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Chapitre 28: It's Hard to Be the Leader of the Turks!
Je laissai un mot à Tseng pour m'excuser de ne pas être là puis filai au hangar en attachant mes lunettes d'aviateur, je sautai sur ma moto et quittai la Shin-Ra à toute vitesse. Ça ressemblait pas à Aya d'être inquiète comme ça, je me demandais vraiment ce qu'il pouvait s'être passé avec Hojo… Je me garai rapidement devant chez elle, sonnai, elle ouvrit, j'entrai.
-Alors? Qu'est-ce qu'il y a?
-Je vais te raconter…
-°-
Il était accoudé au bar. Je l'avais tout de suite reconnu… J'ai pas put m'empêcher d'aller lui parler, j'avais trop de questions dont lui seul connaissait les réponses…
-Félix?
-Pour vous c'est Professeur Felician Hojo, ou encore mieux, Professeur Hojo, me répliqua-t-il sans lever les yeux de son rapport.
-Felician! Tu ne te souviens pas de moi! Ayame!
Il leva les yeux vers moi et se plaqua une main sur le front comme s'il était assailli par une violente migraine.
-Ayame…, répéta-t-il. Hmm… Si je me souviens… Qu'es-tu devenue?
-Je suis scientifique free-lance, je gagne ma vie avec mes expériences… Mais toi? Tu bosses pour la Shin-Ra, je sais, mais… à propos de nos petites expériences secrètes? Tu les as poursuivies?
Il se plaqua à nouveau une main sur le front.
-…Oui… Mais ça ne te regarde plus.
-Felician… Tu m'as écrit une lettre il y a dix-huit ans… Tu disais juste «j'ai réussi». Tu avais réussi cette expérience à laquelle je ne voulais pas participer, c'est ça? Celle sur le clonage…
Il se plaqua encore une fois une main sur le front.
-Oui… Une véritable réussite… Je n'aurais jamais imaginé obtenir de résultats aussi concluants…
J'étais un peu choquée.
-Qui as-tu utilisé comme cobaye! Qui as-tu cloné!
-Tu n'as pas à le savoir… Pauvre idiote, la science ne progressera jamais avec des personnes dans ton genre… Tu manques d'audace.
-Toi en revanche, tu manques d'imagination…, lui rétorquai-je. Tu auras beau avoir de l'audace, tu seras toujours un scientifique de seconde zone. J'ai entendu dire que tu n'arrives même pas encore à atteindre la cheville de Gast même en te dressant sur la pointe des orteils…
-Petite sotte… Tu crois m'impressionner avec tes critiques douteuses d'anthropomorphe femelle décérébré? Tu ferais mieux de te taire…
-Imbécile… Moi j'ai réussi et je le sais. Achète-toi de nouvelles lunettes… quelque chose dans mon physique devrait pourtant t'avoir choqué…
Il se plaqua une main sur le front pour la quatrième fois.
-…Tu n'as pas vieilli on dirait…
-Tu vois. Tu ne peux qu'admettre l'évidence vieux fou, je ne suis pas une ratée comme toi!
Il écarquilla soudainement les yeux.
-Je ne suis pas un RATE! hurla-t-il.
-Excusez-moi, mais pour les bagarres, c'est dehors…, nous pria le barman alors que Hojo levait la main sur moi.
Nous nous défiâmes du regard et sortîmes du bar.
-Tu es un raté, Hojo, être directeur du Département en Recherche Scientifique de la Shin-Ra est loin de signifier que l'on est un grand scientifique.
-NE-M'APPELLE-PLUS-JAMAIS-«RATE»! vociféra-t-il. Tu ne vaux même pas mieux que moi, je t'interdit de me critiquer!
-Si! Je vaux mieux que toi! Je ne suis pas folle, moi! Tu conduiras ce monde à sa perte avec tes maudites expériences!
Il me regardait avec des yeux de fou… Il dégaina un revolver et me tira dessus. J'esquivai le coup de justesse.
