Warning : violence, sexe (PG-13)

Chapitre 29 : Short Stories and End of the War

On fêta les dix-sept ans de Reno le 3 juin. On était deux de moins qu'au nouvel ans et qu'à l'anniversaire de Tseng puisque Ayame et Ichigo étaient repartis à Utai. Ils nous avaient écrits et semblaient bien se porter. La journée fut assez animée, comme toujours, mais le plus amusant fut sans aucun doute le moment où Tseng offrit au rouquin tous les Gay Magazine qu'il avait reçus. Reno se mit aussitôt à lui courir après armé de l'un de magazine, essayant et le frapper avec. Cela dégénéra vite en bataille de boulettes de papier générale. On aurait dit une bande de gamins de primaire, et pourtant, la tranche d'âge était de dix-sept à vingt cinq ans… Mais bon, c'était marrant… Le deuxième événement du mois de juin, fut la fin de l'année scolaire. Les examens terminés, Rufus devait commencer à travailler aux côtés de son père. James trouva du boulot auprès de Reeves, et Elena… fut mise à l'essai et entra dans les Turks. Enfin une fille parmi nous…

-Bienvenue dans la plus belle bande de tarés du monde ! lança Reno.

-Bienvenue parmi nous…, la félicita simplement Tseng.

Je me contentai de lever mon verre et les autres m'imitèrent, le rouquin commençant à porter des toasts à n'importe quoi. Je l'accompagnais à chaque fois, me servant de ce prétexte pour vider les bouteilles de champagne.

-Rude, tu devrais peut-être mettre un frein sur l'alcool…, tenta Tseng.

-T'inquiète, chef… j'en bois depuis le ventre de ma mère…

-Hum, ça explique certaines choses, je suppose, se moqua-t-il.

-J'aimerais que ce soit vrai, Tseng… Mais tu es à côté de la plaque pour cette fois.

Il haussa un sourcil, surpris que je lui aie répondu de la sorte. Je n'avais rien de plus à ajouter, je n'avais pas envie de les ennuyer avec mes histoires. Et puis, il fallait bien que je garde quelques secrets pour moi…

Ma vie. Est-ce que j'ai déjà raconté ça à quelqu'un ? Je ne crois pas. Ou alors je lui ai raconté des conneries en principal…

Je ne me souviens pas tellement de mon enfance… En ai-je seulement eu une ? Avec une mère alcoolique et un père qui s'était barré après quelques années, j'avais vraiment dû me battre et me prendre en charge pour assurer ma propre éducation. J'étais assez indépendant, mais sans but précis et je ne croyais plus tellement en la vie. Je suis entré dans les Turks à quinze ans. A cette époque là, j'étais comme Reno encore assez facile à manipuler, alors le jour où j'ai rencontré Hojo pour la première fois… Oh, c'était vraiment une rencontre fracassante…! On s'était rentrés dedans au détour d'un couloir et il s'était retrouvé étalé par terre ! Ça lui avait donné un argument pour me menacer de me faire virer. J'ai un peu paniqué sur le coup, et quand il m'a proposé de me racheter en lui rendant service, j'ai tout de suite accepté. Et voilà comment je me suis retrouvé au 68ème… Ma force, ma résistance, la lueur surnaturelle dans mon regard… tout vient de ces expériences qu'il m'a faites. J'étais déjà pas un gringalet à l'époque, mais c'était un sang de pur homo sapiens sapiens qui coulait alors dans mes veines. Maintenant, il y a de la Makô en doses considérables en plus… Qui sait, peut-être même d'autres choses… Je ne sais même pas si je veux en savoir plus. J'ai peur de ce que je pourrais apprendre. « Heureux les ignorants », comme on dit…

C'est depuis que Hojo m'a fait ces expériences étranges que je porte des lunettes de soleil. Pour filtrer la lueur surnaturelle dans mon regard. Ce n'est pas vraiment comme la marque du SOLDAT… Mes yeux brillent différemment. C'est plutôt la marque de Hojo… Je ne peux pas supporter ça, je préfère me cacher derrière mes verres teintés…

°°°

-Reno, aujourd'hui, cours de conduite pour toi, annonça Tseng.

