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Chapitre 24: December the 13th
Le temps défila sans même que nous le voyions passer. Reno avait l'air plus calme, Rude était toujours aussi muet, et moi, je passais mon temps à chercher à obtenir les dernières nouvelles de la guerre. Sephiroth était devenu une véritable référence, il faisait la une de tous les journaux et tout le monde acclamait ses incroyables prouesses. Il faisait des ravages dans les troupes utaiennes, il gagnait du terrain avec une rapidité fulgurante et Utai commençait à s'inquiéter sérieusement. Aux yeux de mon peuple, Sephiroth n'était pas, ne pouvait pas être humain. C'était un démon déguisé en homme, armé d'un sabre légendaire. Je comprenais tout à fait le désarrois des ennemis d'un tel guerrier. Quelqu'un pourrait-il un jour se vanter d'avoir battu Sephiroth à la loyale? Honnêtement, je pensais que non.
J'avais à peine vu passer Septembre, je ne vis même pas Octobre, idem pour Novembre… Mais où donc filaient ces mois? Entre travail et repos, je prenais juste le temps de rendre visite à Aerith. A part ça… Rien.
°°°
Reno avait l'air calme. C'était étrange. Son pas et son ton étaient devenus plus traînants. Sa voix avait encore un peu mué, gagnant une tonalité plus grave. J'avais même l'impression qu'il avait un peu grandi. Il commençait à devenir un homme. Ça faisait drôle. Je ne pouvais pas m'empêcher de le considérer comme un gamin, un peu à cause de cette manie qu'il avait de tirer la langue à tout va. Enfin, il y avait quelque chose, je ne savais quoi, quelque chose avait dû lui arriver. Quelque chose ou quelqu'un, je ne savais pas encore quoi.
-Reno, tu fais quelque chose ce soir?
-Oui, mais je ne te dirai pas quoi, Rude. C'est secret.
-Depuis quand tu fais des secrets? me moquai-je.
Il ne répondit pas, se contentant de m'adresser un sourire malicieux.
-Le petit garçon se serait-il trouvé une petite copine?
-Perd pas ton temps à essayer de m'énerver, Rude, ça prend plus aussi facilement qu'avant.
-Quel changement!
-Je commence juste à prendre conscience de certaines choses… Tseng et toi êtes d'excellent Turks, notamment grâce à votre calme. Je pourrais jamais être aussi calme que vous, mais je peux essayer d'être moins agité, moins survolté, moins susceptible… ça évitera bien des déboires.
J'étais presque choqué d'entendre ça de la bouche de Reno.
°°°
Tseng et Rude avaient noté le changement. Mais ils n'en connaissaient toujours pas la source. Ayame. Nous étions devenus de vrais confidents l'un pour l'autre. Parler nous faisait du bien. Évidemment, nous ne faisions pas toujours que parler… Nous avions vraiment une relation étrange. Je n'avais encore jamais connu ça. C'était comme aller parler de ses problèmes à son psy et coucher avec sans pourtant éprouver d'amour, juste de l'amitié…
Ce soir là, j'étais encore allé chez Aya.
-J'aimerais bien avoir des enfants, Reno.
Je manquai de m'étrangler.
-Des… enfants! …Pas avec moi, hein?
Elle éclata de rire en voyant ma mine paniquée.
-Je suis sûre que tes enfants seraient très mignons, pourtant. Mais t'as l'air effrayé à l'idée d'en avoir…
-J'ai à peine seize ans et demi et je suis un Turk, je te rappelle. Même si j'en voulais, je pourrais pas m'occuper de mes gosses. Pis vas t'en expliquer à ton gamin le boulot d'un Turk…
-Qu'est-ce que tu es sérieux… Je disais ça pour rire, tu sais ? Même s'il est vrai que j'aimerais bien avoir des enfants. Pas forcément de toi, bien sûr.
Je fut soudain assailli de doutes.
-Aya, t'es pas enceinte de moi j'espère…
-Hahahaha… Je te l'aurais déjà dit si c'était le cas! Je t'ai déjà dit que je prend la Pilule, non?
