Warning : none
Chapitre 19 : Turks Have no Friends
L'arrivée à Midgar se fit sans problème aucun. Je me disais juste que les végétaux allaient à nouveau me manquer et je projetai aussitôt de faire un tour chez Aerith dès que possible. Je n'avais pas grand chose d'autre à faire de mon temps libre après tout. Même Reno ne pourrait pas m'embêter car sa sœur lui mit le grappin dessus dès notre retour. Elle avait l'air un peu inquiète quand même et je me demandais ce qu'elle pouvait bien avoir.
°°°
-Il faut qu'on parle, Reno.
Ça faisait un choc d'entendre ça de la part de Chat. C'était pas son genre de dire des trucs comme ça.
-Qu'on parle de quoi ? répliquai-je.
-De quelque chose, mais pas ici.
Et disant cela, elle m'attrapa la main et m'emmena de force dans ses appartements.
-Assieds-toi. Je crois que ça vaut mieux. Je… C'est important.
-On dirait bien, mais quand vas-tu te décider à me dire de QUOI tu veux me parler ? m'énervai-je légèrement. J'ai même pas eu le temps de me poser en douceur…
-Désolée, s'excusa-t-elle. J'ai plusieurs choses à dire. D'abord, en ce qui te concerne, on dirait bien que Coup de Lune et Dark Nation complotent quelque chose. Et ils risquent très gros. Je les ai vus ouvrir des cages contenant des spécimens de recherche du professeur Hojo.
Je n'eu pas à réfléchir longuement.
-Je vois ce que c'est. Dark est de mèche avec un Behemoth argenté qui hante les souterrains de Midgar et sert de relais pour faire sortir les spécimens de la ville. Coup de Lune, Dark et ce Behemoth… ils ont connus les laboratoires dans leur enfance. Je crois qu'ils veulent juste sauver leurs congénères. Sauf qu'on pourrait aller au devant d'une recrudescence de monstres…
Elle hocha la tête, visiblement impressionnée par mon raisonnement mais nullement troublé par mes révélations à propos du Behemoth.
-C'est sans doute le plus grand danger. A part ça, je vais essayer de me caser avec quelqu'un, n'importe qui. C'est juste pour que ce fou de Hojo me foute la paix. Il fait semblant de s'apitoyer sur moi qui suis seule le soir et me propose qu'on passe plus de temps ensemble…
-Il veut sortir avec toi…! m'étranglai-je.
-Bien sûr que non. Il veut juste faire des expériences sur moi. Alors évidemment, je refuse, mais si ça continue, il va soit employer la force, soit me faire virer, et aucune de ces solutions ne me plait. Tu saurais pas me faire rencontrer quelqu'un, juste histoire de ?
-Si c'est tout ce que tu me demande, ça devrait pouvoir se faire…
A ces mots, elle se radoucit et m'accompagna jusqu'à mes appartements pour m'aider à ranger mes affaires. Coup de Lune m'attendait et il me salua joyeusement. Chat et Coup de Lune avec moi. Tseng et Rude non loin. Ma famille réunie. Je me sentais bien. De retour à la maison.
°°°
-Allez, Rude, tu peux bien nous rendre ce service là !
-Reno… Je sais pas vraiment…
-Écoute, je sais bien que Siam est un peu plate, mais franchement, c'est une fille super, elle est intelligente, elle sait très bien gérer maison et boulot à la fois, au lit, elle se débrouille aussi, et puis tout ce que je te demande c'est une couverture. Faites au moins semblant ! Tu voudrais quand même pas que ma sœur se retrouve seule face à Hojo au 68ème quand même ! Tu n'en tireras que du bénéfice !
-Allez, ferme-la. Je veux bien la voir ta sœur, et après, j'aviserai… Est-ce que ça te va comme ça ?
