Warning: violence légère

Chapitre 21: Blackmail

Les premiers entretiens s'étaient avérés peu fructueux. J'avais juste appris dans quel état vivaient les prisonniers: les cellules insalubres, la malnutrition… Et puis j'avais été informé du meurtre perpétué par Reno. Je ne l'aurais pas cru si dur, mais je ne pouvais pas l'engueuler. Il avait juste agit en Turk. Et pour se faire respecter, il avait choisit la terreur.

-Tseng…

Je levai les yeux vers Sephiroth qui venait d'entrer. Il prit une chaise et s'assit face à moi.

-Je constate avec plaisir que tu es toujours parmi nous…

-Va droit au but, Sephiroth.

-Nous pouvons nous trahir à tout moment. Tu peux m'accuser pour t'avoir menacé de mort et Reno témoignera forcément en ta faveur. Et moi je peux t'accuser de trahison envers la Shin-Ra, et il en faudra peu pour que tu perdes ton procès et par conséquent, la vie. Je suis sûr que je pourrais même trouver moyen d'éliminer ton chien par la même occasion. Après tout, lui aussi a des origines utaiennes…

Il oserait faire ça?

-Moi, à la limite, je comprends, mais pourquoi voudrais-tu faire mettre à mort le rouquin?

-Je ne sais pas. Pour voir si ça te ferait souffrir de le voir mourir sous tes yeux et par ta faute par exemple… Mais nous ne sommes pas obligés d'en arriver là. Je te laisse te faire «enlever» et je te couvre le temps qu'il faudra à une condition.

On passet donc tous notre temps à nous faire chanter les uns les autres?

-Laquelle?

-Tu devrais pouvoir me trouver un bon sabre sans problème, non? Si tu y arrives… on jette tous deux nos cartes au feu et on reprend tout à zéro comme si rien ne s'était jamais produit.

Ce ne serait pas facile… «un bon sabre». Qu'est-ce qu'il sous-entendait? …Masamune? Le sabre maudit? …Mais il fallait pourtant que je me rende à Asangyô pour saluer ma mère et implorer son pardon…

-Soit. Mais promet-moi que tu ne t'en prendra pas à Reno. Il n'a rien à voir dans tout ça. C'est juste… entre toi, et moi.

-Soit.

Nous nous serrâmes la main pour conclure notre marché puis Sephiroth quitta la pièce. J'espérai qu'une opportunité pour quitter le camp s'offre assez vite à moi…

°°°

Les sirènes se mirent à hurler. Invasion ennemie. Un sourire se dessina sur mes lèvres et j'empoignai mon katana, quittai mes appartements et me rendit directement au dehors pour voir de mes propres yeux de quoi il s'agissait.

-Ils sont du clan Kurai…

-Ce ne sont pas les ennemis de ton clan, Tseng?

-Officieusement, oui. Mais… A la guerre comme à la guerre…

-Ils ont quelque chose de particulier ces types?

-Tu vois Reno. Et bien eux, ils sont cent fois pire. Leur atout c'est la vitesse. Ils sont réputés pour détenir des techniques de combat mortelles mais je n'ai jamais eu l'occasion de voir ça. Je ne tiens pas réellement à voir ça d'ailleurs. Une chose… Frappe là où tu t'attends le moins à les voir.

