Warning: yaoi (toujours super soft)

Chapitre 26: Happy New Year!

Chat avait réussit à trouver du gui et en avait accroché à toutes les portes de mon appart. Si ça pouvait l'amuser… J'avais gagné pas mal d'espace en regroupant stratégiquement les meubles, il y avait de la place pour dormir dans ma chambre, et chacun devant amener de quoi grailler on ne devrait pas mourir de faim… seule un chose me tracassait: Coup de Lune passerait le réveillon avec nous. J'étais un peu inquiet de la réaction que les autres pourraient avoir en découvrant la créature qu'il était. Enfin, Dark Nation serait là aussi, alors ça passerait peut-être mieux…

°°°

Reno m'ouvrit et m'embrassa sur les deux joues d'un air totalement désintéressé. Il pointa le bouquet de gui suspendu à la porte.

-Au gui l'an neuf… Siam y tenait. Allez, entre, Tseng.

Je m'écartai prestement de sous le bouquet en voyant Rude sortir de chez lui et se diriger vers nous. Le rouquin lui sauta au coup pour atteindre ses joues et lui donna la même explication qu'il venait de me donner. J'avançai dans le salon où se trouvaient déjà Ayame et Ichigo, et Rufus. Qui avait emmené Dark Nation avec lui, lequel semblait «discuter» avec Coup de Lune.

-Salut Tsengali! me lança Ayame.

-Salut… …Heu «Tsengali»? Pourquoi tu m'appelles par mon nom complet?

-C'est plus féminin, et paraît que t'es abonné à…

-Non! la coupai-je avant qu'elle aie pu terminer sa phrase. Je suppose que ce crétin de rouquin t'as également précisé qu'il s'agissait d'une farce dont j'aimerais bien connaître l'auteur…

Elle me lança un regard désolé.

-C'est moins marrant quand on sait que c'est une blague… Tu ne sais pas qui te l'a faite?

-Non. Mais toi, oui peut-être?

-Len' a refusé de me le dire mais Ichigo est inspecteur…

-Je prend 20 gils de l'heure…, précisa-t-il. ça fait une jolie somme à la fin de la semaine.

Je leur lançai un regard désabusé.

-Premièrement, je peux très bien régler cette affaire tout seul. Deuxièmement… «Len'»?

-«Reno» prononcé à l'utaienne, ça fait «Leno». J'ai juste laissé tombé le «o», expliqua rapidement Ayame.

-Fais pas attention à elle, me chuchota Ichigo. Elle nous sort parfois des conneries monumentales…

Je réfléchis deux secondes.

-Un instant… Vous vous êtes revus depuis le 13… hein?

-J'allais pas laisser une jolie fille en détresse, elle va avoir besoin d'aide un de ces quatre…, déclara Ichigo.

-T'es en détresse? demandai-je aussitôt à ladite jolie fille.

-Mmh… En quelque sorte, mais je peux pas te dire pourquoi, ça gâcherait tout l'effet de surprise… Peut-être qu'un jour tu le sauras, mais il faudra attendre encore au moins quelques mois…

-Oh, vous êtes chiants à laisser planer le suspens comme ça…, soupirai-je. Je vais voir Rufus!

Je ne prêtai même pas attention aux sourires malicieux qui plissaient leurs lèvres et m'approchai du blond.

-Joli kimono, Tseng, ça change du costar…

-Merci du compliment… Tu te laisse pousser les cheveux? notai-je.

-J'ai parié que j'arriverais à abattre un zenth (une sorte de bestiole qui ressemble vaguement à un chien avec des piques sur le dos) d'une seule balle. Il a survécu et j'ai dut l'achever d'un coup de pied. Enfin, j'ai perdu mon pari alors j'en subit les conséquences…

-J'espère que ça ne te dérange pas…

-Non, pas du tout. Ça change, c'est tout. …Tiens, voilà Lena et James.