Je lançai tout de même un regard un coin vers son ventre, l'air soupçonneux. Tout avait l'air normal…
-Pour changer de sujet, quoi de neuf avec tes collègues? me demanda-t-elle. Tu t'es encore disputé avec ton chef?
-Mmh… Pas sérieusement. Comme je suis plutôt calme ces derniers temps, on s'engueule moins facilement… La dernière dispute qu'on aie eu… On était hors service et il ne portait pas son uniforme. De dos, avec ses cheveux longs, on pouvait un petit peu hésiter à dire si c'était un homme ou une femme et pour me moquer de lui, j'ai fait semblant de le draguer en l'accostant d'un «salut mam'zelle, c'est quoi vot' petit nom?» et il s'est retourné avec un regard noir signifiant «moi, une femme?». C'était très drôle. Ce qui était moins drôle, c'est qu'il m'a filé des heures sup. Enfin, ça en valait le coup, conclu-je en riant légèrement.
-T'as essayé de le draguer, répéta-t-elle avec un sourire moqueur.
-C'était pour rire! lui rappelai-je un peu précipitamment.
-Ouais, c'est ce qu'on dit… Tu m'as dit que vous vous étiez battus et que tu avais, par accident, posé tes lèvres sur les siennes…
-JE T'AI RACONTE CA!
-Tu parles dans ton sommeil, je t'ai posé des questions et tu y a répondu. Quoi qu'il en soit, moi j'appelle ça un acte manqué.
Elle marqua une pose, fixant son regard sur moi.
-C'est moi ou tu rougis…? Dis-moi, Reno, honnêtement… Tu serais pas… un peu… amoureux de Tseng, des fois…?
-Je… Je… Qu'est-ce que tu racontes? Je… Pas du tout!
-Tes joues seront bientôt aussi rouges que tes cheveux…
-Quoi? Mais non. Je. Tu déconnes!
C'est quoi cette voix dans ma tête qui arrêtes pas de me répéter «assume, assume»!
-Ton problème, Reno des Turks, c'est que tu n'es pas capable d'assumer les sentiments que tu éprouves. Parce que tu refuses d'admettre que tu puisses être amoureux d'un homme.
«assumer», encore?
-C'est pas parce que tu couches avec des filles ou que tu tombes amoureux de filles que tu n'as pas le droit de coucher ou de tomber amoureux d'hommes. Tu m'as pas dit que t'avais couché avec un type du nom de Tigre?
-Aah…! Je… Je veux plus jamais dormir en ta présence! Qu'est-ce que tu m'as fait raconter encore?
-Tss, pauvre petit… Ouvre un peu les yeux. Est-ce que tu peux admettre, au moins pour toi, le fait que ton cœur aie porté son choix sur Tseng?
-Arrêtes de dire ça…, murmurai-je. J'ai honte. Je suis jaloux. Dès qu'une fille commence à lui tourner autour, ça m'énerve. Je dis que c'est parce qu'énerver Tseng est mon passe-temps préféré, mais en fait, je crois que je veux juste attirer son attention sur moi… Je dis que je déteste ce type, mais en fait…
-Tu l'aimes.
-Dis pas ça!
-Pff… C'est si dur que ça à admettre?
Je hochai tristement la tête. Elle soupira.
-C'est bientôt le 13 décembre… J'aimerais bien rencontrer ton chef, alors je m'inviterai à la fête.
-Le 13! C'est bientôt le 13! Mince! Faut que j'invite Ichigo s'il est dans le coin!
-Ichigo? répéta-t-elle.
-Ouais, un ami. Un inspecteur spécialisé dans l'élucidation des sales affaires. C'est un mec sympa. Je l'ai rencontré quand j'étais gamin. Je traînais dans des bandes de délinquants et Izumy, notre garde, s'inquiétait un peu pour moi. J'ai appris récemment qu'Izzy était vaguement parent avec Tseng et qu'il lui a parlé de moi. C'est un peu à cause de lui et d'Ichigo que je me suis retrouvé dans la bande de Nikolas, le recruteur des Turks. Comme quoi, mon entrée dans les Turks était quelque peu préméditée… …J'aurais bien invité Izzy, Yoki et Ichirô pour le 13, mais ils sont repartis à Utai et Ichirô s'est fait tuer… Enfin bref…
-Et ta sœur? Elle sera là le 13?