Il hocha frénétiquement la tête et griffonna en vitesse toutes les coordonnées de Siam sur un papier au cas où je ne les aurais pas, me glissa un « toi, t'es vraiment un ami » accompagné d'une tape sur l'épaule et s'éclipsa, me laissant le soin de payer nos consommations.
-Et ben il est sympa ce rouquin de Turk ! Il vous demande un service et vous laisse régler sa note… Un vrai petit salopard celui-là…
Je me tournai vers la serveuse. Je la connaissais assez bien malgré le fait que je ne lui aie que rarement parlé. Je n'avais fait que l'observer. C'était une jeune fille sympathique, tout juste sortie de l'adolescence, une jolie brunette au regard d'enfant somme toute. Très serviable, toujours prévenante. Elle s'appelait Sli si je ne m'abusais.
-…Vous voulez que je mette sa note de côté ? me demanda-t-elle.
-C'est gentil, mais ça ira. Je ne suis pas si fauché que ça et je pourrai me faire le plaisir de lui réclamer les dix gils qu'il me doit…
Elle eut un sourire amusé et lança un coup d'œil au bar pour vérifier que personne n'avait besoin d'elle.
-Je suis désolée, mais j'ai entendu votre conversation. Le rouquin, c'est Reno, non ?
J'acquiesçai.
-C'est Irya, la tailleuse, qui m'a parlé de lui. Il paraît que c'est un drôle de numéro. Personnellement, je connais mieux sa sœur, Siam. Elle vient souvent ici pour boire un coup en travaillant. C'est une chouette fille. Je vous observe vous aussi. Vous parlez pas beaucoup, hein ? Mais je crois que vous vous entendriez bien avec Siam. Elle parle pour deux et pourrait vous apprendre pas mal de choses intéressantes…
-Tu me la recommande, c'est ça ?
Elle hocha la tête en signe d'approbation, un grand sourire aux lèvres.
-Alors je vais bien y réfléchir…
°°°
J'entrai dans le salon qui nous était réservé. Et je stoppai net. Reno venait de sauter au cou de Rude.
-Merci !
-C'est bon, lâche-moi maintenant. C'est pas avec toi que je sors !
Reno s'exécuta en riant, visiblement de très bonne humeur.
-Hé, Tseng ! m'interpella-t-il. Rude sort avec ma sœur !
-Rien à foutre, les histoires de cœur des autres ne m'intéressent pas si elles ne me concernent pas. Heidegger m'a manifesté sa joie de me revoir en me déboîtant une épaule avant de me donner un nouvel ordre de mission. Je lui ai parlé de ce Sparkler et il s'avère être un directeur de Shin-Ra… alors on va devoir le faire chanter en prenant des otages.
-La joie…, commenta Reno. Et qui sont les heureux élus ?
-Ses enfants. On va jouer aux chauffeurs, mais au lieu de les raccompagner chez eux à la sortie des cours, on les emmène ici. Jusque ici c'est simple, non ?
Il hochèrent la tête.
-Maintenant, je vais vous demander de me faire une promesse. Quoi qu'il arrive, je veux que vous m'obéissiez au doigt et à l'œil sans quoi ça pourrait mal tourner.
Ils affichèrent une mine troublée, mais promirent tout de même. Enfin, je fut obligé de demander à Reno de décroiser les doigts, mais ils promirent tout de même.
-Pourquoi nous avoir demandé ça ?
-Pourquoi, Rude ? Tout simplement parce que les enfants Sparkler, ce sont des étudiants d'Azameris. Classe Jiachi, section Alpha. Ça vous dit quelque chose ?
Ils réfléchirent un instant puis Rude leva les yeux.
-C'est la classe qu'on a escorté, non ?
-Exact. Et nos futurs otages, ce sont James et Elena Sparkler.
Reno eut un mouvement de recul.
-Eux ! Et merde…! pourquoi fallait-il que ça tombe sur ces deux là… On a pas le choix je suppose, mais… on pourra peut-être y aller un peu plus doucement avec eux ?