J'enregistrai l'information et nous nous dirigeâmes vers le lieu où l'attaque avait eut lieu. Je dénombrai une dizaine d'intrus. Ils étaient peu par rapport à nous, mais faisaient de réels ravages. Et en effet, ils étaient très rapides mais aussi extrêmement agiles, au point d'esquiver les tirs des armes à feu. C'était à la fois sidérant et fascinant. L'un d'eux manqua de m'égorger mais je me déviai avec justesse de la trajectoire de son sabre court. Il parut à peine surpris et tenta à nouveau de m'attaquer mais je ripostai. Il évita mon coup et s'éloigna pour s'en prendre à d'autres soldats. Je me lançai à sa poursuite tout en réfléchissant aux lieux où je m'attendais le moins à le voir. En hauteur. Je levai les yeux. Bonne pioche. Mon ninja était perché à trois mètres du sol sur un camion. Il reçut soudainement un shuriken envoyé par Tseng en plein dans l'épaule (s'il n'avait pas bougé, c'était pour son front) et perdit un instant l'équilibre. Sans hésiter, je sautai et l'attrapai par le cou puis enfonçai mon katana dans sa poitrine, transperçant son cœur au passage. Je lançai un regard circulaire autour de moi pour repérer les autres. L'un d'eux s'apprêtait à tuer un soldat. De là où j'étais, c'était trop tard pour lui et il était d'ailleurs trop isolé pour que quelqu'un fasse quoi que ce soit pour lui. Néanmoins, il se passa quelque chose. Le ninja se figea avant de se retrouver plaqué au sol. Par Reno. Le rouquin régla rapidement son compte au ninja, se releva et regarda autour de lui pour repérer sa prochaine victime. Il se débrouillait bien… Je parvint à éliminer au vol un deuxième ninja et allait me lancer à la poursuite d'un troisième quand un cri retentit. Ou plutôt un appel, une sorte de signal… «OTEIKU! KAERUZO!». A partir de ce moment là, l'attitude des ninjas passa aussitôt d'offensive à défensive. Sur les dix, tout juste la moitié était encore en vie. Ils prirent pour la plupart des soldats en otage en guise de bouclier humain. Parmi les soldats, il y avait un Turk.

-Ils se retirent, siffla McLoyd.

Il venait de se précipiter près de moi, arme toujours au poing, et je fus surpris de constater qu'il se battait au sabre lui aussi.

-«oteiku» et «kaeru», ça veut dire «retourner» ou «revenir»… Jusqu'à présent, on a jamais réussit à récupérer les otages qu'ils nous prenaient…

Il se figea en voyant Reno s'élancer vers les ninjas. Vers celui qui tenait Tseng à sa merci.

-Il est fou… Ils vont tous y passer… Et le Turk utaien…

-Ne vous en faites pas. Ce sont des Turks, des professionnels. Le rouquin est entièrement dévoué à son chef, et le chef, il ne craint pas grand chose des utaiens. Ils sauront se débrouiller…

-Je l'espère, j'aurai encore besoin d'un interprète…

C'est là tout ce qui l'intéresse…?

-…Et il serait dommage de perdre des Turks. Ça ne se trouve pas facilement, non?

-En effet. Trouver des gens à la fois doués au combat, assez charismatique, intelligents, et en même temps assez stupides pour obéir aux ordres, c'est pas facile…

°°°

Tseng se débattait assez énergiquement mais le type qui l'avait attrapé gardait toujours le dessus.

-Reno! Fous le camp! m'ordonna Tseng. Ils vont te tuer!

-Et toi donc? rétorquai-je.

-Bordel, je suis ton supérieur alors obéis! Laisse-moi!

Je m'avançai encore mais un des utaiens m'interpella.

-Isama! teiakuno! Otchi, zene de mono shikaru sunaku!

«Toi, n'avance pas, ou ce soldat va y passer» traduisis-je mentalement.

-Soroni kuno…, répondis-je.

«Rien à foutre». Et j'avançai. Il égorgea le soldat et se retrouva ainsi sans plus d'otage à menacer. Il dégaina un tanto et se mit en position défensive. Electro-tige en main, je me fendit vers lui pour frapper mais il se dévia au dernier moment. J'esquivai de justesse un coup de sabre et contre-attaquai en l'emprisonnant dans une pyramide électromagnétique. Et là, ce fut le trou noir.

°°°

J'ouvris lentement les yeux. L'endroit était mal éclairé, mais la faible luminosité ambiante suffisait tout de même à m'éblouir après tout ce temps passé les yeux bandés. Je distinguai rapidement plusieurs personnes non loin de moi et une plus proche, qui venait de me retirer le bandeau. Nous étions visiblement dans une grotte… Sans doute un repère caché.

-Est-ce que ça va?