-Quelle conduite ? Conduite à carreau ? conduite de voiture ? d'autre chose ? demandai-je.

-Voiture, répondit Rude. Je serai le prof.

Mmh… Les voitures… J'avais pas encore vraiment eu l'occasion d'apprendre vraiment à en conduire étant donné que je me déplaçais principalement en moto du temps où je n'étais pas encore Turk… Pourquoi est-ce que je les sentais mal ces cours…? Rude m'emmena sur un parking désert et les cours commencèrent.

-Je t'ai dit de démarrer la bagnole, pas d'allumer la radio.

-C'est pour me détendre, la musique ça détend…

-Comme tu voudras, démarre cette bagnole maintenant.

Je tournai les clefs de contact…

-Alone for a while, I've been searching through the dark…

-Arrêtes de chanter et reste concentré tu veux ? Je tiens pas à mourir à cause de toi !

-Mais ça détend de chanter…, tentai-je.

-C'est ça, et après ? Tu vas te mettre à danser parce que ça détend aussi ? Passe la première.

J'embrayai et changeai de vitesse.

-Bien, maintenant fais-moi avancer cette voiture AU PAS. Je préfère qu'on commence doucement…

-Pas marrant… …Our pathes they did cross…

-Concentre-toi sur la route !

-Mais j' suis concentré ! …We met, we laught…

-D'accord, chantes si tu veux mais changes de chanson…, soupira Rude.

Je changeai rapidement de station.

-Dis-moi, Rude, y'a un mur en face. Je tourne, je m'arrête ou je fonce dedans ?

-Tourne !

-Okay… …Sono te wo… watashi he to…

-Y'a une chanson dont tu ne connaisses pas les paroles ?

-J'sais pas… Tout le monde connaît ces chansons je crois…

Après m'avoir fait tourné dans tous les sens et à toutes les vitesses, Rude commença les « leçons proprement dites ».

-Tout ce que tu viens de faire là, pour un Turk, c'est pas conduire une voiture, c'est juste jouer avec. En tant que Turks, nous devons être capables de conduire une voiture de manière très sportive.

-Tu veux dire genre dérapages contrôlés, conduire à cheval sur la portière et des trucs comme ça ?

-Je crois qu'on se passera de « à cheval sur la portière » mais c'est un peu ça. Dérapages, demi-tours express, contrôle parfait du véhicule…

-Une seconde… Tseng sait faire ça ?

-Très bien même…

J'éclatai de rire en tentant d'imaginer dans une course-poursuite endiablée sur l'autoroute de Midgar… C'était assez dur à imaginer…

-Ne te moque pas de lui tant que tu ne l'auras pas égalé…

-Alors que les cours commencent !

Il fallut encore trois jours avant que Rude ose me lâcher sur l'autoroute pour conduire à fond la caisse en doublant tout le monde n'importe comment mais avec succès… Encore deux jours et nous prîmes chacun une voiture différente pour une course où tous les coups étaient permis. Tseng et Elena nous donnèrent le départ et nous nous élançâmes à toute berzingue. Le morceau de Rock passant à la radio était plus que stimulant… « Go now, if you wan' it, an otherworld awaits you ! ». Rude ne me fit pas de cadeau et je lui rendit la pareille. On s'échangea quelques coups de feu qui amochèrent salement les carrosseries, on se tamponna pour tenter de se dépasser ou de ne pas se laisser dépasser… au final, il était en tête à quelques mètres devant moi et je tentai le tout pour le tout en lui lançant un sort de Stop. Il se retrouva figé au volant et sa voiture fut quelque peu ralentie, ce qui me permit de franchir la ligne d'arrivée juste devant lui. L'effet du sort se dissipa à temps pour qu'il ne rentre pas dans un mur…

-Et bien bravo, Reno, je ne t'aurais jamais cru capable d'un tel exploit, me félicita Tseng. Rude, ça va ?