-HOJO! RANGE CETTE ARME, ESPECE DE FOU!
Il lâcha un petit rire nerveux et me remit en joue. Je me baissai juste à temps pour éviter le coup de feu, en profitai pour ramasser la première chose que je trouvai par terre – une bouteille de bière – et la lui lançai en plein dans la main. Il lâcha le flingue et je lui sautai dessus.
-°-
-On s'est battus à main nue et j'ai finit par l'assommer. C'était de la légitime défense… mais Hojo peut me faire exécuter sans préavis s'il le veut… Je suis une femme morte, Reno…
Je la serrai contre moi et passai mes mains dans ses cheveux pour la calmer.
-Mais non Aya…
-Si. J'ai pas réfléchi, j'ai envoyé une demande de rançon pour m'enfuir avec le fric…
-Tu as fais ça! …Aow… ça va compliquer les choses, j'espère que Tseng n'est pas encore au courant…
Je fermai les yeux et me mis à réfléchir à toute allure.
-Mmh… J'ai peut-être un plan. C'est risqué mais ça peu marcher… Tu aurais un puissant narcotique?
-Oui… De quoi assommer un troupeau de Behemoths.
Le rêve…
°°°
Le rouquin s'était barré… ça n'avait pas vraiment plu à Tseng, mais l'utaien avait décidé de prendre ça du bon côté en pensant qu'au moins, il ne nous ferait pas chier. Ça, c'était le mauvais côté en fait… Reno n'était pas là pour nous emmerder alors on s'était emmerdés comme des rats morts. L'utaien m'avait envoyé régler le compte d'une ou deux personnes, et était parti de son côté pour sa mission de routine dans le Secteur 5… Aaah… Queeelle jooournééée paaalpiiitaaante…
°°°
Je sonnai à la porte de Tseng de bonne heure.
-Reno, qu'est-ce que tu veux? Il est même paaaaas… sept heure…, soupira-t-il en bâillant.
-A quelle heure tu as rendez-vous avec Heidegger?
-Huit heures, pourquoi?
-Il faut que je te dise un mot…
Je lançai des coups d'œil furtifs à gauche et à droite comme pour vérifier qu'il n'y avait personne et me penchai vers lui comme pour dire un secret.
-Sommeil, murmurai-je en serrant fortement la materia Sceller dans ma main.
-Que…
Il s'écroula et je le rattrapai de justesse. Je l'emmenai dans sa chambre et l'allongeai sur son lit. Ayame m'avait expliqué comment injecter le narcotique. Je fis cela rapidement en faisant attention de ne pas blesser Tseng pour ne pas laisser de traces, puis l'installai confortablement sous ses couvertures. Tout allait comme je l'avais prévu. J'en profitai pour faire un petit tour du propriétaire. Il avait pas mal de CD, une bibliothèque assez bien garnie… et je lui aurait bien piqué deux ou trois trucs, mais ce n'était pas vraiment le moment. Je rentrai chez moi pour mettre mon uniforme et manger un peu avant d'aller affronter la bête.
7:45. Je quittai mon appart et pris la direction de la Tour Shin-Ra. J'entrai dans un des deux ascenseurs et une femme s'y glissa juste avant que les portes se referment. Cheveux blonds, robe rouge écarlate au décolleté prodigieux et fendue jusqu'au hanches… Scarlet.
-Tseng se fait remplacer, aujourd'hui? s'étonna-t-elle.
-Il est complètement crevé alors je prends la relève…
-Il aurait peut-être dû envoyer Rude… Tu n'es pas de constitution un peu fragile pour faire face à Heidegger?
-Fragile? Moi?
-Fais voir un peu… On a le temps de toute façon… Cet ascenseur n'est pas si rapide que ça…
Shiva… Quelle allumeuse cette femme!
Elle déboutonna rapidement ma chemise (qui n'était déjà pas fermée correctement, comme toujours…).