-Entre Lena et Leno je sens qu'on va s'amuser…, soufflai-je.

°°°

Je repoussai Reno qui venait de m'embrasser et m'essuyai la bouche par provocation.

-Au gui l'an neuf…, soupira-t-il en guise d'excuse.

-Et il y en a à chaque porte? demanda James.

-Une idée de ma sœur…, répondit Reno avec l'air de dire «elle a pas toute sa tête, faut l'excuser…». Mais la soirée aura au moins le mérite d'être amusante…

Le rouquin plongea son regard dans mon décolleté avec un de ces sourires en coin dont lui seul avait le secret.

-N'y compte même pas, Reno…

-Tu dis ça mais je suis sûr que tu serais la première à faire de même si Tseng desserrait un peu le haut de son kimono…, me rétorqua-t-il.

James braqua aussitôt son regard vers moi.

-Tu nous avais caché ça, dis donc…

-Je vais voir Rufus! coupai-je aussitôt.

-Ça tombe bien, Tseng est avec lui! me lança Reno alors que je m'avançais dans le salon.

Il y avait un homme et une femme que je ne connaissais pas, visiblement d'origine utaienne tous les deux, discutant dans un coin. Rufus et Tseng discutaient plus loin et Dark Nation jouait avec une drôle de créature à fourrure noire, très mignonne. La petite bête passa près de moi et s'arrêta pour se frotter contre mes jambes en émettant une sorte de miaulement. Je m'accroupis pour la caresser et elle se mit à ronronner joyeusement. Son pelage était doux…

-T'as fait connaissance avec Coup de Lune à ce que je vois… C'est drôle, d'habitude il est plutôt méfiant…

Reno s'accroupit à côté de moi et accorda quelques caresses à Coup de Lune.

-Si je peux me permettre, Elena… je trouve que t'es une fille bien, t'as du caractère, t'es jolie… bref… je sais que c'est pas pour rien si Tseng t'as demandé de nous rejoindre. Néanmoins, si je peux te donner un conseil, laisse tomber toute idée de sortir avec lui. C'est un bel homme, il est intelligent… il a tout à fait l'étoffe du mec bien, mais crois moi, t'as pas une chance avec lui.

-Tu me dis ça parce que tu veux sortir avec moi histoire de pouvoir tirer un coup de temps en temps? lâchai-je.

-Non, je dis ça pour toi. J'ai trouvé quelqu'un d'autre pour ce que tu dis…

Son regard se posa sur la femme d'origine utaienne.

-Elle?

Il hocha la tête avec un petit sourire malicieux.

-C'est une drôle de fille mais elle est sympa… La seule chose qui m'effraie avec elle ce serait qu'elle tombe enceinte et qu'elle ne me dise rien. Elle en serait tout à fait capable pour garder le gosse…

-Je t'imagine très mal en père…

-Moi de même. Quand je me vois je me dis que je voudrais surtout pas avoir de gamins ne serait-ce que de peur qu'ils me ressemblent, ça serait infernal.

-J'en doute pas.

Je me levai après avoir passé une dernière fois mes doigts dans le pelage de Coup de Lune et rejoignit Tseng et Rufus.

-Salut Rufus! lançai-je chaleureusement. Bonsoir, Tseng, ajoutai-je en me tournant vers lui.

-Bonsoir, Elena… Tu as eut droit à un traitement de faveur de Reno en entrant, non?

-Tu parles du fait qu'il aie voulu m'embrasser? …Ce type est un dépravé mental, je plains la fille qui est avec lui en ce moment.

-Il n'est pas tellement pire qu'Ayame tant qu'il reste sobre, murmura Tseng en riant légèrement. Reno est un gamin, il ne tient pas encore bien l'alcool…

-Hum, ça peut être intéressant… J'aimerais bien le voir bourré, ça doit être encore plus amusant que de le voir shooté à mort…, déclara Rufus.