-C'était à un cheveu près, mais ça va, j'ai rien…

-Tant mieux, tu vas t'occuper d'Elena maintenant…

-T'inquiète pas, je sais déjà conduire de façon assez correcte pour une Turk, le rassura Elena. T'auras moins de boulot qu'avec le rouquin.

-Et où t'as appris à conduire ? lui demandai-je.

-Mon frère et moi étions les gardes du corps de Rufus, répondit-elle simplement.

-Tu parles d'une explication…

°°°

C'était la première fois que j'allais devoir faire équipe avec Reno et deux soldats. D'habitude, on opérait juste à deux ou chacun de notre côté, mais pas avec des soldats ! Surtout des gamins de dernière classe.

-Toi ce sera « porc-épic » et toi « hérisson », décida Reno. C'est les premiers noms qui me viennent à l'esprit quand je vois vos têtes et je vais pas me faire chier à retenir vos noms juste pour quelques heures…

Donc, le porc-épic c'était le brun, et le hérisson, le blond…

-Et nous ? demanda le porc-épic. On doit vous appeler comment ?

-Reno et Elena, bien sûr, répondit Reno.

-Bien Elena, acquiesça le porc-épic.

Je ne put m'empêcher de rire. Reno était furieux…

-Avoues que tu t'es fait avoir, Reno. Que ça te serve de leçon pour une fois ! C'est quoi vos prénoms ? demandai-je aux garçons.

-Moi c'est Zack, se présenta le brun.

-Et moi Cloud, se présenta à son tour le blond. Quelle est notre mission ?

-L'un de vous sera mon mari et l'autre notre chauffeur, valet, garde du corps, l'homme à tout faire de service, quoi. Nous allons au musée pour voir une jolie exposition, et discrètement, on neutralise le système de surveillance pour que Reno puisse entrer par effraction dans les locaux interdits au public. Il prendra la place d'un des hommes du type qui tient le musée et nous ouvrira la porte pour que je puisse aller faire deux trois petites choses pendant que vous couvrez ses arrière le temps que lui aussi fasse deux trois petites choses. Cela fait on ressort discrètement comme si de rien n'était. Une simple mission d'escorte de vos supérieurs hiérarchiques…

J'avais plutôt bien résumé les choses… On commença la mission par se déguiser. Je passai une jolie robe, fendue jusqu'aux hanches pour pouvoir courir plus facilement et une paire de long gants montant jusqu'au dessus des avant-bras assortis à la robe (pratiques pour ne pas laisser d'empruntes digitales). Je ne songeai même pas un instant à mettre des talons aiguilles, ç'aurait été trop handicapant… Zack eut droit à un smoking de première qualité en tant que mon mari (ç'avait beau être un gamin de quatorze ans, il était grand et il arrivait à durcir ses traits et à paraître plus mature, quelque chose de dingue…), et Cloud à un uniforme noir très sobre en tant que notre homme à tout faire. Reno, lui, avait juste troqué ses mitaines contre des gants. Port de gant impératif pour tout le monde ! Puis nous partîmes.

-Invitation.

Zack tendit le carton d'invitation et le vigile nous laissa entrer. Ça avait l'air de l'amuser que je sois pendue à son bras… Je me disais que Reno aurait enragé s'il nous voyait ainsi…

-La caméra dans le coin là-bas se trouve dans un angle mort par rapport aux autres, on va se placer dans le coin pour discuter et toi et Cloud allez me cacher pendant que je pirate le système de sécurité.

Je me plaçai dans le coin et sortit un PHS de mon sac à main. Tout du moins, à première vue, ça ressemblait à un PHS, mais en vérité, c'était un mini brouilleur d'ondes capable de rendre fou n'importe quel dispositif de sécurité à moins de cinq mètres. Mais pour mettre HS tout le système, il fallait lui injecter une sorte de virus. Reeves et mon frère avaient fait un travail hallucinant pour créer ce truc et moi-même j'avais du mal à comprendre comment cela fonctionnait. Je lançai la phase de téléchargement du virus et le système de sécurité rendit l'âme. J'en informai aussitôt Reno grâce aux minuscules émetteurs récepteurs (également de la conception de Reeves et mon frère) dont nous étions tous équipés. Mini écouteur dans l'oreille, micro visiophone en bracelet montre (et en plus ça donnait l'heure aussi !).