-Elle a pas la nationalité utaienne. Il y aura juste toi, moi, Tseng et peut-être Ichigo. …Je connais pas mal d'utaiens, mais je suis heureux qu'il y en ai peu à Midgar. J'ai toujours des problèmes avec les utaiens…
Elle secoua la tête d'un air amusé.
-Pauvre petit…
Elle piqua mes lèvres d'un baiser et déboutonna rapidement ma chemise, après quoi elle passa derrière moi et dénuda mes épaules. Elle resta un moment silencieuse, massant doucement le haut de mon dos et le déshabillant toujours un peu plus, jusqu'à me pousser à retirer complètement ma chemise.
-J'aime bien sentir tes mains sur ma peau…, murmurai-je.
Elle remonta ma colonne vertébrale puis agrippa mes épaules et se pencha sur moi. Je pouvais deviner le sourire moqueur sur ses lèvres.
-Ne dis rien. Bien sûr que je préférerais que ce soient celles de Tseng, répondis-je avant même qu'elle n'aie put dire quoi que ce soit.
Elle échappa une exclamation de surprise et se mit à rire.
-Comment as-tu deviné ma question avant même que je ne la pose?
-Tu deviens prévisible, Aya… Là, tu vas te pencher encore un peu plus sur moi pour passer tes mains de l'autre côté de mes épaules et descendre petit à petit vers le bas de mon ventre, ouvrir mon pantalon… bref, tu vas me faire comprendre que tu veux coucher avec moi.
Elle resta deux secondes en arrêt avant d'éclater de rire à nouveau.
-Tu deviens perspicace, Reno…
-Mmh. Mais pas ce soir Aya, j' suis trop crevé pour être d'humeur…
°°°
Je finis par lever les yeux de mon journal. Je n'aimais pas grandement me sentir fixé. Mon regard rencontra aussitôt le sien, inexpressif. J'étais surpris, d'habitude, il y avait toujours un minimum d'animosité dans les yeux saphirins du rouquin.
-Qu'est-ce qu'il y a?
-Rien.
-Rien? Alors arrêtes de me fixer comme ça, lui ordonnai-je.
-Pourquoi?
-Parce que ça me dérange.
-C'est dommage. Ça t'énerve si je continue?
-Quoi que je réponde tu continueras, hein?
Un léger ricanement s'échappa d'entre ses lèvres et il se tut, continuant juste à me fixer avec un sourire quelque peu défiant.
-T'es chiant Reno…
-Je sais.
-Il le sait…! Je crois que c'est d'ailleurs ça le pire…, soupirai-je.
-Tu compte passer la journée du 13 décembre tout seul? me demanda-t-il.
-Hum… ça tombe quel jour?
-Un dimanche. Ça tombe… bien, non?
-Qu'est-ce que tu veuxau juste?
-Je t'invite à passer la fête avec moi, Ichigo et une autre personne que je vous présenterai.
-Ichigo sera là? Dans ce cas, ça gagne en intérêt, j'aime bien ce type, il est sympa et il a la tête bien faite. Et cette «autre personne», c'est…?
-J'ai dit que je vous la présenterai. En attendant, ronge ton frein.
-De toute façon, ce n'est jamais que dans deux jours…
Il me lança un sourire narquois. Je me replongeai dans mon journal. Il continuait à me fixer. Je fis tout pour l'ignorer. Je ne voulais pas lui donner le plaisir de voir mon énervement éclater au grand jour. J'avais du mal à lire. Je pensais à cette mystérieuse personne. Qui pouvait-ce bien être? Forcément quelqu'un d'origine utaienne… Un homme ou une femme? Est-ce que je le ou la connaissais? Je n'arrivais pas à me sortir ces questions de la tête. Il avait réellement bien réussit son coup le rouquin…
°°°
Samedi soir, minuit moins quart. J'ouvris la porte à Tseng. Le kimono noir qu'il portait lui allait à ravir… Le mien était rouge sang brodé de motifs végétaux, à bordures et ceinture noir.