Je baissai les yeux.
-Pas de traitement de faveur, Reno. S'ils ne sont pas coopératifs, on devra les considérer comme n'importe quels otages…
Il échappa un grognement et lâcha un « d'accord, je vois » résigné.
°°°
La petite casquette du chauffeur ne m'allait pas trop mal, mais pour ce qui était de l'uniforme, je n'avais passé que la veste dans laquelle je rentrais tout juste. Sur le siège arrière, Tseng et Reno, silencieux comme jamais. Une fois en vue d'Azameris, j'alignai la voiture à côté du trottoir, le longeai et m'arrêtai près d'un petit groupe d'élèves comprenant Sephiroth, Rufus, et James et Elena. Ils échangèrent des bonsoirs et nos futurs otages se dirigèrent vers la voiture, insouciants de ce qui les attendait. Reno leur ouvrit la porte et ils eurent un mouvement de recul dû à la surprise.
-Allez, en voiture s'il vous plaît, les intima le rouquin. Et sans histoire, de préférence. Ce serait dommage de faire du bordel ici.
-Je le sens pas ce coup-là…, murmura James.
Tseng ne se posa pas davantage de questions et les attira à l'intérieur. Reno claqua la porte et je défonçai l'accélérateur. Derrière, c'était un peu la bagarre, James et Elena ne se montrant absolument pas coopératifs, Tseng tentant de les immobiliser et Reno de les chloroformer. Après un peu plus d'une minute, ils dormaient paisiblement tous les quatre. J'étais bien content qu'il y ai une vitre de séparation entre l'avant et l'arrière de la voiture… Arrivé à la Shin-Ra, je récupérai un chariot sensé être utilisé pour le transport de matériaux et non pour entasser quatre endormis comme je le fis, et gagnai rapidement le bâtiment faisant office de prison. Je descendit dans un salon aménagé dans les sous-sols. L'endroit n'était pas luxueux, il était même plutôt miteux, mais je put tout de même étendre plus confortablement mes collègues sur un vieux lit encore en état avant de m'occuper d'entraver nos otages puis de les allonger sur des espèces de… canapés. Pour commencer, j'attrapai le premier récipient que je trouvai et le remplit d'eau grâce à un petit robinet dans un coin obscur. Douche froide. Ce fut plus qu'efficace : Tseng me pointa son flingue sous le nez et Reno me sauta carrément dessus en criant.
-Ah, salaud ! vociféra-t-il. C'était quoi qu' tu nous a balancé d'ssus ? De la pisse de chat !
-Mais non… De la flotte…
-T'aurais quand même pu t'y prendre autrement pour nous réveiller, me sermonna Tseng. Un uniforme neuf…
Je ne répondis rien et attendis la suite. Elle ne tarda pas à arriver.
-Rude, c'est toi qui t'occupe de prévenir le père. Reno et moi, on s'occupe des gosses.
°°°
-On les réveille ?
-Et pourquoi donc ? répliquai-je. Ils sont très bien comme ça, mieux vaut les laisser dormir.
Il afficha une mine légèrement déçue et s'approcha des dormeurs.
-Tss… et moi qui comptait reprendre contact avec Elena. Voilà qui est fait, mais pas vraiment comme je l'avais imaginé…, soupira-t-il d'une voix presque inaudible.
Il tourna son regard vers moi.
-Elle est mignonne, quand même, tu n'trouves pas ?
-Oui, oui… Très… Tu as autre chose à ajouter ?
Il émit un léger grognement et se relança dans l'observation des captifs. Pour ma part, je m'installai sur le lit et sortit une ou deux paperasses que m'avait refilé Sephiroth. Cela traitait des conditions de son départ pour Utai, auquel je souhaitais donc participer.