-Scarlet… Je… Je crois pas que ce soit vraiment le moment… Arrêtes ça.
-Qui te permet de me donner des ordres?
Je baissai les yeux. Elle avait tout droit sur moi. Je pouvais me retrouver à la porte du jour au lendemain si ça lui plaisait… Elle passait ses mains sur mon torse et mes abdominaux. C'était agréable, pour sûr, mais tout de même…
-Et Tseng a le droit à ça tous les jours? demandai-je.
-Seulement quand il ne part pas assez tôt pour prendre les escaliers. Il fait tout pour m'éviter… Et puis il se laisse faire bien moins facilement.
-M'étonne pas de lui… Mmh, on arrive bientôt…
-Encore deux petites minutes, Reno…
Ça faisait une drôle de sensation de l'entendre m'appeler par mon nom…
-C'est toi qui rendra les rapports à Heidegger ce soir?
-Sans doute… pourquoi? Tu vas m'attendre à la sortie de son bureau pour me sauter dessus?
-Imbécile…
Elle me gifla. J'avais connu pire avec Tseng, mais tout de même… elle avait de la force mine de rien.
-Désolé, mais c'est Tseng l'imbécile, moi je suis juste un crétin…
Elle haussa un sourcil. Je reboutonnai rapidement ma chemise et m'empressai de sortir quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.
-Reno!
-Oui?
-Ce soir, tu m'expliqueras la nuance entre imbécile et crétin.
Je me retournai et frappai à la porte du bureau de la bête…
-Entrez…
J'entrai donc. Il leva la tête vers moi, affichant sa surprise.
-Tseng n'était pas en état pour…
-Est-ce que je t'ai donné la parole? coupa-t-il.
Aow… ç'allait pas être facile.
-Tseng t'a désigné pour prendre sa place?
-Oui, ce matin même, mentis-je. Je suis passé chez lui et il allait vraiment mal. Il m'a demandé de le remplacer.
-Il aurait pourtant dû envoyer Rude, normalement…
-Je n'ai fait qu'obéir à mon chef. Il me dit de le remplacer, je le remplace…
J'étais au même niveau que Rude dans la hiérarchie des Turks. Et à part son statut de chef, Tseng était également un Turk au même titre que nous. Pourtant, il y avait un ordre de délégation. S'il arrivait quelque chose à Tseng, Rude devait le remplacer. S'il arrivait quelque chose à Rude, je devais le remplacer. Et s'il m'arrivait quelque chose, on n'était pas dans la merde…
-Approche, aboya Heidegger.
Il me tendit un papier où était tapé notre ordre de mission.
-C'est pas une mission de routine aujourd'hui, alors t'as intérêt à assurer. Hojo a été enlevé par une tarée qui réclame un million de gils contre sa vie. Procédure habituelle, tu connais…?
-On récupère le vieux fou, on garde le fric et on tue la fille…
-Exact. Maintenant, dégage de ce bureau, j'ai d'autres chats à fouetter.
Je ne me fit pas prier davantage pour sortir. Il ne m'avait pas frappé. Sans doute parce que c'était le matin et qu'il fallait quand même que je bosse. Ce soir, ce serait autre chose… Je pris l'ascenseur et descendit au Salon pour prendre connaissance des détails de cette mission… Rien dont je ne sois pas déjà au courant… Je pris le temps de modifier la hiérarchie de notre groupe sur l'ordinateur, échangeant ma place avec celle de Rude. Ce dernier ne tarda plus à arriver, surpris de me trouver là de si bonne heure.
-Tseng ne viendra pas, c'est moi le chef aujourd'hui, annonçai-je.
-Et depuis quand?
-Tu peux consulter l'ordi si tu veux, mais ça ne te servira pas à grand chose…
Il se leva tout de même pour aller vérifier mes dires.
-…Pourquoi pas… Je n'aime pas tellement prendre des décisions.