-Hein? Vous parlez midgarois…

-Tu le savais déjà, ça, c'est la langue internationale après tout… Tu ne te souviens pas de moi?

Je détaillai un peu plus l'homme. Taille moyenne, physique malingre, traits secs et anguleux, yeux bleu-vert, cheveux courts, noirs, mêlés de quelques mèches légèrement rougeoyantes, Honneurs du clan Kurai…

-Vous êtes le forgeron que j'ai vu à Kalm…

-Tout juste… Si tu me donnes ton nom, je te donnerai le mien.

-Tseng des Turks pour la Shin-Ra, Tsengali Arashi pour Utai, répondis-je.

-Moi c'est Izutsuki… Kurai pour Utai.

Je fronçai légèrement les sourcils.

-Qu'est-ce que vous voulez dire? Vous avez deux noms?

-En quelque sorte, oui… Mais je n'aime pas beaucoup le deuxième parce que je le partageais avec mon frère. Il est mort il y a un bout de temps maintenant… C'était en fin d'année passée à ce que j'ai entendu dire. Il aurait été tué par son fils lui-même. Il paraît que le gosse me ressemble un peu…

Je n'avais même pas envie de réfléchir.

-Le monde est petit, hein? Je me demande parfois si le hasard existe réellement ou si les coïncidences sont des actes de Da Chao… Je suis sûr que tu connais le fils de mon frère…

-Qu'est-ce que ça ferait si je le connaissais? Hein?

-Pour toi, pas grand chose, je te le concède… Mais moi, j'aimerais bien avoir des nouvelles de mon neveu. Il s'appelle Reno Redsly. Tu le connais bien, non? Il paraît qu'il fait partie des Turks…

-Tu sais parfaitement bien comment il va! C'est un de tes alliés qui l'a assommé, non? T'en sais autant que moi sur lui sinon plus. J'en suis sûr.

Il plissa ses lèvres en un léger rictus.

-Il paraît que tu as tiré un trait sur ton passé…, murmura-t-il.

Je détournai les yeux.

-C'est donc vrai?

Je hochai la tête en guise de réponse.

-Mais j'aimerais pouvoir m'en souvenir…

-Je vois. Est-ce que… je peux te demander ce que tu es venu faire à Utai?

-Je suis sensé aider les hommes de la Shin-Ra, mais j'ai conclut un marché avec un ami haut gradé pour qu'il me couvre. Je dois retourner à Asangyô pour saluer ma mère. Mais en échange, je dois ramener un bon sabre à mon ami. Et je crois qu'il vise le sabre maudit.

Izutsuki resta un instant paralysé par la surprise avant d'éclater d'un grand rire tonitruant.

-La Masamune! Ce type est-il fou? Personne ne sait plus manier ce vieux sabre, ce n'est plus qu'une relique que les familles Kurai et Arashi n'ont de cesse de s'échanger. Ce vieux bout de ferraille fait peur…

-Tu sais où il se trouve? demandai-je avec espoir.

Il réfléchit un moment.

-A Inarime. Ce sont les Kurai qui l'ont pour le moment. Mais si tu veux le voler, sache que ce ne sera pas simple… Ce sabre est démesurément grand, d'un poids conséquent et impossible à manier… Je ne vois pas vraiment ce que ton haut gradé en ferait…

-Tu serais surpris par son talent et sa maîtrise des lames longues…

Il y eut un moment de silence et je me décidai enfin à poser la question qui me brûlait les lèvres.

-Où est Reno?

-Ailleurs. Mon fils aîné s'occupe de lui. C'est d'ailleurs lui qui l'a assommé, tout à l'heure… Enfin bref… Tu es ici en voleur si j'ai bien compris…

-Non! Non… Je… Enfin… Si. Mais… J'aimerais vraiment aider Utai, et en même temps je sais que c'est à la Shin-Ra que j'appartiens maintenant… Avant qu'on parte, Reno m'a dit que je deviendrais forcément un traître pour l'un des deux camps. J'aimerais qu'il aie tort. Profondément tort…

°°°

Je me massai la nuque et me redressai. Il n'y été pas allé de main morte le salaud…! J'étais à moitié couché sur une sorte d'étoffe à même le sol et à première vue, on m'avait retiré ma veste, ma chemise et mes armes…

-Tu te réveilles enfin, paresseux?