-C'est quoi ce regard, Reno?
-Hein?
-Tu ressembles à un renard avec ce regard de prédateur rusé.
-Et toi tu ressembles à une panthère avec ce regard d'ambre perçant, lui rétorquai-je. Allez, entre, mon chaton.
Il haussa les épaules et franchit le seuil, s'arrêtant à ma hauteur pour me lâcher un «et je ne suis pas TON chaton» avant de continuer jusqu'au salon. Cinq minutes plus tard, Ichigo se pointa (paré lui aussi d'un kimono, mais d'un beau bleu utaien imprimé de motifs végétaux), puis ce fut au tour d'Ayame (vêtue d'un kimono rose pâle à motifs floraux).
-Et bien voilà la personne dont je vous avais parlé.
-Dont tu n'as pas voulu nous parler, rectifia Tseng.
Ichigo échappa un léger rire.
-Alors, t'avais dit que tu nous la présenterai, non? surenchérit-il.
-Bien sûr. Elle s'appelle Ayame. Comme vous le voyez, c'est une femme. Pour le reste, vous verrez avec elle.
J'avais convenu une chose avec Ayame: secret médical. Nous ne divulguerions rien de nos aveux mutuels aux autres. Je n'aurais pas apprécié qu'elle apprenne à Tseng certaines choses. Notre passé commun, par exemple. Et pire encore… que je l'aimais d'amour. Nous passâmes à la cuisine pour vérifier que rien ne manquait pour les différents repas du lendemain. Cela fait, nous passâmes dans ma chambre. J'avais ajouté deux futons de chaque côtés du mien, et cela donnait un grand lit s'étendant d'un mur à l'autre.
-Reno, je dois admettre que je suis épaté, lança soudainement Tseng.
-Pourquoi donc?
-Tu as rangé ton appartement, je n'aurais pas cru cela possible…
-Enfoiré… Allons bon…
Nous nous assîmes en cercle sur le lit pour discuter tranquillement. L'attention était centrée sur Ayame.
-Puisque Reno ne l'a pas fait, tu vas peut-être pouvoir nous parler un peu de toi, maintenant, l'enjoignit Ichigo.
-Je suis un être humain de sexe féminin, scientifique free-lance depuis que j'ai quitté la Shin-Ra suite à un désaccord avec l'assistant du professeur Gast, Hojo. Voilà l'essentiel. Si je suis ici, c'est suite à ma rencontre avec Reno…
Tseng avait l'air un peu troublé, se demandant visiblement ce qui se cachait derrière cette rencontre.
-Et… quelles relations est-ce que tu entretiens avec Reno? demanda-t-il.
-Des relations sexuelles, répondit Ayame avec un naturel sidérant.
-Aaah… Je… vois…, lâcha Tseng après être resté deux secondes en arrêt.
Ichigo et moi étions écroulés de rire, Ayame se mit à rire elle aussi et Tseng suivit.
-Cette fille est d'un naturel épatant! lâcha Ichigo.
-Merci.
Il fallut deux heures pour que nous nous écroulions de fatigue. Le matin, je me réveillai enlacé avec Tseng. Nous avions tous ôtés nos kimono pour dormir (et avions découvert qu'Aya n'avait rien mit en dessous, ce qui avait donné lieu à une scène pour le moins hilarante), et je me sentais incapable de bouger. J'aurais à la fois voulu rester là et me dégager bien vite de Tseng. Je me sentais bien contre lui, profitant de la chaleur et de la douceur de sa peau, mais cela m'électrisait et je craignais qu'il ne me sente frissonner. Son visage serein et détendu… J'avais envie de poser mes lèvres sur les siennes. Je me retint, caressant distraitement ses longs cheveux de jais. Ses paupières se soulevèrent doucement. Je me figeai.