°°°
Tseng ne faisait pas attention à moi… Parfait, parfait. Je passai une main sur le visage d'Elena, caressant doucement sa peau claire dans l'espoir de la réveiller par ce contact. Je descendit le long de son cou jusqu'à ses épaules et la secouai un peu. Je lançai un coup d'œil à Tseng pour vérifier qu'il était toujours plongé dans son papelard puis me penchai sur elle pour lui chuchoter de se réveiller au creux de l'oreille. Elle finit par émerger petit à petit. Il ne faudrait pas longtemps pour qu'elle se réveille totalement. Je desserrai un peu ses liens, secouai un coup l'autre endormi pour qu'il émerge lui aussi, puis rejoignit Tseng.
-Tu veux partir pour Utai ?
-Retournes donc à ton voyeurisme et fous-moi la paix, tu veux ?
-Qu'est-ce que j'ai encore fait pour te déplaire…? Tu veux aller à Utai en secret ou quoi ? Tu donnes l'impression de comploter tout seul dans ton coin, et je te ferais tout de même remarquer que de la part d'un utaien occupant le poste de chef des Turks, si ça se savait, t'aurais plus que des emmerdes…
Il se figea un instant avant d'ancrer son regard dans le mien.
-C'est du chantage, Reno ?
-Non, non… Tout du moins pas pour l'instant, Tseng…
Est-ce que c'était la première fois que je voyais une telle incertitude dans les yeux de Tseng ? Il me semblait que oui…
-Sale petit enculé de rouquin…
Et c'était aussi la première fois que Tseng m'insultait de la sorte et que je n'avais rien à répliquer. Ça me faisait une drôle d'impression. J'avais… du mal à… assumer…?
-…Qu'est-ce que tu veux ?
-Ce que je veux ? répétai-je.
Je fus tenté un instant de lui répondre « mais c'est toi, mon ange », mais je me retint. L'heure n'était pas à la plaisanterie…
-…Aller à Utai, moi aussi. Je veux voir les choses de mes propres yeux.
Il parut d'abord surpris, puis une sorte de sourire se dessina sur ses lèvres.
-Si ce n'est que ça, ça devrait pouvoir se faire. Tu es prêt à passer plusieurs heures dans un avion en compagnie de moi et Sephiroth ?
Je sentais déjà que ce serait une très rude épreuve…
-Oui, bien sûr, assurai-je.
Le sourire de Tseng se mua en rictus un instant, puis il se mit à regarder derrière moi.
-Ils se réveillent déjà…!
-Tant mieux, ça nous fera un peu de distraction.
Elena tenta de se lever, encore un peu endormie, et dut se faire à l'évidence : elle n'y parviendrait pas tant que ces cordes l'entraveraient. Elle entreprit donc de s'en débarrasser. Je me levai et me dirigeai vers elle.
-T'approches pas de moi, siffla-t-elle.
-Mmh, c'est pas ce que tu disais à Kalm…
Elle me lança un regard noir.
-Comment j'ai pu vouloir coucher avec un type comme toi…? Sans doute à cause de la drogue… hein…
Je haussai les épaules et l'aidai à retirer ses liens sans me soucier des remarques de désapprobation de Tseng.
-Tu sais, c'est pas vraiment à nous qu'il faut s'en prendre, on ne fait qu'exécuter les ordres, nous… Et puis, il ne devrait pas vous arriver grand chose…
Une fois libre, elle aida son frère à se défaire de ses liens. Théoriquement, on aurait pas dû permettre ça.
-Vous n'avez pas d'amis, on dirait…, siffla James.
-Comment ça, pas d'amis ?
-Un coup vous couchez avec quelqu'un, un coup vous l'exécutez, précisa-t-il.
Je tournai mon regard vers Tseng.
-T'as entendu, Tseng ?
-Oui. C'est méchant ce qu'il dit. Il oublie dans quel camp sont les armes…
James sauta aussitôt sur ses jambes et dégaina un revolver caché dans une poche secrète de son uniforme. Il braqua le canon sous mon nez et retira le cran de sécurité.