Je levai les yeux vers celui qui avait parlé. La lumière me fit un peu cligner des paupières, mais je parvint tout de même à le voir assez clairement. Il ressemblait fort à Azumemo.

-T'es qui toi?

-Mon père a dit que nous étions cousins, répondit-il.

-On m'a jamais dit que j'avais un cousin… T'es sûr de ce que t'avances?

-Tu es bien Reno Redsly, non?

-Les Redsly n'existent plus. Moi, c'est Reno des Turks.

Je baissai les yeux et mon regard se posa aussitôt sur ce qu'il tenait dans sa main droite. Je portai aussitôt la mienne à mon front, geste pourtant inutile face à l'évidence.

-Hé! Tu m'as piqué mes lunettes! Rends-les moi!

Il haussa les sourcils et les mit sur son nez.

-Je ne vois pas pourquoi…

-J'y tiens. Y'a pas mal de souvenirs qui y sont attachés…

Je me levai, prêt à récupérer mes affaires par la force s'il le fallait. Je fus assez satisfait de noter que lui et moi faisions à peu de choses près la même taille, ainsi, il ne pouvait plus me toiser de haut comme deux secondes auparavant.

-On m'a dit que tu n'es pas très docile…

-Docile! coupai-je. J'te prierai de n'pas parler de moi comme d'un animal! Et puis tu ne m'as même pas donné ton nom… T'es franchement impoli!

-Je ne sais même pas si tu mérites que je te le donne…

-De toute façon je ne crois pas que tu mérites que je t'appelle par ton nom, rétorquai-je.

J'avisai une cicatrice cruciforme au dessus de son arcade sourcilière droite avant de reprendre.

-«Monsieur X». Ce sera suffisant. Un anonyme parmi tant d'autres, c'est tout ce que tu es à mes yeux. Maintenant, rends-moi mes affaires.

Il plissa ses lèvres en un léger rictus et me défia du regard. Je lui rendis la pareille et lui décochai un coup de genou à l'entrejambe qu'il évita de justesse. Il ne s'y attendait pas et j'en profitai pour récupérer mes lunettes d'un geste vif. Je les replaçai sur mon front je lui lançai un regard hautain, orgueilleux de ma première victoire.

-Alors, tu vas me les rendre ces putains d'affaires, ninja de mes deux?

°°°

Je n'avais plus enfilé cet uniforme depuis si longtemps… C'était… ça faisait… une drôle de sensation. J'étais un peu nostalgique… J'achevai de nouer le bandeau à la base de ma nuque et rejetai enfin la tête en arrière. J'avais détaché mes cheveux. Je ne le faisais pas souvent…

-Ils sont vraiment très noirs… et lisses…, nota Izutsuki en passant ses doigts sur quelques mèches.

-Ceux de ma sœur sont plus clairs…, murmurai-je. J'espère que je la reverrai…

Je tournai mon regard vers Izutsuki. J'avais le sentiment qu'il me cachait quelque chose. Et je n'aimais pas ça. Il s'éloigna pour aller consulter une carte déroulée sur une petite table et je le rejoignit.

-Voici notre position. Nous sommes entre l'avant-poste militaire et Asangyô. Il nous faudra au moins une journée pour arriver là-bas, et encore, si nous marchons vite…

-«nous»? l'interrompis-je. Tu comptes veniravec moi ?

-Pas exactement… J'ai juste quelque chose à faire à Inarime. Il nous faudra deux jours et demi pour y arriver si on prend les passages secrets au travers des montagnes, quatre jours si on suit la route…

-Il y a moyen d'alterner les deux, non? Je ne me souviens pas de tous les passages avec exactitude, et si on se perd dans ce labyrinthe, on est fichus…

-Alors on alternera… En admettant que tout se passe bien pendant les trajets et si on passe une journée dans chaque ville, ça devrait nous prendre… dix jours au minimum.