-Pas vraiment, non, tenta de le détromper Tseng. Il se met à draguer n'importe qui de façon assez libertine. A Junon, Rude m'a raconté qu'il a presque violé la serveuse d'un bar. On n'a jamais sut si elle était consentante ou non. Ça a l'air idiot comme ça, mais imaginez que vous soyez sa victime…

Rufus bloqua un instant.

-«vous» au sens moi et Elena? …Il drague même les mecs?

Tseng ne répondit que par un sourire moqueur et s'éloigna.

°°°

Je voulus entrer dans la cuisine pour voir Siam et Rude, mais la rouquine sortit au moment où je passais la porte et se cogna contre moi.

-Désolé…

-C'est rien, Tseng.

Elle déposa ses lèvres sur les miennes et passa dans le salon tandis qu'un «houuuuu» s'élevait parmi les autres. Je haussai les épaules et tournai mon regard vers Rude.

-Alors? T'essaies de me piquer ma copine? blagua-t-il.

-Même si c'était le cas, Siam et toi c'est du chiqué…

Il ne répondit rien

-…Tu viens à côté ou tu préfère rester planté là en regardant cette pile d'assiettes? lui demandai-je.

-Vas-y le premier, je te suis. J'ai pas particulièrement envie de franchir le seuil en même temps que toi.

-…Tu fais bien de me le rappeler, c'est réciproque.

Je repassai donc dans le salon. Puis ce fut au tour de Rude. Chacun faisait plus ou moins attention au gui… Siam avait l'air contente de son coup.

-Mais j'aimerais quand même bien qu'ils l'oublient…, m'avoua-t-elle. Ce serait plus amusant.

-En même temps, il n'y a vraiment pas beaucoup de filles comparé aux hommes… On a pas tous envie de se taper la Rumeur du rouquin…

-A ce propos, Rufus m'a dit qu'il avait invité quelqu'un spécialement pour vous faire plaisir à toi et Reno…

-…Ah bon…? Et tu sais qui c'est?

Elle secoua négativement la tête.

-Devrait plus tarder à arriver… tout ce que je sais.

En effet, il ne fallut plus longtemps pour qu'on sonne.

°°°

J'étais en pleine conversation avec Rufus, James et Ichigo quand on sonna.

-Va ouvrir, Reno, c'est toi qui reçoit c'est donc toi qui ouvre la porte…, m'enjoignit Rufus.

Je lui lançai un regard suspicieux et me dirigeai vers la porte. Je l'ouvrit et là, mon cœur s'arrêta de battre deux secondes. A part la couleur prune de ses cheveux teints, c'était bien la même personne que cet été…

-TOI!

-Oui, moi. On dirait que t'as pas changé gentil petit garçon… Toujours aussi impulsif?

Je ne répondit rien, inspirant le plus calmement possible.

-C'est Rufus qui t'as invitée? Comme c'est gentil de sa part…, susurrai-je d'un ton presque mièvre. Allez, entre. Enfin, juste une petite formalité d'abord.

Je posai mes mains sur ses épaules en lui adressant un rictus moqueur et l'embrassai avec une insolence effrontée.

-Au gui l'an neuf très chère…

Elle eut un petit sourire amusé.

-J'espère que tu as invité ton petit ami dans ce cas…

-Désolé de te décevoir mais il s'agit d'une petitE amiE. Laisse tomber cette Rumeur que tu as lancée sur moi…

-Je suis impressionnée par ton calme et ta politesse, Reno. Quel gentil garçon tu fais…

Elle voulu avancer mais je la retint.

-Dis ce que tu veux, Leen. Si je m'énerve, tu vas me sortir «y'a que la vérité qui blesse» et sinon, tu m'appelleras «gentil garçon». J'ai pas d'échappatoire à ton jeu, mais sache qu'il ne m'atteint plus.

-Oh, tu as appris à assumer ta condition, c'est très bien…, se moqua-t-elle.