-Elena, fouille leurs poches. Si l'un de vous bouge, le rouquin y passe.
-Presse la détente, tu me rendras service, répliqua Tseng.
Sur ces mots, il se replongea dans sa paperasse sans se soucier de moi. Sympa…
-Alors comme ça tu vas me fouiller, Elena ? Chouette programme…
-Imbécile…
J'esquissai un léger sourire et fixai James dans les yeux.
-Tu es prêt ? Si tu veux m'avoir, va falloir être rapide…
La seconde d'après, je me retrouvais derrière lui et le frappai sur la nuque avec le tranchant de la main. Il s'effondra aussitôt et je lui filai au passage un coup de genou entre les jambes. Il lâcha aussitôt son arme pour joindre ses mains à son entrejambe. Et voilà, le tour était joué.
-Qu'est-ce que t'en dis, Tseng ? Je m'en suis bien sorti, non ?
-Pas mal, avoua-t-il. Fais-leur les poches au cas où ils auraient encore des conneries comme ça.
Je commençai par James et découvrit un petit couteau à cran d'arrêt que je lui confisquai. Puis ce fut au tour d'Elena. Elle possédait également un flingue et un couteau, ainsi que deux billes de materia.
-Feu et Glace maîtresses…, commentai-je. Intéressant. Tant qu'on parle de materia, l'Anti-Gueule de Bois, vous l'avez trouvée où ? elle est drôlement pratique…
-On a volée la première à un type puis on l'a entraînée pour en avoir d'autres, répondit James, le souffle encore court.
-A première vue ça a l'air con, mais on se fait pas mal de fric comme ça, ajouta Elena.
J'esquissai un sourire et lançai la materia à Tseng avant de me retourner vers Elena et James.
-Franchement, j'suis désolé que ce soit vous que nous ayons dû enlever… J'aurais préféré que ça tombe sur quelqu'un d'autre, mais c'est comme ça. Néanmoins, quand votre père aura rendu ce qu'il doit à la Shin-Ra… On pourra faire comme si presque rien ne s'était passé ?
-Tu peux toujours rêver, répondit aussitôt James.
Elena ouvrit la bouche comme pour parler mais se retint, hésita un moment puis se décida enfin.
-Je ferais pas comme si rien ne s'était passé, c'est sûr. C'est une leçon à retenir… et…
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la porte s'ouvrit avec fracas. Nous braquâmes tous aussitôt nos regards en sa direction pour voir Rufus entrer.
-Co… Comment t'es entré ! m'exclamai-je. Rude avait pourtant fermé la porte à clef…
-J'ai un passe-partout, répondit Rufus en s'avançant un peu plus.
Et quel passe-partout… Je sentis mon sang se glacer à sa vue. Sephiroth…
-Alors ? poursuivit Rufus. Explication ? Pourquoi avez-vous enlevé mes gardes du corps ?
Tseng se redressa et s'assit sur le bord du lit.
-Désolé, Rufus, Sephiroth… Mais vous savez ce que sont les ordres. Je ne sais pas si vous savez également ce que vaut un rapport mission échouée à rendre à Heidegger…
-On connaît tous sa réputation, coupa Rufus.
-Mais vous ne connaissez pas tous sa force. Il n'en a pas l'air comme ça. Il n'en a vraiment pas l'air même. Mais il a de la force et pas qu'un peu… C'est le chef du SOLDAT après tout… Et ce n'est pas pour rien…
Sephiroth haussa un sourcil avec l'air de dire « je lui règle son compte quand je veux à ce vieux con », puis s'avança, katana au poing.
-Et tu sais ce que c'est que d'avoir affaire à moi, Tseng ? Nous sommes amis. Et Elena et James sont aussi mes amis. Je n'aimerais pas qu'il leur arrive malheur car il t'arriverait malheur à toi aussi et je n'en ai pourtant pas grande envie.