°°°

Elena avait déconnecté le système de sécurité. Je crochetai donc la porte de service sans la moindre hésitation et entrai. Pas d'alerte. J'avançai furtivement jusqu'à entendre des voix. Je me planquai et lançai un coup d'œil dans le coin d'où provenaient les voix. Deux gardes… J'incrustai une materia Sceller couplée à une materia Tout dans un bracelet et lançai un sort de Sommeil aux hommes qui tombèrent comme des mouches. J'en entravai un et le planquai dans un coin d'ombre et désapai l'autre pour revêtir ses fringues après quoi je filai ouvrir la porte donnant dans la salle d'exposition pour faire entrer Elena, le porc-épic et le hérisson. Je reparti aussi sec avec les mecs.

-Le secteur est plus ou moins sûr, mais restez sur vos gardes tout de même et ne faites pas de bruit, capiche ?

Je m'aventurai dans un conduit d'aération et rampai avec assurance, tentant de faire le moins de bruit possible. Je m'arrêtai juste avant une grille d'aération et jetai un coup d'œil rapide. Le patron du musée était en pleine conversation téléphonique. En ce moment même, Reeves devait être en train d'enregistrer ce qui se disait puisqu'il avait mis la ligne sur écoute. Mon travail se limitait à de la photographie, mais ma cible, une statue utaienne soi-disant en « jade », était dans un coin de la pièce difficilement visible de là où j'étais. Je contactai rapidement Elena pour l'avertir que je risquais de mettre un peu plus de temps que prévu à faire mon travail puis appelai Zack et Cloud pour leur dire de se planquer en attendant d'autres ordres. Quand le type raccrocha le téléphone, je les rappelai pour leur demander de l'attirer hors de son bureau.

« Comment ? »

-Je sais pas, trouvez quelque chose pour faire croire que quelqu'un à toqué et laissez-le entrevoir l'un de vous à l'autre bout du couloir pour attiser sa curiosité…

Au bout d'une minute, on toqua à la porte et le type quitta son bureau. J'ouvris la grille d'aération, mitraillai la statue avec mon appareil photo de poche puis refermai la grille et quittai les conduits tout en donnant rendez-vous aux autres à l'entrée de service. Je récupérai mon uniforme au passage et nous sortîmes sans problème aucun.

-Mission réussie, Reno.

-Moi de même, Lena. Et vous ? Comment vous vous y êtes pris finalement ?

-Cloud a eu l'idée de mettre un leurre au bout du couloir : il a mit sa veste sur un balais de sorte à ce qu'on en voie un pan, expliqua le porc-épic. Puis j'ai eu l'idée de monter dans un conduit d'aération dont une grille donnait au-dessus de la porte. Cloud est descendu tête la première pour toquer à la porte et moi je le tenais par les chevilles pour le remonter plus facilement. Le type est tombé dans le panneau exactement comme prévu.

-Bien joué… Vous vous débrouillez plutôt pas mal pour des bleus, admis-je. C'est quoi vos noms déjà ? Au cas où on aurait à travailler ensemble à nouveau…

°°°

Le temps passait plus ou moins tranquillement… Les mois défilaient… J'étais de plus en plus inquiet pour Utai. Grâce à Sephiroth, tout le sud de l'île avait été « pacifié » par la Shin-Ra, le centre résistait péniblement et seul le nord restait encore inaccessible, ardemment défendu par le peuple toutes classes confondues. Les seigneurs de la guerre, les clans ninjas, même les gens du peuple et les parias se battaient et les seigneurs de la guerre n'avaient eu d'autre choix que d'accepter cela. Jamais Utai n'avait été poussée aussi loin dans ses retranchements… J'espérais de tout cœur que les gens que je connaissais à Utai étaient en bonne santé et le resteraient.

-Lena, samedi soir, concert, ça te dit ?