-Hum… ça fait beaucoup. Il n'y a pas moyen d'avoir un moyen de transport? Chocobos ou autre…?

Il réfléchit un instant.

-Le soldat de seconde zone… Parmi nos otages, on a trouvé un type réquisitionné par l'armée de la Shin-Ra… Ils engagent n'importe qui. Enfin, ce type est éleveur chocobo. On l'a mis de côté et je crois qu'il est temps de s'intéresser un peu plus à lui…

Il m'intima à le suivre. Nous passâmes d'abord dans une galerie donnant sur de nombreuses cavités parfois fermées par des portes plus ou moins récentes, plus ou moins improvisées. Enfin, il me fit entrer dans l'une d'elles où se trouvaient trois hommes enchaînés aux parois rocheuses.

-Lequel d'entre vous est Choco… Machin…?

L'un des hommes leva les yeux. Il était encore jeune et son regard un peu enfantin n'était pas sans rappeler celui de l'éleveur que nous avions rencontré à la ferme des chocobos.

-Je suis celui qu'on surnomme le Choco Master…, murmura-t-il.

Izutsuki lui délia les poignets et l'aida à marcher pour revenir dans la petite pièce que nous avions quittée. L'homme s'assit à la table et Izutsuki me chargea de le cuisiner pendant qu'il allait chercher de quoi manger avant de partir en riant de son petit jeu de mots.

-Avec un surnom pareil, vous devez en connaître long sur les chocobos, non? commençai-je.

-Je sais beaucoup de choses, mais je ne détiens pas le savoir ultime sur les chocobos. Je suis le Maître des chocobos, je sais dompter n'importe lequel d'entre eux, je peux leur faire faire tout ce que je veux. Je les comprend et il me comprennent, c'est tout…

-Et est-ce que vous pensez que vous pourriez en trouver rapidement dans le secteur?

-Je ne sais même pas où nous sommes… Aunord, au sud…?

-Dans le massif montagneux central à peu de choses près…

Il réfléchit un moment.

-Je crois que ça va être dur… Les chocobos ont une large préférence pour les plaines et on en trouve pour ainsi dire jamais en montagne. Ce n'est pas leur environnement naturel et ils peuvent éprouver des difficultés à se déplacer si on ne les guide pas. Ils refusent d'ailleurs de s'avancer en terrain montagneux.

-Mais ils vous obéiraient à vous…, tentai-je.

-Oui, c'est sûr… Mais pour en attraper… Ma materia Appât Chocobo ne suffira pas. Il faudrait que j'invoque, mais je ne suis vraiment pas sûr que ça marche…

-Invoquer? répétai-je, incrédule.

-Oui. Croyez-moi ou non, mais les chocobos semblent avoir des affinités avec la Planète. Un jour, un de mes chocobo a émit un drôle de sifflement. Je lui ai répondu et là, tous les chocobos présents dans l'enclos se son mis à danser et une materia rouge est tombée du ciel. Je crois qu'ils ne l'offrent qu'aux personnes à qui ils font confiance car jusqu'à présent, ça n'est arrivé que pour les éleveurs de ma famille…

-Vous avez cette materia sur vous?

Il hocha la tête et la sorti d'une de ses poches. Une materia d'un rouge flamboyant… Izutsuki rentra dans la pièce et déposa un plateau sur la table. Le regard du Maître Chocobo se posa aussitôt sur le plat de riz. Izu attrapa un bol et le garnit copieusement.

-Il va nous aider? demanda-t-il.

-Je ferai tout ce qui est en mon possible…, répondit l'éleveur comme s'il s'excusait.

Izu lui tendit le bol et une paire de baguettes.

-Dans ce cas tu peux bien reprendre des forces.

L'homme le remercia généreusement et commença à manger (il ne tenait pas vraiment ses baguettes correctement et finit par les abandonner pour manger à la main, ce qui s'avéra bien plus efficace…). Moi, je continuais à examiner la materia. Invocation. Choco-Mog. Attaque de Vent. Il n'y avait pas besoin de beaucoup d'énergie pour la faire fonctionner…

-Izutsuki… Je voudrais tester cette materia.