Je lui expliquai rapidement en quoi consistait notre mission du jour et il ne tarda pas à m'interrompre.
-Reno, comment s'appelle la fille?
-C'est important?
-Je crois, oui…
-Et bien moi je te dis que non.
Il me lança un regard soupçonneux accompagné d'un sourire en coin.
-C'est Ayame, hein? Petit salopard, t'as voulu jouer au plus fin… Où est Tseng?
-Il est chez lui, alité, répondis-je. Quoi qu'il arrive, il ne se réveillera pas avant ce soir.
-Qu'est-ce que tu lui as fait?
-T'occupes, Rude… C'est pas le moment de parler de ça. On a une mission, on parlera de Tseng en rentrant si tu veux, mais pour le moment, c'est le cadet de mes soucis, capiche? Amène-toi, je t'expliquerai la suite en chemin.
Il ne bougea pas d'un iota.
-Amène-toi j'ai dit.
-Je ne vois même pas pourquoi je devrais obéir à un gamin comme toi. Tu vas faire foirer la mission pour qu'Ayame s'enfuie, tu serais même fichu de lui refiler le fric…
-Rude… Qu'est-ce que ça te ferait d'être viré des Turks?
-Tu n'as pas les moyens pour faire ça.
-Moi je crois que si. Peu importe si je dois passer toutes mes nuits dans le lit de Scarlet pendant des mois pour ça. Je suis déterminé, Rude, alors je te conseille d'obéir à chacun de mes ordres. Au doigt, et à l'œil…
Il resta silencieux un moment.
-Tu es pire que Tseng quand tu t'y mets…
Il se leva et nous quittâmes le Salon. Direction le Secteur 6. Un terrain vague peu fréquenté.
°°°
Ça me faisait mal de l'admettre, mais Reno avait presque la carrure pour être chef. Il manquait juste d'expérience… Il était capable de se montrer calme et confiant, totalement sûr de lui. Il me menait d'une poigne de fer, se reposant sur moi mais pas trop non plus. Il avait raison de se méfier après le coup que je lui avais fait… Pas que j'envisageais de le trahir, non, bien sûr que non, mais prudence est mère de sûreté…
Mon rôle était de m'occuper du taré pendant que Reno réglait le compte d'Ayame. A première vue, c'était simple. Trop simple.
°°°
-Salut Reno…
-Salut Aya… Où est le cinglé? lui demandai-je.
-Pas loin d'ici, je vais aller te l' chercher. T'as le fric?
Je hochai la tête et agitait la valisette que je tenais.
-Un million de gils… Vas chercher le dingue.
On savait qu'on ne se reverrai sans doute jamais plus et ça nous serrait le cœur… Elle eut un petit sourire triste et s'éclipsa le temps de faire sortir Hojo du coffre d'une voiture. Bien fait pour sa gueule à ce vieux fou, j'espérais que son séjour là-dedans avait été bien désagréable. Elle revint avec lui et je notai tout de suite un drôle de collier autour de son cou.
-C'est quoi ça?
-Ma garantie, Reno. Si je meurs, ça saute et il n'y survivra pas.
-Mmh, je vois… Tu as pris tes dispositions…
-Et ce n'est pas tout… J'ai une petite télécommande grâce à laquelle je peux également faire sauter le collier à distance, pratique, non?
-Plutôt, ouais… T'as regardé Battle Royale dernièrement ? ...Hem... On procède à l'échange…?
-Allez…
L'ambiance était horrible, on faisait comme si de rien n'était alors qu'on savait parfaitement ce qui allait se passer. C'était insupportable…
Nous nous avançâmes l'un vers l'autre, moi avec la mallette, elle avec Hojo.
-Tu sais ce qui va se passer, murmurai-je.