-Faut voir…

-C'est le groupe Loques n' LoL…

-C'est vrai ? Alors ça marche… si tu payes, bien sûr…

-Bien sûr… Je passe te chercher samedi alors…

Je me retournai. Elena quitta le Salon et Reno se mit limite à danser de joie.

-Odin est grand ! J'ai enfin réussi à l'inviter !

-Après un an de tentatives infructueuses…, ajoutai-je.

-Oh ça va, hein ! Si t'étais pas là ça ferait déjà longtemps qu'on serait…

Il s'interrompit.

-…Casés à deux ? achevai-je. N'y compte pas, Reno, je ne vous laisserai pas faire. Il n'y a rien de pire que des relations amoureuses au sein d'un groupe comme le nôtre.

-Mais je ne suis pas amoureux d'elle…, me détrompa-t-il.

-Oui, je sais, tu veux juste coucher avec elle. C'est pareil, après vous allez vous en vouloir pour X raisons parce que vous ne vous regarderez plus sous le même jour…

-Tu me les casses avec tes conneries…

Il soupira et s'étala sur un canapé.

-Tseng, qu'est-ce qu'il arrive aux gens qui sont en territoire pacifié ?

-A Utai ?

Il acquiesça d'un « Mmh ».

-Ils sont sous surveillance et au moindre signe de rébellion ça peut mal tourner pour eux. Il suffit qu'ils respectent mal le couvre-feu, qu'ils parlent mal de la Shin-Ra ou qu'ils chantent des chants révolutionnaires… Des enfants se sont fait descendre parce qu'ils chantaient des comptines et que les soldats ont cru que c'étaient des champs révolutionnaires…

-Je m'inquiète pour Aya… Elle m'a écrit une lettre étrange… Elle vit avec Ichigo depuis qu'ils sont partis il y a un an et demi… Ils ont plein d'enfants à ce qu'elle disait. D'après ce que j'ai compris elle a accouché de jumeaux –Ichigo doit être le père– mais les autres, ils les ont recueillis. C'étaient des orphelins de la guerre… Je suis heureux qu'elle ait réalisé son rêve d'avoir plein d'enfants, mais j'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances…

Quelle connerie la guerre… Même un Turk peut penser ça…!

Il fallut encore six mois pour que les troupes de la Shin-Ra atteignent Utai et ce fut la reddition… LA FIN DE LA GUERRE ! Après neuf ans et demi de combat… La grande majorité des soldats de la Shin-Ra furent rapatriés dans leurs villes natales et seul un petit nombre resta sur le continent utaien pour s'assurer de la totale « soumission » du peuple… J'étais heureux que la guerre soit terminée mais les conséquences me laissaient un goût amer dans la bouche. La Shin-Ra avait découvert quelle materia parfois rare et précieuse nous gardions dans certains de nos temples. Elles étaient sacrées pour nous, nos ancêtres les avaient ramenées à la surface de la terre en bravant mille dangers… Comme si nous en déposséder ne suffisait pas, la Shin-Ra avait demandé une quantité de métaux colossale et se préparait à ruiner économiquement tout le continent. J'avais été furieux en apprenant que le président Shin-Ra y mettait un mot d'ordre pour s'assurer la réelle soumission d'Utai et couper le continent du reste du monde. Rufus n'avait pas eu le pouvoir d'entraver quoi que ce soit et était furieux lui aussi. Mais lui, c'était plutôt parce qu'il y avait du fric à faire à Utai et qu'il aurait énormément de difficultés à renouer avec l'État quand il serait président à la place de son père…

Enfin, un grand bal fut organisé dans la salle des fêtes de la Shin-Ra, un lieu pour le moins immense… J'avais été soulagé d'apprendre que nous n'aurions pas à nous occuper de la sécurité. Quatre Turks pour s'occuper de deux milles personnes (et ça c'était que les gradés et les hauts dirigeants de Shin-Ra… !) …on aurait été quelque peu débordés…

°°°

Il y avait réellement énormément de monde à ce bal… Elena était vêtue d'une très jolie robe noire, très classe, avec un super décolleté. Pour nous autres, mecs, c'était costar noir pour changer du bleu marine. On avait la classe quand même… Tseng m'avait même passé une cravate pour que je sois « présentable ». J'avais fini par m'y habituer…