-Je vais demander à quelqu'un de venir surveiller Choco Machin puis je t'accompagnerai.

Il repartit et revint rapidement avec un enfant vêtu de l'uniforme des ninjas et arborant un bandeau frontal. C'était un Kurai lui aussi. Je me levai et suivit Izutsuki dans le dédale de galeries jusqu'à arriver dehors. La materia incrustée dans mon kunai, je fis quelques pas et ne tardai pas à tomber sur un monstre. J'invoquai aussitôt, prononçant la première formule qui me vint à l'esprit «Coup Mortel!». J'étais un peu dérouté par le côté absurde de cette invocation. Un Mog monté sur un chocobo fonçant à toute allure vers les ennemis. Je cru halluciner en voyant une onomatopée «BOUM» géante apparaître au moment du choc. Le chocobo ramassa le Mog à moitié knock-outé et repartit aussi sec.

-Qu'est-ce que c'est que cette materia complètement loufoque!

-J'avais encore jamais rien vu de semblable, avoua Izutsuki. Mais c'était marrant. Et il y avait un chocobo.

-Peut-être qu'en attaquant le Maître chocobo avec, il arrivera à capturer ce volatile de malheur…

°°°

J'essuyai le sang coulant de ma bouche d'un revers du poignet et me relevai.

-C'est ta troisième raclée d'affilée…, me rappela Monsieur X.

-Ta gueule, j'ai pas dit mon dernier mot tant que j'ai pas poussé mon dernier soupir…

Je repartis à l'attaque, me remémorant les quelques courts d'arts martiaux que m'avait donné Rude et les exercices de Tseng quand il avait fait de moi son chien. Je feintais, j'esquivais, j'attaquais, contre-attaquais, ripostais… Mes trois défaites m'avaient permises de comprendre un peu comment combattait mon adversaire. Ça ne m'empêcha néanmoins pas de me retrouver au tapis une quatrième fois, mais la cinquième fut la bonne. A la première ouverture, je lui décochai un puissant coup de pied pile au bon endroit, il se plia en deux sous le coup de la douleur et je lui envoyai un coup de genou dans la tête avant de l'allonger d'un uppercut en pleine figure. Enfin, je parvint à l'assommer d'un coup dans la nuque avec le tranchant de la main. Je lui fit les poches et fit ainsi l'acquisition d'un trousseau de clefs, d'un kunai, d'une étrange capsule et d'une cordelette. Je vérifiai rapidement que mon soi-disant cousin n'était pas près de se réveiller et lui piquai ses vêtements. Je me servit d'une jambe de mon ex-pantalon que découpai à l'aide du kunai pour le ligoter et le bâillonner à l'aide des lambeaux de tissu, après quoi je sortis de la pièce grâce au trousseau de clef. Je me retrouvai ainsi dans une pièce meublée de petites armoires que je fouillai consciencieusement. Je trouvai mes affaires (je laissai là les fringues, me contentant de récupérer mon électro-tige et ma materia) mais aussi quelques armes ou objets utiles aux ninjas. Je ne connaissais même pas la fonction de la plupart des choses que je voyais, mais je reconnu tout de même dans le matériel de camouflage, quelque chose ressemblant assez à du cirage noir. C'était tout à fait ce qu'il me fallait. Pas pour mon visage, mais pour mes cheveux. Colorés en noir, je passerai largement plus inaperçu. Je pris aussi une carte des environs puis repris mon exploration des lieux.

°°°

J'invoquai à nouveau et un chocobo fonça aussitôt sur le Maître Chocobo. L'homme émit une sorte de sifflement et l'animal stoppa aussitôt sa course. Il se laissa approcher et l'éleveur lui passa un licol improvisé avec une rapidité fulgurante. Même la troisième fois, ça faisait toujours un drôle d'effet et l'homme inspirait un certain respect.

-Et voilà, nous sommes prêts, lança-t-il.

Izutsuki chargea le volatile d'un petit sac contenant diverses choses – armes, cartes, vivres et autres – puis lui passa un filet de cuir tressé qu'il venait tour juste d'achever.