A son regard, on voyait bien qu'il ne plaisantait pas et Tseng l'avait parfaitement compris.
-Et que dira Heidegger si le tout nouveau général de la Shin-Ra tue le chef des Turks ? tenta-t-il.
-Il dira « Bon, qui vais-je foutre à la place ? », répondit Sephiroth. Laisse-les partir, Tseng.
°°°
Je sentis un frisson parcourir mon échine.
-Quoi qu'il arrive, je serai viré… d'une façon ou d'une autre. Si je vous laisse faire, Heidegger me vire. Si je m'oppose à toi, tu me tues. Je crois que la situation est claire…
Je me tut un instant pour être sûr d'être bel et bien résigné à mon sort.
-J'aurais voulut mourir laisse au poing, mais ce sera finalement arme au poing on dirait. Désolé, Sephiroth. Si je suis viré, j'ai plus d'avenir. Alors tant qu'à mourir, autant que ce soit dans l'honneur. Je ne faillirai pas à mon devoir.
Sephiroth était tout aussi résigné que moi, Rufus, James et Elena étaient on ne peut plus troublés, et Reno… était résigné comme jamais. Il était pâle, mais calme. Incroyablement calme… C'en était effrayant.
-Et bien… Je suis prêt à mourir, moi. J'espère juste que tu es prêt, toi, à assumer ce que tu t'apprête à faire…
Je détachai mes cheveux, retirai ma veste pour bouger plus facilement et la jetai sur le lit, puis fit de même avec ma chemise. Mon corps gardait encore les traces de mes retrouvailles avec Heidegger. J'attrapai le kunai pendant à mon cou et levai les yeux vers Sephiroth. C'était un jeu très dangereux auquel j'allais jouer. Un jeu de hasard peut-être même…
°°°
Merde. Tant pis.
Je voyais à peine la lame. Elle était arrêtée à quelques millimètres de mon visage et je ne voyais qu'une masse grise assez floue. Je croyais pourtant que les images défilant devant mes yeux auraient été plongées dans le noir absolu, le noir le plus profond… la dernière couleur que l'on voit avant de mourir. Des mains sur mes épaules. Contact agréable et rassurant. Elles me tirèrent en arrière, me sortant de la menace de cette lame. Elles me forcent à m'asseoir sur le lit. Pourquoi pas…
-Reno…!
Tseng… Espèce de crétin des îles…
-Pourquoi t'as fais ça ! Tu te rends compte que t'as faillit y passer !
-Et toi alors ? T'as pas faillit y passer peut-être ? rétorquai-je.
Je tournai mon regard vers Sephiroth. Il avait enfin baissé son sabre.
-…Et puis t'es mon chef, non ? J'ai pas le droit de te laisser crever sans rien faire…
-« Un pro n'est pas quelqu'un qui se sacrifies pour son travail, ça, c'est un imbécile ». C'est pas ce que tu m'avais dit ?
Je détournai les yeux. Là, il marquait un point.
-Mais je suis un imbécile, Tseng… Tu l'as toujours dit, non ?
-Non. Crétin, ça te correspond mieux… Tu n'avais pas à te mêler de ça.
Rufus toussota légèrement.
-C'est bientôt fini votre petite conversation…?
Tseng allait lui répondre quand un bruit de pas se fit entendre. Quelques secondes plus tard, Rude entrait dans la pièce avec un paquet de taille imposante sur les épaules. D'ailleurs, ce n'était pas un paquet. C'était… un homme. Il le déposa sur le lit et je remarquai qu'il n'était pas en excellent état. Elena et James sursautèrent en le voyant et se précipitèrent à son chevet. Ce devait être leur père…
-Il s'est débattu et a obstinément refusé de rendre le matériel et l'argent volé…, expliqua rapidement Rude. J'ai eu beau essayer de le faire chanter en parlant des gosses et du sort qui les attendait, il n'a rien voulut entendre et a commencé à se battre avec moi…
-Bel exploit…, commenta Tseng d'un ton sardonique. Lui contre toi, l'issue était prévisible.