-Mmh, Reno… On étais trois et il a fallut que ça tombe sur moi… T'es si nostalgique que ça de notre séjour à Junon? se moqua-t-il doucement.
Oh que oui…
-Allez, laisse-moi me lever, Renard.
-Comme tu voudras, chaton.
Il échappa un grognement et s'apprêta à se lever.
-T'as froid? me lança-t-il.
-Pourquoi tu me demandes ça?
-Je sais pas, tu frissonnes.
J'ai horreur de tes sous-entendus.
-C'est possible, on a dormi sans couvertures. Ta chaleur me manque…, ajoutai-je d'un ton faussement implorant.
-Attend, je vais te réchauffer, moi, me lança Ayame en riant.
Elle roula sur le côté et m'enlaça tandis que Tseng enfilai son kimono. Je ne pouvais pas m'empêcher de lui lancer des coups d'œil furtifs. Je me levai à mon tour et passai également mon kimono, Ayame suivit et nous allâmes à la cuisine où Ichigo avait déjà commencé à préparer le petit déjeuner. Il ne fallut pas longtemps pour que nous passions à table dans la joie et la bonne humeur, devisant de tout et de rien, blaguant à tout va… C'était une belle journée qui s'annonçait. Ichigo nous raconta l'histoire du type qu'avait jamais eu de chance et qui était parti à la recherche de Da Chao à travers le monde entier pour lui réclamer sa chance en pensant que le dieu l'avait oublié. Contée par l'inspecteur, l'histoire était réellement hilarante…
-C'est l'histoire d'un type qui n'a jamais eu de chance. On se souvient même plus de son nom parce que tout le monde l'appelait «le type qu'a jamais eu de chance». Déjà petit, quand les autres enfants faisaient des bêtises, c'était toujours lui qui prenait. Même s'il faisait jamais rien. Puis à l'adolescence, quand il a commencé à s'intéresser aux filles, elles le fuyaient toutes. Enfin, parfois, y'en avait bien une ou deux pour venir lui parler, mais à tous les coups, c'était pour lui demander «tu pourras dire à untel que j'aimerais vraiment bien lui parler… ». Vous voyez le genre. Puis il est devenu adulte. Et il avait toujours pas de chance. Mais un jour, une grande fête fut organisée dans son village et toutes les filles de la région furent invitées. Pour être sûr de pouvoir en inviter une à danser, il arriva le premier. Toutes les filles de la région étaient là, alignées, toutes belles… Il s'approcha de la première fille et lui demanda «voulez-vous m'accorder cette danse?», et elle lui répondit «je voudrais bien… mais j'ai mal aux pieds». Dommage. Mais il ne se découragea pas et réitéra sa demande mais à la fille suivante. «je voudrais bien… mais je sais pas danser». Et zut. Il se dirigea vers une troisième. «voudriez-vous m'accorder cette danse?» «oui mais… je garde le sac d'une amie qui…». Et flûte. Il continua ainsi jusqu'à se retrouver face à la dernière fille. Et là, là… elle accepta. Alors, très fier, il l'emmena jusqu'au centre de la piste de danse pour que tout le monde le voie et… et là, la musique s'arrêta. Là, le type qu'avait jamais eu de chance se dit que c'était pas possible. Tout le monde dans sa vie, devait bien avoir droit à au moins un jour, une heure, une minute, une seconde de chance… Il n'y avait qu'une seule raison possible à cette absence de chance: Da Chao avait dû l'oublier. Alors il quitta son village et partit à la recherche du dieu, fermement décidé à lui demander pourquoi il l'avait oublié. Il entra dans une forêt, et manque de bol, il se perdit. Et là, en plus, un orage éclata. …Or, on lui avait dit de ne jamais rester sous un arbre quand il y a de l'orage. Alors il se mit à courir pour sortir de la forêt et se retrouva nez à truffe avec un loup. Mais c'était un loup tout maigre qui avait l'air de mourir de faim. «hé, toi là, où