-On se retrouve là où tu sais…
-Faux billets, mallette piégée…
-Capiche…
J'ouvris la mallette pour lui en montrer le contenu comme le veut la coutume, la refermai dans un petit clic signifiant la mise en marche du système de protection de la mallette. Elle la prit et poussa Hojo vers moi. Je le poussai vers Rude qui l'emmena aussitôt avec lui.
-La télécommande s'il te plaît…
-Attends au moins que je sois prête à défoncer le champignon de ma bagnole…
Je l'escortai dérisoirement jusqu'à sa voiture, elle s'installa, ouvrit sa fenêtre et m'embrassa.
-J'suis en service là…, soufflai-je.
-A tout à l'heure alors…
Elle me glissa la télécommande dans la main, je m'écartai et elle démarra. Rude dégaina aussitôt son revolver, prêt à tirer.
-Rude! Le collier! Elle crève et Hojo y passe!
Il baissa aussitôt son arme.
-TIRE, CRETIN! lui hurla Hojo. TIRE! J'ai désactivé son système!
-Laisse tomber, Rude, elle est trop loin…
Je m'avançai d'un pas traînant vers le scientifique.
-T'as failli y passer, hein… Dommage que tu sois encore en vie. Ayame aurait dû t'écorcher vif et s'enfuir avant que qui que ce soit ne se rendre compte de ta disparition…
-Ferme-la, Turk. Cette fille est encore en vie… Je m'arrangerai avec Heidegger pour que vous me la rameniez vivante, j'aimerais l'ajouter à ma collection de précieux spécimens…
-Désolé, vieux fou, mais nos ordres sont de la tuer et je vais m'occuper d'elle cet après-midi. Rude, on rentre.
L'armoire à glace balança Hojo dans la voiture avec laquelle nous étions venu, prit place au volant et je m'installai à la place du mort.
-Comment tu vas faire pour la retrouver? me demanda Rude quand nous fûmes rentrés.
-Y'a un mouchard dans la mallette. Et si ça répond pas, c'est que la mallette aura été ouverte et aura donc explosé. La dernière solution, c'est qu'elle ait abandonné le pognon, auquel cas je la retrouverai par mes propres moyens… Allez, j'y vais, toi tu me rédige un rapport.
Et je le plantai là. Je pris le premier train pour les Taudis et filai au bar où je l'avais rencontrée. Elle m'attendait déjà, en compagnie d'Ichigo.
-Venez, leur ordonnai-je. Y'a trop d'oreilles indiscrètes ici.
Nous sortîmes et gagnâmes l'église du Secteur 5 qui n'était pas trop loin. Personne n'y allait jamais à part cette idiote de marchande de fleurs. Elle était là d'ailleurs, en train de prier où je ne savais quoi.
-AERITH!
Elle sursauta en me voyant. Ses yeux s'écarquillèrent de terreur quand elle vit que j'étais en uniforme.
-Débarrasse-moi le plancher et plus vite que ça! lui ordonnai-je.
-Reno… qu'est-ce que tu viens faire ici!
-DISCUTE PAS! JE T'AI DIS DE DEGAGER, ALORS DEGAGES!
Je dégainai mon électro-tige et elle s'enfuit aussitôt. Je m'assis sur un banc avec lassitude.
-Voilà, maintenant on est tranquilles…, soupirai-je. Aya…
J'avais la gorge nouée… ça m'arrivait tellement rarement…
-Aya, tu vas quitter Midgar. Enfuis-toi n'importe où, mais va le plus loin possible je t'en prie.
Je me tournai vers Ichigo. Etrange qu'il soit là… A tout hasard…
-Tu serais prêt à partir avec elle?
-Quoi! Je… C'est ce que je comptais faire à vrai dire…, avoua-t-il.
-C'est bien ce que je pensais… Mais je voudrais que tu me fasses une promesse, Ichi… Défends-la et protège-la de toute ton âme. Elle m'est chère…
-C'est promit…
Je sortit une materia Tout maîtresse d'une poche intérieure de ma veste et la tendis à Ichigo.
