts et tentant de refermer la braguette de son pantalon. Il refusa d'enfiler le reste de ses fringues, prétextant que la nuit était chaude.

-Haha, et moi aussi, ajouta-t-il.

-Reno, t'étais où pendant tout ce temps ? demandai-je.

-Mmh… au septième ciel avec la serveuse…, répondit-il d'un ton nostalgique.

-Tu l'as pas violée quand même, s'inquiéta Ichigo.

-Mah non, pourquoi tu crois qu'elle m'a pas jeté par l'entrée principale ? Enfin, je crois que c'est pour ça… Au début elle faisait style de pas être d'accord, mais j'ai su être persuasif… hahahaha…

Ichigo se plaqua une main sur le front et me laissa bientôt devant notre immeuble, seul avec le rouquin complètement bourré qui s'était entre temps mis à brailler des chansons salaces.

°°°

Une putain de gueule de bois. Et pas moyen de me souvenir des évènements de la veille.

-Tu supportes pas très bien l'alcool, mais t'as fais de belles performances quand même hier soir, se moqua Rude.

-Ah, putain de bordel… je t'envie… Tu peux boire des litres de n'importe quel alcool sans le moindre risque de gueule de bois le lendemain… T'as une materia Anti-Gueule de Bois greffée en toi ou quoi ?

-Non, c'est juste que je me suis adapté à l'alcool. J'en bois depuis ma plus tendre enfance. Déjà dans le ventre de ma mère…

-Quoi ! Elle buvait alors qu'elle était enceinte !

-Ouais, comme un trou. Elle se fichait bien de moi, mais maintenant, je lui dois une fière chandelle… Hahahaha…

Pour moi, il n'était pas arrivé quoi que ce soit de bien spécial durant la grossesse de ma mère. J'avais juste dû naître par césarienne. Mon père m'avait dit que ma mère était furieuse lors de l'accouchement. Parce qu'il l'avait emmenée à Utai en « vacances », qu'ils devaient rentrer à Midgar avant l'accouchement, mais qu'il l'avait forcée à rester pour que je naisse de nationalité utaienne, même si j'étais devenu midgarois par la suite…

-Reno…

Tiens, l'utaien de service. L'armoire à glace avait foutu le camp et le tyran prenait le relais. Il me lança un sort et les choses m'apparurent soudain plus claires.

-Tiens, c'est une materia Anti-Gueule de Bois, dit-il en me lançant ladite materia. Je l'avais négociée avec James et je crois qu'elle te sera plus utile qu'à moi…

-Mmh… Merci.

Il s'assit à côté de moi.

-On va bientôt rentrer. Il paraît que je manque à Heidegger…

-Ah ouais ?

-Mmh. Il passe son temps à tabasser les troufions de dernière classe pour se passer les nerfs. Il le fait aussi quand je suis là, mais il paraît que là, il en a foutu un ou deux dans le coma…

Je déglutit péniblement le temps d'assimiler ça.

-Il est… si violent que ça ?

-Oui. Et je sais de quoi je parle. Il m'a déjà cassé quelques côtes à cause de toi…

-Désolé, Tseng. …Et, t'as des nouvelles du CAT ?

-Il paraît qu'on en entend moins parler et que presque toutes les armes volées ont été récupérées…

Je songeai à ce que m'avait dit Kate.

-Kathy m'a donné le nom d'un des membres du CAT qui l'a trahie. Un certain Sparkler…

-Sparkler ? Mmh, je note. On verra ce qu'on pourra tirer de ça.

-Et on rentre quand au fait ?

-Après-demain dans la matinée. On rentrera en hélico avec Sephiroth. Je veux dire, le général Sephiroth.

J'étais comme paralysé par la surprise, par cette nouvelle.

-Sephiroth… il… il est général ! Il a même pas dix-huit ans, non ! m'écriai-je.

-Moi aussi ça m'a fait un drôle de choc. Seph est jeune, mais compétent. Et il va être envoyé au front…

-J'aimerais pas vraiment être à sa place. Je crois que je suis tout à fait heureux d'être un simple Turk.

Il esquissa un sourire et se leva.

-« simple Turk » ? répéta-t-il avec un sourire amusé. Hum… Profites bien de tes deux derniers jours à Junon…

-Mmh. Franchement, j'ai hâte de rentrer. Je commence à m'ennuyer ici…

-Alors on est deux.

-Non, trois, ajouta Rude entrant dans la pièce.

Nous passâmes ces deux jours ensemble, tuant le temps comme nous le pouvions. Rude nous apprit à jouer au poker, et Tseng s'avéra très doué à ce jeu. Je finis par comprendre que c'était notamment parce qu'il se dédoublait et se rendait invisible pour regarder nos jeux. Un imbécile d'utaien pas si imbécile que ça…

°°°

Rude nous avait permis de nous occuper un peu en attendant le départ en nous apprenant à jouer au poker. C'était un jeu facile quand on trichait comme je le faisais. Mais Reno avait fini par me percer à jour et avait décidé de profiter lui aussi de ses dons pour tricher, sortant des cartes de ses manches assez vite pour qu'on ne puisse pas s'en rendre compte. J'avais fini par comprendre comment il trichait. Un vrai petit salopard égal à lui-même… Enfin, le jour J et l'heure H arrivèrent et on monta dans l'hélico.

-Vous croyez que je peux m'attacher à un câble relié à l'hélico et sauter dans le vide pendant le trajet ?

-Mais quelle bonne idée, Reno ! Et si tu sautais dans le vide tout court ce serait encore mieux, ne pus-je m'empêcher de lui lancer.

Il me tira la langue et se retourna vers les pilotes qui refusèrent énergiquement, affirmant que ça déstabiliserait l'engin et que c'était de surcroît très dangereux pour lui et, argument suprême, qu'il risquait de s'enrhumer.

-Vous parlez de prétextes…, siffla le rouquin à leur adresse avant de monter dans l'hélicoptère.

Il voulait visiblement bouder tout le trajet, mais il ne put camoufler son enthousiasme quand on décolla.

-Reno, tiens-toi un peu en place, on dirait un gosse…

-Rien à foutre, général, rétorqua le rouquin.

-Si cet appareil s'écrase, ce sera de ta faute…, soupira Seph.

NdVixen : Les blagues à deux centimes d'euro, ce sont celles de mon prof de sport, sauf celles de Reno et la dernière d'Ichigo dont je ne me rappelle pas l'origine. Sans doute des souvenirs datant de la petite enfance ou de la primaire… Chapitre transition. Le prochain sera pour le retour à Midgar. Ce chapitre-ci marque un nouveau record pour moi : ma plus longue fic faisait jusqu'à présent 17 chapitres !