Au cours de la soirée, différents groupes devaient passer sur scène. Étrangement, le groupe le plus populaire, Loques n' LoL, n'était pas au programme… Peu, peu, très peu d'utaiens présents ce soir là…

Je parvint à inviter Elena à danser ! …Ce fut le plus grand événement de la première partie de la soirée. La deuxième partie, je la passai non loin du bar, avec Rude. On buvait, on parlait, et on gardait un œil sur Tseng en train de parler avec le général Sephiroth, de retour à Midgar. Il faisait encore plus peur qu'avant… la guerre l'avait réellement métamorphosé…

°°°

Tseng avait besoin de savoir. Moi j'avais peut-être besoin de parler… Alors pour la première fois, je racontai la vérité sur ce que j'avais vu à Utai pendant ces dernières années…

-Elle a l'air très propre sur elle la Shin-Ra, elle sait parfaitement bien cacher la laideur et la bassesse des horreurs de la guerre au peuple, surtout si c'est elle qui est responsable de ces horreurs… J'ai vu des choses, Tseng… Des choses que même moi ai trouvées abominables… J'ai souvent surpris des soldats en train de violer ou de faire un simulacre de viol sur des femmes, des enfants, ou même des hommes. Tu n'as pas idée à quel point les hommes peuvent avoir l'esprit salace, pervers et terriblement imaginatif… Je crois que ce qui m'a le plus choqué sur ce plan là a été de trouver un jour quatre soldats en « action » avec l'un, une femme égorgée pour qu'elle ne crie plus, un autre en train de « s'amuser » avec deux jeunes enfants, le troisième violant un homme à l'aide d'un manche à balais, et le dernier, le plus répugnant je pense, se faisait sucer par un gosse et s'excitait en obligeant un père à violer sa gamine sous la torture… Il y avait du sang un peu partout et un ou deux cadavres, je ne sais plus… Je crois que j'ai fait exécuter ces hommes devant tout le monde si mes souvenirs sont bons… J'ai lut la liste de leurs crimes « sexuels » devant toutes les personnes présentes dans le camp, terminant d'un « s'il y en a que ça excite, qu'ils se joignent à eux pour être exécutés maintenant ». J'étais furieux… et dégoûté…

Tseng aussi était furieux qu'une telle chose se soit produite. Et pas qu'une fois.

-J'ai vu du sadisme pur et simple, des hommes prenant un plaisir malsain à tuer des innocents désarmés. Moi aussi j'aime tuer, mais c'est devenu lassant et seul un adversaire armé et vaillant a un quelconque intérêt pour moi. Pas comme pour ces hommes qui s'amusaient parfois avec des civils… Sais-tu comment les soldats se plaisaient à tuer ceux de ton clan ? Ils les alignaient et se servaient sur point tatoué sur leur front comme d'une cible. C'était « pour s'entraîner » qu'ils disaient… Oh, bel entraînement… Je te raconte pas l'agonie de ceux qui se faisaient légèrement louper… Elle est riche en horreur la guerre… Il nous est arrivé de nous faire attaquer par des hordes d'enfants parfois maigres et sales à se demander s'ils étaient seulement humains. Ils étaient juste orphelins…

Je m'arrêtai un instant. Je sentais de la rage et du désespoir en Tseng…

-Je vais arrêter là… Je crois que ça vaut mieux et puis ça ne sert à rien de ressasser ça sinon à se faire mal ou à se rendre malade…

Je levai les yeux vers le bar et mon regard fut attiré par un jeune homme à la chevelure écarlate. Reno…

-Il a l'air un peu ivre ton collègue là-bas…

Tseng leva les yeux vers Reno et afficha une mine mi-exaspérée mi-amusée.

-J'y vais… Il tient pas bien l'alcool le pauvre.

°°°

Rude avait l'air désolé.

-Qu'est-ce qu'il a bu ? Il est saoul ?

-Je dirais qu'il est bourré… J'ai pas trop fait gaffe à sa consommation, mais je dirais qu'elle était un poil trop alcoolisée pour lui…, sourit Rude.