Je me plaquai une main sur les yeux et la laissai partir. Quelle peste cette prof.

°°°

Leen. Leen Aztariel. Elle n'avait pas vraiment changé… à part le fait qu'elle s'était teint les cheveux et qu'ils avaient un peu poussé, elle n'avait pas vraiment changé…

-Tseng, ça fait un bail…

-Leen… Tu viens pas dans le but de me remettre le grappin dessus j'espère…

-Je t'avouerai que c'est pas mon but premier, mais que s'il y a moyen, je n'hésiterai pas… C'était tout de même agréable l'autre fois…

-Tu ne voudrais pas plutôt tenter ta chance avec Rufus?

-T'es pas marrant, Tseng. Je parie que t'es seul depuis l'aventure qu'on eu ensemble…

-Écoute un peu. Dans la vie, on rencontre différentes personnes avec des modes de pensées différents, des goûts différents, des envies différentes…

-Bref…?

-On est différents toi et moi, t'as envie de t'envoyer en l'air, et moi non.

-Tss! C'est pas ce que je voulais dire! Et me fais pas croire que t'en a jamais envie, tous les mecs en ont envie, en ont besoin. C'est bien de mater des films et des magazines pornos, mais quand il y a de l'interactivité, c'est quand même mieux, non!

-Tu me confond avec Rude…

Le susnommé avait parfaitement entendu la conversation et leva aussitôt les yeux.

-T'avais tort tout à l'heure, Tseng. Siam et moi, c'est pas qu'une couverture, tu sais… Et quand bien même elle ne serait pas là, l'interactivité ça se trouve facilement…

-Vous m'écœurez tous les deux… Je crois qu'on a pas les mêmes préoccupations…

La soirée se poursuivit et Siam finit par persuader Reno de nous jouer quelque chose de dansant.

-Allez, joue-nous un peu quelque chose…, lui demanda Siam pour la je ne savais combientième fois.

-D'accord, d'accord! lâcha le rouquin d'un ton exaspéré.

-Sup-per!

Il passa dans sa chambre et revint avec un synthé. Je ne savais pas exactement quand il en avait fait l'acquisition, mais ce devait être au début de l'été. Ça avait donné lieu à de nouvelles disputes entre nous étant donné que nous n'avions toujours pas fait renforcer les murs. Il brancha rapidement la bête et sortit quelques notes au hasard histoire de régler deux ou trois paramètres avant de commencer à jouer. J'avais déjà entendu le morceau quelque part, je ne savais où… c'était entraînant. Ichigo et Ayame se mirent rapidement à danser, Siam invita Rude, Rufus fit de même avec Leen et Elena se chargea de donner une petite leçon de danse à James. Je m'approchai de Reno pour le regarder jouer. J'avais l'impression qu'il ne regardait même pas le clavier. Il avait presque le regard dans le vide et un de ses petits sourires sur les lèvres. Ses doigts couraient dessus, trouvant naturellement la note voulue comme s'ils agissaient indépendamment de leur propriétaire. Reno jouait bien, je ne pouvais que l'admettre… Je savais qu'il n'avait jamais pris de cours, il avait juste une bonne oreille et pouvait reproduire ce qu'il entendait. Il n'avait aucune méthode et ça se voyait à son doigté. On lui aurait attaché des fils à chaque doigt, on aurait eu un beau tricot à la fin du morceau… Ça avait quelque chose d'amusant de par cette sorte d'innocence, de naïveté qui se dégageait de ce spectacle. Je me rendis alors compte que j'étais en train de sourire. C'était un léger sourire qui plissait mes lèvres, mais c'était un sourire franc. De ceux que j'accordais avec parcimonie. A Aerith par exemple. J'entendis un clic d'appareil photo et levai les yeux pour les poser sur Rude et Siam. L'armoire à glace tenait l'arme du crime.

-Fais comme si on n'était pas là, me lança Siam. Vous êtes mignons tous les deux.