-Revendez-là, vous aurez de quoi payer votre voyage et de quoi vous nourrir pendant un sacré bout de temps.
-Reno…, tenta Ayame.
-Dites rien et barrez-vous…
Ayame s'assit à côté de moi et me força à relever la tête.
-Hé, Leno…
-Aya… Je… …Je t'aime vraiment…, murmurai-je. Je t'aime plus qu'une amie, mais pas non plus comme une petite amie, je sais pas trop… Je sais juste que je tiens à toi et que tu vas me manquer… Je voudrais juste te remercier pour toute l'aide que tu m'as apportée… Je sais pas quoi dire…
-C'est pas la peine de parler, Len… Tes yeux savent le faire à ta place et le plus beau cadeau que tu m'aies fait, je l'emporte avec moi.
Un cadeau? Quel cadeau?
-De quoi tu parles?
-Si je te le disais, je ne pense pas que tu le prendrais bien… Je ne voudrais pas te compliquer la vie…
-OK… J'ai compris, ça doit encore être un de ces trucs de filles auxquels les mecs ne peuvent rien comprendre…, soupirai-je avec un soupçon de sourire. …Ichigo.
-Je veillerai sur elle, promit.
-Merci… du fond du cœur.
Ayame m'embrassa une dernière fois avant de me chuchoter «bonne chance avec Tseng» puis ils partirent. Je regardai le parterre de fleurs devant moi. Je ne voulais pas les voir s'en aller… J'avais envie de pleurer comme un gamin, et j'avais honte de cela. J'avais seize ans et demi! J'étais un mec! Et les hommes ne pleurent pas. Enfin, ils sont pas sensés pleurer… J'entendis à peine le bruit de ses pas sur le sol dallé.
-Reno des Turks, tu pleures?
J'ouvris les yeux et tournai mon regard vers elle.
-Dégage, Aerith. Et oublie ce que tu viens de voir ou je t'écorche vive.
-Tu n'oserais pas… ça fait trop longtemps que la Shin-Ra me court après et Hojo deviendrait fou s'il apprenait que tu m'as tuée. Tseng aussi…
-Tu aurais très bien put te faire tuer par des voyous…
-Arrêtons ce jeu idiot, Reno… Tu veux bien?
Je rejetai la tête en arrière en soupirant.
-Qu'est-ce que tu es naïve… On est ennemis, tu sais? …Je me demande vraiment ce que Tseng peut bien te trouver pour aller te voir si souvent…
-Il dit que je lui fait oublier Midgar…
-Je note… Dis-moi, je me suis toujours demandé ce que vous pouviez bien faire ensemble? Vous faites du jardinage?
-Parfois, oui. On parle, on s'amuse, on oublie qu'on est dans les Taudis…
-Quel beau couple d'imbéciles…, me moquai-je. Il se sacrifie à la Shin-Ra et toi à tes fleurs…
Je lui accordai un regard un peu plus attentif. Elle commençait à devenir vraiment jolie. Ça me faisait mal de l'avouer, mais c'était vrai…
-Est-ce qu'il serait pas en train de tomber peu à peu amoureux de toi, l'utaien…? murmurai-je.
-Tseng! Amoureux de moi! Il a dix-neuf ans, j'en ai treize…!
-Et alors? Moi j'ai seize ans et demi… Je préfère même pas te dire quel âge avait la fille avec qui je viens de passer les six derniers mois, mais c'était loin d'être une ado…
-Tu parles de celle qui s'est barrée avec le bel utaien, là…
-Mmh…
Je me rendis soudain compte d'une chose.
-Deux secondes. Qu'est-ce que je fous dans cette église à la con à parler avec une marchande de fleurs débile alors que j'ai un rapport à faire à Heidegger, une raclée à me prendre et que je vais en plus devoir subir les harcèlements sexuels de cette nympho de Scarlet! C'est pas réjouissant comme programme, mais après tout ça faut encore que je réveille Tseng… Ah, merde! A plus la mioche, j'ai du boulot!