-Vous savez monter, au moins? nous lança Choco Master.

-Bien sûr, répondit Izu.

-J'ai appris il y a peu. C'est assez simple…

-C'est vrai, nous concéda-t-il. Quand partons-nous et pour combien de temps?

Il nous accompagnerait pour s'occuper des chocobos… J'espérais que son état de santé assez précaire ne lui porterai pas préjudice sans quoi nous aurions quelques ennuis… Et encore… Izutsuki lui fit un topo rapide du voyage puis monta en selle.

-Et c'est maintenant qu'on part. On a pas de temps à perdre.

Nous partîmes donc. Les chocobos n'étaient pas débourrés, mais ils obéissaient incroyablement bien au Maître, aussi le trajet se fit-il à un bon rythme.

-Choco Master, c'est ton surnom, lançai-je soudainement. Mais ton vrai nom…?

-Vous allez vous moquer…

-Si tu connaissais la traduction de certains noms utaiens tu aurais aussi de quoi rire, répliqua Izutsuki.

-D'accord, je vous donne mon nom et vous me donnez la traduction des vôtres. Je m'appelle Chico… Comme chicobo.

Pauvre homme…

-Izutsuki, c'est la lame, la lame d'un couteau, d'un sabre… J'ai eu de la chance.

-Tseng, c'est un diminutif pour Tsengali. Ça veut dire coup de Lune. En vérité, ma sœur aurait bien aimé avoir une petite sœur et elle a insisté pour que mes parents portent leur choix sur Tsengali et non autre chose. D'habitude, c'est plutôt un nom de fille… Alors je préfère le diminutif…

Ils étaient morts de rire. Ils passèrent le reste du chemin à me chambrer là-dessus et la bonne humeur ne leur fit pas défaut. Pourquoi pas après tout…? nous étions en temps de guerre et il devait être rare d'entendre rire à Utai… …Je me demandais comment pouvait aller ma sœur, comment allait Reno. Et aussi Rude, à Midgar. J'espérais que Heidegger ne lui posait pas trop de problèmes…

°°°

C'était un vrai labyrinthe, un horrible dédale de galeries. J'appréhendais toute rencontre avec des utaiens. S'ils me parlaient, je les comprendrais, mais si je me trouvais à devoir parler, ils se rendraient tout de suite compte de mon imposture… Je m'arrêtai un instant pour essayer de me repérer de façon logique. Pour le moment, je me dirigeais le plus possible vers le nord. J'avais réussi à confectionner une sorte de boussole avec une aiguille et un petit bout de métal assez fin et plat que j'avais posé de mon mieux sur la pointe de l'aiguille. C'était assez peu fiable, mais au point où j'en étais… Des bruits trahissant l'activité humaine parvinrent bientôt à mes oreilles. J'étais nerveux, mais je tentais de rester aussi calme que se pouvait. J'écoutai un peu mieux pour comprendre quelques bribes des conversations dans l'espoir d'en tirer quoi que ce soit. J'appris ainsi qu'un certain Izutsuki était parti régler ses comptes avec un prisonnier et un jeune homme du clan Arashi. Peut-être Tseng…? Oui, ce devait être lui car les hommes commencèrent à parler de son appartenance à la Shin-Ra. Ils dérivèrent ensuite sur l'échec de l'offensive. Je compris qu'ils étaient venus notamment dans le but de délivrer des prisonniers. L'un d'eux proposa de relancer une offensive avec plus d'hommes et créant des diversions pour laisser le temps aux meilleurs éléments d'infiltrer le camp et prendre l'avantage. Il évoqua les difficultés des soldats à éliminer les ninjas et un autre fit remarquer qu'un nouveau général était arrivé et qu'il se battait au sabre avec une incroyable dextérité. Sephiroth… J'avais là des informations intéressantes, mais mon but était tout de même de quitter le dédale. Je repartis un peu en arrière, tournai à une intersection… J'avançais toujours vers mon soi-disant nord. Je me figeai quand un homme m'interpella. Il commença à me parler en utaien, me demandant où j'allais. Je me concentrai, faisant travailler mon cerveau à plus de 200 à l'heure pour arriver à formuler que je voulais sortir pour prendre l'air mais que je m'étais un peu perdu. Il parut étonné par mon accent et me demanda aussitôt d'où je venais.