-Mignons? Qu'est-ce que tu sous-entends par «mignons»?

-Rien du tout. C'est juste que vous êtes beaux à voir alors on s'est dit que ça ferait une jolie photo souvenir…

-Pff… Qu'est-ce qu'il faut pas entendre…! Vous au moins avez intérêt à nous donner des doubles…

-Pas de problème!

°°°

Rufus ouvrit la porte et exécuta une sorte de révérence, laissant le passage à Leen. Nous sortîmes tous sur le balcon. On voyait assez bien le ciel. Nous étions tout de même… au 70ème étage de la Tour. Et on se les gelait. A cette altitude en plein milieu de l'hiver, fallait pas s'attendre à autre chose…

-Alors? Est-ce que c'est pas l'endroit parfait? demanda Rufus.

-A par la température, c'est parfait en effet, répondit Elena. Un peu de musique arrangera les choses, danser ça tient chaud.

Reno entra sur le balcon avec une rallonge et leva les yeux au ciel en me voyant déposer des baffles d'un certain poids tout de même. On s'occupa des raccordements puis Elena nous fila un enregistrement alive (pirate, sans doute) d'un concert du groupe Loques n' LoL.

-D'où vient le nom de ce groupe? lui demandai-je.

-Le chanteur a des origines utaiennes et un fort accent, et les utaiens ont tendance à prononcer les R comme des L. A chaque fois que le concert commence, t'as dû remarquer que le chanteur crie «Rock n' Roll!» mais avec son accent…

-Ça devient Lock n' Loll…, termina Reno. Ils ont joué sur les mots et les expressions.

Le rouquin appuya sur «Play» et tout le monde se mit à danser et chanter… ça tenait chaud.

«Chante, chante, chante, ça tient chaud»

Environ une demie heure avant minuit, Rufus chargea Tseng et Reno d'aller chercher deux trois trucs qu'il avait apporté. Le rouquin ralla un peu mais ils y allèrent.

-Hum… En fait, ce serait bien que tu y ailles aussi, Rude, me lança-t-il après un moment. C'est pas vraiment léger et ils auront peut-être besoin de toi… …Et puis on sait jamais ce qui peut arriver avec ces deux là…, ajouta-t-il plus bas.

Je lui adressai un sourire entendu et descendit au 69ème pour prendre l'ascenseur.

°°°

Cinq minutes. Cinq minutes pour descendre les 70 étages de la Shin-Ra. Plus qu'assez de temps pour qu'une dispute éclate entre moi et Tseng…(?)

-Tu es doué en musique… mais ton doigté laisse à désirer, non?

-Tant que j'arrive à jouer, je ne me pose pas de questions…

Je m'appuyai contre la paroi de l'ascenseur et lançai un regard à la ville défilant à travers la vitre de verre.

-Tseng…

-Oui?

-T'aurais un sujet de discussion de cinq minutes pour meubler le blanc?

-Pourquoi le meubler? répliqua-t-il.

-J'aime pas trop le silence, ça fait… vide.

-Le vide est un plein.

Je haussai les sourcils d'un air incrédule.

-Philosophie utaienne, c'est ça?

Il hocha la tête. Encore quatre minutes trente. Je m'assis en soupirant de lassitude et me lançai sans m'en apercevoir dans la contemplation de Tseng. Mon regard finit par croiser le sien et je me lançai aussitôt dans la contemplation de mes chaussures. Leen, Elena et moi. Pourquoi est-ce qu'on était tous après lui? Qu'est-ce qu'il avait de spécial? …Je n'en savais rien. Je relevai discrètement les yeux vers lui. …Peut-être tout simplement son calme. «Le vide est un plein». Ce devait être la même chose avec cette apparence calme. Et puis il y avait sa sérénité. Je me sentis frissonner. J'avais envie de tout lâcher, tout lui avouer. Et en même temps, faire cela maintenant signifierait sans doute le perdre à jamais. Le pire des châtiments. Je l'aimais, j'avais besoin de lui, même si cet amour était à sens unique. J'avais au moins besoin de sa présence. Si on m'ôtait cela, il ne me resterait plus rien. Depuis que j'avais tout lâché pour entrer dans les Turks, Tseng était devenu, peu à peu, sans que je m'en rende compte… ma raison de vivre.