-L'un de vous aurait une materia Restaurer de bon niveau ? demanda Elena. Je crois que ça urge…
Le père remua les lèvres mais je ne parvint pas à saisir un traître mot de ce qu'il avait pu dire. Je m'approchai donc.
-Qu'est-ce que tu as dit ?
-'Aurez pas… m… fric… Pouvez …jours… courir… chacals…!
-Tes gosses sont là, mec. On pourrait les exécuter sous tes yeux si tu t'obstinais…
-C'est ça… Deux… bouches… en moins… à nourrir…
Elena avait l'air furieuse, au bord des larmes. Mais j'étais incapable de dire s'il s'agissait de larmes de tristesse ou de rage. Elle gifla soudainement son père et se tourna vers Tseng et moi.
-J'en ai marre ! Je ne veux pas souffrir pour rien, je ne veux pas que d'autres souffrent à cause de ce vieux fou, je ne veux plus entendre deux amis se parler comme l'ont fait Sephiroth et Tseng… Je ne veux plus de tout ça, alors je vais y mettre un terme maintenant. James connaît le numéro du compte pour la moitié du fric. Et moi je sais où est planquée l'autre moitié et le matériel que vous cherchez.
Tseng baissa les yeux et dû remarquer qu'il était toujours torse nu car il attrapa aussitôt ses fringues et les enfila avant de se tourner vers Elena et James. L'espace d'un instant, j'avais eu le temps d'entrevoir le tatouage que j'avais deviné à Junon. Il s'était détaché les cheveux juste pour le cacher… Placé un peu en dessous de la base de son cou, il représentait une panthère semblant sauter de sa nuque au bas de son cou.
-Dans ce cas, commença Tseng, les choses devraient s'arranger… Si vous nous donnez toutes les informations…
Elena hocha la tête et lança un regard à son frère qui accepta aussi le marché.
-Parfait alors. Je vais conduire James chez Reeves puisque le fric détourné était réservé au Département de Développement Urbain. Rude, Reno, vous vous occupez d'Elena et on se retrouve tous au Salon. Rufus, Sephiroth… si la moindre information, le moindre mot sur ce qui s'est passé ici venait à filtrer, sachez que le général en prendrait pour son grade au sens propre du terme. On ne menace pas un Turk de mort sans en subir les conséquences…
Il était d'une froideur…
°°°
Reeves était un homme assez étrange. Il passait presque tout son temps dans son bureau qui était peu à peu devenu une sorte de laboratoire où s'entassaient des piles de dossiers, des maquettes de toutes sortes et bon nombre d'automates plus ou moins aboutis. C'était sa plus grande passion : créer des espèces de robots. Je toquai à la porte puis entrai après en avoir reçu l'ordre.
-C'est pour quoi ? me demanda-t-il sans même lever les yeux.
Il s'affairait visiblement à peaufiner une sorte marionnette de chat robotisée.
-Ce jeune homme connaît le numéro du compte où est stockée une partie de l'argent volé à votre Département…
Là, il braqua aussitôt son regard sur nous.
-Excellente nouvelle. Je m'occupe de ça tout de suite.
Il referma un petit boîtier dans le dos du chat en peluche et se leva, aussitôt imité par sa marionnette. Je tournai mon regard vers James qui semblait assez fasciné par le petit chat.
-Et bien, je vais vous laisser régler tout ça. J'ai encore du travail…
Sur ce, je quittai la pièce pour me rendre au Salon. Je me demandais parfois si Reeves n'était pas lui aussi une sorte de robot. Je ne l'avais que très rarement vu hors de son bureau. En fait, il me semblait qu'il passait plus de temps avec ses inventions et ses tonnes de paperasses administratives qu'avec les autres être humains fréquentant la Tour Shin-Ra. J'entrai dans le salon et trouvais Rude, Reno, Elena et la serveuse du bar, Sli, autour de quelques tasses de café, en pleine conversation. Elena n'avait de cesse de lancer des regards dubitatifs à la décoration.