Je sautai du banc et m'avançai vers le parterre de fleurs.
-Elle sont jolies ces fleurs… Tu permet?
J'en cueilli quelques unes, en écrasai (par puuure maladresse) trois quatre autres, puis filai hors de l'église en bousculant Aerith sur mon passage et lui tirant la langue. Elle me tira la langue en retour et j'éclatai d'un rire moqueur qui se répercuta un court instant sur les murs de l'église.
°°°
Reno lut rapidement mon rapport, y apporta quelques rectifications et l'allongea avec le sien relatant la mort d'Ayame. Il était vraiment impayable…
-Alors? Où est Ayame?
-Aucune idée…
-Mais elle est vivante…
-Ouais, avoua-t-il. Dis… Tu comprends ce qu'elle a put vouloir dire par «le plus beau cadeau que tu m'aies fait je l'emporte avec moi»? Je lui ai pourtant pas fait de cadeau…
Je me creusai un instant la tête.
-Hum, ça devait être quelque chose de sentimental… Des souvenirs peut-être. Quelque chose à quoi elle tenait vraiment…
°°°
-…Quant à la mallette, elle semble bien avoir explosé avec son contenu de faux billets…
Je venais d'achever mon rapport à Heidegger.
-Hojo s'est plaint d'avoir été maltraité par vous, m'annonça-t-il.
-Quoi! Mais c'est faux!
Je reçut un uppercut en pleine figure. Sur le coup, j'en tombai à la renverse. Un léger goût de sang dans ma bouche…
-Tu remets encore sa parole en doute?
-Non, monsieur…
-Donc c'est qu'il dit vrai…
-On ne l'a pas vraiment maltraité, on a juste pas été très soigneux avec lui…
Il me donna un coup de pied dans le torse, m'arrachant un cri de douleur.
-Réponds par oui ou non! Vous l'avez insulté?
-Oui, monsieur.
Il m'écrasa le poignet gauche. Je sentis mes os craquer légèrement et ne put réprimer un hurlement. Il était vraiment tarré ce mec!
-Est-ce que tu trouves que c'est un comportement à adopter face à supérieur hiérarchique!
-Non, monsieur!
Et un coup dans le genou droit!
-Pauvre crétin, tu devrais avoir honte de salir ainsi le nom des Turks…
-Oui, monsieur!
Salir le nom des Turks? La bonne blague…
Et un autre dans le genou gauche!
-Lève-toi!
-Non, heu, Oui, monsieur!
Il m'attrapa par le col et m'accorda un regard méprisant… Enfin, il me lâcha et je m'effondrai sur la moquette.
-Tu peux disposer.
-Monsieur…, murmurai-je. …Et Tseng a droit à ça tous les soirs?
Il ne répondit que par ce rire stressant qui lui avait valut le surnom de «Gya ha ha» et me donna un dernier coup de pied.
-Débarrasse le plancher…
Je me relevai péniblement et sortit en me lançant des sorts de Soin sans interruption. Scarlet m'attendait dehors.
-Pauvre petit… Voilà ce que c'est que de vouloir jouer au chef…
-C'est ça, ouais…
Je tentai de m'éloigner en direction de l'ascenseur.
-Reno. Ce matin je t'ai demandé quelque chose…
-Quoi déjà? soupirai-je.
-La différence entre un crétin et un imbécile…
Oh, ça…
-Des crétins, on en trouve partout, mais les imbéciles… Comme je dis, «un pro n'est pas quelqu'un qui se sacrifie pour son travail, ça, c'est un imbécile». Tseng est un imbécile et moi un crétin.
Elle se mit à rire et m'attrapa par le bras puis posa ses mains sur mes épaules, les massant avec douceur. Je me laissai faire un moment. Ça faisait du bien…
-Viens une minute dans mon bureau, tu veux?
-Scarlet… Je, j'ai encore du boulot…
-Tu serais en train de devenir un imbécile, toi aussi?