est-ce que tu cours comme ça?» lui demanda le loup. «je vais voir Da Chao pour lui demander pourquoi je n'ai jamais eu de chance» répondit le type qu'avait jamais eu de chance. «c'est vrai? Alors tu pourrais peut-être aussi lui demander ce qu'on pourrait faire pour moi qui meurt de faim?». «Pas de problème, je lui demanderai, reste là et je te le dirai en revenant». Et le type qu'avait jamais eu de chance repartit. Il arriva bientôt à une rivière et décida de la remonter. Au plus il avançait, au plus elle rétrécissait, la source n'était pas loin. Enfin, il arriva à une maison devant laquelle était assise la plus jolie fille qu'il aie jamais vue. Mais elle était triste et pleurait. C'étaient d'ailleurs ses larmes qui formaient la rivière qu'il avait remontée. «et bien, mademoiselle, pourquoi pleurez-vous ainsi?» lui demanda le type qu'avait jamais eu de chance. «je ne sais pas» répondit la jeune fille. «je vais voir Da Chao pour qu'il me dise pourquoi je n'ai jamais eu de chance, si vous voulez, je peux lui demander aussi pourquoi vous pleurez» proposa le type qu'avait jamais eu de chance. La jeune fille accepta et il reprit son chemin et arriva à une autre rivière. Il s'attendait à trouver une autre jeune fille, mais c'était une vraie rivière cette fois. Il décida de passer au dessus pour continuer, mais au moment où il allait sauter, il entendit une voix l'appeler. «hé, toi!». Il regarda autour de lui mais ne vit personne. «hé, toi!» l'appela encore la voix. Il regarda à nouveau autour de lui, mais ne vit qu'un vieux saule. «c'est toi qui m'appelle?» lui demanda le type qu'avait jamais eu de chance. «ouais, c'est moi. Hé, dis, tu saurais pas comment je pourrais faire pour boire? j'ai soif, mais je n'arrive pas à atteindre la rivière avec mes racines, je ne sais pas pourquoi…». «Désolé, je peux pas t'aider, mais si tu veux, je peux demander à Da Chao pourquoi tu ne peux pas atteindre la rivière» proposa le type qu'avait jamais eu de chance. Et il repartit. Il voyagea à travers le monde entier, demandant à tout le monde où habitait Da Chao. Pour ça, il apprit d'ailleurs toutes les langues du monde. Mais personne ne sut lui répondre. Parfois même, les gens le regardaient d'un air soupçonneux ou lui claquaient la porte au nez en disant «non merci, je ne réponds pas aux sondages» ou d'autres choses du même genre. Pas découragé, le type qu'avait jamais eu de chance continua à voyager jusqu'à arriver dans un pays où il n'y avait rien. Mais vraiment rien. Fatigué, il finit par s'asseoir sur… rien, et retira sa chaussure parce qu'il y avait un petit caillou dedans, et ça, ça fait mal, surtout quand on marche beaucoup. «hé, toi, qu'est-ce que tu fais là, assis sur rien?» lui demanda quelqu'un. Le type qu'avait jamais eu de chance se retourna et vit un très vieux vieillard. «je suis à la recherche de Da Chao pour lui demander pourquoi je n'ai jamais eu de chance» répondit-il. «et bien t'en a de la chance, parce que c'est moi, Da Chao. Je t'ai pas oublié tu sais, et c'est aujourd'hui ton jour de chance». «c'est vrai!» s'écria le type qu'avait jamais eu de chance. «véridique. Alors dépêche-toi de rentrer dans ton village». Le type qu'avait jamais eu de chance s'apprêta à partir mais s'arrêta, se souvenant du loup, de la jeune fille et du vieux saule. Il demanda à Da Chao comment régler leurs problèmes puis repartit pour rentrer chez lui. Le voyage de retour fut heureusement plus rapide puisqu'il savait où il allait. Il passa en courant près du vieux saule qui l'interpella aussitôt. «hé, t'as vu Da Chao?» lui demanda l'arbre. «oui, et c'est aujourd'hui mon jour de