Le rouquin était à moitié affalé sur Rude, chantant comme une casserole.

-Wheeeneeeveeer saaang myyy sooongs ooon theee staaage ooon myyy ooown… WheeeNEEEVEEER SAAAID MYYY WOOORDS WIIISHIIING THEEEY WOOOULD BEEE HEAAARD…

-Oh putain, il me casse les oreilles ! râla Rude d'un ton laissant filtrer une pointe d'amusement.

-Pas qu'à toi ! ajouta un homme.

Je me retournai et m'aperçut que c'était Reeves.

-Bonsoir, Tseng…

-Bonsoir, Reeves, le saluai-je en retour.

-…Tu devrais peut-être… le virer avant que les vitres et les verres explosent…, me conseilla-t-il.

-Je ne pense pas qu'on en arrivera à cette extrémité, mais je vais essayer de le dégriser un peu… Mince, je n'ai pas pris ma materia… Rude, tu dois bien en avoir…

-Non, désolé, chef.

-QUOI ! Tu délires ? Me dis pas que tu n'as pas pris ta materia Anti-Gueule de Bois alors que la soirée prévoyait d'être bien arrosée ?

-Je ne suis jamais bourré, moi…

-Hum… c'est vrai… Peut-être que Reno… Reno est-ce que tu…?

-YOOOU'D AAAALWAAAYS BEEE THEEEREUH…

-J'ai compris…, soupirai-je. Allez, tant pis, la fête s'achève ici pour toi pour le bien de nos oreilles…

Je forçai le rouquin à se lever et passer un de ses bras par dessus mon épaule pour l'aider à marcher. Il avait grandit, quelque chose de bien… Nous sortîmes de la salle, le rouquin continuant à braire (« …MYYY LAAAST NIIIGHT HEEERE WIIITH YOOOU ? MAAAYBEEE YEEES MAAAYBEEE NOOO… »). Je le traînai ainsi au travers des couloirs jusqu'à notre immeuble (« …SHAAALL III BEEE THEEE OOONE FOOOR YOOOU… »), jusqu'à notre étage (« …SOOO LEET MEEE COOOME TOOO YOOOU CLOOOSE AAAS III WAAANNAAA BEEE… »), jusque dans son appart (« …CLOOOSE EEENOOOUGHT FOOOR MEEE TOOO FEEEELL YOOOUR HEAAART BEAAATIIING FAAAST… »)…

-Bon et je fais quoi maintenant…, murmurai-je.

-…STAAAY THEEERE AAAS III WHIIISPEEER…, continua-t-il à braire comme s'il me répondait.

Je lui lançai un regard noir signifiant quelque chose du genre « toi tu commence à me les casser grave… ».

-HOOOW III LOOOVE YOOOUR PEAAACEFUUUL EEEYES OOON MEEE…

Je ne put réprimer un éclat de rire à ces paroles. Et lui de continuer…

-DIIID YOOOU EEEVEEER KNOOOW THAAAT III HAAAD MIIINE OOON YOOOU ? DAAARLIIING SOOO SHAAARE WIIITH MEE YOOOUR LOOOVE IIIF YOOOU HAAAVE EEENOOOUGHT…

Et là, ce fut le fou rire…

-…YOOOUR TEAAARS IIIF YOOOU'RE HOOOLDIIING BAAACK OOOR PAAAIN IIIF THAAAT'S WHAAAT IIIT IIIS…

-Oh yes, it's pain! Tais-toi, Reno… C'est abominable, insupportable…! implorais-je d'une voix plaintive.

-Ah oui ? Alors supplies-moi d'arrêter, ricana-t-il, la voix déformée par l'alcool. HOOOW CAAAN III LEEET YOOOU KNOOOW III'M MOOORE THAAN THEEE DREEESS AAAND THEEE VOOOICE…

-Arrêtes ça !

-Supplies. JUUUST REAAACH MEEE OOOUT THEEEN YOOOU WIIILL KNOOOW THAAAT YOOOU'RE NOOOT DREAAAMIIING…

-Stop ! ça suffit ! Et je ne m'abaisserai pas à supplier un type bourré !