-Inarime.

-Inarime? répéta-t-il. Inarime de togodo o daizu yo akutai ?

Il me demandait si la pagode d'Inarime était grande. Or dans mes souvenirs, il n'y avait pas de pagode à Inarime. Il me mettait à l'épreuve, visiblement…

-Inarime deya togodo akuno, lui répondis-je.

Il hocha la tête en guise d'approbation. J'avais donné la bonne réponse? Qu'il n'y avait pas de pagode à Inarime…?

-Ikku.

«Viens». Je le suivis donc, restant tout de même sur mes gardes. Il me guida à travers le labyrinthe et des effluves me parvinrent bientôt. Des effluves nocturnes… Des végétaux. Le dehors. Nous étions proches de la sortie. Je la voyais presque… Il changea soudainement de direction. Je m'arrêtais et lui signalai que je continuai seul, mais il m'attrapa par les épaules pour m'emmener de force avec lui en me traitant de naïf, me faisant comprendre qu'il m'avait percé à jour. Il me serrait contre lui et j'avais du mal à lutter. J'attrapai le kunai de Monsieur X et le plantai dans le ventre de l'homme puis commençai à le lacérer. Il échappa des cris de douleur et me lâcha. Je dégainai aussitôt mon électro-tige et je l'achevai puis m'enfuis vers la sortie. Elle était gardée par deux hommes. Mon cœur battait à tout rompre à un point tel que j'avais l'impression que ses pulsations pourraient suffire à donner l'alarme à tout le repaire. Je tentai le tout pour le tout et saisit dans ma main gauche la cordelette et dans l'autre mon électro-tige. J'emprisonnai un des hommes dans une Pyramide puis me fendit sur le deuxième. Je lui passai la cordelette autour du coup et serrai jusqu'à ce qu'il se détende complètement. Je l'égorgeai pour être bien sûr qu'il ne s'agissait pas d'une feinte puis je n'eu d'autre choix que de libérer l'autre homme. Il se rua sur moi et j'esquivai de justesse un coup de sabre. Je l'attaquai à mon tour et parvint à le Stopper. J'en profitai aussitôt pour l'égorger puis je m'enfuis. Il y avait encore un homme dehors, mais celui-là, je ne le repérai que quand il se jeta sur moi. Je plongeai ma main dans ma poche pour attraper ma materia, mais à la place, j'attrapai la capsule. Une idée fusa dans mon esprit et j'enfonçai la lame du kunai dans la joue de l'homme qui retint à grand peine un cri de douleur, je passai ensuite la capsule dans l'ouverture et la perçai. La surprise se lut dans le regard de l'homme et il lutta plus fermement pour me tuer, crachant du sang sur le sol. Il essayait aussi de recracher le liquide contenu dans la capsule mais la plus grande partie avait déjà dut couler dans sa gorge et dans ses voies respiratoires car il ne mit plus longtemps à mourir de façon foudroyante. Je ne savais pas exactement ce que c'était comme produit, mais un seul mot s'imposait à mon esprit: poison. Je fouillai très rapidement les poches de l'homme et trouvai une nouvelle capsule. Je décidai de la prendre avec moi. Cela pourrait toujours servir… Il ne me restait plus qu'à estimer ma position sur la carte et tenter de regagner le camp militaire…

NdVixen: Je commençais à en avoir marre de chercher des noms… C'est notamment pour ça que j'ai décidé d'appeler le cousin de Reno «Monsieur X» pour le moment. Que pensez-vous de mon moyen pour réquisitionner des chocobos en pleine montagne? Peut-être un peu foireux, mais le trajet à pied était trop long, donc… voilà. J'ai honte de mon excuse…--° Reviewez, please! (et alors je mettrai le prochain chap en ligne…)