chance alors faut que j'y aille…». «mais, dis, tu lui a demandé pour moi…?». «oui, si t'arrives pas atteindre la rivière, c'est parce qu'il y a un gros coffre rempli d'or qui bloque tes racines» répondit le type qu'avait jamais eu de chance. «et comment je fais pour l'enlever? tu pourrais pas m'aider?» «ah non, désolé mais j'ai pas le temps, c'est mon jour de chance!». Et le type qu'avait jamais eu de chance repartit. Il arriva bientôt à la maison de la jeune fille en train de pleurer. Un peu ému, il s'arrêta quand même. «alors? vous avez vu Da Chao?vous lui avez demandé pour moi? ». «oui, oui. Si t'es malheureuse, c'est parce que t'es toute seule, faudrait que tu te trouves un homme» répondit le type qu'avait jamais eu de chance. «mais je connais personne, t'es le premier homme que je rencontre…». «ah désolé, mais j'ai pas le temps, c'est mon jour de chance et je dois rentrer chez moi». Et le type qu'avait jamais eu de chance repartit. Il arriva dans la forêt. Et il se perdit à nouveau. Un gros orage éclata aussi alors que le jour commençait à décliner et il se mit à courir jusqu'à ce qu'il se retrouve nez à truffe avec le loup famélique. «hé toi, t'as vu Da Chao?» «oui, mais j'ai pas le temps, c'est bientôt la fin de mon jour de chance…» gémit le type qu'avait jamais eu de chance. «tu lui a demandé pour moi?» demanda le loup. «oui, oui… qu'est-ce qu'il m'avait dit déjà… ah oui, pour plus avoir faim, t'as qu'à bouffer le premier crétin que tu trouveras». Et il le fit.
Nous applaudîmes bien fort Ichigo pour sa prestation, riant aux éclats. Repas du midi. On mit de la musique, on dansa, on chanta. Ayame tenta de nous motiver pour quelques strip-teases et Ichigo proposa de me bourrer la gueule pour avoir un résultat concluant. Je refusai énergiquement de peur de commencer à dire des conneries compromettantes. Repas du soir. Ichigo me demanda d'aller chercher du sel. De retour, sentant un douce chaleur se diffuser en moi après avoir vidé un verre d'eau, je compris que c'était juste un prétexte pour mettre de l'alcool dans mon verre en toute tranquillité. Le salaud.
-M'en fiche! Je commence à bien résister à l'alcool, ça a plus d'effet sur moi! lui lançai-je.
Ils éclatèrent de rire en entendant ma voix chevrotante. J'étais toujours lucide, mais j'avais l'impression de ne plus contrôler mon corps. Je tournai mon regard vers la droite et rencontrai celui de Tseng.
-Tu sais que t'as de beaux yeux quand t'es détendu? lâchai-je sans préambule.
Je posai mes lèvres sur les siennes avant qu'il aie put dire quoi que ce soit. Elles étaient douces… Mais…
AAAAAAAAAAAAH! PAAAAS CAAAA! MA REPUTATION ! LA RUMEUR ! AAAAAAAH! MON DIEU! DA CHAO, POOURQUOOOOOI!
Je me retirai prestement. Je n'osais même pas me demander quelle expression je pouvais avoir. Je devais juste avoir l'air d'un parfait imbécile complètement ahuri.
-Mmh, quelles lèvres soyeuses…, lâchai-je avant de m'effondrer.
Les rires autour de moi s'estompèrent et ce fut le trou noir.
°°°
-Mmh, quelles lèvres soyeuses…
Ses yeux se révulsèrent une secondes et il s'évanouit. Ichigo et Ayame étaient morts de rire et moi je ne savais plus vraiment où me mettre, partagé entre le fou rire et l'inquiétude. Je n'en voulait pas (tant que ça) à Reno de m'avoir embrassé. Dans l'état où il était, ce n'était pas si surprenant que ça… Je me penchai sur lui pour constater qu'il n'y avait rien de bien grave.
-Putain, Ichigo… C'était puissant comme alcool! …Je vais le mettre dans sa chambre…
-Qu'est-ce que c'est, Tseng? Tu t'occupe de lui personnellement? ricana Ichigo. Ce baiser aura suffit pour que tu succombes à son charme?