Je l'attrapai et l'emmenai de force dans la salle de bain, ouvrit grand le robinet d'eau froide de la douche et le balançai à l'intérieur. Il s'agrippa à moi et on se retrouva tous les deux sous la flotte.

-Oooh… iiil pleeeut… AI'M SIGIN'IN THE RAAAAAAAAAAIN…

-Oh non… Arrêtes, Reno ! Je tiens à mes oreilles !

-JUUUUST SIIIIIII-GIN'IN THE RAAAAAIN…

-STOP ! ARRÊTES ! PITIE ! JE T'EN SUPPLIE ! MAIS FERME-LA ! lui hurlai-je.

Il stoppa aussi sec.

-Rrwaaaaow ! J'y crois paaas ! Tseng Arashi m'a supplié !

-Crétin !

Il bloqua une seconde.

-Imbécile ! répliqua-t-il.

-Rouquin décérébré !

-Ah, tu le prends comme ça ? Agoniste dopaminergique ! Trypanosophases Zygophyllacées !

-Hein ? D'où il sort ce vocabulaire de barbare ?

-De l'Encyclopédie Universalis, triple buse !

-Enculé !

-Mais t'es dégueulasse de m'insulter comme ça ! Salope !

Et ça continua ainsi jusqu'à ce qu'on succombe au sommeil. On aurait au moins pu penser à couper l'eau…

°°°

Il était mignon comme ça mais il allait attraper froid. Accessoirement, moi aussi… Je commençai par couper l'eau puis je me levai, retirai mes habits trempés et passai une serviette autour de ma taille. Je m'occupai ensuite de lui retirer ses habits, chaussures, chaussettes, veste, cravate, chemise, pant…

-HYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! Re… Re… Re… Reno ?

-Oh tu es… réveillé… Tseng…

-C'est moi où t'étais en train de me foutre à poil !

-Ehééé… Je me réveille et on est trempés, sous la douche, tout habillés alors je me dis qu'on va chopper la crève si on reste comme ça… Faut pas crier comme une fille pour ça... Qu'est-ce que tu allais imaginer ? Enfin, je te demande ça mais qu'est-ce que tu pourrais bien aller imaginer, hein ?

Il détourna les yeux. C'était la première fois que je le battais au jeu des sous-entendus. J'avais de quoi être fier. Je lui prêtai une sortie de bain et lui rendit ses fringues. Quelques heures plus tard, je rejoignit Rude au Salon.

-Pari gagné, Rude. Tseng a passé une soirée bien animée. Je crois qu'on a épuisé le dictionnaire des insultes… et tu sais quoi ?

J'avais du mal à réprimer mon fou rire.

-On a passé la nuit tout habillés sous une douche froide… J' te raconte pas le réveil !

Il éclata de rire et je fut incapable de réprimer davantage mon fou rire.

-Parles de ça à personne, ça reste entre nous, hein ? Je crois que ça lui plairait pas que ça se sache…

-Sans doute, Reno…

NdVixen : J'ai énormément hésité sur la forme de ce chapitre… J'avais besoin de faire passer le temps assez vite (deux ans se sont écoulés depuis le chapitre précédent !) pour faire intervenir Cloud et Zack, terminer la guerre d'Utai et rapatrier Sephiroth… De nouvelles aventures vont pouvoir commencer ! D'ici peu, attendez-vous à l'apparition d'AVALANCHE comme vous ne l'avez encore jamais vu ! (et pour cause, ce sera toujours des évènements d'avant le jeu !). (note du moment où j'ai écrit : à présent j'ai également besoin d'acheter un ordinateur puisque cette machine maudite a rendu l'âme ! Plus moyen de l'allumer ou quoi ! Heureusement que j'avais vu arriver ce sombre événement et fait une sauvegarde de mes fics et fanarts sur CD, et heureusement que j'ai un ordi portable de secours ! (avec un vieux Windows 98 qui me parle un coup en français un coup en anglais…> #). °souvenirs…°) …..R&R, please