-Et donc, vous personnalisez cette pièce comme vous l'entendez…
-C'est ça…, répondit Reno. Le calendrier avec les filles 5 de tissu, 95 de silicone, par exemple, ça vient de Rude…
Rude détourna les yeux et posa son regard sur moi.
-Tseng est là…
Je m'assis avec eux et Sli me servit aussitôt une tasse de café que j'acceptai avec plaisir.
-Désolé de mettre fin à l'une de vos stupides conversations, mais à présent, il est temps de parler affaires.
Je posai mon regard sur Sli.
-Je crois que tu peux disposer, ce salon n'a pas été insonorisé pour rien…
Elle s'excusa poliment et referma la porte derrière elle.
-James règle les comptes avec Reeves, il ne te reste plus qu'à nous montrer où est le matériel et l'autre partie du fric, lançai-je à Elena.
-Bien sûr… Vous n'aurez qu'à me suivre.
-Tu viendras avec nous, Tseng, n'est-ce pas ? me demanda Reno.
J'étais légèrement surpris par la question.
-…Je veux dire… si tu peux ne plus nous refaire de coups comme à Junon avec ces espèces de mouchards…
-Aujourd'hui, je viens, j'ai quelque chose à vérifier. Mais je ne dis pas que je serai toujours là. Et puis, vous pouvez vous débrouiller seuls, vous n'êtes plus des gosses, vous êtes des Turks. D'autant plus que maintenant, je sais que tu peux être aussi efficace que Rude.
Il hésitait visiblement à prendre ça comme un compliment et ne me répondit rien.
-Elena, est-ce que tu peux me dire où sont cachés le matériel et le fric ? lui demandai-je. Juste au cas où…
-Désolé, Monsieur le chef des Turks, mais il faut bien que je garde quelques atouts. Vous n'avez déjà plus besoin de mon frère, manquerait plus que vous n'ayez plus besoin de moi. Qui me dit que vous nous tueriez pas ?
-C'est une bonne réponse, avouai-je. Je suis content de te l'entendre dire. Garde tes informations et guides-nous si tu préfères, mais dans tous les cas, on vous relâchera. Vous avez quand même de sacrées relations avec des membres haut placés de la Shin-Ra…
Je lui adressai un sourire complice et me levai, aussitôt imité par les autres. Elena était une jolie fille avec la tête bien faite. Son boulot de garde du corps pour Rufus impliquai qu'elle devait être capable de se battre et je commençais à songer au fait qu'elle pourrait peut-être faire une bonne Turk. Restait à voir si elle savait tuer de sang froid…
NdVixen : Au début, la motivation manquait un peu (le sommeil aussi) mais une fois lancé dans l'écriture, plus de problème ! A la base, l'auteur ne pensait pas faire un chapitre si long… Le retour d'Elena, James, Seph et Rufus… Et Tseng songe à faire entrer un nouveau membre dans les Turks… Elena sera-t-elle à la hauteur ? Peut-être que oui, peut-être que non, on a encore du temps : environ neuf ans avant d'arriver aux évènements du jeu… Nous avons également le début de la troisième partie de la fic ! Mais je ne vous donnerai son euh… titre… que plus tard. PS : bon, j'ai finalement dû transformer les petites étoiles en °°° pour que ça apparaisse sur le site (je suis au bord de la crise de nerfs... heureusement que je suis doté d'une grande patience...). Veuillez m'excuser pour les dérangements. Maintenant que j'ai Internet, cela ne devrait plus arriver... Encore pardon, et aussi, tout le monde, beaucoup merci pour votre compréhension...