Ça a quelque chose de désespérant…

On arriva enfin au rez-de-chaussée. Direction mon appart.

-Tseng, pourquoi tu sors pas avec Leen ou Elena?

-Parce que je n'en ai pas besoin, je n'éprouve rien pour elles et je ne suis pas non plus un excité. Je n'aime pas faire des choses sans raison.

Je passai mon pass dans la fente de sécurité et il poussa la porte.

-Je crois qu'il faut toujours avoir une raison pour faire quelque chose, même si elle est mauvaise, sinon, tout perd son sens.

Il s'était arrêté sur le pas de porte. J'étais juste à côté de lui. Et juste au dessus de nous…

J'ai envie de t'embrasser…

-Au gui l'an neuf, Tseng.

Je suis vraiment un crétin… Je dois être fou. Ouais, c'est sûr. Je suis fou d'amour…

Il avait entrouvert la bouche pour dire quelque chose, mais je ne lui avais pas laissé le temps de sortir un mot, soudant nos bouches l'une à l'autre. Mon esprit était divisé en deux, ma conscience me hurlant que j'étais en train de faire une des plus belles conneries de ma vie –parce qu'après tout, nous n'étions pas obligés de respecter cette tradition idiote– et mon ego m'enjoignant à m'abandonner à cet instant. Je ne savais pas vraiment qui écouter. Je voulais obéir à ma conscience, mais mon corps préférait mon ego. J'entrouvris les yeux pour m'apercevoir qu'il avait fermé les siens.

Je vais peut-être un peu loin, là… Ses lèvres sont douces, sa langue…

Je mis fin à ce baiser, tentant de ne pas rougir et de prendre un air moqueur histoire de faire croire à une plaisanterie. Il me regardait, sourcils écarquillés. Il avait rougit.

-Reno… Tu le fais exprès… T'as pas encore touché à une goutte d'alcool ce soir… non?

-Dis-toi que j'ai fait ça pour essayer de t'énerver un peu. Et puis, respect des traditions… Voilà deux raisons aussi mauvaises l'une que l'autre, mais deux raisons.

-T'es impayables, toi…, soupira-t-il en se passant une main sur les yeux. Un moment, j'ai cru que…

J'attendais la suite avec appréhension, me sentant déjà rougir légèrement. Il souriait, l'air soulagé, les joues encore rosies, quelques mèches de cheveux tombant sur son visage…

-…J'ai cru que tu… Laisse tomber. Je ne devrais plus jamais écouter Leen…

-T'as cru que j'avais réellement envie de faire ça, qui sait même que je suis amoureux de toi, c'est ça? T'as cru ça sur le moment? …En effet, tu devrais plus écouter cette idiote, personne ne le devrait d'ailleurs. …Mais ça signifie qu'avant t'y croyais pas, ce qui implique que tu me traitais de gay juste par simple foutage de gueule, salaud… Et en plus, t'as participé à la répandre cette connerie de Rumeur!

Je lui décochai un direct du droit plus symbolique qu'autre chose.

-Espèce de salope échevelée…

-Petit salopard décervelé. Ça rime.

-Tss…

Je sursautai en entendant des bruits de pas. Rude venait d'arriver.

-J'espère que je vous dérange pas trop dans vos ébats amoureux…

-Quels ébats? demandai-je aussitôt.