-Honnêtement, vous formez un très beau couple, déclara Ayame avec un sérieux effrayant.
-Quoi!
-Toi et Reno allez très bien ensemble, vous faites un couple magnifique, répéta-t-elle.
-Mais pas du tout!
-Elle a raison ma foi…, l'approuva Ichigo.
-Tssk!
Je pris Reno dans mes bras, passai dans sa chambre et l'allongeai sur le lit. J'allai chercher un gant de toilette humide à la salle de bain et le passai sur son front, lui secouait un peu les épaules et il émergea.
-Tseng…? Laisse-moi dormir encore un peu…
Il referma les yeux et roula sur le côté, passant ses mains sous sa tête en guise d'oreiller. Je soupirai et repassai à côté.
-Il veut dormir…
-Va donc dormir avec lui, tu vas pas le laisser sans compagnie! plaisanta Ichigo.
Il lança un coup d'œil à l'horloge. Il était minuit passé.
-Il va falloir que je rentre, je travaille le lundi…, soupira-t-il.
-Moi aussi j'ai du boulot avec mes expériences…
Ayame tourna un regard implorant vers moi.
-Va falloir que j'y aille aussi… Tu prendras bien soin de Reno, hein?
-Quoi? Je…
-Merci, coupa-t-elle.
Ils rassemblèrent rapidement les deux ou trois choses qui traînaient, me demandèrent de passer leur salut à Reno et partirent en un clin d'œil. Je haussai les épaules et plongeai une main dans la manche gauche de mon kimono pour en sortir la petite fiole d'élixir donnée par Izutsuki.
-Autant… en profiter. Une si belle occasion ne devrait pas se présenter de sitôt…
Je passai dans la chambre de Reno. Il faudrait qu'il boive le liquide. Izutsuki m'avait conseillé d'y goûter aussi. Je devrais donc en prendre aussi…
-Tseng… ah… quelle migraine…
Il entrouvrit un peu les yeux et m'adressa un sourire en tendant une main vers moi.
-…Vraiment douces comme de la soie tu sais…
-Tu délires, Reno… L'alcool te fait délirer…
-Ah bon…? Hahahaha… …Laisse-moi t'embrasser chaton… hahahaha…
Ce rire était stressant. Il commença à se redresser. Il allait se réveiller pour de bon…
-Je vais te donner quelque chose à boire et t'ira mieux après.
-Je vais bien… Laisse-moi juste goûter encore une fois à tes lèvres…
Il se redressa complètement et s'avança vers moi. Il m'attira contre lui, je passai ma tête par dessus son épaule et jetai un regard désespéré à la fiole. Je l'ouvris et vidai son petit contenu dans ma bouche, incapable de résister davantage à Reno. L'alcool lui ôtait toute mesure, notamment pour ce qui était de sa force. Néanmoins, il m'embrassa avec une douceur à laquelle je ne m'attendais pas. Je croyais que j'allais mourir. Horreur. Est-ce que cette scène était bien réelle? Ok, il était déjà arrivé que Reno pose ses lèvres sur les miennes, par accident, et pour m'obliger à m'éloigner de lui quand il était à l'infirmerie… et quelques minutes plus tôt sous l'effet de l'alcool… mais là. Il m'embrassait presque… amoureusement…! Je finis par le repousser et nos bouches se séparèrent sans qu'il se plaigne. J'avais du mal à comprendre… mon esprit s'embrouillait sous l'effet de l'élixir. Se souvenir de la question. Izutsuki m'avait dit de me souvenir de la question.
-Reno… raconte-moi notre passé commun! lui ordonnai-je en articulant bien.
NdVixen: Il a pas été facile à écrire ce chapitre… mais je l'avais imaginé dans ses grandes lignes depuis très longtemps… Il y a du progrès dans la relation en tout cas… Je vais avoir droit à des «c'est pas trop tôt!»et des«et tu as mis un warning pour ça...!»je suppose…X3