-Non… C'est… autre chose…
-Je suis sûre que ça peut attendre… Tu n'aimerais pas voir ton salaire ou celui de ta sœur baisser, mmh?
Quel merdier…
-T'abuses de moi…
-Les gens qui ont du pouvoir l'utilisent, et j'ai du pouvoir, Reno. Alors ne discute plus.
Je me plaquai une main sur les yeux et la suivi. Comme si j'étais pas assez crevé et amoché comme ça…
-Tseng aussi a droit à ça?
-Mmh, non, j'ai jamais réussi à l'attraper… C'est comme s'il disparaissait…
L'enfoiré… Il sait pas quelle chance il a…
La pièce était sobrement meublée. Des placards remplis de paperasses, une vitrine où étaient exposées les toutes dernières armes, un bureau sans rien dessus hormis un ordinateur. Scarlet me poussa à m'y asseoir, m'embrassant tout en déboutonnant ma chemise pour la deuxième fois de la journée. Elle jouait avec mes ardeurs, ça m'énervait.
-Ne me déçois pas, Turk…, me souffla-t-elle au creux de l'oreille.
°°°
J'ouvris lentement les yeux. Reno était à mon chevet en train de resserrer une bande autour de son poignet gauche.
-Reno? Qu'est-ce que tu fous chez moi?
Il me tendit un maigre bouquet de fleurs sous le nez.
-J' t'ai ram'né des fleurs. Nan, j' déconne, j' suis v'nu t' réveiller. Y' est huit heures du soir passées… T'as dormi pendant environ douze heures aujourd'hui, j'espère que ça t'aura été bénéfique parce que t'as intérêt à bosser demain.
-C'est quoi cette histoire! J'ai passé la journée à dormir!
-Ouais. Tu te souviens pas, ce matin? Tu m'as ouvert et je t'a lancé un sort de Sommeil, et puis je t'ai pieuté après t'avoir injecté un puissant somnifère…
-Reno, tu peux me dire ce qui t'as pris de faire ça?
Il hocha la tête et m'expliqua comment Aya avait enlevé Hojo, demandé une rançon, qu'il avait prit ma place pour pouvoir la sauver…
-Quelle brute, Heidegger… Scarlet avait raison, je suis de constitution trop fragile pour lui faire face. Et quelle nympho celle-là! Elle a absolument tenu à me sauter dans son bureau alors que je sortais à peine de celui de Heidegger! Tous des tarés! Enfin, toi au moins t'arrives à éviter Scarlet à ce qu'elle m'a dit…
-Si je devais me faire sauter tous les soirs, t'imagine que je tiendrais pas le coup…
-Sûr… Dis, Tseng, t'es amoureux d'Aerith?
Je restai un instant abasourdi par la question.
-Moi? Amoureux de cette gamine? Où t'as été cherché ça, Reno?
-Sais pas… Juste qu'elle commence à devenir mignonne. Et c'est bien là tout ce que je peux lui reconnaître à cette cruche.
Je me laissai aller à rire. Il y avait quelque chose de désolant quand Reno parlait d'Aerith. Il faisait tellement tout pour la rabaisser que ça tombait parfois à la limite du ridicule.
NdVixen: Le cadeau que Reno a fait à Ayame, vous saurez ce que c'est un jour. Mais ça va demander de la patience… J'ai écrit ce chapitre en écoutant différentes pistes de l'OST du CD3 de FFIX (souvenirs, souvenirs… encore un FF où il suffit de trouver un beau gosse aux longs cheveux argentés et de lui casser la gueule pour sauver le monde, à peu de choses près). Une version d'un entretien avec Heidegger. Pauvre Reno… (râââh ! ils ont suprimé les tildés aussi ces connaaaaards!) - 80 reviews ! merci ! vraiment ! ça me fait chaud au coeur et ça me donne vraiment du courage pour la suite !