-Je disais ça comme ça. Rufus m'a demandé de vous aider pour monter le matos…

Ça m'était sorti de la tête. Nous prîmes chacun un carton sauf Rude qui en prit deux, et retournâmes au 70ème. La musique allait toujours bon train… Rufus nous aida à ouvrir les paquets et à installer leur contenu dans le coin le plus reculé possible du balcon. Quand minuit approcha, on coupa la musique et on se groupa à l'opposé du matériel que nous venions d'installer. Le décompte commença et Rufus le termina en appuyant sur le bouton d'une télécommande. Les fusées que nous avions installées décollèrent, illuminant le ciel de toutes les couleurs. On se souhaita tous une bonne année, on s'embrassa, bref… le rituel annuel.

Je me sens bien avec les autres. Je crois qu'on est à peu près sur la même longueur d'onde même si on ne s'en rend pas compte… Je sais qu'au fond, j'aime tout ceux qui sont présents ici ce soir, même Leen. La seule chose qui me fait mal… c'est cet amour à sens unique. J'ai bien l'impression qu'il restera ainsi longtemps, peut-être même à jamais. J'aime Tseng. Mais je crois qu'il préfère les femmes. Ce serait bien naturel. Et puis… sortir avec son supérieur hiérarchique… ça se fait pas. Tout va contre mes sentiments, je devrais peut-être me faire une raison. Ou sauter tout de suite par dessus le balcon.

-Hé, Leno, reste avec nous…

Ayame me rattrapa par le col alors que j'allais basculer par dessus la rambarde du balcon.

-Pourquoi? lui demandai-je dans un murmure.

-Parce qu'on n'a pas le droit d'abandonner un combat aussi facilement. Les Honneurs qui marquent ton visage devraient te le rappeler, non? La vie, c'est ce qu'il y a de plus beau et de plus cruel en ce monde et elle ne nous offre qu'une seule chance. Le tout, c'est de l'entretenir cette chance, en profitant de la vie au maximum. C'était intentionnel ce que tu viens de faire, je me trompe?

-Comment tu veux que je profite de la vie? Tu connais ma situation…

-Oui. Et je sais que tu as le pouvoir de la changer en pire ou en meilleur, à toi de voir. Mais tu n'as pas le droit de te suicider tant qu'il te reste encore une raison de vivre. Les gens changent avec le temps, il en est parfois de même pour les sentiments… Courage, Leno.

Elle me serra tendrement dans ses bras.

-J'aimerais bien l'entendre à nouveau m'appeler ainsi, ça m'amusait quand j'étais gosse…,murmurai-je.

-Que Tseng t'appelles «Leno»?

-Oui… Tseng et personne d'autre… …Je deviens fou.

-Courage, bordel, courage. Le suicide est une preuve de lâcheté. Si tu sautes, c'est dans le déshonneur total que tu tomberas.

Je reniflai et me serrai un peu plus contre elle, enfouissant la tête au creux de son cou.

-Merci Aya…, lui chuchotai-je au creux de l'oreille. Merci de prendre soin de moi.

NdVixen : Et voilà… ça fait un peu plus d'un an depuis le début de la fic! Les années suivantes devraient néanmoins s'écouler un peu plus vite pour certaines qui seront moins riches en évènements que d'autres. Mais sinon? Vos impressions sur ce chapitre? Yaoi, yaoi… ça y est on y est… Vous remarquerez que malgré la prédominance des mâles, c'est pas homoland! Le yaoi tue le yaoi alors moi je dis Vive la parcimonie. Il y aura peut-être juste un autre couple, mais ce sera pour plus tard… Note: Le zenth, c'est une bestiole qu'on peut rencontrer dans la Tour Shin-Ra après que JENOVA se soit échappée (on rencontre aussi des monstres qui y ressemblent dans la grotte GI). C'est bien que j'aie relu ce chapitre en tout cas, parce que je me demandais sérieusement ce qu'un de mes amis entendait par «le décompte»… J'avais oublié! (il tombe bien ce chapitre, non? joyeuses fêtes!)